Cette précieuse vie humaine - Khandro Rimpotché - E-Book

Cette précieuse vie humaine E-Book

Khandro Rimpotché

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Beschreibung

Comment développer à son maximum notre potentiel corporel et spirituel ?

Prenant pour cadre les quatre idées fondamentales des Préliminaires communs du bouddhisme tibétain (le caractère précieux de la vie humaine, la vérité de l’impermanence, la réalité de la souffrance et l’inéluctabilité du karma) Khandro Rimpotché explique pourquoi et comment nous pourrions mieux utiliser notre courte existence pour parcourir un chemin spirituel et améliorer le monde dans lequel nous vivons. Elle nous dit : « Pensez à tous ces instants que vous avez perdus à hésiter ou à vous laisser distraire, à tous ces instants où vous avez dépensé une énergie inutile en vous laissant aller à la jalousie, à la colère ou à l’égoïsme. Au moment de la mort, vous regarderez en arrière et tout cela ressemblera à un rêve ».
Ce livre inclut des exercices de réflexion pour nous encourager à apprécier à sa juste valeur l’énorme potentiel du corps et de l’esprit humain. Ces exercices se concentrent sur comment apprendre à considérer la vie comme un cadeau et comment offrir aux autres une graine de bonheur en accédant à la paix dans notre propre vie.
Bien qu’élevée en Asie, Khandro Rimpotché connaît parfaitement la culture occidentale, ce qui lui a permis de transmettre la sagesse du bouddhisme tibétain aux Occidentaux avec une authenticité et une spontanéité remarquables. C’est aussi l’un des maîtres tibétains vivants qui a eu le plus accès à l’éducation ; elle donne des enseignements aux États-Unis et en Europe depuis plus de 15 ans, ce qui lui a valu d’attirer des milliers de disciples. Elle apporte une vision féminine unique à cette tradition de sagesse qu’est le bouddhisme tibétain.

Un guide pratique accompagné d'exercices simples et accessibles pour s'initier à la sagesse bouddhiste. 

EXTRAIT

Nous nous enorgueillissons au plus haut point de notre vie humaine et pensons être la forme d’existence la plus intelligente et la plus raisonnable. Pourtant, malgré tout ce dont nous sommes dotés, nous n’arrivons toujours pas à trouver le bonheur ou la paix. Incapables de prendre conscience de notre potentiel humain et de nos capacités, nous acceptons que notre vie toute entière nous échappe, une vie qui pourrait nous apporter des bienfaits immenses, à nousmêmes et aux autres. Quel est l’obstacle qui nous empêche de partager, de nous occuper des autres et d’avoir de la bonté à l’égard de tous les êtres sensibles ? Pourquoi érigeons-nous des constructions et des façades comme autant de barrières qui bloquent une communication humaine sincère ? Et pourquoi vivons-nous dans des situations d’espoir et de peur extrêmes sans avoir le bon sens de faire quelque chose pour y remédier ? Nous devons vraiment penser à cela.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un ouvrage indispensable pour votre bibliothèque bouddhiste, - Blackrhino, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Khandro Rimpotché ou Khandroma Tsering Paldron Rinpoché, directrice du monastère Samten Tse, est la fille de Mindroling Trichen, chef de l'école Nyingma du bouddhisme tibétain, un des lamas tibétains les plus renommés vivant aujourd'hui. 

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JE DÉDIE CE LIVRE À SA SAINTETÉ MINDROLLING TRICHENET À MA MÈRE, SANGYUM SONAM PALDRÖN

Avant-propos

NOUSRECHERCHONSTOUSLEBONHEUR et voulons éviter la souffrance, mais en tant qu’êtres humains, nous nous distinguons des autres êtres par notre intelligence. Si nous acceptons que celle-ci soit sous le contrôle d’émotions négatives comme la haine, les conséquences vont être désastreuses, mais si nous l’utilisons de façon positive, nous pourrons non seulement reconnaître que notre situation est difficile mais également modifier notre esprit et notre mode de pensée afin de faire de nous-mêmes une personne meilleure et plus heureuse. Les Quatre idées fondamentales qui sont présentées dans cet ouvrage constituent la base de la pratique bouddhique. Elles ont pour but de nous encourager à donner un sens à notre vie, ce que nous pouvons faire en cultivant un cœur bon et un sentiment d’amour, de compassion et de respect pour les autres. Khandro Rimpotché, l’auteure de ce livre, est une jeune femme tibétaine qui a pu bénéficier à la fois d’une éducation familiale religieuse et d’une éducation scolaire moderne, ce qui apporte un éclairage contemporain rafraîchissant à ses explications.

Sa Sainteté le XIVe Dalaï Lama

REMERCIEMENTS

Je tiens à rendre hommage à Mindrolling Jetsun Dechen Paldron pour ses efforts infatigables, sa générosité et sa sagesse. J’aimerais également mentionner Helen Berliner, sans qui ce livre n’aurait pas été possible, Eugenia Pickett pour son aide dans la mise en forme et la rédaction, et le Dr Karl Gross pour son travail intense et sa patience.

