Une étude en blanc - Yves Danbakli - E-Book

Une étude en blanc E-Book

Yves Danbakli

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Beschreibung

Propriétaire d’un logement, Colette Deschamps est confrontée à la hargne de son insolvable locataire. Désespérée, elle fait appel au détective financier Scott Hamilton pour l’aider à résoudre ce litige qui dure depuis quatre ans. Accompagné de son partenaire François de Beauregard, Scott tentera de rétablir les faits afin que justice soit faite pour tout le monde. Premier cas du duo Hamilton/de Beauregard, Une étude en blanc relate les péripéties de deux enquêteurs financiers, des affaires à la Sherlock Holmes.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Au-delà d’une riche carrière dans la finance internationale, Yves Danbakli est entre autres banquier, formateur et rédacteur d’ouvrages économiques et financiers. Auteur de plusieurs romans et biographies, Une étude en blanc marque le début d’une série de courtes enquêtes policières avec des trames et personnages inspirés du couple mythique Sherlock Holmes/Docteur John Watson.

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Yves Danbakli

Une étude en blanc

Roman

© Le Lys Bleu Éditions – Yves Danbakli

ISBN : 979-10-377-7785-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Illustration réalisée par Jean-Baptiste Danbakli

Chapitre 1

Lundi, acte I

Nous sommes le lundi, premier jour de la semaine. Il est vingt-deux heures. Un besoin urgent de prendre la plume me saisit. Écrire, raconter… Mais pour qui ? Pour quelle lectrice ? Pour quel lecteur ? Je ne le sais pas…

Pour moi-même, sans doute.

Je travaille à la lueur de ma lampe de bureau dans mon nouvel appartement, au cinquième étage de cet immeuble végétal récemment construit sur le boulevard Pasteur. Mon ordinateur est ouvert, face à la baie vitrée, une tasse de tisane à ma droite… Les flocons de neige virevoltent au-dehors. Les rues sont vides, luisant sous la lumière des lampadaires. Les scintillements de la tour Eiffel illuminent, tel un beau sapin de Noël, les toits enténébrés de cette froide nuit de décembre.

Une page Word vierge. Me voici lancé. Un lundi, ai-je dit. Oui, mais pas comme les autres. Une tempête de neige annoncée par les services météorologiques de Paris. La capitale s’était éveillée sous un épais manteau blanc. Un beau spectacle. Je l’observai du haut de mes cinq étages avant de descendre à la découverte d’un bar-café dans ce quartier du quinzième arrondissement que je ne connaissais pas encore.

Sortir de bon matin pour boire un petit crème, c’est un rituel auquel je ne déroge jamais, par beau temps comme par mauvais temps.

La chaussée était glissante, traversée par quelques voitures. Les trottoirs impraticables, si ce n’était les passages creusés par les piétons téméraires et selon des tracés rectilignes. De gros flocons flottaient encore dans l’air…

L’entrée du métro Pasteur était déserte. Le kiosque avait rabattu ses volets. Les gens préféraient rester chez eux, claustrés entre quatre murs, pestant contre les services municipaux que certains de mes voisins tiennent pour responsables du mauvais temps, car ce quinzième arrondissement que je découvre est plutôt résidentiel. Une classe moyenne qui aime rester bien au chaud, à l’abri, dans le confort intérieur d’appartements aux dimensions réduites. Il faut dire que les crises sanitaires n’ont fait qu’encourager le travail à distance et le cloisonnement qui s’ensuit. Un pantouflage institutionnalisé, en somme…

Le café Buffon, de l’autre côté du boulevard, avait un air avenant. À l’intérieur, tables et fauteuils étaient aménagés en petits coins-salons. Un îlot central était doté de toutes les connexions possibles pour les étudiants studieux ou pour les travailleurs assidus.

Je poussai la porte du sas d’entrée. La salle était vide, ou presque. Trois ou quatre personnes, guère plus. Je m’installai dans un coin-fauteuil proche de cloison vitrée. Je notai la présence de cet homme, assis une tablée plus loin. Visage oblong, cheveux bruns, sourcils fournis, barbe courte et bien taillée, silhouette mince, une écharpe épaisse nouée autour du cou…

Le gars était penché sur une pile de feuillets A4 imprimés, posée sur un conférencier en cuir couleur ocre. Un solide petit déjeuner occupait le reste de la table : café, œufs au plat, mais également confiture-beurre-pain-tartine…

Trop tranquille pour être Français, me dis-je. Anglais ou Écossais, sans doute. Concentré sur son travail, c’était comme s’il avait dressé une pancarte virtuelle devant lui sur laquelle serait inscrit : « Ne pas déranger, SVP ! »

Je bus une gorgée de mon café-crème. Mon regard se porta sur une jeune femme de type « chinois ». Elle était assise sur le bout des fesses, au comptoir central, croquant son croissant par petites bouchées tout en feuilletant une revue de mode ou de cuisine. Un joli minois, un peu gavroche comme seules les Asiatiques peuvent en avoir. Grands yeux, visage plutôt plat… Son corps menu et svelte était emmitouflé dans une doudoune orange qui marquait sa taille fine. Je décidai de l’aborder, d’une manière ou d’une autre. Ma haute stature, mon visage carré, ma chevelure blonde, mes larges épaules… Peu de femmes refusent un premier contact avec un gaillard taillé de la sorte.

