Zoom sur la vie de couple - Dominique Fily - E-Book

Zoom sur la vie de couple E-Book

Dominique Fily

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Beschreibung

Dans la vie de couple, rien n'est jamais gagné d'avance ! C'est une aventure au quotidien. Chacun peut avoir la possibilité de bénéficier d'accompagnement pour lui-même, pour son développement personnel ou sa vie spirituelle. On peut aussi se trouver désemparé quand les difficultés surgissent au sein de son couple.

Comment alors aborder les questions importantes avec celui ou celle qui partage sa vie ?
Ce livre Zoom sur la vie de couple se présente comme une réflexion pratique pour aider à relever les défis de chaque jour autour d'une dizaine de thèmes : le rythme de vie, les différences, la communication, l'argent, la tendresse, la sexualité, les crises, l'éducation, le rayonnement social de la famille... Chaque sujet est illustré par des témoignages de couple d'âges différents.
L'ensemble des textes a été élaboré par un collectif de couples sous la coordination de Dominique Fily.

Dominique Fily est marié et père de cinq enfants. Docteur en sciences de l'éducation, il est l'auteur de diverses publications dans le domaine de la pédagogie ainsi que sur les questions conjugales. Membre du mouvement des Focolari, il est aussi particulièrement engagé dans le cadre de la préparation au mariage.

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Zoom sur la vie de couple

Ouvrage collectifCoordination Dominique Fily

Zoom sur la viede couple

L’aventure au quotidien

Couverture : Lectio Studio – Philippe Guitton

© 2023, Groupe ElidiaÉditions Nouvelle Cité10, rue Mercœur – 75011 PARIS9, espace Méditerranée – 66000 Perpignanwww.nouvellecite.fr

ISBN : 9782375823248EAN Epub : 9782375825518

AVANT-PROPOS

Ce livre est né d’un projet original et de la collaboration de plusieurs couples désireux de partager leurs réflexions et leurs expériences sur ce qui faisait leur histoire au quotidien.

L’aventure commence lors d’un échange à bâtons rompus entre quelques membres du mouvement Familles Nouvelles, branche du mouvement des Focolari. Plusieurs constataient que si, individuellement, chaque membre d’un couple peut bénéficier de temps de formation pour lui-même, pour son développement personnel ou sa propre vie spirituelle, il peut aussi se sentir démuni et désemparé lorsque surgissent les difficultés au sein de son couple. Est née alors l’idée de mettre sur pied un parcours de formation à la vie de couple, nourrie par la mise en pratique, humble mais bien réelle, de la vie de l’Évangile et de la spiritualité des Focolari.

Avec la forte conviction que cette spiritualité, appe- lée aussi « spiritualité de l’unité », si elle est incarnée au quotidien, peut rejoindre chacun, croyant ou non, une petite équipe fut mise sur pied afin d’élaborer un par- cours sur deux années. Il fut établi que ce programme, baptisé « ZoomTonCouple », utiliserait un support de visioconférence car cela semblait s’imposer naturel- lement par la pandémie de Covid de l’époque. Cette proposition devait permettre aux couples de prendre le temps d’approfondir différents aspects du quotidien. Les inscriptions à ce programme de formation à distance furent nombreuses, en particulier les jeunes familles. En s’affranchissant des distances, en se mobilisant sur un temps assez court à l’heure où les enfants sont couchés, en limitant les dépenses et, aspect non négligeable, en prenant davantage soin de la planète, tous les avantages étaient réunis. De France et de plusieurs autres zones francophones (Belgique, Luxembourg, Suisse, Liban, Canada…), beaucoup saisirent cette opportunité qui leur permettait, tout en restant chez eux, de s’arrêter, de se poser pour prendre soin de leur vie de couple. Il y avait certes le regret de ne pas être réunis physiquement mais la possibilité de partager durant « le temps en groupe » procura aussi beaucoup de satisfaction.

