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"Vol d’enfant" est un récit bouleversant qui explore le lien indéfectible entre un petit-fils et ses grands-parents, brisé par les mécanismes impitoyables de la justice et des services sociaux. Privé de la garde du petit Nathan, ce ménage traverse trois années d’incertitude avant que l’enfant ne soit placé en famille d’accueil. Cet ouvrage met en lumière, avec une intensité remarquable, les défaillances des systèmes judiciaires et sociaux européens en matière de protection de l’enfance. S’appuyant sur les réflexions d’auteurs, philosophes et penseurs de renom, il ne prétend pas tout révolutionner mais cherche à éveiller les consciences face à une réalité qui appelle un changement urgent.
À PROPOS DES AUTEURS
Georges Émile Cralit, gynécologue et obstétricien en exercice, a également été assistant en cytologie à l’université. Enseignant en homéopathie, phytothérapie et aromathérapie, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation publiés chez Albin Michel. Un professionnel engagé au croisement des médecines traditionnelles et alternatives.
Kinésithérapeute, acupunctrice et morathérapeute,
Lila Cralit a également enseigné à l’Institut Supérieur de Kinésithérapie. Auteure à succès, elle a publié plusieurs ouvrages de vulgarisation chez Albin Michel, Éditions du Rocher et Marabout, traduits en plusieurs langues et diffusés à l’international. Une experte reconnue au service du bien-être et une plume qui traverse les frontières.
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Seitenzahl: 266
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Georges Emile Cralit
Lila Cralit
Vol d’enfant
Lettre ouverte de nous à toi
Témoignage
© Lys Bleu Éditions – Georges Emile Cralit et Lila Cralit
ISBN : 979-10-422-4670-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
À l’origine, sans le soutien de mes proches qui, pour des raisons émotionnelles bien compréhensibles, ne voulaient pas revivre ces épisodes douloureux, j’ai été poussé par mon démon à te raconter mon point de vue, mon étonnement, ma stupéfaction de départ, mon impuissance devant le déroulement des évènements, tel un rouleau compresseur ou le passage d’un char de combat.
Lors de la toute première audience publique, le compte rendu, la mise au point de la Justice relate dans les attendus initiaux : « le Docteur Famma est l’auteur d’un ouvrage sur la médecine naturelle ».
Apparemment, ce détail n’a rien à faire dans le contexte, mais il figure en toile de fond pour fixer les mémoires. La médecine classique, et pas trop loin le BIG PHARMA1, ayant déjà raison d’en vouloir à un outsider, un cavalier seul, un adepte de la patraquerie de la médecine alternative qu’il fallait châtier ou tout le moins écarter de la discussion. C’est le motif de la disqualification grand-parentale incarnant une situation, bien vite assimilée à une famille « violente et pathogène ».
Toi, Nathan, mon petit-fils, le fils de ma fille, tu fus attendu avec tant d’impatience et de bienveillance par tes proches. Toi qui aurais eu ta place dès tes premiers pas dans notre famille, certes imparfaite, mais pleine de tendresse et d’amour et impatiente de te les prodiguer. Cette famille, cette tribu comme le dira notre avocat, prête dès la conception à t’accueillir dans le joyeux désordre mais aussi dans l’harmonie qui lui sont propres.
On m’a souvent reproché ma naïveté. J’ai rarement été félicité pour ma conduite en la matière, dont j’avais plus été le témoin impuissant que le maître de la situation. C’est vrai qu’au départ, j’étais persuadé qu’il allait de l’intérêt de ta mère, qu’elle pouvait être cette maman adulte de la quarantaine qui attendrait son premier petit. Des avis défavorables faisaient jour déjà avant ta naissance. C’était folie de te laisser vivre. Il fallait t’éliminer dans l’œuf. Pour des raisons profondes qu’il faudrait creuser, j’étais opposé à cette élimination brutale. Je t’aime en somme avant que tu ne sois là. Je voulais ta présence contre vents et marées. Certes, j’étais loin d’imaginer la montagne de difficultés qu’allait engendrer ta venue au monde et par voie de conséquence la Justice. Concernant cette dernière, un grand avocat constitutionnaliste, celui qui maîtrisait les textes fondamentaux de la Constitution, m’avait, à l’énoncé de nos mésaventures et de nos démêlés avec le pouvoir judiciaire, confié « qu’il n’y avait pas de Justice ». Il était bien placé pour le dire étant donné qu’il luttait personnellement pour établir la Vérité à l’issue d’une procédure qui allait durer une décennie.
