Comment devenir un os creux - Sophia Clémenceau - E-Book

Comment devenir un os creux E-Book

Sophia Clémenceau

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Beschreibung

De façon vivante et illustrée, Sorgina relate son périple de chercheuse à travers deux disciplines ancestrales, le chamanisme et le qi gong, ces notions lui permettant de vivre des états de conscience modifiée et des expériences où elle se sent devenir « un os creux ». Au fur et à mesure de son récit, tout en apportant des connaissances réelles au lecteur, elle l’invite à faire lui-même ses propres expérimentations grâce à quelques pratiques qu’elle lui révèle.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Sophia Clémenceau, femme médecine et formatrice en qi gong, explore le chamanisme et le qi gong en parallèle depuis une trentaine d’années. Chercheuse de la compréhension du Mystère du vivant, elle se nourrit de nombreuses lectures et formations pour mieux appréhender les expériences qu’elle traverse. Comment devenir un os creux - Le chemin du chamanisme et du qi gong est son premier ouvrage.

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Sophia Clémenceau

Comment devenir un os creux

Le chemin du chamanisme et du qi gong

Essai

© Le Lys Bleu Éditions – Sophia Clémenceau

ISBN : 979-10-377-8249-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Black Elk, le grand saint homme, disait : « J’ai guéri avec le pouvoir qui passait à travers moi. Bien sûr, ce n’était pas moi qui guérissais. C’était le pouvoir venu de l’autre monde ; les visions et les cérémonies avaient simplement fait de moi un trou à travers lequel le pouvoir avait la possibilité de parvenir aux “deux-jambes”. Si j’avais pensé que c’était ma propre action, le trou se serait fermé et aucun pouvoir n’aurait pu passer. Tout ce que j’aurais fait alors aurait été insensé. »

Fools Crow disait : « Nous sommes appelés à devenir des os creux pour notre peuple, et tous ceux que nous pouvons aider. Nous ne sommes pas censés chercher le pouvoir pour notre propre usage ou honneur. Ce que nous, les os creux, devenons, c’est le câble qui lie Wakan Tanka, les aides, et la communauté ensemble. »

Citations de Thomas E. Mails

Avertissement

En tant qu’auteure, j’ai choisi de présenter cet écrit comme une histoire qui s’inspire de faits réels relatés selon une chronologie propre à la dynamique de cet écrit.

Et comme la notion de temps est très relative du point de vue des expériences vécues en état de conscience modifiée, ceci s’harmonisera avec cela !

S’il s’agit d’une histoire romancée, mon propos est toutefois d’apporter au lecteur des éléments de compréhension de deux pratiques ancestrales que sont le chamanisme et le qi gong. Ainsi, toutes les connaissances abordées dans ces deux domaines sont tirées de mon parcours et de mes recherches, avec les apports traditionnels et théoriques que j’ai pu recevoir de la part de mes enseignants ou à travers certaines expériences et lectures.

Pour chaque citation, la référence est précisée dans la mesure du possible. Par ailleurs, certains exercices sont décrits de telle façon que le lecteur puisse lui-même les expérimenter s’il le souhaite.

J’ai fait le choix de donner un nom imaginaire aux divers personnages de ce récit.

Celui de la protagoniste revêt une symbolique que je tiens à expliquer ici.

SORGINA (prononcer [sorguigna]) : « Bien que Sorgin puisse être le nom aussi bien d’un homme que d’une femme, ce sont les femmes qui traditionnellement ont développé le rôle spirituel au sein des communautés pyrénéennes (dont la communauté basque qui nomme ainsi leurs “chamans : Sorgin” et une “chamane en particulier : Sorgina”). Elles jouaient un rôle analogue à celui d’autres chamans indigènes de diverses latitudes. Elles étaient celles qui connaissaient les secrets de la procréation (donneuses de vie, accoucheuses). Et aussi, en raison de leur connaissance du monde spirituel, les gens faisaient appel à elles en tant que conseillères, oracles et sacerdoces.