Bien au-delà des attentes, le premier parcours débuta à l’automne 2020 avec cent quarante couples dont une douzaine de l’île de la Réunion. Quelques couples sélec- tionnés acceptèrent de traiter un des thèmes choisis sous la forme d’un court exposé suivi de témoignages. Les participants étaient ensuite invités à couper micro et caméra pour un temps d’échange à deux, en privé. Ce temps précieux, si difficile à préserver dans la vie quoti- dienne, se révéla à chaque fois être une chance à ne pas laisser passer. La soirée se terminait par des échanges en petits groupes, composés de couples d’âges et de pays différents.

Par la suite, certains confièrent que ce programme leur avait donné l’occasion d’échanger sur des sujets rarement ou même jamais abordés auparavant dans leur couple. Ces échos positifs encouragèrent l’équipe de

« ZoomTonCouple » à renouveler l’expérience en pro- posant un nouveau cycle sur deux années. Sur le même modèle, ce programme fut adapté en néerlandais pour des couples flamands et hollandais et le sera prochaine- ment en arabe pour des couples libanais.

Il a semblé intéressant de réunir ces différents expo- sés ainsi que quelques témoignages dans ce livre. Les thèmes ici traités présentent de nombreuses implica- tions dans la vie de couple : l’équilibre entre le travail et la vie de famille, les différences, la communication, la tendresse, la sexualité, les moments de crise, l’argent, la parentalité, l’ouverture sur la société.

Ce livre a été conçu sur le modèle des soirées de ce programme. Chaque thème peut être lu en couple. Il est ensuite possible de prendre le temps d’échanger, de se parler et de profiter ainsi d’un moment calme, pour approfondir chaque thème à partir de quelques questions-guides proposées à la fin de chaque chapitre. Il est aussi possible de vivre cette expérience en groupe, à plusieurs couples, lors d’une soirée consacrée à ces échanges pour partager impressions, vécu et encoura- gements mutuels.

Site internet pour un complément d’informations : https://zoomtoncouple.fr ou en écrivant à : contact@ zoomtoncouple.fr.

CHAPITRE 1

Travail, Enfants, Loisirs : Le Couple En éQuilibre

Travail, enfants, loisirs : le couple en équilibre. Le mot important est équilibre. Harmoniser la vie profession- nelle des parents avec ses horaires, ses contraintes et la fatigue qui en découle, l’éducation et l’accompagnement des enfants avec son lot de surprises, tout en gardant un peu de temps pour se détendre ensemble et vivre des moments salutaires de décompression, est pour beau- coup une véritable gageure. Cette recherche d’équilibre dans la vie quotidienne peut même sembler illusoire, au moins à certaines périodes de la vie. Souvent nous ne maîtrisons pas tout ce qui est lié à notre travail, s’occuper des enfants est une obligation à laquelle nous sommes heureux de nous consacrer et le temps des loisirs est par- fois difficile à programmer. Il s’agit pourtant de trouver un équilibre entre toutes ces réalités.

Notre rapport au temps

Un premier élément à prendre en compte est notre rapport au temps et la façon dont nous gérons plus ou moins ce temps. Cela dépend bien sûr des conditions matérielles dans lesquelles nous vivons et nous n’avons pas toujours la possibilité de le gérer à notre guise.

Lorsque cesse l’activité professionnelle, le rapport au temps constitue un changement important car l’on peut alors le gérer, pour l’essentiel, comme on l’entend. C’est une liberté nouvelle et l’on réalise souvent que cette qua- lité de vie est, d’une certaine manière, un luxe.

De nombreuses familles souffrent de l’impossibilité d’allier véritablement vie professionnelle et vie per- sonnelle, l’une étant souvent perçue comme un frein à l’autre. Certains pays comme le Danemark ont su agir très tôt pour permettre un équilibre sain entre ce qu’un individu investit dans sa famille d’une part et dans son travail d’autre part. La mise en place d’horaires flexibles au sein des entreprises permet, par exemple, d’aller chercher les enfants à l’école ou de les emmener à une consultation médicale. Ces nouvelles pratiques, basées sur des relations de confiance, se multiplient aujourd’hui et c’est heureux.

