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"Bounty Rhapsodie" revisite avec audace la plus célèbre mutinerie de l’histoire maritime. En mêlant théâtre, humour et profondeur, Jean Rasther, accompagné de Jacky Bryant pour la traduction en reo tahiti, offre une relecture aussi moderne qu’inattendue du mythe de la Bounty. Entre les colères du capitaine Bligh, les révoltes de Fletcher Christian et la douceur envoûtante de la vahiné Maimiti, embarquez pour une odyssée entre histoire et légende, dans un va-et-vient captivant entre Tahiti et les flots du destin.
À PROPOS DES AUTEURS
Jean Rasther puise dans les mythes, les langues et les cultures du monde une inspiration nourrie par le voyage et la rencontre. Installé en Polynésie depuis plusieurs années, il explore dans ses romans, contes, nouvelles et pièces de théâtre les liens entre l’homme, l’art, la société et l’identité. Auteur prolifique, il a publié une dizaine d’ouvrages au Lys Bleu Éditions.
Jacky Bryant est un fervent défenseur de l’environnement et de la culture polynésienne. Ancien instituteur et directeur d’école à Bora Bora puis Tahiti, il s’engage très tôt dans la vie associative avant de devenir Représentant à l’Assemblée et ministre de l’Environnement. Élu local à Arue, il œuvre pour la préservation du patrimoine naturel et culturel. Passionné de danse et d’ôrero, il est régulièrement primé pour ses créations au Heiva i Tahiti, mêlant écriture, tradition et engagement.
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Seitenzahl: 89
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jean Rasther & Jacky Bryant
Bounty Rhapsodie
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Jean Rasther & Jacky Bryant
ISBN : 979-10-422-7345-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’ORATEUR
Seul sur scène. Il est simplement vêtu d’un paréo blanc et d’un t-shirt. Sur la tête, une couronne de nahe, la fougère parfumée des montagnes. Autour du cou, un collier de hei’ tiare. Il tient à la main un tahiri ra’a, un bâton d’orateur, qu’il manipule avec dextérité, tantôt pour frapper le sol, ponctuant ainsi son discours, tantôt semblant vouloir menacer le public assis autour de lui. Grandiloquent, avec force gestes.
Je te salue, Arue qui m’a vu naître !
Iaorana, Tahiti, île bénie des dieux !
Océanie, chère à mon cœur, je te salue !
Je m’appelle PouiraaTeauna.
Mon nom n’évoque probablement rien pour vous.
Jadis, j’étais Te Arapo : Celui qui veille la Nuit.
Ma merveilleuse culture sombrait dans l’oubli.
Alors je me suis intéressé aux mythes et aux légendes de nos tupuna.
Je les ai transcrits.
Puis je les ai racontés aux enfants, dans les écoles.
À la radio, pour les adultes.
TE ÔRERO
Òia anaè i nià i te tahua. Maa pāreu rii noa tōna e te tahi piriaro. E hei nahe noànoà nō uta mai. E hei tiare i te àrapoà. I tōna rima te tahi tāhiri, te tahi turutoo ē, mea ìte i te faaòhuòhu ē, ia tano e tōtō òia i te tahua, ia faataime òia i tāna òrero ē, ua au anaè, e faatoro atu i nià te feiā e pārahi ra, e âua faaàti ia na. Ē, mea rave pāpū maitaì.
Ia ora na Arue te fenua i fanau ai au
Ia ora na Tahiti, haamaitaìhia e te nuu atua !
E te Moana uripaò te pārahi ra i tōù âàu, te aroha atu nei
Ò Pouira a Teauna tōù ioà.
Eìta ra e òre ē, aore òutou i ìte i te reira.
I mutaa ra, i piihia na vau Te Arapo : e tià araara e ao te pō
Ua mōrohi tōù hīroà i te aho mure.
Te tumu ia ò tōù hinaaro i te mau parau paari, te mau âài a te mau tupuna.
Tāù ia i pāpaì roa vau.
Ua faatià atoà vau i te mau tama i roto i te mau fare haapiiraa.
Na roto i te pū rātio nō te feiā paari.
Pour redonner vie au orero.
