Carnet rose - Dominique Manotti - E-Book

Carnet rose E-Book

Dominique Manotti

0,0
0,99 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Cette histoire d’accouchement, une de mes amies italiennes, qui en fut la protagoniste, me l’a racontée vingt ans plus tard, dans un éclat de rire. Je l’ai à peine romancée.Elle me semble un témoignage vivant, chaud, émouvant, de ce qu’ont vécu des millions de combattants, de la façon qu’ils ont eue de croire à un monde meilleur et de s’engager tout entiers pour le réaliser.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



COLLIRIO

dirigée par

Roberto Ferrucci

avec

Tiziano Scarpa, Romolo Bugaro, Francesco Da Riva

réalisation éditoriale

Terra Ferma

éditrice

Alessandra Crosato

collaboration

Perrine Chambon, Arnaud Baignot

couverture

Grafiche Antiga

© 2015 Terra Ferma - Crocetta del Montello (TV)

Tous droits réservés

tel. 0423.86268

[email protected]

www.terra-ferma.it

ISBN 978-88-6322-265-4

Préface

Cette histoire d’accouchement, une de mes amies italiennes, qui en fut la protagoniste, me l’a racontée vingt ans plus tard, dans un éclat de rire. Je l’ai à peine romancée.

Elle me semble un témoignage vivant, chaud, émouvant, de ce qu’ont vécu des millions de combattants, de la façon qu’ils ont eue de croire à un monde meilleur et de s’engager tout entiers pour le réaliser.

Ensuite, les défaites sont venues, pas toujours suffisamment comprises et analysées. Mais la situation des femmes a changé profondément dans les pays industrialisés. Aujourd’hui, à l’âge de l’accouchement sous épidurale, la vieille malédiction : « Tu accoucheras d&ans la douleur » est passée de mode dans ces pays. L’accouchement sans douleur fut le premier pas dans cette direction. Et les militantes communistes furent souvent dans leur vie et dans leur chair des pionnières des combats des femmes pour leur liberté et la maîtrise de leur corps, même si les appareils des partis communistes, tous tenus par des hommes, ne furent pas aux avant postes.

Ce « Carnet Rose » est un hommage à toutes ces femmes.

Dominique Manotti

Carnet rose

1956, l’année du 20° congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique. A la tribune du congrès, Nikita Khrouchtchev, le secrétaire général du Parti, le chef de l’Union Soviétique, révèla l’ampleur des crimes commis par Staline, son prédécesseur, dans un rapport fleuve. Dans l’assistance, il y avait les responsables des partis communistes du monde entier, médusés et ulcérés. Comment expliquer que Staline, l’héritier de la Révolution russe et de Lénine, le chef génial de la patrie du socialisme réel, le phare, l’espoir de millions de communistes et d’opprimés dans le monde entier, fut un grand criminel ? Comment éviter que ces révélations n’entraînent un effondrement personnel et collectif pour des millions de gens, un tremblement de terre capable d’engloutir le communisme lui même, et eux avec ? Tant qu’on n’avait pas de réponse à ces questions, il était urgent de se taire. Le rapport K fut donc gardé secret. Dans un premier temps. 1956, c’est aussi l’année de la naissance de ma fille. La grande et la petite histoire mêlées.

J’étais très jeune, apprentie journaliste dans le grand quotidien communiste italien, l’Unita, enthousiaste, avec une gigantesque faim de changer le monde, la solide certitude que nous étions en train de le faire, et une vie frénétique à courir toute l’Italie, de meetings en grèves, d’interviews en reportages, à boucler des articles à la hâte, sur des coins de table, ou pendue au téléphone. A l’automne 55, constat : j’étais enceinte. Cette grossesse était d’autant moins programmée que j’avais déjà un petit garçon de deux ans qui connaissait mieux ses grand’mères que sa mère ou son père, permanent du PCI, et enseveli tout autant que moi dans le tourbillon militant. Pas envie de cet enfant, mais peur d’un avortement clandestin, peur de la réprobation générale, violente, y compris dans le Parti communiste à cette époque, insouciance aussi, j’étais si jeune, je me croyais capable de tout assumer, j’ai laissé faire, et mon ventre a commencé à s’arrondir. Vu de ce début de 21° siècle, on n’arrive plus à comprendre comme il était difficile alors d’être une femme dans le Parti Communiste Italien, aussi machiste que le reste de la société italienne, si l’on ne se satisfaisait pas d’être une bonne épouse et une bonne mère, communiste évidemment. Je crois bien qu’à cette époque, je me rêvais en homme.

En février 56, au moment même où se tenait le 20° congrès du PCUS, j’étais engagée dans la confection collective, pour les élections italiennes de mars, d’un roman photo héroïco-sentimental, “ Plus fort que le destin ”, qui racontait les amours contrariées par le capitalisme d’un jeune ouvrier et d’une jeune ouvrière, et qui se concluait par “ Votez Communiste ”. Je rencontre, autour de la table de montage, un ami de longue date, psychologue. Et communiste. Tous mes amis l’étaient.

- Tu es enceinte ?

- Ca se voit, non ?

- Quelle chance… Si, si, je t’assure, et il m’entraîne dans le café le plus proche. Il me raconte qu’il rentre tout juste d’un stage à la clinique des Métallos à Paris, une clinique de la CGT, peuplée de médecins communistes, où il a assisté à des accouchements sans douleur.

- Sans douleur… Cause toujours, j’y suis déjà passée, la douleur, je sais.

Il jubile.