On voit aussi une évolution concernant le congé paren- tal, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Les enfants prennent ainsi progressivement la place qu’ils devraient avoir et apparaissent fort heureusement de plus en plus comme une priorité dans l’organisation de la vie de famille. Mais il y a des aspects de cette question sur lesquels nous avons davantage de prise.

Prendre en compte ses propres besoins

À propos d’harmonie et d’équilibre, il y a une dimen- sion à ne pas oublier : c’est que cela commence par soi-même. Or nous avons parfois du mal à trouver l’harmonie seul(e), en nous-même. Nous la recher- chons souvent à l’extérieur. C’est oublier que chacun est une personne unique dont les besoins et les désirs ne sont pas ceux des autres. L’autre ne pourra jamais à lui seul combler tous nos besoins et certainement pas celui de nous aimer à notre place. Nous avons aussi parfois cette fâcheuse tendance à croire que les besoins de l’autre sont plus importants que les nôtres ou qu’ils sont prioritaires. Nous ne nous laissons alors que la dernière place en augmentant ainsi inconsciemment notre frustration1.

Cette quête d’équilibre nous renvoie aussi à ce que nous avons reçu de nos parents, de notre éducation, de certains modèles, etc. Qu’on le veuille ou non, nous sommes conditionnés par notre histoire. Il y a sans doute du bon dans ce que nous avons reçu mais s’il le faut, pour être heureux, nous pouvons aussi nous en écarter.

Par ailleurs, pour tout ce qui touche aux enfants, nous nous trouvons souvent devant un dilemme : contri- buer au bonheur de nos enfants ou de notre couple ou chercher notre propre bien-être. Nous pensons souvent qu’une réalité exclut l’autre et que nous devons néces- sairement tirer un trait sur notre propre intérêt. Il y a là une dimension sacrificielle.

N’y a-t-il pas un temps pour tout ? Chaque réalité peut trouver sa place, chacune au moment opportun. Après le travail, de retour à la maison, il faut souvent alors plonger dans une autre situation sans savoir ce qu’elle nous réserve, être disponible intérieurement en quelque sorte. Cela ne signifie pas qu’il ne faille plus parler du travail une fois à la maison, mais c’est plutôt une invitation à séparer les différentes composantes de notre vie, savoir changer de pièce, savoir passer à autre chose. Combien ont du mal à oublier le travail quand ils sont en vacances !

Quel sens donnons-nous au travail ?

Le travail remplit évidemment des fonctions vitales, allant de la satisfaction des besoins vitaux à une recon- naissance sociale, en passant par la réalisation person- nelle. L’activité professionnelle n’est cependant pas une fin en soi, mais devrait être, dans la mesure du possible, au service d’un projet de vie. Mais on ne choisit pas toujours le travail que l’on fait1…

Aujourd’hui, dans nos sociétés, plus on s’investit dans sa profession et moins on a le temps de se deman- der pourquoi on l’exerce. A-t-on encore le temps de se poser la question du sens du travail ? Une tendance inverse, fort heureusement, pousse aussi à une vraie réflexion sur la place excessive du travail et on réflé- chit sérieusement aujourd’hui aux moyens de prévenir le burnout.

En effet, notre métier ne devrait pas être le principal langage, voire le seul, qui nous permette de raconter aux autres et à nous-même notre histoire et notre identité. La question pourrait se formuler ainsi : peut-on dire ce que nous sommes et qui nous sommes sans parler de notre travail ?

