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A travers la situation économique, comprendre le chemin que suit l'humanité. Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, les inégalités se creusent et persistent. Ces problèmes ont leur origine dans ce que nous sommes: des êtres dont la vision consciente est trop limitée. Nous avons besoin de valeurs nouvelles, nous avons besoin d'élargir notre conscience individuelle. Les mouvements qui se manifestent dans la société mondiale révèlent que celle-ci évolue comme tout autre système vivant, en trouvant spontanément les solutions qu'il lui faut, telles que celles qui apparaissent dans l'économie solidaire. Le livre relie en un tableau d'ensemble les questions économiques et les aspects spirituels. Il offre au lecteur des pistes pour continuer la réflexion à sa convenance.
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Seitenzahl: 173
Veröffentlichungsjahr: 2020
Du même auteur
La Voie de l’humanité, Livre 2 (2011) Considérations philosophiques sur les enjeux politiques et culturels
La Voie de l’humanité, Livre 3 (2020) La spiritualité est notre voie d’évolution
www.lavoienaturelle.com
Nous exprimons notre gratitude envers tous les auteurs directement ou indirectement cités dans l’ouvrage, en particulier envers Anup Shah, Fritjof Capra, Betsy Bowman et Bob Stone, Frank Brunner, David Loy, Ethan Miller, John Ikerd, Mila Kahlon, Paul Hawken, le Vénérable Payutto. Leurs points de vue aident à comprendre le monde.
Illustrations de Jacqueline Enjalbert
Merci
L’ouvrage est dédié aux personnes qu’une lecture aride ne rebute pas, et qui savent goûter la satisfaction d’une réflexion approfondie.
Remerciements
Prologue
Un coup d’œil sur la planète
Le principe de l’ordre économique mondial, le néolibéralisme
Un coup d’œil sur les pays développés.
Un monde unifié pour le meilleur et pour le pire
La Loi du marché
Le principe de profit maximum
Les Dinosaures
La croissance des masses
Une croissance néoplasique ?
Une question de conscience
Les Principes du changement
For the Happy Few
Mode de réalisation du changement
Observer le changement
L’économie solidaire
Concepts d’entreprise
Equilibre et Bien-être
Sources et documents
À l’heure actuelle, la plupart des humains se posent sans doute de sérieuses questions sur la voie que suit l’humanité. Il semble qu’un amas de problèmes majeurs l’assaille, pour lesquels aucune solution n’est en vue, et d’autre part il n’y a aucune idée formulée et acceptée qui définisse le chemin que l’humanité est en train de suivre, comme si celle-ci avançait de façon ferme et décidée vers son but, mais sans avoir aucun but du tout.
Les pages qui suivent expriment la perplexité et les réflexions de l’individu moyen et ordinaire, celui qui n’est pas un expert, celui à qui on ne demande rien. Et pourtant, il pense, il s’informe, il écoute les voix les plus diverses car il aimerait bien comprendre et influencer son destin. Entrons dans ses pensées et suivons-les, développons-les, ce sont les vôtres, ce sont les nôtres, nous serons peut-être surpris de voir combien nos idées sont proches. Ces pages proviennent de tous les horizons et s’adressent à chacune des personnes qui habitent cette Terre. Mais armons-nous de courage pour aller au bout, le chemin n’est pas très facile.
Jetons un coup d’œil autour de nous, suivons à la trace les observateurs des problèmes de notre monde.
Examinons d’abord dans le présent volume la situation au niveau économique et social.
Que verrons-nous ?
