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Salut, Je suis Lucas, le petit ami de Zophiel. Cette dernière est partie rejoindre son meilleur ami, Alexandre, au Japon. Elle me laisse un test de grossesse positif. Impossible pour moi de comprendre ce qu'il se passe, tout se passait bien dans notre vie. J'ai le coeur brisé, mais une autre épreuve m'attends A mon tour de vous racontez mon histoire !
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Seitenzahl: 212
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Aux histoires improbables,
à celles qui nous surprennent et
celles qui apaisent dans
des océans de tendresse.
À tous les amoureux de l’amour !
PROLOGUE
CHAPITRE 1
MARC
CHAPITRE 2
MYRTILLE
CHAPITRE 3
ZOPHIEL
CHAPITRE 4
OLIVE
CHAPITRE 5
ZOPHIEL
CHAPITRE 6
MAMIE
SERPENTARD
CHAPITRE 7
LUNA
CHAPITRE 8
BÉA
CHAPITRE 9
LUCIE
CHAPITRE 10
ZACK
CHAPITRE 11
MADEMOISELLE GRONDIN
CHAPITRE 12
LUNA
ÉPILOGUE
ÉPILOGUE 2 : ZOPHIEL
J’avoue être tombé sous son charme dès le premier regard. Sa maladresse et son air tellement désolé m’ont autant énervé que touché. Je suis Lucas et je suis tombé amoureux de Zophiel ainsi que de ses problèmes. Notre relation a toujours été compliquée par son meilleur ami qui l’aime et par mon ex qui voulait la tuer. Nous avons enfin réussi à trouver notre équilibre, heureusement pour ma santé mentale. Je pensais que tout allait bien entre nous, mais c’était sans savoir qu’elle avait pris la fuite pour le Japon. Elle m’a laissé dans son sillage un test de grossesse positif et le bristol de cet emmerdeur d’Alexandre. Je suis dévasté par sa trahison. Vais-je réussir à la faire revenir ? Va-t-elle enfin réussir à faire un choix ?
Lucas
Je suis comme un fou, je tourne dans la cuisine, le test de grossesse à la main. Zophiel est enceinte ! Je n’arrive pas à croire que je l’apprends ainsi et qu’elle est partie rejoindre ce connard ! Je claque le test en le posant sur la table. Serpentard, mon chat, est perché sur cette dernière et m’observe intrigué par ma colère. Il est assis, la tête penchée sur le côté, je le fixe et je mettrai ma main à couper qu’il veut que je lui raconte ce qu’il se passe. Je m’assois et pousse un soupir qui me fait monter les larmes aux yeux. Mon chat vient jusqu’à moi, se couche sur le dos et passe ses pattes sur mon visage. Je le grattouille sur le ventre et il ronronne. Il faut que je me calme avant d’essayer de la joindre. Je regarde l’heure, cela fait une heure que ma colère me consume de l’intérieur. Zophiel doit être encore dans l’avion, cela ne sert à rien de l’appeler. Combien dure un vol vers le Japon ? Je me détourne de ma boule de poil et je troque mon costume pour un survêtement. Je vais calmer mon anxiété à la salle.
Je cours sur le tapis roulant à un rythme effréné, rien ne pourrait m’arrêter. Les écouteurs sans fil dans mes oreilles, j’enchaîne les kilomètres et ma tête se vide complètement. Mes jambes commencent à me brûler sous l’effort, mon débardeur est marqué par la sueur, mais au lieu de ralentir, je me tape un sprint sur les derniers mètres puis je diminue la cadence jusqu’à me stopper. La colère est encore là, tapi dans mes entrailles, je la sens prête à surgir, je pousse un râle désespéré. J’attrape ma serviette posée sur la machine et m’essuie le visage, le cou et les bras. Je me dirige lentement vers le sac de frappe. Il y a déjà deux gars qui sont dessus. L’un le maintient pendant que l’autre frappe, gauche-droite, gauche-droite. J’observe sa technique, il a de l'expérience, ça se voit. Je bois une gorgée d’eau dans ma gourde en attendant que les types finissent leur séance. Quelqu’un me tapote sur l’épaule et je me retourne pour découvrir Marc. Ce gars est une montagne de muscles. Mon pote de FAC m’analyse les sourcils froncés et il a l’air en pétard. Je retire mes écouteurs.