Dans la doctrine catholique, le travail fait partie inté- grante de la vie humaine, en ce sens où l’homme et la femme sont appelés à collaborer avec Dieu et ont la res- ponsabilité de la création, de la nature, de l’environne- ment. Cela englobe toutes les activités humaines et il est alors naturel que le travail apporte joies et satisfactions mais aussi douleurs et souffrances. Le travail, considéré comme cette participation à la Création divine, peut deve- nir pour l’homme un moyen de s’approcher de Dieu, de nourrir même sa relation avec Lui car il devient en quelque sorte son « collaborateur ». Chaque fois que Dieu invite l’homme à se tourner vers les autres hommes et femmes, à leur vouloir du bien, le travail devient un moyen pour y parvenir, une façon de servir les autres.

Sans un horizon humain plus vaste et plus profond, sans un « au-delà de » l’activité elle-même, sans une finalité, le travail ne pourra cependant jamais devenir une source d’épanouissement humain. Luigino Bruni, économiste et journaliste italien, affirme que le travail est une forme d’amour. Nous comprenons alors pourquoi le travail est une activité sociale importante et essentielle.

La place des loisirs

Dans tout cela, quelle place pour les loisirs ? Précisons tout d’abord ce que l’on entend par loisirs. Par définition, c’est l’activité que l’on effectue durant le temps libre dont on peut disposer. Ce temps libre s’oppose au temps prescrit, c’est-à-dire contraint par les occupations habituelles ou les servitudes qu’elles imposent. Dès lors on comprend que pour avoir des loisirs, il faut d’abord avoir du temps libre. Il faut donc savoir se dégager du temps. Pour qui ? Pour soi, tout d’abord. C’est du temps où l’on doit pouvoir faire ce qui nous plaît, ce que l’on a envie de faire. Cela doit être un moment de plaisir et implique que nous donnions bien une place au plaisir dans notre vie.

La question intéressante peut être reformulée de la façon suivante : quand prenons-nous le temps de nous faire plaisir ? Ou encore : quand nous occupons-nous de nous-même ? Cela renvoie à quelque chose de personnel car ce qui nous fait plaisir n’est pas forcément ce qui fait plaisir à l’autre. Pour autant, cela n’empêche pas qu’il y ait des temps de loisirs en commun où chacun trouvera son compte au sein du couple et de la famille, y compris autour d’une même activité.

Évoquer la question des loisirs implique l’idée de se libérer temporairement des obligations profession- nelles et même familiales. C’est le moment où l’on peut se détendre en toute sérénité, sans se sentir coupable. Les loisirs doivent en effet contribuer à rafraîchir notre esprit, à nous régénérer et à nous permettre de reprendre nos obligations en étant détendus. Outre la détente, les occupations durant ces temps de liberté peuvent aussi nous permettre d’apprendre de nouvelles choses et d’ou- vrir un peu plus notre esprit. C’est donc une partie essen- tielle dans notre vie.

Dans la Genèse, il est dit que Dieu se reposa le sep- tième jour, au terme de la Création. Le pape Jean-Paul II précisait : « Ce jour de repos de Dieu donne tout son sens au temps. » De ce fait, tous les temps, aussi bien celui du travail que celui du repos, sont bons aux yeux de Dieu : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1,31).

En définitive, le temps libre est un temps pour vivre, pour grandir, pour apprendre et pour se reposer. Si ce n’est pas le cas, n’est-on pas en train de perdre son temps au lieu d’en profiter ?

Comment trouver l’équilibre ?

Quand on débute dans la vie de couple, l’opposition entre le désir d’épanouissement personnel et les contraintes de la vie de famille fait parfois brutalement irruption. Il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée et la vie de famille peut être ressentie comme un poids, un obstacle à notre réalisation personnelle. L’emploi du temps déborde et il n’y a plus de place pour soi.

Les petits gestes d’amour tout simples, les petites attentions viennent alors mettre de l’huile dans les rouages. Il s’agit de tout ce qui va manifester un intérêt sincère à l’autre qui montre des signes de fatigue, de lassitude, qui peut même parfois exprimer une certaine frustration, tout ce qui peut permettre de reprendre cou- rage et de se remettre en route.

