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Pas très compliqué, pour une Honorable Lady écossaise, d’assassiner cette jolie Coréenne, en période de confinement. By Jove, nous l’avions choisie, pour participer à ce Banquet asiatique. Pas question de me faire aider par Annabella, d’autant qu’elle entend se présenter à L’Isle-sur-la-Sorgue, sur une liste municipale d’opposition. La pauvre ! Seule Jenny va m’assister. Il ne me reste plus qu’à sélecter l’auteur de ce crime abject à livrer en pâture à la police. Quoi ? Vous ne comprenez rien à mon scénario diabolique. Pourtant, il est d’un tel machiavélisme que même la police ne soupçonnera rien.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fortement influencé par les mouvements sociaux de mai 1968, Bruno Benattar milite activement dans des mouvements pacifistes, non marxistes et non violents, tout en pratiquant les arts martiaux, encore aujourd’hui.
Refusant de s’intégrer dans la vie professionnelle, il visite le monde et exerce les métiers de moniteur de voile et de plongée bouteille. Pendant de nombreuses années, il navigue sur son voilier.
Pendant près de trente ans, il travaille comme consultant en droit social, après avoir repris des études de droit. Il publie plusieurs articles et ouvrages spécialisés dans le domaine du droit du travail.
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Seitenzahl: 263
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Bruno Benattar
Banquet asiatique
Invitations ciblées sur l’Isle
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bruno Benattar
ISBN : 979-10-377-3402-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Toute ressemblance avec des personnes, des événements ayant existé, existants ou qui existeront n’est que le résultat soit d’une malencontreuse coïncidence, soit de la prise inconsidérée de psah ou de toutes autres substances hallucinogènes licites ou prohibées, soit de leur propre délire sans aucun lien avec autre chose que leur dysfonctionnement mental. Cette impression de similitude peut aussi avoir été provoquée notamment, par des séjours emboîtés dans le temps clic, clac ou cloc, combinés ou non, et/ou avec l’usage excessif du fouitbong.
Nous nous excusons d’en avoir été le déclencheur, même pour sa partie infime, sans aucune relation avec leurs hallucinations. Nous leur préconisons de rompre tout contact avec des individus présentant les mêmes symptômes. Ils entretiendraient leurs délires monomaniaques pouvant déboucher sur une crise mortelle de fièvre afguide. Il conviendrait plutôt d’effacer ce roman de leur mémoire.
À défaut, nous leur conseillons, en cas d’échec, et en dernier recours :
En tout état de cause, nous sommes profondément désolés pour eux et leur souhaitons sincèrement un prompt rétablissement.
Des lecteurs m’ont fait part de leur plaisir en lisant Brandir la vague, un simple roman d’aventures. Alors, j’ai décidé de renouer avec le genre, d’autant que j’ai éprouvé énormément de plaisir à écrire Ouragan sur la mémoire. J’ai donc décidé d’abandonner pour un temps les Chroniques de Pekigniane et de me lancer dans un nouveau genre : le roman policier. C’est la raison pour laquelle, j’ai créé cette nouvelle série : Invitations ciblées sur l’Isle.
Inutile de dire qu’aujourd’hui commettre un crime parfait paraît un peu compliqué. J’ai décidé de relever le défi. J’avoue m’être arraché les cheveux pour choisir le mode opératoire approprié afin de contourner la médecine médico-légale, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, sans oublier les aspects juridiques. Sincèrement, j’ai cru que je ne m’en sortirais jamais. Il suffit d’inventer et d’innover. Après l’Apéritif bleu marine, je me suis rendu compte que finalement, ce n’était pas très compliqué.
Dans ce Banquet asiatique, je me suis confronté à de multiples problèmes techniques et de conscience. Je le rappelle, on se place du point de vue du meurtrier. Finalement, le plus simple a été de les exprimer dans ce roman, au fur et à mesure de son écriture. Mais surtout, j’ai choisi un contexte particulier : celui des élections municipales et du premier confinement. L’organisation de ce crime donne un résultat intéressant et ne reste pas à la portée de tout un chacun, car il nécessite une grande préparation et des complices. Non, comme le précédent, ce n’est pas un mode d’emploi du crime parfait, car là plus qu’ailleurs, il faut bénéficier de nerfs d’acier.