Préface de l’éditrice américaine

CETOUVRAGEPRÉSENTEDESTHÈMES qui sont considérés comme des préalables indispensables à la pratique et à la compréhension du bouddhisme. Au cœur de cette compréhension, du début à la fin de ce cheminement, se trouvent les « Quatre idées qui transforment l’Esprit ». Ces quatre sujets de profonde réflexion sur le caractère précieux de la vie humaine, l’impermanence, la souffrance et le karma sont parfois appelés les Quatre idées fondamentales des Préliminaires communs et sont destinés à opérer des transformations à la fois en nous-mêmes et de nous-mêmes.

La première idée, le caractère précieux de la vie humaine, est le fil conducteur de tout le livre. Du fait de notre naissance en tant qu’être humain, la cessation de la souffrance est possible et la porte de la libération nous est ouverte. C’est pourquoi il est dit que la vie humaine est précieuse. Elle est également dite aussi fragile qu’une bulle de savon, ce qui donne un caractère d’urgence au chemin de la pratique et montre la nécessité de comprendre les façons infiniment créatives grâce auxquelles nous entretenons la souffrance alors qu’en vérité tous les êtres sensibles aspirent au bonheur. Cet ouvrage se termine sur des enseignements pour « franchir la porte », métaphore traditionnelle pour décrire la prise de refuge dans les Trois Joyaux que sont le Bouddha, le Dharma et la Sangha, dont le fruit est l’éveil et la capacité authentique à secourir les êtres sensibles.

Tous les enseignements présentés dans cet ouvrage étudient la souffrance et la libération à la lumière de la sagesse et de la bonté innées de l’être humain. Ces enseignements viennent à nous en raison de l’immense chance que nous avons d’être nés dans cette vie, et grâce à l’extrême bonté et l’extrême générosité de Khandro Rimpotché. Enseignante qui s’attache à expliquer la pure essence du bouddhisme tibétain, Khandro Rimpotché illumine cette voie profonde et efficace d’une manière telle qu’elle permet en fait à chacun d’avoir une vie fructueuse.

– Helen Berliner

Invocation

LA FAÇON TRADITIONNELLE DE COMMENCER un texte est d’adresser invocations et prières aux bouddhas et aux bodhisattvas. Ce sont leurs enseignements qui sont transmis à ce moment-là grâce à une lignée ininterrompue. Cette transmission est complètement pure. En leur adressant une invocation, nous prenons conscience de l’énorme responsabilité que nous avons en tant que réceptacles dans lesquels les enseignements de cette lignée sont transférés. Avant de recevoir les instructions qui vont amener l’esprit à la pleine conscience, il nous faut une raison valable pour agir et sortir de l’ignorance. Ayant reçu ces instructions, chacun de nous fait face à un choix : nous pouvons choisir de rester dans l’ignorance ou nous pouvons choisir de travailler d’arrache-pied pour arriver à quelque chose de bénéfique pour nousmêmes et pour les autres. Puisse cette invocation constituer la base de notre engagement à exercer tous nos efforts pour que cette vie humaine et toutes les capacités qu’elle recèle portent leur fruit.

Les Quatre idées fondamentales

Cette existence humaine, et toutes les libertés et potentialités positives dont elle est dotée, est extrêmement difficile à obtenir.

Elle nous permet d’accéder au sens de notre être.

Ayant obtenu cette précieuse existence,

Si nous n’en tirons pas bénéfice dans cette vie même,

Comment allons-nous pouvoir accéder à ce pur trésor dans le futur ?

Les trois mondes sont aussi impermanents que les nuages d’un ciel d’automne.

Les naissances et les morts des êtres sont comme une danse.

Aussi brève qu’un éclair dans le ciel, la durée de vie des êtres

S’écoule avec la rapidité d’une cascade qui dévale le flanc d’une montagne abrupte.

Lorsque le temps viendra où même un roi devra partir,

Ni ses richesses, ni ceux qui lui sont chers, ni ses proches ou ses amis ne pourront le suivre.

Où que se trouvent les êtres, où qu’ils aillent,

Seul le karma les suit comme une ombre.

Subjugués par l’existence, les désirs et l’ignorance,

Tous les êtres, qu’ils soient humains, dieux, ou êtres des trois mondes inférieurs,

Tous tournent inlassablement dans les cinq mondes d’existence Comme tourne le tour du potier.

Les souffrances de la vieillesse et de la maladie flambent dans les trois mondes

Et rien ne peut protéger des flammes destructrices de la mort.

Nés dans le cycle des existences, les êtres résident en permanence dans l’ignorance,

Tournant en rond comme des abeilles prises au piège dans un bocal.

Traduit en anglais par Jetsün Dechen Paldrön et publié par Dharmasri Translation Group, Baltimore, 2001.