Être prêt à remettre en question une façon de faire ou de penser, si elle ne satisfait plus le conjoint ou n’est plus adaptée à une situation donnée, est un pas important pour maintenir l’équilibre. Il faut oser s’attaquer au problème qui se pose dans l’instant pour rétablir un équilibre. Cela n’est jamais acquis, cela n’est jamais facile, mais accepter que quelque chose ne fonctionne plus comme par le passé, c’est déjà passer à l’étape suivante. Évoquons maintenant quelques pistes susceptibles de nous aider.

Être à l’écoute de notre voix intérieure pour comprendre le dessein spécifique sur notre famille

Par le passé, surtout dans la culture occidentale, n’a-t-on pas souvent considéré que l’âme était séparée du corps ? Chacun de nous est pourtant constitué de composantes diverses, toutes extrêmement liées entre elles et influant les unes sur les autres. En réalité, on ne peut séparer la dimension spirituelle de la dimension psychologique et affective, ni de la dimension intellectuelle, pas plus que de la place du corps dans notre vie. N’oublions pas non plus que nous sommes conditionnés par notre éduca- tion, comme nous l’avons déjà évoqué, mais aussi par nos expériences passées, nos rencontres antérieures, nos croyances, notre culture.

Qu’avons-nous de spécifique à vivre ensemble ?

Se recentrer sur le projet commun au sein du couple devient une nécessité pour avancer. Chacun peut dire :

« Il y a beaucoup de choses que je ne fais pas et que j’aurais faites si je n’étais pas avec toi. » Mais aussi : « Il y a beaucoup de choses que je fais et que je n’aurais pas faites si je n’étais pas avec toi. » Décider de vivre avec quelqu’un de façon durable, c’est évidemment faire un choix, c’est donc aussi renoncer à quelque chose.

Alors comment comprendre ce que nous sommes invités à vivre ensemble ? Certains, parce qu’ils sont croyants, pourront le formuler ainsi : comment se mettre à l’écoute de ce que Dieu nous propose ou de la petite voix qui est en nous pour orienter notre vie, nos choix, nos actions, pour exercer un discernement ?

Quand ces croyants parlent de volonté de Dieu, il ne s’agit pas d’une prédestination fixant à l’avance les étapes de leur vie, une sorte de fatalité qu’il faudrait suivre de manière passive ou formatée. Il ne s’agit pas non plus d’une résignation et encore moins d’une obéissance aveugle aux commandements d’un maître qui n’exigerait que servilité. Écouter cette voix intérieure peut indiquer le chemin sur lequel chacun va pouvoir se réaliser. Il faudra confronter notre volonté propre à une volonté autre, transcendante, et cela peut aider à se libérer des conditionnements intérieurs et extérieurs.

En réalité, faire la volonté de Dieu revient à aimer. On peut le voir comme un chemin de réalisation humaine susceptible d’apporter un équilibre autant psychologique que spirituel. Se mettre à l’écoute de la voix intérieure, c’est aussi être prêt à remettre en question ses choix, ses engagements, qui peuvent être très bons en soi, mais devenus moins adaptés à la situation du moment. Se mettre à l’écoute de la volonté de Dieu, c’est aussi cher- cher ce qui nous correspond le mieux, en fonction de nos désirs profonds et de ce que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes.

Mettons-nous alors en marche pour trouver un accord entre notre vie intérieure et notre vie extérieure, entre notre intériorité et notre extériorité. C’est ainsi que se précisera le projet sur notre famille dans lequel chacun sera pleinement acteur.

Trouver un accord authentique au sein du couple

Pour trouver un accord authentique au sein du couple, la bonne volonté ne suffit pas. Les difficultés rencontrées au quotidien peuvent aussi servir de tremplin pour s’aimer plus. Ne pas refuser la difficulté, l’accepter, est souvent le premier pas pour avancer et pour entrevoir le début d’une solution.