D’autres, socialement plus modestes, m’avaient conseillé de réunir un Conseil de famille pour décider de ton sort. Tu étais bien accroché là, entendais venir au monde à terme et adresser un pied de nez à tous tes détracteurs.
Ta mère avait aussi toujours souhaité ardemment ta venue. Elle fondait littéralement devant tous les enfants qu’elle rencontrait au hasard de ses sorties.
La Justice a ordonné ton éloignement après ta naissance en prétextant l’âge de tes grands-parents, argument « facile ». Pourquoi ne pas tenir compte de l’espérance de vie moyenne de la population ? Soit dit en passant, ils court-circuitaient ainsi l’échelon premier que représente ta mère, mais la considéraient comme inapte, sans même avoir évalué son potentiel et ses aptitudes.
Ils ne voulaient voir que les rapports restés secrets des principaux intéressés concernant cette fameuse impossibilité : jamais de divulgation ou de confrontation, de franc-parler à ce niveau-là. Tout devait rester confiné dans le dossier volumineux, inconnu de nous, mais mis à la disposition de tous les intervenants sollicités par la Justice. La juge Couperet exhibait lors de l’audience : « tout est là, Monsieur », il suffit que je vous le dise pour que ce soit vrai. Pour justifier sa position, la juge nous affirmait qu’elle se basait sur une étude objective de la situation.
Après une recherche infructueuse de trois mois, la Justice peina à trouver un organisme d’inquisition qui répondrait à ses objectifs contraignants et passerait au peigne fin tour à tour ton comportement vis-à-vis de ta maman, ton degré d’affection ou d’intérêt vis-à-vis d’elle, sa façon de procéder avec son jeune enfant, tout cela devait être évalué en milieu neutre sous l’œil des superviseurs, c’est-à-dire en présence d’examinatrices, psychologues et éducatrices, choisies par le pouvoir judiciaire.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les intervenants, choisis par le Pouvoir et dont le travail venait précisément de ce Pouvoir, seraient tentés de faire un rapport en adéquation avec ce même Pouvoir tutélaire.
Tu peux croire, Nathan, que je me trompe, que je suis partial et que c’est en toute bonne foi et entière conscience professionnelle qu’ils rédigeaient leur rapport. Il n’en est rien. Je n’en vois pour signe que le fait que la juge a affirmé que les rapports émanant des plaignants étaient tendancieux et servaient leurs intérêts.
Un deuxième organisme examinateur fut saisi, lui aussi avait été dûment drillé dans sa mission et nous tomberons tout aussi lourdement.
Deux rapports étaient suffisants pour nous disqualifier et pour choisir une solution d’écartement dans une famille d’accueil extérieure à ta propre famille.
Ta vie dès le départ, Nathan, a été l’appariement de deux cellules réunies pour n’en faire qu’une sous l’égide de l’Amour ! Cet acte d’amour s’est heurté à la Justice. Au motif ou prétexte de ton bien-être, elle choisira, après t’avoir isolé trois longues années en orphelinat, de te confier à une tierce famille, certes méritante et remarquable, mais contre la volonté de ta maman et de tes grands-parents.
« Tous les hommes désirent naturellement savoir ». La phrase n’est pas nouvelle, c’est Aristote qui l’a citée en premier lieu.
En cherchant partout des réponses aux questions sans fin qui se sont posées et imposées à nous, nous avons, ma femme et moi, sans cesse, rabâché le problème et tout fait pour comprendre comment nous avions pu en arriver là.
Ta mère ressent encore chaque jour ce même sentiment insoutenable pour elle. Elle le nourrit en toute conscience, en toute liberté.
L’amour de Gaële, ta mère de sang, et le nôtre n’ont pas disparu lorsque tu nous as été enlevé.
Pour comprendre le tsunami de ces décisions, j’ai cherché dans la littérature s’il y avait antécédence d’un tel comportement d’exclusion de la famille, quelles étaient les motivations de la Justice, ce qu’était la Justice. J’ai voulu comparer et retrouver des situations parallèles dans les différents pays européens. Ont-ils fait mieux ou moins bien ? Les mêmes reproches devaient-ils être faits ? Les intentions louables et vertueuses se soldaient-elles par des réalisations ?
