À l'ombre de nos frères - Tome 2 - Virginia Etxé - E-Book

À l'ombre de nos frères - Tome 2 E-Book

Virginia Etxe

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Beschreibung

Unis dans la douleur, ils sont tombés amoureux. À présent, le souvenir de Jack et Loukas pourrait bien les séparer.

Le monde Louise s’effondre après sa découverte du lien entre son frère et celui de Jonas. Elle est désormais convaincue que Jonas s'est joué d'elle et l’a séduite dans l’unique but d’en apprendre davantage sur la relation de leurs frères disparus.
Déterminé à ne rien laisser paraître des sentiments qu’il éprouve pour la jeune femme, Jonas, de son côté, joue les tombeurs. Mais les souvenirs des voluptés passées sont tenaces et malgré ses efforts, le Don Juan doit se rendre à l’évidence : il est incapable d’oublier Louise…

Sous la plume de Virginia Etxe, s’entremêlent dans ce second tome souvenirs dévastateurs, pertes insurmontables et passions incoercibles. Un mélange incandescent qui promet une romance épicée…

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Si vous cherchez une romance érotique à vous donner des pulsions et l'eau a la bouche, ainsi qu'un roman pour vous accompagner durant une soirée, ce roman est fait pour vous !" - Elly sur Babelio

"Livre très intense et addictif" - Valentine8314 sur Booknode

"J'attends la sortie du tome 2 avec impatience, surtout avec la fin super, méga, sadique de l'auteure !" - Naheiko sur Babelio

À PROPOS DE L'AUTEURE

Virginia Etxe est originaire du Pays Basque. En plus de son travail et de ses trois enfants, elle arrive à trouver du temps la nuit pour écrire et à s'octroyer des soirées concerts entre amis de temps en temps.

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CHAPITRE 1Jonas

Louise vient de me mettre à la porte. J’essaie de contenir ma colère, mais je n’y arrive pas. Mon cœur bat à tout rompre, j’ai chaud, je n’ai qu’une envie, c’est de faire demi-tour pour lui faire face une nouvelle fois. Mais étant donné la façon dont elle m’a hurlé dessus il y a quelques secondes, il est hors de question que je remonte.

Pourquoi est-ce si dur de communiquer tous les deux ? Pourquoi ne pas lui avoir dit tout simplement que j’avais besoin d’être auprès d’elle ?

Putain de fierté à la con ! Mais comment est-ce qu’elle peut penser que je profite d’elle pour en savoir plus sur Jack ? Elle me connaît si mal que ça ?

Je dévale les escaliers en courant et défonce à coup de pied une poubelle pour évacuer ma rage. Mais cela ne suffit pas, j’ai conscience de toute cette colère encore en moi, lorsque je passe devant les boîtes aux lettres, je ne peux m’empêcher de donner de grands coups dedans. Je ne sens pas la douleur, j’ai besoin d’expulser ma fureur, je ne me concentre que sur mes poings qui tapent sans retenue sur ces boîtes de métal. Quand des taches rouges apparaissent dessus, je commence alors à me calmer un peu. Je suis si énervé que je ne ressens pas mes blessures malgré tout le liquide écarlate qui enveloppe mes phalanges. Je suis dans un état second, je cherche ma voiture du regard et me souviens que je l’ai garée à quelques rues d’ici pour ne pas que Louise sache que je l’attendais chez elle. Mais à quoi cela a-t-il servi ? À rien ! Elle vient de me jeter comme l’homme lâche que je suis.

J’ai vraiment besoin de bouger, je dois de me la sortir de la tête, elle et toutes ses conneries d’idées reçues à la con. La musique est le seul moyen que je connaisse. Quand j’arrive au studio d’enregistrement pour remplacer un gars malade, ma rage n’est pas retombée malgré le morceau que j’ai mis à fond dans l’habitacle. Little Lil, Jim et les autres qui fument une clope devant la porte se retournent vers ma voiture lorsque je me gare. Je suis à peine descendu que j’entends un :

— Alors bourreau des cœurs ? C’est à cette heure-là que tu débarques ?

Je dévisage le bassiste de Lily et l’envoie chier avec un magnifique doigt d’honneur sans décrocher un mot. Je passe à côté du groupe et pars directement me caler en cabine en attendant qu’ils s’installent. Je n’ai pas envie de parler, pas envie de m’expliquer, je veux juste ne penser à rien. Je regarde les partitions que je connais déjà et essaie de me concentrer, en me sortant Louise de la tête. Je pose mon casque lorsque je vois que Lily et les musiciens sont en place. Je fais le vide et commence à jouer ma partie pour oublier ce qui pourrait me parasiter l’esprit.

Après plusieurs heures dans mon bocal à gratter sur les cordes de ma guitare, je bouge enfin rejoindre les autres qui rangent leurs instruments. Jim me sourit en s’avançant vers moi :

— Tu viens boire un verre avec nous ?

— Je vous suis.

Après tout, j’ai besoin de penser à autre chose qu’à une belle brune avec un caractère merdique qui vient de me jeter. Lily, qui me regarde avec son air de Mère Theresa sur le visage, s’approche de moi :

— Vas-y mollo sur la boisson, OK ?

— J’ai déjà une mère, merci !

