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L'humanité trace sa voie par elle-même, en suivant ses aspirations et en s'adaptant à son milieu naturel. Ce livre s'attache à découvrir les principaux aspects de la situation actuelle, ainsi que les orientations nouvelles dont l'humanité a besoin, et qu'elle cherche obscurément. Cet ouvrage s'inscrit donc dans une perspective qui nous concerne tous . L'auteur a voulu restituer le tableau d'ensemble que nous composons dans le monde actuel, en ajoutant les connaissances de sagesse ancienne qui peuvent nous aider. En se penchant sur ces réflexions, le lecteur se sentira naturellement enclin à apporter sa contribution au parcours et au sens qu'il doit prendre.
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Seitenzahl: 277
Veröffentlichungsjahr: 2020
Du même auteur
La Voie de l’humanité, Livre 1 (2020) Considérations philosophiques sur les enjeux économiques et sociaux
La Voie de l’humanité, Livre 3 (2020) La spiritualité est notre voie d’évolution
www.lavoienaturelle.com
Ce livre est dédié aux petits enfants d’aujourd’hui, qui seront grands demain, et qui seront capables de le comprendre
Remerciements
Avant-Propos
Notre priorité première
Démocratie imparfaite
Démocratie dirigée
Démocratie véritable
Le besoin de développement personnel
Ouvrir et délivrer
Plus qu’un grain de folie
Les mégapoles
Les Trois Pouvoirs
Religion et évolution
Comprendre le monde
L’esprit et la matière
Entre Ciel et Terre
La loi de réponse de l’énergie
Le mysticisme
Trouver le chemin
La méditation
Épilogue
Notes et documents
Nous exprimons notre gratitude envers tous les auteurs directement ou indirectement cités dans l’ouvrage, et en particulier Anup Shah, Noam Chomsky, Fritjof Capra, et Maître Ni Hua Ching. Leurs points de vue aident à comprendre le monde.
Merci à Jacqueline Enjalbert pour les illustrations.
Le présent ouvrage se concentre sur l’étude des questions politiques et culturelles qui agitent notre monde, du point de vue du citoyen ordinaire qui réfléchit sur l’univers qui l’entoure et sur son propre destin. Notre monde est constitué d’un bouillonnement de problèmes majeurs qui ne cessent de nous mettre en alerte.
Cet ensemble de questions alarmantes – économiques, sociales, politiques, culturelles, démographiques, environnementales, ontologiques, et autres, réclame une approche cohérente et assurée. Or il nous manque précisément la vision méthodique et unifiée qui nous permettrait de saisir les problèmes dans une compréhension globale et ainsi nous permettrait d’y apporter les solutions appropriées.
Loin d’apporter des solutions, de créer de l’harmonie et du bien-être, notre civilisation fabrique toujours davantage de problèmes qu’elle n’en résout. Nos activités explosent dans mille directions contradictoires, les cultures, les religions, les sociétés, les systèmes économiques et sociaux s’affrontent ou s’ignorent. Les sciences ne produisent que des savoirs de plus en plus morcelés, de sorte que la pensée humaine est victime de cet émiettement et se trouve confrontée à des catastrophes qu’elle n’a pas vu venir à temps.
C’est à tout cela que pense le citoyen ordinaire. Il utilise tous les moyens d’information dont il dispose. Il puise dans l’abondante documentation moderne, mais celle-ci ne suffit pas à répondre à ses questions. Pour obtenir une vision vraiment globale, il doit aussi prendre en compte l’héritage d’expérience que les prédécesseurs lui ont légué. L’inspiration de ce livre procède donc aussi de la source la plus riche qui soit : la distillation sans interruption de l’expérience humaine, un continuum de la pensée humaine depuis l’âge préhistorique jusqu’à nos jours.
En découvrant que dans le passé, l’espèce humaine a déjà su acquérir une compréhension fiable et complète de son univers, en réhabilitant le savoir-faire ancien tout en le mariant avec les connaissances de l’ère moderne, le citoyen ordinaire voit s’ouvrir devant lui une perspective unique qui lui donne les clés d’une compréhension complète du sens de l’aventure humaine. Il découvre qu’il peut être en mesure de comprendre son monde, de comprendre son destin, et par là, de trouver des solutions aux conflits qui l’entourent.
