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Dirigeant d'entreprise, Jean-Cédric Violet a vécu l'épuisement professionnel jusqu'à la chute. Pas à pas, il s'est reconstruit et a découvert une nouvelle manière d'exister. À travers ce récit authentique, il témoigne de sa descente aux enfers et de sa renaissance. L'approche émotionnelle et l'analyse pragmatique s'entremêlent. S'appuyant sur son expérience personnelle, il met l'accent sur l'équilibre de vie. Ceux qui sont concernés de près ou de loin par le burn-out y trouveront des clés pour rebondir. "Une excellente piqûre de rappel pour soigner son hygiène de vie et d'esprit". Nadia Claudel, coach et formatrice
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Seitenzahl: 84
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Je dédie ce livre à celles et ceux
qui ont senti un jour leur corps les lâcher,
celles et ceux qui travaillent
au sein des structures d’accueil,
celles et ceux qui sont engagés
dans la prévention de l’épuisement humain.
Préface
I. Brutale réalité
II. Ma vie d’avant
III. Descente aux enfers
IV. Renaissance
V. Ce que j’ai appris
Conclusion
Equilibr’in ®
Remerciements
À mes yeux cet ouvrage est à la fois un récit, un témoignage et un guide.
La genèse de cet écrit a servi d’exutoire et de réparation à son auteur, comme s’il déposait le tumulte des émotions suscitées par le burn-out vécu en 2019. La violence des premières pages bouscule. Au fil de la lecture, j’ai compris qu’elles traduisaient la réalité des différentes étapes par lesquelles il était passé : le choc, la chute, la prise de conscience, la convalescence et enfin la reconstruction.
Il est frappant de voir combien l’expression de ses émotions complète parfaitement son analyse pragmatique du burn-out. Jean-Cédric nous présente de manière authentique et transparente sa vision de la maladie et de ses conséquences. Il partage sans filtre son histoire personnelle : son expérience professionnelle, son parcours de sportif de haut niveau et son environnement multiculturel. En relatant par écrit son aventure, Jean-Cédric souligne combien le manque d’alignement met en péril l’équilibre de vie.
Je vous invite à découvrir cet ouvrage de sensibilisation et même de prévention. Une excellente piqûre de rappel pour soigner son hygiène de vie et d’esprit !
Nadia Claudel
Coach et formatrice,
fondatrice d’Alias Business Coach
« Dans chaque épreuve, ne cherchez pas
l’ennemi. Cherchez l’enseignement ».
Mika Usui
11 juillet 2019.
Bip. Bip. Bip. Un signal sonore régulier me tire de mon sommeil. J’ouvre les yeux. Un plafond blanc, des tuyaux qui me relient à des ma-chines…Où suis-je ? Un écran affiche « 49 ». Ce sont les lents battements de mon cœur qui parviennent à mes oreilles. C’est donc que je suis VIVANT. Je regarde autour de moi, incrédule. J’entends des personnes s’affairer. De longues minutes plus tard une blouse blanche s’approche de moi :
– Souhaitez-vous avoir la visite de votre femme et de vos enfants ?
Je suis surpris. On m’explique que parfois, des patients ne souhaitent pas voir leurs proches.
– Bien sûr, je veux les voir.
– D’accord, nous les prévenons.
Je ne sais pas ce que je fais ici, allongé dans un lit entre ces quatre murs. Les blouses blanches m’expliquent :
– Monsieur Violet, hier vous avez voulu mettre fin à vos jours. C’est allé très loin. Nous vous avons ramené à la vie. Cependant il va falloir vous soigner. Nous préconisons un séjour en hôpital psychiatrique. Est-ce que vous êtes d’accord ?
– Si vous estimez que c’est le mieux à faire, je crois que oui. De toute manière ai-je le choix ?
– Pas vraiment, Monsieur. Au vu de la situation, nous vous contraindrons à y passer quelques jours.
Lorsque ma femme, mon fils et ma fille pénètrent dans ma chambre j’esquisse un sourire. En les prenant dans mes bras je sens les larmes couler sur mes joues. Comment ai-je pu avoir l’idée de les abandonner ?
C’est l’après-midi, une ambulance me transporte jusqu’à l’hôpital psychiatrique. Toutes sortes de pensées traversent mon esprit. Je ne dis pas un mot, inerte sur le lit médicalisé. L’ambulancier sonne à l’entrée du pavillon « Augustin ». Nous pénétrons dans le hall. Je descends très lentement du lit pour poser un pied à terre, j’ai les jambes engourdies. Quelle étrange sensation ! Une infirmière m’invite à patienter sur un siège. Je ne suis pas seul. J’ai l’impression que tous les regards se posent sur moi. J’ose à peine regarder autour de moi, un sentiment de honte m’envahit.
Après un petit quart d’heure, l’équipe de soignants m’accueille. Nous remplissons les papiers d’admission pendant que ma femme me cherche quelques affaires à la maison. Ici, les règles de vie sont strictes. Je n’ai droit ni au téléphone, ni au rasoir, ni au porte-monnaie… Devant mon incompréhension un infirmier m’explique clairement :
– Monsieur, vous avez fait une tentative de suicide. On ne peut pas prendre le risque de vous laisser avec des objets dangereux.
Une infirmière me conduit à travers le hall d’entrée et un long couloir jusqu’à la dernière chambre au fond à gauche.