Je me suis demandé s’il y avait, au-delà de la juridiction de notre pays, un pouvoir supranational capable d’arbitrer, à défaut d’obtenir un gain de cause dans notre pays.
Inspiré par la phrase de Salman Rushdie Seuls les mots peuvent vaincre, je décide d’écrire ce livre. Désarmé face à la Justice, cet écrit témoigne de notre combat pour partager ta vie et faire que nos mots servent à d’autres !
Avant de s’embarquer dans un voyage vengeur, creuse ta tombe.
Confucius
Le grand écrivain anglais Mc Ewan dit que, dans la rédaction d’un livre, les premières pages, l’entrée en matière, sont la partie la plus difficile.
Dans « Coque de noix », il cite Hobbes2, philosophe anglais, qui décrète, 500 ans avant, que « l’État doit avoir le monopole de la violence ». La violence a surgi très tôt dans l’histoire humaine.
Plus tard, pour Rousseau, l’homme est un animal autosuffisant, naturellement bon et perverti par la civilisation, ce qui est faux : l’être humain n’a jamais été autosuffisant, c’est un animal social qui a toujours besoin des autres pour survivre. Entendons-nous sur le social : certains diront clanique.
Nous avons décidé d’embarquer, de prendre la mer. Notre témoignage est aujourd’hui mis noir sur blanc, afin de faire part à un enfant, notre petit-fils, du combat que nous avons mené pour faire valoir le Droit, avec un grand D.
Lors de notre première convocation au Service de Protection de la Jeunesse, c’est-à-dire en Justice, chez Mme Lavesemme, Assistante de la Juge, ce fut une prise de connaissance entre parties. Elle formule une série de choses qui ne vont pas nécessairement dans mon sens et ma réponse consiste à ne pas répondre à cette Assistante, mais à noter systématiquement ce qu’elle dit. Ça semblait l’agacer prodigieusement, bien qu’elle n’en faisait rien paraître et qu’elle gardait son calme. Son intervention consistait en une série de questions qui n’obtenaient pas de réponse, car nous estimions ne pas avoir notre place en Justice. Elle qualifie cette attitude de « langue de bois », qu’elle réprouve, et dit « ce n’est pas ça qui va faire avancer les choses et ça ne plaide pas en votre faveur ». En quelque sorte, la prise de connaissance était assez unilatérale. C’est à ce moment-là, et ce sera répété à plusieurs reprises, qu’elle nous signale qu’il y a une compétition entre notre famille et une famille d’accueil à 50/50. Nous encaissons le coup, parce que nous ne savions pas à l’époque quels étaient les droits de l’homme et les droits de l’enfant. Or, comme nous le découvrons par la suite, dans au moins cinq articles des droits de l’enfant, ce dernier ne doit pas être séparé de ses parents contre leur gré et la séparation, quand elle est nécessaire, doit se faire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Phrase assassine puisqu’elle veut en effet tout dire, mais n’est spécifiée quant à son contenu nulle part. C’est une formule à l’emporte-pièce que chacun utilise et c’est un paravent derrière lequel tout le monde se cache. Comme les devises de nos pays – Liberté Égalité Fraternité et l’Union fait la Force – c’est un but à acquérir, un objectif à atteindre et non un état de fait.
Quoi qu’on fasse, langue de bois ou parole libérée, lorsque nous avons exprimé ce que nous ressentions, ça s’est toujours retourné contre nous. Lors d’un appel téléphonique, dont je prends l’initiative pour aplanir la situation entre Mme Lavesemme et mon époux, elle me dit « Madame, vous ne devez pas être aussi sûre que cet enfant viendra chez vous, vous avez autant de chance « qu’une famille d’accueil ».
On constate, à l’aune de notre histoire, qu’on parle beaucoup du manque de démocratie dans de nombreux pays, mais la démocratie ne fonctionne dans les pays occidentaux que lorsque vous vous trouvez du bon côté.
Le placement en établissement apparaît comme un moyen de dernier ressort, réservé à l’enfant privé d’au moins un de ses deux parents. Il faut le confier préférentiellement aux membres de la famille de ses parents (famille élargie). La Belgique tient le haut du pavé en Europe pour placer les nourrissons en institutions.
