Zophiel - Melly Trouillon - E-Book

Zophiel E-Book

Melly Trouillon

0,0

Beschreibung

Salut, Je m'appelle Zophiel, j'ai 32 ans et je suis plutôt une miss catastrophe. J'ai deux meilleurs amis. Béa qui vit au Japon et Alexandre qui est amoureux de moi depuis notre rencontre. Tout se passe plutôt bien dans ma vie perso et pro, enfin, c'est sans compter sur ma rencontre avec Lucas. Un mec bourru que j'ai percuté en rentrant dans la pharmacie. Cela aurait pu s'arrêter là, mais c'est sans compter sur mon traître de coeur qui s'emballe pour un oui ou un non. Et si finalement choisir était de renoncer ?

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 230

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Aux histoires d’amour compliquées, à celles qui nous bouleversent et celles qui nous emmènent dans des tourbillons d’émotions.

À tous les amoureux de l’amour !

Sommaire

CHAPITRE 1

ALEXANDRE

CHAPITRE 2

BÉA

CHAPITRE 3

LUCAS

SERPENTARD

CHAPITRE 4

LUCAS

CHAPITRE 5

LUCAS

CHAPITRE 6

COMMISSAIRE MOUCHERON

CHAPITRE 7

MADEMOISELLE GRONDIN

CHAPITRE 8

L’ANTAGONISTE

CHAPITRE 9

LUCIE

CHAPITRE 10

BÉA

CHAPITRE 11

LUCAS

CHAPITRE 12

ALEXANDRE

ÉPILOGUE

CHAPITRE 1

Il n’y aura pas de « Il était une fois », car je ne suis pas une princesse et ma vie n’est pas un conte de fée. Ce n’est que moi, Zophiel. Je suis totalement ordinaire, maladroite et impulsive, ce qui me conduit aujourd’hui à être assise dans la salle d’attente de mon médecin. J’ai eu le malheur de faire pipi dans les toilettes publiques et je pense avoir une belle infection urinaire.

Pour passer le temps, je me dessine, enfin un simple croquis. Je suis coach en image, alors ce n’est pas un problème pour moi. C’est parti, la silhouette d’un petit bout de femme, d’un mètre soixante. Mes cheveux sont assez longs légèrement ondulés et bruns. Mes yeux en font craquer plus d’un avec leur couleur gris orage. Je suis de corpulence normale, ni trop fine ni trop grosse avec quelques kilos en trop là où il faut. Mon dessin en noir et blanc terminé, je fixe une affiche pour la prévention des MST en face de moi. Je ne peux me résoudre à regarder ailleurs, tellement je ne suis pas très à l’aise d’être ici. Assise en dessous de l’affiche, il y a une petite vieille aux cheveux violets, si je la regarde, je ne peux m’empêcher de rire. À ma droite, se trouve une mère avec des jumeaux qui hurlent depuis bientôt dix minutes. Si je voulais des enfants, je crois que je n’en voudrais plus. Quel drame... La pauvre femme est complètement désemparée avec ses deux marmots dans les bras. Mon téléphone vibre entre mes mains et je baisse les yeux pour voir qui m’envoie un message, mais je n’ai pas le temps de déverrouiller l’écran que le docteur Alexandre Baglis sort de son cabinet.

- Zophiel, à toi, ma belle.

Je déteste quand il fait ça, les autres patients nous dévisagent et je deviens encore plus rouge. Je me lève, les yeux rivés au sol, Alexandre me pousse dans son cabinet une main en bas du dos. Je soupire, je suis sûre que maintenant tout le monde pense que nous sommes ensemble. L’horreur ! J’entre et m’installe sur un fauteuil en similicuir, mon regard n’ose se lever pour faire face à mon ami.

- Alors que puis-je faire pour toi ?

- Je … enfin… écoute, c’est idiot.

- Zo, je suis médecin, balance. Tu sais que je ne te jugerais pas, me rassure-t-il avec son sourire ravageur.