De la même façon que dans d’autres parties d’Europe, dans toute la cordillère des Pyrénées Basques se sont perpétuées diverses cérémonies et réunions, certaines plus sacrées que d’autres auxquelles ne participaient qu’un petit nombre de personnes et d’autres auxquelles participait toute la communauté. Ces rencontres, en relation avec la cosmovision animiste propre à tout peuple indigène, étaient l’antithèse des cultes tristes et culpabilisants que voulait imposer l’Église catholique. La joie et le plaisir, caractéristiques intrinsèques à la Vie, faisaient partie de nombres de ces célébrations ; ce que les inquisiteurs du catholicisme s’évertuèrent à détruire. »

Extrait d’un article sur la mythologie basque

Dans quel contexte j’utilise le terme « chamanisme ».

Initialement, le termechamanisme était utilisé pour décrire les traditions et pratiques spirituelles de différents groupes ethniques en Sibérie, Mongolie et certaines parties d’Alaska et du Canada.

Il désignait une forme spécifique de communication avec les Esprits qui comportaient : le costume chamanique, les chants improvisés et le grand tambour plat. Si on se réfère à la « tradition chamanique », on devrait donc parler uniquement des chamans sibériens ou mongols, c’est-à-dire faire juste référence à la stricte définition anthropologique qui inclut seulement les pratiques spirituelles des populations de l’Arctique et de l’Antarctique.

Chez les Amérindiens, celui ou celle qui guide et effectue ces pratiques est appelé « homme ou femme Médecine ». Dans d’autres traditions, la personne qui assure cette fonction porte un autre nom (par exemple, paco, mamo… ou druide, dans notre culture occidentale).

Aujourd’hui, la plupart des Occidentaux utilisent le mot chamanisme pour décrire un contenu et non une forme : cela veut dire maintenant avoir une relation consciente avec les Esprits. En accord avec cette nouvelle définition, les guérisseurs aborigènes d’Australie, les devins africains et beaucoup d’autres sont tous des chamans d’une façon ou d’une autre.

De nos jours, la plupart des Occidentaux appellent chamanisme les pratiques de guérison effectuées par les non occidentaux qui vivent ou ont vécu en relation de proximité avec la terre.

Un concept de base du chamanisme est que le monde dans lequel nous vivons n’est qu’un parmi d’autres. Il est souvent appelé « monde de la réalité ordinaire », par opposition au « monde de la réalité non-ordinaire ». Dans cette conception, les différents règnes du monde vivant sont tous considérés comme Sacrés et interconnectés. C’est à ce concept de base que je me réfère dans l’usage que je fais du terme chamanisme.

(NDL : voir en annexes une introduction au chamanisme)

Par simplification, quand je fais référence au « chaman » de façon générique, j’utilise le genre masculin, sachant bien sûr que certains chamans sont des femmes. Ce qui signifie que si j’évoque une chamane, il s’agira d’une chamane en particulier.

Les citations, photos et annexes sont toutes issues du matériel personnel de mes recherches et études.

Préface

Telle l’abeille, cette femme pollinise.

Elle est la garante d’une transmission qui perpétue l’équilibre et nourrit l’accord de ce qui en soi se veut en vérité.

C’est ainsi que dans la vérité de Sophia j’ai pu ressentir et reconnaître sa marche, oui, sa démarche, oui, et ceci depuis plus de vingt ans.

K. Michèle Thomas

Art thérapeute danse et son, chamane

Introduction

Pourquoi associer des pratiques comme le CHAMANISME et le QI GONG ?

Le CHAMANISME nous apprend à nous ouvrir aux plans de l’invisible, à connecter aux autres mondes, au monde de l’Esprit, des Esprits. Dans la vision chamanique, tout ce qui est vivant a un Esprit. Nous pouvons donc communiquer avec cet Esprit qui peut devenir un guide comme apporter une guérison à travers la relation qui s’effectue entre l’officiant et Lui. À travers la pratique, l’officiant perçoit combien nous sommes interagissant avec le monde du vivant et qu’il n’y a pas de véritable séparation entre ces différents règnes du vivant, que nous en ayons conscience ou non.