Loin d’être une suite de spéculations hasardeuses et partielles, ce texte repose sur la perspective profonde de la sagesse antique, un apport qui est devenu de nos jours une nécessité. L’inspiration provient de la vision intégrale que nous offrent les oeuvres mettant à notre portée les enseignements anciens, et complétant ce qui nous manque dans notre façon de penser.
Ce livre vous invite donc à suivre une réflexion synthétique et holistique qui ouvre des voies permettant à chaque personne de poursuivre son chemin et trouver des réponses à tous ses questionnements.
Voici un tableau des priorités dans les dépenses mondiales au tournant du siècle (1998.) Elles sont exprimées en milliards de dollars U.S :
Éducation primaire pour toutes personnes au monde
6
Produits de beauté aux États-Unis
8
Eau et hygiène sanitaire pour toutes personnes au monde
9
Crème glacée en Europe
11
Planning familial pour toutes femmes au monde
12
Parfumerie en Europe et États-Unis
12
Santé et nutrition pour toutes personnes au monde
13
Aliments pour animaux familiers en Europe et États-Unis
17
Frais de divertissement dans milieux d’affaires au Japon
35
Cigarettes en Europe
50
Boissons alcoolisées en Europe
105
Stupéfiants dans le monde
400
Dépenses militaires mondiales
780
Ces montants des dépenses annuelles sont tirés du site Internet Global Issues (Problèmes Planétaires) dans son volet sur la consommation, ce qui nous fournit une précieuse et précise indication quant aux valeurs qui sont celles de la société humaine.
La révélation la plus saisissante serait d’opposer la première et la dernière de ces priorités.
Ces chiffres sont déjà anciens, et nous avons fait beaucoup de progrès depuis : une dizaine d’années plus tard, les dépenses militaires et le commerce d’armement dépassent les 1 100 milliards de dollars par an, (bien au-delà des dépenses en médicaments à 643 milliards environ,) soit le premier chapitre des dépenses de l’espèce humaine.
Cela représente donc la principale activité des nations, c’est-à-dire la lutte entre elles pour se partager la domination du monde. Par delà le légitime besoin de sécurité des nations, il s’agit aussi et surtout pour elles de veiller à « leurs intérêts », c’est-à-dire de s’assurer le contrôle des matières premières et des marchés.
Ce contrôle s’établit par la force, par la présence de bases ou d’armées.
« Existe-t-il un seul homme, une seule femme, un seul enfant, dirai-je, qui ignore que le germe de la guerre dans le monde moderne se trouve dans la rivalité industrielle et commerciale ? » reconnaissait le Président W. Wilson. (1)
« Smedley D. Butler, le général du Corps des Marines le plus décoré de l’histoire américaine ne comprenait que trop bien la vraie nature de la politique extérieure des États-Unis et du Corps des Marines en général, lorsqu’il en vint à conclure, après avoir pris sa retraite en 1931, que pendant les 33 années qu’il avait passées comme officier des Marines sur trois continents, il avait agit « en qualité d’homme de main spécialisé au service du grand capital, de Wall Street et des banquiers … un gangster pour le capitalisme. »
Un demi-siècle plus tard, un autre officier des Marines, le général A.M. Gray, identifiait comme menace envers les États-Unis, ces « insurrections qui peuvent mettre en danger la stabilité régionale et notre accès à des ressources économiques et militaires vitales. » (2)
Une dernière citation pour nous tenir un peu plus à jour :
« Pour permettre [au pétrole] de continuer à couler, pour maintenir un statu quo statique, et laisser les bilans des compagnies pétrolières se remplir à ras bord, nous [les États-Unis] avons installé notre armée comme une super force de police dans la région. Officiellement, la raison pour nous de se trouver là était d’assurer « la stabilité,» un de ces fameux mots à la mode dans le business, mais tout cela n’est que du baratin – la présence militaire au Moyen Orient est là pour garantir que tout ce qui sortira du sol soit exploitable et sous le contrôle des multinationales américaines. » (3)
Naturellement, cet impérialisme économique conquérant fut le fait de toutes les puissances au cours des siècles. Mais ce qui est à remarquer, c’est qu’il y a aussi souvent eu des nations qui ont commercé et prospéré sans trop manifester de belligérance et de domination. De nos jours encore, on trouve parmi les grandes puissances économiques des pays démocratiques parmi les plus prospères, qui ne pratiquent pas l’hégémonie politique.
