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La fée Viviane vous supplie de la rejoindre à Avallon pour échapper à la terrible Banshee qui va vous emporter en vous promettant les flammes de l’enfer. Seulement, les fées n’existent pas et moi, Annabella, j’ai élaboré un scénario délirant pour éliminer ce cochon d’Irlandais et commettre un nouveau crime parfait. De quelle manière ? C’est très facile. On amène un SDF inconnu au suicide dans une affaire criminelle qui n’en est pas une. Cette mise en scène vous semble-t-elle alambiquée ? Et si nous dînions rien que tous les deux dans un lieu fabuleux ? Là, je vous l’expliquerai dans le détail pendant que vous dégusterez les mets savoureux préparés rien que pour vous. Vous allez adorer. Alors, vous venez ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fortement influencé par les mouvements sociaux de Mai 1968,
Bruno Benattar milite activement dans des mouvements pacifistes, non marxistes et non violents, tout en pratiquant les arts martiaux, encore aujourd’hui. Refusant de s’intégrer dans la vie professionnelle, il visite le monde et exerce les métiers de moniteur de voile et de plongée bouteille. Pendant de nombreuses années, il navigue sur son voilier. Pendant près de trente ans, il travaille comme consultant en droit social, après avoir repris des études de droit. Il publie plusieurs articles et ouvrages spécialisés dans le domaine du droit du travail.
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Seitenzahl: 356
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Bruno Benattar
Festin celte
Invitations ciblées sur l’Isle
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bruno Benattar
ISBN : 979-10-377-7919-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dessin de Arnaud Finance, dit Flam
Déjà parus dans la série « Aventures » :
À paraître dans la série « Aventures » :
Déjà parus dans la série « Invitations ciblées sur l’Isle » :
Déjà parus dans la série « Les chroniques de Pekigniane » :
À paraître dans la série « Les chroniques de Pekigniane » :
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Toute ressemblance avec des personnes, des événements ayant existé, existant ou qui existeront n’est que le résultat soit d’une malencontreuse coïncidence, soit de la prise inconsidérée de psah ou de toutes autres substances hallucinogènes licites ou prohibées, soit de leur propre délire sans aucun lien avec autre chose que leur dysfonctionnement mental. Cette impression de similitude pourrait aussi être provoquée par des séjours emboîtés dans le temps clic, clac ou cloc, combinés ou non, et/ou avec l’usage excessif du fouitbong.
Nous nous excusons d’en avoir été le déclencheur, même pour sa partie infime, sans aucune relation avec leurs hallucinations. Nous leur préconisons de rompre tout contact avec des individus présentant les mêmes symptômes. Ils entretiendraient leurs délires monomaniaques pouvant parfois déboucher sur une crise mortelle de fièvre afguide. Il conviendrait plutôt d’effacer ce roman de leur mémoire.
À défaut, nous leur déconseillons en cas d’échec, et même en dernier recours :
En tout état de cause, nous sommes profondément désolés pour eux et leur souhaitons sincèrement un prompt rétablissement.
Des lecteurs m’ont fait part de leur plaisir en lisant Brandir la vague, un simple roman d’aventures. Alors, j’ai décidé de renouer avec le genre, d’autant que j’ai éprouvé énormément de plaisir à écrire Ouragan sur la mémoire. J’ai donc décidé d’abandonner pour un temps les Chroniques de Pekigniane et de me lancer dans un nouveau genre : le roman policier. C’est la raison pour laquelle, j’ai créé cette nouvelle série des Invitations ciblées sur l’Isle.
Inutile de dire qu’aujourd’hui commettre un crime parfait paraît un peu compliqué. J’ai décidé de relever le défi. J’avoue m’être arraché les cheveux pour choisir le mode opératoire approprié afin de contourner la médecine légale, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, sans oublier les aspects juridiques. Sincèrement, au début, j’ai cru que je ne m’en sortirais jamais. Il faut juste inventer et innover. Après l’Apéritif bleu marine, je me suis rendu compte que finalement, ce n’était pas très compliqué. Fort de ce succès, j’ai continué sur ma lancée avec le Banquet Asiatique et l’Assurance d’un bon repas.
Non, comme les précédents, ce n’est pas un mode d’emploi du crime parfait. Ce n’est qu’un roman policier qui n’a pour but que de distraire, rien d’autre, quoique…
Dans ce Festin celte, le dernier de la série, mais le deuxième chronologiquement, j’ai voulu mélanger le monde de l’illusion avec celui de la réalité en faisant croire au merveilleux. Certains reconnaîtront la construction et le style narratif de Robert Pirsig dans son Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes. Ce roman remarquable devint un best-seller après avoir été refusé par un très grand nombre d’éditeurs. Lui-même s’inspire d’un autre ouvrage : Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, d’Eugen Herrigel. Pour les passages avec les fées, H.P. Lovecraft et Robert E. Howard m’ont fortement guidé.
