Cours de MAGNÉTISME en 7 leçons - Dupotet de Sannevoy - E-Book

Cours de MAGNÉTISME en 7 leçons E-Book

Dupotet de Sannevoy

0,0
3,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

« La vie se conserve par le magnétisme, tout périt par le magnétisme. »

Dupotet de Sannevoy, grand magnétiseur français, nous offre 7 leçons sur le magnétisme et plus particulièrement sur le magnétisme animal ou mesmérisme (technique décrite par le médecin Allemand Franz Mesmer). Cet érudit nous explique les grands phénomènes magnétiques auxquels il a participé et nous livre des témoignages passionnants et édifiants sur cette pratique (somnambulisme, guérisons inespérées, prédictions, révélations de dons…) Dans cet ouvrage, il s’applique à mettre en lumière les avantages thérapeutiques du magnétisme, ses vertus curatives et il met également en garde les utilisateurs de la puissance de cette pratique. Il insiste sur le fait que tout être vivant possède du magnétisme sans en avoir conscience, ou sans savoir s'en servir. Le magnétiseur ayant pris conscience de posséder cette faculté, se doit d’acquérir de l'expérience et doit se former aux thérapies énergétiques pour mieux l'appréhender afin de s'en servir pour le bien de l’humanité.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Cours de MAGNÉTISME en 7 leçons

Dupotet de Sannevoy

Alicia Editions

Table des matières

AVANT-PROPOS

Ier LEÇON

IIe LEÇON

IIIe LEÇON

IVe LEÇON

Ve LEÇON

VIe LEÇON

VIIe LEÇON

RAPPORT SUR LES EXPÉRIENCES MAGNÉTIQUES FAITES PAR LA COMMISSION DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE.

CONCLUSIONS

AVANT-PROPOS

A mes Élèves de Besançon. Messieurs,

Dédaignant les conseils d'hommes peu éclairés, et surmontant les préjugés d'un âge qui n'est plus, vous êtes accourus en grand nombre assister à des expériences magnétiques, et vous instruire dans la pratique d'un art ancien dont nous avons agrandi le domaine. Les leçons que vous avez reçues de moi, les faits que je vous ai cités, vous allez les posséder et pouvoir opposer à nos détracteurs une masse de matériaux bien capables de les subjuguer s'ils ne sont qu'incrédules.

Déjà, Messieurs, le plus grand nombre d'entre vous obtient des phénomènes dignes d'admiration, des faits qui surpassent en grandeur tout ce que les sciences physiques offrent de plus merveilleux. Un si beau zèle ne se refroidira pas, vous allez pouvoir m'aider à achever l'œuvre commencée en justifiant par une pratique toujours sage, les heureux résultats d'une application raisonnée du magnétisme au traitement des maladies ; vos succès m'enorgueilliront, j'éprouverai comme vous les douces émotions de vos cœurs à la vue du bien que vous aurez produit ; et partout où la nouvelle vérité portera mes pas, soyez-en certains, le souvenir de l'accueil que j'ai reçu de vous tous, me suivra pour m'encourager et me soutenir dans l'accomplissement de ma pénible et difficile mission.

Veuillez agréer l'hommage de cette édition de mon ouvrage.

BARON DUPOTET DE SENNEVOY.

Ier LEÇON

Messieurs,

Pénétré des bienfaits qui doivent résulter pour le genre humain de la découverte du magnétisme animal, je me suis décidé à venir vous en entretenir. Ce n'est pas sans quelque crainte toutefois, car les phénomènes magnétiques que j'ai à vous faire connaître sont si étonnants qu'ils pourront souvent vous paraître exagérés : mais plus ils vous paraîtront extraordinaires et plus ils mériteront de fixer votre attention, s'ils sont vrais. Il y aurait dès lors, de ma part, faiblesse coupable à ne pas les proclamer hautement.

Je viens donc joindre ma voix à celle des hommes généreux qui n'ont pas craint de braver le ridicule que l'irréflexion ou l'envie déversent toujours sur les novateurs, et comme eux, en révélant une vérité utile, je viens remplir un devoir que les amis de l'humanité sauront apprécier.

Je vous prie, Messieurs, avant de regarder comme fabuleux les faits étonnants dont j'aurai à vous entretenir, de les étudier, de les analyser, et de ne porter un jugement qu'après un rigoureux et consciencieux examen.

Il n'est aucun de vous qui, lorsqu'il sera convaincu de la vertu curative du magnétisme dans nos maladies, ne veuille essayer sur un parent, sur un ami, sur un malheureux, le pouvoir de faire le bien que nous a départi la nature.

Ce dernier motif serait donc suffisant pour vous déterminer à un sérieux examen : mais il en est une foule d'autres que nous vous ferons connaître et que vous n'apprécierez pas moins.

Si nous avons reconnu que le magnétisme peut faire le bien, nous avons également reconnu que, semblable à tous les autres agents de la nature, il peut aussi faire du mal ; vous devez donc apprendre à le bien connaître, afin de vous mettre en garde contre les accidents qu'il peut produire.

Je n'ai pas lieu de croire, Messieurs, que vous soyez disposés à porter un jugement précipité sur la doctrine que je viens vous exposer. Dans le cas, peu probable, où quelques-uns pourraient l'être, je les prierais de vouloir bien se rappeler que nous ne connaissons pas les bornes du possible, et qu'il s'agit, dans cette question, bien moins encore de faits passés que de faits à venir ; car, à chaque instant, nous pouvons en faire naître de nouveau. Quels ne seraient donc pas vos regrets si un jour vous acquériez la certitude que ce que vous auriez rejeté comme n'existant pas, existait cependant, et pouvait exercer une grande influence sur notre destinée ?

Mais je viens appeler votre attention sur des faits plutôt que sur des doctrines : vous entendrez leur langage. Vous n'avez pas, comme certains corps savants, de vieilles erreurs à surmonter, des préjugés à vaincre ; vous êtes riches d'avenir, et, pour acquérir une vérité nouvelle, quelques heures d'attention ne vous effrayeront pas.

Je chercherai à m'entourer de tous les témoignages que j'aurai pu recueillir ; et lorsque je serai assez heureux pour vous citer des noms connus de vous, des noms qui font autorité dans les sciences, ma tâche deviendra moins difficile, car je vous inspirerai plus de confiance.

J'espère donc bientôt pouvoir vous faire partager la conviction que j'ai que nous possédons en nous une force qui n'a pas encore été appréciée, et que cette force est peut-être le meilleur remède applicable à la plupart de nos maux. Alors même que mes efforts n'auraient d'autre résultat que de faire pénétrer le doute dans votre esprit, je m'estimerais encore heureux, car il vous serait difficile de rester longtemps dans l’incertitude : vous ne tarderiez pas à vouloir, que dis-je ? A être forcés à un examen sérieux, et le résultat de cet examen, je n'en doute pas, sera tout en ma faveur.

Riche de faits acquis par un travail assidu, pendant de nombre d'années, le magnétisme ayant été presque mon unique étude, je vous ferai part du fruit de mes longues recherches, et je vous indiquerai, pour arrivera une conviction, une route plus courte peut-être que vous ne la trouveriez ailleurs.

Lorsque je vous aurai fait connaître la conduite de quelques corps savants à l'égard du magnétisme, vous vous direz que c'est à vous qui examinez avant de juger, plutôt qu'à ceux qui jugent sans examen, qu'il appartient de prononcer sur cette question. Vous reconnaîtrez que rarement une génération profite d'une découverte faite par elle, et que presque toujours celle qui la suit est appelée à en jouir.