- Alors mec, ça va ?
- C’est à toi qu’il faut demander ça.
- Tout roule, dis-je en regardant le sac de frappe occupé.
- Il t’a fait quoi le tapis de course ? Je crois qu’Antoine va devoir le changer. Tu as fumé le revêtement, me lance-t-il en se marrant.
Je soupire, tourne le dos à Marc pour me diriger vers les douches. Je sais pertinemment qu’il ne me lâchera pas. Ce type peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Il me connaît mieux que personne. J’arrive dans les vestiaires et jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, bien sûr, il m’a suivi.
- Tu veux venir te laver avec moi, mon petit Marcou, dis-je pour faire diversion.
- Dans tes rêves, beau gosse. Alors crache le morceau.
J’entre dans les sanitaires, aussi nu qu’un vers, Marc m’a déjà vu à poil et je ne suis pas pudique. Je commence à me frotter et prends tout mon temps. Mon pote me tourne le dos assis sur un banc en plastique. Un sourire étend mes lèvres en imaginant ce Hulk écrouler le siège et se retrouver le cul par terre. Je finis de me laver et m’habille tout aussi tranquillement. La patience de Marc est légendaire et la mienne atteint déjà ses limites. Il faut que je crache le morceau si je ne veux pas qu’il me poursuit jour et nuit.
- Tu vas t’entraîner ?
- Changement de programme, je vais boire une pinte avec mon pote.
Je ne réponds rien, je souris à Marc et chacun récupère son sac avant de sortir de la salle de sport. Le frais me saisit et me fait sentir vivant. Je pose mon attirail dans ma voiture et le rejoins dans le bar qui jouxte la salle de torture. Je m’installe en face de mon ami Hulk et nos pintes sont très vites sur la table. Nous buvons la première en silence et observons les gens autour. Zophiel me manque, les larmes piquent mes yeux et je termine ma bière avant que celles-ci coulent. Marc, nous commande une deuxième et cette fois-ci avant que le serveur arrive, il plonge son regard marron dans le mien. Je n’y échapperai pas, il ne me dit rien, il me laisse venir à lui, mais l’intensité de son attention me prouve qu’aucune fuite ne sera possible. Je me livre à lui entièrement, sans retenue et sans rien omettre. Je ponctue mon récit d’un coup de poing sur la table marquant mon agressivité et mon dégoût pour Alexandre. Les personnes qui nous entourent me jettent un regard et ils doivent certainement se demander si une bagarre va exploser entre le tas de muscles et moi. Je baisse d’un ton, mais la colère revient de plus belle. Mes heures à la salle de sport ne m’auront été utiles que très peu de temps. Je bois ma bière sous le regard inquiet de mon compagnon silencieux. Je m’éclipse pour aller vider ma vessie. J’essaie encore de comprendre pourquoi Zophiel a choisi cet abruti plutôt que nous. J’essaie de lui trouver des excuses, mais aucune ne me semblent pardonnables. Tout à mes pensées, je rentre dans un mec qui me renverse son verre dessus. La colère qui pulse dans mes veines éclate. Je l’engueule et le type reste pantois. Il fait facilement une tête de plus que moi et la carrure d’un rugbyman. Il ne dit rien et me jauge m'agiter tel un moustique. Je l’insulte et Monsieur muscle croise les bras. Le mélange alcool et sentiments négatifs me tournent la tête. Ma colère se transforme en rage en fusion et sans réfléchir aux conséquences, je lui colle une droite. Le gars n’a même pas bougé d’un pouce et cela termine de me faire péter les plombs. Je me déchaîne sur lui comme sur un sac de frappe et il essaie de m’agripper les poignets pour me stopper. La fureur m’aveugle complètement, je suis insaisissable et si au début, il évite mes coups, il finit par me les rendre. Je n’ai aucune chance contre ce mastodonte, mais je m’en contre fou. Je ne veux pas gagner, je veux évacuer la tristesse, l’angoisse et la rage qui me broient les tripes. Je veux que la douleur de ses coups face taire mon cœur qui se brise. Je sens que le type retient ses coups, alors je me sers de mon désespoir pour taper plus fort. Intérieurement, je le supplie de me mettre K.O et qu’il fasse taire ce supplice qui ronge mes entrailles. Deux mains m’attrapent, mais je leur échappe par la force de la détresse. Je cogne le mec qui m’attrape les poignets et me retourne comme une gaufre. Mon dos est contre son torse, je me débats, mais il me colle une claque sur la tête et me bloque contre lui. Je me retrouve face à mon pote et ses yeux me lancent des éclairs. Les larmes menacent de surgir, mais il serait inconvenant de les laisser faire. J’ai le souffle court, le cœur en miette, mon ego est parti faire un tour et j’ai cette fureur qui brûle toujours en moi. Je donne un dernier coup de pied au mec qui me colle une nouvelle tarte sur la tête. Je me sens comme un gamin prit en faute. Marc lui fait signe de me lâcher et j’en profite pour lui donner un coup de poing. Putain, frappe mec, défends-toi, mais ce sont les grosses mains de mon pote qui m’attrape assez violemment. Je grogne et il m’attire vers notre table. Je prends mes affaires restées à notre place et sort en titubant sans me retourner. Mon comportement est puéril et idiot, mais putain ce que je souffre. J’ai mal dans mon âme et mon corps, Zophiel me hante et rien n’atténue cette putain de détresse qui me colle à la peau. Je monte dans ma voiture et je vois que Marc me regarde bizarrement en s’approchant de moi.