Un dernier détail, chaque personnage, l’Italienne, la Créole, le Japonais et l’Écossaise agrémentent leurs propos d’expressions qui sont propres à leurs langues. Chaque fois que l’une d’elles est utilisée, je l’ai traduite immédiatement après. Les anglophones seront probablement déroutés. Moira ne s’exprime pas qu’en anglais, mais aussi en écossais, notamment à l’hôpital ou quand elle se parle. Il m’a aussi semblé inutile de traduire certains jurons.
Ce roman policier n’a pour but que de distraire et rien d’autre. J’insiste encore en précisant une nouvelle fois que cet ouvrage n’a bien entendu aucun rapport avec la réalité et encore moins avec une situation passée ou présente ou à venir. Je rappelle à ceux qui croiraient reconnaître des personnes ou des situations ayant existé, existantes, ou allant existé qu’ils devraient relire l’Avertissement à la page précédente. Il ne s’agit que de mon délire. Un romancier raconte des histoires pour dévoiler la vérité, alors qu’un homme politique le fait pour la travestir. Rappelez-vous, comme l’a affirmé quelqu’un, ceux qui écrivent des histoires n’ont pas vécu.
Banquet :
Avant, tous veulent y être conviés pour une fête fabuleuse. Pendant, on se saoule pour échapper à l’ennui, pour après se raconter des souvenirs d’histoires grotesques qu’on a entendu dire et qui n’ont parfois jamais existé.
Max Hyme
Asiatique :
Les Asiatiques cachent bien leurs jeux, par devant ils vous font de grands sourires pour mieux vous poignarder dans le dos. D’ailleurs, tout le monde vous le dira, ils sont fourbes et cruels.
Max Hyme
Divergence :
Être juste, c’est non seulement accepter les opinions divergentes, mais admettre que ce sont peut-être les autres qui ont raison. En amitié, pour qu’elles soient durables, il faut aussi que les divergences soient connues et acceptées. C’est ce qui la rend parfois si lente à se consolider.
Max Hyme
Convergence :
Rien, cependant, n’est plus éloigné de l’amitié que le rapport maître-élève. L’ami n’est pas un gourou qui possède la vérité. Sa révélation n’est pas un enseignement. C’est une démarche qui permet de parvenir à la même conclusion en partant de points de vue différents. C’est une convergence dans la vérité. Trente rayons convergent au moyeu, mais c’est le vide médian qui fait marcher le char.
Max Hyme
« I can’t believe it. Je ne le crois pas. C’est parce que je suis une femme que tu dis cela ?
Ce fut Jenny qui finalement me sauva la mise en prenant ma défense.
« Kossassa, ces remarques de machos. On ne va pas changer le menu parce qu’il nous manque quelques ingrédients. Et puis, les invitations sont lancées. Moira et moi, nous sommes beaucoup investis pendant que vous vous la couliez douce. A pas jouet ka tourné se va, il faut s’adapter, quoi ! Et qu’est-ce que vous allez raconter à Kazuo, surtout après ce qu’il a fait pour moi. C’est en partie grâce à lui et à toi aussi Charles que mon mari est passé aux oubliettes.
À ce stade de mon récit, je doute que quiconque comprenne quoique ce soit. Normal, il faudrait tout expliquer depuis le début. Well, je n’ai pas l’intention de vous raconter toute ma vie. Elle vous paraîtrait longue et ennuyeuse. Je vais me cantonner au strict nécessaire, pour la compréhension de la suite. Si au cours des événements, je m’aperçois que certaines précisions manquent, je n’omettrai pas de les apporter. À moins que je ne vous laisse dans le flou, parce que je me serais dit que vous êtes trop indiscret ou trop stupide. Où peut-être simplement que je n’en aurais pas envie, ou pour ne pas perdre le fil de mon récit. Et puis, une Lady conserve ses pudeurs. Alors, soyez gentil, ne m’interrompez jamais, j’ai horreur de cela.