- Je crois que j’ai attrapé une infection urinaire. Tu sais, j’ai été dans ce défilé, c’était long et j’ai dû aller faire pipi. Ma vessie était tellement pleine que je ne pouvais plus attendre. Enfin … ça brûle quand je fais pipi et j’ai mal au ventre.

- As-tu des rapports sexuels actuellement ? me demande-t-il, tout en tapotant sur son ordinateur

- Tu sais bien que non, soupiré-je

- Tu es donc libre pour aller dîner ?

- Alexandre !

- Viens, je vais t'ausculter.

Je passe sur la table d’examen, je relève mon t-shirt et instinctivement je ferme les yeux. Alexandre descend un peu la ceinture de mon pantalon, pour pouvoir palper mon ventre. Je grimace un peu, mais ne dis rien. Mon meilleur ami a des gestes doux et il est très attentif à mes réactions. Ses mains sont délicates et cela m’arrache un frisson que je ne peux retenir. Nos regards se croisent et comme à l’accoutumé toute l’affection qu’on se porte traverse notre lien. Il prend ma tension et ma fièvre et me libère.

Je m’assoie en sortant ma carte vitale que je lui tends. Il l’introduit dans son lecteur. Alexandre tapote de nouveau sur son ordinateur et l’imprimante sort une première feuille qu’il me tend.

- Tiens voici l’ordonnance pour la pharmacie. Tu vas commencer par faire une analyse d’urine, me dit-il en me donnant une seconde feuille. Quand celle-ci sera faite, tu prendras des antibiotiques pour faire passer l’infection. Évite les rapports sexuels.

- Alexandre !

- Allez file, et pour le dîner ?

Je soupire, me lève, Alexandre m’imite pour me rejoindre, il me claque une bise et me retient entre ses bras.

- Zo, allez un verre alors, je ne vais pas te manger.

- Un verre alors.

Je ressors du cabinet d’Alexandre, mon ordonnance en poche, l’analyse d’urine et me dirige vers la pharmacie qui se trouve à quelques mètres de là. Je ne risque rien avec une infection urinaire, il ne va pas me sauter dessus, je me rassure en poussant la porte de la pharmacie. Perdue dans mes pensées, je rentre dans quelque chose ou plutôt quelqu’un qui me grogne dessus.

- Putain, mais vous ne pouvez pas faire attention !

- Excusez-moi, dis-je timidement en levant à peine les yeux.

- Ouais, c’est ça ! Aidez-moi à ramasser tout ça au lieu de rester planter là.

Je reprends contenance et je me rends compte que j’ai fait tomber une pile monstrueuse de médicaments. Je sors instinctivement de ma poche, un sac en tissu réutilisable et je commence à ranger les boîtes.

- Qu’est-ce que vous faites encore ? C’est ma chance, il fallait que je tombe sur la seule barge du quartier.

- Ce sera plus pratique pour transporter votre traitement. J’en ai plein, je vous l’offre pour m’excuser.

L’homme me regarde étonné, ranger toutes les boîtes et lui tendre le sac avec un sourire d’excuse aux lèvres.

- Laissez-moi votre numéro pour que je vous rende votre foutu sac.

Il est tellement bourru que je lui griffonne mon numéro sur une boite sans demander mon reste. Je m’approche du comptoir et je tends mon ordonnance ainsi que ma carte vitale à la pharmacienne, sans oser lever les yeux. Ce qui est ridicule vu qu’elle me connaît et qu’elle a toutes mes informations sur la carte vitale.

- Pas commode le Lucas, mais c’est un brave type !

Je ne réponds pas, je souris simplement en haussant les épaules. Je ne pense pas que c’est un brave type, mais plutôt un sale type avec de sales manières. La pharmacienne me tend enfin mon traitement et le petit flacon pour l’urine que je glisse discrètement dans ma poche, n’ayant plus de sac.