Cet assassinat reste réalisable, et ne nécessite finalement que des talents d’acteur. Il demeure à la portée de tout un chacun, même s’il nécessite une certaine préparation et des complices, ainsi que pas mal d’argent. Un dernier détail : les personnages de ce roman usent et parfois abusent de langues étrangères, notamment Annabella de l’Italien. Cette langue est beaucoup plus imagée que le français. Je me suis laissé aller, parfois à certains jeux de mots difficilement traduisibles et m’en excuse. Cela irrite parfois les autres personnages qui le lui font savoir. Toutefois, afin de ne pas dérouter le lecteur, je me suis toujours efforcé de traduire au plus près leurs propos, dans la phrase qui suit cet emploi. Je me suis refusé à l’utilisation de la note de bas de page. En outre, je ne doute pas que certains lecteurs apprécieront les références aux chansons d’Adriano Celentano.
Il n’y aura pas, a priori, de cinquième volume dans la série. La Feijoada brésilienne ne sera jamais écrite, contrairement à ce qu’un lecteur attentif et passionné pourrait espérer. L’invitation de la femme de Charles restera un mystère, même si dans l’Assurance d’un bon repas, on a obtenu quelques éclaircissements. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas la moindre idée de la façon de procéder. Si un jour, un éclair de génie me traverse l’esprit, alors ce roman verra le jour.
Cette histoire n’a bien entendu aucun rapport avec la réalité et encore moins avec une ou des situations passées ou présentes. Aucun événement décrit ne s’est jamais produit, n’est en train de se produire et ne se produira jamais. Aucun personnage n’est réel. Il ne s’agit que de mon délire. Pour ceux qui douteraient encore, je les renvoie au texte de l’Avertissement.
Rappelez-vous, comme me l’a affirmé quelqu’un, ceux qui écrivent des histoires n’ont pas vécu.
Festin :
Un festin vaut mieux qu’un destin.
Max Hyme
Celte :
Les gens prétendent que les traditions celtes se sont dissoutes dans les brumes d’Avallon. Alors qu’elles sont toujours présentes comme les fées et les sorcières.
On parle toujours des Chauds-Latins, mais on évoque rarement les Chauds-Celtes de l’archiduchesse. D’ailleurs, les vieux Celtes sont toujours férus de spectacles et ils préfèrent se passer de chemises que de spectacle.
Max Hyme
Carte :
L’imprévu n’est pas l’impossible, c’est une carte qui est toujours dans le jeu. Chez nous, on mangeait à la carte. Seul, celui qui tirait l’as de pique mangeait.
Tous les abrutis devraient inscrire sur leur carte de visite qu’ils sont des abrutis afin de ne tromper personne. Mais la discrétion est ma devise. Alors, sur ma carte de visite il n’y a rien d’écrit.
Max Hyme
Fées :
Chaque fois qu’un enfant dit : « Je ne crois pas aux fées », il y a quelque part une petite fée qui meurt.
Max Hyme
Certains pourraient penser qu’être une fée ne comporte que des avantages, surtout en pays celte. Eh bien pas du tout. D’abord, c’est compliqué. Ensuite, toutes les fées ne se ressemblent pas. Chacune remplit un rôle et possède un certain nombre d’attributs distinctifs et spécifiques. Il convient donc de ne pas se fourvoyer. Il est vrai que pour le commun des mortels une fée reste une fée. En revanche, si on dialogue un tant soit peu avec un humain, il reconnaîtra aisément qu’on peut être confronté à deux types de fées : les bonnes fées comme la fée Clochette et les méchantes fées comme la fée Carabosse.
Nous y voilà ! C’est dit.
En réalité, les choses sont beaucoup plus complexes. Il n’existe pas de gentilles fées et de méchantes fées. Nous, les fées, vivons dans un monde surnaturel dans lequel la notion de bien et de mal ne possède aucun sens. Nous sommes étroitement liées au concept de monde parallèle, tel qu’évoqué dans la mythologie celtique, gaëlle, picte, ou autre. Le plus souvent, nous habitons de fabuleux palais ou châteaux, situés au fond des eaux comme la cité d’Ys, ou sur des îles enchantées, telle la mythique Avallon. Un éternel printemps et un doux zéphyr agrémentent ces lieux magiques où ne règnent que grâce et beauté. Ces lieux merveilleux de l’Autre Monde peuvent parfois être découverts par un homme lors d’un voyage ou d’une quête. Pour me divertir, je peux aussi inviter un humain et l’y conduire.
D’autres fées résident ailleurs, dans des forêts profondes comme celle de Brocéliande ou dans les Royaumes des Ténèbres. Eh oui, il existe plusieurs Royaumes des Ténèbres. Même si beaucoup d’humains ont choisi de les oublier, aucune fée n’ignore le plus terrible de tous. Placé sur l’île maudite de Dal-Sagoth, il plonge dans la noirceur des entrailles de la Terre. Là-bas y sévissent Gol-Goroth le Dieu oublié de la Noirceur et Dal Sadoul, le Dieu maudit des Supplices, l’abominable Yogh-Sothot, le répugnant Chtulu, ainsi qu’une meute de cruels Dévoreurs aux griffes acérées. Accompagnés d’autres créatures maudites des hommes et des Dieux, ils se livrent à des rites insanes dans la Caverne des Tourments, sous la lumière malsaine de la Lune Sanglante. Dans ce lieu maudit prennent naissance les siècles angoissants, le calvaire des cauchemars, les affres de la folie, la souffrance du martyr.