C’est qu’en effet, le commerce peut être une activité pacifique et coopérative. On doit conclure qu’il existe toujours la possibilité d’un choix : entre sortir le glaive ou la balance, comme on disait autrefois, il n’y a pas nécessité de sortir les deux à la fois.
Vouloir dominer les relations commerciales, c’est bien vouloir prendre plus qu’il ne revient. Ainsi se détermine le choix. Autrement, il n’y a pas besoin de recourir à un hold-up. Par exemple, pour acheter son pain : en lui donnant le bon prix, le boulanger se fera un plaisir de vous fournir ce qu’il vous faut. Si vous vous emparez de sa boutique, que vous videz sa caisse et qu’en plus vous l’obligez à travailler pour votre profit avec un salaire minable, c’est là que commencent les motifs de guerre.
Le grand capitalisme s’exerce selon le principe du profit maximum, et par conséquent, si au niveau mondial les états assument le relais pour ouvrir hors frontières le chemin aux multinationales, c’est bien dans le but qu’elles puissent continuer de retirer les profits maximum, et dans les meilleures conditions pour elles.
Le gourdin, la canonnière, les envahisseurs, passent régulièrement avant la calculette, pour tous les états qui peuvent se le permettre.
« Est-ce que les nations se dotent d’armement nucléaire, chimique et biologique par crainte d’attaques de la part d’autres nations, ou bien n’est-ce pas surtout parce que sans cela les plus puissantes ne pourraient pas exploiter les plus faibles ? » (4)
Les livres de notre Histoire ont été écrits pour raconter les péripéties dévastatrices et glorifiées de notre activité première. Les fatales horreurs et le broyage continu de destins qu’ils racontent peuvent nous servir de miroir pour mieux comprendre ce que nous sommes.
Nous sommes une créature qui choisit souvent le pire des comportements et ne s’en rend pas compte. Au lieu d’échanges pacifiques et profitables, notre cupidité pressante nous pousse à préférer la guerre et la domination, si faire se peut. Nous subissons ce choix dévastateur parce que nous ne nous rendons pas capables de progresser un peu plus haut que notre caractéristique principale, celle qui consiste à rester ancrés dans notre autocentrisme, lequel est naturel, certes, mais aussi aveugle et inconscient.
Le mal qui frappe l’humanité trouve là sa racine. Nous engendrons nos propres maux, et si nous étions capables de nous en rendre compte, nous aurions déjà fait un énorme bout de chemin pour les éviter. Au lieu de cela, nous avons tendance à les aggraver toujours plus avant.
Les ossements des victimes des guerres finiront peut-être par constituer la prochaine couche géologique de la Terre, mais en attendant, il serait bien utile de se rendre compte des dommages et des gaspillages épouvantables que nous fabriquons fébrilement.
Tout d’abord, entendons encore cet appel courageux et prophétique du Président Eisenhower :
« Chaque canon que nous fabriquons, chaque navire de guerre que nous lançons, chaque fusée mise à feu représente en fin de compte du vol envers ceux qui ont faim et ne peuvent se nourrir, envers ceux qui ont froid et ne peuvent se vêtir. Équiper le monde en armement ne signifie pas seulement dépenser de l’argent.
C’est aussi dépenser les efforts de ses travailleurs, le génie de ses chercheurs, les espoirs de ses enfants … Ce n’est en aucune façon un mode de vie acceptable.
Sous des cieux assombris par la menace de guerre, c’est l’humanité qui se trouve suspendue à une croix de métal. » (5)
Moins de 1% des sommes que le monde a dépensées en armement chaque année aurait suffit à mettre tous les enfants à l’école au terme de l’an 2000. Eh bien, nous ne l’avons pas fait.
L’éducation change le monde. Elle est le moyen incontournable d’assurer le développement matériel et intellectuel. Elle est la clé d’un avenir positif, d’une meilleure réalisation humaine. Elle est aussi l’investissement le plus efficace et le moins coûteux.
Eh bien, nous ne nous en sommes pas vraiment préoccupés.
Peut-être l’avons-nous gardée pour nous comme un trésor, un monopole. C’est une dette que nous avons envers ceux à qui l’éducation fait défaut.