Même si je n’ai plus de nouvelles d’elle depuis une éternité et que je n’en veux pas. Après tout, elle savait pour Jack, pour ce que lui faisait subir notre géniteur, mais elle n’a rien dit, n’a rien fait. C’est pourtant le rôle d’une mère de protéger ses enfants. Je secoue la tête pour ne plus penser à elle, à eux, à ce qu’ils nous ont infligé. Lui en étant violent avec Jack car il n’acceptait pas son homosexualité et elle pour s’être retranchée dans le silence. Nos géniteurs n’existent plus pour moi. Ce sont deux inconnus qui ne se sont toujours préoccupés que d’eux et du regard que les gens, soi-disant bien-pensants, pouvaient avoir sur eux.

Je passe devant Lily pour sortir car j’ai besoin d’air, je n’ai pas envie de parler. Lorsque nous franchissons les portes du bar de Raphaël, la chaleur et la musique me happent. Un groupe joue du rock comme j’aime. Nous nous faufilons jusqu’au comptoir pour commander des bières et restons à discuter de tout et de rien. Le fait qu’il y ait beaucoup de monde me permet de me détendre, l’alcool aussi. Je vois Lily qui m’observe du coin de l’œil. Je lève mon verre en le buvant cul sec. Je m’approche de son oreille et lui chuchote :

— Pas de coma éthylique ce soir…

— Jonas, il faut que…

Elle est interrompue par un groupe de potes qui nous saute dessus pour nous dire bonjour. J’en profite pour m’éclipser et sortir pour fumer une clope. J'ai besoin d'air. Je m’adosse au mur extérieur et ferme les yeux en sentant la fumée, que je garde le plus longtemps possible dans mes poumons et n’en recrache qu’une infime partie. Mes paupières s’ouvrent sur le ciel étoilé, j’essaie de ne pas penser au visage de Louise, à notre énième engueulade de ce matin, à cette difficulté que nous avons tous les deux à communiquer. Je me laisse tomber au sol et tente de mettre de côté tout ce qui peut se rapporter à elle. Oublier quelques instants tout ce qui m’entoure. À travers les murs, je devine le morceau que joue le groupe dans le bar, je m’abandonne à ses sonorités rock que je connais si bien. Je perçois la musique, je vois les étoiles au-dessus de moi, mais j’ai l’impression de ne pas être là, je suis bien, je ne pense à rien. Juste à l’instant présent et c’est très reposant.

Quelqu’un vient briser cette quiétude en se jetant au sol à mes côtés. Inutile de tourner la tête, je le reconnais tout de suite :

— Comment tu te sens ?

— Jim… Je n’ai pas besoin d’une nounou…

— Je sais, je suis ton pote et je m’inquiète pour toi. Si tu veux en parler… Je suis et serai toujours présent pour toi…

Il prend ma clope des mains et tire dessus en se mettant dans la même position que moi.

— Laisse tomber, ça va.

— Oui, j’ai vu ça ! Mais comment as-tu pu en arriver là ? Un coma éthylique !

— Alors c’est ça ? Tu veux savoir pourquoi ?

— …

— Je n’ai pas accepté que Louise connaisse le vrai Jack et pas moi. Je n’ai pas accepté qu’elle ne veuille pas m’en dire plus sur lui, sur sa vie… Alors… j’ai disjoncté ! C’est tout !

— Oh… Et maintenant ?

— Maintenant, elle m’en a dit plus sur lui, mais… Quand j’ai vu comment il se comportait en dehors de nos relations, ça m’a mis un coup putain. Il n’était tellement pas lui-même en notre présence… Il a vécu tant de choses avec Louise et Loukas, alors qu’il aurait dû les vivre avec moi… J’étais… je sais pas… Ça m’a énervé, alors… Je me suis barré !

— Oh… Et ?

— Elle croit que je l’ai utilisée pour en savoir plus sur Jack…

— Et ?

— Et que j’en ai profité pour la baiser…

— Et ce n’est pas le cas ?

— Putain ! Mais tu vas arrêter oui ?

— Désolé mec, mais je te connais, et je sais qu’il n’y a pas si longtemps, c’est ce que tu aurais fait, non ?

— Comment ça ?

Je me retourne vers lui afin qu’il développe sa pensée. Je connais assez Jim pour savoir que je ne vais pas aimer ce qu’il va m’annoncer, mais il a la particularité de n’employer aucun filtre avec moi. C’est ce que j’apprécie chez lui, c’est sûrement pour ça que nous sommes potes depuis si longtemps.

— Aller la voir pour en savoir plus sur ton frère et en profiter pour la baiser…

— Parce que ce n’est pas ce que tu fais, toi ? Aller la voir pour la baiser ?

Il tourne la tête pour me fixer droit dans les yeux. Le silence s’étire entre nous jusqu’à ce que Jim me dise le fond de sa pensée :

— Je ne la baise pas Jonas, nous faisons l’amour. Et je n’ai pas d’idée derrière la tête lorsque nous nous voyons… C’est… Naturel, tu vois, pas calculé…

— Parce que tu crois que j’ai calculé tout ça ? Tu penses comme elle ? Que je pourrais en arriver à la baiser juste pour en savoir plus sur la vie qu’avait Jack ? Tu me connais si mal que ça ?

