Une étoile de plus dans le ciel - Lana W. - E-Book

Une étoile de plus dans le ciel E-Book

Lana W.

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Beschreibung

J’avais treize ans lorsque Papa a décidé de mettre fin à ses jours. Une toile infernale de haine s’est lentement tissée au sein de sa famille, refusant de laisser les fantômes du passé reposer en paix.

Tandis que je tente de comprendre les motivations de mon père, mais également de guérir les cicatrices émotionnelles de mon enfance, ma mère, ma sœur et moi devons affronter le harcèlement et les menaces qui persistent malgré les années.

Ces pages explorent l’intimité d’une adolescente en quête inlassable de guérison, face aux épreuves les plus dévastatrices de la vie.

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Lana W.

Une étoile de plus dans leciel

A toi Maman.

Tu es la personne la plus courageuse

et la plus forte que je connaisse.

Je t’aime <3

Introduction

Il m’a fallu quelques années pour accepter de m’y mettre. D’abord, c’était sur les conseils d’une psychologue, puis je me suis rendue compte qu’écrire cette partie de ma vie m’apaisait et me soulageait, parce que je mettais en ordre mes souvenirs. Ces sentiments se sont transformés en un véritable besoin de partager mon histoire.

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré l’écriture. J’ai toujours aimé inventer des histoires pour m’échapper de la réalité dans laquelle je vivais, pour me créer un monde plus beau, plus paisible et plus juste.

Quand j’ai commencé à rédiger cette autobiographie, j’avais à peine quinze ans. Je me souviens l’avoir fait lire à mes amis qui étaient en pleures après ça. Chacun d’entre eux m’a dit qu’il ne s’imaginait pas que j’ai pu vivre ça, que ça ne se voyait pas sur mon visage ni dans ma façon d’être au quotidien. Et c’est souvent le cas quand on rencontre une personne : on est très loin de s’imaginer tout ce qu’elle a pu vivre avant de nous rencontrer.

Je ne voulais pas écrire pour écrire. Je voulais raconter une histoire – mon histoire, égoïstement – pour faire comprendre à ceux qui me liront qu’avec le courage et l’amour, on peut se sortir des pires situations. Je suis également persuadée que l’écriture de ce livre m’a permis de faire mon deuil et d’accepter mon passé. Je tiens tout de même à dire que ces pages ont été écrites avec la précision qui régnait dans mon esprit à ce moment-là. Si certaines scènes ne correspondent pas à la réalité, je m’en excuse d’avance.

Environ neuf-mille personnes se donnent la mort chaque année en France, selon l’INSEE. En 2019, mon papa faisait partie de ces statistiques. Quand on a treize ans, on n’est bien évidemment pas préparé à perdre son père de cette manière, mais c’est d’autant plus le contexte et les conséquences de son suicide auquel on doit faire face, malgré nous et malgré notre jeune âge, car malheureusement bien souvent les adultes ne sont pas capables de nous protéger comme il le faudrait dans ces moments-là.

Au travers des pages qui vont suivre, vous allez découvrir l’enfance d’une petite fille en manque cruel d’attention, son adolescence ruinée par sa propre famille et, finalement, sa résilience et son goût inéluctable pour le simple fait de vivre, et de profiter de la vie.

Mais si, comme mon père, comme moi ou comme tant d’autres personnes autour de nous dont nous ignorons la peine, vous avez un jour la tentation d’en finir, quelles que soient vos raisons, vous devez vous souvenir qu’il existe des aides, et que vous n’êtes pas seul, même si vous en avez le sentiment. Parce que je vous assure que si à l’instant T, tout vous semble perdu, il existe une porte de sortie au bout du tunnel. Cette histoire en est la preuve.

Je vous souhaite une bonne lecture.Lana.

Numéro national d’écoute et de prévention au suicide :3114

Isolée dumonde

«On ne vit pas dans le monde des Bisounours ». En y repensant, je pense pouvoir dire que cette phrase était sa préférée. Ma petite sœur et moi l’entendions à longueur de temps. C’est étrange comme, finalement, ces simples mots qui se voulaient protecteurs nous ont fait plus de mal que debien.

Petite, je ne me rendais pas compte de ce que cette phrase provoquait en moi. Pour les personnes que je côtoyais à l’extérieur de la maison, j’étais une enfant heureuse, qui avait toujours le sourire aux lèvres. Mais intérieurement, j’étais absolument consciente de la différence que faisait mon père entre ma petite sœur, Lou, et moi. Quelques personnes du monde extérieur voyaient également cette différence, mais bien évidemment, personne n’a jamais rien dit.

