Vous avez des enfants ? - Marie Lerbeil - E-Book

Vous avez des enfants ? E-Book

Marie Lerbeil

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Beschreibung

Vous avez des enfants ? retrace les expériences de Marie Lerbeil, l’auteure, sur le chemin de la maternité. Sur un fond éclectique où humour, colère et cynisme se succèdent, elle y « accouche » des mots traduisant ses manques, ses douleurs et ses perceptions. Page après page, au bout de chaque ligne, s’y dessine de la détermination, une confiance acharnée, une persévérance forte qui nourrit son espoir de répondre un jour par la positive à la question : vous avez des enfants ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Marie Lerbeil tire son inspiration de sa vie quotidienne de femme. Elle partage ce parcours, avec ce livre, pour transmettre l’espoir à d’autres parents. Pour elle, écrire c’est trouver le rythme et les mots qui sonnent entre eux pour donner naissance à l’émotion.

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Seitenzahl: 105

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Marie Lerbeil

Vous avez des enfants ?

Roman

© Le Lys Bleu Éditions – Marie Lerbeil

ISBN : 979-10-377-6515-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ce manuscrit est dédié à toutes les femmes

qui espèrent qu’un jour leur ventre s’arrondira,

et qui rêvent de prendre des kilos !

Chapitre 1

La rencontre

J’ai 35 ans et pas d’enfant. En soi, ce n’est pas bien grave, toutefois l’horloge biologique tourne, et comme j’ai bien l’intention d’en avoir, il va falloir que je me dépêche de trouver l’homme avec qui j’aurai envie de me lancer dans cette aventure.

J’ai bien eu, dès mes 18 ans, une belle rencontre avec un homme avec qui j’ai partagé douze ans de vie, mais même si la question s’était posée, quelque chose en moi s’y opposait.

Nous nous sommes aimés. Il y a eu beaucoup de respect et de tendresse, mais cela n’a pas suffi, du moins pour moi.

Nous nous sommes quittés douloureusement pensant toutefois que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour tous les deux. Il m’a laissée partir, rempli de peine en espérant mon bonheur.

Quelque temps plus tard, je fis la connaissance d’un Africain sur mon lieu de travail.

À cette période de ma vie, tout me semblait possible. J’écoutais mon instinct, j’allais où mon cœur me porte.

C’est ainsi qu’un petit matin, avec mes valises et mes malles, laissant mes « ex-mâles », je me retrouvais à l’aéroport Charles-de-Gaulle pour m’envoler sur Ouagadougou. J’allais poursuivre cette histoire là-bas, lui-même étant reparti vivre un temps au Burkina Faso, son pays d’origine.

L’Amour remportait la bataille, rien ne pouvait m’arrêter ! Cette histoire dura une petite année, mais rien de grave, sans le savoir, mon futur mari m’attendait là-bas.

Il y a eu une petite transition avec un bellâtre, grand, fort, beau, intelligent. Le piège… j’y tombai comme une adolescente ! L’histoire fut brève mais intense. En trois mois, il ne me promettait plus la lune, pas même un quartier.

Ainsi, au milieu de la poussière ambiante du pays, des klaxons incessants, des odeurs de pots d’échappement, de poulets et de chenilles grillés, des étals de papayes, de mangues et d’ananas, les feux de l’amour se jouaient à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso !

Il manquait encore à cette époque une stabilité affective !

Et puis un jour, j’ai décidé de postuler dans un CER (centre éducatif renforcé) installé dans cette ville pour un poste d’éducatrice.

Le travail était de proposer à des mineurs français placés par la justice, des chantiers collectifs pour les villageois africains, afin de redonner à ces jeunes les moyens de réparer leurs fautes commises en France, et ainsi de se réparer.

Je sonnai, un monsieur aux cheveux longs vint m’ouvrir. Je ne le savais pas encore mais c’était lui ! À ce moment de la rencontre, rien absolument rien, je repérai cependant le beau brun, le futur « feu de paille », qui toutefois joua un rôle majeur pour la suite.

Je fus embauchée grâce à lui qui, sous l’effet de la foudre fraîchement tombée, négocia mon salaire auprès de la direction !