Je me suis relevé, je lui hurle dessus. Il se relève à son tour et allume une autre clope. Il reste impassible face à mes cris. Ce que je lui dis ne l’atteint pas, il a l’habitude de me voir sortir de mes gonds si souvent.

— Je ne sais plus, Jonas, tu as changé depuis que tu la côtoies…

— Arrête tes conneries, Jim !

— Non ! Je suis sérieux ! Elle te fait redevenir toi-même ! Le mec d’avant l’accident, celui qui passait ses journées à bosser pour payer le loyer et la fac, le mec qui a abandonné ses études pour que son frère puisse continuer les siennes. Le vrai Jonas quoi !

Je suis étonné que Jim en vienne à parler de ma vie avant leur accident car il sait comme moi que je n’étais pas si différent de maintenant.

— Et tu as oublié de dire le mec égoïste qui se tapait une à deux nanas par soir, qui passait toutes ses soirées à picoler avec le groupe, qui vivait avec un petit frère qu’il ne connaissait pas. Un mec qui avait des œillères, qui pensait que tant que son petit frère avait tout ce qu’il lui fallait matériellement, il était bien…

Je suis essoufflé par ma tirade, je lui reprends la clope et ferme les yeux.

— Jonas…

— …

— Est-ce que tu ressens quelque chose pour elle ? Je veux dire, j’ai besoin que tu me confirmes ce que je sais déjà, mais c’est la première fois que je te vois baiser avec la même nana depuis… Toujours…

Je me retourne vers lui, étonné par ce qu’il me dit. Mais il est vrai que nous nous côtoyons depuis si longtemps que j’ai l’impression qu’il me connaît mieux que moi-même.

— Qu’est-ce que j’en sais ? Je n’ai jamais rien ressenti pour personne, tu le sais !

— Mais tu reviens toujours vers elle, non ? Jonas, tu n’as pas baisé depuis combien de temps ?

Je ne vois pas où est-ce qu’il veut en venir. Je le regarde en levant un sourcil.

— Hier soir, avec elle.

— Et la dernière fois où tu as baisé et que ce n’était pas elle ?

Putain, je rêve. Je ne m’en souviens pas, depuis que je l’ai rencontrée, elle, je me rends compte que c’est elle, toujours… Je reviens toujours vers elle. Non, c’est impossible. Et puis elle vient de me jeter comme une merde, pensant que je me sers d’elle alors qu’elle a tout faux. Je jette ma clope et me dirige vers le bar.

— Où vas-tu ?

— Démonter ta théorie.

Il se lève et fronce les sourcils en me suivant vers l’entrée du bar.

— Jonas…

— Il doit bien y avoir une gonzesse potable à baiser dans ce bar, non ?

Je suis happé par le bruit et la chaleur qui émane du bar lorsque j’ouvre la porte. Il y a plus de monde que lorsque j’en suis sorti. La musique est assourdissante, les gens crient pour se faire entendre, mais c’est tout ce que j’aime. Cette ambiance où les gens sont proches, rient, chantent, dansent ensemble. Je repère une blonde qui me regarde depuis un bon moment. Jim ne raconte que des conneries. Moi, des sentiments pour Louise ? Cette blague ! Je me dirige directement vers la femme qui ne me quitte pas des yeux avec un petit sourire en coin. Elle n’a pas l’air farouche. Je connais bien ce genre de femme, il y en a toujours une ou deux dans une soirée. Ou elles cherchent à s’amuser, ou elles cherchent un homme à harponner pour lui soutirer ce qu’elles veulent. Elles sont mal tombées avec moi, au final, c’est moi qui profite d’elles. Après l’avoir embrassée et fait comprendre ce que je veux, je l’attrape par le bras et l’entraîne à l’extérieur. Je sens le regard de Lily et Jim dans mon dos. Je m’en fous. J’ai besoin de me conforter dans l’idée que je n’ai pas de sentiments pour elle.

Elle glousse lorsque je la plaque contre le mur et lui embrasse le cou. Elle a un parfum entêtant que je ne supporte pas. Je pense aussitôt à celui de Louise que j’aime tant. Je secoue la tête pour penser à autre chose. J’appuie sur ses épaules pour qu’elle se mette à genoux devant moi, chose qu’elle fait sans hésiter. Elle déboutonne mon jean et s’active avec sa bouche. Je bande mou, je n’arrive pas à me concentrer. Je ferme les yeux et le tatouage de Louise apparaît devant moi. Son arbre sur son flanc que je caresse, les frissons sur sa peau, ses seins qui se dressent sous mes doigts. Je reviens à la réalité lorsque la femme à genoux devant moi arrête de me sucer et veut m’embrasser. J’ouvre les yeux pour la voir face à moi qui me regarde en souriant avec son rouge à lèvre rouge sang. Je ne peux pas. Je ferme les yeux et revois les yeux couleur miel de Louise qui me regarde avec envie, son sourire… Je n’y arriverai pas.