So, bien qu’Écossaise, je parle un français impeccable, meilleur que certains natifs. Je m’appelle Lady Moira Pennyquick et j’habite en France depuis une paire d’années, et à L’Isle-sur-la-Sorgue depuis peu. Merci de ne pas m’interroger sur les raisons de mon installation, cela ne vous regarde pas. Une précision, je ne revendique jamais ici mon titre de noblesse, les Français ont pour trop mauvaise habitude de guillotiner les aristocrates. Un autre détail, je suis née catholique, mais suis athée. J’ai préféré me débarrasser de la foi qui encombre le cerveau pour la remplacer par la raison. On me dit très Britannique, mais certainement pas Anglaise et encore moins Irlandaise. J’aurais accepté à la rigueur, être Galloise, mais je suis Écossaise, j’y tiens. Comme toute personne des Highlands, je roule les R, surtout quand je parle l’anglais et l’écossais. J’affirme ainsi mes origines. Si vous ne comprenez pas tout ce que je dis, vous n’avez qu’à apprendre le Scot.
Well, je ne prétendrai pas que je suis toujours une très belle femme. Pourtant, même encore maintenant, je possède un certain charme suranné et une allure altière incomparable avec mes mèches de cheveux blonds bouclés, mon visage allongé, un peu émacié et mon nez délicat. Ma bouche, aux lèvres fines, sait devenir experte quand elle s’accompagne de ma langue active et pénétrante. Les jaloux me qualifient de maigre, alors que je suis une femme mince aux formes gracieuses et élégantes, mais tonique. Mon ventre plat, mes seins menus et ronds mais fermes ainsi que mes fesses rebondies en font fantasmer plus d’un. Il ne m’est pas très difficile de faire succomber n’importe qui à mon charme. Il me suffit de fixer mon interlocuteur de mon regard pénétrant bleu clair, accompagné d’un léger sourire. C’est une pratique que je maîtrise depuis toujours. You know… Vous savez, je vous promets que cela fonctionne à merveille à chaque fois. Au premier abord, on me situe dans la quarantaine, alors qu’elle n’est plus qu’un lointain souvenir. Mes pattes d’oie autour de mes grands yeux et de petites rides proches de la bouche me trahissent. Le Botox, cela aide. Mes douces mains fines, soigneusement manucurées sont ma fierté, avec ses longs doigts agiles et indiscrets. Cela, malgré quelques veines trop saillantes et la perfidie de taches de vieillesse à mon avis trop nombreuses que j’ai peine à faire disparaître.
Please, il est inconvenant de demander son âge à une dame et de surcroît à une Lady.
Célibataire, je n’ai jamais été mariée et ne le serai jamais. Soyez assez aimable pour ne pas m’en demander la raison. Quant aux enfants, ne me parlez pas de malheur. Une femme s’accomplit très bien sans. Il n’y a que les mensonges de la famille et autre pression sociale pour faire croire à la gent féminine que nous ne pouvons pas nous accomplir sans eux. Je ne vous raconte pas combien de personnes de mon sexe ont dû abandonner leur vie prometteuse pour se consacrer à leurs progénitures sous la domination de leur mari et la tyrannie de leurs deux familles. Beaucoup le regrettent, sans pour autant affirmer ne pas les avoir aimés. Il n’y a aucun rapport entre le soi-disant besoin de procréer et l’amour qu’on éprouve pour un enfant. Quel intérêt de se condamner à vingt ans de travaux forcés et de sacrifier sa vie ? Le besoin biologique, affirmera la faculté sur un ton grave et compassé. Bullshit, pas pour moi en tous cas ! Quant à celles qui la refusent, cette maternité, elles sont qualifiées de vieilles filles, d’asociales, d’hystériques, de lesbiennes, ou de bien d’autres noms d’oiseaux affligeants et dégradants. Sans doute suis-je tout cela à la fois, en même temps qu’une Grande putain, comme me l’a déclaré un jour Charles. Même certaines femmes participent à la curée pour justifier leur absence de choix et leur immobilisme idéologique. Comme beaucoup, elles ont préféré la conformité sociale rassurante, plutôt que de s’interroger sur elles-mêmes et sur leurs désirs réels. De toute manière, il y a beaucoup trop de gens sur terre. Mais, là n’est pas mon propos.