Les changements d’état de conscience que l’on peut vivre lors de pratiques chamaniques, et en particulier durant un voyage chamanique ou une transe, nous permettent d’expérimenter de façon très palpable cette connexion et cette relation. Notre conscience spirituelle ouvre alors d’autres portes et cela ne peut se faire qu’à travers une posture ajustée, neutre et de calme intérieur.

Pour un chaman, si ses émotions ne sont pas calmes, l’Esprit ne pourra pas s’installer « si le chaman est agité, l’Esprit sera agité ».

Comment devenir ce « tube creux » ou « os creux » qui permettra au souffle Qi1et aux Esprits de nous traverser sans faire interférence ? Si le corps est déformé, le Qi sera déformé et, de fait, il ne pourra pas circuler librement. Quand le Qi pourra être calme, stable, alors l’esprit de la personne pourra entrer dans le calme et les Esprits pourront donc « s’installer ».

*****

Le QI GONG permet de s’ouvrir aux perceptions énergétiques et développe la capacité de s’harmoniser avec les énergies de la nature. Il favorise l’ancrage et le centrage.

Cet art ancestral est influencé par le Taoïsme. L’approche taoïste est « se connaître soi-même pour pouvoir connaître l’Univers ». Il s’agit donc d’une pratique de régulation du Qi et de connaissance de soi.

Le cerveau ne fait qu’observer. Pourquoi veut-on qu’il « fasse le calme » ? Parce que c’est seulement dans cet état que l’on peut percevoir les sensations. Grâce à la pratique, notre sensibilité se développe. Par cette sensibilité qui se développe, nous pouvons ressentir ce qui se passe autour de nous.

« Le plus important quand on pratique le qi gong est shén 神 “l’esprit”, mais l’esprit est le plus difficile à “attraper-percevoir”, c’est pourquoi la pratique nous fait passer par le corps. La pratique du qi gong est là, d’une certaine façon, pour réunir le Qi et la structure, pour les fondre l’un dans l’autre.

Car le lien entre les deux, c’est Qi. Le travail sur le Qi est donc le passage fondamental.

Le raffinement de l’esprit est un peu comme un but. Le raffinement du Qi est, quant à lui, un processus par lequel on doit passer. Raffiner le Qi c’est réunir le corps et l’esprit.

Quand on dit “fondre le Qi”, c’est dans ce but. » (Maître Zhang Ming Liang)

Le qi gong place l’homme entre ciel et terre. L’énergie (Qi) du ciel, comme celle de la terre se rencontrent et s’alchimisent dans le corps de l’homme agissant ainsi sur sa propre énergie.

C’est ainsi que la pratique de cet art ancestral a plus qu’une action sur la santé du pratiquant, cela devient un art de vivre pour lui. Le plaçant en meilleur équilibre avec lui-même et ce qui l’entoure (comme un jeu d’harmonie entre l’intérieur et l’extérieur – l’extérieur et l’intérieur), il prend alors conscience que ce qui vit autour de lui – aussi bien la nature que le climat, l’homme que l’univers – agit sur son corps comme sur son esprit. Les exercices dynamiques, comme la méditation, le placent peu à peu en témoin de ce souffle de vie qui le traverse et le transforme.

Le secret de l’alchimie interne, c’est : le feu de la conscience, l’eau de la vitalité, la terre de l’attention.

Lü Dongbin, alchimiste taoïste de la dynastie Tang

*****

Ces deux pratiques ancestrales et spirituelles à la fois se complètent ainsi très bien et apportent l’équilibre et le centrage qui nous permettent de développer nos perceptions énergétiques comme spirituelles.

Sophia Clémenceau, femme Médecine et formatrice en qi gong, les explore en parallèle depuis une trentaine d’années. Elle met son expertise au service d’un accompagnement qui permet à chacun d’expérimenter ce voyage du corps et de l’esprit.

Préambule

Il était une fois une femme qui cheminait depuis déjà de nombreuses années dans la conscience d’être sur un Chemin Sacré et sur une Terre Sacrée !