Ofei (Ôfaì) faoa.
Petite pierre déposée sur le grand marae du monde.
Aujourd’hui, je voudrais vous raconter la singulière histoire d’une rencontre entre deux mondes.
Celui de nos Anciens.
Et celui de Peretane venus de l’autre côté de l’océan.
L’histoire d’une confluence.
Fructueuse, comme elle peut l’être quelquefois.
Amis qui m’écoutez, laissez-moi chanter vos rêves !
Laissez-moi vous emporter, loin dans le temps mais si près dans l’espace.
Regardez !
Ce corps d’enfant lové contre la montagne : c’est la baie de Matavai.
Un berceau pour des navires curieux et conquérants.
Wallis, Bougainville et Cook.
Regardez !
Derrière le col du Tahara’a où résidait jadis NonaVahine’aita’ata,
la femme cannibale,
friande de la chair saignante des hommes,
danse Tepa’inavemiti et le phare désormais assoupi de la Pointe Vénus.
C’est là que bientôt je vous amène.
Elle jettera l’encre.
Élégante et vaniteuse,
Ia ora tiàmā mai te ôrero.
Ôfaì faoa
Ôfaì tāpaò ò te marae nui
Fārii mai ia faatià atu vau i teie âài taaê, te taime a fārerei ai ò na ao too piti nei.
Te ao tupuna.
Te ao o te mau peretāne tei fano mai na te ara.
E âàmu nō te tahi fārereiraa.
E hotu mai, ia tae i te tahi taime.
E hoa ìno mā, èie te tahi faaheimoe nō òutou !
I terā roa aè nei te tau i mahemo, i terā noa aè nei vāhi ātea.
A hiò mai na !
E au ra te tino tamarii hiihia i te mouà : te ôòà ò Matavai.
E tīpaeraa pahī nounou fenua.
Wallis, Putaviri e ō Tute.
A hiò mai na !
I muri Taharaa, te nohoraa ò Nona Vahine àitaata,
ē vahine àitaata,
minamina ia pūtoto te ìò tāne,
a òri mai e Tepaìnavemiti, tei Tefauroa te tiàraa pou mori.
E tere anaè i reira.
Ua tūtau te pahī.
E pahī nehenehe nō tāna mau hiparaa
Brouillon disgracieux de nos grandes pirogues de guerre.
Quatre canons et dix pierriers.
Quarante-six hommes à bord.
Elle est une frégate de la RoyalNavy.
Nous serons un dimanche.
Nous sommes le 26 octobre 1788.
Laissez-moi vous narrer l’odyssée des Révoltés de la Bounty.
Tāàmu nō Bounty
Huehue roa i te nuu vaa tamaì.
E aha hoì, e maha tūpita paura, àhuru tūpita âhui ôfaì.
Maha àhuru mā ono horopahī.
E pahī nō te nuu huiarii peretāne, te Royal Navy.
E tāpati terā mahana.
26 nō âtopa 1788.
Teie tāù âàmu nō te mau horopahī tei ôrure, parauhia Révoltés de la Bounty.
Tāàmu nō Bounty
Mills porte une chemise d’un blanc douteux, un pantalon à pont bleu indigo et une écharpe rouge nouée autour de la taille. Mac Coy marche sur ses pas. Son uniforme est plus sommaire : une chemise d’une couleur unie indifférente, un tricot aux rayures bleues et blanches. Tous les deux sont pieds nus. L’Orateur, quant à lui, s’est assis sur une chaise, dans un coin de la scène. Il se sert un grand verre d’eau et grignote des chips, en apparence indifférent.
MILLS : Dieu soit loué, cet oiseau déplumé en a terminé avec son oraison funèbre !
L’ORATEUR : Pas oraison, mon ami, mais orero. Ce terme désigne chez nous la langue. L’organe. Je vous montre. Il s’est levé et tire exagérément la langue à la manière desMāori sous le nez des deux Anglais, horrifiés.
MILLS : La vôtre est bien pendue en tout cas ! Encore un peu et je la clouais au parquet ! J’ai cru que vous ne vous tairiez jamais, ventre saint-gris !