Si vous vous rappelez combien d'obstacles ont eu à surmonter la circulation, l'inoculation, l'émétique, vous ne trouverez pas surprenant, que pour le magnétisme, l'esprit de parti ait suivi sa marche accoutumée, et que nous ayons eu à subir nous-mêmes cette dure loi.

Le temps de la justice viendra pour le magnétisme, comme il est venu pour tant d'autres découvertes méconnues ou discréditées à leur origine ; cette science qui trouve aujourd'hui tant de détracteurs sera réhabilitée, et les attaques de ceux qui ont cherché à l'étouffer, ne resteront plus que comme des monuments attestant les passions des hommes et leur aveuglement.

Mais si, dans l'examen que je sollicite et que vous allez faire, vous veniez à découvrir que ce que nous vous donnons pour une vérité, n'est qu'une erreur de notre esprit, il serait de votre devoir de nous réfuter et de prémunir le public contre une doctrine d'autant plus dangereuse qu'elle préoccupe aujourd'hui tous les esprits.

Mais nous sommes loin de redouter cette dernière supposition : les faits ont parlé, nous les avons examinés attentivement ; ils nous sont trop bien prouvés pour que nous ayons à redouter rien de semblable. D'un autre côté, s'il vous est démontré que nous avons tous, sans exception, la faculté de développer des effets magnétiques, vous prendrez de plus en plus confiance en nos paroles, et quelles que soient nos assertions, vous vous garderez de les rejeter avant de les avoir vérifiées.

Déjà, Messieurs, cet examen se fait partout. Il n'est pas, sachez-le bien, un seul point du nord de l'Europe où le magnétisme ne soit étudié et exercé par des hommes fort habiles, et dont le défaut n'est pas sûrement d'être crédules. Si l'utilité de cette science n'est pas encore généralement comprise dans ces contrées, du moins, son existence n'y est point mise en doute. Il y a plus : l'Académie des Sciences de Berlin, l'un des corps savants de l'Europe les plus distingués, a accordé un prix de 3,300 fr. à un mémoire sur l'explication des phénomènes du magnétisme.

Ce ne sont donc plus quelques enthousiastes qui donnent des théories et qui racontent des faits, ce sont des savants d'un ordre élevé, des médecins célèbres, dont on peut citer les noms, qui pratiquent aujourd'hui le magnétisme ;

Groningue, à Vienne, à Moscou, à St.Pétersbourg, à Berlin, à Stockholm et dans une foule d'autres villes, on soutient des thèses sur le magnétisme, comme on en soutient dans les universités sur toutes les autres sciences.

Frappé de ce mouvement général des esprits, M. Husson demandait, en 1826, à l'académie de médecine de Paris, si elle n'accorderait pas quelque attention à un ensemble de phénomènes qui avaient fixé à un si haut point l'intérêt et les recherches des peuples que nous avons l'orgueil de croire en arrière de nous, sous le rapport de la civilisation et sous celui de la science.

M. Husson demandait aussi à l'académie de médecine, si elle souffrirait plus longtemps, que le magnétisme fût pratiqué sous ses yeux, par des gens entièrement étrangers à la science, par des femmes que l'on promène clandestinement dans Paris, et qui semblent faire mystère de leur existence ?

M. Husson aurait pu donner bien d'autres motifs à l'examen qu'il provoquait ; je tâcherai de suppléer ici, à ce qu'il n'a point dit ou n'a pas cru devoir dire.

Je vous ferai connaître, l'état actuel du magnétisme en France, ses partisans et ses détracteurs.

Je vous signalerai ensuite les abus qu'ont introduit parmi nous la pratique du magnétisme et du somnambulisme mal dirigés, ainsi que la fausse route où sont entrés quelquefois ses prôneurs.

Je ne marcherai qu'appuyé sur des faits hautement avoués par ceux même qui les ont produits, afin que votre raison puisse constamment vous éclairer sur ce que vous devez croire ou rejeter.

Plusieurs cours ont déjà été faits sur le sujet dont je viens vous entretenir ; nous devons l'histoire du magnétisme aux savantes conférences du docteur Bertrand qui en a développé les principaux phénomènes et leur a donné ainsi une certaine publicité. Son exemple a produit de bons effets ; plusieurs médecins, dont nous citerons les noms ailleurs, ont recherché, comme lui, la vérité, et ont déposé leurs convictions dans des ouvrages qui sont généralement estimés. Plus tard, un autre médecin de la faculté de Paris, sans doute plus hardi que ses confrères, a provoqué l'académie de médecine, et l'a, pour ainsi dire, forcée à faire une démarche, dont cependant elle redoutait les suites. Tous savez combien les discussions qui s'élevèrent à ce sujet furent longues et orageuses : combien de médecins se prononcèrent pour ou contre l'examen de la question, et vous savez aussi que le résultat de cette lutte fut, qu'à une majorité de 35 voix contre 25, une commission de 14 membres serait nommée.

Moi-même je ne suis pas resté inactif au milieu de ces grands débats ; j'ai constamment, comme vous le verrez bientôt, sollicité les membres de l'académie de médecine, et des sciences, d'être témoins de faits que j'offrais de leur montrer, pour former leur opinion. Plusieurs savants distingués ont répondu à mon appel, et je puis me rendre le témoignage d'avoir contribué pour quelque chose au succès que les partisans du magnétisme ont obtenu.

Plus tard j'ai développé mes opinions sur le magnétisme dans un cours public, qui a été suivi par un grand nombre de jeunes médecins. Plusieurs d'entre eux ont magnétisé, et obtenu des effets magnétiques remarquables. J'ai des rapports écrits qui ne laissent aucun doute sur cet heureux résultat. Constamment à la tête des magnétiseurs, je leur ai appris à ne pas reculer devant une démonstration publique en présence d'incrédules. Ils avaient banni ces derniers de leurs expériences : je les ai appelés aux miennes. Les magnétiseurs expérimentaient dans l'ombre ; j'ai, moi, expérimenté au grand jour : ils ne magnétisaient que des femmes faibles ou des hommes malades ; j'ai magnétisé des hommes robustes, et j'ai prouvé qu'ils n'étaient pas moins susceptibles que les premiers, des effets magnétiques.

Les magnétiseurs s'adressaient timidement aux médecins et leur demandaient humblement quelques-uns de leurs malades, pour les traiter par le magnétisme ; moi, je suis allé les provoquer jusque dans leurs sanctuaires, et je n'ai pas eu à me repentir de mon audace.

Au récit de mes expériences dans les hôpitaux, un grand nombre de jeunes gens m'imitèrent et obtinrent des phénomènes dignes de fixer l'attention des médecins qui en ont été les témoins : l'Hôtel-Dieu, la Salpêtrière et la Charité seraient là pour appuyer de leur témoignage mon assertion.

Je pourrais encore rappeler à votre mémoire une foule de faits magnétiques consignés depuis quelques années dans des ouvrages estimés ; je pourrais vous citer les recherches faites sur le même sujet par les docteurs Rostan et Georget. A des témoignages si respectables, je pourrais joindre celui de beaucoup de jeunes professeurs de médecine qui ont pris dans leurs cours la défense du magnétisme : je pourrais vous dire enfin, qu'il y a deux ans, le docteur Filassier a soutenu, sans trop encourir le Blâme de la faculté, une thèse sur la science que nous étudions.1

Mais j'aurais trop à faire si je voulais vous citer tous les témoignages que nous avons en notre faveur ; ceux dont je viens de parler sont, j'ose le dire, plus que suffisants pour établir que le magnétisme existe réellement.