Nous voyons Bombay, voici quelques détails tirés d’un article du Monde Diplomatique, (1) « Une obsession nommée Bombay » :
« Sur une superficie d’environ un kilomètre carré, de nombreux habitants des taudis ont construit deux ou trois greniers au-dessus de leur masure et les louent à d’autres pauvres hères. Chaque baraque abrite en moyenne dix personnes. Nul ne sait combien de misérables vivent dans Reay Road, mais le chiffre augmente tous les jours, tout comme le chaos […]
Et, à dire vrai, personne ne sait avec certitude combien d’habitants compte Bombay. Les recensements officiels font état de 12 millions d’habitants… dont la moitié de sans-abri… Mais, en raison du flot ininterrompu d’immigrants, de la population des slums et des centaines d’enfants non déclarés qui naissent chaque jour, il se pourrait qu’ils soient en fait près de 16 millions[…]
La métropole attire chaque jour des milliers de personnes venues du reste du pays pour croiser le bonheur dans cette « ville de l’espoir », convaincus qu’ils y trouveront un emploi […]
Alors ils survivent ici, sur la route, jour après jour, malgré la pollution, la chaleur insupportable, la malnutrition, la saleté, le grondement des camions qui passent à toute allure, les accidents, les maladies, les rats énormes et les corbeaux, les caniveaux puants, le dégoût des passants mieux lotis et les inondations de la mousson […]
Il faut un certain temps pour comprendre pourquoi cette ville continue à attirer un afflux incessant d’étrangers qui espèrent y faire fortune. Elle est démesurée, étouffante, bondée, polluée, suffocante, encombrée, congestionnée par la circulation, et dégage les visions et les odeurs les plus effroyables de la pauvreté et de la maladie. Si vous êtes pauvre, vous vivez dans des conditions inhumaines. Si vous êtes riche (1% de la population), la mafia vous harcèle constamment. Pour qui appartient aux classes moyennes, le fait de partir de chez soi chaque matin est un combat ; il faut se battre contre les autres véhicules, négocier les nids de poule, essayer d’ignorer les petites mains implorantes qui s’accrochent aux vitres de la voiture… »
Ce témoignage pourrait s’appliquer à des centaines d’autres agglomérations et constitue une pièce probante sur un aspect de la planète.
Nous sommes régulièrement mis au courant de l’état général de la planète. En voici quelques exemples tirés de sites qui surveillent les problèmes mondiaux. De nombreuses sources d’information sont à notre disposition. Les données citées dans ce chapitre proviennent principalement du site Internet Global Issues (2) qui présente une analyse très complète des problèmes sociaux, économiques et politiques de notre monde. Voici donc un petit résumé du tableau général, une réalité que l’on supporte beaucoup mieux quand elle est réduite à un chiffrage statistique :
Deux milliards d’humains sont victimes de malnutrition et 18 millions meurent de faim chaque année.
Des millions de gens meurent chaque année de maladies tout à fait guérissables et évitables.
1,3 milliard de gens ne disposent pas d’eau potable, 3 milliards n’ont pas d’équipement sanitaire, 2 milliards n’ont pas d’électricité.
La pauvreté, la faim, la malnutrition, la maladie, les conditions d’hygiène déplorables, l’illettrisme hantent une grande partie de l’humanité. On pourrait détailler la description de notre monde à nous en parlant de l’exploitation des enfants (25 millions d’enfants sont exploités dans des conditions de travail inacceptable), des conditions faites aux femmes, du respect des droits humains fondamentaux.
Aussi serait-il bien intéressant d’arriver à comprendre comment l’homme en arrive à faire un tel gâchis de son existence et de sa dignité.
Nous, les hommes, nous sommes vraiment de pauvres cloches.
La genèse historique de notre tragédie mondiale résulte en grande partie du choc des cultures. Au cours des derniers siècles, les cultures agressives mercantilistes d’Europe sont entrées en contact avec des économies de subsistance paisibles. On se souvient que le contact ne fut pas harmonieux. On repense aux Conquistadores s’emparant de l’or, des terres, des âmes et des personnes des nouvelles Indes. On repense à la traite du Bois d’Ébène. Les disparités culturelles étaient trop grandes pour engendrer des échanges équitables.
Il semble que la tragédie du sous-développement trouve sa source dans ces échanges historiques. Le colonialisme a ouvert de vastes territoires à l’exploitation des nations riches. Les peuples colonisés se sont trouvés en état d’infériorité économique, et ils y sont restés.
Suite à la décolonisation, les points cruciaux du commerce restent sous le contrôle des puissances dominantes, notamment grâce aux élites locales dont on s’attache la loyauté.
Les plus riches déterminent les règles de commerce, façonnent les institutions internationales et contrôlent l’information.
Cette supériorité commerciale signifie l’avantage d’utiliser les ressources à bon compte, ce qui prive le pays fournisseur d’une part équitable.
Les règles de développement que les institutions internationales imposent aux pays pauvres maintiennent la dépendance et le sous-développement de ces derniers, car elles favorisent des échanges commerciaux qui se font au détriment des pays pauvres.
Les nations pauvres n’obtiennent plus les moyens de produire leur propre alimentation et de créer leur propre industrie.
Le libre-échange ne garantit pas des échanges équitables. La richesse continue d’être transférée vers les pays les plus riches. Les pays les plus faibles sont forcés d’accepter des échanges inégaux.