Putain ! Est-ce que Jim a raison ? Lorsque j’ouvre la porte du bar, j’ai l’impression d’ouvrir la porte d’un four, la chaleur qui émane de ce lieu est presque insoutenable. Si l’on y rajoute les odeurs de bouffe et de parfums qui se mélangent, c’est limite tenable. Mais toutes ces sensations disparaissent lorsque mes yeux s’arrêtent sur une silhouette que je ne connais que trop bien. Je me fige sur place. Elle est là, elle discute avec Lily, mais ce que je vois en premier, c’est la main de Jim posée sur sa taille et sa main à elle sur son bras. Un vrai couple ! Alors c’est pour ça que Jim est venu me parler, il voulait savoir s’il pouvait être avec elle, savoir si je ressentais quelque chose pour Louise. Mais est-ce que c’est le cas ? Je me dirige vers eux et décide de ne plus me prendre la tête ce soir. Même si je me rends compte que ça me fait mal de les voir collés l’un à l’autre… Je sens poindre une pointe de jalousie, je n’ai qu’une envie, c’est de m’interposer entre le couple qu’ils forment, lui montrer qu’elle ne veut que moi. Pas Jim. Juste moi.

CHAPITRE 2Louise

Après que mon regard ait parcouru tous les coins du bar, je me détends enfin. Je suis soulagée de voir que Jonas n’est pas là. J’appréhendais tellement de le revoir après notre dispute de ce matin. Nous n’arrivons pas à communiquer, c’est indéniable. J’étais pourtant si bien dans ses bras, blottie contre lui. Mais je ne dois pas m’égarer et me laisser aller à mes sentiments. Il a profité de moi, de ma faiblesse sentimentale. Je lui ai montré, parlé de tout ce que je savais sur Jack. Il a pris ce qu’il voulait, il est parti. Il est hors de question que je lui laisse une chance de s’expliquer.

Jim me tend un verre de bière que je prends volontiers. Il est si avenant envers moi, c’est plutôt agréable. Je me rends compte petit à petit que j’apprécie Jim de plus en plus. Le regard de Lily se porte derrière moi et je vois qu’elle se tend. Je sais immédiatement qu’il vient d’entrer, la tension est palpable tout autour de nous. Je ne le vois pas, mais je ressens sa présence et me tends à mon tour. Je suis le regard de Lily, je sais que Jonas est plus proche à chaque pas, je ressens une chaleur qui me parcourt le corps, j’ai envie qu’il ne se soit rien passé ce matin, envie de retrouver la chaleur de ses bras. Jim se retourne vers lui en souriant :

— Alors ?

Il me jette un regard froid que je ne comprends pas mais qui me fait redescendre sur terre immédiatement. Quelle idée, je sais que jamais plus je ne pourrais revivre ce que nous avons vécu il y a à peine quelques heures.

— Tu avais tort, je viens de démonter ta théorie…

— Vraiment ?

— Ouais ! Contre le mur du bar…

Son bras frôle mon avant-bras lorsqu’il passe à côté de moi pour aller commander un whisky. Des frissons me parcourent le corps alors que j’ai l’impression que je viens de me brûler à l’endroit où nos peaux ont été en contact. L’effluve de son parfum me rappelle la nuit que nous avons passée ensemble, son odeur qui est restée dans mes draps, imprimée sur mon oreiller et que je vais retrouver en rentrant chez moi ce soir.

— Quelle théorie ? demande Lily.

Il se retourne vers elle, son verre à la main.

— Demande à Jim ! Il est plein de théories, ce soir.

Elle se retourne vers Jim, qui me jette un regard, puis regarde Jonas et enfin Lily :

— Je t’expliquerai plus tard…

Je me sens mal à l’aise tout d’un coup et complètement concernée. Je lui attrape le bras :

— J’aimerais bien connaître ta théorie aussi, Jim, tu nous expliques ?

Il jette un regard à Jonas qui lui fait un petit sourire en coin en levant les sourcils.

— Plus tard, ce n’est pas important.

Lily insiste aussi, mais Jim campe sur ses positions. Il n’est pas disposé à nous exposer sa théorie concernant Jonas. Celui-ci se met à rire et lui lance :

— Allez Jim ! Un peu d’aide ?

Il se met face à moi et me sourit avec un air carnassier :

— Alors la théorie de Jim est la suivante : il s’est aperçu que je n’ai baisé qu’avec une seule nana depuis quelque temps (il me montre du doigt.). Toi. Et que ce n’est vraiment pas dans mes habitudes. Et Jim, ici présent (il le montre du doigt) pense que moi, Jonas (il pose la main sur son torse) je suis tombé amoureux de cette nana, toi (il me montre à nouveau du doigt).

Je me retourne vers Jim et regarde ensuite Jonas, qui me fixe de ses grands yeux gris. Je sais qu’il attend une réaction de ma part, mais je suis sans voix, littéralement. C’est tellement irréaliste. Comme si Jonas pouvait avoir des sentiments !

— Mais je vous rassure tout de suite, je viens de lui prouver que sa théorie ne tenait pas la route, avec la blonde là-bas…

Il nous fait un clin d’œil et fait un signe de tête en nous désignant une grande blonde plantureuse qui vient de faire son entrée dans le bar dans une robe qui ne laisse aucune place à l’imagination.

— Jonas…

Je me tourne vers Lily, qui le regarde en bougeant la tête de droite à gauche.

— Quoi ? Tu voulais retrouver le Jonas d’avant ? Alors me revoilà ! La voix est libre, Jim !

Il lui donne une énorme claque sur l’épaule, vide son verre et retourne vers le bar pour en commander un autre. Une fois qu’il l’a en main, il le lève vers nous avec un clin d’œil :

— Bonne fin de soirée !