Comment se fait-il donc que le public montre encore tant de tiédeur, pour une vérité qui a trouvé des défenseurs si nombreux et si éclairés ? A quoi attribuer, dans un siècle de lumières, tant d'indifférence pour une découverte destinée à étendre si prodigieusement le cercle des connaissances humaines ?

Et vous, Messieurs, redouteriez-vous encore le ridicule qui s'attache si mal à propos à ceux qui étudient et qui pratiquent le magnétisme ?

S’il en était ainsi, vous ne resteriez pas longtemps sous l'influence de cette crainte ; j'aurai bientôt à vous citer des noms auxquels vous ne craindriez pas d'associer les vôtres.

Et, après tout, le ridicule ou la honte, ne pourrait retomber que sur ceux qui nient ou qui calomnient sans preuves ! Demandez-leur, quand ils vous affirment effrontément que le magnétisme n'existe pas, s'ils ont vu des faits ? S’ils ont expérimenté ? Ils vous répondront qu'ils n'ont rien observé, rien vu ; car il est au-dessous d'eux d'étudier ce qu'ils appellent une jonglerie.

Des témoins de tous les rangs et de toutes les conditions viennent-ils dire au public « nous avons examiné, nous avons vu » on leur répond hardiment ; « vous n'avez pas examiné, vous n'avez pas vu ; on vous a trompés ! » Les malades se présentent-ils eux-mêmes, avec des signes certains d'une guérison complète ? On les regarde ; on sourit ; on leur dit aussitôt : vous n'aviez point de mal ; votre imagination vous a guéris ! 2

Messieurs, serait-ce par cette assurance de langage, et à l'aide de si grossiers moyens, que l'on espérait vous détourner de l'étude du magnétisme ? je suis loin de le penser : vous avez une autre méthode, et surtout une autre logique : vous comprendrez qu'entre des gens qui disent « nous avons vu, nous avons fait » et d'autres qui répondent « ce que vous prétendez avoir vu » ou fait est impossible ; vous êtes les jouets d'une « illusion » vous comprendrez, dis-je, que les seconds doivent inspirer plus de défiance que les premiers ; et vous ferez justice d'un pareil système ; car il ne peut être que celui des sots, ou des gens de mauvaise foi.

Vous vous graverez dans la mémoire ces paroles de Montaigne :

« De condamner, comme impossibles, des choses peu vraisemblables témoignées par des gens dignes de foi, c'est se faire fort par une téméraire présomption de savoir jusqu'où va la possibilité. »

Avant de vous parler, Messieurs, de l'état actuel du magnétisme en France, je dois remonter à son apparition parmi nous, et vous faire le récit des événements qui l'ont accompagné et suivi : je serai très court, car il n'entre pas dans, mon plan de vous entretenir d'une foule de particularités que vous pouvez lire dans les divers ouvrages qui traitent de l'histoire du magnétisme dans les premiers temps.

Je n'observerai pas, non plus, rigoureusement l'ordre des dates, parce qu'il me faudrait pour cela un temps qui sera plus utilement employé à vous entretenir d'expériences et de résultats.

Antoine Mesmer à qui nous devons la découverte du magnétisme animal, naquit à Vienne en 4740. Il fut reçu docteur-médecin de la faculté de cette ville en 1766. Sa thèse inaugurale est intitulée de l'influence des planètes sur le corps humain.

Porté par son génie à s'éloigner de la route tracée, reconnaissant le peu de certitude de l'art de guérir, il voulait l'établir sur des bases plus vraies. Le besoin de connaître la vérité se faisait sentir vivement à son esprit ; il la cherchait avec ardeur, et je ne saurais mieux vous en donner une juste idée, qu'en vous citant ce qu'il écrivait lui-même, dans le moment où il était le plus absorbé par une grande pensée :

« Le système qui m'a conduit à la découverte du magnétisme animal, dit-il, n'avait pas été l'ouvrage d'un jour. Les réflexions s'étaient successivement accumulées dans mon esprit. Je ne devais qu'à la constance, le courage nécessaire pour attaquer les préjugés de la raison et de la philosophie, sans être à mes propres yeux coupable de témérité.Le froid accueil que l'on fit aux premières notions dont je hasardai la publicité, m'étonna comme si je ne l'avais point prévu. La dérision surtout me parut excessivement déplacée de la part des savants, et particulièrement de celle de médecins, puisque mon système dénué de toutes preuves, aurait encore été aussi raisonnable, que ceux qu'ils honorent tons les jours du nom de principes.

« Ce mauvais succès me porta à discuter de nouveau mes opinions. Loin de perdre à cet examen, elles en sortirent revêtues des couleurs de l'évidence. En effet, tout me disait qu'il existait nécessairement dans les sciences, des principes négligés ou non aperçus, autres que ceux que nous admettions. Tant que les principes des sciences, me répétais-je à chaque instant, seront faux ou incertains, les efforts des plus beaux génies seront infructueux pour le bonheur ou l'instruction de leurs semblables. Je comparais les médecins à des voyageurs hors de leur route, qui s'égarent de plus en plus, en courant toujours devant eux, au lieu de revenir sur leurs pas, pour se reconnaître. Une ardeur brûlante s'empara de mes sens ; je ne cherchais plus la vérité avec amour, je la cherchais avec inquiétude : la campagne, les forêts, les solitudes les plus retirées eurent seules des attraits pour moi : je m'y sentais plus prés de la nature. Toutes autres occupations me devinrent importunes : les moments que je leur donnais me paraissaient autant de vols faits à la vérité. Insensiblement le calme revint dans mon esprit. La vérité que j'avais poursuivie si ardemment ne me laissa plus de doute sur mon existence ; elle était obscurcie, mais je voyais distinctement la trace qui menait à elle, et je ne m'en écartais plus. C'est ainsi que j'acquis à la faculté de la soumettre à l'expérience. »3

Vous dire, Messieurs, comment Mesmer parvint à reconnaître l'existence de l'agent dont nous poursuivons l'étude, cela nous paraîtrait difficile : fut-ce par la force seule de son génie, comme il semble le faire pressentir, ou avait-il lu les auteurs qui longtemps avant lui avaient traité cette matière ? C'est ce qu'il nous importe peu de savoir : quoi qu'il en soit, Mesmer mérite toute notre reconnaissance pour avoir rappelé les esprits vers l'étude du magnétisme.

Cependant sa doctrine ne fut mise en pratique que vers l'an 1775, époque vers laquelle il publia une partie de son système.

Les principes de Mesmer n'étaient pas, au fond, aussi différents de ceux des autres médecins qu'on pourrait se le figurer.

Mesmer pensait que tous les mouvements internes et externes qui s'opèrent dans notre corps, soit en santé, soit en maladie, ont lieu par l'action des nerfs : or, ce que Mesmer pensait les autres médecins le pensaient aussi ; Mesmer pensait que l'action des nerfs dépendait elle-même de l'action d'un fluide très subtil, les autres médecins le pensaient aussi. Mesmer pensait que ce fluide était lui-même soumis à différents agents dont les uns, comme les corps qui nous environnent, sont en dehors de nous ; les autres, comme les différentes affections de notre âme, notre volonté, nos passions, l'organisation de notre machine ; or, les autres médecins pensaient également cela.

Mesmer pensait que l'état normal de nos fonctions, duquel dépend la santé, s'entretient par l'action régulière de nos nerfs ; les autres médecins le pensaient aussi.

Mesmer prétendait que la guérison de nos maladies s'opère par des crises ; les autres médecins le prétendaient aussi.