Edgar Allan Poe, dans « Une descente dans le malström et autres histoires extraordinaires », nous conte le dernier survivant de l’histoire des trois pêcheurs prisonniers d’une tempête. Il nous confie que pour espérer sortir indemne du malström, il faut d’abord accepter d’en étudier calmement les manifestations et les logiques de fonctionnement.
Le film « Au nom de la Terre » est sorti en Belgique en octobre 2019. S’il n’est pas donné à tout le monde de convertir un drame familial en une œuvre qui témoigne d’un débat de société, capital de surcroît, Edouard Bergeon, fils d’agriculteur, journaliste et documentaliste, a réussi ce défi.
Nous allons à notre tour nous essayer à cet exercice, afin que ce récit serve à d’autres. Combien de cas ont défrayé la chronique et traumatisé à vie des familles ? Lorsque la Justice dérape, que les intervenants ne sont pas neutres, obéissent à leur chef et réfléchissent à leur carrière, on se trouve face à une situation cornélienne que nous avons tenté d’éclaircir.
« Je suis né le 25/09/2015 à 19 h 28 à l’Hôpital de la Charité, en Belgique. »
« En vacances avec mes parents dans un paysage calme près du lac de Côme, j’interroge maman pour savoir pourquoi je ne vais plus dans la maison de la dame qui m’apportait toujours un cadeau et qui me faisait rire pendant le temps que nous partagions ensemble. Il y avait aussi une autre dame qui s’occupait de moi avec tendresse et un monsieur très avenant. Maman me répond de manière légèrement agacée qu’un petit garçon n’a pas à se préoccuper de tout cela et que la dame rieuse qui donnait de jolis cadeaux est fort malade. Je lui demande ce qu’elle a, et maman me répond qu’elle a mal à la tête. »
Gaële, ta maman, a pu sortir de la maternité après un nombre habituel de jours, mais toi, son enfant, restais en observation.
Nous voulions dès l’origine opérer un transfert de clinique. Ce transfert refusé, je me suis énervé, qualifiant cette non-sortie de séquestration.
Le Directeur de la clinique a fait appel au Service d’Aide à la Jeunesse (le SAJ).
Motif de la demande au Service d’Aide à la Jeunesse : l’Assistante sociale de la Clinique de la Charité avait fait appel à ce service en parlant des problèmes de ta mère. Tes grands-parents, qui désiraient le retour de leur fille avec toi, son enfant, étaient déclarés inaptes notamment parce qu’ils avaient la septantaine.
Madame K., cette Assistante sociale de la Clinique de la Charité à laquelle j’avais parlé « à cœur ouvert », n’avait pas perdu une goutte de la conversation et l’avait bien notée pour la restituer dans les jours qui ont suivi l’hospitalisation à qui de droit, c’est-à-dire à la Juge.
C’est donc sans surprise qu’elle est présente lors de la première comparution en audience et que, à la suite de son témoignage, elle s’entend féliciter par la Juge. « Bravo pour votre sagacité dans la détection de ce cas problématique qui nous occupe ». Son rôle peut sembler anecdotique dans le psychodrame qui s’est joué, mais il l’est moins quand on considère qu’elle est à la base de l’irruption de la Justice au cours d’un post-partum qui aurait dû rester banal.
On y retrouve les griefs que nous avons formulés concernant ton hospitalisation, Nathan, durant tes premiers jours, dans un débarras sans fenêtre, plus facilement scruté par le corps infirmier.
Ton oncle, Nicolas, ayant émis le reproche que l’initiative de cette Déléguée était unilatérale, va dans un certain sens affirmer « qu’un dossier à charge » est établi. Ce que Nicolas ne convenait que très peu, c’est que ta mère, Nathan, était très différente de lui : plus tendre, plus secrète et surtout plus sensible. Il rencontrait des difficultés à admettre que Gaële n’était pas aussi armée que lui face à la vie.