Introduction : S’approcher de la porte

NOUS NOUS ENORGUEILLISSONS AU PLUS haut point de notre vie humaine et pensons être la forme d’existence la plus intelligente et la plus raisonnable. Pourtant, malgré tout ce dont nous sommes dotés, nous n’arrivons toujours pas à trouver le bonheur ou la paix. Incapables de prendre conscience de notre potentiel humain et de nos capacités, nous acceptons que notre vie toute entière nous échappe, une vie qui pourrait nous apporter des bienfaits immenses, à nousmêmes et aux autres. Quel est l’obstacle qui nous empêche de partager, de nous occuper des autres et d’avoir de la bonté à l’égard de tous les êtres sensibles ? Pourquoi érigeons-nous des constructions et des façades comme autant de barrières qui bloquent une communication humaine sincère ? Et pourquoi vivons-nous dans des situations d’espoir et de peur extrêmes sans avoir le bon sens de faire quelque chose pour y remédier ? Nous devons vraiment penser à cela.

Dans la tradition bouddhiste, il est dit que l’obtention de la vie humaine est aussi rare que le fait qu’une tortue aveugle, nageant à la surface du vaste océan une fois tous les cent ans, arrive à passer la tête dans un joug en bois balloté dans toutes les directions à la surface de l’eau. Une image plus contemporaine évoque la possibilité qu’un petit pois largué d’un avion puisse aller se poser sur la tête d’une épingle que quelqu’un, au sol, tiendrait entre ses mains. Voilà à quel point est rare, et donc tellement précieuse, une naissance en tant qu’être humain. C’est grâce à celle-ci que nous pouvons bénéficier d’une opportunité précieuse, celle d’atteindre l’éveil, ou la réalisation, dans cette vie même. Cette opportunité est le fruit de l’aspiration exprimée au cours d’innombrables vies précédentes. Du point de vue du bouddhisme, lorsque ces aspirations mûrissent et rencontrent des conditions favorables et de bons maîtres, il nous est alors possible d’emprunter la voie de la pratique et d’atteindre l’éveil. Pour que des conditions aussi rares puissent se réaliser, nous devons comprendre la relation que nous avons avec cette voie.

Qu’est-ce que l’éveil ?

Les êtres humains ont une attirance incroyable pour la complexité. Nous avons tendance à penser que s’il est aussi difficile de gagner de l’argent pour nous payer un bon repas, en vérité, l’éveil doit être quelque chose d’extrêmement difficile, mystérieux et compliqué. En fait, il ne vient pas à l’esprit de notre intellect doué de bon sens de vraiment regarder où mènent ces enseignements. Lorsque nous nous engageons sur la voie de la pratique, nous devons savoir où elle va nous conduire. Nous devons nous engager sur la voie spirituelle les yeux grand ouverts. Du point de vue ultime et dès le tout début, nous parlons d’atteindre l’éveil alors qu’il est tout simplement la nature innée de tous les êtres sensibles.

L’éveil ne veut pas dire que nous allons devenir quelque chose ou quelqu’un d’autre. C’est la reconnaissance de notre nature humaine intrinsèque, qui est la vérité absolue. Cette vraie nature absolue s’appelle la nature de bouddha. Le terme de bouddha vient du sanscrit tathat ou tathagata, qui signifie « passé au-delà », au-delà d’un état d’ignorance pour devenir totalement inséparable de la vérité absolue qui est notre base authentique. C’est là l’essence du bouddhisme et le principal point de concentration de notre compréhension et de notre pratique.

L’éveil a de nombreuses dénominations : vérité absolue, nirvana, libération, libération de la souffrance, esprit de bouddha, vraie nature de l’esprit, base primordiale, tathagatagarbha, sugatagarbha, nature de la réalité telle quelle, « ainsité », sagesse primordiale, vide et luminosité, bonheur suprême et vide, sagesse et compassion. Toutes ces expressions renvoient à la réalisation ultime. C’est le fruit qui amène les êtres sensibles de l’état d’ignorance à celui de totale liberté. Et c’est notre aspiration lorsque nous commençons à pratiquer. N’oubliez jamais cela : lorsque la réalisation est vraiment comprise, le sol sur lequel nous nous tenons et le chemin que nous empruntons doivent bénéficier de la même compréhension.

La nature de bouddha est la graine qui est dans le cœur de tous les êtres sensibles. Il est nécessaire de reconnaître cette essence fondamentale à la fois en nous et chez les autres. Notre propre nature fondamentale est libre de toute ignorance, de toute saisie et de tout jugement conceptuel. Dans la vérité absolue, il n’y a aucune place pour l’illusion ou l’erreur. Parce qu’elle est inséparable de la sagesse et de la compassion, il n’y a aucune place pour le mal, l’avidité, l’égoïsme, l’ignorance, la colère ou l’attachement. Ce fondement intrinsèque de la bonté est indéniable. Tous les êtres apprécient les qualités que sont la bonté, la sagesse, la compassion et la gentillesse parce qu’elles correspondent à notre nature fondamentale. En être clairement conscient est une chose, maintenir cette pleine conscience est bien autre chose.

