Anorexie, notre bataille - Agathe Malo - E-Book

Anorexie, notre bataille E-Book

Agathe Malo

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Beschreibung

Après de multiples hospitalisations, Agathe décide de nous livrer son quotidien ainsi que celui d’autres personnes touchées par l’anorexie ou la boulimie. Ce recueil de témoignages qui relate le combat de ces personnes malades afin de retrouver une vie normale est également une invitation à accompagner ceux qui souffrent au lieu de les stigmatiser.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Atteinte d’anorexie mentale depuis plusieurs années , Agathe Malo est désormais en cours de rétablissement. Elle écrit ce livre afin de sensibiliser autant que possible aux troubles du comportement alimentaire.

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Agathe Malo

Anorexie, notre bataille

© Lys Bleu Éditions – Agathe Malo

ISBN : 979-10-422-0502-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Qu’est-ce que les TCA ?

(Troubles du comportement alimentaire)

Ce sont des troubles liés à la prise alimentaire. Il y a plusieurs « formes » de TCA : l’anorexie, l’hyperphagie, la boulimie et l’orthorexie.

Ma définition des TCA

Les TCA se présentent sous différents aspects : le fait de trop manger et de provoquer soi-même des vomissements par la suite (la boulimie), la restriction alimentaire et/ou vomissements et/ou hyperactivité (l’anorexie). Lorsque l’on est atteint de troubles du comportement alimentaire, nous n’avons pas une relation saine avec l’alimentation : compter les calories, faire de l’hyperactivité, prendre des laxatifs, etc. Je vais surtout parler de l’anorexie car je suis atteinte de cette maladie.

L’anorexie est une maladie très complexe, on tombe très rapidement dedans, mais pour s’en sortir, cela peut être très long, et surtout très compliqué. On parle souvent de « la petite voix de la maladie ». Non, on n’entend pas des voix, rassurez-vous ! Il s’agit en fait de pensées obsédantes comme « tu manges trop », « tu es trop gros(se) » et tant d’autres comme cela, tout au long de la journée. Je tiens également à préciser qu’il n’est pas uniquement question d’IMC (Indice de Masse Corporelle). En effet, être à un IMC à 13 n’est pas commun à toutes les personnes atteintes d’anorexie : on peut avoir un IMC à 25 et être atteint d’anorexie mentale. L’anorexie mentale, comme le dit son nom, est une maladie tout d’abord mentale. Il n’y a pas que le physique à guérir, il y a également le psychologique. La dysmorphophobie est présente dans les troubles du comportement alimentaire, j’y reviendrai plus tard. Tout cela n’est que mon point de vue de la maladie. Je vais, ci-dessous, mettre la définition selon le site du dictionnaire médical : l’anorexie est un symptôme et une maladie. Le symptôme, c’est la perte d’appétit. La maladie, c’est l’anorexie mentale, qui est un trouble des conduites alimentaires (TCA).

Le patient qui souffre du symptôme ou de la maladie est anorexique ou anorectique (plus souvent une anorectique ou une anorexique, car la maladie est essentiellement féminine, alors que le symptôme s’observe dans les deux sexes).

L’anorexie mentale est un trouble psychique grave qui touche prioritairement des adolescentes, et qui se traduit par une perte de poids importante, liée à une restriction alimentaire volontaire, ou à des vomissements provoqués si l’appétit est conservé (boulimie/anorexie) ; dans ce second cas, le recours aux laxatifs et aux diurétiques est fréquent. La perte de poids s’accompagne d’une dénutrition.

On observe souvent chez ces patientes anorectiques une perturbation de l’image corporelle (dysmorphophobie), qui fait qu’elles se trouveront trop grosses alors qu’elles peuvent être d’une extrême maigreur. L’influence de la mode (mannequins anorectiques) y joue un rôle délétère. On évoque parfois le « syndrome de la poupée Barbie », dont la morphologie exagérément longiligne ne correspond à aucune réalité anatomique, mais sert souvent de référence corporelle artificielle pour certaines adolescentes.

L’évolution fréquente de l’anorexie mentale vers le suicide en fait une des plus mortelles des maladies psychiatriques.

Un anorexigène est un médicament destiné à diminuer l’appétit. Ces produits sont parfois prescrits dans des régimes amaigrissants.