Par ailleurs, les pays riches savent bien se protéger contre les importations qui pourraient nuire à leur économie.
Les pays pauvres ont besoin d’investissements cruciaux dans les domaines des infrastructures, de l’éducation, de la santé, avant de pouvoir établir des échanges commerciaux équitables. Mais leur développement est obéré par le poids de leur dette, qui a été parfois héritée de l’époque coloniale.
Le déséquilibre qui relie les deux extrêmes de l’humanité est tissé de multiples liens de cause à effet, et qui sont rarement mis en lumière. Prenons-en un seul, qui servira d’exemple, celui de la dette.
Les pays décolonisés ont reçu leur dette en héritage de la part de leurs anciens tuteurs, dans les années 60, et depuis leur dette ne cesse de croître. Les milliards empruntés retournent vers les pays riches qui s’enrichissent de ce trafic. « Les pauvres subventionnent les riches » dit-on. Par le jeu des intérêts composés, la dette ne cesse de se reproduire et s’envole à un niveau insupportable. Le cycle infernal ne peut s’interrompre que par l’annulation de la dette.
Selon le rapport Jubilee 2000 de la Banque Mondiale, la dette continue d’augmenter malgré des paiements plus importants, et en même temps, l’aide diminue. L’aide officielle a baissé de 20% depuis les années 90, et les pays qui s’étaient engagés à verser un pourcentage d’aide défini n’ont jamais tenu leur promesse.
En comparaison d’un dollar d’aide reçue, le Tiers Monde verse treize dollars de remboursement. La production de richesse dont ces pays ont besoin est siphonnée en dehors. On signale que pendant les années 80, les salaires réels ont dégringolé de 60% au Mexique, de 50% en Argentine, de 70% au Pérou.
Heureusement que nous ne savons pas tout cela, ça nous mettrait mal à l’aise. Si nous le savons et que cela ne nous dérange pas outre mesure, alors il faut reconnaître que nous sommes une créature essentiellement tournée vers elle-même, vers ses propres intérêts et préoccupations.
N’oublions pas de mentionner que dans les pays les plus pauvres, les gens qui sont contraints de payer la dette ne sont pas ceux qui l’ont contractée, et qu’ils n’ont pas vu non plus la couleur de cet argent.
Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, remarquait, lors d’une conférence le 30 octobre 2003 que les pays en voie de développement avaient versé l’année précédente près de 200 milliards de dollars à des pays tiers.
« Les fonds devraient aller des pays développés vers les pays en voie de développement, mais les chiffres nous disent le contraire. Les fonds qui devraient favoriser les investissements ou la croissance dans les pays en voie de développement, ou construire des écoles et des hôpitaux, ou soutenir d’autres mesures […] de développement, partent au contraire vers l’étranger. »
Le programme des Nations Unies pour le développement estime que les transferts du Sud vers le Nord atteignent $ 500 milliards par an, alors que l’aide adressée au Tiers Monde totalise environ $ 50 milliards.
Selon l’économiste Manfred Max-Neef, les pays en voie de développement subventionnent les pays industrialisés à raison de centaines de milliards de dollars par an. Max-Neef estime à $ 400 milliards le transfert net de l’Amérique latine vers les pays industrialisés.(3)
Dix ans après le Sommet mondial de l’alimentation qui promettait de réduire de moitié d’ici 2015 le nombre d’êtres humains affectés par la sous-alimentation, aucun progrès n’a été enregistré et 854 millions de personnes ne mangent toujours pas à leur faim, selon le rapport annuel de la FAO sur l’insécurité alimentaire (Octobre 2006.)
Notre monde est ce que nous en faisons. Ce que nous en faisons témoigne aussi de ce que nous sommes. Il faut bien constater que nous ne réussissons pas très bien à faire de notre monde quelque chose de convenable, et qui nous plaise. Mais il est vrai que nous ne nous en préoccupons pas vraiment, il s’agit pour nous de problèmes ingérables et lointains.
N.B. Les données chiffrées dans l’ensemble de ce livre ne correspondent sans doute plus exactement à la situation actuelle.
Le lecteur pourra évaluer par lui-même et selon ses informations dans quelle mesure les chiffres actualisés demeurent semblables ou autant significatifs à mesure que les années passent.
Les règles économiques fondamentales qui régissent notre monde sont bien connues. Elles sont édictées par les nations les plus puissantes, qui veillent par là à gérer leur intérêt national. Elles évoluent quelque peu, au cours des âges tout en se répétant naturellement sur le fond.
