Une saison en Enfer - Arthur Rimbaud - E-Book

Une saison en Enfer E-Book

Arthur Rimbaud

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Beschreibung

Plongez dans l'univers tourmenté et intense de "Une saison en Enfer" d'Arthur Rimbaud, un recueil de poèmes emblématique du mouvement symboliste. Ce voyage poétique vous entraîne dans l'esprit tumultueux d'un jeune poète en quête de sens et d'expériences radicales. Au fil des poèmes, Rimbaud explore les thèmes de la passion, de la douleur, de l'amour et de la quête de soi. Les mots puissants et les images saisissantes créent une atmosphère envoûtante, transportant le lecteur dans un univers poétique d'une beauté sombre et troublante. "Une saison en Enfer" est bien plus qu'un simple recueil de poésie, c'est une exploration de l'âme humaine, une plongée dans les abîmes de la condition humaine. Rimbaud y exprime sa révolte contre les normes et les conventions, offrant une vision radicale de l'existence. Ce livre emblématique continue d'influencer la poésie et la littérature modernes. Il a marqué un tournant dans l'histoire de la poésie française, ouvrant la voie à de nouvelles formes d'expression et à une approche plus subjective de l'écriture.
Plongez dans cet univers poétique fascinant et laissez-vous emporter par la puissance des mots d'Arthur Rimbaud. "Une saison en Enfer" est une lecture incontournable pour les amateurs de poésie, offrant une expérience littéraire intense et profondément introspective.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Arthur Rimbaud (1854-1891) était un poète français prodige et emblématique du mouvement symboliste. Malgré une carrière littéraire brève, il a laissé une empreinte indélébile sur la poésie française. Rimbaud a commencé à écrire ses poèmes à un jeune âge, et son recueil "Une saison en Enfer" (1873) est considéré comme une œuvre révolutionnaire dans la poésie moderne. Son usage innovant de la langue, sa quête de nouvelles formes d'expression et son style visionnaire ont inspiré de nombreux poètes ultérieurs. Après avoir abandonné la poésie, Rimbaud a mené une vie aventureuse, notamment en voyageant en Afrique et en se consacrant au commerce. Sa vie et son œuvre continuent d'exercer une fascination durable sur les amateurs de poésie et de littérature.

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Une saison en Enfer

Arthur Rimbaud

– 1873 –

 

 

Jadis, si je me souviens bien

« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. — Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !

« Tu resteras hyène, etc…, » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »

Ah ! j’en ai trop pris : — Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

 

 

 

MAUVAIS SANG

 

J’ai de mes ancêtres gaulois l’œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.

Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d’herbes les plus ineptes de leur temps.

D’eux, j’ai : l’idolâtrie et l’amour du sacrilège ; — oh ! tous les vices, colère, luxure, — magnifique, la luxure ; — surtout mensonge et paresse.

J’ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. — Quel siècle à mains ! — Je n’aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L’honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m’est égal.

Mais ! qui a fait ma langue perfide tellement, qu’elle ait guidé et sauvegardé jusqu’ici ma paresse ? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j’ai vécu partout. Pas une famille d’Europe que je ne connaisse. — J’entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l’Homme. — J’ai connu chaque fils de famille !

Si j’avais des antécédents à un point quelconque de l’histoire de France !

Mais non, rien.

Il m’est bien évident que j’ai toujours été race inférieure. Je ne puis comprendre la révolte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller : tels les loups à la bête qu’ils n’ont pas tuée.

Je me rappelle l’histoire de la France fille aînée de l’Église. J’aurais fait, manant, le voyage de terre sainte ; j’ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme ; le culte de Marie, l’attendrissement sur le crucifié s’éveillent en moi parmi mille féeries profanes. — Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d’un mur rongé par le soleil. — Plus tard, reître, j’aurais bivaqué sous les nuits d’Allemagne.

Ah ! encore : je danse le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants.

Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme. Je n’en finirais pas de me revoir dans ce passé. Mais toujours seul ; sans famille ; même, quelle langue parlais-je ? Je ne me vois jamais dans les conseils du Christ ; ni dans les conseils des Seigneurs, — représentants du Christ.

Qu’étais-je au siècle dernier : je ne me retrouve qu’aujourd’hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues. La race inférieure a tout couvert — le peuple, comme on dit, la raison ; la nation et la science.