La « Chinoise » avait sans doute réglé sa consommation à l’avance. Elle s’était levée et avait quitté le café avant même que je puisse reposer ma tasse. Elle repassa de l’autre côté de la cloison vitrée, se protégeant, comme elle le pouvait, des flocons qui tombaient dru et étaient solides à présent. Je suivis la silhouette du regard, pestant d’avoir manqué l’occasion, jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière le blanc rideau.

Exit l’Asiatique !

Vous pou’ez la ‘evoi’ quand vous voud’ez…

L’homme au visage oblong s’était exprimé, tranquillement, sans même lever la tête de son document. Un accent français parfaitement britannique qui gomme tous les « R » !

Elle tient le ‘estaurant le Blue Buoi, à deux pas d’ici, bouleva’d du Montpa’nasse…

Je décidai de ne pas répondre à ce que je jugeai être une intrusion discourtoise dans mes pensées. Le gars avait suivi mon regard. Il avait noté mon intérêt pour la jeune femme ainsi que mon mouvement d’humeur…

Nouveau dans le quartier, n’est-ce pas ?

Sans blague ! Si vous insinuez que je ne suis pas un habitué du Buffon, comme vous, c’est exact.

Vous n’habitez pas loin d’ici.

À quoi voyez-vous cela ?

Élémentaire. Une tempête de neige à l’extérieur. Vous sortez légèrement couvert. Costume d’hiver,

very well

 ! Gilet, gros foulard, chaussure vernie à semelles…

Ok

. Mais aucun pardessus. Vous n’habitez pas loin d’ici, quelques mètres à franchir,

I would say

. Sans doute l’immeuble résidentiel aux murs végétalisés, de l’autre côté du boulevard Pasteur…

L’animal avait vu juste ! La moutarde me montait au nez…

Puisque vous êtes tellement perspicace, qu’avez-vous observé de plus ?

L’homme leva le nez de son document. Son regard bleu me fixa, un léger sourire derrière sa barbe parfaitement taillée.

Vous êtes célibataire, à la recherche d’un emploi depuis peu…

Célibataire parce que je me suis intéressé à la jeune Chinoise et que je ne porte pas d’alliance… Bravo pour vos dons d’observation. Cependant, cela ne signifie pas obligatoirement que je ne sois pas marié et père d’une famille nombreuse. Les bonnes mœurs se perdent, comme vous le savez, mais soit. Comment avez-vous déduit le reste ?

Il est huit heures du matin. Vous n’avez ni ordinateur ni tablette. Votre téléphone portable est sans doute rangé dans la poche intérieure de votre veste. Vous n’attendez ni message professionnel ni agenda de la journée concernant un éventuel travail à distance…

Ah oui… Je comprends. Mais pourquoi ajoutez-vous « depuis peu » ?

Votre posture. Vous sirotez votre café sereinement. Aucune urgence, phase oisive non stressante. Vous ne seriez pas ainsi si vous aviez derrière vous de longues journées de recherche d’emploi. L’argument majeur reste cependant le fait que vous portiez encore votre costume. C’est ainsi durant les premiers jours de chômage. L’homme reste attaché à sa fonction quelques jours, voire quelques semaines après l’avoir abandonnée…

Ce discours m’agaça au plus haut point. Je me retenais de lui mettre une baffe !

Quoi d’autre ?

Vos vêtements, chaussures vernies, mais avec semelles adhérentes, costume trois-pièces d’hiver, foulard signé aux couleurs assorties. Vous n’avez pas occupé une place assise derrière un bureau ou isolée dans une tour d’ivoire. Les habitudes vestimentaires se perdent de nos jours, n’est-il pas ? Même de grands patrons s’habillent en jeans… Mais vous, vous deviez être bien mis, n’est-ce pas ?

J’étais fou de rage, à deux doigts d’étrangler cet horrible personnage !

Calmez-vous, fit-il sans se départir de son flegme. Je comprends que ce soit énervant, mais enfin, je ne fais que répondre à vos questions… Hamilton, Scott Hamilton, ajouta-t-il avec un large sourire.

J’émis un rire bref, un tantinet sarcastique, mais j’acceptai de répondre à son salut, poing contre poing. Hamilton, un Écossais… Mes facultés déductives n’étaient pas aussi développées que les siennes, mais j’avais vu presque juste. Je m’en voulais toutefois de m’être emporté. Je continuai sur le ton de la rigolade pour preuve de bonne volonté :

Avez-vous d’autres observations ? Autant que j’en profite. J’apprendrai à être moins transparent.

Vous avez travaillé dans le secteur de l’hôtellerie, dit-il sans hésiter. Directeur d’hôtel. Un établissement de luxe…

Mais oui, c’est incroyable !

Et vous avez emménagé dans ce quinzième arrondissement à la suite de votre… comment dit-on… mise en congé. Les loyers sont plus modérés ici que ceux du seizième où vous logiez sans doute auparavant.

J’en demeurai abasourdi.