Son cœur était rempli d’Amour pour la Création dans ses diverses formes, la Joie d’Être nourrissait sa Vie et l’incitait à concrétiser ses projets et rêves. Elle marchait sa Parole avec une exigence et une intégrité, mises au Service de son Chemin Sacré.

Elle portait en elle un grand idéalisme qui l’amenait à aspirer à une Humanité de Paix et d’Amour.

Elle savait que chacun peut, à tout instant, être traversé par la Grâce et qu’une transformation peut être instantanée.

Sa voie spirituelle, inspirée par différentes traditions, qui, chacune à sa manière, l’avaient enrichie et l’enrichissaient encore, l’invitait à aller toujours plus loin dans sa quête de chercheuse !

« Bienvenu au lecteur qui découvrira à travers ce récit, l’histoire d’un parcours où chamanisme et qi gong s’entrecroisent et se nourrissent mutuellement.

Que cela puisse enrichir chacun et l’inciter à trouver sa propre Voie, à danser sa couleur spécifique d’Être Humain et à donner vie à son Rêve Sacré ! »

Chapitre 1

Premiers pas

Ce jour-là, Sorgina se rendait à sa séance d’acupuncture. Cela faisait un moment qu’elle avait opté pour cette façon de se soigner, car au fil du temps, elle s’était rendu compte que cette médecine ancestrale l’avait grandement aidée à se sortir de l’état de mal être qui l’avait habité durant tant d’années.

Pourquoi était-elle sur terre ? Pourquoi avait-elle choisi cette famille ? Pour quelles raisons vivre ? Avoir de quoi manger et se loger, fonder une famille, tout réaliste que soit ce type de projets, cela ne pouvait être les seules motivations à l’appel de l’incarnation ! Pas pour elle en tout cas, car elle voyait bien qu’il lui fallait donner un SENS à sa vie. Selon elle, l’humain s’incarnait pour… grandir, s’éveiller, Devenir…

Depuis ces quelques années que j’ai commencé une recherche plus personnelle, je sens bien « qu’autre chose m’appelle », mais quoi ? se dit Sorgina.

Elle marchait en ville, écoutant le chant des oiseaux qui lui évoquait que le jour viendrait où elle ne serait plus citadine. Elle marchait joyeusement, sentant bien que quelque chose de nouveau se préparait !

Elle avait rendez-vous avec Vincent, son acupuncteur depuis quelque temps. Après un bref instant d’attente, Vincent la reçoit. Commence alors le questionnaire habituel suivi de la prise de pouls qui lui permettent de savoir quel protocole de pose d’aiguilles appliquer.

Pendant que les aiguilles agissent, Sorgina et Vincent devisent, comme à leur habitude.

Vincent lui dit alors :

« Vois-tu, il est temps pour moi de proposer ces exercices chinois dont je t’ai parlé. Je suis sûr que cela va te plaire, continue-t-il. J’ai l’intention de démarrer un petit groupe hebdomadaire et j’espère que tu viendras essayer.

— C’est quoi ces “exercices chinois” dont tu parles, lui demande alors Sorgina ?

— Cela s’appelle dao yin, dit-il. Ce n’est pas encore connu en France, mais ça travaille sur les méridiens en favorisant la circulation du Qi.

— Ah comme l’acupuncture alors, rétorque-t-elle.

— D’une certaine façon, oui… Tu verras c’est très complet, cela fait du bien au corps et à l’esprit. C’est comme une méditation en mouvement.

— Est-ce que cela aide à s’ancrer ? Parce que tu sais, comme moi, que j’ai tendance à partir dans les nuages ! Enfin, beaucoup moins depuis que je pratique la danse africaine, c’est vrai, mais quand même ! Tu sais que mes diverses tentatives en Yoga n’ont pas été concluantes.