En quoi Mesmer et les médecins de son temps différaient-ils donc ? Le voici : Mesmer croyait avoir trouvé le secret de diriger à volonté, et par des moyens faciles, le fluide qui met nos nerfs en action, et par là de leur procurer celles dont ils ont besoin, soit pour la conservation de la santé, soit pour la guérison des maladies. Mesmer croyait connaître mieux que les médecins de son temps et que ceux qui l'avaient précédé, la nature du fluide nerveux ; et c'est là ce qu'on lui contestait.

Ses idées ne furent point goûtées : il se trouva repoussé de toutes parts, bien qu'il eût traité par le magnétisme un grand nombre de maladies et qu'il eût obtenu le succès le plus complet.

Après avoir été en butte à plusieurs scènes scandaleuses, il quitta Vienne en 1777, croyant avoir fait assez pour ses ingrats concitoyens et emportant l'espoir qu'ils lui rendraient un jour plus de justice.

Peu d'années s'étaient écoulées et déjà ce que l'on appelait la découverte de Mesmer faisait la plus vive sensation chez les peuples voisins. Aussi quand il arriva à Paris, en 1770, précédé de sa réputation, s'y trouva-t-il l'objet de l'attention publique.

Il ne tarda pas à contracter des liaisons avec les médecins les plus distingués de la capitale, notamment avec le docteur Deslon, membre de la Faculté de Médecine de Paris et premier médecin du comte d'Artois.

De toutes parts on s'empressa de donner à Mesmer l'assurance qu'il serait plus heureux en France que dans sa patrie, et on l'engagea à présenter son système à l'Académie des Sciences.

Mal accueillies de l'Académie des Sciences, les idées de Mesmer échouèrent également auprès de la Société de Médecine. Cependant la franchise et la bonne foi de ses procédés lui concilièrent un grand nombre de médecins qui se livrèrent avec zèle à la pratique du magnétisme et en publièrent partout les heureux résultats.

Traité sans égard, je dirai presque ignominieusement, par les sociétés savantes, Mesmer était en revanche recherché avec empressement par un grand nombre de personnages distingués. Cet accueil lui donna l'idée d'ouvrir un traitement où les malades accoururent en foule pour se faire guérir par la nouvelle méthode, et les guérisons éclatantes qui s'y firent achevèrent la réputation de Mesmer.

Messieurs, si les premiers propagateurs du magnétisme animal eussent suivi l'exemple d'un ancien philosophe qui se contenta de marcher devant quelqu'un qui niait le mouvement, s'ils se fussent bornés à produire des faits, au lieu de chercher à les expliquer, il y a longtemps que la cause du magnétisme serait gagnée ; mais ils n'ont pas suivi cette marche ; ils se sont trop hâtés de bâtir des systèmes et de les présenter comme renfermant tous les secrets de leur art. Emportés par l'enthousiasme, les partisans de la doctrine magnétique ne surent point mettre de bornes à leur croyance. La guérison de quelques maladies leur fit croire à la possibilité de les guérir toutes. Ils eurent l'imprudence d'écrire qu'il n'y avait qu'une vie, qu'une santé, qu'une maladie, et par conséquent qu'un remède, et que cet unique remède était le magnétisme.

Portant leurs prévisions dans l'avenir, ils crurent devoir prédire que l'agent de Mesmer opérerait un grand changement dans nos mœurs, et une modification complète de notre organisation.

« Nos pères, disaient-ils, ne tomberont plus qu'à l'extrémité de la décrépitude. Il n'y aura plus rien dans les hôpitaux qui révoltent l'humanité ; on parcourra doucement la carrière de ses jours, et la mort sera moins triste parce qu'on y arrivera de la même manière qu'on s'avance dans la vie. Les peuples sains et robustes pourront écarter les épidémies, les maladies amenées par les cours des siècles, etc. Les hommes ne connaîtront nos maux que par l'histoire, leurs jours prolongés agrandiront leurs projets et les consommeront ; ils jouiront de cet âge si vanté, où le travail se faisait sans peine, la vie passait sans chagrin et la mort approchait sans horreurs. »

Et enfin,Messieurs, ces belles promesses étaient publiées et accompagnées de réflexions non moins étranges.

« Ce que nous venons d'annoncer paraît respirer l'enthousiasme, disaient-ils, mais on saura un jour, que nous avons ménagé la disposition des esprits et que nous sommes demeures au-dessous du sujet que nous avions à peindre. »

Vous comprenez, Messieurs, tout ce que de telles assertions avaient alors de révoltant et de chimérique ; et pourtant, elles étaient soutenues, appuyées, par des hommes de mérite ; tant la passion peut quelquefois nous aveugler et fausser notre jugement !

Ce qui ne vous étonnera pas moins que l'enthousiasme des magnétiseurs, c'est la conduite des corps savants de cette époque qui ne sut pas mieux, que les premiers, conserver assez de sang-froid pour prononcer sans passion sur le magnétisme.

Vous savez que des commissions nombreuses furent nommées d'office par Louis XVI pour examiner le système de Mesmer ; et que ces commissions furent composées des Lavoisier, des Bailly, des Franklin, des Jussieu et d'une foule d'autres savants non moins illustres : on était donc en droit de tout attendre d'un semblable aréopage : à coup sûr, la lumière devait en sortir ; et pourtant cela n'arriva pas.

Mais, Messieurs, il faudrait vous reporter à cette époque, et en feuilleter les archives, pour avoir une idée de l'agitation dans laquelle cette simple question de magnétisme avait jeté la France.

« D'un côté, on voyait les corps savants aveuglés par l'esprit de parti, chercher à proscrire cette découverte ; de l'autre une partie de la cour et de la ville embrasser avec chaleur la nouvelle doctrine, et prendre fait et cause pour Mesmer, dont le caractère avait su se concilier l'estime générale. »

Les uns niaient tous les faits de la magnétisation, ou les expliquaient par des causes erronées, que je vous ferai connaître plus tard : les autres, au contraire, adoptaient tout ce qu'avait dit et écrit leur chef, et par cela même allaient beaucoup trop loin dans leurs croyances.

La guerre était vive des deux côtés : Paris était inondé de brochures (il en a paru plus de 500 dans l'espace de dix-huit mois) ; l'esprit, l'érudition et le sarcasme y brillaient tour à tour ; on croirait difficilement aujourd'hui à tant d'irritation, si des témoignages irrécusables n'étaient lus pour nous révéler l'acharnement des deux partis. La querelle s'envenimait de plus en plus ; et c'est le moment où les esprits étaient ainsi disposés, que les membres de la commission choisissent pour examiner la question du magnétisme : aussi, Messieurs, je dois le dire avec douleur, leur rapport se trouve partout empreint de leurs préventions, et partout nous voyons les commissaires aux prisés avec la vérité que toujours ils éludent ; tous les arguments leur sont bons pour expliquer des faits qui étaient alors inexplicables, et ils ne craignent pas de compromettre une réputation justement acquise, pour laisser à la postérité un monument qui doit signaler un jour les écueils du génie, lorsqu'il est animé par la passion. Cependant malgré les rapports passionnés des commissaires, les faits se multiplient, ils parlent, et le magnétisme sort triomphant d'une lutte dans laquelle on s'était promis peut-être de l'étouffer.

Cette circonstance nous rappelle que bien des questions importantes ont été décidées sans le concours des savants, et souvent même en opposition formelle avec la vérité. Tout le monde se souvient que les premiers qui prétendirent avoir vu tomber des aérolithes, ne purent faire croire à la réalité de leur récit. Mais enfin des faits semblables furent attestés par d'autres témoins, et personne ne conteste aujourd'hui un phénomène alors nié par ce qu'il y avait de plus savant.