Il se dirige vers la blonde qui lui sourit en lui prenant le bras tout en se dirigeant vers la sortie. Je ferme les yeux, mon estomac se serre en le voyant avec une autre. Je bois une gorgée de ma bière pour me donner une certaine contenance. Mais alors pourquoi mon cœur ne veut-il pas cesser cette danse incessante ? Pourquoi mes jambes ont-elles du mal à me porter ? Pourquoi mes yeux ne veulent-ils pas se détacher de la main de Jonas posée sur la taille de cette femme ? Pourquoi la seule envie que j’ai en cet instant, c’est de prendre sa place ?

Des potes du groupe arrivent en nous bousculant. Mes yeux se détachent de Jonas pour croiser ceux de Jim et Lily qui me scrutent sans aucune discrétion. Ils se retournent en même temps vers les personnes qui viennent d’arriver, comme s’ils n’avaient pas remarqué mon désarroi face au comportement de Jonas. Étant donné qu’il est redevenu lui-même, je décide d’en faire autant et de me mettre la tête à l’envers pour ne plus penser à lui.

Je repense à ce qu’il m’a dit un peu plus tôt. Mais quelle théorie nulle, sérieusement ! Jonas, amoureux. De moi ! Je regarde Jim et éclate de rire. Il lève un sourcil en me regardant, mais continue de discuter avec un homme. Ma théorie à moi est que Jonas est un égoïste qui a bien caché son jeu en profitant de moi et de ma faiblesse. Lui avec son corps de rêve, son diable tatoué sur le ventre qui me recouvre lorsqu’il est au-dessus de moi, son piercing sur sa langue qui parcourt ma peau lentement jusqu’à mon intimité, sa voix rauque qui me murmure des… STOP ! C’est terminé. J’ai décidé de ne plus me laisser marcher sur les pieds, je bois mon verre cul sec et demande quelque chose de plus fort.

La soirée avance et je m’amuse de plus en plus, je me lâche, je danse, je chante avec Lily, mais il y a toujours un manque, je me retourne parfois pour chercher le regard de mon frère ou de Jack, que bien sûr je ne trouve pas. Ce besoin d’avoir quelqu’un qui termine mes phrases, quelqu’un qui a les mêmes délires que moi, à qui je n’ai besoin de ne rien expliquer. Mais ils ne sont plus là, je ne les reverrai plus jamais. En revanche, je croise plusieurs fois le regard de Jonas qui ne me quitte pas et suis le moindre de mes mouvements. Je pensais qu’il était parti avec sa blonde, mais elle n’est pas à ses côtés. Cependant, une autre femme est proche de lui, ils sont assis côte à côte, elle a sa main posée sur sa cuisse. Je sens son regard sur moi, mais je m’en fiche, je décide de me laisser aller. Après tout, je ne lui dois rien. Lily me prend par la main en me montrant la scène, elle y monte avec plusieurs personnes ainsi que Jim. Je décide de les suivre. Après tout, étant donné tout l’alcool que j’ai ingurgité, je me fous du regard des autres depuis bien longtemps ! Lily se met devant le micro, Jim à la guitare. Ils me tendent un micro aussi, que je prends en rigolant. Lily commence à chanter, je reconnais cette chanson que je chantais souvent avec Jack : Leaving on a jet plane.

All my bags are packed

Tous mes sacs sont faits

I'm ready to go

Je suis prêt à partir

I'm standing here outside your door

Je suis là devant ta porte

I hate to wake you up to say goodbye

Je déteste te réveiller pour te dire au revoir

But the dawn is breakin', it's early morn

Mais l’aube approche, c’est le petit matin

The taxi's waiting, he's blowing his horn

Le taxi attend, il klaxonne

Already I'm so lonesome I could die

Je suis déjà si seul que je pourrais mourir

So kiss me and smile for me

Alors, embrasse-moi et souris pour moi

Tell me that you'll wait for me

Dis-moi que tu m’attendras

Hold me like you'll never let me go

Serre-moi comme si tu n’allais jamais me laisser partir

Cause I'm leaving on a jet plane

Parce que je pars dans un avion à réaction

Don't know when I'll be back again

Et je ne sais pas quand je serai de retour

Oh babe, I hate to go

Oh bébé, je déteste partir

There's so many times I've let you down

Tellement de fois, je t’ai laissé tomber

So many times I've played around

Tellement de fois, j’ai fait l’imbécile

I tell you now, they don't mean a thing

Je te le dis maintenant, ça ne signifiait rien

Every place I'll go, I 'll think of you

À chaque endroit où j’irai, je penserai à toi

Every song I'll sing, I'll sing for you

Chaque chanson que je chanterai, je la chanterai pour toi

When I comeback, I'll bring your wedding ring

Quand je reviendrai, je t’apporterai ta bague de fiançailles

Now the time has come to leave you

Maintenant l’heure est venue de te quitter

One more time

Une fois encore

Let me kiss you

Laisse-moi t’embrasser

Then close your eyes

Puis ferme les yeux

And I'll be on my way

Je partirai

Dream about the days to come

Rêve aux jours à venir

When I won't have to leave alone

Quand je n’aurai plus à partir seul

About the times, I won't have to say

Aux fois où je n’aurai plus à dire

Lily commence à élever sa magnifique voix, et j’enchaîne avec elle, nous chantons chacune notre tour. Nous nous sourions, c’est si naturel de chanter ensemble. Mon regard se déporte vers la salle et je croise à nouveau le regard de Jonas sur moi. Des frissons me parcourent tout le corps. Je ne peux m’empêcher de penser à lui en chantant cette chanson alors que ses yeux gris ne me quittent pas, il m’est impossible de m’en détacher, j’ai l’impression que nous communiquons ainsi. C’est la seule façon pour que nous ne nous sautions pas à la gorge.

