Balades poétiques en Pays Catalan - Jean-Claude Genet - E-Book

Balades poétiques en Pays Catalan E-Book

Jean-Claude Genet

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Beschreibung

Laissez-vous guider par la poésie sur les chemins intimes du Roussillon. Plus de 70 poèmes et odes, fruits de mes arpentages dominicales, dévoilent l'âme des Pyrénées-Orientales : de l'éclat de Collioure aux sommets de Font-Romeu, des plages du Barcarès, aux secrets de Perpignan, histoires, paysages, langue catalane et émotions s'entrelacent dans ce périple dans ma terre d'adoption. Une invitation à ressentir la passion qui unit un territoire à ceux qui l'aiment. Une belle visite non exhaustive des lieux emblématiques d'un territoire riche en histoire et en sites d'exception. Parfois en dehors des sentiers battus, ce recueil de poèmes retracent plus de trente ans de notes et de promenades.

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Seitenzahl: 174

Veröffentlichungsjahr: 2025

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70 poèmes, odes et textes au cœur du Roussillon, de village en village, de monument en monument

Table des matières

Ode à Collioure

Thermes des Cimes : Llo & Saint-Thomas

Chroniques du Castillet

Sorcière au Barcarès

Hommage à Eus

LE LYDIA AU FIL DES REVES

Ode au Matin Printanier à Vernet-les-Bains

Ode au Canigou

Ode au Palais des Rois de Majorque (Perpignan)

Foire Saint-Martin : Symphonie d’Octobre

Ode à Castelnou

Font-Romeu, symphonie de givre

Paulilles, palimpseste des vagues

Roussillon, odyssée des sols brûlés.

Collioure, cathédrale fauve.

Rêverie au Castillet

Balade Romantique à Villefranche-de-Conflent

Au Château d'Opoul, litanie de grès et de vent.

Saint-Martin-du-Canigou, oraison minérale

Le Retable de Prades, oratorio de lumière.

Céret, Cœur Catalan

"L'Heure Dorée aux Thermes" d’’Amélie les Bains – Poésie en prose libre

Amélie-les-Bains, chronique d’eaux et de marbre

Égarements dans les Albères, chronique d’un songe minéral

Deux Frères au Fort de Salses

Rivesaltes, sève des Templiers

Le Train Jaune, odysée d’acier et de lumière

Roussillon, épopée culinaire

Camélas et les Aspres : Chant des Pierres Éternelles

Tautavel : L'Éveil des Origines

Thuir, Symphonie de Quinquina et de Schiste

Perpignan, Cathédrale de l'Ovalie

Flammes et Cercles de la Nit de Sant Joan

Bourg-Madame : Chant des Frontières Dansantes

Mont-Louis, Forteresse des Nuages

Sant Jordi en Terre Roussillonnaise

Lac de Villeneuve-de-la-Raho : Respirations

Port-Vendres,Portique des Vents et des Mémoires

Banyuls, Étreinte de Terre et de Vagues

Cerbère, Vigie des Frontières et des Flots

Prats de Mollo, Symphonie de Pierre et de Mémoire

Balade à Vélo sur la Route de Maury

Estagel, Éclat Catalan

Balade dans les Fenouillèdes

En Roue Libre sur les Cimes Cerdanes

Aux Bouillouses

La Sanch : Sang et Cendres de Perpinyà

Lumière des Cimes : Classe en Solaire à Odeillo

Cap Béar, étreinte de mer et de terre

Le Perthus, Danse des Frontières

Ille-sur-Têt, Symphonie Minérale

Grotte des Canalettes, murmure des âges

Argelès-sur-Mer, Royaume des Estivants

Vingrau, Élégie de Pierre et de Vin...

Le Boulou, Carrefour des Sources et des Cieux

Barques Catalanes : Voiles en Héritage

Casots de Nostalgie

Chevauchée Cerdane.

Capcir, Éden des Cimes

CHATEAU DE VALMY

Château d'Aubiry, Rêve de Pierre et de Cerisiers

Campo Santo : Cloître des Ombres et de Lumière

Gare de Perpignan : Omphalos Surréaliste

Émerveillement à Oniria et Ecozonia

Ermitage Notre-Dame de Pène : Prière de Roche et de Thym

Saint-Cyprien, Port aux Reflets d'Éternité

Torreilles et Sainte-Marie : Éden des Vagues Libres

Rivesaltes : L’Écorché

Chemin de Sournia : Le Bâton et la Légende »

Hôtel Pams : Palais de Papier et de Rêve

Dimanche entre Vinça et Bouleternère

Paisatges de la Catalunya del Nord

Préambule

C'est avec le cœur léger et l'âme en fête que je vous présente ce recueil de poèmes, une ode à ma muse éternelle : les Pyrénées Orientales. Depuis ma plus tendre enfance, j'ai tissé des liens indéfectibles avec la poésie, et cela fait plus de trente ans que chaque pas sur les chemins archipels du Roussillon, et que chaque souffle de son vent, éveille en moi une floraison de mots.