— Oui, oui, je sais tout cela. Le dao yin t’amène à prendre conscience de ton centre énergétique 2 et aussi à le renforcer. Mais ce serait mieux que tu essaies. Tu sais bien que rien ne vaut la pratique ! »

Quelques semaines plus tard, Vincent et un petit groupe d’amis se retrouvent dans une salle en plein centre-ville. Sorgina n’est pas persuadée que cela va lui convenir de pratiquer enfermée dans une salle, mais elle a confiance en Vincent, elle décide donc d’essayer. Et là c’est la révélation, elle ne voit pas le temps passer ! Et pourtant son dos lui dit que cela ne va pas être facile, ces positions assises prolongées ! En tout cas, elle quitte ce premier cours en pleine forme !

Sorgina devient une élève assidue des cours hebdomadaires de Vincent. Les premiers résultats s’en font sentir, les maux de tête récurrents ont disparu, le sommeil est bien meilleur avec de plus en plus de facilité pour elle à se souvenir de ses rêves. Elle se sent plus calme, plus détendue, du coup les douleurs de son dos s’estompent peu à peu, dans cette position assise qui lui devient de plus en plus facile. Elle adore les pratiques debout, car elles lui procurent plein de sensations.

Au fil du temps, elle apprendra qu’en position assise comme en position debout, il s’agit de se sentir toujours entre ciel et terre. L’axe doit donc être bien droit de façon à recevoir aussi bien le Qi du ciel que celui de la terre.

Au cours de ses années de pratique, elle constatera que c’est comme une danse du Yin et du Yang qui cherchent toujours à s’équilibrer à l’intérieur de l’homme et nous amène ainsi à être plus relié à l’Univers.

À cette époque-là, Sorgina se dit que c’est incroyable d’être dans une salle en plein Paris et de se sentir reliée à la nature de cette façon. Paradoxalement, elle commence d’ailleurs à lui être de plus en plus nécessaire et perceptible à la fois, cette nature.

À quelque temps de là, elle retrouve son amie Alicia qui lui jette un regard étonné.

« Mais tu as fait quoi ? lui demande-t-elle. Je ne t’ai jamais vue aussi sereine depuis toutes ces années !

— Tu ne devineras jamais ce qui vient de m’arriver. Depuis quelques semaines, je pratique des exercices énergétiques et à la séance d’hier soir, waouh, il m’est arrivé un truc incroyable !

— Raconte, s’impatiente Alicia !

— Hier, pour la première fois, nous avons fait l’exercice de l’ours.

— L’exercice de l’ours, c’est quoi ça, interrompt-elle ?

— Bon, tu me laisses te raconter ou pas ? Alors…

Nous sommes là, debout en train de faire un mouvement où il s’agit de mettre nos mains avec nos doigts en griffes. On doit être souple sur nos jambes qui sont un peu écartées. On respire dans cette sensation d’être bien ancré à la terre en tournant sur place à partir du bassin.

— Ouais vous imitez un ours quoi !

— Mais non justement, on ne doit pas chercher à l’imiter, mais plutôt à “entrer dans son énergie”, ou à la sentir, tout au moins.

— Quoi ?

— On continue en faisant l’exercice de “l’ours qui demande à manger” puis celui de “la marche de l’ours”. Et on termine en revenant à “la présentation de l’ours”. Et là d’un seul coup, je sursaute parce que je sens LA PRÉSENCE DE L’OURS dans la pièce.

— Tu rigoles ou quoi ! réagit Alicia, interloquée.

— Non, tu me connais, je suis plutôt sceptique, ou je l’étais jusqu’à il y a peu, devrais-je dire. Parce que là, j’ai carrément ouvert les yeux pour vérifier qu’il n’y avait pas un ours dans la pièce ! Évidemment il n’y en avait pas, mais je t’assure que j’ai senti une présence tangible.

Cela me rappelle ce que je t’ai déjà raconté que j’ai lu dans des livres sur le chamanisme. Je sens vraiment l’appel en moi d’explorer la relation avec le monde des Esprits. Et c’est bien fini, je ne dirai plus que je ne crois qu’à ce que je vois ! Tu sais, cela me confirme qu’il me faut aller plus loin dans cette pratique et trouver quelqu’un qui m’initie au chamanisme. D’ailleurs, depuis un moment que je suis plongée dans les livres de Castaneda, il m’arrive de plus en plus de trucs inexplicables “rationnellement”.