La souffrance du samsara

La première chose enseignée par le bouddha, une fois éveillé, a été la vérité de la souffrance, qui a pour cause l’ignorance. En raison de cette ignorance, nous sommes incapables de voir le caractère composé de nos perceptions, de toutes ces forces physiques et mentales qui s’assemblent pour créer ce qui nous semble un monde tangible. Cela nous amène à la saisie et à un cycle sans fin de souffrances que l’on appelle le samsara. Le samsara, et toutes les souffrances qui l’accompagnent, commence dès lors que nous nous laissons prendre dans des apparences externes, qui fixent les choses, plutôt que de demeurer en notre base primordiale.

Exercice de réflexion

Demandez-vous s’il est nécessaire de monter ainsi en épingle ce qui résulte du caractère composé de nos sens. Nous pouvons ressentir et expérimenter des situations, mais aucune d’entre elles n’est tangible. Au moment même où nous disons « bonheur », par exemple, ce moment est déjà passé. Nous pouvons supposer qu’il s’agit du même bonheur qu’il y a quelques instants, mais en dehors de l’esprit qui a saisi qu’il pensait qu’il en était ainsi, rien n’est en fait identique. Nous pourrions passer une vie entière à rester fixés sur des expériences de bonheur, de colère, d’ignorance, de haine ou de jalousie. Pour comprendre véritablement la souffrance, pensez à la variété et à l’intensité des souffrances causées par la saisie.

Il y a plusieurs façons d’envisager la souffrance. Nous rencontrons tous des difficultés, des moments douloureux ou parfois tragiques dans notre vie. Nous avons tous perdu des êtres qui nous étaient très chers et qui étaient proches de nous. Actuellement même, certains d’entre nous peuvent souffrir d’une maladie très grave ou traverser des moments très difficiles. Mais pour la plupart d’entre nous, nous avons une vie confortable épargnée par la noble vérité de la souffrance énoncée par le Bouddha. Nous n’avons que très rarement connu la souffrance dans son intégralité, qui est la véritable signification de « la souffrance de tous les êtres sensibles ».

Parce que nous n’avons connu que si peu de souffrances, nous n’avons aucune réelle aversion pour le samsara, qui nous semble encore être un lieu où il est très agréable de se trouver, attrayant, avec un bel espace dans lequel vivre et profiter de la vie. Nous ne nous arrêtons pas un seul instant pour penser que tous les êtres sensibles veulent être heureux et se libérer de la souffrance tout autant que nous-mêmes le voulons. Ce type d’égoïsme et d’incapacité à comprendre notre interdépendance est une manifestation de l’ignorance et engendre le samsara.

Si vous avez un tant soit peu une certaine attirance ou une certaine dévotion pour la voie de la pratique, sentiment extrêmement utile et bénéfique, vous devez vous demander « Dans quelle mesure est-ce que je connais bien la souffrance » ? Le but de ces enseignements est de vous aider à percevoir la profondeur de la souffrance dans le monde et la cause de cette souffrance, qui est l’ignorance. L’ignorance, même si elle est totalement invisible, est l’unique cause de la souffrance dans ce monde. C’est elle seule qui empêche de se manifester sans obstruction la conscience simple, la bonté et la bienveillance humaines authentiques. En tant que tendance habituelle, elle nous distrait de notre nature fondamentale qui n’en reste pas moins constante et entière, telle la luminosité du soleil.

Les trois poisons-racines

Un esprit qui ne peut pas rester dans sa base de conscience primordiale va continuellement changer et créer des jugements positifs, négatifs ou neutres. Le chemin de la division est celui qu’emprunte l’esprit. Pourquoi sommes-nous si souvent distraits ? Du matin au soir, le corps est en mouvement, la parole est en mouvement, l’esprit est en mouvement et ce mouvement incessant crée l’action. Combien de ces actes du corps, de la parole et de l’esprit reposent sur la rectitude, la générosité, la compassion et la tolérance ? Et combien sont profondément ancrés dans la colère, le désir ou l’ignorance, pollués par l’égoïsme, la paresse, la jalousie et l’irritation, ou détournés par d’autres errances intérieures ou extérieures ? Lorsque nous prenons conscience que la totalité de cette confusion n’est construite que sur une base de concepts inutiles, nous commençons à voir pourquoi le samsara est appelé « souffrance ».