Je rentre chez moi dans mon petit appartement à seulement quelques rues de là. Je monte les deux étages et en arrivant sur mon palier Mme Gauthier me fait un signe de la main à travers sa porte entrouverte afin de me saluer. J’ouvre la mienne en lui rendant son geste, je rentre enfin et m’affale dans mon canapé. Je soupire en retirant ma veste et mes chaussures. Je pose mes pieds sur ma table basse et regarde autour de moi. J’ai envie de pleurer, tellement que la situation me désole. Le mois dernier, mon mec s’est barré avec la pute du dessus et je suis obligée de le croiser tous les jours. J’aimerais avoir le cœur brisé, mais ce n’est pas le cas. À ma décharge, nous étions plus colocataires que couple, c’est pour cela qu’il vivait plus souvent avec Stéééééééphanie quand je n’étais pas là. Comment je l’ai su ? Simple, je suis montée pour lui demander de faire moins de bruit. J’en avais assez d’entendre ses hurlements d’extase et certainement son lit taper contre un mur. Je ne sais pas comment faisaient ses voisins pour supporter ça. J’ai frappé à sa porte avec tout mon courage et c’est lui qui m’a ouvert … en caleçon. Bon débarras, oust le mec immature au chômage qui fallait lui rappeler de prendre une douche, beurk. Quand il a fait son sac pour partir, je suis sortie pour fêter ça, je suis rentrée tôt le matin, complètement éméchée. Je sais ce n’est pas beau, mais ça m’a fait du bien. Ce qui me désole, c’est qu’il est parti avec la PlayStation. Fini pour moi, les soirées à tuer des zombies ou à faire des courses poursuites dans les rues new-yorkaises. Ce n’est pas avec mon petit salaire que je vais pouvoir me payer ce genre de gadget. Certes petit, mais qui me permet néanmoins de subvenir à mes besoins et faire un boulot que j’aime, relooker des gens. Ma meilleure amie est partie vivre à l’autre bout du monde, au Japon, et je n’ai plus personne sur qui éponger ma peine. Il ne reste plus qu’Alexandre, mais bon, lui, il est amoureux de moi. Quelle calamité ! C’est mon grand frère, mon confident, je ne le vois pas du tout comme un potentiel amoureux. Tout est clair entre nous, mais cela ne l’empêche pas d’essayer à la moindre occasion.

Mon téléphone sonne, j’essaye de l’extraire de ma poche arrière et je décroche sans regarder qui m’appelle.

- Oui ?

- C’est Lucas, je voulais vous remercier pour … votre sac.

- Oh ! Ce n’est pas la peine, je vous assure. C’est moi qui vous ai rentré dedans.

- Euh… Oui. Enfin si vous souhaitez récupérer votre sac, je suis disponible demain.

- Pas de soucis, envoyez-moi le lieu de rendez-vous par texto.

- Bonne soirée.

Je n’ai pas le temps de répondre qu’il a déjà raccroché. Si son ton avait moins d’assurance, il est toujours aussi désagréable. J’en profite pour regarder le texto qui attend d’être lu. Je soupire en regardant les photos que ma meilleure amie m’a envoyées. J’aimerai beaucoup la rejoindre, mais je n’ai pas les moyens financièrement. Elle m’a déjà proposé de payer le billet pour l’avion, mais je refuse systématiquement, alors elle me nargue la vilaine. Je lui tape rapidement une réponse et mon portable vibre pour m’avertir d’un nouveau message. C’est Lucas qui me donne l’heure et le lieu du rendez-vous, je lui réponds un laconique ok. Mes yeux se posent sur l’horloge quand je vois 18 h. Je me secoue mentalement pour me préparer à rejoindre Alexandre. Après une douche rapide, j’enfile une petite robe confortable, un coup de brosse et j’attrape mon sac pour partir.