« Nous désirons tous un monde pacifique et prospère, et pourtant les nations ne cessent de se disputer les richesses du monde et de maintenir le monde dans la pauvreté … À elle seule, la Guerre Froide a gaspillé cinq fois les richesses qui auraient permis d’industrialiser le monde et d’éliminer presque toute la pauvreté. De même, un petit 14% de la production industrielle d’armement au plus fort de la Guerre Froide aurait suffit à industrialiser le monde à un niveau durable et à éliminer presque toute la pauvreté en quarante cinq ans seulement. » (6)
Difficile d’imaginer toute la dilapidation de ressources que représente les budgets militaires, puisque cela défie l’imagination, et notre aveuglement nous interdit peut-être à jamais de voir le monde magnifique auquel nous aurions pu donner naissance à la place.
Par contre nous pouvons essayer un instant de nous ressouvenir de faits plus concrets qui ont émaillé notre existence :
Pollution de sites nucléaires, champs de mines antipersonnel, bombes à sous munitions, bombes à uranium appauvri, soutien à des dictatures, à des régimes corrompus ou réprimant les droits de l’homme, renversement de démocraties, etc., chacun peut rajouter ce qui manque …
Et nous pouvons aussi essayer un instant de comprendre de quoi notre présent est fait. Nous pouvons timidement percevoir qu’il n’y a pas la moindre chance que les choses changent de sitôt. La course aux armements est semblable à un vice qui s’alimente et se développe de lui-même.
En effet, le fait que des pays s’arment suscite les rivalités et conduit naturellement les autres à s’armer également, et par conséquent, au lieu d’apporter la sécurité, on passe à un niveau de danger plus étendu et plus élevé. On accumule des réserves d’armes de plus en plus importantes et variées, qui demanderont toujours à être plus entretenues et rénovées, accroissant toujours les risques pour la sécurité de tous.
Les industries de l’armement se gavent et en réclament toujours davantage, réunissant dans cette grasse pâtée de milliards de milliards la cupidité pour soi-même et l’hostilité pour autrui, la recette de réussite la plus assurée et la plus permanente pour elles.
C’est la concrétisation moderne de l’Hydre immortelle, le monstre dont les multiples têtes se régénèrent en se redoublant, et qui exhalent un poison virulent …
Nous avons amassé des armes capables de détruire plusieurs fois le monde. C’est bien l’image de cette épaisseur d’inconscience morale qui est une caractéristique essentielle nous définissant, nous les hommes.
Nous aurions dû nous rendre compte que détruire le monde une seule fois, c’était suffisant, car la deuxième fois, nous ne pourrions même plus nous servir de nos belles armes de destruction massive.
Nous aurions même dû nous rendre compte qu’il peut exister des activités plus positives que de confectionner des moyens de tout détruire. Mais en réalité, ce degré de perception n’est pas encore à notre portée.
Cette vision totalement infantile et immature qui est la nôtre est encore plus apparente si on observe ce qui se prépare pour l’avenir.
Un article publié en janvier 2007 par TomDispatch.com nous donne une description de ce qui se prépare qui vaut la peine d’être étudiée. (7)
Cet article, intitulé « Nos armes cauchemardesques de demain » nous apprend quels seront les nouveaux développements aux États-Unis, mais les autres pays ne sont pas en reste :
Les combats au sol se dérouleront comme dans les jeux vidéo, les équipements de haute technologie permettant de mettre à mal l’ennemi tout en demeurant hors d’atteinte.
Le nouveau chasseur F-35 sera capable d’agir librement chez ceux d’en face en se jouant sans problème des défenses ennemies, mais cependant au coût de quelque $275 milliards de dollars, soit le plus coûteux programme jamais vu.
On imagine aussi un bombardier hypersonique F/B-22, indétectable au radar, capable de prendre la couleur du ciel et de changer de forme à mesure que ses réservoirs s’épuisent …
On prévoit un véhicule lancé par fusée capable de frapper n’importe quel objectif sur la planète en moins de deux heures.
Le programme anti-missile, qui a déjà coûté 200 milliards de dollars sans produire de résultat probant demande à être financé jusqu’en 2024 d’une quinzaine de milliards chaque année.
Les dépenses se font dans une relative discrétion et cette discrétion permet l’engagement de sommes quasiment illimitées.