J’étais prête à travailler, mais pas pour 100 000 CFA (environ 150 euros) à 175 heures par mois. J’avais le diplôme de monitrice éducatrice et dix ans d’expérience, c’est la première fois de ma vie que j’ai osé m’imposer pour rediscuter de mon salaire. Ce fut la seule et unique fois ! Pas assez d’audace ni d’estime pour moi-même.

L’histoire n’aurait jamais pu se faire sans cette négociation. J’acceptai le salaire me convenait.

J’ai pris mon poste. Jamais de ma vie je ne suis allée au travail avec autant de joie, tant le boulot avec ces jeunes était passionnant, riche, prenant. Je m’y sentais vraiment très bien. J’étais à ma place. Il faut dire que mon rôle était facilité par le simple fait que j’étais une femme et en version « transfert » un peu leur maman, qui dans cette brousse hostile les rassurait.

Et puis un jour Éric, le futur, l’élu de mon cœur, m’emmena en brousse rejoindre le groupe des jeunes dans le village de Gombélédougou, une destination qu’on ne retrouve dans aucun catalogue de voyage, tant son exotisme est difficile à décrire !

Il me fit monter dans un 4x4 Patrol qui ajoutait à ce trajet un sentiment d’évasion et d’aventure, comme dans Out of Afrika, quand Meryl Streep part en pleine savane au côté de Robert Redford !

Nous avions une bonne heure pour échanger de choses et d’autres. Dans la discussion, sans savoir pourquoi comme un désir enfoui et bien caché venant de nulle part (mais bien de moi !), je lui dis :

« J’aimerais bien repartir dans une histoire avec un homme, pour avoir le plaisir de pouvoir repasser des chemises ? »

Encore aujourd’hui je me demande d’où me venait cette phrase, impossible qu’elle vienne de moi. Et pourtant !

Réflexion faite, l’atavisme y était très certainement pour quelque chose. L’enseignement de ma grand-mère, femme de principe et d’ordre, qui à aucun moment n’aurait décalé l’heure d’un repas, ni laissé son mari repasser ses chemises et encore moins le laisser se (faire) cuire un œuf, avait laissé en moi des règles qui me suivirent partout où j’allais, même à 5000 km de mon village d’origine !

Je crois que cette phrase n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Il fut surpris et je pense au vu de son étonnement que je marquais un point !

Les journées passaient, nous nous voyions au travail et rien de plus.

Jusqu’à la fameuse soirée au bord de la piscine avec bière à volonté organisée par notre cher Hussein, le patron du C.C.F. (centre culturel français). Le lieu de rendez-vous des Français qui avaient besoin parfois de se retrouver, comme il y a dans toutes les villes de France, des endroits où les Africains se retrouvent. En Afrique c’est la même chose, mais pour les Blancs. Il en est ainsi.

Une amie de France s’était séparée de tout pour venir vivre une expérience nouvelle. Elle s’installa dans le pays une bonne année, avec ses malles pleines de livres !

Je l’avais invitée à cette soirée et lui avait fait entendre que je l’imaginais très bien avec mon futur mari ! L’esprit libéré et l’amour des livres me semblaient être suffisants pour qu’ils accrochent et fassent leur vie ensemble !

La fête battait son plein, bière à gogo, danse ambiancée genre « collé-collé », piscine pour faire un peu soirée chez Monsieur l’Ambassadeur, il manquait les « Ferrero Rocher », et puis nos amis libanais cheveux gominés, tee-shirt moulant, sourire Colgate, étaient en pleine chasse avec un objectif certain : ne pas rentrer bredouille ce soir ! Ils tournaient, nous invitaient avec un seul espoir, nous séduire.

Et puis, une petite parenthèse s’est ouverte dans cette soirée de débauche.

Je ne pense pas que ce soit son déhanché qui me mit du trouble, en tous les cas, après une danse, je sais que je n’étais plus la même.

La soirée était sans limite, nous nous sommes retrouvés dans la piscine tout habillés et enlacés. Nos amis libanais comprenaient petit à petit qu’il fallait changer leur fusil d’épaule, mon amie avait, elle, été séduite par un grand gaillard africain.

Comme deux âmes en peine de l’autre côté du bassin, les jambes ballantes, ils faisaient le point sur la situation et devaient se rendre à l’évidence, ce ne serait pas pour ce soir.

Les lendemains qui suivirent nous firent prendre un peu de distance comme pour nous protéger de quelque chose. Il faut dire qu’à cette époque, mon futur mari n’était pas libre, mais son couple battait de l’aile.