Un concept est une idée ou une pensée que nous utilisons pour expliquer en détails une perception. Bien sûr, ce ne serait pas un problème si toutes ces couches d’élaborations mentales concernaient la bonté, l’harmonie et la paix. Mais dans ce processus, nous créons constamment des dualités entre le bien et le mal, ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas, et bien d’autres choses encore. Si nous aimons ce que nous percevons, nous le saisissons et réagissons avec les émotions suscitées par l’attachement et le désir. Si nous n’aimons pas quelque chose, l’aversion va essayer de l’empêcher d’apparaître, provoquant peur et rejet. C’est de l’amour et de la haine que naissent les 84 000 émotions. Le troisième facteur, l’ignorance, est un état d’apathie parfois reconnu comme neutre. Cela ne veut pas dire qu’il ne représente pas un jugement ; la neutralité est simplement trop paresseuse ou trop distraite pour juger et les apparences vont alors nous entraîner n’importe où, selon leur bon vouloir. Ces trois principaux obstacles surgissent chez tous les êtres sensibles. Ils sont connus comme les trois poisons : le désir-attachement, la colère-aversion, et le poison de l’ignorance qui crée constamment la stabilité et la forme. Sous l’emprise de l’absence d’une conscience aiguë, nous nous servons de ces poisons pour solidifier nos concepts grâce aux fabrications mentales.

Il n’y a rien de particulièrement bouddhiste ou spirituel dans le fait de voir ces trois émotions de base comme des poisons. Non seulement ils ne nous apportent pas le moindre bonheur, mais ils sont tout à fait capables de détruire notre santé mentale. Mais nous succombons constamment à ces émotions, même si elles sont totalement inutiles.

Disons que « Christine » est assise en face de moi. Que pouvons-nous dire de Christine ? J’aime Christine, je ne sais pas qui est Christine, Christine pose une question ou y répond ; tous ces concepts rendent Christine de plus en plus réelle. Au début, ce n’est que « Christine », puis elle devient quelqu’un de précis faisant une chose précise. Christine devient de plus en plus importante et de plus en plus réelle et bientôt, tout le monde va entendre parler de Christine. Peu de temps auparavant, Christine n’existait pas pour nous et maintenant elle envahit notre esprit et tout tourne autour du concept « Christine ». C’est ainsi que nous solidifions les concepts grâce à une fabrication mentale, sans arrêt, sans arrêt.

Quelle est la vraie nature de Christine, celle qui est libre de toute élaboration mentale ? Qu’est-ce que nous pourrions effectivement apprécier chez Christine en tant que tel, sans couches de fabrication mentale ? Lorsque nous allons au-delà des jugements inutiles reposant sur les apparences, nous devenons inséparables de la vérité absolue de la base primordiale. Sur ce socle fondamental de bonté, nous pouvons établir et réaliser la totalité de la voie bouddhiste. Lorsque l’esprit s’éloigne de ce socle de conscience aiguë pour rentrer dans des interprétations reposant sur les trois poisons-racines, il devient le terrain fertile où faire germer les graines karmiques qui y ont déjà été semées. Comme un champ fertile prêt à produire des plantes, tous les tendrels ou liens de cause à effet, favorables ou défavorables, s’assemblent pour produire leur fruit karmique.

Une fleur dans l’espace

En essence, l’ignorance n’est rien de plus qu’une supposition. Comme quelque chose d’invisible, elle semble uniquement être là. Dans Le précieux ornement de la libération Gampopa décrit l’ignorance comme « une fleur dans l’espace ».

Imaginez que vous et moi soyons assis l’un près de l’autre et que je commence à vous décrire la très belle fleur que je tiens à la main, que vous puissiez la voir ou non. Je n’en finis pas d’énumérer toutes ses qualités et de vanter sa magnificence, mais cette fleur est une fleur imaginaire, c’est une fleur dans l’espace. Vous pouvez appeler cela de la rêverie et parce que vous ne voyez pas la moindre fleur, vous allez avoir du mal à me croire. De la même façon, l’ignorance est la supposition qu’il y a véritablement une « fleur » dans l’espace alors qu’en fait il n’y a rien.

De même, les pensées et les sentiments qui nous semblent si réels (mon ignorance, ma colère, mes désirs, la vie que je mène) sont comme cette fleur imaginaire et peuvent tout simplement nous obséder. Sans aucun doute, ces émotions présentent chacune une sensation et une texture précises mais il n’y a aucune preuve tangible qui puisse prouver leur existence. Elles sont comme des fleurs dans l’espace. De ce point de vue, nous passons notre vie entière à être l’esclave de pensées et d’émotions invisibles qui n’ont aucune existence réelle. Et une autre vie s’écoule, accumulant à nouveau des causes karmiques supplémentaires qui vont entraîner des effets karmiques supplémentaires. Ce cycle de la souffrance n’est jamais fini et nous sommes incapables de nous en échapper. Telle est l’essence du samsara. Nous devons véritablement comprendre que cette souffrance est provoquée par l’ignorance des êtres sensibles, incapables de percevoir leur vraie nature.