Déjà Fritjof Capra écrivait :
« En conditionnant mentalement le public américain, et en contrôlant efficacement ses représentants, le complexe militaro-industriel réussit à obtenir des budgets de défense en augmentation constante, lesquels permettent de concevoir des armes hautement scientifiques à employer dans les dix ou vingt ans à venir. Entre le tiers et la moitié des chercheurs et ingénieurs américains travaillent pour les armées, consacrant toute leur imagination et leur créativité à l’invention de moyens de destruction totale toujours plus perfectionnés – systèmes de communication laser, rayons de particules, et autres technologies complexes pour une guerre spatiale informatisée. » (8)
L’arrêt des ces dépenses abracadabrantesques est évidemment impossible puisque elles donnent du travail à des centaines de compagnies, la puissante industrie de l’armement sait contrôler les décisions des gouvernements et un tel arrêt signifierait un crash complet pour l’économie mondiale.
Le plus ordinaire des individus qui réfléchit à ce problème comprend que tout l’enjeu réside dans les formidables bénéfices à retirer de ces activités. La question de sécurité des nations est bien secondaire.
À toutes fins pratiques, l’ennemi est surtout hypothétique, et heureusement. S’il n’existe pas très visiblement, il faut l’inventer et le magnifier pour pouvoir jouer le jeu. Mais à force de le susciter, l’ennemi hypothétique devient réel. Toute invention létale nouvelle entraîne finalement son apparition également chez l’ennemi supposé, et cela reste vrai jusque dans les recherches les plus avancées.
C’est pourquoi cette folie délirante tournée vers l’avenir ne cesse de se développer, plus elle grandit, plus elle devient justifiable et profitable et durable.
Le plus ordinaire des individus se rend compte également à quel point ces dépenses sont inutiles, car l’ennemi qui surgit n’est pas celui pour lequel on s’est préparé. Les politiques de domination font surgir des ennemis imprévus, tels ces porteurs de bombes aux pieds nus savent contrer les plus beaux engins perfectionnés. Ils agissent au niveau individuel, c’est la prise à revers des organisations militaro-étatiques. Leur détermination est toute aussi absolue que la puissance des engins apocalyptiques. On se retrouve à égalité. Les lois fondamentales d’équilibre de l’univers se manifestent tout naturellement.
Cela signifie que nous vivons dans un monde de plus en plus dangereux, alors même que nous avons tendance à nous endormir à propos des nouvelles des guerres de droite et de gauche, parce qu’il en a toujours été ainsi, et qu’on s’y est habitué.
Mais le nombre d’états possédant l’arme nucléaire augmente régulièrement, les sujets de conflits ne cessent aussi d’augmenter, ne serait-ce qu’à cause de la raréfaction des ressources mondiales.
Il est évident que le danger continue de devenir de plus en plus menaçant, de plus en plus réel, surtout si on tient compte de notre niveau d’évolution morale, qui ne peut progresser que dans une infinie lenteur. Nous qui sommes une créature si primitive et si peu évoluée spirituellement, nous qui n’avons pas dépassé notre culture d’agression et de domination, nous voilà dotés d’armes terrifiantes dont il est pratiquement certain que nous ferons usage.
Le seul obstacle qui l’a empêché jusqu’à présent a été notre propre peur pour nous-mêmes. Il est urgent que quelque chose se passe avant qu’une fois de plus le zoo humain ne déclenche le pandémonium.
Cela nous amène directement à examiner ce qui ne va pas dans l’homme. Établissons d’abord les distinctions entre l’individuel et le collectif. Le problème de la militarisation mondiale se situe au niveau des états et non des individus.
Les états font les guerres que les individus subissent. Lors des conflits, les peuples déclarent généralement ne pas en vouloir à leur ennemi, ni avoir souhaité ces tragédies, surtout lorsque les choses tournent mal. Et ils sont certes sincères.
Pour autant, ne pas dire que les individus n’y sont pour rien. Ils sont les mêmes du haut au bas de l’échelle. Les individus baignent dans la conscience collective, qui englobe leur formation culturelle et mentale, ils s’identifient aux dirigeants, partagent plus ou moins leurs objectifs, et peuvent y adhérer complètement si la propagande et la communication sont bien faites. Cela est nécessaire pour que les dirigeants soient suivis; ceux-ci doivent suffisamment coller à la configuration de leurs administrés. Ils savent flatter les sentiments populaires qui assurent qu’ils soient suivis. Le pouvoir politique individuel et la conscience collective s’influencent réciproquement.
Bien sûr les états et les lobbies qui orientent les états ont d’autre part leurs propres objectifs qui diffèrent de ceux des particuliers, mais ceux-ci n’en ont pas conscience.