Je devais me protéger.

Un soir, nous nous étions donné rendez-vous dans un maquis pour discuter de choses et d’autres sur le travail.

En garant ma voiture, j’ai vu arriver deux Africains qui avant même que j’ouvre ma portière, se sont précipités vers moi pour me demander mon sac, que je remis évidemment sans protester. Dans ces moments-là, les réactions sont un peu équivalentes à des automates, tout semble se verrouiller en soi. Pour finir, à travers la fenêtre ouverte, ils me mirent un coup de machette dans l’épaule.

Je n’ai pu crier, tétanisée par la peur. J’étais en état de sidération. Cet épisode, bizarrement, fit écho sans que je puisse le relier à un autre évènement. J’avais juste une sensation d’un air de déjà vécu.

Complètement déroutée, j’ai réussi à chercher du secours dans le maquis où j’ai retrouvé Éric.

En grand seigneur, il s’est occupé de moi. J’étais complètement terrorisée et plutôt que de me laisser seule à la maison, il me proposa l’hospitalité.

La suite, vous pouvez l’imaginer !

Merci, messieurs les agresseurs, grâce à vous, je vis aujourd’hui une belle histoire. C’est ainsi que ce moment malheureux a pris une tournure heureuse.

Je ne me protégeais plus de lui, il devenait mon protecteur. Par mesure de sécurité, je décidai de rentrer en France, même si j’avais embauché un gardien qui s’était muni de flèches pour répondre à une éventuelle agression ! J’ai bien essayé de l’en dissuader, mais rien n’y a fait, son rôle était de me défendre, quel qu’en soit le prix.

Je m’imaginais un petit matin, devoir enlever une flèche dans l’abdomen d’un homme qui aurait voulu s’introduire chez moi !

En Afrique, un voleur n’a aucune chance de survie, les habitants qui l’attrapent sont capables de le lyncher, même pour une poule.

Malgré ces armes de dissuasion massives, il ne m’était plus possible de vivre seule là-bas et puis surtout, une nouvelle histoire m’attendait !

Il quitta son amie de l’époque et me demanda simplement ce que je comptais faire les cinquante prochaines années !

***

Aujourd’hui nous vivons dans un petit village des Pyrénées.

C’est dimanche, nous n’avons pas d’enfant, nous pouvons nous aimer comme nous le souhaitons, sans nous faire déranger, sans craindre qu’on vienne nous demander de remettre les cheveux d’un Playmobil sur sa tête, ni de faire des tresses, ni de s’inquiéter si en sortant, les enfants ont bien mis leur manteau, ni de leur trouver la deuxième chaussure qui était restée sous le canapé, ni, ni, ni. Nous sommes tranquilles, peinards amoureux, et pourtant, il nous manque un essentiel qui nous habite tous les deux, celui d’être parents.

Quand nous décidons de nous lancer dans cette aventure, j’ai 37 ans et mon homme 47.

Je me prépare à accueillir un enfant. Plus de vin ni de cigarettes.

Très vite le test de grossesse marqua les deux traits rouges.

Quelques mois plus tard, j’ai pu en refaire un autre puis un suivant.

Ces tests m’ont fait penser aux exercices de mathématiques que nous avions enfant :

Sachant que sur une année Delphine a pu faire 4 tests de grossesse et l’année d’après 2 tests, combien de fois Delphine fut enceinte ?

Réponse : Delphine fut enceinte 6 fois en 2 ans !

Bravo ! Beau score !

Quand je ressens le besoin d’écrire, j’en suis à ma troisième fausse couche. Je suis amère, j’avale ma colère et je suis un juge indélicat avec moi-même. En d’autres termes le cynisme me fait du bien. Il vient me faire mal là où des blessures liées à une piètre image de moi sont encore ouvertes.

La réactivation de ces sentiments connus était un excellent cocktail prêt à éclater qui ne demandait qu’à accoucher sur papier.

Et puis un jour au milieu de ces épreuves on me pose LA question, celle que je redoute : « Vous avez des enfants ? ».

Elle est arrivée comme ça après deux coupes de champagne, entre l’apéritif et le dessert, au milieu d’une conversation entre convives qui ne se connaissaient pas.

Très peu de personnes imaginent prendre un risque en posant cette question. Rien de plus banal que d’être parent à 37 ans.