- Tu vas me dire que tu es en état de conduire ?
- Tu vas me dire que tu as la capacité de conduire mon bolide ?
Mère-Poule soupire et sort son téléphone pour m’appeler un taxi.
J’ouvre la porte de la maison et Serpentard en profite pour filer. Je ne lui en tiens pas rigueur et referme la porte derrière lui. Je soupire en remarquant qu’il est déjà tard ou alors tôt, je ne sais plus. Un mal de tête me vrille le crâne, je passe une main sur mon front et je grimace. Du sang presque séché me tache les doigts. Je grogne et passe à la salle de bain voir l’étendu des dégâts. J’aurai de beaux bleus demain en me levant. Je désinfecte sommairement tout ça et me dirige vers le bar du salon. Je me sers un grand verre de whisky et m’affale dans un fauteuil. À quelle heure est parti le vol de Zophiel ? Je prends mon ordinateur portable et je fais une recherche pour connaître les derniers vols vers le Japon. Je me lève et recherche les lettres de cet enfoiré que Zophiel place dans le tiroir du meuble de la cuisine. Je regarde l’adresse au dos et emporte une enveloppe. Le plus direct, c'est d'arriver à Osaka. Je retourne à mon ordinateur, avale une rasade de whisky et je recherche les derniers vols vers cette destination. Je reste stupéfait en découvrant les 13 h de vol. J’attrape mon téléphone et compose le numéro de Zophiel, je tombe directement sur la messagerie. Je le repose et j’en déduis qu’elle est encore en vol. Elle devrait donc arriver demain à 10 h 08. Je bois mon alcool d’une traite et m’en sert un autre plus généreux. Mon œil me fait mal, je pose mon verre froid dessus. Je me sens lamentable. Je cours après cette femme qui court après son meilleur ami, enfin en ce qui concerne Zophiel, rien est sûr. C’est irrationnel ! Je bois encore une gorgée d’alcool qui me brûle la gorge, mais je l’ignore. Je n’aime pas vraiment cette boisson, j’ai pris l’habitude de la boire pour les affaires et c’est la seule qui fera en sorte que je l’oublie l’espace de quelques heures et que je dorme. Voulant abréger mes souffrances, je termine mon verre et me lève pour chercher la bouteille. Mes appuis sont de moins en moins stables et je me sens un peu, voir beaucoup, ivre. J’attrape l’objet de mon désir et dirige le goulot à mes lèvres. La sonnette retentit me faisant sursauter et un filet de whisky coule de mon menton pour s’échouer sur mon haut. Je l’essuie du revers de ma manche et me dirige vers la porte d’entrée. Je l’ouvre et tombe nez à nez avec des yeux chocolat passablement énervé. Je ne prends pas la peine de lui dire quelque chose. Je laisse la porte ouverte et reporte mon attention sur la bouteille que je tiens. Je la vide encore un peu quand Marc me l’arrache sans ménagement. Je le foudroie de mon regard le plus noir et m’effondre sur le fauteuil. Mon ami me suit et se pose en face de moi sur le canapé. Il prend toute la place, il passe une jambe par-dessus l’autre et ses mains sont posées délicatement sur sa nuque. Serpentard sorti de nulle part saute sur ses genoux, Marc ne moufte pas. Il me fixe attendant certainement des excuses. La tête me tourne légèrement et je l’appuie sur l’appuie-tête. Je suis avachi et plus rien n'a d'importance. Cette douleur incessante, écrasante me rappelle sans cesse qu’elle est partie comme ça, d’un claquement de doigts. Je ne suis qu’un sombre idiot, un imbécile qui n’est pas capable de garder sa copine qui plus est, enceinte. Je ferme les yeux pour tenter de retenir ses traîtresses de larmes qui finissent quand même par couler. Le cœur en cendre et les tripes en marmelade, je souffre. J’aimerais hurler, frapper et tout casser avec l'énergie du désespoir, mais celle-ci me fuit, elle aussi. Mon regard croise celui de Marc et j’y vois de la pitié, peut-être de la peine et cela rend la situation encore plus insoutenable. Je ferme les yeux, laissant couler un peu de ma tristesse de mes yeux.