Alors que Lily enchaîne avec une autre chanson, je descends de la scène et me dirige vers le bar pour commander quelque chose pour me désaltérer, j’ai la gorge sèche et ne rêve que d’une boisson fraîche. Lorsque le barman dépose mon verre sur le comptoir, je l’attrape et le bois presque d’une traite en appréciant chaque gorgée.

Je scrute la salle et mon corps se fige lorsque je vois Jonas se diriger vers moi, sans me quitter des yeux. J’ai la sensation encore une fois d’être un morceau de viande dont il ne va faire qu’une bouchée. Je prends le temps de le détailler alors qu’il s’avance lentement vers moi tel un félin sur sa proie. Il porte son éternel blouson en cuir, avec un tee-shirt blanc, ainsi qu’un jean brut troué aux genoux, je ne peux encore une fois pas le quitter des yeux. Mes frissons me reprennent et lorsque son corps est très proche du mien, je peux sentir son parfum musqué alors qu’il me touche presque. Je suis face à la salle, il s’assoit sur le tabouret à côté du mien et me tourne le dos pour commander un whisky. Il est si proche de moi, je sens la chaleur qui émane de sa peau qui frôle presque la mienne, son parfum, son odeur. Je ferme les yeux et me concentre sur le groupe, sur Lily. J’essaie de l’oublier, je me mets en tête qu’il m’a fait du mal, qu’il ne vaut pas la peine que je me mette dans cet état. D’ailleurs, il vient bien de se taper une blonde et maintenant, il est avec une brune ? Tout ça dans la même soirée ? Qu’est-ce que j’ai pu être naïve ! Je sens son souffle chaud à mon oreille :

— Alors, tu vas rentrer avec Jim ce soir ?

Je me retourne vers lui, étonnée qu’il puisse me demander ça.

— Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Tu viens bien de te taper deux nanas dans la même soirée, non ? Elles aussi connaissaient Jack ? Tu as pu en apprendre un peu plus sur lui ?

Il reste la bouche ouverte. Je suis contente de moi, j’ai réussi à clouer le bec au grand Jonas. Je profite de son état statique pour me lever et me diriger vers l’extérieur. Je sais que j’y ai été un peu fort, mais il m’horripile. Qu’est-ce que ça peut lui faire que je rentre avec Jim, John ou Joe ? L’air frais de la nuit me fait du bien, je prends le temps de respirer pour me calmer un peu.

— Louise !

Je me fige et continue d’avancer sans me retourner, je ne pensais pas qu’il allait me suivre jusqu’ici.

— Putain Louise ! Arrête-toi tout de suite !

Au contraire, j’accélère le pas pour qu’il ne me rattrape pas. Je sais que c’est chose vaine étant donné que ses jambes sont bien plus grandes que les miennes, qu’il n’a pas de talons aux pieds et que l’alcool que j’ai dans le sang me fait sérieusement ralentir… Je suis stoppée tout à coup par une grande main chaude qui m’attrape par l’épaule et me fait pivoter vers lui. Je manque de m’étaler par terre sous le coup de la surprise.

Bien sûr, mon corps se retourne vers lui, mais mon talon reste planté dans les cailloux ainsi que ma cheville. Une douleur fulgurante me cloue sur place, je ferme brièvement les yeux puis les relève vers lui, je ne veux pas lui montrer qu’il m’a fait mal. Je ravale ma fierté en même temps que mes larmes.

— Qu’est-ce que tu veux Jonas ?

— Ce que je veux ? Mais tu plaisantes ! De quel droit tu me parles comme ça ? Qui es-tu pour t’immiscer dans ma vie ? Pour me juger ? Hein Louise ?

— Arrête un peu ! Tu baises qui tu veux et moi aussi !

— Alors très bien ! Dans ce cas, tu peux me dire ce que les nanas que j’ai levées ce soir ont à voir avec Jack ?

Je souffle en regardant au sol. Il est vraiment bête ou quoi ?

— Eh ben je ne sais pas, réfléchis un peu !

Il souffle en tapant du pied.

— Après tout, tu m’as baisée pour en savoir plus sur Jack, alors qui me dit que toutes les nanas que tu lèves, comme tu dis, ne sont pas un moyen pour te rapprocher de lui ?

Il reste immobile un instant en me fixant intensément. J’ai l’impression que je lui ai encore une fois cloué le bec. Il ferme les yeux, pose ses doigts sur son nez, souffle puis les rouvre plus gris orage que jamais. Il reprend ses esprits en me hurlant dessus :

— Mais tu es complètement malade ! Mais regarde-toi un peu ! Louise la donneuse de leçon ! Louise la sainte nitouche ! Tu crois vraiment que je baise pour me rapprocher de Jack ? Mais t’as un grain, c’est pas possible !