Ce monde est sans aucun doute rempli d’une grande souffrance due à la naissance, à la maladie, à la vieillesse et à la mort, mais aussi à la haine, à la violence, à la douleur et à d’autres difficultés, mais l’intensité de cette souffrance est de notre propre ressort. Nous avons tous la grande habitude de rendre les choses difficiles, compliquées, « nécessaires ». Saisissant ces très fortes illusions, nous permettons à des pensées sans forme de devenir tellement réelles qu’elles nous subjuguent complètement, nous et notre capacité humaine à simplement être, humains simples, honnêtes et bienveillants.

Le caractère composé des perceptions

Comment créons-nous un environnement tangible et les circonstances dans lesquelles nous sommes impliqués ? Tout ce que nous percevons provient de nos six sens œuvrant ensemble (les yeux, le nez, les oreilles, le toucher et la conscience mentale). Alors que la conscience mentale essaie de comprendre et de combiner ces forces, nous commençons à réagir aux différentes perceptions qui surgissent. Mais en fin de compte, chacune de ces formations aboutit à une pensée.

Par exemple, lorsque la conscience s’élève de l’esprit pour se relier à un objet en vue grâce à l’organe des sens que sont les yeux, ces trois éléments créent la première pensée qui est « Ah, je vois ». Il en est de même lorsqu’un son arrive à l’oreille et à la conscience de l’organe des sens. Un simple son peut partager l’esprit entre ces trois sortes d’ignorance et créer du karma. La relation entre les six organes des sens, les six objets des sens et les six consciences des sens amène une « première pensée ». Nous avons alors la possibilité de reconnaître la véritable nature de cette perception et de nous y tenir, ou de nous mettre à juger cette perception, auquel cas elle va devenir quelque chose que nous aimons, détestons ou voulons ignorer, ce qui va créer d’innombrables concepts.

Tant que nous ne sommes pas morts, notre corps et notre esprit, accompagnés des organes des sens, des objets des sens et des consciences des sens, sont constamment en mouvement, ce qui engendre la perception constante de l’activité. En reconnaissant cela, nous commençons à comprendre la cause de la racine de ce foisonnement continuel d’émotions et de douleur. Ce n’est que par la compréhension du caractère composé de la réalité relative que notre essence intérieure, que nous appelons « absolue », peut être vraiment comprise.

Du point de vue du bouddhisme, tout naît de l’esprit, c’est-à-dire toutes nos perceptions et sensations, de même que de l’environnement extérieur et de la relation que nous entretenons avec lui. Toute difficulté ou émotion imaginable (bonheur, souffrance, colère, ignorance, désir, attachement, jalousie, haine) n’est autre qu’une supposition de l’esprit. De ce point de vue, tout ce à quoi nous essayons de nous accrocher est un rêve ; une vie agréable, une vie désagréable, une vie heureuse ou triste, une vie compliquée ou simple, une vie spirituelle ou vouée au samsara, n’est qu’un rêve que nous passons notre vie à élaborer. Alors que nous allons d’une perception à une autre, la saisie donne de la consistance aux choses mais cette consistance amène le jugement, et le jugement fait de nous une personne très occupée. Saisir, juger et solidifier les apparences est une occupation non nécessaire qui ne nous permet jamais de reconnaître notre propre nature.

Saisir le moi crée de l’aversion, saisir les autres crée de l’attachement, et plus nous nous accrochons, plus ces objets de saisie deviennent réels. Nous nous surprenons à dire : « Je suis tellement en colère ! Comme c’est déprimant de voir que personne ne se rend compte de l’intensité de ma colère, comme il est urgent de l’analyser, de la manifester, et d’avoir une situation ou quelqu’un à tenir pour responsable de celleci ». Mais à quoi sert toute cette réalité à laquelle nous nous attachons, sinon à protéger notre propre ego grâce à cette croyance ? Nous pouvons nous accrocher à la colère pendant une vie entière, ce qui ne va pas faire de mal à qui que ce soit si ce n’est à nous-mêmes. Nous ne ferons qu’expérimenter les réelles difficultés et les réelles déceptions d’une telle vie. La vie continue et le monde ne va pas se porter plus mal parce que nous sommes en colère. Le soleil continue à briller, la terre et la lune continuent à tourner et le ciel continue à être là où il est. Alors, qui est le perdant ? Dans un moment de nécessité véritable comme la mort, ce ne sera rien d’autre qu’une pensée étiquetée « colère », identique à n’importe quelle autre pensée, et n’apportant rien, pas plus à soi qu’aux autres. Ainsi, nous pouvons regarder notre colère et voir qu’elle ne comporte que bien peu de réalité ; nous allons même pouvoir en parler et en rire.

Contempler la nature vide de tout phénomène est comme éplucher le tronc d’un bananier, feuille à feuille. Le gros tronc d’un bananier semble très solide mais ce n’est qu’un assemblage de feuilles qui se recouvrent les unes les autres. Enlevez toutes ces couches de feuilles et il ne restera pas le moindre tronc. Un méditant est capable de voir le samsara de la même façon. En essence, aucune des apparences et des expériences que nous appréhendons n’a une nature complexe ou une forme tangible. Comme le bananier, ces apparences ne sont qu’illusions. Tout dépend du sérieux que nous leur accordons. Avec quel sérieux envisageons-nous cet instant même et dans quelle mesure celui-ci présente-t-il la moindre différence avec un rêve ?

