Daniel, le résistant - Wilbert Kreiss - E-Book

Daniel, le résistant E-Book

Wilbert Kreiss

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Beschreibung

Ce commentaire du prophète Daniel (...) n'a aucune prétention scientifique, mais veut tout simplement aider le lecteur a mieux comprendre ce livre de l'Ancien Testament. La lecture du livre de Daniel n'est certes pas facile. Daniel, en effet, est beaucoup plus visionnaire que prophète (...). Il a plu au Seigneur de faire défiler devant les yeux de son serviteur Daniel et devant les nôtres des tableaux invraisemblables, représentant des animaux fabuleux, pour nous expliquer que si les grands de ce monde semblent tirer les ficelles de l'histoire et faire la pluie et le beau temps dans ce bas-monde, il reste le Maître souverain de la création et des nations. Au milieu du mal qui se commet ici-bas, quitte à devoir renverser des despotes et leur trône, il fonde et étend son règne de grâce et de paix. Les croyants qui entendent lui rester fidèle connaissent bien des épreuves, et parfois même des persécutions sanglantes. Mais il sait accomplir des miracles pour les protéger, et l'épreuve de leur foi n'est ni plus longue ni plus intense que ce qu'ils peuvent supporter. Sa promesse est certaine, et le jour vient où il les délivrera de tout mal. "C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus" (Apocalypse 14.12). Pr. Wilbert Kreiss

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Seitenzahl: 179

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Illustrations

Première de couverture : Daniel dans la fosse aux Lions, Détail de l’abbaye de la Sauve-Majeure, en Gironde.

Quatrième de couverture : Daniel prie Dieu à sa fenêtre, malgré l’interdiction du Roi (voir Daniel 6 ;10).

Nous publions les œuvres du Professeur Wilbert KREISS avec l’assentiment et le soutien de l’Eglise Evangélique Luthérienne-Synode de France.

Nous exprimons notre gratitude à Marguerite KREISS, son épouse. Elle nous a donné accès aux œuvres et études de son mari. Elle nous a encouragés à nous lancer dans la publication en vue de constituer la « Collection Wilbert KREISS ».

Quelques annotations de relecture figurent sous la mention NDLR en bas de page.

Merci à l’équipe, entièrement bénévole, qui a été disponible pour l’accomplissement de ce travail. Merci aux membres et amis de l’Eglise qui ont soutenu le projet par leurs encouragements et leurs dons.

FELLERING, le 5 juin 2014

Wilbert KREISS (1937-2011)

Professeur et Docteur en théologie.

Il est né à Paris le 4 janvier 1937. Son père était pasteur et président de l’Eglise Evangélique Luthérienne Synode de France et de Belgique, nommée actuellement Eglise Evangélique Luthérienne-Synode de France.

Il fait ses études au Centre d’Etudes Théologiques de Châtenay-Malabry (France), puis à l’Ecole Supérieure de Théologie d’Oberursel (Allemagne). Il obtient en 1973 le grade de docteur en théologie de l’Université de Strasbourg. Deux séminaires des USA, ceux de Saint Louis et de Fort Wayne, lui décernent les titres de docteur honoris causa.

Il exerce le ministère pastoral à Châtenay-Malabry, puis dans des paroisses du Bas-Rhin : Schillersdorf/Obersoultzbach et Woerth/Lembach.

En 1973 il est nommé directeur du Centre d’Etudes Théologiques de Châtenay-Malabry (Hauts de Seine) et conjointement professeur principal jusqu’à sa retraite, en 1997.

Il est aussi vice-président synodal (1974-1992) puis président de 1992 à 2000. Ces fonctions l’amènent à participer à de nombreuses rencontres théologiques internationales sur les cinq continents.

Fidèle aux confessions luthériennes et soucieux de défendre la cause d’un luthéranisme fondé sur les grands principes de la Réforme : la grâce seule, la foi seule, l’Ecriture seule, le Christ seul, il contribue par ses nombreux ouvrages à l’édification de L’Eglise. Sa perspective missionnaire le pousse à s’engager dans la formation des pasteurs des deux Congo durant 35 ans. Dans ce but, il élabore un programme de formation théologique par correspondance.

Ayant à cœur le bien-être spirituel des communautés chrétiennes, il édite sous forme de cahiers ses nombreuses études. Parmi ses ouvrages les plus importants citons la dogmatique, la petite dogmatique, l’histoire des dogmes, le manuel de la doctrine chrétienne, la Formule de Concorde, le canon de l’Ecriture Sainte, les Confessions de foi de l’Eglise Luthérienne, etc.

Après avoir mené le bon combat de la foi et du témoignage, il décède le 29 octobre 2011 à Moshi en Tanzanie.