Il faut savoir que l’entrevue qui a eu lieu à la Charité entre la représentante du SAJ, le pédiatre de la clinique et nous a été houleuse. N’accédant pas à notre désir de te voir transférer dans la Clinique Universitaire, lieu qui aurait été plus propice et moins chargé de violence, ce transfert a été proscrit ou refusé et qualifié de tentative de « kidnapping ». Ce droit de déplacement de la patiente et de son enfant fait partie du droit belge des familles. Nous sommes allés consulter le Commissariat de Police pour le vérifier. La Charité ne l’entendait pas de cette oreille et a transformé un simple transfert d’une clinique à l’autre. Il est à noter que l’affaire de la gestion de ce « kidnapping » a été purement et simplement effacée et classée comme sans suite par la Police.
La Police communale, avertie par la clinique, dépêche sur place une escouade de deux policiers censés s’opposer « au rapt de l’enfant ».
Durant près d’un mois, un « garde » (en blouse blanche) est resté devant ta chambre en essayant de rester discret.
La Charité reste une clinique où les méthodes de traitement doivent être tout à fait orthodoxes et conformes aux données de la science médicale actuelle.
Pas de place pour toute autre forme de médecine, bien volontiers dénommée, par dérision, la patamédecine… en somme, à leurs yeux, un charlatanisme. Dans tout cela, BIG PHARMA n’était pas loin et régnait en maître. Pas question de laisser s’insinuer une perversion nuisible et tenant, tout au plus, du placebo. Ils faisaient leur l’aphorisme : « le recul de la raison enfante des monstres et du choc des idées jaillira la lumière qui brillera dans les ténèbres. » Naturellement les idées, surtout les leurs. Ils étaient détenteurs exclusifs de la vérité absolue.
Que vint faire la médecine naturelle dans cette galère ? Rien normalement. Mais n’est-ce pas l’empreinte d’une main invisible qui, en coulisses, relie la situation passée de ton grand-père, auquel on reproche la médecine alternative, avec celle de sa fille ?
Le 8 octobre 2015, dans un courrier adressé au Parquet, le rapport souligne que le grand-père a travaillé à la Charité avant d’être renvoyé, question de jeter le discrédit immédiatement. Néanmoins, il a continué à exercer sa profession, est l’auteur d’un livre sur la médecine naturelle destiné aux femmes. On en voulait au père de la plaignante, Médecin libéral au sein de la Clinique de la Charité, de pratiquer une médecine qui, selon leurs dires, n’en était pas une, la médecine alternative riche de son homéopathie, de sa phytothérapie ou d’aromathérapie.
Et c’est comme ça que des choses anodines ont bâti des choses écorchées et pleines de douleurs, et ce n’est que le début.
Ordinairement, et comme le prévoient les Conventions des Droits de l’Homme et de l’Enfant, on organise bon nombre de réunions avec l’ensemble des protagonistes pour essayer de comprendre les problématiques, avant de rentrer dans un système judiciaire. Or, en 24 ou 48 heures, tout bascule ! Comment ne pas parler d’un coup monté, prémédité ? Une personne proche de la direction de la clinique m’appelle pour tenter de disculper la clinique en signalant la bénignité du SAJ, mais que les choses tourneraient tout autrement si on passait au SPJ (Service de Protection Judiciaire).
Le Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ), ce service non juridique se déclarant dépassé par les évènements, conclut à la nécessité de la CONTRAINTE. C’est-à-dire que le 8 octobre 2015, nous passons du SAJ au SPJ (Service de Protection Judiciaire). Pour avoir eu une conversation « animée », la Déléguée du SAJ, jeune femme de 25 à 30 ans, s’étant sentie agressée verbalement, note sur son rapport qu’à son avis c’est la contrainte qu’il faut exercer sur ces récalcitrants. La dynamique de la famille Famma est qualifiée de malsaine.
Elle en fait part à son directeur, qui valide la nécessité de la contrainte d’où le passage immédiat, en 24 heures, du service social au service juridique, seul apte à exercer la contrainte réclamée par la déléguée précitée. Il peut sembler étonnant qu’une jeune déléguée de 25 ans, de son initiative, sur base d’une rencontre fortuite, se fasse elle-même une opinion aussi tranchée et aussi lourde de conséquences. On peut donc penser qu’un « système » tout entier, bien organisé mais discret, souterrain par nature, y imprime, dès le départ, sa volonté bien arrêtée et conforme à ses préoccupations de maintien de l’intégrité de ses vues.
Théorie du complot, objecterez-vous ? La suite du déroulement des opérations nous montrera qu’on ne dérogera pas à cette ligne de conduite tracée dès le départ.