Tout s’élève de nous-mêmes comme les rêves que nous vivons dans notre sommeil, la nuit. Par exemple, vous pouvez ressentir une grande peur si vous rêvez qu’un animal féroce va vous dévorer. Lorsque vous vous réveillez, vous voyez que ce n’était qu’un rêve. Peu importe que ce que vous vivez en rêve soit agréable ou désagréable, lorsque vous vous réveillez, vous constatez que tout cela n’a jamais existé.

Découvrir notre vraie nature

Découvrir notre vraie nature ultime est l’essence même de la pratique du bouddhisme, qui est une philosophie non théiste. Le bouddhisme ne consiste pas à nous sauver ou à sauver les autres, il ne s’agit pas de se détacher de ceci ou de cela ou d’atteindre ceci ou cela. Toutes ces polarités ou ces extrêmes qui commencent par une action et se terminent par un résultat ne sont que des supports à la vérité ultime.

Cela peut sembler contradictoire. Comment la vérité ultime, au-delà des concepts, peut-elle reposer sur un sujet ou un objet, ou sur des notions théistes comme un temple, la notion de sacré ou de voie ? Pourquoi, plutôt que de tout simplement aller à l’essence même, parlons-nous de six mondes d’existence en y ajoutant encore de nombreuses autres catégories et de nombreux détails ? Pourquoi avoir alors encore plus d’aspects et de divisions que celles que nous avons déjà ? Le but de toutes les différentes formes d’enseignement et d’apprentissage, de pratiques, de sadhanas, de rituels et ainsi de suite est de fournir un chemin vers la réalisation de l’essence intérieure qui est la vérité ultime.

Pour étudier un esprit qui fournit continuellement des excuses logiques et se cache derrière des concepts habituels, nous disposons de nombreuses et différentes couleurs et formes comme des temples et des maîtres, des vœux, des préceptes, d’autres disciplines et d’autres philosophies. Lorsque nous nous asseyons dans le temple, que nous appelons un lieu sacré, devant des représentations de bouddhas, de bodhisattvas et de leurs maîtres, ou directement devant un maître, nous intégrons certaines restrictions. Nous créons ces formes et ces environnements dans l’espoir que, au moins à ce moment-là, nous puissions être plus honnêtes et avoir plus de détermination et plus d’ouverture que nous n’en avons dans notre vie quotidienne faite de chaos, de confusion et de schémas habituels. De cette façon, pas à pas, nous allons pouvoir développer le vrai courage de l’esprit qui est de voir les choses différemment. C’est ainsi que nous progressons vers l’éveil.

L’éveil est la reconnaissance de la vraie nature de tout ce qui apparaît : bruit, vision, odeur, goût, toucher, pensée ou sentiment. C’est reconnaître que tout cet ensemble de perceptions n’est qu’illusion. Il est vide, vide dans le sens où rien n’a de réalité tangible. Nous pouvons considérer chaque expérience, tout ce que nous faisons, tout ce à quoi nous nous relions ou tout ce à quoi nous essayons de donner un sens, comme un rêve. La voie bouddhiste est tout simplement une façon d’exploiter ces rêves. Il n’y a rien de mystérieux à étudier la nature vide, semblable à un rêve, de toute chose.

Étudier la réalité relative

Lorsque nous parlons de la nature illusoire des choses, nous ne critiquons pas la réalité relative de nos perceptions et nous n’essayons pas d’arrêter d’aimer tout ce que nous voyons, entendons, etc. Nous essayons de voir leur nature composée et de ne pas les rendre plus « réelles » que nécessaire. La pratique bouddhiste permet de comprendre cela. Lorsque nous sortons de la pièce où nous avons médité, toutes nos perceptions et nos émotions nous semblent réelles. À partir de celles-ci, nous créons nos mondes (ton monde, mon monde) et c’est de là que viennent l’égoïsme, la saisie de l’ego et toute la complexité de l’existence conditionnée. La pratique bouddhiste permet de comprendre que tant que nos perceptions des sens fonctionnent, nous pouvons exploiter l’idée que celles-ci ne sont pas du tout réelles.

Nous n’essayons pas alors de détruire ce qui est là, nous essayons de développer une certaine ouverture d’esprit. Un esprit ouvert ne s’inquiète pas autant. Nous nous soucions moins de rendre les choses plus réelles que nécessaire, et nous nous soucions moins de devoir les rendre irréelles. Sinon, nous pourrions passer la totalité de notre vie à essayer de renoncer à l’attachement à ce monde, ce qui est parfois utile et constitue l’une des voies de la pratique. En tant que moines ou nonnes, nous allons peut-être renoncer à notre famille, à notre maison, à nos terrains et à notre argent, et faire la liste de ce à quoi nous sommes attachés. Mais une façon plus simple d’aller au cœur des choses est tout simplement d’utiliser notre esprit.