Personne n’est à l’abri d’un enlèvement féerique. Celui-ci peut ne durer qu’un temps ou pour toujours. Il se révèle plus ou moins dangereux pour le kidnappé, voire mortel, s’il n’est pas déjà mort. Moi, à certains captifs, je leur offre une vie joyeuse, pleine de plaisirs, de charmes et de sensualité dont on n’a aucune idée compte tenu de l’étroitesse d’esprit du commun des mortels. Si cela dure longtemps ? Jusqu’à ce que je me lasse de ce nouveau compagnon.
Toutes ne sont pas comme moi. Par exemple, mon amie, la fée Banshee ne dispense que supplices sur l’Île maudite de Dal-Sagoth. Elle ne prend plaisir qu’en martyrisant sans relâche ses victimes. Tous redoutent de tomber entre ses mains. Elle sème l’effroi partout où elle passe. C’est dans sa nature et personne n’y peut rien. Toutes les deux, nous adorons jouer avec les humains. Alors parfois, nous leur offrons des plaisirs dont les noms n’ont pas encore été inventés. Ou alors, nous les tourmentons sans relâche jusqu’à ce qu’ils se donnent la mort dans leur folie, croyant nous rejoindre, ou pour éviter de le faire. Parfois même, nous les tuons lentement. Peu importe ce que nous offrons, certains s’en satisfont quand d’autres désirent ardemment revoir le monde des humains, leurs vieux amis et leur famille. De toute manière, à moins qu’ils ne se transforment eux-mêmes en lutins ou autre créature féerique, je ne laisse pas les humains rester très longtemps avec moi. S’ils ne sont pas morts, de retour chez eux, ils regrettent leur départ. Les gens ne connaissent pas leur bonheur et ne savent pas ce qu’ils veulent. Parfois, lasse, je les offre à La Banshee pour son plus grand plaisir malsain. Je me contente d’être la spectatrice de son atroce cruauté.
Il est nécessaire de raconter la vraie nature d’une fée et surtout la mienne.
Je suis un être légendaire, anthropomorphe et féminin, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d’influencer le destin. Une fée est surtout d’une grande beauté. Bien entendu, en toute modestie, je n’échappe pas à la règle, comme mon amie La Banshee.
Je suis une adorable belle femme, toute en forme ravissante et à la chair ferme. Je prends toute ma dimension dans le mouvement en occupant pleinement l’espace. Mes gestes transpirent la sensualité. Ma voix légèrement rauque se découvre chaude et enivrante. Mon odeur, épicée, légèrement musquée, fait tourner la tête de n’importe qui. Je transpire la sensualité. Je suis désirable au-delà de ce qu’on peut imaginer.
Mon visage rond s’agrémente de pommettes légèrement saillantes, d’un nez fin, de lèvres sensuelles, charnues, perpétuellement entrouvertes, sur lesquelles se dessine toujours un léger sourire prometteur et enjôleur. Mes yeux verts lisent en chacun, comme dans un livre ouvert. Mes cheveux blond vénitien en cascade, ma peau dorée et mes taches de rousseur me donnent un air mutin et ravissent. Quelques mèches folles barrent mes joues. Elles ajoutent ainsi, une note personnelle de charme, voire d’excentricité. Ma bouche s’accompagne souvent d’un sourire charmeur ou d’une moue suggestive.
Je m’arrange toujours pour mettre en avant mes formes envoûtantes. Le galbe de mes jambes minces n’a d’égal que la finesse et la souplesse de mes bras. Malgré mes vêtements, on devine la rondeur de mes seins fermes. Qui ne rêve pas de s’emparer de ma poitrine arrogante aux auréoles sombres jusqu’à saisir mes tétons turgescents. Ils font fantasmer quiconque y pose son regard. Qui ne désire pas empoigner mes fesses rondes à pleines mains pour les écarter ? On voudrait les ouvrir pour se perdre dans ce qu’elles suggèrent. Qui n’aurait pas envie de caresser ma peau aussi douce que la soie ? Légèrement ambrée, elle est parsemée de taches de soleil. On la devine exquise, douce et soyeuse. Quand je le souhaite, je me transforme subitement en l’objet de tous les désirs et de tous les fantasmes les plus débridés, balayant tous les autres.
Mon corps de rêve n’est pas mon seul atout de séduction.
Mon rire cristallin opère comme le chant des sirènes. Ulysse lui-même aurait succombé à mes chants. Il me suffit d’ôter mes gants, pour dévoiler mes mains soignées. Longues et fines, elles semblent musclées et pourtant plus douces encore. Mes caresses aériennes exacerbent toute la sensualité. Avec un regard enjôleur, j’effleure d’abord du bout des doigts pour ensuite lisser divinement la soie de la peau, puis pétrir doucement un corps extasié, malléable comme de la glaise, pour finalement susciter des frissons en pinçant doucement et griffant gentiment un épiderme frémissant et laissant s’enfoncer mes ongles dans les chairs, pour enfin plaquer ma main sur la bouche de mon partenaire pour l’empêcher de hurler son plaisir. Je le remue jusqu’au plus profond de sa sève et pour finir le couvre de doux baisers. Je suis une jouisseuse, une sensuelle pétillante. Mais pas avec n’importe qui !