Durant les 20 années d’exercice de sa profession, l’Assistante de la Juge n’a jamais constaté une si rapide transformation du cas, passant de l’anodin Service d’Aide à la Jeunesse à la rigueur de la Protection Judiciaire.
Le 9 octobre 2015, nous faisons une déposition à la Police, faisant état des griefs que nous avons concernant la tournure des choses à la Charité. Et notamment le danger de contamination d’un enfant de 13 jours, atteint d’une fièvre inexpliquée.
Le 16 octobre 2015 a lieu un entretien de cabinet en présence de la Juge Couperet, Juge du Tribunal de la Jeunesse. Elle décrète que la déléguée au SAJ a été malmenée par la famille, qui se montre très présente, voire envahissante, agressive et revendicatrice.
La Juge Couperet constate et entérine le fait que la maman était quelque peu déstabilisée, pour ensuite réaliser qu’elle aimait son enfant et souhaitait s’en occuper. Elle relève « les contradictions » bien évidentes d’une maman secouée par les évènements et les pressions multiples exercées sur elle. Ce qu’elle a dit dans un premier temps ne sera plus formulé par la suite. On parle de la présence de la nounou. Il est à noter qu’un mois avant l’accouchement, nous avions fait venir de Moldavie une nounou qui devait concourir à l’heureux accueil de l’enfant au sein de la famille.
Contrairement à l’avis du pédiatre de la maternité, qui préconisait les rapports les plus étroits et les plus fréquents entre la mère et l’enfant, la Juge fait remarquer « qu’un enfant de l’âge de Nathan dort en principe plus de vingt et une heures par jour, de sorte qu’il n’est pas nécessaire pour l’enfant d’être mis en présence de sa maman davantage ».
La Juge a décidé de te garder pendant deux mois, en clinique, en pleine épidémie de bronchite aiguë. Comme ça, elle avait le temps de « voir venir les choses ». C’est depuis lors que tu es devenu sensible des bronches.
Voici donc comment, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un nourrisson et sa famille se sont vus piégés par le système judiciaire :
Descente de Police ordonnée par la Juge confirmant l’enfermement de Nathan ;
Écartement immédiat de la famille de l’enfant ;
Visite de la mère : 2 heures par jour dès le lendemain ;
La Pédopsychiatre D. parle de « dérapage » ;
Soi-disant « non-collaboration » de la famille.
À l’Audience publique, la Juge Couperet conclura concernant la famille : « Il s’agit d’un climat violent et pathogène ».
Les sophistes et les psychanalystes ont le même type de langage : ils pensent le MOT au MOT. Le psychanalyste, le sophiste sont comme un mur qui renvoie son dire à celui qui parle. L’intervenant renvoie à son maître ce qu’il a dit ou ce qu’il veut entendre.
Les sophistes voient le langage comme un Pharmakon, une drogue, un remède. Ici s’applique le joli mot du sophiste : il ne s’agit pas de Vérité, pas même de vérité. Il s’agit de varité, la vérité comme variée, un mot-valise qui fait entendre le signifiant de derrière cher à Lacan, qui est bien le sophiste de notre temps3.
Comme je te l’ai dit, Nathan, dans ma lettre d’introduction, « seuls les mots peuvent vaincre ». La Juge s’en est servi, employant les mots assassins « Pathogène » et « Violent » pour nous définir. Injustifiés et mille fois contestés, ces termes ont fait mal, mais nous ont aussi donné la force de nous battre avec les mêmes armes. Les mots pour le dire…
À propos des termes utilisés :
PATHOGÈNE : qui peut causer une maladie ou, d’autre part, qui est cause d’une attitude anormale, d’un trouble mental (définition Larousse).
Il me semble que l’attitude anormale consiste à ne pas laisser sortir l’enfant avec sa mère, qui n’était pas dangereuse et n’a jamais manifesté d’hostilité envers celui-ci ! Comment ne pas ressentir une saine colère face à cette injustice ?
VIOLENT : qui agit ou s’exprime sans aucune retenue, brusque, coléreux, brutal, ardent, frénétique, qui a un intense pouvoir d’action ou d’expression des sentiments.
La première personne à utiliser ces termes était la représentante déléguée du SAJ (Service d’Aide à La Jeunesse), à la suite de notre rencontre dans une atmosphère survoltée, au vu des circonstances.