Ce qui est arrivé à l'occasion des aérolithes arrivera indubitablement à l'égard du magnétisme animal, et le moment n'en est pas éloigné, mais continuons notre récit.

A côté de la force se trouve presque toujours l'intolérance : les corps savants qui pouvaient impunément imposer au public leurs croyances ou leurs opinions, n'ignoraient pas le mal qu'ils pouvaient faire à Mesmer ; aussi commencèrent-ils bien longtemps avant de présenter leur rapport, à persécuter les partisans de la nouvelle doctrine, et un grand nombre de médecins furent-ils victimes de leur zèle pour la propagation du magnétisme ; on poussa l'impudeur jusqu'à vouloir les faire mentir à leur propre conscience. Aujourd'hui ces faits nous paraîtraient incroyables, s'ils n'étaient consignés dans une foule de mémoires écrits dans le temps par les médecins persécutés.

Permettez-moi de vous citer un fragment de l'un de ces mémoires, pour vous donner une idée de l'animosité qui existait alors contre Mesmer et ses partisans.

J'extrais ce passage d'une brochure intitulée : Rapport au public de quelques abus auxquels le magnétisme a donné lieu ; par M. Donglé, docteur régent.4

« On dénonce trente docteurs magnétisants, on donne un venait à chacun en particulier. Ils arrivent presque tous et sont relégués dans une salle séparée de l'assemblée. Chacun attendait avec impatience l'appel général, et se promenait en long et en large avec sa façon de penser et d'agir. On m'apprend qu'il est question de nous faire signer une espèce de formulaire. Nous verrons ce qu'il contient, dis-je alors, et nous signerons, ou nous ne signerons pas. »

L'appariteur parait enfin et m'appelle : comme le plus ancien, j'avais cet honneur-là. J'entre, fort surpris de n'être suivi d'aucun de mes compagnons. On me fait asseoir, et M. le doyen commence par me demander si j'ai donné de l'argent pour me faire instruire du magnétisme. Surpris encore plus de cette question, je répondis, par respect, que M. Deslong ne prenait point d'argent, qu'il ne recevait que des médecins pour observer et l'aider ; qu'il était on ne peut plus honnête, modeste et complaisant, et que d'ailleurs la faculté ne l'ignorait pas.

« Je ne fatiguerai point le lecteur par le détail des autres questions. Je fus interrogé en criminel, et je me croyais transféré en la grande chambre de la Tournelle. On finit enfin par me présenter une formule à laquelle je ne crus pas devoir m'assujettir. Je ne voulus point signer, et répétai à la Faculté, pour lui prouver mon zèle et ma soumission, que je n'avais pas encore trouvé dans cette méthode un degré d'utilité suffisant pour lui en rendre compte, que j'y avais observé quelques effets pouvant être attribués à l'action de la chaleur d'un homme sain, sur un infirme ; qu'il fallait, pour magnétiser les malades dans leur lit, beaucoup de courage, de force et de santé, etc. Je sortis, un autre me succéda.»

Voici quelle était la formule qu'on voulait faire signer à chaque docteur régent :

Aucun docteur ne se déclarera partisan du magnétisme animal, ni par ses écrits ni par sa pratique, sous peine d'être rayé du tableau des docteurs régents, cet arrêté est du 27 août 1784.

Vous le voyez, Messieurs, il est aisé de vous démontrer que les corps savants n'ont jamais suivi d'autre système que de combattre aveuglément tout ce qui était vrai, tout ce qui était utile ; je pourrais, à l'appui de cette assertion, vous citer l'exemple si connu de Galilée persécuté pour avoir mis en évidence le vrai système des cieux ; celui de Christophe Colomb, annonçant en vain le nouveau monde ; celui de Harvey, démontrant pendant trente années la circulation du sang, sans pouvoir y faire croire. Plus tard on a vu combien de temps la faculté de médecine a condamné la pratique du quinquina si précieux dans les fièvres intermittentes ; celle de l'antimoine dont on fait un usage si fréquent aujourd'hui ; on sait qu'en 1636, après de longues discussions et d'inutiles efforts de la part des partisans du nouveau médicament, la Faculté flétrit et chassa de son sein un célèbre médecin, parce que ce médecin avait, contre sa défense, fait usage de l'émétique réprouvé. N'a-t-on pas, même de notre temps, vu l'inoculation proscrite par la même Faculté, qui, dans un décret de l'année 1745, la traita de meurtrière, de criminelle et de magique ?

C'est au milieu du dix-huitième siècle que la Faculté parlait ainsi de l’inoculation ! Non moins animée alors contre les inoculateurs qu'elle ne l'a été depuis contre les magnétiseurs, elle les appelait bourreaux et imposteurs, et donnait aux inoculés les qualifications de dupes et d'imbéciles.

Tant de vérités méconnues et persécutées devraient, ce me semble, nous rendre plus circonspects et nous empêcher de nier, sans examen, des faits attestés, quelque étranges qu'ils puissent nous paraître.

Mais ce n'est pas ainsi que nous procédons : « L'expérience des siècles passés est perdue pour nous ; ou du moins nous n'en tirons que des instructions stériles, et qui ne nous servent plus de rien, quand l'occasion se présente d'en faire usage ; car telle est la nature de notre esprit, que les choses qui nous paraissent les plus claires, quand nous les considérons en elles-mêmes et d'une manière générale, nous ne savons plus en faire l'application dans les cas particuliers, quand » nous sommes égarés par nos préjugés et nos préventions. »

Je reviens, Messieurs, au jugement inique prononcé par l'ancienne Faculté, contre quelques-uns de ses membres, accusés de croire et de pratiquer le magnétisme.

Plusieurs docteurs régents ne se soumirent point au jugement prononcé contre eux : ils ne voulurent point transiger avec leur conscience ; ils furent impitoyablement rayés de la liste des docteurs régents, et privés des honneurs et des émoluments qui étaient attachés à leurs fonctions. De ce nombre étaient le docteur Deslon, premier médecin du comte d'Artois, et M. Varnier, autre docteur régent, qui, disait-on, montrait dans sa pratique, dans ses discours et ses écrits, trop d'obstination, pour le prétendu magnétisme animal. Ce décret est du 23 avril 1784.

Il donna lieu à un mémoire de M. Varnier qui se rendit appelant : ce mémoire rédigé par M. Fournel, avocat, est un monument précieux où la sagesse et la prudence, sont mises en opposition avec la sottise et le délire de la Faculté. Ce mémoire est appuyé d'une consultation de dix-sept avocats des plus distingués qui tous blâment la conduite de la Faculté ; surtout lorsqu'elle exigeait le serment de ne jamais croire au magnétisme, et de ne s'en déclarer jamais partisan !

L'acte d'iniquité d'un corps qui devait se respecter, contribua beaucoup à augmenter les partisans de la nouvelle doctrine ; et ce qui devait encore donner plus de fondement au système de Mesmer, et ébranler le respect, que quelques personnes conservaient encore pour la décision des savants qui l'avaient jugé, ce fut la résolution de M. de Jussieu, qui ne voulut pas signer le rapport fait par Mauduyt, Andry et Caille, avec lequel il avait également été chargé de l'examen. M. de Jussieu fit un rapport particulier, dans lequel, sans admettre entièrement le système de Mesmer, il semble pourtant y reconnaître quelque fondement.5

M. de Jussieu fit un acte de grand courage en se séparant de ses confrères, et ne craignit pas de braver les traits du ridicule qui poursuivait, dans le monde savant, tous les partisans du magnétisme, et peut-être même les menaces du pouvoir.