Le plus souvent, mon charme opère sans que j’aie besoin de me déganter pour toucher ma victime. Parfois, un seul regard prometteur suffit, surtout lorsqu’il s’accompagne de serments que je ne tiendrai jamais. Les humains deviennent alors mes marionnettes et je peux commencer à me divertir avec mes compagnons de l’Autre Monde. Je ne me lasse jamais de m’amuser à leurs dépens jusqu’à leur faire perdre tout sens commun et parfois la raison. Il faut les voir errer dans la lande en hurlant et en lançant des prières au ciel pour me retrouver. Là, ils sont mûrs. Il ne reste à la Banshee qu’à ramasser ces loques humaines pour les transformer en joujoux et lui permettre d’exercer toute sa cruauté malsaine. Parfois, nous faisons l’inverse. La Banshee les terrorise et moi je viens les sauver. Ne vous méprenez pas, leurs histoires finissent toujours mal… pour eux. Quant à nous deux, nous n’avons plus qu’à choisir une nouvelle victime pour nous distraire.
Je sais, l’idée que l’Homme se fait des fées, varie selon les cultures et les pays. Revenantes, anges déchus, êtres élémentaires ou même humains, minuscules ou immenses, toutes sont étroitement liées aux forces de la nature et au concept de monde parallèle. La Befana, la Dame blanche, les sirènes, les nymphes, Morgane, Viviane et une grande variété d’êtres et de créatures généralement féminines peuvent être considérés comme des fées. Les Anglo-Saxons utilisent le nom fairies pour désigner les fées, mais également toutes les créatures anthropomorphes du folklore païen telles que les lutins, les nains et les elfes.
Pour les humains, leurs existences proviennent des croyances populaires, de mythologies anciennes perdues dans la nuit des temps, de la littérature inspirée du folklore et des contes celtiques, gaëls ou pictes, ainsi que d’anciennes divinités oubliées. Les fées jouent des rôles très variés. Si certaines aident, soignent, guident des personnes ou leur fournissent des armes enchantées, d’autres fées sont plus connues pour leurs tours, leur habitude de danser en cercle et d’enlever des personnes pour les tourmenter. Douées de facultés magiques, elles se déguisent et modifient l’apparence de ce qui les entoure.
Personne n’ignore la fée Viviane. Pourtant, compte tenu de mes origines, j’aurais préféré devenir la Befana. Mais, opérant en Grande-Bretagne et sur ma future victime empreinte de folklore écossais et irlandais, j’ai préféré endosser les attributs de la fée Viviane, c’était plus simple. Là-bas, nul n’ignore la fée Viviane ou pire encore La Banshee.
Il ne faut pas croire que je sois la plus sublime, la plus belle, la plus douce et la plus séductrice des fées avant de vous avoir présenté mon amie La Banshee. Personne n’ignore qu’elle est aussi l’Ange de la mort. Elle est le négatif d’une autre moi-même. Autant je suis douce, autant elle est violente ; autant je suis bonne, autant elle est mauvaise ; autant je suis séductrice, autant elle est cruelle. Sa beauté vénéneuse est tellement attirante et séduisante… Elle fascine ses proies comme un cobra.
Qui en douterait en contemplant cette femme, pas très grande, dépassant à peine le mètre soixante pour quarante-deux kilos ? Plus petite que moi, elle possède un corps parfait tout en formes idéales et un savoir-faire perfide indéniable. Même moi, je redoute de succomber à ses charmes envoûtants.
Je ne me lasse pas de contempler avec dévotion ses fesses rebondies et sa peau caramel. Je la devine si douce avec ses longs cheveux noirs. Sa poitrine ronde, aux tétons brun foncé, durs comme le roc, me fascine. Son ventre ferme et plat ainsi que le galbe de ses jambes damneraient n’importe qui, même moi. Son corps d’une souplesse surprenante reste musclé et ferme. Son visage aux pommettes saillantes s’agrémente d’une bouche sensuelle aux lèvres épaisses aux coins légèrement tombants. Cette moue naturelle lui donne un air boudeur. Ah, sa bouche, prometteuse de baisers passionnés et vénéneux… J’en rêve parfois tant elle m’ensorcelle. Ses deux yeux dorés éclairent son joli minois agrémenté de taches de rousseur. Malgré les apparences, elle n’est pas l’ingénue qu’on imagine. Quand elle le souhaite, elle devient une grande séductrice pernicieuse. Je ne peux rester indifférent à cette néfaste femme splendide, à ses lèvres charnues et sensuelles, à ses membres qui s’enroulent et étreignent comme jamais, à ses mains vigoureuses avec ses ongles cruels et écarlates faits pour lacérer les chairs. Une vraie dominatrice impitoyable, avec ses crocs sanguinolents qu’elle ne dévoile qu’au dernier moment pour déchirer les âmes. Toute en muscles longs, cette Cruella possède l’art et la manière de caresser jusqu’à exacerber les désirs les plus débridés et les plus fous. Je ne détesterais pas… Bref, le charme de cette femme me bouleverse, même moi une fée. Je ne peux rester insensible au ton cuivré de sa peau. Aujourd’hui, n’importe qui la qualifierait de belle salope, tandis que moi, je ne suis qu’une sensuelle pétillante.