Je me réveille avec les rayons du soleil qui filtrent les rideaux de ma chambre. Il me faut un instant pour me rendre compte que je ne suis plus dans le salon. Je suis toujours habillé, Marc n’a pas poussé le vice à retirer mes fringues, heureusement sinon ça aurait été gênant. Je souris à cette pensée incongrue. Je pue et cela me dégoûte. J’entends du bruit dans la cuisine, Mère-poule doit-être resté pour la nuit. Je cherche mon téléphone et ne le trouve pas. Je me lève à toute allure et je déboule dans la pièce, faisant peur à mon pote. J’attrape mon mobile, essaie de l’allumer en vain, plus de batterie. Je soupire, il faut que je me calme.
- Hey, ça va Lucas ?
- Mouais. Tu es resté là toute la nuit ? Une vraie mère poule, me moqué-je.
- Sombre crétin, tu pues pire qu’une pute après une nuit de tapin et je ne te parle pas de ton haleine de chacal. Va prendre une douche, je te sers un cappuccino.
Je lui lance mon majeur et retourne dans ma chambre mettre mon portable en charge. Marc a toujours été bienveillant à sa façon. Il n’est pas qu’une montagne de muscles, il a aussi un cœur tendre et à prendre. Ce mec est toute ma famille en dehors de ma sœur, Olive. Il a invariablement été là pour nous avec sa présence et aussi son argent. Marc est comme le frère que je n’ai pas eu, un ange gardien envoyé par le ciel. J’entre dans ma salle de bain, secouant la tête, et tout me fait penser à elle. Son sèche-cheveux resté sur le bord du lavabo, sa serviette qui sèche, je soupire. Je retire mon pantalon noir de costume froissé, ma chemise ruminée par une vache que j’avais enfilée après ma douche à la salle Mon boxer noir et mes chaussettes blanches rejoignent le reste dans le panier à linge sale. Je rentre dans la douche sans faire couler le robinet. L’eau froide me surprend et j’espère qu’elle va nettoyer mes pensées. Je suis un homme, je dois être fort pour reconquérir la femme qui m’a volé mon cœur. Je vais massacrer ce connard et récupérer femme et enfant. J’attends que l’eau devienne plus chaude et commence à me savonner. L’odeur de mon gel douche m’apaise, la mandarine envahit la salle de bain. Si mon cerveau tourne à plein régime, mes muscles se détendent et j’arrive peu à peu à me relaxer. Je ferme les yeux et Zophiel se matérialise devant mes paupières. Je les ouvre précipitamment et sors de la douche.
Je suis attablé avec Marc dans la cuisine, un cappuccino entre mes mains et une assiette de viennoiseries entre nous. Ma jambe tressaute d’impatience, il me devient difficile de rester calme. À chaque fois que je veux me lever pour appeler Zophiel, mon ami m’ordonne de m’asseoir. Je pourrais y aller quand même, mais je suis certain qu’il me plaquerait au sol avant que je sorte de cette maudite cuisine. Je bois mon cappuccino en rongeant mon frein, je ne peux rien avaler. Ma nouvelle mère-poule surveille mes faits et gestes comme le lait sur le feu. Je lui souris, espérant qu’il sorte d’ici, mais c’était sans compter sur la fidélité sans faille de mon ami.