Il y a des rencontres qui marquent une vie, et la mienne a eu lieu en ces lieux majestueux où la nature s'exprime dans toute sa splendeur. C'est lors d'une simple promenade que l'idée a germé en moi : chaque recoin, chaque village, chaque vallée mérite son propre poème. Ainsi, j'ai entrepris de capter l'essence de mon département, à travers des odes, des poèmes et des proses qui se nourrissent des souvenirs de mes nombreuses excursions.

Je suis conscient que cette aventure poétique ne pourra jamais rendre hommage à tous les trésors cachés de cette région. Je m'excuse par avance auprès des amoureux de ces lieux que je n’ai pas cités, des villageois dont les récits méritaient d’être racontés. Sachez que ma quête a été immense, mais mes mots ont leurs limites, et déjà plus de 70 poèmes s'étalent devant vous comme autant de fenêtres ouvertes sur l’infini.

Mais rassurez-vous, chacun d'entre vous, Roussillonnais ou visiteur de passage, est présent dans ces vers, car vous faites partie de ce cœur battant. Nous avons souvent tendance à sous-estimer nos richesses. Notre patrimoine ne se limite pas à Collioure ou à nos plages bondées en été.

Il est temps de se battre pour mettre en valeur cette magnifique mosaïque, pour la faire vivre comme un art de vie qui nous relie à nos racines. Que ce recueil soit un hommage à la beauté de notre territoire, un appel à l'éveil et à la célébration de ce que nous avons de plus précieux.

Je vous invite à plonger avec moi dans cette aventure poétique et à découvrir la magie de nos paysages à travers mes mots.

Avec toute ma passion,

Jean-Claude Genet

Ode à Collioure

Sous le ciel du Sud, où le soleil embrasse la mer,

Collioure, joyau de passé et de lumière,

Ses ruelles pavées révèlent des secrets anciens,

Ses collines verdoyantes bercent des rêves pleins.

Les vagues dansent au pied de tes falaises fières,

Le Château Royal, gardien des brises légères,

Ses pierres racontent des siècles de bravoure,

Écho des batailles, des amours et des détours.

La tour Madeloc veille sur tes terres,

Spectatrice des âges, où l'histoire se libère,

Tes plages dorées caressées par la mer,

Sont des havres de paix pour ceux qui veulent se plaire.

À tous les coins de rue, la poésie arpente,

Tes maisons colorées, éclat de l'âme ardente,

Fauvisme immortel, Matisse et Derain,

Ont capturé ta splendeur, de leurs traits divins.

La lumière de Collioure, douce et éclatante,

Éveille des passions, en touches éblouissantes,

Les artistes y trouvent une muse, un sanctuaire,

Où chaque coup de pinceau devient un univers.

Romantisme des ruelles, où l'amour se dévoile,

Les parfums de bougainvilliers embaument les étoiles,

Le ressac de la mer, mélodie éternelle apaisante,

Accompagnent les promenades, sous la lune bienveillante.

Tes collines embrasées par les lueurs du couchant,

Sont un refuge pour les âmes en quête d'apaisement,

Tes vignobles offrent le nectar des dieux,

Le Banyuls, doux élixir des cieux.

Et quand l'été flamboie, de lumière dorée,

Collioure se pare de fêtes animées,

Feux d'artifice éclatants, rires partagés,

Font de chaque instant un tableau enchanté.

Ô Collioure, perle des Pyrénées,

Tu es un songe, une ode à l'immortalité,

Ton charme envoûtant captive les cœurs,

Et laisse en chacun une empreinte de bonheur.

Ainsi, je chante tes merveilles, tes splendeurs,

Ton histoire, ta beauté, tes couleurs,

Collioure, douce muse, havre de paix,

Je te célèbre en vers, pour l'éternité.