Elle posait les jalons d’un dossier à charge sans aucun dialogue possible, comme dans un système totalitaire.
Plus tard, dans son ordonnance, la Juge va s’approprier les termes de cette personne, en qualifiant cette fois la famille de « pathogène et violente » sans aucune justification ou raison.
« C’est le socle de la charge de la Juge contre les grands-parents », nous a dit l’avocate.
Lors de l’audience chez la Juge, on a demandé : « qu’est-ce qu’on a fait pour mériter une telle qualification ? »
Elle nous répond : « ça ne vous concerne pas, ça concerne la situation du couple parental. Ce qui est tout différent. »
En attendant, elle a conservé ces termes dans son ordonnance écrite rattachés aux grands-parents qui demandent la garde de Nathan.
Et plus tard, bien entendu, tous les intervenants se sont inspirés de cette terminologie.
On a, à plusieurs reprises, suggéré à notre avocat de faire appel de cette décision. Il nous l’a déconseillé, prétendant disposer de « l’oreille de la Juge ». Il mettait en garde que l’enfant pouvait être retenu par décision de la Juge dans l’Institution, jouant ainsi sur nos peurs.
Il ne faut pas oublier que la majorité des avocats médiateurs reçoivent le travail (leurs missions) d’un juge et essaient d’avoir à tout prix « son oreille ». Comment voulez-vous, dans ce contexte, défendre impartialement un client ?
On présente la déléguée de la Juge, Madame Lavesemme, mais également Madame Lemaitre, qui est l’avocate commise d’office comme conseil de Nathan aux yeux de la Justice. La Juge se moque des remarques formulées et des critiques du grand-père lors de cet entretien. Et tient la grand-mère pour une demie cinglée parce qu’elle avait estimé que l’enfant pourrait attraper une maladie grave au sein de l’hôpital, ce qu’il présentait précisément à ce moment, faisant allusion à un danger épidémique émis au sein de ce service hospitalier.
Le grand-père écrit au Ministre de la Jeunesse, qui renvoie la balle plus loin à un Délégué de l’Enfance.
Le Délégué général aux Droits de l’Enfant conseillera de « prendre un avocat ». Pour rappel, l’Ordonnance du Tribunal de la Jeunesse relevait « le climat violent et pathogène dans une dynamique complexe ».
Le 30 octobre 2015, la déléguée de la Justice, Madame Lavesemme, signe un rapport de surveillance où elle rappelle le projet d’hospitalisation au sein d’une unité mère-enfant préalable à l’accouchement, refusée en son temps, mais acceptée en post-partum par Gaële.
Le Psychiatre Mandula joue un rôle important à la clinique la Ressource, tout à fait dissimulé et sinistre.
Je suis frappé de constater a posteriori que la personne qui est en grande partie responsable du sort réservé à la mère et par voie de conséquence du tien est Madame Mandula. Elle agit dans l’ombre et ne sera jamais convoquée lors des audiences publiques. On assiste à une sorte de phénomène de foire où chacun est égal à chacune, ajoutant sa petite pierre à l’édifice en train de construire ou de déconstruire la vie d’un enfant. Cette gente dame ne doit pas apparaître ni témoigner. Son témoignage est inscrit dans des rapports médicaux confiés aux bons soins de la Juge, qui les confiera à qui veut bien s’en servir (sauf bien entendu les plaignants qui n’en connaîtront jamais la teneur et n’en verront jamais la couleur) dans la cohorte des « intervenants ».
J’ai personnellement pris contact avec ladite gente dame, qui refusera toujours obstinément de me recevoir ou de me parler. « Je n’ai rien à vous dire, je ne m’occupe que de votre fille ».
Lors d’une réunion avec la Psychiatre Mandula, la déléguée de la Justice et Gaële, des propos graves et tranchants ont été proférés. Mots qui génèrent avant tout peur et angoisse.