En fait, la pyramide de l’état est un prisme qui magnifie dans les dirigeants les qualités et les défauts qui sont ceux de l’individu ordinaire. Les dirigeants ne sont pas des hommes d’exception. Ils sortent du même bain.
Que ce soit dans le faste visible au sommet des états ou dans l’obscure existence du particulier, c’est la même nature et les mêmes passions qui se manifestent.
C’est donc chez la créature humaine ordinaire qu’il faut chercher les défauts qui font le malheur du monde.
Reconnaissons notre avidité fondamentale, qui regroupe les besoins puissants et inépuisables de l’ego. Avidité envers l’argent évidemment, mais à la suite tout autant envers la sensualité, la passion, le désir de posséder, l’ambition de puissance et de renommée.
C’est alors qu’apparaît pleinement la relation de base entre soi et l’autre. Ce face à face fondamental débouche naturellement sur de l’hostilité.
Notre égocentrisme cultive l’indifférence envers autrui, mais dès le moment que l’indifférence cède le pas à nos ambitions frustrées, elle devient cette relation de rejet qui est latente un peu partout.
Rassurons-nous rapidement, nous sommes tout de même humains ce qui signifie que nous ne sommes pas seulement ancrés dans l’animalité. Nous avons aussi des racines qui puisent dans la lumière, et qui nous donnent autant de bonnes qualités que les défauts qui ont été énumérés, çà aussi, c’est bien nous.
Nous penchons tous continuellement d’un côté puis de l’autre, momentanément, mais aussi de façon plus chevillée et permanente. Chaque personnalité est faite d’une palette de couleurs plus ou moins claires. C’est notre destin que d’avancer entre ombres et lumière, entre hauts et bas. Entre le bien et le moins bien. Nous sommes la créature qui vit entre ciel et terre.
Le sens de notre destinée est de sortir du conflit, de progresser vers l’harmonie. Cela implique progresser vers l’acceptation des autres, ou bien dépasser ses propres limitations, ou bien se détacher des tendances négatives, ou bien se spiritualiser et améliorer sa propre personne, ou bien cheminer vers l’absolu, tout cela c’est la même chose. Et il n’y a pas d’autre destin, sauf à retomber d’où on vient, en attendant de repartir pour un tour.
Les causes des conflits sont internes, car elles appartiennent à la composition de la psyché humaine, elles sont par conséquent identiques dans les conflits des familles, ou des voisins, ou des groupes sociaux, ou des nations.
C’est en transformant la psyché humaine que nous sortirons des conflits. C’est au niveau individuel d’abord que la conscience doit progresser. Et cette évolution apparaît ensuite naturellement dans la conscience collective.
Le militarisme qui se propose allègrement de détruire le monde ou quelques millions de vies et plus ou moins est une expression de forces démoniaques, C’est un asservissement de l’âme humaine par des énergies malfaisantes qui n‘attendent que l’occasion de se manifester. Un pacte avec le diable. Le diable, c’est la tendance à la négativité que nous portons en nous.
« C’est bien étrange, mais bien souvent, afin de nous attirer à notre perte, les agents des ténèbres nous racontent des vérités, Ils nous enjôlent, grâce à de piètres évidences, mais nous réservent des trahisonsaux conséquences les plus profondes. »
La réponse est venue le 15 février 2003, une date à inscrire parmi les plus importantes dans l’histoire de l’humanité.
Il y avait à l’époque quelques dirigeants d’un grand pays qui s’apprêtaient à partir en guerre pour envahir un autre pays, et, sous de faux prétextes, s’emparer de ses richesses et arranger quelques amis du même coup ; donc une très bonne affaire, à saisir, pour seulement quelques centaines de milliards dépensés, et seulement quelques centaines de milliers de morts, et l’impunité assurée, en ce monde comme dans l’autre, puisque ces dirigeants étaient très religieux.
À l’appel du Forum Social Mondial, une manifestation planétaire de protestation contre la guerre explosa ce 15 février comme un feu d’artifice universel.
Des millions de gens ont manifesté dans près de 800 villes. Entre six et dix millions de personnes ont protesté au cours de ce week-end, dans une soixantaine de pays, d’autres estimations vont de huit à trente millions de manifestants. (9)
Il faut citer à peu près tous les pays d’Europe, petits et grands, les Amériques, du Canada à l’Argentine, le Moyen Orient, des pays d’Asie et d’Afrique, sans oublier l’Océanie, l’Australie, etc., et même une base polaire ! Un kaléidoscope universel de races, de langues, de peuples, de continents, nous, l’humanité, pour une fois unie et rassemblée dans une grande manifestation de conscience.