Ah, j’oubliais un détail, je ne travaille pas et ne l’ai jamais fait. Dans ma situation, gagner de l’argent serait indécent. Ma fortune personnelle me permet de vivre comme une vraie Lady riche et oisive. Avec ma sœur Mary, je possède une belle demeure dans le centre historique d’Aberdeen en Écosse, ainsi qu’un ravissant manoir de famille, presqu’un château, isolé près d’un loch. Vous savez, ces lacs noirs et profonds qui inquiètent les touristes. Aucun n’est habité par un quelconque Nessie, ou un fantôme en dehors de ceux de mon passé, ou par quelques Irish bawbags, des cochons d’Irlandais. Je ne parle pas de notre maison londonienne et des quelques immeubles qui ont échappé au blitz pendant la dernière guerre mondiale. Mon compte en banque en ferait rêver plus d’un, sans compter mes actions des Pétroles de Mer du Nord. Je possède aussi d’autres biens ici et là. À Édimbourg, mon cousin, l’homme d’affaires de la famille les gère pour ma sœur et moi. Une noble Lady n’entretient de relations qu’avec sa famille et ne possède pas d’amis. En France, je me suis assise sur cette tradition.
Cela ne signifie nullement que je suis désœuvrée, bien au contraire. D’abord, j’ai un peu voyagé, non comme une indolente Lady fortunée, mais plutôt comme un globe-trotteur. Et surtout, je danse, pas de la danse classique, mais de la danse de salon. Pour moi, c’est un plaisir que de me laisser entraîner dans une valse ou un tango. J’ai adoré le flamenco et les claquettes. C’est grisant, les claquettes jazzy !
Je me suis aussi mise à la peinture. Non, je n’ai pas dévoilé mes paysages oniriques au grand public, je trouve cela trop embarrassant. Pas comme cette soi-disant artiste, qui avant une expo, prétendait, sur un ton mielleux et pompeux, les larmes dans la voix, exhiber son âme. It’s so boring, so tiresome and so flat, je trouve cela ennuyeux à en mourir, et d’une prétention. Certaines ou certains affirmeront de façon péremptoire que je suis jalouse de son succès. Je les laisse dire, cela ne m’intéresse pas. Je n’ai rien à prouver à quiconque. Pour mes créations, question de pudeur ! Je préfère présenter ou même offrir un tableau choisi par mes soins, à une ou un ami, en fonction de ses goûts. Son seul regard en découvrant la toile, exprime plus que ce que pourrait m’offrir les critiques d’art ou le public. Chacune ses petits secrets qu’on ne dénude que dans une tendre et douce intimité.
En toute discrétion, je me suis lancée aussi dans la sculpture sur bois. C’est exaltant, enivrant et presque excitant de se trouver face à une matière brute que l’on doit modeler. Comme le marbre de Praxitèle, c’est un devenir auquel on insuffle une forme et une vie. Le bois ou plutôt les bois sont vivants, passionnants à travailler, car tous différents. Peu importe qu’on utilise les scies, les ciseaux, les gouges, les limes, les meules ou le papier de verre. Donner un poli à des formes figuratives ou abstraites me ravit. Quand l’œuvre est achevée, la caresser de mes mains ou effleurer du bout de mes doigts cette surface lisse et vivante me procure un plaisir charnel d’une grande sensualité. C’en devient érotique.
Vous l’avez compris, je suis une sybarite.
Et surtout, je lis, tant en anglais qu’en français. J’apprends le japonais pour découvrir dans le texte, cette littérature que Kazuo me vante. Selon Sir Winston Churchill, il est une bonne chose de lire des livres de citations, car les citations lorsqu’elles sont gravées dans la mémoire vous donnent de bonnes pensées. J’ai participé, pendant un moment à un club de lecture ici, rue Battisti. En dehors de deux ou trois exceptions, je n’y ai rencontré que de petites gens, qui se piquaient d’être des intellectuelles. Un jour, l’animatrice a prétendu que comme elle, tous recherchaient l’émotion et cela nous animait. Quelqu’un lui a fait remarquer qu’avec la haine et la peur on manipulait les gens. Vexée, elle est alors partie dans un aparté en messe basse, sans plus s’occuper de la réunion. Sauf à la télévision, le rôle d’un animateur n’est pas de faire valoir son opinion, mais au contraire de laisser les autres s’exprimer. Par la lâcheté de son attitude, elle a ainsi démontré sa stupidité et son incompétence ou pour le moins son amateurisme. Bref, je n’y ai rencontré majoritairement que des femmes frustrées qui se prenaient pour je ne sais trop quoi. Parfois même, n’ayant rien à dire, elles commentaient une émission passée la veille à la télévision. Ne possédant pas cette étrange lucarne, je n’y suis pas restée très longtemps.