Il se tape la tempe avec son index sans arrêter de me fixer. Je baisse les yeux en me rendant compte qu’il n’a pas tort, mais je ne veux pas le reconnaître.

— Je te déteste, Jonas ! Tu m’entends ? Je te hais ! Tu t’es servi de moi et de mes sentiments pour arriver à tes fins et ÇA, je ne pourrais jamais te le pardonner !

Il lève un sourcil.

— Tes sentiments ? TES SENTIMENTS ? Mais tu te fous de ma gueule là, non ? Alors Louise, la femme parfaite, celle qui n’a besoin de personne, a des sentiments ? Mais pour qui Louise ? À part pour toi-même ? Et tu veux me faire la morale parce que je me suis servi de toi ?

— Je ne parle pas de morale ! Mais du fait que OUI, tu as profité de moi !

— Oh, ma pauvre Louise… Mais dis-moi… Que penses-tu du matin où je t’ai chopée sur le comptoir de ma cuisine, où je t’ai fait jouir alors que tu sortais de la chambre du mec avec qui tu venais de passer la nuit ?

Je reste bouche bée. Il me ressort encore cette histoire, je ne l’avais pas sentie venir celle-là.

— Va te faire foutre, Jonas !

Je m’avance pour passer à côté de lui, mais ma cheville me rappelle à l’ordre. Il avance son bras pour me retenir et m’éviter de tomber mais je me dégage de sa prise et repars en claudiquant jusqu’au bar en retenant mes gémissements. Je m’assois tant bien que mal sur un tabouret au comptoir. Je sais que je devrais rentrer pour reposer ma cheville. Mais je n’ai pas envie d’être raisonnable, je suis trop énervée pour ça. Je lève la main pour appeler le barman et commande quelque chose de fort. C’est mon remède à moi ce soir pour oublier la douleur et Jonas, et Jack, et Loukas… Et tous les autres…

Le jour se lève lorsque nous décidons de rentrer. Jim me soutient en rigolant car je boite et Lily, complètement pétée, repart de son côté avec un couple… Jim me raccompagne jusque chez moi. Il m’aide à m’asseoir sur mon canapé et va me chercher de la glace dans le congélateur. Après l’avoir enveloppée dans un torchon, il enlève ma chaussure qu’il met sur mon ventre et dépose la glace sur ma cheville. Je sais qu’elle est gonflée et que je vais énormément souffrir demain, mais je suis trop alcoolisée pour m’en soucier ce soir.

— Ça va aller ? me demande Jim, soucieux.

— Mouais… Jusque-là, ça va…

— Tu peux m’expliquer ?

Je me retourne vers lui et décide de lui dire la vérité. Après tout, je sais qu’ils se disent tout.

— Disons que je me suis confrontée à un connard et que j’ai perdu…

— Quoi ? Attends ! C’est Jonas qui t’a fait ça ?

Il se relève en même temps.

— Oh, c’est bon… Il ne l’a pas fait volontairement… On va dire que mes chaussures y sont pour 50 %…

Je suis étonnée de le défendre, mais je sais qu’il ne m’a pas fait de mal intentionnellement. Jim se rassied à côté de moi, je pose ma tête sur son épaule. Je suis bien, détendue. Mes paupières se ferment toutes seules.

— Allez ma belle au bois dormant ! Au lit !

Je ris lorsqu’il me soulève du canapé sans aucun effort. Ma chaussure qui était sur mon ventre tombe.

— Tu devrais plutôt dire Cendrillon, non ?

Nous rigolons tous les deux alors que nous nous dirigeons vers ma chambre. Il m’approche du lit et lorsqu’il se penche pour m’allonger, il s’étale avec moi en rigolant. Sa main se pose sur ma joue, son regard croise le mien et nous nous arrêtons de rire. Il me demande l’autorisation d’aller plus loin, son visage se rapproche lentement du mien, il m’embrasse délicatement, tendrement, puis avec plus de fougue. J’ai envie de lui, j’ai besoin de tendresse. Alors je passe son tee-shirt par-dessus sa tête et j’admire encore une fois son torse musclé, ses tatouages et surtout, son diable qui m’observe. Je revois celui de Jonas et ne peux m’empêcher de penser à lui, à la nuit que nous avons passée ensemble. Il faut que j’arrête, il n’a aucun respect pour les femmes et encore moins pour moi. Il vient bien de passer la soirée avec deux femmes différentes ? Je me reprends lorsque Jim fond sur moi et me déshabille en un rien de temps. Ma cheville me fait mal, mais c’est supportable.

Lorsqu’il faufile son visage entre mes jambes, je pense encore à la langue de Jonas et son piercing. Mais je mets vite cette idée de côté lorsque mon premier orgasme arrive. Jim attrape un préservatif dans son jean au sol et l’enfile devant moi. Je me relève vers lui et attrape sa nuque pour le tirer vers moi et l’embrasser. Tout est naturel avec Jim, pas de prise de tête, tout roule. Sa langue descend dans mon cou, sur mes seins, sa main se pose sur mon intimité. Je ferme les yeux et profite du moment présent. Lorsqu’il s’introduit en moi, c’est doux et tendre. Il accélère ses mouvements, je m’accroche à ses hanches, je veux passer mes jambes autour de sa taille, mais ma cheville me rappelle à l’ordre. Je ne peux m’empêcher de gémir de douleur. Il arrête ses mouvements, relève le visage vers moi, inquiet :

— Ça va ?