La théorie néolibérale repose sur l’idée de liberté économique la plus vaste possible, dans un régime de capitalisme triomphant.
Le principe fondamental du libre échange voit dans le marché totalement libre un instrument magique capable d’apporter tous les bienfaits imaginables :
Libéré de l’intervention étatique, de réglementations excessives, des contrôles des prix, du poids des syndicats, le libre échange dope l’économie. La libre circulation des biens, des services, des capitaux doit assurer une croissance soutenue.
La privatisation des entreprises publiques garantit leur efficacité et leur rentabilité.
Le libre échange développe le commerce mondial et permet à tous les pays de se développer à leur tour. Il assure la plus juste et la plus efficace répartition des ressources.
C’est dans la compétition que le système puise son énergie magique : la compétition bénéfique entre pays, entre compagnies, entre individus au sein de l’entreprise encourage le succès des meilleurs et stimule l’innovation, baisse les prix, procure les meilleurs résultats. Cette compétition sacrée est le cœur même de toute préoccupation personnelle, elle est l’expression du principe de survie, l’expression ancestrale de l’activité humaine.
Qui dit mieux ?
Pour peu qu’on soit capable d’examiner les résultats, il apparaît bien qu’effectivement, ce régime a apporté des progrès inestimables dans bien des secteurs. La mondialisation a notamment permis le décollage économique des pays émergents, car les délocalisations transportent des emplois ailleurs, même si c’est encore sous le signe de l’exploitation.
Évidemment, ce genre d’activité économique répand autour de lui une certaine richesse et fait progresser le niveau de vie, mais pas du tout de façon satisfaisante, efficace et équilibrée, la preuve flagrante nous l’avons sous les yeux dans l’état actuel de la planète, et aussi dans les pays riches et développés depuis longtemps, où les disparités économiques ne disparaissent pas avec le temps, mais où elles persistent et souvent s’aggravent, signe certain que cette sacro-sainte loi du marché ne fonctionne pas bien du tout.
Cette activité économique ne répond pas aux besoins des populations, puisque la moitié des humains demeurent complètement démunis, et que d’autre part, le cinquième d’entre nous consommons la presque totalité des ressources.
L’article de Global issues, « Primer on Neoliberalism » (1) signale que la première année de l’instauration de la zone de libre-échange nord américaine, les salaires ont diminué de moitié au Mexique, tandis que le coût de la vie augmentait de 80%.
Dans Corpwatch, « What is Neoliberalism ? » (2) E. Martinez et A. Garcia font remarquer :
Un des résultats incontestables du néolibéralisme, c’est que les riches s’enrichissent toujours davantage, tandis que les pauvres s’appauvrissent toujours davantage.
Lors d’une conférence au British Museum, le 16 novembre 2000, Nelson Mandela déclarait :
« Nous acceptons le processus de mondialisation. Il est inévitable et irréversible. » Mais, « si la mondialisation doit engendrer une paix et une stabilité réelles dans le monde, elle doit se faire au bénéfice de tous. Elle ne doit pas permettre aux pays les plus puissants économiquement et politiquement de dominer et de submerger les pays plus faibles des régions périphériques. On ne peut pas permettre qu’elle draine vers les grands pays la richesse des petits pays, ni qu’elle accroisse l’inégalité entre les régions riches et les régions pauvres. »
Cité par Global Issues dans « Criticisms of Current Forms of FreeTrade, » (3) J.M. Bunzl écrit :
« Loin d’une quelconque motivation altruiste que les conditions s’améliorent pour les habitants des pays pauvres et qu’ainsi le fossé se comble entre les riches et les pauvres, la mondialisation devient donc simplement une pratique efficace et peu coûteuse permettant aux multinationales de tirer profit d’une faible fiscalité, de faibles réglementations et d’une main-d’œuvre vulnérable, tout en pénétrant dans les économies des pays en voie de développement. »
On peut aller jusqu’à dire que le néolibéralisme est un facteur de désagrégation sociale. Si on considère que le dynamisme économique doit se faire au profit des actionnaires des entreprises et que les autres bénéfices concernant les travailleurs ou le reste de la société ne sont que des retombées marginales, ce dynamisme économique, donc, ne peut s’exprimer qu’aux dépens de la structure sociale. Il exprime une agression envers les valeurs sociales, une extorsion envers le corps social. Cela apparaît dans les mesures que le capitalisme impose, comme autrefois à l’époque de la révolution industrielle, lorsque les agriculteurs et petits artisans autonomes durent renoncer à leurs moyens de subsistance indépendants pour devenir les masses ouvrières dépendantes du capital, de même nous retrouvons aujourd’hui les mêmes lésions envers le corps social dans les mesures que dicte le néolibéralisme : réduction du rôle de l’état, déréglementation, liberté la plus grande possible pour l’entreprise, privatisation des secteurs publics, réduction de la puissance syndicale, flexibilité des emplois, précarisation qui place les employés à la merci de l’employeur, diminution de la protection sociale, tous ces traits sont autant de preuves d’un mode d’agression des maîtres de l’économie envers le corps social, et pour leur propre profit.