Comme toutes les fées, j’opère rarement seule. Cela tout le monde l’avait déjà compris. Deux lutins nous assistent. Fir-Darry est mon complice de toujours, quand la Banshee utilise souvent Lurikeem comme esclave. Je ne dirai pas grand-chose sur mon compagnon. Il est plutôt pas mal, prévenant, attentionné et spirituel. Surtout, il me fait rire car il manie l’humour à la perfection. M’arrive-t-il d’avoir des relations intimes avec lui ? Chut, inutile de le répéter à quiconque, car depuis quelque temps, je suis tombée amoureuse de lui. Comment cela s’est-il produit ? Je le raconterai une autre fois. Il est quasiment impossible pour une fée de ne pas rechercher le plaisir en accomplissant ses tours. Alors vous imaginez bien que La Banshee et Lurikeem… Comment est-il ? Il n’est pas mal non plus, mais parfois trop méthodique. Enfin, personne ne doute de cette situation scabreuse.
Accidenti ! Aucun individu tant soit peu censé ne va avaler toutes les sornettes que je viens de raconter à propos des fées, des lutins, des elfes et du reste. Nul n’est tout de même assez crédule à ce point, quand même ! Je ne suis pas plus une fée que quiconque, et mes amis n’ont de lutin que le nom qu’ils se sont donné.
Ma Allora, cos’è quel casino ? C’est quoi alors ce pataquès ?
Je vais tout expliquer. Il va falloir mettre de côté la morale bourgeoise, les a priori étroits, le politiquement correct et la langue de bois qui emprisonnent chacun dans le carcan de la similitude et de l’étroitesse d’esprit. Abandonnons donc ces concepts débiles à la mode et laissons se débrider l’imaginaire. Parce que finalement, à force de vouloir rentrer dans le moule de la conformité, on en devient tarte. Ne sale, ne pepe, comme on dit chez moi, ou sans couleur et sans saveur, comme on dit ailleurs.
Pour être sincère, je ne sais pas par où commencer. Je vais procéder par étape pour essayer de dresser un tableau précis de la situation et de nos projets.
Comme on le comprend aisément, je suis italienne, et comme les habitants de la péninsule j’allie toujours le charme, l’élégance et l’humour de la dérision. Je ne déteste pas laisser libre cours à mes rêves les plus fous et à mes fantasmes débridés. Je m’appelle Annabella Valpolicella. Je suis, hélas, mariée, mais séparée, d’avec Mauro, une erreur de jeunesse. Sincèrement, je n’ai pas envie de parler di questo disgrazziato chè mi fa schiffo. Cet enfoiré me dégoûte et me pourrit la vie au quotidien. L’endroit où nous habitions avant ne revêt aucune importance dans cette histoire. Depuis notre séparation, il réside à Nice. Quant à moi, j’exerce la profession d’infirmière à titre libéral en France à L’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse. Un dernier détail : j’adore chanter les succès d’Adriano Celentano, comme d’autres Johnny Halliday.
Il y a quelque temps, j’ai fait l’acquisition pour une somme dérisoire, à côté de la Pampa, l’ancienne biscuiterie, pour ceux qui connaissent, d’un lot à l’intérieur d’une ancienne ferme en U, avenue Aristide Briand. Ce bâtiment avait été scindé en cinq parcelles de plus de cent mètres carrés. Chacune d’elle a trouvé un acquéreur différent. Nous vivons en copropriété, et bénéficions chacun, en plus d’une cour en commun, d’un jardin privatif et d’un garage. Chacun a aménagé son logis à son goût. Jusque-là, rien de très banal. Sauf que… Pour bien comprendre la situation, il faut que je vous parle dans le détail de mes voisins et de nos activités communes.
La première à s’installer ici fut Lady Moira Pennyquick. En réalité, elle a acheté l’ensemble des bâtiments, et les a vendus séparément. Non, ce n’était pas une opération immobilière. Elle a juste choisi les personnes à qui elle consentait à vendre. Pas question pour elle, de s’encombrer de couples avec des enfants ou de personnes âgées avec des petits-enfants et encore moins d’adeptes de ménagerie avec des animaux de compagnie. Au départ, elle proposait un prix bien au-dessus de la valeur du marché. Si le futur propriétaire lui convenait, elle était prête à négocier dans des proportions plus qu’alléchantes. Ainsi le prix de vente de mon bien a été divisé par trois par rapport au prix annoncé.