— Ah, transmission de pensée, car le fait que tu évoques tes lectures de Castaneda me faisait penser à la fois où tu m’as raconté ce qui t’était arrivé lors de ton voyage en Colombie. Tu te rappelles ?

— Tu parles si je me rappelle ! »

Je revois la scène : je m’étais isolée sur une montagne de la Cordillera pour continuer ma lecture de « Histoires de pouvoir ». J’étais en train d’essayer de comprendre, ou plutôt de sentir, ce qu’il voulait dire en parlant de Tonal et de Nagual… et d’un seul coup je sens une présence à mes côtés ! Mon regard se perd dans l’immensité des montagnes face à moi et je sens cette présence. J’écoute avec tous mes sens et j’entends « il te faudra aller plus loin dans cette exploration ». Je me retourne, mais bien sûr, il n’y a personne physiquement présent à mes côtés. Je reste là un moment à savourer ce temps, entre deux… Était-ce un temps ou un espace entre deux dans lequel je m’étais transportée ? Quelque part où le temps n’existe pas en tout cas, car, quand je suis redescendue pour rejoindre mes amis colombiens avec qui je voyageais, ils s’inquiétaient vraiment.

— Tu étais passée où, me demande mon ami Alejandro ? Cela fait une heure qu’on te cherche. Il est 17 h, tu es partie en début d’après-midi en disant que tu allais faire une petite sieste avec ton livre. Tu n’étais pas censée partir seule en randonnée et tu sais que cela peut être dangereux avec les milices, insiste-t-il.

— Je suis désolée, mon intention n’était pas de vous inquiéter. Je n’ai pas vu le temps passer, j’étais si bien dans la montagne…

— Ma chère Alicia, dis-je, de retour à la réalité du moment, c’est sûr que j’ai dû inventer un truc abracadabrant comme excuse. Je n’avais pas envie que mes copains me prennent pour une folle en racontant cette histoire. D’autant que là-bas, certains partent vite dans la superstition et mes amis ne s’intéressaient pas vraiment au chamanisme.

Alicia et moi continuons alors à échanger au sujet des lectures qui nous aident à nous ouvrir à d’autres compréhensions du monde. Et qui, pour certaines, nous invitent à nous libérer de nos croyances. Nous savons l’une comme l’autre que lire ne suffit pas. Alors chacune de nous, à sa façon, nous avons entrepris « un travail sur soi ».

Chapitre 2

Le Qi, énergie

Sorgina est de nouveau allongée avec quelques aiguilles pour réguler son Qi.

Vincent lui dit :

— Ça a l’air de te plaire ces exercices chinois… Bon, il faut que je te précise quelque chose, je t’ai dit que cela s’appelait dao yin, ça c’est le nom traditionnel, parce que maintenant, même en Chine ils parlent de qi gong. Littéralement Qi veut dire « énergie » et Gong veut dire « travail », autrement dit ce sont des exercices pour travailler l’énergie, sous-entendu la réguler, la faire circuler, l’harmoniser.

— On dirait vraiment que les effets ressemblent à l’acupuncture, dans ce que tu évoques.

— Oui, d’ailleurs traditionnellement, le qi gong est considéré comme une des cinq branches de la Médecine traditionnelle chinoise, au même titre que l’acupuncture, le Tuina (massages chinois), la pharmacopée et la diététique. Ce qui est intéressant, c’est que là tu es véritablement acteur, actrice, puisque c’est grâce à ta pratique que tu influences ton Qi. À travers ces mouvements, tu peux aussi nourrir ton Qi avec celui de la nature, qu’on appelle Qi pur. D’ailleurs plus tu pratiqueras, plus tu te rendras compte que tu te sentiras de plus en plus reliée à la nature, aux éléments qui la composent et aux changements de saison.

— Vincent, il faut que je te raconte ce que j’ai ressenti lors de la première séance où tu nous as fait faire les exercices de l’ours.