Notes de références explicatives :

Collioure (titre) : Commune des Pyrénées-Orientales, célèbre pour sa lumière, son port et son rôle dans l’histoire de l’art (mouvement fauve).Château Royal (v.6) : Forteresse médiévale (XIIIᵉ siècle) dominant le port, symbole des conflits francoespagnols.Tour Madeloc (v.9) : Tour de guet médiévale (XIIIᵉ siècle) offrant un panorama sur la côte catalane.Fauvisme / Matisse et Derain (v.15-16) : Mouvement artistique (début XXᵉ siècle) dont Collioure fut un foyer. Les peintres y développèrent l’usage de couleurs vives.Banyuls (v.27) : Vin doux naturel produit dans les vignobles en terrasses autour de Collioure.Bougainvilliers (v.23) : Plante méditerranéenne aux fleurs colorées, typique des jardins de la région.Pyrénées (v.33) : Chaîne montagneuse où se situe Collioure, à la frontière franco-espagnole.

Thermes des Cimes : Llo & Saint-Thomas

Aux flancs des monts cerdans, où se tait le granit,

Les Bains de Llo ouvrent leurs veines de lumière.

Eaux fauves, sulfureuses, en cascades secrètes,

La terre y exhale un chant de liqueur première.

Plongeon dans l’ambre astral aux multiples frissons,

La peau se souvient des laves et des saisons.

Les jets, doigts de basalte, sculptent nos silences,

Le temps, suspendu, boit nos vaines impatiences.

Cinq bassins en étoile, cicatrices d’argent,

Accueillent les corps nus, pèlerins du présent.

Les cimes en vigie, gardiennes muettes,

Cousent à nos fronts des couronnes discrètes.

Puis, cap vers Saint-Thomas, son écrin de pierre,

Où l’émeraude liquide enlace nos paupières.

Trente-sept degrés : un baiser de dragon,

La douleur se défait en lente libation.

Amphithéâtre minéral, brume opiacée,

Le hammam déploie ses ailes de fumée.

Jacuzzis, sauna noir, geysers qui débitent

La moiteur écrit des prières inédites.

Comparez ces deux sœurs, jumelles et rivales :

Llo, sauvage, mordante, aux humeurs ancestrales ,

Saint-Thomas, sirène aux vertiges mielleux,

Offrant ses replis d’algues et des trainées de cieux .

Alors, pourquoi choisir ? Leurs sources s’entremêlent,

Comme racines d’un chêne épris de querelles.

Trente-six degrés, fusion des éléments,

Où le corps n’est plus chair, mais architecture de vent.

Les montagnes, sorcières aux chevelures d’épines,

Bénissent nos lombes, nos genoux, nos échines.

Et quand la nuit avale les dernières vapeurs,

Les flambeaux naissent du sel de nos sueurs.

Notes de références explicatives :

Cerdans

(v.1) : Relatif à la Cerdagne/Cerdanya, région transfrontalière des Pyrénées (France/Espagne).

Bains de Llo

(v.2) : Ancien nom des

Thermes de Llo

, station thermale réputée pour ses eaux sulfureuses.

Ambre astral

(v.5) : Métaphore pour les eaux dorées et chaudes de Llo, chargées en minéraux.

Saint-Thomas

(v.13) :

Thermes de Saint-Thomas

, autre site thermal de Cerdagne aux eaux émeraude (37°C).

Sauna noir

(v.19) : Sauna chauffé au bois, aux parois en pierre volcanique, typique des thermes pyrénéens.

Lombes/échines

(v.28) : Termes anatomiques évoquant les bienfaits des eaux sur le dos et les articulations.

Flambeaux [...] sel

(v.30) : Référence aux torches allumées le soir dans les thermes, et au sel minéral des eaux.

Chroniques du Castillet

Dans la toile des siècles, où le temps se condense,

Se campe le Castillet, forteresse en démence.

Bâti par l’Aragon, sentinelle des sorts tissés,

XIVe éclat de guerre, sur les destins blessés.

Porte ocrée des remparts, colosse aux flancs de brume,

Sa foudre belliqueuse éventrait les enclumes.

Bastion inviolé, coffre-fort de rançons,

Ses murs boivent encore l’effroi des garnisons.

Les pierres, cicatrices de l’aube et des armures,

Ont vu choir les heaumes, les serments parjures.

Veilleur sans paupières, œil de grès halluciné,

Il guette l’horizon, sphinx minéral damnée.

XVIIe : son corps se mue en geôle de claustration,

Les espoirs s’y fracassent en sourde abdication.