- Tu comptes la rejoindre, partir au Japon ?
Je le dévisage complètement ahuri parce qu’il me dit. Je n’avais jamais envisagé cette possibilité. Je prends le temps d’y réfléchir, mais Marc me coupe dans mes réflexions.
- Je connais cette expression, dit-il calmement en sirotant son café. Tu n’iras pas, tu ne vas pas courir après cette gonzesse. Elle reviendra. Tu fais assez de conneries, tu mets ton entreprise en péril. J’ose imaginer les retombées médiatiques s’il y avait un journaliste dans le bar. Tu es inconscient Lucas, il faut que tu te bouges !
- Je n’ai rien demandé, soupiré-je honteux.
- Pas la peine, mec.
- Tu vas rester encore longtemps, dis-je impatient qu’il parte.
- Tu vas encore picoler comme un ivrogne et chercher la merde avec tout le monde ?
Je le dévisage et je me rends compte qu’hier, j’ai bien merdé et surtout que tout cela ne me ressemble pas. Je n’aime pas me servir de mes poings, seulement sur un sac de frappe. Je bois une nouvelle gorgée de mon nectar trop noir à mon goût et laisse éclaté ma colère.
- Je souffre bordel, j’aurais voulu que ce mec me frappe à perdre connaissance, qu’il use de sa force pour faire taire cette putain de souffrance. Putain Mère-Poule, je me désintègre de l’intérieur, je…
La sonnerie de mon portable m'interrompt à l’autre bout de la maison. Je me lève et cours jusqu’à ma chambre pour le récupérer. Mon cœur rate un battement quand je vois son nom apparaître sur l’écran. Je n’ai pas le temps de répondre que la sonnerie s’arrête. Je déverrouille mon mobile et il se remet à sonner, je manque de le lâcher par la surprise et réponds sans même aviser qui m’appelle.
- Zophiel !
Un silence me répond et je regarde l’écran de mon téléphone. C’est bien elle, j’attends, lui laissant le temps de rassembler ses idées et le temps de calmer mon cœur qui bat la chamade.
- Je suis vraiment désolée murmure-t-elle.
- Ce n’est pas grave ma chérie, ce n’est rien, je t’attends, il faut que tu rentres.
Des sanglots me parviennent et je passe des doigts nerveux dans mes cheveux en les tirant un peu. Marc apparaît et s’appuie sur le chambranle de la porte. Pourquoi pleure-t-elle ?
- Quoi que tu as pu faire avec ce crétin n’a pas d’importance, tu n’es pas obligé de ….
- Je ne vais pas rentrer. Je ne peux pas, il …
- Putain, Zo, monte dans un putain d’avion et rentre. Je t’en supplie.
Elle ne répond rien, je l’entends respirer vite, mais rien d’autre. La souffrance me broie tout entier et je ne peux rien contrôler. Les larmes me montent aux yeux et glissent sur mes joues. Je lui en veux à elle et à son connard de meilleur ami. Ils sont égoïstes ! Les secondes s’écoulent et ma souffrance se mut en rage incontrôlable.
-Zophiel, tu portes mon enfant. Je t’ordonne de rentrer, je hurle malgré les sanglots qui m'étouffent. Je veux que tu rentres ! Je veux VRAIMENT que tu sois là.
Je me fais penser à un môme qui implore sa mère de rester auprès de lui. Je me dégoûte et je la déteste pour ce qu’elle m’inflige. Elle brise le silence et mon monde s’écroule un peu plus.
-Je ne peux pas. Il a besoin de moi, aujourd’hui c’est lui que je choisis. Lucas, je t’aime et cela ne change rien. Lucas, pardonne-moi, murmure-telle.