J’arrive à notre petit café habituel, mon ami n’est pas encore arrivé, alors je m’installe à notre table. Je fais un signe à Bertrand qui s’approche, il me tape la bise et prend ma commande. Quand il revient avec mon mojito, Alexandre passe la porte un sourire aux lèvres. Je prends le temps de l’observer pendant qu’il me cherche. Alexandre est un homme qui prend soin de son corps et ça se voit. Il n’est pas hyper musclé comme tous ceux qui abusent de la salle, juste ce qu’il faut là où il faut. Alexandre est brun, cheveux court et toujours en bataille, car il passe très souvent ses mains dedans. Ses yeux sont gris glacés qui peuvent me transpercer de part en part quand il me fixe intensément. Sa barbe de quelques jours le rend sexy à souhait et me gratte les joues quand il me fait la bise. Il me voit, son regard s’illumine instantanément, faisant écho à son sourire. Alexandre, c’est le type qui m’aimera jusqu’à son dernier soupir. C’est celui qui me suivra en enfer et aussi celui qui a mis sa vie amoureuse de côté pour être seulement avec moi. J’ai conscience de l’effet que je lui fais et je ne peux rien faire. À chaque fois que je mets de la distance, il revient encore plus persistant. J’ai arrêté d’essayer, je l’aime trop, enfin amicalement, pour lui faire plus de mal. Alexandre s’approche, m’embrasse sur le haut de la tête et s’installe en face de moi. Il me fixe avec une telle intensité que mes joues rosissent et que je dois détourner le regard. Bertrand apporte une bière à mon ami. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, je regarde partout sauf lui. Je ne sais pas pourquoi je me sens si mal à l'aise face à Alexandre. J’ose enfin poser mon regard sur lui et je vois qu’il ne sourit plus du tout. Je regarde derrière moi, comme une idiote, mais il n’y a que le mur. Bien sûr que c’est moi qu’il regarde, il n’a d’yeux que pour moi, toujours. Je croise mes mains autour de mon verre avant de le porter à mes lèvres. Le rhum me donne le courage de demander :

- Quelque chose ne va pas ? Un problème au boulot ?

Aucune réponse de mon ami, je le vois triturer une serviette déposée sur la table. Je ne l’ai jamais vu aussi nerveux. Dans ma tête, je commence à me faire tout un cinéma, que lui aussi va me laisser et partir. Les larmes commencent à me monter aux yeux et je les baisse pour qu’il ne voit pas mon désarroi. J’essaye de trouver une autre raison, pendant que lui met en charpie sa serviette en papier. Il a peut-être trouvé une copine et il n’ose pas me le dire. Je lève doucement les yeux vers lui et je le vois rassembler un semblant de courage avant de se lancer.

- Zophiel tu sais que je t’ai toujours aimée, soupire-t-il sans me regarder. Je ne peux plus faire semblant, j’ai maintenant 32 ans et je veux construire quelque chose. J’en ai assez de ces filles de passage qui ne t'arrivent pas à la cheville.

- Ne dis pas …

- Laisse-moi finir, m'interrompt-il. Je suis complètement fou de toi et je ne peux plus lutter contre mes sentiments. Je souffre de te voir avec ces mecs qui ne te méritent pas, je crève de ne pouvoir t’embrasser, de tenir dans mes bras autant que je le veux. Tu comprends, c’est une douce agonie quotidienne qui me met le cœur en charpie. Toutes ces années à tes côtés, ton sourire qui me réchauffe, ta voix si mélodieuse et ce corps … Je n’en peux plus de cette torture, même si je ne peux vivre sans toi

Alexandre me pousse une enveloppe vers moi puis se lève. Quand je pense qu’il va partir comme ça, il se retourne et me lance que la balle est entre mes mains. Je reste là, choquée, sans savoir quoi faire ni réagir. Je vois mon ami sortir du café sans un regard. Je scrute l’enveloppe sans oser la toucher, comme si elle allait me brûler. Je reste un certain temps à la fixer, les minutes et peut-être les heures s'écoulent, mais je ne bouge pas. Au bout d'un moment, mon téléphone me fait sursauter en sonnant. Je ne prends pas la peine de répondre, jette l’enveloppe dans mon sac et je pars chez moi presque en courant.