Cela demande aussi de prendre en compte nos éven- tuelles fragilités, notre affectivité, les expériences du passé qui peuvent nous conditionner encore aujourd’hui, positivement ou négativement. Faire des choix est tou- jours exigeant. Établir un programme commun pour la semaine ou le mois à venir demande à chacun d’être prêt à perdre ses idées, ses inspirations. Croire qu’à travers ce don total de chacun quelque chose de nouveau peut émerger est une belle marque de confiance.

Il s’agit de se placer résolument dans ce qu’on appelle la « communication dynamique », en se remettant chacun en cause, en cherchant à comprendre les priorités à déga- ger dans cette vie trépidante et souvent stressante.

Vouloir toujours faire au mieux risque de nous faire tomber dans le piège qui consiste à vouloir être abso- lument efficace, à vouloir tout caser, à ne rien oublier et finalement à ne pas dégager de priorités. Telle chose n’est peut-être pas possible à un moment donné mais pourra se faire plus tard.

Prendre soin de son couple conjugal, en opposition au couple parental, prendre du temps pour soi, sans les enfants, est une conquête de chaque instant. Il faut un peu de pratique dans ce domaine pour parvenir à le faire sans culpabiliser.

Et puis, en raison de nos qualités et de nos talents, nous pouvons aussi être repérés et sollicités pour un service, dans le cadre d’une association, d’une paroisse ou de toute autre chose. Osons alors parfois dire non à ces bonnes et belles propositions que l’on peut nous faire et qui nous semble- raient, au premier abord, plutôt gratifiantes.

En toutes circonstances, soyons bien conscients que ce temps passé pour se mettre d’accord en profondeur est indispensable pour notre réalisation personnelle et notre équilibre familial.

Vivre l’instant présent

Chiara Lubich1 aimait prendre cette comparaison : dans un train, les voyageurs restent assis à leur place, ils ne marchent pas le long du train pour arriver plus vite à destination. Nous aussi, nous devons rester dans le pré- sent. Le train du temps avance de lui-même.

Ce secret de l’instant présent, d’autres en ont parlé avant elle. Thérèse de Lisieux disait : « Je ne souffre qu’un instant. C’est parce qu’on pense au passé et à l’avenir qu’on se décourage et qu’on désespère. » S’enraciner dans le présent est une attitude largement partagée par d’autres religions comme un élément clé de la vie. Quand on lui demandait pourquoi ses disciples étaient aussi radieux en menant une existence simple, Bouddha répondait :

« Ils ne se repentent pas du passé, ils ne se préoccupent pas de l’avenir mais ils vivent le présent. Voilà pourquoi ils sont radieux. »

Le temps peut ainsi acquérir une autre densité. S’en- traîner à vivre dans l’amour à chaque instant, cela nous pacifie. C’est une démarche spirituelle qui nous permet de garder les pieds sur terre.

Repères pour dialoguer en couple

1.Comment arrivons-nous à reformuler régulière- ment notre projet de vie ensemble ?

2. Comment chacun prend-il en compte ses propres besoins et pas seulement ceux des autres (conjoint, enfants…) ?

3. Osons-nous proposer à l’autre de prendre du temps pour parler en profondeur de chaque aspect (place du travail, des enfants, des loisirs), rechercher l’équilibre pour faire grandir notre vie de couple et de famille ?