Les voûtes, ventres défunts, pleines de râles funèbres,

Chaque brique sanglote l’éternité des ténèbres.

L’ère neuve survient, fracas de modernité,

Le glaive se rouille, museau de liberté.

1900 le pare d’un titre : monument,

Ses chaînes, désormais, sont des bijoux de vent.

Aujourd’hui, il déploie ses ailes de mémoire,

Nécropole animée, archipel d’espérance noire,

Flamboyant néo-gothique, ogive en pleurs de ciel,

Il attire les cœurs ivres d’éternel.

Le Castillet respire les cendres des révoltes,

Chaque créneau, un doigt pointé vers les tumultes.

Il étreint le présent d’un geste de géant,

Clouant nos vies au livre de l’instant.

Quand le soir dévore l’or des méridiennes,

Un ballet de photons perce ses veines anciennes.

Les spectres dansent, nus, sous les projecteurs fous,

Leurs murmures fondus dans les chants des hiboux.

Éclats de safran, d’améthyste, de braise,

La pierre renaît en météore ébahi.

Sous cette aura, les morts et les vivants s’épousent,

L’éternité n’est qu’un fleuve où les ombres s’abreuvent.

Ainsi, dans les cercles du kaléidoscope,

L’histoire et l’éphémère nouent leur syncope.

Le Castillet, phénix de granit et de feu,

Fredonne l’infini… palimpseste des adieux.

Notes de références explicatives (strict minimum) :

Castillet (titre) : Ancienne porte fortifiée du XIVᵉ siècle à Perpignan, symbole de la ville. Servit de prison au XVIIᵉ siècle.Aragon (v.3) : Royaume médiéval (actuelle Catalogne sud/Aragon) qui construisit le Castillet pour défendre la frontière nord.XIVe/XVIIe (v.4, v.13) : Siècles clés : construction (1300s), transformation en prison (1600s).Néo-gothique/Ogive (v.21) : Style architectural ajouté au XIXᵉ siècle (arcs pointus caractéristiques).Safran, améthyste, braise (v.29) : Couleurs des illuminations nocturnes projetées sur le monument.Palimpseste (v.36) : Parchemin réécrit, métaphore des couches d’histoire gravées dans la pierre.

Sorcière au Barcarès

Ô Barcarès, joyau d’étreintes salines,

Là où l’horizon s’embrase, et la mer s’incline,

Sur tes plages dorées, l’aube en robe de soie,

Et l’éclosion des griffes de sorcière se déploie.

En ce matin vibrant, où le soleil s’éveille,

Des teintes éclatantes s’entrelacent en veille,

Les vagues psalmodient, des secrets enchaînés,

Écho d’un enchantement, de sorts profanés.

Sur le sable, les griffes, telles des éclats de lumière

Surgissent en dansant, multicolores, enflammées,

Elles tracent des arabesques de vie, envoûtées,

Offrant aux âmes errantes un spectacle éphémère.

Violet, indigo, or et carmin se mêlent,

Les couleurs s’entrechoquent, une apothéose nouvelle,

Chaque crête de flot, chaque souffle de vent,

De soupirs en clameurs, une ode à l’instant.

Les sorcières d’antan, gardiennes des marées,

Dansent sur les rivages, sous leur regard égaré,

Leurs doigts effilés, peintres d’une croyance,

Dévoilent des visions que le temps déclenche.

Cet hommage vibrant, tableau fugitif,

Éveille les souvenirs, la beauté d’infini à vif,

Des êtres aux esprits libres, nichés dans l’ombre,

Leur feu, leur magie, dans le ciel se dénombre.

Alors, en cette heure où les flots se révèlent,

Je lève mes vers, ode ardente et immortelle,

Aux griffes de sorcière, messagères de passion,

Portant en elles l’âme, l’éclair d’un frisson.

Sous les cieux protéiformes, où l’étoile se baigne,

L’hymne des vagues célèbre la mer, son règne,

Barcarès, tes rivages embrassent mes rêves,

En toi, je trouve l’essence d’une vie sans trêve.

Ô plages enchantées, ô griffes magnifiques,

Votre éclat multicolore m’offre au cœur la rythmique,

De celles qui, en silence, racontent à l’infini,

L’histoire d’une beauté, d’une audace, d’un abri.

Dans ce ballet vibrant, plongeons sans hésiter,

Laissez les griffes danser, au bord de l’immensité,

Car en ce lieu sacré, où la mer nous enlace,

La sorcière d’un monde canalise la grâce.