Les préjugés sur l’anorexie

Souvent, les personnes pensent que l’anorexie, c’est juste une « mode », où les femmes et/ou hommes veulent seulement maigrir. Les personnes pensent également qu’il n’y a que des femmes atteintes d’anorexie. D’autres préjugés consistent à croire qu’être atteint d’anorexie, c’est être maigre. Non, on peut être atteint d’anorexie avec un IMC à 25 comme à 14 et être malade, et surtout, légitime. C’est-à-dire être reconnu comme tel par le corps médical.

L’anorexie est tout d’abord mentale. On ne s’arrête pas de manger du jour au lendemain sans motif apparent. Il y a généralement une raison pour laquelle on commence à avoir des symptômes de l’anorexie. Ce peut être du harcèlement, des critiques sur le physique, une dépression, des problèmes personnels, etc. La dépression est l’un des principaux symptômes de l’anorexie, ou à l’inverse, l’anorexie peut être un symptôme de la dépression.

Comme je l’ai déjà spécifié, l’anorexie n’est pas un jeu ni une mode pour maigrir. C’est une vraie maladie, comme le cancer en est une ! La différence entre les deux est que l’anorexie se traite non seulement avec des médicaments mais aussi avec des médiations. Les médiations sont des moments passés avec les médecins qui nous accompagnent pour contrer la maladie. Par exemple, une médiation où l’on se concentre sur le corporel : faire une lettre à son corps, etc. De mon côté, j’ai eu plusieurs médiations, dont une qui était une activité de couture. Cette médiation nous aide à réduire l’hyperactivité par exemple.

Je voulais aussi revenir sur le fait que l’anorexie ne touche pas uniquement les femmes, elle touche aussi les hommes. Certes, ils ne sont que 10 %, mais je tenais à préciser que cette maladie n’est pas 100 % féminine.

Remarque pour les témoignages à suivre

Dans certains témoignages, j'ai volontairement remplacé le nombre de kilogrammes par un X pour ne pas influencer de manière négative les personnes qui seraient trop sensibles à ce sujet.

Témoignages

Cela fait un peu plus d’un an. Un an que tout a réellement débuté. Un an que j’ai commencé à diminuer petit à petit mes quantités, puis à supprimer certaines catégories d’aliments de mon alimentation et à me peser quotidiennement, voire plusieurs fois par jour. Plus d’un an que je suis rentrée dans cette boucle infernale sans vraiment m’en rendre compte, que j’ai été attrapée dans les grilles d’ana. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. J’avais du mal avec mon corps, une mauvaise vision à cause de la danse classique que je pratiquais, je pense, je me comparais, je me trouvais trop grande et grosse dans les miroirs. Je voulais juste perdre deux kilos pour peser autant que les autres filles qui mesuraient minimum dix centimètres de moins que moi. J’avais plusieurs fois tenté de faire des « régimes » pendant les confinements mais en vain. Je finissais toujours par être tentée par le sucré et je renonçais à cette volonté de deux kilos de moins. Mais cette fois-ci a été différente. Je ne me suis pas dit « tu vas recommencer et du vas perdre du poids ». Non, j’ai eu moins faim pendant quelques jours et sans savoir pourquoi, j’ai commencé à me peser tous les jours, chose que je ne faisais que de temps en temps d’habitude. J’ai remarqué une perte de poids très rapide en une semaine, et là, je crois que ça a été le début de cette boucle infernale. Toujours perdre plus, pour être plus fine, plus belle, se sentir bien, être aimée par les autres, vous connaissez la chanson, je pense. Je le cachais à mes parents, puis ils ont, un jour de juin, fini par l’apprendre par une professeur très inquiète pour moi. Ma maman a tenté de me raisonner, de m’arrêter dans ma chute, mais impossible. Je perdais et reperdais à une allure impressionnante.

J’ai passé mon brevet un peu plus d’un mois après le commencement de ce cercle vicieux, sans force, faible, mais je l’ai malgré tout obtenu haut la main. Puis sont arrivées les grandes vacances. Je passais de nombreuses journées seules chez moi et ne mangeais rien, juste un tout petit peu au dîner, forcée par mes parents. Je perdais encore et encore, j’étais de plus en plus faible. Les quelques rendez-vous avec une psychologue ne servirent à rien et un jour de fin de juillet, ma maman décida de m’amener aux urgences pédiatriques. Là-bas, rencontre avec des médecins, mon cas est grave, je dois être hospitalisée d’urgence.