Partout en France se formaient des sociétés sous le nom de sociétés de l’harmonie : beaucoup de personnes distinguées étaient initiées aux secrets de Mesmer ; Lyon, Bordeaux, Rouen, Strasbourg, Nantes, avaient des traitements publics, où étaient guéris gratis, un grand nombre de malades.

La société de la seule ville de Strasbourg comptait 180 membres.

Des procès-verbaux constatant les guérisons qui s'opéraient dans ces traitements, étaient imprimés et répandus avec profusion.6

Malgré les faits éclatants et positifs de l'existence du magnétisme, Mesmer était joué sur la scène ; des poèmes burlesques étaient imprimés contre sa doctrine, et des chansons où lui-même était travesti, circulaient dans Paris.

Le magnétisme était le sujet de toutes les conversations.

Mesmer avant de quitter la France se rendit à Spa, où le dérangement de sa santé le retint quelque temps. Plusieurs malades d'un rang distingué et d'une fortune considérable, avaient suivi Mesmer à Spa pour ne pas interrompre leurs traitements : ces malades partageaient vivement la douleur de celui auquel ils croyaient devoir le soulagement de leurs maux. Attachés au magnétisme dont ils ressentaient les effets bienfaisants, ils résolurent d'assurer sa propagation en France, en procurant, au moyen d'une souscription, à l'auteur de la découverte, une fortune indépendante qui le mît à même de la répandre de la manière qu'il jugerait le plus convenable.

Cette souscription eut lieu en effet : Mesmer accepta la proposition qui lui fut faite de former des élèves ; et le nombre des souscripteurs qui devait être de cent, dépassa de beaucoup, ce nombre, quoique le prix de chaque souscription fût de cent Louis.

Les membres de cette société, instruits de la doctrine de Mesmer, exécutèrent le projet qu'ils avaient formé ; ils répandirent gratuitement la connaissance du magnétisme dans les provinces, et Mesmer quitta la France, pour n'y plus revenir.

Vous devez trouver étrange, qu'après avoir fait tant de bruit, il se soit éclipsé tout à coup :

Eh ! Messieurs ! Vous savez tous qu'une agitation bien autrement grande que celle qu'il avait causée, survînt en France ; on eut alors d'autres intérêts à défendre que ceux de la science ; chacun, dans le tumulte des affaires publiques, songea à soi, et s'occupa peu d'une vérité qui n'était plus rien, en présence des événements majeurs qui captivaient toutes les attentions et changeaient toutes les existences.

Le magnétisme abandonné comme toutes les sciences libérales, fut oublié avec les membres qui en possédaient la connaissance ; les élèves de Mesmer tous riches et titrés furent obligés de s'expatrier pour sauver leur vie, qui n'était plus en sûreté dans leur pays ; ils reportèrent la découverte du magnétisme à son berceau ; l'Allemagne, la Hollande profitèrent de ses bienfaits, et quelques-uns des élèves de Mesmer la portèrent même en Amérique.

Aussi pendant un espace de plusieurs années, nous ne voyons en France nulle trace du magnétisme : seulement quelques individus isolés agissaient dans le silence et faisaient le bien autour d'eux, sans publier le résultat de leur pratique.

Bientôt arrivèrent les Puységur animés d'une philanthropie que des infortunes personnelles n'avaient point altérée ; ils rapportèrent et entretinrent le feu sacré qu'ils avaient reçu de leur maître Mesmer. Avec eux on vit bientôt s'ouvrir de nouveaux traitements, et malgré les sarcasmes et les railleries des gens qui, sans avoir rien vu nient tous les faits, ils publièrent de nouveaux ouvrages, où ils exposèrent une doctrine nouvelle, appuyée par de nouveaux et nombreux faits. La découverte du somnambulisme par M. de Puységur prêtait de nouveaux charmes à l'étude de la magnétisation ; et la physiologie, et la psychologie, s'enrichirent d'une découverte qui fera bientôt votre admiration.

Si l'enthousiasme qui accompagna la seconde apparition du magnétisme parmi nous, fut moins grand, il fut aussi plus durable ; on fit moins parade de cette vérité nouvelle et plus d'hommes s'occupèrent, dans le silence du cabinet, à méditer sur ses résultats.

Quelques hommes osèrent cependant rompre des lances avec les incrédules, mais n'ayant eux-mêmes aucune règle pour se conduire et ne sachant pas d'une manière certaine reconnaître les faits vrais de ceux qui pouvaient n'être que simulés, ils ne purent faire le bien qu'à demi. L'abbé Faria fut un de ces derniers : il ouvrit un cours public de magnétisme et attira chez lui beaucoup de savants. Sans juger encore les doctrines de ce magnétiseur, nous devons lui rendre pleine justice ; il contribua beaucoup à répandre le magnétisme en France. Doué d'une puissance presque incroyable (si on ne savait que cette puissance augmente par l'exercice), il força quelques savants à reconnaître une force qui leur était inconnue : nous étions alors dans un siècle plus positif ; et, comme plus que jamais, on reconnaissait qu'il n'y avait point d'effet sans cause, les nouveaux convertis au magnétisme crurent qu'il était de leur dignité de ne pas dédaigner l'étude de cette découverte. Ils s'attachèrent donc et suivirent de plus en plus l'homme à prodiges ; ils apprirent eux-mêmes à magnétiser ; ils reconnurent bientôt que ces effets magnétiques se produisaient par une cause naturelle dépendante de notre volonté : que cette faculté était commune à tous ; et que l'abbé Faria ne faisait que la mettre en jeu avec plus d'énergie, mais sans privilège spécial.

Des ouvrages majeurs parurent ; le nom de leurs auteurs, la réputation dont ils jouissaient dans le monde, fixèrent enfin d'une manière durable l'opinion de beaucoup de gens instruits ; non que ces derniers crussent pour cela à tout ce qu'on racontait de la faculté magnétique ; mais prenant en considération le mérite bien connu des gens qui disaient avoir expérimenté, leur bonne foi et leur désintéressement, ils ne pouvaient sans témérité taxer de mensonges des faits si bien attestés. L'incrédulité fléchit devant la vérité : le doute pénétra de toutes parts dans les rangs des corps savants ; chacun fut alors plus soigneux de sa renommée, on n'osa plus écrire contre ce que l'on ne connaissait pas, on abandonna les épithètes peu honorables dont on se servait habituellement pour désigner les personnes qui s'occupaient à répandre la connaissance du magnétisme.

Mais seulement on opposa une force d'inertie désespérante ; on se refusait à voir des faits, à les examiner. Il y avait bien ça et là, quelques individus qui, à force d'instances, consentaient à voir, mais la majeure partie des savants qui se souvenaient d'avoir été juges dans cette question et de s'être prononcés pour la négative, n'osaient pas courir le risque d'être forcés de donner une rétractation ; ils craignaient d'être convaincus et accusés de légèreté.

M. de Puységur leur facilitait pourtant les moyens de revenir avec honneur de leur première décision.

Voici quel était le langage de cet homme estimable.