La seule ville de Rome a vu défiler trois millions de personnes. Et au cours des quatre premiers mois de l’année 2003 trente-six millions de manifestants ont participé à trois mille démonstrations.
Nous ne sommes pas devant une situation ordinaire, mais un tournant historique. La signification de l’événement est lumineuse :
« Ces manifestations pour la paix représentaient non pas une mondialisation du commerce, mais une mondialisation de la conscience. » (9)
Ce fut la manifestation visible et mondiale du degré de spiritualité atteint par les personnes humaines.
« C’était la plus grande manifestation de l’histoire et la première qui soit planétaire … à une échelle inédite, des millions de personnes sont passées à l’action en personne, et sans l’intermédiaire de représentants … un mouvement capable d’une expansion indéfinie …
Cette journée nous permettait d’imaginer un avenir dans lequel l’humanité elle-même, en personne et en conscience écrirait sa propre histoire. » (10)
Les conclusions à en tirer sont évidentes :
C’est à partir de la conscience individuelle que commence l’évolution. Même lorsqu’il n’y a pas d’engagement civique actif, toute maturation des consciences personnelles se réverbère dans la conscience collective. La conscience collective, c’est ce qui se dit, ce qui s’échange, ce que l’on communique sur les médias, mais c’est aussi ce qui se pense en soi. La maturation des personnes entraîne une amélioration de la société ; une évolution qui se fait au niveau individuel et au niveau collectif en même temps.
Les évènements du 15 février 2003 montrent aussi le fossé qui peut exister entre les peuples et le pouvoir. La conscience populaire peut être plus évoluée que celle des dirigeants. Cette constatation signifie un acte de confiance dans la démocratie et la meilleure justification pour exiger la démocratie véritable.
L’évolution est aussi réelle que lente et imperceptible mais il est apparu ce jour-là que nous possédons la capacité de changer le monde.
La démocratie est souvent définie comme le système de gouvernement le moins mauvais, ce qui laisse entendre qu’il pourrait recevoir des améliorations. Le système où toutes les contributions sont mises en commun et où les opinions majoritaires l’emportent.
Cependant quand on examine son fonctionnement, il apparaît de graves anomalies.
On constate que souvent les politiques suivies ne correspondent pas du tout à celles que souhaiterait la majorité de la population.
Nous avons vu quelles fabuleuses sommes d’argent sont consacrées depuis des lustres immémoriaux aux dépenses militaires. Or, le plus souvent, la population des pays concernés souhaite qu’il en soit autrement.
Exemple : dans Le Monde diplomatique (1) Noam Chomsky déclarait :
« La plupart des Américains souhaitent une réduction des dépenses militaires et une augmentation des dépenses sociales … mais la politique de la Maison Blanche est totalement contraire aux réclamations de l’opinion publique. »
Or, continue-t-il, la teneur de l’opinion publique est occultée, si bien que :
« Les citoyens sont non seulement écartés des centres de décision politique, mais également tenus dans l’ignorance de l’état réel de cette même opinion publique. »
Voilà quel est le fonctionnement de nos démocraties à l’heure actuelle. Les décisions ne dérivent pas des voeux majoritairement exprimés par les citoyens, mais les décisions se fondent sur les désirs des centres de pouvoir économique. Le scénario est connu comme le loup blanc, le fonctionnement démocratique est un spectacle de théâtre qui nous répète jusqu’à le faire croire que nous vivons dans le régime le plus juste et le plus équilibré. Tout le monde se doute bien que ce n’est pas la voix majoritaire du peuple qui décide, mais la voix très minoritaire des pouvoirs économiques.
Étudions quelques exemples pour montrer à l’homme ordinaire bourrelé de doutes, d’incertitudes et de perplexité à quel point il a raison.
Le chapitre du site Internet Global Issues (Problèmes Planétaires) (2) sur les grosses compagnies indique en détail comment fonctionne le pouvoir du capital. Nous lui empruntons les données qui suivent :
La concentration de richesse dans ces grands groupes leur donne un pouvoir de plus en plus envahissant :
En contrôlant les principaux médias directement ou par l’intermédiaire de la publicité, ces groupes sont en mesure de façonner à leurs fins l’opinion publique et même le mode de vie de la société.