MACCOY : Mais qui est cet olibrius ? Un croisement entre un pot de fleurs et un rescapé de la Rome antique ?
Ua àhu mai ò Mills te àhu tāne ùoùo marau, te piripou roa nīnamu paò, e te tāhei ùteùte. Tei muri noa mai ò Mac Coy. E àhu tāne noa tōna, te tahi piriaro hītoretore nīmau e ùoùo. Aore tō rāua e tīaà. Te pārahi noa ra te ôrero i nià te hōê pārahiraa i te peho. Inuinu noa ai tāna hāpaina pape rahi, e te tahi maa māa àmuàmu. Ia hiòhia atu e aura ē, aore e huru.
MILLS : Àue hoì ē, ua taahoa roa vau i te ôrero pohe nene a te taata aè ra !
ÔRERO : E ère i te pure tōù hoa, e ôrero terā ‘tu. E peu tumu teìe nō tōù fenua. A hiò mai. Tià iho nei, huti iho ra te ârero mai ta te Maori. E ère na peretāne i te mehamaha nei‘.
MILLS : E hoa, ua roa mai tō òe ârero. Huru roa rii atu, pātitititi roa vau i nià i te tahua. Ua manaò roa vau ē, eìta tō vaha e māmū. Nō te pohe poìa pīàoào tenā huru !
MAC COY : O vai teie maàu ? Nō roto i te tahi fārii tiare te tōraa hia mai èi taata aè, ua ora mai mai te tau tahito ò Rōma ?
MILLS : Cet homme est originaire d’une île lointaine perdue dans le Pacifique sud que l’on appelle Tahiti.
MACCOY : Tahi quoi ?
MILLS : Tahiti, mon gars. Un satané Français, Bougainville, l’avait un temps baptisée Nouvelle-Cythère, en hommage à Aphrodite, enfin… à Vénus, la déesse de la Beauté et de l’Amour. Il en parle de Tahiti dans son bouquin. Attends, c’est quoi, son titre, déjà ?…
L’ORATEUR : Le Voyage autour du Monde, publié en 1771. Un authentique best-seller !
MACCOY : Toi, l’orchidée, on ne t’a pas sonné !
L’ORATEUR : Puisque vous le prenez sur ce ton…
MILLS : Dans le livre dont je te parle, il y a des passages croustillants.
L’ORATEUR : Dont je te parle. Parauāoaoa ! Tu maltraites la langue de Molière, mon ami. Remarque, pour un Anglais, ce n’est pas étonnant…
MACCOYiltente vainement d’attraper le Tahitien par la couronne de fleurs mais ce dernier le maintient à distance avec son bâton : Fais taire cet oiseau de malheur ou je le pends illico par son paréo au sommet de la grande vergue !
L’ORATEUR,amusé : Oiseau, olibrius, pot de fleurs, orchidée, ruine romaine… Cela vous serait-il possible de me considérer tel que je suis, et non tel que vos préjugés me perçoivent ?
MILLS, il prend Mac Coy par l’épaule et tous deux s’isolent dans un coin de la scène : T’es trop nerveux, Mac Coy, ça va te jouer des tours ! Fais comme si l’Indigène n’était pas là. Le Bougainville, donc, il raconte que Tahiti, c’est un paradis, mon p’tit gars, peut-être même le Jardin d’Eden en chair et en os.
MILLS : Ò Tahiti tōna fenua, te pāinu noa ra i roto i te moana Pātifita
MAC COY : Mea na hea, ò Tahi ?
MILLS : Tahiti, tōù hoa iti. Ua topa teie tūpāpaù farāni ra Putaviri teie ioà Nouvelle-Cythère. Maamaa here hua tōna i teie na atua hēreni Aphrodite… e ō Vénus. Na atua vahine faahinaarohia, peipeihia ia puta mai te hani. Te faatià ra òia i te parau nō Tahiti i roto i tāna puta. Herū na, e aha nei te ioà o teie puta ?…
ÔRERO : Le voyage autour du Monde nō te matahiti 1771. Hoònahia !
MAC COY : E meià huamene, māmū noa tō òe vaha !
ÔRERO : Teòteò… èi aha paha te reira âuri !
MILLS :