Notes de références explicatives :

Barcarès (titre) : Station balnéaire des Pyrénées-Orientales, connue pour ses plages et son étang salé.Griffes de sorcière (v.4) : Surnom local du Carpobrotus (plante invasive aux fleurs violettes/roses), évoquant ses pétales en forme de griffes.Étreintes salines (v.1) : Référence à l’étang du Barcarès, milieu salin où se mêlent eaux douces et marines.Sorcières d’antan (v.17) : Allusion aux légendes de sorcières gardiennes des côtes catalanes, liées aux marées et tempêtes.

Arabesques de vie (v.11) : Motifs créés par les vagues et les fleurs de Carpobrotus sur le sable.

Hommage à Eus

Ô Eus, gemme égarée aux flancs des coteaux,

Où la lumière boit l’ombre des vieux hameaux,

Je m’élève, marche à l’aube, vers ton front sacré,

Dans la caresse du levant, par les vents bercé.

De la plaine, je glisse, enjambées lentes et sûres,

Ruelles enlacées, dédales de murmures,

Chaque virage, un serment ; chaque pierre, un legs,

Tissé de soupirs anciens, de destins éboulés.

Les logis ocre et safran mordent la roche altière,

Facettes éblouies sous le soleil-prieur,

Leurs persiennes closes, gardiennes de mémoire,

Chuchotent des naissances, des deuils, des espoirs noirs.

Je franchis les placettes, oasis de quiétude,

Où la fontaine susurre des rires en latitude,

L’ombrage des platanes, manteau protecteur,

Enlace les passants d’un silence songeur.

À chaque enjambée, le monde se déploie,

Je contemple au-delà, la plaine en miroir,

Champs aux mille pigments caressés de clarté,

Tenture d’or et d’outremer sous le ciel éventé.

Les Pyrénées, matrones aux crêtes séculaires,

Découpent l’horizon, sceptres tutélaires,

Leur échine minérale, ciselée d’éternité,

Rappelle l’âpre lutte des siècles affrontés.

Dans les lézardes, les reptiles s’évaporent,

Fuyant l’astre incendiaire aux flèches d’aurore,

Leurs élytres miroitent, facéties de lumière,

Sous le midi brutal, théâtre éphémère.

Ainsi j’avance, souffle ailé, pensée en alerte,

Chaque pas m’enracine, mêlé à l’offerte,

Je gravis les degrés où coquillages et siècles

Fusionnent en un sol usé de miracles.

Enfin, le faîte m’accueille, sous l’œil du clocher,

Devant l’infini peint, je ne puis qu’exulter,

Là où terre et azur s’épousent sans frontières,

Dans ce vertige sacré, j’étreins les pierres.

Eus, livre ouvert où le temps se dissout,

Bijou patiné par l’haleine des nuits,

Comète figée à la voûte des mystères,

Dans le vent des sommets, j’y scelle mes prières.

Je te salue, Eus, joyau du Conflent,

Par ce pèlerinage où ton âme se rend,

La quête du sublime en mon être s’achève,

En ta clarté, tu cisèles mon rêve.

Notes de références explicatives

Eus (titre) : Village médiéval des Pyrénées-Orientales, classé parmi "Les Plus Beaux Villages de France", accroché à flanc de montagne.Conflent (v.33) : Vallée catalane historique où se situe Eus, connue pour ses paysages et son patrimoine roman.Logis ocre et safran (v.9) : Maisons traditionnelles aux couleurs chaudes (ocre, jaune), typiques de l’architecture roussillonnaise.Clocher (v.29) : Celui de l’église Saint-Vincent d’Eus, point culminant du village, symbole spirituel et architectural.Reptiles (v.21) : Allusion aux lézards des murailles, fréquents dans les pierres sèches des villages méditerranéens.Coquillages (v.28) : Fossiles marins présents dans les roches calcaires, témoins de l’histoire géologique de la région.

LE LYDIA AU FIL DES REVES

Les jours de peine, il me suffit de marcher à ton ombre pour que la lumière m'envahisse...

Sous le ciel australien, il naquit, fier colosse,

Le Moonta, vaisseau-roi, archipel de promesses.

De Copenhague aux mers, il fendait les abîmes,

Portant l’espoir en proue, sans craindre les escrimes.

Le temps roula ses astres, changea les constellations,

Le Lydia surgit, ombre aux rébellions.

De Marseille à Beyrouth, il dompta les écumes,

Berceau de passions, de deuils, de coutumes.