« Le retour dans votre famille est exclu. Vos parents sont suspects : bagarreurs, orduriers. Jamais, même plus tard, le retour à la normale ne sera possible ». Elle propose, mais ne tiendra pas parole, une épreuve d’un mois à la Ressource. « Vous serez seule pour vous occuper de l’enfant, jour et nuit, deux fois par nuit à deux heures et quatre heures. Fini les infirmières qui vous aidaient à la Charité et les puéricultrices. Pas question d’avoir votre nourrice et vos parents sont indésirables. »
C’est aussi pourquoi, lors d’une des premières audiences, la Juge me fit le geste démonstratif en repositionnant une lourde farde devant elle et insistant « tout est inscrit ici ». Il ne lui restait plus qu’à établir chez son justiciable l’incapacité de s’occuper utilement de son enfant et par la même occasion les grands-parents, Médecin et Kinésithérapeute de surcroît, ainsi que l’oncle de l’enfant. Quelle est la clarté d’une telle instruction où le plaignant ne peut être mis au courant de son ou ses chefs d’accusation et où le même juge est à l’instruction et à la décision d’établissement de la peine ?
La déléguée à la Justice interroge et conclut que Gaële est incapable de s’occuper seule de l’enfant, qu’elle nécessite l’intervention de l’infirmière, qu’elle a un certain manque par rapport à l’enfant, bref un rapport complètement négatif. Il est très difficile de s’occuper de l’enfant dans des conditions carcérales où on est observé et jugé et côté. Le parcours impossible, inhumain et destructeur : « celles qui sont passées par là en témoignent ». Du coup, la machine infernale se met en branle. Il faut garder l’enfant en institution, d’abord à la Ressource en attendant de trouver une place dans une pouponnière, qui est considérée par d’aucuns comme un orphelinat.
Pas question de l’organisme l’Arène, d’obédience confessionnelle, parce que c’est un service à domicile qui est interdit vu la présence des grands-parents. « Si vous ne donnez pas satisfaction resteront les solutions pouponnière, famille d’accueil ou abandon ».Cet organisme, l’Arène, existe depuis une dizaine d’années. Il a fait ses preuves en matière « d’éNathanage » de la mère et de son entourage afin de savoir comment s’occuper de l’enfant avec amour, empathie et tendresse. Leur staff est composé de pédopsychiatres, infirmières, puéricultrices, assistantes sociales, une équipe gagnante qui jouit d’une excellente réputation. L’Arène est une structure intermédiaire, ambulatoire, ouverte aux enfants de zéro à trois ans. Sa visée est de traiter les troubles de la relation précoce entre le jeune enfant et ses parents. Les troubles interactifs précoces peuvent se révéler chez le bébé par des symptômes physiques qui altèrent le fonctionnement corporel, par des difficultés de contact et de regard, par des troubles de l’humeur.
Madame Lavesemme, se plaçant au-dessus de la mêlée, émaillait son intervention d’une petite phrase prémonitoire, en apparence anodine, mais qui en disait long sur les tréfonds de son mental : « Il faut savoir que la famille d’accueil peut toujours renvoyer l’enfant insubordonné en institution ».
On comprend que c’est reparti pour l’enfant, le garder dans les hôpitaux et la pouponnière (orphelinat). C’est le pédopsychiatre de la pouponnière qui qualifiait – il faut l’appeler par son nom – l’institution d’orphelinat.
La psychiatre de Gaële était pour cette solution de faire appel à l’Arène, elle connaissait personnellement Madame Mandula. Elle lui avait longuement suggéré cette solution, la plus humaine dans l’intérêt de l’enfant, de la mère et de la famille. Mais elle a obstinément été refusée. On se demande pour quelle raison. Qui était dans l’ombre ? À qui a-t-on voulu faire plaisir ?
Cette structure humaine a été immédiatement écartée par la Justice parce que trop libérale, trop ouverte, l’enfant restant chez sa mère ou ses grands-parents avec l’aide et la supervision de cette structure.
De plus, la Justice ne pouvait qu’y exercer un rôle subsidiaire, tout en respectant l’entité familiale.
Il y a cependant des avis favorables pour que les grands-parents deviennent famille d’accueil.
Il s’agit de l’avis du gynécologue de Gaële (18 octobre 2015) ainsi que celui, tout aussi favorable, émanant d’un universitaire, le Psychiatre Breuer. Son diagnostic oscillera d’une part entre la surefficience mentale et la prédominance du cerveau droit, séquelle d’un traumatisme ancien, une collision en voiture suivie d’une commotion cérébrale à l’âge de 19 ans et d’autre part l’évolution chronique d’une affection avec des hauts et des bas.