Au début, ça a simplement commencé avec des banalités, qui peuvent paraître anodines, avec le recul, mais qui m’ont beaucoup marquée en tant qu’enfant. Par exemple, je devais toujours prêter mes jouets à Lou, qui n’était pas obligée de le faire en retour et, surtout, je ne devais pas faire de crise si ma petite sœur venait à casser des jeux auxquels je tenais. Après tout, c’est moi la grande, c’était à moi de montrer l’exemple. Ces situations m’ont rapidement blessée, car cela contrastait totalement avec mon état d’esprit à la naissance de Lou, lorsque j’avais deux ans et demi. J’étais si heureuse d’avoir enfin cette petite sœur que j’avais réclamée si souvent, d’avoir quelqu’un avec qui je pourrais jouer à la maison et dont je pourrais m’occuper. En grandissant, Lou comprenait de plus en plus ce qui pouvait ou non me blesser, et elle jouait, involontairement je pense, avec ces sentiments, de manière à ranger Papa de son côté.

Avec les années, cette différence s’est étendue à un autre domaine plus important : celui de la nourriture. Plus les années passaient et plus je redoutais le moment du repas. Je n’ai jamais été trop difficile à table car petite, j’ai vite compris qu’il fallait que je goûte à tout au moins une fois. Ça n’a pas été le cas de Lou, qui a toujours été très capricieuse. Elle refusait constamment de goûter à de nouvelles choses, et Papa cédait à ses caprices. Il finissait son assiette à chaque fois qu’elle refusait de le faire, et Maman lui préparait même souvent un plat différent du nôtre si ce qu’on devait manger ne lui plaisait pas.

Lou a développé des troubles du comportement alimentaire, qui commencent seulement aujourd’hui à s’atténuer. Mais au début de son adolescence, elle avait beaucoup de mal à manger autre chose que ce dont elle avait l’habitude, et elle a longtemps été en sous poids, ce qui inquiétait beaucoup Maman. Je me souviens avoir régulièrement entendant des gens dire qu’elle allait finir à l’hôpital. Heureusement, ce n’est jamais arrivé.

L’autre aspect dans lequel Papa n’agissait pas logiquement entre ma sœur et moi était les sorties chez les amis. Alors que Lou, trois ans de moins que moi, pouvait aller chez ses copines après l’école si elle le voulait, je devais rester bien sagement à la maison pour faire mes devoirs. Et une fois attablée devant mes cahiers, c’était plutôt mon père qui les faisait pour moi, voulant à tout prix m’aider, quitte à me donner les réponses sans même me laisser réfléchir. Lou m’a dit un jour :

–Papa a tellement été sur mon dos pour mes devoirs que je ne sais pas comment on fait pour apprendre soi-même et réfléchir par soi-même.

Et elle avait raison. J’ai moi-même mis du temps avant de comprendre comment faire mes devoirs seule après son décès.

Et pour en revenir aux sortis avec les amis, je crois que c’est cet aspect qui m’a fait comprendre que quelque chose n’était pas normal. D’ailleurs, c’est à cause de cela que j’ai très peur de perdre les amis que je me fais, que ce soit en cours ou non : je suis devenue très possessive. Après le décès de mon père, j’ai invité de plus en plus d’amis à la maison, et cela m’a permis de retrouver une vie d’adolescente normale.

Comme je l’ai déjà évoqué, si j’étais consciente de cette différence, je trouvais cela normal – du moins, dans un premier temps. C’est comme ça que toutes les familles fonctionnent, non ? Je me le demandais. J’avais toujours été élevée de cette manière, à faire passer ma petite sœur avant moi peu importe pourquoi. Un enfant battu ne se rend pas compte dès l’enfance que ce qu’il vit n’est pas normal, puisqu’il a toujours baigné dans ce mode de vie. C’était un peu la même chose pour moi. Mais bien sûr, l’acceptation n’enlève pas la souffrance. J’aurais tant voulu avoir une relation de complicité avec ma petite sœur, et ne pas ressentir sans cesse cette injustice.

J’ai eu des réponses quant à cette « préférence » que Papa avait entre ma sœur et moi. L’explication que m’a donnée ma maman est la suivante : quand Maman est tombée enceinte de Lou, deux ans après moi, Papa ne se sentait pas prêt pour un deuxième enfant. Il avait toujours dit ne vouloir qu’un enfant, et lorsque Maman lui a un soir demandé s’il voulait vraiment de ce deuxième enfant ou s’il s’en fichait, il ne lui a rien répondu. D’une certaine manière, je crois qu’il a par la suite essayé de se rattraper auprès de ma sœur. Je ne pense pas qu’il ait manqué d’amour pour moi, puisque d’après ma mère, il m’appelait souvent « mon premier bébé ». Alors je préfère plutôt me dire qu’il culpabilisait envers ma sœur.