Bien qu’elle ne soit plus de première jeunesse, c’est toujours une très belle femme. Elle possède un certain charme suranné et une allure altière incomparable avec ses mèches de cheveux blonds bouclés, son visage allongé, un peu émacié, son nez délicat et sa bouche aux lèvres fines. C’est une femme mince aux formes gracieuses et élégantes, mais toniques. Pour l’avoir déjà vue en maillot de bain et même dans son simple costume d’Ève, son ventre plat, ses seins menus et ronds mais fermes ainsi que ses fesses rebondies font fantasmer. Pero, non sono lesbica per niente. Pourtant, je ne suis pas du tout lesbienne. Elle ne manque pas de faire succomber n’importe qui à son charme. Il lui suffit de fixer mon interlocuteur de son regard pénétrant bleu clair, accompagné d’un léger sourire. Cela fonctionne à merveille à chaque fois. Au premier abord, on la situe dans la quarantaine, alors qu’elle n’est plus qu’un lointain souvenir. À mon humble avis, elle s’approche plus de la soixantaine. Ses pattes d’oie autour de ses grands yeux clairs et de petites rides proches de la bouche la trahissent, ainsi que quelques veines trop saillantes. Ce qu’il y a de plus fascinant chez elle, ce sont ses mains fines, soigneusement manucurées, toujours en mouvement, avec ses longs doigts agiles. Et elle ne l’ignore pas.
Je précise qu’elle est écossaise. Personne ne doit jamais raconter qu’elle est anglaise et encore moins irlandaise, elle considérera cela comme un affront personnel. Cette riche oisive s’est installée en France depuis des lustres. Cette grande cérébrale adore la littérature, pratique la peinture, la sculpture sur bois et joue plus qu’honorablement au bridge. Ah, j’oubliais, elle pratique aussi la danse de salon. Je ne lui ferai qu’un seul reproche : sa cuisine est ignoble. Porca miseria, je me demande comment il est possible de préparer des plats aussi mauvais. C’est tellement infect, que lorsqu’elle nous invite à manger chez elle, on amène tous quelque chose. Son café, un acquasporca, ressemble à une eau sale. Voyant notre air dégoûté, elle a investi récemment dans un percolateur à capsules. En revanche, elle possède des bières de qualité et d’excellents whiskies à se damner. Un dernier détail, ne lui parlez jamais des Irlandais qu’elle qualifie tous de cochons d’Irlandais. Inutile de demander pourquoi, je l’expliquerai plus tard.
È elementare. Elle plaît à la gent féminine. Même si elle ne déteste pas passer un moment avec un homme, Moira préfère les femmes. Je sais qu’elle pratique parfois l’amour à plusieurs. Pour elle, le sexe est un instrument de plaisir ainsi qu’une arme. C’est une des raisons pour laquelle elle se qualifie parfois de grande putain.
On pourrait se poser une question, alors autant anticiper cette interrogation.
Je dois raconter dans le détail ce qui s’est passé.
Je pratique la poterie. Un jour, assise devant mon tour, je modelais la matière pour lui donner des formes sensuelles et envoûtantes. De passage chez moi, Moira me demanda d’essayer. Elle s’installa devant l’établi. Entre ses mains, la glaise prit vie quand elle la pétrit, la pénétra, la tritura, la lissa allant jusqu’à la caresser sensuellement. Je trouvais ce spectacle hautement érotique. J’avoue avoir souhaité remplacer cette argile, et m’abandonner entre ses mains expertes. Si elle décela mon trouble, elle n’en laissa rien paraître. Après avoir terminé son ouvrage, elle me proposa que l’on peigne ensemble chez elle, plusieurs autres poteries achevées. Et nous voilà parties toutes les deux, les bras chargés de mes œuvres. Elle en profita pour me faire visiter son atelier et m’initia aux différents pigments et à la manière de les appliquer. Après m’avoir montré comment procéder, elle plaça un pinceau entre mes mains. Debout derrière moi, elle ne manquait pas de me prodiguer ses conseils avisés. Au bout d’un moment, constatant ma maladresse, elle s’assit à mes côtés et prit ma main pour mieux la guider.
Après, je suis incapable de dire ce qui s’est réellement passé, sauf que mes fantasmes m’assaillirent. Après avoir achevé un vase, nos visages se seraient fait face et nos lèvres se seraient rejointes ? Ses mains me fascinaient. J’aspirais à les voir déboutonner mon corsage. De l’une, elle me caresserait le visage quand l’autre se glisserait lentement sous mon corsage pour effleurer gentiment ma peau. Elle se hasarderait sur ma poitrine à la recherche de mes mamelons qu’elle pincerait doucement, en me regardant en souriant. Bien que surprise par tant d’audace, je fermerais les yeux et m’abandonnerais au plaisir suave qu’elle me prodiguerait. Ce serait divin.
L’idée même du parfum de sa nudité m’enivrerait. Sa peau, telle une mer onduleuse et régulière, attirerait mes caresses, quand ses mains impatientes et avides découvriraient l’anse de mon ventre, bercé par le flot des marées.
Ce l’ha piccolo, tranquilo ! Mais quelle garce !
Mais où donc se place la frontière entre le fantasme et le passage à l’acte ?
Je ne suis pas une adepte des relations saphiques. Cela m’était arrivé durant ma jeunesse, plus par jeu ou par curiosité que par goût. Les relations avec les femmes, ce n’est pas mon truc. Non sono lesbica per niente. Je ne suis pas du tout lesbienne.