Ils peuvent influencer les politiques publiques de diverses manières, notamment par les groupes de pression et les contributions électorales. Des dizaines de lobbies représentant les principales branches d’industrie participent aux levées de fonds des candidats aux élections présidentielles. Ces faveurs ne seront pas ignorées par la suite.
Ils peuvent souvent obtenir des subventions, des avantages fiscaux ou des aménagements des réglementations assurant que leurs intérêts soient bien protégés. Ces aides représentent des milliards de dollars.
Par exemple, on a fait remarquer que lorsque les compagnies pétrolières engrangent des profits fantastiques liés aux variations des prix du baril, aucune taxe supplémentaire ne vient effleurer ces profits.
Ces grands groupes peuvent aussi avoir recours au chantage : ainsi en 1999, des compagnies allemandes parmi les plus puissantes dans l’automobile et la finance ont-elles pu se protéger d’augmentations de taxes en menaçant simplement de délocaliser jusqu’à 14000 emplois. Par conséquent les taxes ont baissé, un conseiller du gouvernement concluait : ces géants industriels sont tout simplement « trop puissants face au gouvernement élu. »
John Bunzl fait observer que le même chantage s’adresse aux syndicats pour qu’ils rentrent dans les rangs et acceptent les conditions offertes.
Arundhati Roy écrit que les leaders libérateurs et démocratiques les plus acclamés, tels que Lula ou Mandela sont totalement impuissants face aux pouvoirs de ces cartels. (3)
Certes, le monde des affaires est soumis à une stricte réglementation, ses activités sont fortement encadrées, sa contribution à la société est très importante, il doit souvent régler de très fortes amendes, mais cela fait partie du jeu des pouvoirs entre l’état et le capital. Tous deux sont à la fois complices et rivaux dans la domination et l’utilisation de la société pour leurs propres finalités.
La démocratie n’est donc en réalité qu’un idéal lointain et inachevé qui n’est jamais passée dans les faits.
Fritjof Capra résume parfaitement la situation :
« Les avoirs de ces géants internationaux dépassent le produit national brut de la plupart des nations ; leur pouvoir économique et politique surpasse celui de beaucoup de gouvernements, et menace la souveraineté nationale ainsi que la stabilité monétaire mondiale. Dans la plupart des pays occidentaux, mais surtout aux États-Unis, la puissance des grandes compagnies se fait sentir dans presque tous les domaines de la vie publique.
Ces compagnies contrôlent en grande partie le processus législatif, déforment l’information que les médias dispensent au public et déterminent, à un degré non négligeable, le fonctionnement de notre système éducatif ainsi que l’orientation de la recherche universitaire. » (4)
Passage est à mettre en parallèle avec cet avertissement prophétique cité par Global Issues :
« Je vois se dessiner dans un proche avenir une crise qui me déconcerte et me fait craindre pour la sûreté de mon pays … Les grandes compagnies sont aux commandes, il va s’ensuivre une ère de corruption dans les hautes sphères et la puissance de l’argent dans le pays s’efforcera de prolonger son règne en travaillant les préjugés du peuple jusqu’à ce que la richesse toute entière soit rassemblée entre quelques mains et qu’il en soit fini de la République. » (Le président Abraham Lincoln, le 21 novembre 1864)
Il ne peut pas apparaître de façon plus évidente que les défauts qui pervertissent la démocratie sont les mêmes insuffisances de développement moral qui se retrouvent chez les individus : le désir de profit, de puissance, les ambitions personnelles égocentriques. Pousse-toi de là que je prenne la place, et que je fasse mes affaires.
Il s’ensuit donc que le niveau d’évolution des personnes reflète et détermine le degré de démocratie dans lequel elles vivent, et le degré de démocratie qu’elles ont atteint détermine les conditions culturelles dans lesquelles peut se poursuivre cette évolution.
La démocratie est l’organisation politique qui garantit les conditions dans lesquelles la personne peut réaliser au mieux sa destinée. Elle est donc l’institution qui garantit les libertés fondamentales.
La première condition de bonne vie, c’est un niveau économique satisfaisant, dans une perspective stable et assurée. Par conséquent, la première liberté fondamentale est la liberté d’entreprendre.
Oui, mais il ne faut pas que la liberté d’entreprendre des uns aboutisse à refuser la possibilité d’entreprendre aux autres. Autrement dit, il faut qu’il s’agisse nécessairement de la liberté d’entreprendre solidairement.