Témoignages

Christophe et Hélène

Christophe et Hélène, mariés depuis vingt ans, ont quatre enfants. Il y a une dizaine d’années, Christophe a senti le besoin de faire de la montagne de façon plus intensive pour se ressourcer. Les randonnées familiales avec Hélène et les enfants ne lui suffisaient plus. Elle, peu sportive, ne se retrouvait pas dans cette activité mais en comprenait toute l’importance pour son mari. Depuis, elle lui laisse la possibilité de prendre ce temps en partant quatre à cinq jours en rando avec des amis. Cela a même été une fois le cadeau qu’elle lui a offert à Noël. Cela l’a aussi amenée à réfléchir sur ce qui pouvait la ressourcer, elle, ce dont elle avait réellement besoin. Pendant quelques années elle fai- sait partie d’une chorale, trouvant dans la musique ou les arts vivants un vrai ressourcement. Chacun cherche donc à se ressourcer à sa manière et celui qui laisse l’autre partir est heureux de lui permettre d’être dans son élément, de lui laisser la possibilité d’être lui-même, jusqu’au bout. « Ces moments vécus distinctement ont été de belles preuves de confiance et d’amour entre nous », affirme Hélène. Pour des raisons professionnelles, elle a eu la chance d’aller au festival d’Avignon, sans enfants ni mari. Elle se sentait dans son élément, dans ce qu’elle aimait faire et cela lui a redonné des forces. Le programme durant cette absence avait été vu avec Christophe pour tout ce qui concernait les enfants.

Au quotidien, ils se rejoignent sur différents sujets, comme les questions écologiques, par exemple, quand il s’agit du jardin ou de l’arrivée de poules à la maison. Ces choses ont du sens pour tous les deux et sont l’occasion de nombreux échanges pour ensuite passer à l’action, ensemble.

Christophe a été appelé il y a quelque temps à un nou- veau poste au sein de son entreprise, dans le cadre d’une restructuration importante. Dans un premier temps, il n’était pas très favorable à ce changement et voulait même refuser. Là encore, ce fut l’occasion d’échanger en profondeur avec Hélène sur ce qu’il désirait vraiment, sur les raisons d’un éventuel refus. « Nous voulions peser le pour et le contre, précise Christophe, mieux comprendre les valeurs qui me tenaient à cœur, la place que je voulais tenir dans mon entreprise pour faire bouger les choses,

mais nous devions aussi prendre en compte la vie de famille, le rythme, les engagements, etc. » Tout fut mis sur la table, posément. Hélène l’assura qu’elle serait avec lui quelle que soit sa décision finale. Finalement, Chris- tophe accepta ce nouveau poste et Hélène fut, elle aussi, heureuse de cette décision mûrement réfléchie ensemble.

Il fallut ensuite revoir certains engagements pour retrouver un nouvel équilibre. Ceci les amena à prendre l’habitude de faire le point une fois par trimestre pour voir ensemble les agendas. Certaines choses se calaient assez vite, mais trouver des moments pour être en famille, au calme, aller se promener ensemble n’étaient pas toujours faciles. Ils savaient très bien que s’ils ne les programmaient pas, ils étaient pris par tout le reste, par ce qui leur plaisait mais qui finissait par les manger et ne laissait plus de place aux enfants ou à leur couple. L’ex- périence leur avait montré que cet équilibre très précieux était à reconquérir à chaque fois.

Les moyens qu’ils utilisent pour se retrouver, pour se remettre d’accord en cas de difficulté ou d’éloignement, ce sont des petits repas au resto, des week-ends en amou- reux. Ils ont aussi appris à ralentir le rythme des activités quand celui-ci est trop fort. Tout cela les aide beaucoup et c’est même maintenant devenu essentiel pour eux. Ils ont compris qu’ils avaient intérêt à continuer à les uti- liser pour toujours faire grandir leur relation. Ce qu’ils veulent faire, c’est se rappeler leur projet initial et voir ensemble si, aujourd’hui, ils prennent les moyens pour le mettre en œuvre. Ils aiment résumer leur projet de couple à cette inscription qui figure à l’intérieur de leurs alliances : « Ensemble pour aimer. » S’assurer de temps en temps qu’ils sont toujours en phase avec ce projet initial,

même s’il a été modifié ou enrichi en route, est un ancrage solide et réconfortant. S’il n’y a pas ce lien fort entre leurs actions et le projet de départ, c’est souvent le signe qu’il faut probablement s’arrêter et faire autrement.

Marie-Charlotte et Thibaut