Quant à la seule librairie, elle est tenue par des personnes du même acabit qui ne propose que les derniers livres à succès. Pour les autres, après vous avoir découragé, on vous propose de les commander, pour les obtenir dans des délais dépassant plusieurs semaines. Cela, s’ils ne prétendent pas que l’auteur n’est pas un vrai auteur et que l’éditeur n’existe pas. Alors, je n’achète plus mes ouvrages qu’en ligne après avoir vérifié qu’ils ne se trouvaient pas chez l’excellent bouquiniste rue Carnot, à côté de la mairie. Flâner et se perdre parmi les rayons me fait toujours rêver. Le propriétaire est un puits de culture. Qu’on évoque simplement un embryon de l’histoire et il vous retrouve le titre et l’auteur avant de vous présenter ce que vous cherchez.
Il paraît que c’est cela la vie de province dans le sud de la France.
Revenons plutôt à mes amis. Annabella Valpolicella, Jenny Feaze, Charles Blitz et Kazuo Matsusake sont les autres copropriétaires, d’un corps de ferme sur deux niveaux, située à L’Isle-sur-la-Sorgue, avenue Aristide Briand, presqu’au centre-ville. Ce bâtiment dispose d’un jardin privatif, de garages et de nombreux espaces communs. Chacun en possède une parcelle de plus de cent mètres carrés. Cela n’a pas été simple, mais nous nous sommes choisis.
Pourquoi, d’un commun accord, avons-nous fait combler la piscine ?
Drôle de question !
Dans mon entourage, en dehors de ma sœur et de mes quatre amis, il y a Madame Jalouse, qui arrive quand on a réussi. Il y a aussi son frère Hypocrite qui lui sera gentil face à moi. Il me critiquera derrière mon dos chez sa cousine Pathétique. Vous savez, celle qui a besoin des malheurs des autres pour exister. En avalant les méchantes paroles qu’on ne profère pas, on ne s’est jamais abîmé l’estomac, comme disait Sir Winston Churchill. Moi, mon petit nom c’est Sourire, quant aux autres : Fuck them ! Bref, je les emmerde tous. Je sais, ce n’est pas le langage d’une honorable Lady. Même si je restais toujours une Lady, suis-je encore honorable ?
Il y a quelque temps, nous avons passé un accord secret entre nous : nous débarrasser de celui ou celle qui nous pourrit la vie. Nous avons décidé de nommer invités, nos victimes. L’opération qui consiste à les éliminer, prendre un repas.
Le premier invité a été le mari de Jenny Feaze. Avoisinant la quarantaine, je l’avais dénichée au club de bridge. Bref, cette splendide métisse, laotienne, amérindienne et européenne vient de Guyane. Elle possède la charmante habitude d’insérer des expressions créoles ou laotiennes dans son discours, même si parfois elle est assez crue. Elle travaille dans une compagnie d’assurances comme enquêteuse, experte ou je ne sais trop quoi. Jenny fabrique des émaux magnifiques, bijoux, assiettes, coupelles et même des compositions qui possèdent l’équilibre des formes et des couleurs originales. Elle appartient aussi à une troupe de théâtre amateur. Périodiquement, des représentations sont données surtout pendant le festival d’Avignon. Je suis allée la voir plusieurs fois et j’aime tant son style que celui de sa troupe. Je dois reconnaître qu’elle joue bien et que n’importe quel rôle lui sied à merveille. Je ne prétends pas cela seulement parce qu’elle est mon amie. Non, je suis sincère. Physiquement, un peu moins grande que moi, elle possède un corps parfait tout en formes idéales et un savoir-faire indéniable. Quand elle le souhaite, elle devient une grande séductrice. Peu importe l’heure du jour ou de la nuit, elle est toujours soigneusement apprêtée, maquillée et manucurée. Belle femme, aux lèvres sensuelles, tout en muscles, un peu dominatrice, mais pas désagréable. Pour ne rien vous cacher, je ne déteste pas. Je dois confesser que je ne reste pas insensible au caramel de sa peau cuivrée… Elle possède l’art de vous rendre passive… bien qu’un peu trop technique. Je n’ignore pas qu’elle utilise ce talent pour délivrer des invitations. J’aime bien parler affaires avec elle de temps en temps. Elle possède le don de bien me faire comprendre le lien entre taux d’intérêt, placements à court, moyen et long terme, variation des taux de change, avec ma situation personnelle, qui pour elle est unique. J’adore. Oh, my God !
Quel rapport, me demandez-vous ?