Je me réveille avec le soleil qui filtre par la fenêtre de ma chambre. Sur la table de nuit trône l’enveloppe de mon meilleur ami, je n’ai pas eu le courage de l’ouvrir au contraire de la bouteille de rhum. J’essaie de me redresser et je suis vite arrêtée par la tête qui tourne, je continue mon mouvement plus lentement et attrape mon téléphone. Il est tout juste 6 h 30, je soupire et attrape cette mystérieuse enveloppe. Je la retourne dans tous les sens et il n’y a rien d’écrit dessus, je soupire. Qu’est-ce qu’il m’a encore réservé ? J’attrape l’eau et un cachet d’aspirine avant de me lever pour me préparer un grand café. J’emmène avec moi la missive qui me brûle les doigts et la dépose sur la table de salon. Je me verse une tasse de ce breuvage noir que je n’aime pas tant que ça, mais qui va me tenir éveillée pour la journée. Mes fesses touchent à peine mon canapé que j’entends un bruit strident qui me vrille la tête. Je me dépêche d’aller ouvrir avant qu’elle explose. J’ouvre sans regarder qui se tient de l’autre côté de la porte et sursaute en voyant mon visiteur.

- Je peux repasser si vous le voulez, il est encore tôt.

- Lucas, mais qu’est-ce que vous faites-là ? Comment avez-vous eu mon adresse ?

- Vous ouvrez toujours dans cette tenue ?

Je regarde la tenue que je porte et me mets à rougir immédiatement. Le t-shirt que je porte arrive à mi-cuisse laissant deviner mes formes et je ne porte qu’un léger slip. Je lui bredouille d’entrée avant de filer à toute allure me changer. Une fois dans ma chambre, je ne prends pas le temps de voir ce que j’enfile et je ressors aussitôt. Lucas me voit et un bref sourire étire ses lèvres. Bordel, mais qu’est-ce que je fous ? Je me retrouve devant un presque inconnu en pyjama mignon. Mes joues prennent une couleur rose et je baisse les yeux, tant pis pour la dignité.

- Que puis-je faire pour vous, Lucas ?

- Je suis venu vous rendre votre sac, tenez.

- Merci, dis-je en le prenant, vous ne deviez pas me le rendre à 18 h ?

- Je passais par votre rue pour aller au travail et vu que la pharmacienne m’a communiqué votre …

- Quoi ? Comment ose-t-elle communiquer mes coordonnées sans mon accord?!

- Tout doux, ce n’est pas si grave, me répond Lucas.

- Vous vous moquez de moi, c’est ça ?

Lucas ose me faire un clin d’œil et sortir de mon appartement sans rien ajouter. Je n’ai pas le temps de faire un pas qu’il a déjà claqué la porte, mais il se prend pour qui celui-là. Mon téléphone sonne et je cours le récupérer dans ma chambre. Un sms de ce sale type pour me dire que le rendez-vous est maintenu. Il m’agace, je ne prends pas le temps de répondre et jette mon téléphone sur le lit. Je me dirige vers le salon et mes yeux se posent sur l’enveloppe d’Alexandre. Je me décide de l’ouvrir et j’écarquille les yeux en regardant le papier qui tombe au sol. Un seul carré de bristol vierge sans aucune inscription. Je le tourne entre mes doigts espérant voir quelque chose, mais il est bien vierge. Je tombe plus que je m’assoie sur mon canapé sans lâcher ce papier blanc des yeux. Mon téléphone émet un bip, je ne prends pas la peine de regarder et quelques minutes plus tard plusieurs bip m'annoncent que plusieurs messages sont arrivés. Je m’oblige à bouger pour voir qu’ils sont tous de Lucas. Ce mec commence à me taper sur les nerfs, je ne sais pas ce qu’il me veut, mais il faut qu’il arrête ce jeu. Je lui réponds d’aller se faire voir et envoie un autre message à Alexandre.