S’il nous est arrivé de mettre cela en pratique ? Je lui avais confié que j’aimais les hommes et que je n’avais pas très envie de ce type de relation. Si un jour, je lui proposais de peindre ensemble des poteries…
L’autre occupante est Jenny Feaze. Cette splendide métisse constitue un savant mélange, de Laotienne, Amérindienne et Européenne, venant de Guyane. Elle possède la charmante habitude d’insérer parfois des expressions créoles ou laotiennes dans son discours, même si parfois elle est assez crue. Elle travaille pour une compagnie d’assurances comme responsable de la Région PACA en Avignon. Pendant ses temps de loisir, elle fabrique des émaux magnifiques, bijoux, assiettes, coupelles et même des compositions qui possèdent l’équilibre des formes et des couleurs originales. Elle appartient aussi à une troupe de théâtre amateur. Je dois reconnaître qu’elle possède un talent certain d’actrice, comme la suite des événements me l’a démontré. En outre, Jenny est parfois très caricaturale, voire outrancière.
Elle aussi bénéficie d’une sexualité totalement débridée. Hommes, femmes ou les deux, peu importe, pourvu qu’elle prenne son pied comme elle dit. D’ailleurs, elle se qualifie elle-même de belle salope. Je dois avouer qu’autant avec Moira, ce serait doux, sensuel et attentionné, autant avec elle, ce serait débridé et violent. Elle ne cache pas raffoler des sex-toys et en possède une collection impressionnante dont elle possède une parfaite maîtrise. On ne va pas épiloguer là-dessus.
S’il m’est arrivé de coucher avec elle ? Quelle indiscrétion !
Non sono una lesbica del cazzo. Se l’ho fatto, non me lo ricordo. Il me semblait avoir précisé que je ne suis pas une sale gouine et que… si je l’ai fait, je ne m’en souviens pas.
Maintenant, laissez-moi parler des deux hommes qui partagent ce bâtiment.
Le premier, Kazuo Matsusake, est très Japonais, pas très grand, cheveux courts, toujours très soigné de sa personne. Je crois que, à l’origine, lui et Moira ont acheté ce bien, pour finalement en vendre des parcelles à trois autres personnes. Son humour est souvent abscons. Il exerce le métier de traducteur, pour s’occuper, prétend-il. Il n’empêche qu’il est maître de kendo, de karaté, d’aïkido et d’autres arts martiaux, Cela ne lui interdit pas l’Ikebana ou l’art floral, ainsi qu’organiser pour nous, une cérémonie du thé de temps à autre. Issu d’une riche famille aristocratique nipponne, je n’ai toujours pas compris s’il travaille en France, pour le plaisir, par désœuvrement ou pour surveiller une chienne de Coréenne, comme il aime la désigner avec mépris. Pourquoi souhaite-t-il la faire passer de vie à trépas ? Je l’ignore. D’après ce que j’ai compris, il s’agirait d’un antagonisme opposant les deux familles, datant de la dernière guerre mondiale. Résultat, il voue une haine farouche envers tous les Coréens. Il ne manque jamais l’occasion d’afficher sa morgue à leur égard.
Il possède une autre qualité. Il joue divinement bien du piano. Alors, il nous arrive de travailler ensemble. Comme toute Italienne, l’opéra et le chant en général, est une seconde nature. Un soir, après avoir répété ensemble du Verdi, il m’invita à partager un repas traditionnel japonais. Rien ne manquait, ni la soupe miso, ni les sushis et les sashimis accompagnés de gingembre mariné dans le vinaigre ainsi que le wasabi. Le gâteau à la confiture de haricots rouges m’a surprise, mais pourquoi pas ? Je dois reconnaître qu’après plusieurs coupes de saké, des bouffées de chaleur m’ont submergée. Avec lui, c’est toujours un peu technique et du coup ça en devient parfois très chiant. Alors, quand j’en ai envie, je lui propose de faire de la musique ensemble. Cela ne signifie pas pour autant que chaque fois que nous travaillons ensemble nous finissons au lit. D’après ce que j’ai compris, il aime bien passer ses soirées avec Jenny, surtout quand Moira se joint à eux. Avoir des rapports à plusieurs n’est pas mon genre et surtout, je ne suis pas lesbienne et encore moins une partouzarde. Dans mes rapports intimes, je reste très classique.
Je ne peux pas ne pas parler de Charles Blitz. D’autant que depuis quelques mois, nous filons tous les deux le parfait amour. Drôle de type que cet ancien juriste à la retraite ! Un peu aventurier, il a bourlingué un peu partout. Lui aussi pratique les arts martiaux en plus d’être capitaine de marine. Il fait partie de ces rares marins qui ont bouclé leur tour du monde. D’ailleurs, il navigue encore sur son voilier pour partir plonger. Comme toute Italienne, la mer est indissociable de mon mode vie. Parfois, nous partons naviguer tous les deux. C’est grisant. En posant mon sac à bord, et en larguant les amarres on se débarrasse de tous ses soucis qu’on abandonne sur le ponton. Il prétend qu’il existe deux sortes de gens, il y a les vivants et ceux qui sont en mer.
J’adore Charles et son humour. Il ne prend rien au sérieux et avantage suprême, il parle italien couramment. D’une culture phénoménale, on peut aborder n’importe quel sujet avec lui. Excellent stratège, je ne lui reconnais qu’un seul défaut, il n’aime pas se placer dans une situation à risque. Sans manquer de spontanéité, chaque fois qu’on mène un projet, il a tout prévu, même un plan B et parfois un plan C. Mi da fatiga. Cela me fatigue un peu, mais il faut admettre que c’est rassurant. Il a exercé je ne sais combien de métiers ou d’activités à la suite, en alternance ou concomitamment. À vrai dire, je n’en sais rien. Ah si, il a un autre défaut. Parfois, il joue le Monsieur je sais tout.