« Toute découverte dans les sciences, disait-il, devant, pour être admise, être revêtue de la sanction des savants, c'est à eux seuls qu'il appartient de prononcer, tant sur l'existence que sur l'utilité du magnétisme animal ; certain de la réalité des faits que j'ai observés, autant je mets de prix à les en persuader, autant je leur soumets avec docilité tous les aperçus et toutes les conséquences que mon esprit ou mon sentiment en auraient pu tirer. Quelque sévère que soit leur jugement à mon égard, il ne pourra que satisfaire au désir que j'ai de n'admettre que des vérités, mais qu'il n'en soit généralement reconnu qu'autant qu'elles seront sanctionnées par leur lumière et revêtues de leur autorité. L'utilité des sciences et l'estime que je leur porte me feront toujours être flatté des leçons que je recevrai des savants et n'être affligé que de leur indifférence. »

M. de Puységur est mort sans être parvenu à son but ; les savants ont gardé le silence.

Les mêmes hommes cependant se sont enquis avec ardeur des phénomènes de la lumière, de ceux de l'électricité, etc., et aujourd'hui même ils recherchent avec empressement ceux que présente le galvanisme, et ils ferment opiniâtrement les yeux sur les phénomènes qui proviennent de la vie elle-même ; ils ont complètement approfondi ou s'occupent d'approfondir la nature de tous ces fluides étrangers à la vitalité, et les effets surprenants du fluide vital leur sont entièrement inconnus ; ces effets si importants à étudier pour parvenir à la connaissance véritable de l'homme, n'ont encore obtenu que leur dédain.

Aussi, nous voyons se confirmer ce que je vous disais en commençant, que c'est aux jeunes gens à propager la découverte du magnétisme ; vous verrez qu'au sein même de nos académies ce sont les plus jeunes membres qui se sont prononcés pour l'examen, que ce sont eux seuls qui ont expérimenté et reconnu les vieilles erreurs de leurs devanciers, et qui ont osé, secouant le joug d'un préjugé, qui pesait sur eux de toute l'autorité de la chose jugée, reconnaître et proclamer hautement la vérité.

Lorsque nous vous aurons convaincus de l'existence du magnétisme animal, nous espérons que vous joindrez votre voix à la nôtre pour en propager la connaissance et l'usage.

Vous accuserez la tiédeur des savants et surtout des médecins, car rien de ce qui intéresse la vie des hommes ne doit leur être indifférent ; vous leur reprocherez de laisser dans l'oubli une vérité aussi importante que l'est celle du magnétisme ; appelés chaque jour à prononcer sur des effets dont la cause leur échappe, chaque jour ils se voient réduits à la nécessité malheureuse de corriger la nature, qu'ils ne connaissent point, par les procédés d'un art que souvent ils ne connaissent pas davantage ; chaque jour ils ont donc des souhaits à former, pour qu'une révolution avantageuse au progrès des sciences développe enfin quelques germes de vérité, sur le sol ingrat qu'ils cultivent depuis si longtemps, avec tant de constance et si peu de succès.7 Vous vous plaindrez hautement de les voir reculer devant un examen sérieux et attentif.

Vous interrogeant, vous vous demandez sans doute, pourquoi l'Académie de médecine n'a pas encore pris de résolution sur ce sujet, bien qu'un rapport, où tous les intérêts de corps ont été ménagés, lui ait été lu le 28 juin 1831, par M. Husson, nommé rapporteur par la commission du magnétisme.

Vous chercherez les motifs d'un semblable refus d'examen ! D’un semblable déni de justice ! Et votre étonnement sera grand lorsque je vous donnerai connaissance des faits que contient ce rapport : ils sont d'une telle nature que la commission composée de 11 membres de l'Académie s'est déclarée convaincue, bien que la plupart des membres de cette commission fussent incrédules avant l'examen.

Vous verrez que l'un des commissaires soumis lui-même à la magnétisation8 en a éprouvé les effets les plus évidents, et les moins contestables, non seulement dans une séance, mais dans plusieurs, toujours devant ses confrères et dans des circonstances qui n'étaient cependant nullement favorables aux expériences.

Tous ces faits que je vous signalerai ont été consignés dans des procès-verbaux qui furent signés par tous les membres de la commission.

Vous penserez que ce n'est pas remplir son mandat que de taire une vérité qui peut être utile à l'avancement de la science, et à notre bonheur, s'il est vrai toutefois que l'action magnétique exerce une influence salutaire sur l'économie animale.

Négliger d'approfondir la théorie du magnétisme et les moyens de rendre ses effets plus sensibles, ne point chercher si son influence plus ou moins grande ne pourrait déterminer le siège de nos maux, c'est ressembler aux habitants d'Ephése. Si parmi nous, disaient-ils, quelqu'un veut exceller ou trouver un nouvel art, qu'il soit banni ; qu'il aille porter ailleurs sa supériorité et ses lumières.

Ce langage est dur, mais la conduite des savants et des médecins semble le justifier complètement ; car quels sont les motifs qui pourraient s'opposer à l'adoption du magnétisme ? Serait-ce parce qu'on a crié au miracle en apercevant quelques phénomènes étranges ?

Eh ! Messieurs, il n'y a rien de merveilleux dans le magnétisme animal. C'est un agent naturel, encore inaperçu, inouï pour plusieurs et voilà tout. Il n'y a de merveilles, de miracles que pour les sots. Plus les peuples sont ignorants et plus il y a de miracles, parce que ignorant la plupart des phénomènes de la nature, il y a un plus grand nombre de faits qui échappent à leurs connaissances, et leur paraissent étrangers à ses lois. Plus les peuples s'instruisent, plus leurs connaissances s'étendent, et moins il existe de faits qui les surprennent. Lorsqu'ils en rencontrent de nouveaux, ils ne s'étonnent plus, ils ne crient pas au miracle, ils ne les nient même pas, mais ils les étudient et les rapprochent d'autres faits analogues déjà connus. Ainsi s'accroît par des anneaux successifs la chaîne des connaissances humaines. Il est à remarquer que tout ce qui est nouveau et surtout inaccoutumé, excite en nous le rire, le mépris ou l'étonnement. Le sage ne doit ni mépriser, ni s'étonner, il doit examiner. La plupart des phénomènes de la nature sont tous au moins aussi surprenants que ceux du magnétisme animal : certes la lumière parcourant 4 millions de lieues par minute, nous donnant la faculté de reconnaître l'existence d'objets placés à plusieurs milliards de lieues de nous, et cela dans un instant, faisant pénétrer le spectacle de l'immensité de la nature entière par une ouverture de la grandeur d'une tête d'épingle, est un miracle bien autrement surprenant que l'influence d'un individu sur un autre à la distance de quelques pieds.

L'attraction régissant l'univers, se faisant sentir sans intermédiaire à des distances énormes d'un astre à un autre, maintenant ainsi dans leur cours les globes célestes, n'est-elle pas encore une merveille bien autrement surprenante ? Et cependant qui fait attention à la magie de la lumière et de l'attraction ? À peine quelques hommes s'en occupent-ils ; le reste jouit de leurs bienfaits sans s'en étonner et même sans y songer. Pourquoi ? Parce que ce sont des choses habituelles.

Il est téméraire, il est même insensé de vouloir imposer des bornes à la nature, et il n'y a plus aujourd'hui que l'hypocrisie qui se serve de ces moyens pour arrêter l'essor du magnétisme, car rien dans ses effets ne viole les lois de la nature. On a dit et répété que le magnétisme favorisait la superstition. Eh ! Messieurs, qui ne reconnaît que cette assertion est un mensonge intéressé. Le magnétisme, au contraire, détruit toute espèce de superstition, et c'est un de ses grands bienfaits. Mais que ne dit-on pas d'une chose dont on ne veut pas reconnaître l’utilité ?

Vous vous livrerez donc, Messieurs, à l'examen que nous venons vous proposer, vous y apporterez cet esprit de doute qui consiste à ne croire ou à nier que lorsqu'on a examiné, vu, appliqué ses sens. C'est la seule règle, la seule cause de toute connaissance positive et de tout progrès dans les sciences.