Vous comprendrez plus tard, ou pas. Il suffit de m’écouter attentivement. Il me semblait d’ailleurs vous avoir demandé de ne pas m’interrompre. C’est agaçant.
Elle est un peu comme Kazuo Matsusake qui, lui, est très Japonais, pas très grand, les cheveux courts, toujours très soigné de sa personne. Un jour, il m’a dit en riant, que les habitants de l’Empire du Soleil Levant se nommaient Japonais pour qu’on ne les confonde pas avec les autres peuples. L’humour nippon est souvent abscons. So, il exerce le métier de traducteur, pour s’occuper, prétend-il. Il n’empêche qu’il est maître de kendo, de karaté, d’aïkido et d’autres arts martiaux, tout en jouant divinement du piano. Cela ne lui interdit pas l’Ikebana ou l’art floral, ainsi que de nous organiser une cérémonie du thé de temps à autre. Issu d’une riche famille aristocratique nipponne, je n’ai toujours pas compris s’il travaille en France, pour le plaisir, par désœuvrement ou pour surveiller notre invitée. Une chienne de Coréenne, comme il aime la désigner avec mépris. Pourquoi souhaite-t-il la faire passer de vie à trépas ? Je n’en ai pas la moindre idée et m’en moque comme d’une guigne. Il voue une haine farouche envers tous les Coréens. Il ne manque jamais l’occasion d’afficher sa morgue à leur égard. À l’origine, c’est avec lui que, tous les deux, nous avons acheté ce bien, pour finalement en vendre des parcelles aux trois autres. Nous avons choisi nos acquéreurs, ensemble. Sa connaissance des haïkus et de la poésie me séduit. Je ne déteste pas échanger sur le sujet. C’est très instructif.
En quoi ?
Écoutez plutôt :
Sur les feuilles de bambous
La grêle dans la nuit
Crépite
Je n’ai pas le sentiment
Que je pourrai dormir seule.
Je vous rassure, ce texte n’est ni de moi, ni de lui, mais de Izumi Shikibu, un célèbre poète du début du 11e siècle.
So, vous avez saisi ?
Non ? Tant pis pour vous. Ou alors, vous comprendrez plus tard, ou… jamais.
Attendez que je vous parle de cette séduisante Italienne exerçant le métier d’infirmière libérale, depuis une paire d’années. She is so cute, so wee... Annabella Valpolicella est une adorable belle femme, toute en formes ravissantes, certes un peu rondelette, malgré sa cinquantaine d’années passées. Avec ses cheveux blond vénitien en cascade, elle allie le charme et l’humour de la dérision propre aux habitants de la péninsule. Elle recueillit l’unanimité. C’est aussi une artiste en son genre. D’abord, elle chante divinement bien et ensuite elle fait de la poterie. Assise devant son tour, elle modèle la matière pour lui donner des formes sensuelles et envoûtantes. Entre ses mains, la glaise prend vie quand elle la pétrit, la pénètre, la triture, la lisse allant jusqu’à la caresser sensuellement. Qui ne souhaiterait pas remplacer cette argile, et s’abandonner entre ses mains. Oh, my God ! Même s’il lui arrive de faire certains écarts, à mon grand regret, elle préfère les hommes. Elle s’était rapprochée de Charles, quand nous délivrâmes notre première invitation au mari de Jenny. Puis leurs liens se distendirent suite aux élections municipales et cessèrent totalement plus tard pendant le confinement. Sur ce dernier point, elle indisposa tout le monde. Un défaut, on le devine, son métier lui interdit de prendre du recul sur les événements actuels. Je ne parlerai même pas de sa naïveté en matière politique. Elle m’exaspère parfois, même si je ne déteste pas peindre des poteries avec elle.
Pourquoi peindre des poteries ?
Ce genre de question a tendance à me faire sourire. Vous souhaitez que je vous explique ?
Well, à chaque fois, trop rarement à mon goût, je vous promets que l’on compare toutes les nuances de gris.
Vous saisissez maintenant ?