Je saisis petit à petit la gravité de la situation. Ma conscience s’éveille tandis que ma mémoire vacille. Je sais que je me suis couché sur le lit hier après-midi, alors que j’étais seul à la maison. Je venais d’ingurgiter tous les médicaments trouvés dans la commode. Que s’est-il passé ensuite ?
Les premières heures à l’hôpital psychiatrique sont consacrées à une batterie d’examens. Le soir, le personnel se met particulièrement à mon écoute et pendant la nuit un infirmier vient à ma rencontre. Je me confie à lui. Le lendemain on me propose de rencontrer psychiatre, psychologue et assistante sociale. À partir de là s’installe un quotidien rythmé par des horaires et des consignes précis. Réveil à six heures trente pour le petit-déjeuner puis tournée des médicaments. Dans le couloir, à la queue leu leu chacun va prendre son traitement à l’infirmerie (anxiolytiques et antidépresseurs pour ma part). Le même rituel se répète à vingt-deux heures (on m’ajoute alors des somnifères). Parfois j’attends mon tour accroupi dans le couloir, fatigué, n’ayant qu’une envie, aller me coucher.
Dans la journée s’enchaînent les consultations avec les spécialistes : psychiatre, psychologue…
Les repas sont donnés dans une pièce commune, on y rencontre d’autres patients : les pathologies sont diverses, certains malades sont bavards, d’autres muets, certains sont une compagnie sympathique, d’autres moins. La nourriture est basique, rationnée et peu appétissante. Je me réjouis d’une compote de fruits en guise de dessert.
Je passe le reste du temps dans ma chambre. Nos chambres ne ferment pas à clé, cette idée me met mal à l’aise. Bien qu’étiquetés dès l’admis-sion, nos effets personnels risquent le vol. Un coffre-fort est mis à notre disposition, mais je reste vigilant.
Je suis autorisé à prendre l’air dans une cour à l’intérieur du bâtiment, mais pas plus loin. Dans cet environnement si particulier, je vis en quelque sorte enfermé. Cependant cet espace clos me rassure plus qu’il ne m’oppresse.
Les premiers jours, j’ai la sensation bizarre d’être le « nouveau » dans ce lieu et je suis persuadé que les autres souffrent de pathologies plus graves que la mienne.
Je reste souvent dans ma chambre, dans le silence. Je réfléchis. Je ne me rends pas dans la pièce voisine pour regarder la télévision : je ne trouve aucun intérêt ni aux sons ni aux images, même en plein Tour de France cycliste dont je suis fan. Le bruit m’agresse. J’aspire au calme.
Les médicaments anesthésient mes émotions et en même temps exacerbent ma sensibilité. Je traverse des états d’âme fluctuants, la peur prend souvent le dessus. Depuis des mois elle s’est installée et gangrène tout mon être. Le monde extérieur me fait peur : dehors, j’ai l’impression que tout le monde me regarde et me juge, et que je ne peux dissimuler le mal-être qui m’habite et m’a fait sombrer. Pire, je m’enlise dans une espèce de paranoïa : « le monde extérieur m’est hostile, les autres ne voient en moi que le mal-être qui m’anéantit ». Cette peur paralyse mon esprit et mon corps.
Petit à petit, le cadre de l’hôpital me rassure. Mes idées destructrices s’estompent. Je me sens comme dans un cocon qui me protège du dehors. Inconsciemment, j’ai trouvé un refuge. L’accom-pagnement psychologique et le traitement médical me permettent progressivement de sortir de ma torpeur.
Je lis un peu, par bribes, des livres qu’on m’a transmis pour me changer les idées.
Quand la solitude pèse trop, je me frotte à la compagnie des autres. Je descends au pied du bâtiment où certains grillent une cigarette. Ou bien je joue à des jeux de société. Devant un plateau de jeu, assembler des lettres pour composer des mots, combiner des suites de chiffres, c’est s’obliger, à plusieurs, à suivre des règles et un cadre. Cela rassure quand tout le reste part à vau-l’eau…
Pour moi, c’est aussi une manière de retourner en enfance, de revivre les moments de bonheur simple, lorsque je jouais avec mes copains.
Pendant les parties de Scrabble, de Rummikub et de Triomino, je découvre mes partenaires sous un autre jour. Je mesure parfois le décalage entre l’apparence étrange d’une personne et son intelligence à l’œuvre dans le jeu.
Même sans échanger sur les raisons de notre présence, grâce à un regard ou un sourire, je perçois combien certains sont cabossés par la vie. Je sympathise avec quelques-uns. Côtoyer les autres malades m’aide à changer de regard sur ce lieu. L’hôpital psychiatrique n’est pas une prison de fous. C’est simplement un endroit qui accueille l’humanité en souffrance psychique.
J’ignore combien de temps durera mon immersion dans ce monde que je découvre. Je suis éloigné de mon cadre de vie habituel, et au début je n’ai pas le droit d’aller bien loin. Mon unique lien avec l’extérieur : les visites de mes proches. J’apprécie ces marques d’affection, comme les appels ou messages que je reçois quand on me donne à nouveau l’accès à mon téléphone.
Pas une journée ne se passe sans qu’un visage familier ne frappe à la porte de ma chambre. Je mesure ma chance, parce que je sais que d’autres n’ont pas de visite. Il faut un certain courage pour arpenter les couloirs de l’hôpital psychiatrique et me trouver là, éteint et fatigué. La conversation est délicate et chacun évite d’évoquer ce qui m’a conduit ici… je n’ai rien d’intéressant à dire et la honte me paralyse.