Dès le lendemain, le diagnostic est enfin réellement posé, et la phrase prononcée : je souffre d’anorexie mentale. Le pédiatre que j’ai actuellement, n’en revenait pas du fait que j’ai pu perdre autant de poids en si peu de temps. Pour lui, c’était impossible, mais c’était bien la réalité. Au début, je refusais de l’accepter puis après une semaine à ne presque rien avaler, enfin, un déclic : je veux sortir le plus vite possible et éviter la sonde. Je l’évite de justesse en mangeant tous mes plateaux complets et après un été enfermée, 40 jours d’hospitalisation, je sors enfin, avec du poids encore à prendre mais plusieurs kilos déjà repris. Je pars en Bretagne le lendemain de la sortie pour intégrer un cursus danse-étude dans une école réputée. Mais je ne m’y plais pas. L’éloignement familial, l’internat, la famille d’accueil, devoir gérer seule mes repas à la cantine, les cours de danse épuisants desquels je ressortais sans force, tout était trop dur. Alors je prends la sage décision d’en parler à mes parents et de rentrer chez moi. J’intègre le lycée de ma ville début octobre, un mois après la rentrée scolaire.

Malheureusement, ce déclic que je croyais être le bon ne l’a pas été : vers la fin de l’année civile arrive la rechute. Je mange plus qu’avant l’hospitalisation mais je replonge malgré tout, nouvelle descente aux enfers. Je perds tout le poids que j’avais repris et arrive même plus bas que lors de mon entrée en hospitalisation en juillet. Chaque rendez-vous avec mon pédiatre est une menace de réhospitalisation, mais rien n’y fait, je suis accaparée par la maladie, impossible d’en sortir, je cherche de jour en jour à manger le moins de calories possible et inconsciemment à reperdre du poids encore et encore.

Puis début avril, j’ai enfin un déclic. Je n’en peux plus de cette vie, je veux guérir et être heureuse. J’avoue tout à ma maman et commence à arrêter mes tricheries, à remanger un peu plus. Mais c’est difficile et ce temps ne dure pas longtemps, je me fais encore attraper par ana. De plus, je suis de plus en plus menacée par mon pédiatre et frôle l’hospitalisation à chaque nouveau rendez-vous. Alors, je décide de vraiment commencer les efforts, j’instaure de nouvelles choses, augmente mes quantités. Certaines tricheries sont toujours présentes, mais disparaissent une par une, petit à petit.

Aujourd’hui, je ne suis plus dans le même état d’esprit que ce jour de déclic en avril. Non, au contraire, je veux encore plus guérir, vivre, être heureuse. Le mois de mai marque une année complète vécue avec l’anorexie, je n’en peux plus. Je n’en peux plus qu’elle soit constamment dans ma tête, toujours à penser à la nourriture, avoir peur, stresser pour le moindre imprévu. Tout cela, je n’en peux plus et n’en veux plus. Je veux guérir, reprendre du poids pour recommencer le sport, notamment la danse classique et les randonnées que j’ai dû arrêter il y a bientôt un an, je veux rire, ne plus appréhender un seul repas. Je ne veux plus penser à la nourriture à longueur de journée, ne plus stresser pour le moindre imprévu. Je ne veux plus penser aux calories, au gras, etc. Je ne veux plus tout ça, je ne veux plus d’ana dans ma vie. Je veux être HEUREUSE, et ça, ce n’est possible que sans ana.

Aujourd’hui je reprends du poids petit à petit et je suis déterminée à arriver au bout du combat. Je fais des efforts, j’augmente de plus en plus mes apports et affronte des Fear Food. Je sais que le chemin sera long, il ne s’agit pas que de deux kilos à prendre, mais il est malgré tout possible. Et aujourd’hui, je me sens prête, prête à encore prendre du poids, à peser 10 kilos de plus, prête à vivre, être heureuse et courir dans la mer cet été en mangeant des sandwichs et des glaces sur le sable chaud ! Je pense avoir enfin le vrai déclic, je veux guérir pour de bon, ne plus jamais perdre du poids, ne plus me restreindre, passer des journées si faible à me tuer à l’activité. Je veux guérir par moi-même et non à l’hôpital ! Je me rends compte en affrontant plusieurs fear food en ce moment que je commence à reprendre plaisir et goût à la nourriture et que la culpabilité n’est plus si présente ! Je me restreins de moins en moins, et me dis que merde, je dois reprendre du poids, alors à quoi bon se restreindre ? Ce n’est pas en faisant cela que je vais m’en sortir au contraire ! Food is fuel, je dois manger, et pas comme un moineau ! Et je crois que je suis rentrée dans un état d’esprit propice pour lâcher prise, je commence à me dire « mais ça va faire quoi si tu manges 50 ou 100 calories de plus ? Si ça te fait prendre du poids, tant mieux, c’est ce que tu veux, non ? ». Alors c’est décidé, plus de retour en arrière, je choisis le chemin de la guérison, de la vie, de la liberté, je vais continuer à lâcher de plus en plus prise jusqu’à ne plus du tout contrôler mon alimentation selon les calories mais selon mes envies et je crie aussi fort que je peux : FUC*K ANA !