Notre premier copropriétaire fut Charles Blitz. Drôle de type que cet ancien juriste à la retraite ! Un peu aventurier, il avait bourlingué un peu partout. Lui aussi pratique les arts martiaux en plus d’être capitaine de marine. Il fait partie de ces rares marins qui ont bouclé le tour du monde. D’ailleurs, il navigue encore sur son voilier pour partir plonger. Chacun son hobby, et la mer n’est pas le mien. So, il a exercé je ne sais combien de métiers ou d’activités à la suite ou en alternance ou concomitamment. À vrai dire, je n’en sais rien. Excellent stratège, c’est le seul qui prétend ne pas avoir d’invité. Personnellement, je n’en crois pas un traître mot. À mon avis, il attend qu’on délivre toutes nos invitations pour nous parler de ce qui le mine. Je ne connais personne qui ne traîne pas de casseroles derrière soi, ou ne cache pas de cadavre dans son placard. Je déteste tâter les faïences, ouvrir les tiroirs, fouiller dans les armoires, forcer les secrétaires, fracturer les coffres pour finalement lire des lettres enrubannées par deux. Cela revient à patauger dans les égouts. Chocking ! Chacun ses pudeurs ! Pourtant, je ne déteste pas l’inviter à boire un Graigellachie. Et il n’est pas en reste, bien que n’appréciant pas particulièrement le whisky.
Pourquoi en boit-il ?
What a funny question! Drôle de question, je pense qu’à sa place, vous feriez sans doute de même.
À propos de pudeur, nous couchons tous ensemble. Vous l’aviez compris, j’espère. Pas en même temps, quoique, mais nous couchons tous ensemble. Je dois confesser que j’aime faire l’amour. Pas comme certaines qui le prétendent, mais qui trouvent toujours un prétexte pour ne pas passer à l’acte. Un homme, une femme, un couple, même deux hommes ou deux femmes, je ne déteste pas, bien au contraire. Une délicate touche de séduction, un frôlement furtif, le tout accompagné d’un regard appuyé plein de promesse… Finalement c’est extrêmement excitant et stimulant d’avoir sous la main, quatre amants potentiels, d’hésiter avec lequel passer ma nuit, et selon mes précieuses envies… choisir quelqu’un d’autre. Un jour, ma sœur jumelle, Mary m’a confié s’être inscrite sur un site de call-girls sur internet. Juste pour ressentir l’émoi d’une rencontre avec un inconnu qu’elle avait sévèrement sélectionné au préalable. Non, elle ne faisait pas cela pour de l’argent. Ce qu’elle m’en avait raconté ne regarde que moi. D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi je vous dévoile cela. Ce n’est pas très intéressant, ni comme histoire ni dans mon récit.
Avec mes amis, j’ai comme les autres élaboré des codes appropriés. Avec Charles, je lui propose de déguster du Graigellachie, un excellent whisky écossais ; avec l’Italienne, je l’invite à peindre ensemble des poteries ; avec Kazuo, quoi de mieux que d’échanger sur des haïkus ; pour la Guyanaise, on parle affaires. Vous avez compris maintenant, je pense. Au fait, même si j’aime bien les hommes, je préfère les femmes. Je ne déteste pas non plus partager d’agréables moments avec Jenny et le Japonais. C’est intéressant pour tout le monde d’associer les affaires et la poésie. Certes, cela reste un peu technique, mais très satisfaisant. Comment procèdent les autres ? Les autres, je m’en moque. Cela me fait sourire de les entendre parler italien, de prétendre vouloir chanter ensemble, s’inviter à prendre un rhum-piment et que sais-je encore. Les garçons, entre eux, conservent une certaine distance. Du moins, je le pense et cela ne m’intéresse pas.
Ma vie intime ne concerne personne. Alors, pourquoi en parler ? Si je raconte cela, c’est juste pour préciser que, contrairement à d’autres, je ne suis pas bloquée par beaucoup d’interdits et que je ne déteste pas certaines pratiques ni utiliser certains accessoires. Peu importe ! C’est sans doute pour cela que Charles m’a affirmé que je pouvais utiliser le sexe comme arme. Un jour, pour le mettre mal à l’aise, je me suis qualifiée de Grande putain. Il en était gêné le malheureux. Il n’empêche que grâce à ce talent, nous avons pu délivrer notre première invitation, même si Kazuo a dû payer de sa personne. C’est aussi à partir de ce jour qu’avec Jenny nous nous sommes rapproché tous les trois. Pendant ce temps-là, Charles et Annabella ont tissé une idylle qui n’a pas duré. Certes, ces deux-là nous ont permis de déguster un Apéritif bleu-marine bien mérité. Il était délicieux, plein de surprises et de saveurs inconnues.
Well,