6,49 €
Le disgrâce n'est point usuel. Pourtant il existe. Il a même de la parentèle.
Das E-Book Action de disgrâce wird angeboten von Books on Demand und wurde mit folgenden Begriffen kategorisiert:
Attention!, Répétition!, Vérification!, Natation!, Sensation!
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 29
Veröffentlichungsjahr: 2022
Dans le mois ensoleillé d’août 1974, au cours de la première crise de l’horlogerie étonnamment énorme, mais qui était inévitable en raison de la négligence générale, qui a provoqué le départ définitif de neuf usines horlogères sur dix et d’innombrables fournisseurs et à tomber sans bruit et qui a provoqué des milliers de licenciements et qui a bouleversé le tissu urbain traditionnel de Bienne par la réduction brutale d’environ dix mille habitants qui ont dû quitter la ville, en tant qu’enseignant du secondaire nouvellement formé, plein d’espoirs et d’attentes, je suis arrivé complètement sans méfiance et absolument impartial, car j’étais alors un jeune homme après de nombreuses années ardues de formation intense, de divers voyages et quelques longs séjours à l’étranger, venu de Berne complètement par hasard à la célèbre métropole de l’horloge de la Suisse, afin d’obtenir enfin un revenu presque réglementé aux loisirs inévitablement nécessaires pour écrire des livres, peindre des tableaux et surtout après de longues années de privation pour arriver à une vie un peu plus calme, donc plus tranquille et surtout plus confortable.
Courageusement et sans me décourager, je me suis présenté dans une petite école de quartier sans fioritures et peu attrayante, où ils cherchaient désespérément et vainement un enseignant depuis deux ans, ce qui m’aurait dû avertir, mais j’ai été immédiatement embauché avec un soulagement notable de la par des autorités et des enseignants.
Bienne elle-même était alors une petite ville inconnue pour moi, qui, dans le Canton de Berne moisie et exiguë, où je suis né, où j’ai grandi et d’où je suis originaire, avait la réputation plutôt inhabituelle de tolérance, d’ouverture et de générosité pour ce canton conservateur et têtu, combinée au « charme mystérieux romand » et à la mystérieuse « légèretée romande », quelle qu’elle soit, en soi extrêmement agréable et rare, surtout dans ce canton endurci, têtu et fermé et aussi dans tout ce pays tendu et enfermé – des caractéristiques vraiment rares et ravissantes, qui pourtant ne devraient malheureusement pas se réaliser après un examen plus approfondi, oh non, pas du tout ! Jamais et jamais !
Dès le début, j’ai été exposé à l’envie incessante, au ressentiment caustique, à la méchanceté inattendue et à l’insidiosité inhabituelle à Bienne, et c’est précisément ce mélange très désagréable qui ne changera plus jamais avant l’automne de l’an 2000, car j’ai finalement mis fin à ma main d’œuvre extrêmement laborieuse et à mon existence donc très malheureuse d’emploi après une longue période de souffrance, bien au contraire: Si, dans ma naïveté juvénile et mon inexpérience professionnelle, j’ai d’abord cru que toutes ces caractéristiques extrêmement laides, auxquelles je me suis retrouvé inopinément exposé constamment et sans défense à Bienne, s’atténueraient progressivement avec la reprise économique, parce que tout simplement ne pouvait pas être ce que je ne pense pas pouvoir être, alors je devais avoir peur partout, frémissant et figeant en se rendant compte de ce qu’ils étaient, bien au contraire, on était même capables d’augmenter jusqu’à la limite, voire à l’inimaginable sa propre méchanceté, jusqu’au moment où j’avais été fait le grand ennemi du quartier de l’est corrompu et malfait par excellence, nommé « le ghetto », sans jamais avoir rien fait de mal, répréhensible, répréhensible ou même illégal, et sans donc que je le sache pourquoi il en était ainsi, d’autant plus que j’ai toujours été gentil, même amical avec tout le monde sans exception.