En 1967, son destin se figea,

Géant ensablé, son chant d’adieu s’exhala.

Au Barcarès, il veille, titanique vestige,

Utopie pétrifiée, mirage qui prodigue.

« Jadis, mes ponts vibraient de rires et de cristal,

Les nuits s’y perdaient en valse de clins d’œil.

Aujourd’hui, je suis l’épave où niche le chagrin,

Spectre de bal éteint, fantôme de festin. »

Les rires cristallins cascadaient sur ses rampes,

Sous le soleil de feu, âmes en robes campanes.

Les nuits, feux et musiques enflammaient son tillac,

Tandis qu’en chœur montait l’hymne des estivants.

Aujourd’hui, ses salons ne gardent que poussière,

Les lustres éteints, miroirs brisés, pierre sur pierre,

Seul le vent y fredonne un air de cabaret,

Écho d’un swing lointain, souvenir effacé.

La mer, en vagues sournoises, lui murmure :

« Je te reprendrai, carcasse arrogante.

Tes hélices sont mortes, et ton âme est en lambeaux…

Rends-toi à mes profondeurs, abandonne ton sable. »

Le Lydia, dos voûté, lui répond, stoïque :

« Tu n’auras que ma rouille, et mes rêves en chant.

Je suis le gardien des rires et des larmes,

L’ultime vigie des hommes et de leurs larmes. »

Années 70-80 : il régna, phare nocturne,

Casino étincelant, antre aux rires nocturnes.

Johnny, prince des nuits, y grava ses guitares,

Sous les cieux constellés, on dansait sans réparer.

Aujourd’hui, cicatrices aux flancs, il demeure,

Sphinx de métal rouillé que les marées effleurent.

Musée, livre ouvert, crypte où l’histoire respire,

Son ombre offre aux passants la fièvre de l’empire.

Symbole déchirant des folles ambitions,

Du rêve humain vaincu par les érosions.

Chaque été, les foules, en pèlerins éblouis,

Tressent des légendes à son corps endormi.

Et la mer, éternelle, encre ses menaces,

Lui jette des défis, des râles, des audaces.

Mais le Lydia, debout, rit sous les étoiles :

« Je suis l’écho du temps… et vous, ses toiles. »

Les jours de peine, il me suffit de marcher à ton ombre pour que la lumière m'envahisse...

Notes de références explicatives (strict minimum) :

Le Lydia (titre) : Paquebot australien (ex-Moonta) échoué au Barcarès (Pyrénées-Orientales) en 1967. Transformé en casino puis en musée, symbole de la Riviera des années 70.Moonta (v.2) : Nom d’origine du navire (1915), construit en Australie pour le transport de passagers.Barcarès (v.11) : Station balnéaire où le Lydia est ancré, devenu attraction touristique et culturelle.Johnny (v.25) : Johnny Hallyday, chanteur français, y a donné des concerts mythiques dans les années 1970-80.Escales (v.7) : Ports historiques du Lydia : Beyrouth, Marseille, etc., durant sa carrière maritime (1930-60).Utopie pétrifiée (v.12) : Allusion à l’ambition avortée d’en faire un lieu de luxe, finalement abandonné aux sables.Sphinx de métal rouillé (v.27) : Métaphore pour le navire, désormais immobile et rongé par le sel, comme les statues égyptiennes.

Ode au Matin Printanier à Vernet-les-Bains

Dans le doux éveil du matin, le printemps s’aventure,

À Vernet-les-Bains, la nature, en sa splendeur,

S’épanouit, se déploie, les teintes s’émerveillent,

La vallée soupire des oracles vermeils.

Sous le ciel d’opaline, où le soleil, pudique,

Dore les sommets d’un éclat mélodique,

Les oiseaux, en chœur, psalmodient leur cantique,

Concerto des prés, enfoui dans l’idylle.

Les effluves des étals, entêtants et suaves,

S’unissent aux chuchotis des zéphyrs graves,

Fromages de chèvre, miches aux croûtes d’or,

Légumes en arc-en-ciel, trésors de l’aurore.

Un voyageur s’avance, perdu dans cette trame,

Chaque pas résonne, valse légère, inflâme,

Ses yeux, baladins entre érable et cerisier,

S’enivrent du décor, d’un monde à chérir.

Les ruelles enlacées, teintées de liesse,

La rue de l’Église et ses clés en promesse,

Peignent une fresque vive où la vie s’étire,

Murmures de mémoire, souffles de martyre.