Trente minutes plus tard, ce dernier débarque dans mon appartement. Aucun de nous n’est à l’aise, il regarde ses pieds et je le regarde difficilement. Il lève les yeux et je maintiens son regard avec plus ou moins de facilité. Alexandre me prend la main et me rapproche de lui pour m’entraîner dans une danse. Cela ne m’étonne pas, car nous avons l’habitude de faire ce genre de choses pour dissiper un malaise ou pour se réconcilier. Depuis son arrivée, nous n’avons pas échangé une parole et pourtant ce bristol est entre nous, imperceptible, si petit et pourtant il prend tant de place. Alexandre descend sa main plus bas dans mon dos et me colle un peu plus à lui. J’ai le nez dans son cou et je respire son odeur boisée avec une touche de citron si familière et rassurante. Je pose ma tête sur son épaule et je me sens déjà mieux. Il me fait tournoyer avant de me saisir les deux mains pour me regarder les yeux brillants d’une malice qui lui est si caractéristique. Je n’ose pas rompre ce moment et je n’ai pas à le faire, car mon meilleur ami décide de m’approcher de lui et de poser ses lèvres sur les miennes. Sans réfléchir une minute, ma main vole et je lui balance une gifle. Alexandre s’écarte choqué et je ne peux lui en vouloir, car je le suis aussi. Chacun regarde l’autre sans savoir comment réagir.

- Excuse-moi, disons-nous en cœur.

- Je pensais que … tu … enfin … bafouille-t-il.

- Alexandre, tu es mon meilleur ami, ça ne changera jamais. Ce bristol, c’est …

- Tu le sais ce que c’est … un ultimatum. Je suis désolé Zo, je souffre trop à tes côtés, je ne pourrais pas être juste « ton meilleur ami ». J’ai un avion qui décolle demain, je ne reviendrais pas.

- Tu ne peux pas, tu n’as pas le droit de me laisser ! lui hurlé-je dessus les larmes aux yeux.

Alexandre me prend dans ses bras, je lève la tête et ses lèvres sont juste à quelques centimètres des miennes. Mes larmes ne cessent de couler, mon cœur vient de se briser, je ne peux pas le laisser partir, je ne peux pas le perdre. Je tiens trop à lui pour qu’il parte loin de moi. Mon regard se rive au sien et je me sens bizarre dans ses bras. Son souffle caresse ma peau et son odeur m’enivre, j’ai du mal à respirer et mes larmes ne cessent de couler. Mes émotions se mélangent à mes sentiments et je ne suis plus lucide. Mon cœur bat fort et je n’entends plus que lui. Il me dit de tout faire pour le retenir, même si ce n’est qu’un instant. J’attrape son visage dans un geste de rage et de désespoir et l’embrasse, ses lèvres sont douces et j’approfondis notre échange. Il m’attrape par la taille et me transporte dans ma chambre. Nos bouches ne se décollent à aucun moment, nos langues se cherchent, se tournent autour. Mes mains ne m’appartiennent plus, elles ont leur propre désir et se faufilent sous le polo de mon meilleur ami. Sa peau est tellement douce que j’en ouvre les yeux et me recule un bref instant avant de fondre de plus belle sur ses lèvres. Alexandre prend les choses en main et elles prennent une tournure beaucoup plus intime. Après plusieurs heures, je finis par m’endormir coller contre ce corps nu que j’ai tant repoussé.

Des coups violents me réveillent en sursaut et je me rends compte que je suis seule dans mon lit. Le bristol n’est plus vierge, mais un coup plus violent que les autres accompagnés de la sonnette me sort de ma torpeur. J’enfile ce qui me vient et me dirige en courant vers la porte. J’ouvre la porte une nouvelle fois sans savoir qui se trouve derrière, il faut vraiment que je perde cette manie. Lucas me regarde des pieds à la tête, sans rien dire, attendant sans doute que je le fasse entrer, mais il peut courir.

- Zophiel

- Lucas

- Qu’est-ce que tu fais encore là ? Je t’attends depuis plus de 30 minutes.

- Je ne pense pas vous avoir autorisé à me tutoyer et c’est ce qui s’appelle « un lapin » bonne soirée Lucas.

- Je pense qu’on peut s’en passer. On avait rendez-vous, insiste-t-il.

- Pour me rendre mon sac, ce que vous avez déjà fait. Bonne soirée.

- Je voudrais m’excuser pour mon comportement à la pharmacie, s’il te plaît.