Si nous pouvions reconnaître la nature vide de ne serait-ce qu’une seule pensée, nous comprendrions la vacuité inhérente à toute pensée. Il n’est pas nécessaire de détailler la totalité du caractère concret de chaque concept pour arriver à tout éliminer ; il n’est pas nécessaire d’éliminer toute ignorance, tout attachement, tout désir, toute haine, toute jalousie. Il nous faut seulement reconnaître que la nature de notre esprit est libre de toute saisie, de façon inhérente et authentique. C’est la seule chose qui puisse réussir à nous libérer de l’illusion. Tout le reste ne va être qu’un terrain fertile pour la production du karma ; lorsque notre esprit passe d’une conscience aiguë à une absence de conscience, d’innombrables graines karmiques vont pousser sur ce sol et venir à maturité, et le cycle des souffrances va continuer.

C’est à vous que s’adressent ces enseignements

En tant que pratiquants bouddhistes, nous suivons l’exemple du Bouddha Shakyamuni. Lorsque le Bouddha a atteint l’éveil, la première chose qu’il a enseignée a été la nature de la vérité ultime, la vraie nature primordiale de l’esprit. Mais personne n’a compris ce qu’il voulait dire. Le Bouddha a alors enseigné la première noble vérité, la vérité de la souffrance. Mais vous allez peut-être penser que c’est parce que ce groupe d’ignorants n’avait rien compris il y a 2500 ans, que nous devons maintenant supporter tous ces rituels et écouter les 84 000 types d’enseignements et commentaires, et ainsi de suite. Mais c’est à vous que s’adressent ces enseignements.

Si le Bouddha Shakyamuni était assis en face de vous et vous expliquait la véritable nature ultime de l’esprit, seriez-vous capable de comprendre celle-ci et de la mettre en pratique, même aujourd’hui, avec toutes les possibilités qui vous sont offertes et avec l’accès à tous les enseignements bouddhistes ? Et si je vous disais que parce que la nature de l’esprit est vacuité et claire lumière, tout ce que vous avez à faire est d’abandonner la saisie (c’est à cela que se résume le bouddhisme), pourriez-vous le faire ? Il y a une différence entre comprendre ce point de vue et être capable de l’intégrer et de le mettre en pratique. Pour cela, il nous faut transcender les schémas habituels du corps, de la parole et de l’esprit.

Le défi des schémas habituels

Bien que la bonté fondamentale intrinsèque soit en chacun de nous, nous sommes encore confrontés à des défis incroyables, connus comme nos schémas habituels. Notre enthousiasme et notre conscience peuvent être mis au défi par les perturbations liées aux émotions comme l’ignorance, le désir, la haine, la jalousie et la colère.

Le plus souvent, notre esprit se laisse envahir par ces troubles. La plupart d’entre nous sommes tellement pris dans nos schémas habituels que nous avons perdu la simplicité de la vérité ultime, qui ne se reflète alors plus dans les actes de notre corps, de notre parole et de notre esprit. Incapables de préserver notre conscience de la vérité fondamentale, nous en venons à dépendre d’apparences fausses, ou points de vue erronés. Nous faisons alors reposer nos jugements sur ce qui est apparent plutôt que sur ce qui est vrai. Par exemple, si la colère survient, plutôt que de pénétrer les profondeurs du cœur de l’autre, nous jugeons les sons et les actes que nous percevons, ce qui nous entraine dans d’innombrables fabrications mentales. Nous sommes alors incapables de reconnaître notre nature authentique. Nous pourrions dire, en fin de compte, que l’éveil est l’extinction de tous les concepts de ce genre.

Les schémas habituels nous offrent un terrain familier. C’est dans cette familiarité que nous vivons et que nous avons vécu nos innombrables vies antérieures, c’est cette familiarité qui solidifie chaque sentiment, chaque perception, chaque pensée, chaque action. C’est cette familiarité qui donne de la réalité aux choses (les fabrications mentales, les jugements, les extrapolations) et qui ensuite satisfait à cette réalité et essaie de survivre en elle. Par exemple, il se peut que nous n’aimions pas notre colère mais si la colère est pour nous un terrain familier, elle va nous être plus familière que la tolérance. Et malgré nos aspirations, nous sommes incapables de nous débarrasser de la colère et de nous tourner vers la tolérance. Nous sommes sans arrêt confrontés au défi qui consiste à briser ce qui est devenu des schémas bien établis de pensée, de parole et de vie.

Il n’est pas nécessaire que nous commencions par changer le monde

On a déjà beaucoup écrit sur la pratique spirituelle. Tout le monde comprend le matérialisme spirituel et s’accorde à dire que ce qui est important dans la pratique est la qualité et non la quantité. Et audelà de toutes les pratiques et toutes les philosophies, nous comprenons bien que c’est l’esprit