Heureusement qu’il possède d’autres qualités. Ensemble, on échange des recettes de cuisine et on passe des après-midis en cuisine pour pouvoir déguster nos plats dans la soirée et ensuite faire l’amour. À moins qu’on commence par faire un très gros câlin et qu’on se mette en cuisine après. Si la cuisine italienne constitue mon quotidien, lui est capable de vous mitonner des plats de toute l’Asie, d’Afrique du Nord ou d’ailleurs. Depuis que je me suis séparée de mon mari, c’est le seul homme avec lequel j’ai envie de partager ma vie. Au lit, c’est génial. Sono innamorata di lui e non me ne frego della gente. Je suis amoureuse de lui et je me moque du qu’en-dira-t-on.
Ensemble, nous jouons au bridge. Toutes les semaines, on y consacre au moins une soirée. À cinq, comment faire quand le jeu se pratique à quatre ? D’abord, nous ne sommes pas toujours tous présents pendant nos soirées de bridge. Si c’est le cas, l’un de nous se charge de servir à grignoter des stuzzichini, ou amuse-gueule, ainsi que les boissons. Parfois, on alterne ceux qui jouent et celui ou celle chargé(e) du service. À cette occasion, chacun apporte ses spécialités. Kazuo, des spécialités japonaises, genre sushi et sashimi, sans oublier le saké ; Jenny en général du boudin créole, des achards et des rhums arrangés ; Charles n’importe quoi selon son inspiration, mais toujours avec du vin blanc d’alsace ; moi, des contorni sotto l’olio, de la charcuterie et des fromages italiens. Et Moira ? Je préfère ne pas parler de ses infectes sandwiches au concombre et autres préparations ne sale ne peppe, sans goût et sans saveur. En revanche, son whisky est excellent et sa bière plus qu’honorable. Je vous rassure, on ne fait pas de mélange, on choisit toujours l’alcool et le vin qui accompagneront nos agapes.
C’est au cours d’une de ces soirées que tout a commencé. Jenny a lancé le pavé dans la mare. Elle nous surprit par sa question : « D’après vous, comment peut-on assassiner quelqu’un ? » Même si la question nous surprit, Charles décida de lui apporter un début de réponse.
« Tuer quelqu’un, c’est aussi simple que de braquer une banque.
Voilà c’était dit. Aucun de nous cinq ne put proférer une seule parole, pendant un moment. Charles rompit le silence :
« On a tous eu envie à un moment ou à un autre de vouloir se débarrasser de quelqu’un. Ce n’est pas pour autant qu’on passe à l’acte.
Sur ces entrefaites, Moira se leva avec sa dignité toute britannique pour accomplir sa tâche, abandonnant Jenny, Charles, Kazuo et moi-même à notre introspection tourmentée. Quand l’Écossaise revint, je ne me souviens plus qui rompit le silence. Ce dont je me souviens en revanche, c’est que nous sommes tombés d’accord. On a commencé par constituer une caisse noire dont la contribution de chacun s’éleva à dix mille euros. Ensuite, nous nous sommes réparti les tâches. Jenny prit en charge l’étude du traçage par les NTIC, vidéo-surveillance, internet, bornage téléphonique et autres merveilles de la technologie. Moira et Kazuo étudièrent de leur côté les modes opératoires. Charles s’attribua naturellement tous les aspects légaux et les méthodes d’enquête de la police. Et moi, en tant qu’infirmière, j’avais pour mission d’étudier la médecine légale ainsi que les effets de substances létales, et surtout de recenser celles qui seraient indétectables à l’autopsie. Une précaution préalable ne jamais utiliser internet ou son téléphone pour les recherches. Deuxième précaution, nous changerions les termes. Assassiner quelqu’un devint l’inviter à un repas ; la victime un convive ; le mode opératoire, le menu et tout à l’avenant.
Après une semaine de recherche, nous nous sommes retrouvés. Chacun avait préparé un dossier papier plus que conséquent. Sans rentrer dans les détails techniques, nous avons décidé de suivre dix règles de principe :
Règle numéro un. Le propre du crime parfait consiste à ne pas se faire prendre.
Règle numéro deux : Le tueur doit être discret. L’enquête de police ne se contentera pas de scruter les faits et gestes du suspect après le crime, elle examinera également tout ce qu’il a fait avant, notamment tout achat insolite.
Règle numéro trois. Pas de mise en scène grotesque. Nous n’appartenons ni au FSB, ni à la CIA, ni au Mossad, ni au MI6. Difficile de faire passer un meurtre pour un accident, une mort naturelle ou un suicide.
Règle numéro quatre. Se servir d’une arme qu’on peut se procurer facilement et à l’utilisation maîtrisée.
Règle numéro cinq. Ne pas semer son ADN, ses empreintes digitales ou de chaussures, etc.
Règle numéro six. Tuer proprement.
Règle numéro sept