Je soupire, je lui fais signe d’entrée pour la deuxième fois de la journée et je file tranquillement me préparer. Pendant ce temps, il me parle depuis le salon de sa sœur qui est malade et qu’il doit s’occuper. Lucas me dit qu’il était assez stressé avec toutes ces boîtes de médicaments d’où son attitude. Ce dernier m’explique qu’elle est très malade, vit dans son propre appartement, mais qu’il doit être là pour elle, très souvent. Cette dernière ne peut plus conduire sa voiture, car cela la fatigue, alors il doit lui faire ses courses et l’emmener à ses rendez-vous qui sont nombreux. Lucas est très impliqué et ne considère pas sa sœur comme une charge. Il ne dit pas quelle est sa maladie, mais je comprends que c’est assez contraignant. Je le laisse m’expliquer un peu plus son quotidien, sans vraiment l’écouter et je découvre le mot d’Alexandre. J’ai à peine posé les yeux sur ses mots que mon cœur saigne. Il a juste écrit « Merci pour ce moment », les larmes s’échappent de mes yeux et je les chasse aussitôt. Je me sens vraiment conne d’avoir laissé mes émotions prendre le contrôle de mes actes. Je regrette comprenant que je viens de faire plus de mal que j’aurais voulu. Il est trop tard, je ne peux plus rien faire, rien rattraper, il est désormais parti. Je respire un grand coup, me prépare et file rejoindre Lucas dans mon salon. Je prends le temps de le regarder et il est vraiment pas mal. Il me tourne le dos et je peux admirer ses épaules larges et ses hanches étroites, juste ce qu’il faut. Lucas fait une tête de plus que moi et quand il se retourne je fais face à des yeux émeraude qui me transpercent. Je reste un moment interdit en découvrant cet homme qui se tient en face de moi. Ses cheveux châtains sont un peu longs et lui tombent devant les yeux. Il est plutôt bien foutu, sans être dans les tablettes de chocolat, musclé juste ce qu’il faut. Je le dévisage en me rendant compte qu’il est vraiment beau. Il porte une chemise noire qui met en valeur ses formes et un jean bleu basique. Je me sens tout un coup peu à mon avantage avec ma petite robe noire sans prétention. Lucas remet une mèche en place et je vois dans ce regard que je lui plais. Je rougis et baisse enfin les yeux. Mon rendez-vous s’approche de moi et me complimente sur ma tenue. Je le remercie et lui retourne le compliment. Il m’aide à enfiler ma petite veste bleu foncé et nous nous dirigeons vers la sortie. Lucas pose une main chaste dans mon dos et me guide jusqu’à sa voiture.

ALEXANDRE

Cette nuit a été l’une des plus merveilleuses de ma vie. Zophiel m'a cédé, je sais que c’est plus pour me retenir que pour de véritables sentiments. Je suis heureux d’avoir pu la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de parcourir son corps et de lui faire l’amour … plusieurs fois. Cependant, il faut que je m’éloigne d’elle, elle est mon addiction, je ne peux me passer d’elle, elle est mon poison, chaque regard qu’elle ne me donne pas est un coup de couteau dans le cœur. Je suis accro à son grain de folie, je suis complètement dingue de son hypersensibilité et je craque littéralement pour sa petite bouille.

Je suis conscient qu’elle ne veut pas de moi, qu’elle ne m’aime pas et qu’elle ne ressentira jamais les mêmes sentiments que moi, mais il y a quelque chose dans ses yeux qui me poussent à penser qu’il y a quelque chose entre nous. Je ne sais pas quoi, mais je sais que c’est là. Je sais, je devrais partir me trouver une petite femme avec qui construire ma vie, c’est impossible ! Zophiel, je l’ai dans la peau et je ferais absolument tout ce qui est en mon pouvoir pour la garder près de moi, même si je dois partir pour qu’elle se rende compte que je suis indispensable pour elle.

J’ai décidé de lui donner cet ultimatum dans l’espoir qu’elle réagisse, qu’elle ouvre les yeux. Zo et moi savons particulièrement que je souffre de cette situation et elle ne veut pas que je parte. Ma meilleure amie m'envoie des signaux contradictoires ce qui me pousse à espérer un nous très prochainement.

Alexandre

CHAPITRE 2