Mathilde

Tout a commencé en début 2019. Je me suis rendu compte de beaucoup de choses, même peut-être trop. Le confinement est arrivé en mars 2020, j’ai commencé à moins manger, me refermer sur moi-même, me faire du mal. Mais je me suis dit : « ça va passer, je ne vais pas rester comme ça, ce n’est pas moi ! » Eh bien si…

Fin 2020

L’année continue plus ou moins bien. Je vais voir la psychologue et je m’exprime. Au début, ça m’a fait du bien, mais à force, je n’arrive plus à lui parler.

Début 2021

En janvier, j’avais de quoi me faire du mal, l’éducatrice l’a su, j’ai terminé chez le médiateur, puis chez la directrice et la psy qui a dit qu’il faut aller aux urgences, ils m’hospitaliseront bientôt. J’y ai été, j’ai vu la psychologue, médecin, etc.

Mars 2021

L’hospitalisation commence, je n’arrive pas vraiment à me confier, etc. Je ne mange pas pendant 5 jours, je perds énormément de poids. Je me sentais mieux comme ça. À la fin, ça va beaucoup mieux, sauf que…

Fin mars 2021

Je prends des médicaments le jour de la sortie et après, j’ai terminé aux urgences (merci à l’éducatrice qui était à la rentrée de mon école, elle m’a beaucoup aidée), et j’ai revu l’infirmière rencontrée le mois précédent, elle se souvenait de moi, donc je parle, je fais tous les tests. Ils m’ont mis un cathéter. Quand j’arrive dans la chambre, j’ai une infirmière, avec qui j’étais très proche pendant mon hospitalisation d’avant, on rigole énormément. Le soir, j’ai été branchée de partout.

Fin 2021

Voir des psychologues, sauf que rien n’y change, mon état s’empire, je pense à une hospitalisation, mais je suis sûre que mes parents ne voudront pas, donc je n’ose pas demander. Puis, j’ai demandé à ma mère, c’était non. Puis, à l’école, j’avais des amis bien sûr, des faux qui se croient au-dessus de tout le monde. Personne ne me parle, je suis seule dans les rangs, en cours, sur le temps de midi.

J’espère un jour m’en sortir ! J’ai encore demandé à ma mère pour faire une hospitalisation, mais elle a dit non, car elle croit que je fais exprès pour aller dans le service.

En mai 2022

Rien ne va niveau alimentaire et autres. Je suis beaucoup sur les nerfs comme toute la famille. Mais c’est dur. J’ai parlé à ma professeur de gym, ça m’a aidée, mais ça ne change rien, les problèmes sont toujours là malheureusement. Les examens approchent. J’ai déjà fait le bilan d’histoire et de géo et cela ne sent pas bon. J’ai parlé de mes problèmes à ma professeur de mathématiques car une amie m’a motivée. Je suis très fière et contente de moi de l’avoir fait. Elle m’a rassurée et aidée. Je sens que je vais rechuter en tout mais c’est l’été, donc je vais essayer d’encore me battre et de trouver de la force, mais bon, au bout d’un moment, je n’aurai plus la force de me battre.

J’ai été inscrite dans une nouvelle école, mais je n’y arrive pas. Je n’arrive plus à manger depuis un mois à cause de mon changement d’école. Je sens que ce changement ne va absolument pas m’aider. Pour manger, c’est compliqué et je n’y arrive plus. Si je mange trop, je vais faire du vélo pour perdre. J’ai l’impression de grossir de plus en plus et je ne peux pas.

Je ne vois pas la personne qui me donne envie de me battre depuis un mois, et je ne vais pas la revoir bientôt. Mais personne ne se rend compte à quel point ça me détruit.

Léa, 17 ans