— Mouais, j’ai juste l’impression d’être un tas de viande inerte avec cette cheville !

Il se rapproche doucement de moi et me susurre à l’oreille.

— Accroche-toi, car tu ne vas pas rester inerte très longtemps…

Il me fait un clin d’œil et accélère encore ses mouvements en moi. Je lâche prise, me laisse aller complètement. Après un autre orgasme, je me laisse choir dans mon lit auprès de Jim. Je me blottis contre lui, je suis bien, détendue. Je l’entends me dire avant de m’endormir :

— Tu mérites tellement mieux que lui…

CHAPITRE 3Jonas

Une lumière vive m’éblouit et me donne mal au crâne quand mes yeux s’ouvrent pour se refermer aussitôt. Je pose mon avant-bras sur mon visage et rouvre lentement les paupières. Je suis dans une chambre que je ne connais pas, la place à côté de moi est vide. Tant mieux ! Je n’aurais pas supporté une conversation maintenant avec ma tête qui est à deux doigts d’exploser. Je me lève lentement et récupère mes fringues qui sont étalées partout. Une odeur de café envahit mes narines lorsque j’ouvre la porte discrètement et avance dans le couloir pour déboucher sur un petit salon cuisine, où s’affaire une brune qui est dos à moi. J’hésite à me barrer comme le connard que je suis ou à m’avancer vers elle. Elle décide pour moi en se retournant avec un immense sourire.

— Salut ! Un petit-déj ?

Je suis comme un con, je me souviens l’avoir croisée hier soir, d’avoir discuté avec elle, mais rien de plus. Pourtant elle est là, devant moi avec un immense sourire.

— Heu… Je dois bouger.

Elle pose des gaufres et des pancakes encore fumants sur la table.

— Allez ! Ne fais pas ton timide, Jonas ! Juste un petit-déj !

Je m’avance vers elle, qui me tend une tasse fumante de café, que je prends alors qu’elle me tourne le dos à nouveau. J’en profite pour la regarder un peu mieux. Elle a des formes, genre pin-up, très brune avec le visage pâle, une robe marine à pois blancs. J’ai l’impression d’avoir fait un bond dans le temps et de me retrouver dans les années 50.

— Tu peux arrêter de me mater le cul ?

Je sursaute et évite in extremis la chute de ma tasse de café brûlante sur le sol. Putain, elle m’a surpris. Mais je ne me souviens toujours pas de ma soirée d’hier. Alors soit je joue au connard et fais comme si je me souvenais de tout, ou pas. Encore une fois, elle décide pour moi :

— Tu ne te souviens plus d’hier soir, hein ?

Elle croise ses bras sur sa poitrine magnifique et me sourit.

— Je ne pensais pas qu’un mec pouvait oublier une nuit torride avec moi !

Je suis de plus en plus mal, je relève la tête vers elle et vois un sourire s’immiscer sur ses lèvres. Elle se fout de moi !

— Oh, Jonas, tu es si mignon…

— Mignon ? Moi ?

Elle s’assoit face à moi et me regarde droit dans les yeux. Leur couleur me déstabilise. Ils sont vairons, un vert et un noisette très clair, surmontés d’un trait d’eye-liner noir.

— Si ça peut te rassurer, nous n’avons rien fait hier soir. Et ce n’est pas ma faute hein ! Parce que je t’avoue qu’avoir un mec comme toi dans mon lit et qu’il n’ait pas envie de moi, ça m’a foutu un sacré coup au moral…

Je ne comprends rien. J’étais avec elle, dans son lit et je ne l’ai pas baisée ? Elle est magnifique.

— Putain… Je… Désolé… Tu es magnifique, pourtant… Je ne sais pas… J’avais bu et…

Elle me coupe.

— C’est la faute de Louise !

— Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?

— Laisse-moi t’expliquer.

Elle tire une chaise et s’assoit dessus avant de continuer.

— Hier soir lorsque nous nous sommes rencontrés au bar, tu venais de baiser une nana qui faisait partie de mon groupe.

Elle s’arrête un instant, plisse les yeux en levant un sourcil et reprend :

— D’ailleurs, tu m’expliqueras pourquoi, car elle n’a rien dans la tête. Bref ! Ensuite, tu es venu avec elle vers nous, nous avons discuté, beaucoup même, et puis j’ai remarqué que tu avais le regard toujours dans la même direction, tu fixais une femme, magnifique je te l’accorde. Lorsqu’elle est montée sur scène pour chanter, tu ne pouvais t’empêcher de la bouffer des yeux. Ensuite, lorsqu’elle est descendue, tu es allé dans sa direction et vous êtes sortis tous les deux. Puis, elle est revenue… Sans toi. Elle a passé sa soirée à t’ignorer, tu as passé la tienne à la regarder et à picoler. Lorsqu’il a fallu rentrer, tu m’as embrassée à pleine bouche comme si ta vie en dépendait. Et puis nous sommes rentrés ici, au moment de passer à l’acte (on était à poil et tout hein !). Plus rien… Tu as fermé les yeux, tu as prononcé des choses incompréhensibles, son prénom, puis tu t’es endormi…

Je me passe la main dans les cheveux.

— Ce n’est pas possible… Écoute, je suis désolé, je vais partir…