Le téléphone tombe à mes pieds, mes oreilles bourdonnent, je n’entends plus Zophiel. C’est lui qu’elle choisit, c’est lui et pas moi. Je marche sur mon cellulaire et laisse exploser ma déception que dis-je ma rage, en cassant tout dans la chambre. Je cogne dans les murs, casse une lampe, brise une vitre de la fenêtre et les deux bras de Marc finissent par me ceinturer. Les larmes m’étouffent m’empêchant de respirer normalement. Sa phrase tourne dans ma tête “ C’est lui que je choisis”. Je me débats, hurle que je vais l’assassiner, que je vais lui péter sa tronche arrogante à ce connard et je vais mettre le Japon à feu pour le retrouver. Je ne suis que rage, souffrance… Je ne suis plus moi-même. Je transpire dans l’étau de muscles qui me maintient. Mon cœur explose en mille éclats de sang, je voudrais pouvoir l’arracher et ne plus souffrir autant. Je m’écroule au sol avec Marc qui n’ose me lâcher. Contre toute attente, mon mobile se remet à sonner. C’est Marc qui le saisit et me montre l’écran et je détourne la tête. « C’est lui que je choisis ». Il répond.
- Ouais. (…) Il est anéanti. (…) Impossible. (…) Non
Mon ami fait une longue pause, il mime des lèvres que c’est Béa, avant de reprendre sa conversation.
- Il fallait qu’elle réfléchisse avant de s’enfuir pour un crétin et de le choisir. Elle n’a qu’à faire ses bagages et rentrer en France.
(…)
- Elle l’aime ? Elle est effondrée ? Vous vous foutez de moi là ? Si c’est vraiment le cas, elle sait ce qu’elle doit faire.
Marc raccroche sans plus de cérémonie, il sert tellement fort mon téléphone qu’il craque dans sa main et les parties se détachent les unes aux autres avant de tomber au sol. Cet homme est une machine. Je suis immobile contre son torse et son bras, il pourrait me broyer les os, mais il maîtrise parfaitement sa force. Il me relâche doucement et sans l’avertir, je l’étreins. Une accolade peu virile, mais qui me fait du bien. Putain ce mec est une vraie force de la nature, je peine à le prendre dans mes bras. Après un bref instant, je me détache de lui un peu gêné. Il faut que je me ressaisisse rapidement.
J’observe Lucas courir toujours plus vite et longtemps sur le tapis de course. Il a ses écouteurs dans les oreilles se coupant du monde. Ce n’est pas un très grand sportif, mais assez pour tenir la cadence. Ses pas font un bruit de tonnerre, boum, boum, boum. Lucas manque de légèreté dans sa course, il ne cherche pas la performance, c’est indéniable. Je connais mon ami et s’il met autant d’énergie dans chaque foulée, c'est qu’il cherche à oublier, à se vider la tête. J’hésite un instant à l'interrompre quand il descend du tapis. J’avais raison, il ne prend pas la peine de regarder son score ni d’éteindre la machine. Son attention est tout de suite attirée par le sac de frappe. Je m’interpose, si Lucas continue comme ça, il risque de se blesser.
Je l’entraine au bar d’à côté, la plupart des habitués le sont aussi de la salle de sport. Si on se connaît tous, on ne fait pas copain-copain avec tous. Lucas, le nez dans sa bière est fuyant, regarde tout le monde sauf moi. Je ne vais pas le lâcher et il va cracher le morceau. Mon pote se met à table rapidement, les yeux rouges, il déverse avec émotions son histoire. Je l’avais pressenti que cette femme lui ferait du mal, trop instable. Je ne m’imaginais pas qu’elle partirait enceinte. Lucas a toujours voulu une famille, lui qui n’en a jamais eu. Des parents absents, inexistants, il a toujours été un solitaire au grand cœur. J’ai toujours été là pour lui et aujourd’hui ne fera pas exception.
Marc
Voilà plusieurs semaines que Zophiel est partie au Japon. Je noie ma détresse entre la salle de sport, le travail et mère-poule qui vient voir régulièrement si je respire encore. J’essaie de l’oublier, et d’oublier aussi que je vais être père. Tant de questions restent sans réponse concernant cette grossesse. Je passe mes mains dans mes cheveux pour chasser toutes ses pensées qui m’envahissent. Je suis assis à mon bureau et j’essaie de me concentrer sur mon dossier en cours. Un contact veut investir plus d’un million d’euros et je dois lui trouver le meilleur placement qui soit. C’est un client régulier, je n’ai donc pas à faire l’enquête au préalable, je sais qu’il est clean et qu’il ne s’agit pas de blanchiment d’argent. J’attrape ma tasse de cappuccino et la porte à mes lèvres. J’entends Isabella, ma secrétaire, frapper à ma porte vitrée.
- Lucas, votre ami Marc souhaite s’entretenir avec vous.
- Faites-le entrer, Isabella.