Messieurs, la pratique du magnétisme nous dispose à la philosophie ; non à cette philosophie orgueilleuse qui veut dominer l'opinion, mais à cette philosophie douce et tranquille qui rapproche les hommes, qui nous fait voir un frère dans celui qui a besoin de nous, qui, après les devoirs que nous avons à remplir, nous inspire le besoin de consacrer nos moments de loisirs à des actes de charité ; qui nous éloigne des discussions politiques, nous porte âne pas nous attacher à des systèmes, mais à rectifier notre jugement par des faits ; qui nous démontre la spiritualité de l'âme, la puissance de la volonté, l'usage que nous pouvons faire de cette volonté ; qui nous détache des plaisirs frivoles et nous inspire le goût des bonnes mœurs ; qui nous montre enfin que les hommes sont fils d'un même père, unis par des relations physiques et morales ; qu'ils sont comme les membres d'un même corps, qu'ils sympathisent les uns avec les autres, et qu'ils peuvent tous exercer une influence salutaire sur leurs semblables.

On peut ajouter que l'étude du magnétisme joint à la vérité de l'histoire l'intérêt du roman et le merveilleux de la féerie ; qu'il produit les effets les plus curieux, les plus intéressants et les plus utiles ; qu'il procure les plus grandes jouissances ; qu'il faut même de grands efforts pour ne pas s'exalter au dernier point à la vue de toutes les merveilles du magnétisme de l'homme.

Il fait voir un nouvel ordre de choses, il vous transporte dans un nouvel univers, répand un nouveau jour sur tous les objets du ressort de la physique, agrandit le domaine de nos connaissances dont on peut dire qu'il est la clef ; il manifeste d'une manière éclatante la toute puissance et les merveilles du souverain être, et remplit le cœur de l'homme de la plus profonde vénération pour l'ordre, l'harmonie et les rapports qui règnent dans l'univers, d'où dérivent plusieurs lois tant physiques que morales, lois primitives et essentielles qu'on ne peut transgresser sans éprouver les peines attachées à cette transgression. Il procure des plaisirs qui sont autant au-dessus des autres plaisirs que la science du magnétisme est au-dessus des autres sciences : plaisirs si vifs qu'ils ont fait dire à l'illustre auteur des mémoires de Busancy, qu'ils donnaient trop d'existence.

Avant de terminer cette leçon, je dois vous entretenir des causes particulières qui m'ont engagé à prendre la défense du magnétisme.

Il y a quatorze ans qu'un étudiant en médecine eut occasion de foire devant une nombreuse assemblée de médecins une série d'expériences dont le résultat a été très connu.

Voici le fait :

On parlait un jour devant M. Husson, médecin de l'Hôtel-Dieu, d'expériences magnétiques faites dans le monde sur des malades qu'on prétendait avoir guéris de cette manière. On contestait devant ce savant médecin l'existence du magnétisme, pensant qu'il partageait le doute manifesté par les personnes qui composaient alors sa clinique. Mais M. Husson répondit, qu'ayant de nier une chose il fallait avant tout l'examiner, et que, si on lui amenait un magnétiseur, il s'empresserait de le mettre à l'épreuve, pour juger si, en effet, le magnétisme existe, ou si ce n'était qu'une jonglerie.

On pensait généralement que la hardiesse des partisans du magnétisme n'irait pas jusqu'à s'exposer à venir, en face d'aussi bons juges, jouer un rôle qui ne pouvait que faire naître le dédain et le ridicule.

Mais contre toute attente, le magnétiseur, prévenu de cette disposition, arriva le lendemain à la visite du professeur : vous dire comment il fut reçu, vous pouvez le deviner : il n'y eut que M. Husson qui conserva sa gravité.

Bref, une malade fut choisie, non par le magnétiseur, mais par les assistants ; on prit une jeune fille extrêmement malade, pensant que si le magnétisme la guérissait, ce ne serait qu'un jeu pour lui de guérir tout l'hôpital. Tous les moyens que fournit la médecine avaient été employés sans succès. Douze cents sangsues, vingt saignées, autant de vésicatoires, l'eau glacée, les affusions froides, l'opium, le musc, la diète la plus rigoureuse, etc., etc., rien n'avait pu arrêter des vomissements de sang qui menaçaient les jours de la malade ; et réduite au dernier degré de marasme, elle attendait sa fin prochaine, placée sur un brancard ; on la porta dans une chambre séparée, où les expériences devaient commencer ; l'étudiant magnétiseur s'approcha d'elle sans cependant la toucher, étendant simplement la main en face la région épigastrique et la dirigeant sur les principaux viscères des cavités splanchniques, il continua cette manœuvre pendant 20 minutes seulement.

Pendant ce temps aucun changement ne s'était fait apercevoir chez la malade, elle fut reportée à son lit et chacun pensait qu'elle avait été déplacée inutilement.

Mais, Messieurs, à dater de ce moment, plus de vomissements ; quelle était donc la cause d'un aussi grand changement ? La malade suivait son régime habituel, et depuis plus de neuf mois on n'avait rien vu de semblable.

Le magnétisme était encore récusé, car on n'avait pas aperçu de changement apparent pendant son application ; dans le doute, les expériences recommencèrent et on vit bientôt naître tous les phénomènes les plus extraordinaires du somnambulisme. L'insensibilité aux moxas, aux piqûres, à l'ammoniaque, et enfin un isolement complet pour tout ce qui n'était pas le magnétiseur ; des faits si étranges racontés par des médecins qui en avaient été les témoins, attirèrent une affluence considérable. Parmi les curieux il y en eut plusieurs qui furent mécontents de ces expériences, et qui, quoique convaincus, disaient-ils, de la réalité du magnétisme, jurèrent cependant d'employer leur crédit à en arrêter la propagation. Ils ne se bornèrent pas à cette menace, ils cherchèrent bientôt à faire planer sur l'étudiant en médecine, des soupçons injurieux à son caractère et à sa franchise. Cette conduite répréhensible ne fit qu'enflammer le zèle de l'étudiant pour la vérité. Il se promit, à son tour, d'employer ses facultés et tout son temps à la répandre et de se venger par la publicité, des moyens qui, dans cette circonstance, venaient de lui faire remporter le plus beau triomphe que tout homme généreux puisse envier.

La malade fut guérie, elle sortit de l'Hôtel-Dieu au bout de quarante jours, et existe encore aujourd'hui malgré l'assertion contraire de M. Récamier l'un des antagonistes du magnétisme, qui ne craignit pas de dire en pleine académie que c'était à tort qu'on se vantait de cette guérison, que la malade était morte dans ses salles ; il attesta ce fait de la manière la plus formelle.

Messieurs, la personne qui fit ces expériences vient remplir son vœu ; heureuse si elle peut vous déterminer à essayer vous-mêmes le moyen qui lui fit obtenir quelque succès ; vous l'aiderez de cette manière à justifier le magnétisme et les magnétiseurs des calomnies sans nombre qu'on s'est plu à répandre sur eux.

Je suis aise, Messieurs, de pouvoir vous annoncer un commencement de justification ; une nouvelle thèse sur le magnétisme animal, vient d'être soutenue à la faculté de médecine par un jeune médecin, M. Albert Jozwik, étranger distingué. Les examinateurs ont parfaitement accueilli M. Jozwik et l'ont encouragé dans ses recherches.

Je vais vous donner connaissance des faits magnétiques qui servent de bases à cette thèse. Ils vous laisseront regretter qu'ils ne soient pas plus nombreux.

Voici cette thèse :

10 août 1834.

MM. Pelletan, Dumeril, Andral, Rostan, Chomel, examinateurs.