On remarque principalement que dans ce fonctionnement, les décisions concernant l’ensemble de la société sont prises par un tout petit nombre d’intéressés.
On remarque également que c’est le même fonctionnement qui est maintenant étendu à la planète entière.
Aux rapports sociaux d’exploitation, de lutte, de stress sans cesse renouvelé, le modèle néolibéral rajoute le même type d’exploitation et de dégradation de l’environnement et des ressources planétaires. C’est mettre au cœur du contrat social le principe de la foire d’empoigne, une lutte primitive de chacun pour soi, le cynisme comme fondation morale de notre monde. C’est établir notre monde sur un déficit moral que les sociétés précédentes ne connaissaient pas à un point aussi grave, c’est entériner une dégradation des conditions de l’humanité à l’échelle de la planète.
Des centaines de rapports et d’études mettent en lumière la persistance et même l’augmentation de niveaux importants de pauvreté dans les pays développés.
Il suffit d’en citer quelques-uns :
En l’an 2000, un rapport de l’OCDE (1) sur la pauvreté dans six pays développés (dont l’Allemagne, le Canada et les États-unis) signalait la persistance de la pauvreté à un niveau impressionnant. Sur une période de six années, le niveau de pauvreté dans ces pays oscillait entre 12 et 40%.
C’est dans le plus riche d’entre eux que s’observent les écarts les plus marqués entre riches et pauvres. Aux États-unis, 1% des personnes qui se trouvent au sommet ramassent plus d’argent que les 40% qui se trouvent en bas, une inégalité qui n’a cessé d’augmenter depuis 70 ans.
Au Royaume-Uni, les 50% de la population qui sont au bas de l’échelle ne possèdent que 1% de la richesse. En 1976, ils en possédaient 12%.
La pauvreté peut aller jusqu’à toucher la moitié de la population de Grande Bretagne, avant la prise en compte des aides sociales. Beau résultat pour un pays qui s’efforce depuis des siècles de rester à la pointe de la civilisation.
C’est çà, le progrès ? La juste répartition des richesses ? L’efficacité économique ?
Voici quelques témoignages : Impact de la mondialisation sur le développement urbain.
(Description d’un quartier urbain.) « Il existe de multiples rangées de maisons privées, fermées à l’aide de planches, dans les quartiers où les locataires de logements sociaux ne veulent plus habiter et où les propriétaires ont abandonné les propriétés qui ont perdu presque toute valeur. Des quartiers possédant une criminalité des plus élevées en Europe de l’Ouest, de même pour le taux de dépendance aux drogues dures […]
Le centre de Londres est à présent la région d’Europe la plus riche, son PIB dépasse le double de la moyenne européenne. La capitale jouit d’un PIB trois fois supérieur à celui des plus pauvres régions britanniques […] Au total, la Grande Bretagne se classe quatrième des pays les plus pauvres de l’Union Européenne. Elle affiche les écarts les plus grands entre régions au sein de l’Europe de l’Ouest. Comparé au PIB londonien de 222, le PIB per capita européen moyen est de 100[…]
La compétition économique mondiale conduit à l’appauvrissement de la vaste majorité de la population, tandis qu’une petite minorité réside sur des îlots d’une époustouflante prospérité…Les zones urbaines qui souffraient des pires conditions sociales à la fin du siècle dernier sont encore, cent ans plus tard, les zones de pire dénuement….Si la vie et les infrastructures urbaines se dégradent, si les relations sociales se fracturent, c’est parce qu’on laisse le chômage, la pauvreté et l’inégalité perdurer et se développer… » (2)
« N’est-il pas ironique que la faim et la pauvreté persistent aux États-unis, la nation la plus riche du monde ?