(Source : d’après l’hommage posthume – Pasteur Jean Thiébaut HAESSIG).

PREFACE ORIGINALE

Ce commentaire du prophète Daniel que nous publions comme cahier N° 12 du Centre d’Études Théologiques, est le fruit d’un cours professé au cours de cette année.

Il n’a aucune prétention scientifique, mais veut tout simplement aider le lecteur à mieux comprendre ce livre de l’Ancien Testament. La lecture du livre de Daniel n’est certes pas facile. Daniel, en effet, est beaucoup plus visionnaire que prophète. Il utilise dans la deuxième partie de son ouvrage le langage dit apocalyptique, étrange et énigmatique. Mais c’est de ce langage que Dieu a voulu se servir pour soulever le voile sur l’avenir de son peuple dans l’A.T. et dans l’ère chrétienne.

Il a plu au Seigneur de faire défiler devant les yeux de son serviteur Daniel et devant les nôtres des tableaux invraisemblables, représentant des animaux fabuleux, pour nous expliquer que si les grands de ce monde semblent tirer les ficelles de l’histoire et faire la pluie et le beau temps dans ce bas monde, il reste le Maître souverain de la création et des nations. Au milieu du mal qui se commet ici-bas, quitte à devoir renverser des despotes et leur trône, il fonde et étend son règne de grâce et de paix. Les croyants qui entendent lui rester fidèles connaissent bien des épreuves, et parfois même des persécutions sanglantes. Mais il sait accomplir des miracles pour les protéger, et l’épreuve de leur foi n’est ni plus longue ni plus intense que ce qu’ils peuvent supporter. Sa promesse est certaine, et le jour vient où il les délivrera de tout mal. « C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus ». (Apocalypse 14. 12).

Le chapitre 7 de Daniel nous donnera l’occasion de faire une incursion dans le livre de l’Apocalypse, ce livre qui n’a cessé d’intriguer les croyants. Elle sera brève, mais nous permettra de fortifier notre foi aux sources des mêmes promesses éternellement valides.

Une petite précision encore : L’une des plus grandes vertus du théologien est l’humilité. Certains chapitres de Daniel sont excessivement difficiles à interpréter. Nous ne prétendons pas avoir dit le dernier mot. Si certaines interprétations sont à exclure a priori, parce que contraires à tout l’enseignement de la Bible, d’autres paraissent également acceptables. Alors il ne reste souvent au commentateur d’autre choix que celui d’opter pour l’explication qui lui paraît la plus vraisemblable. Il fallait le dire…

Que Dieu bénisse ce modeste travail. Il aura mérité d’être rédigé, s’il permet au lecteur de mieux comprendre, et donc d’apprécier et d’aimer davantage un livre qu’il nous a donné, parce qu’il est, lui aussi, « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Timothée 3. 16, 17)

Wilbert KREISS

Châtenay-Malabry

Juin 1986

SOMMAIRE

INTRODUCTION

CHAPITRE 1

Dieu prépare Daniel à son ministère

CHAPITRE 2

La statue de Nebucadnetsar

Les royaumes de ce monde et le Royaume de Dieu

CHAPITRE 3

Les trois hommes dans la fournaise ardente

Les royaumes de ce monde ne peuvent pas nuire

aux saints de Dieu

CHAPITRE 4

L’édit de Nebucadnetsar : le grand arbre et le bœuf

Dieu écrase l’orgueil des puissants de ce monde

CHAPITRE 5

Le festin de Belschatsar

Dieu résiste à l’insolence et à l’arrogance des

puissants de ce monde

CHAPITRE 6

Daniel dans la fosse aux lions

Dieu protège les siens à l’heure de la persécution

CHAPITRE 7

Les quatre animaux : le lion, l’ours, le léopard et le …. ?

Les royaumes de ce monde, le Fils de l’homme et l’Antichrist

DANIEL 7 ET APOCALYPSE 13

DANIEL 7 ET APOCALYPSE 12

CHAPITRE 8

Le bélier, le bouc et la petite corne

La Perse, la Grèce et Antiochus Epiphane

CHAPITRE 9

Confession et prière de Daniel

Les soixante-dix heptades

CHAPITRE 10

Les apparitions angéliques

Les anges à l’action dans les royaumes de ce monde

CHAPITRE 11

L’empire grec, les Ptolemées et les Séleucides

L’antichrist

CHAPITRE 12

La fin des temps

La grande tribulation et la résurrection

TABLEAU CHRONOLOGIQUE

EPOQUE ROMAINE

INTRODUCTION

Longtemps à l’avance, avant même qu’Israël n’entre dans la terre promise, Moïse lui avait annoncé le châtiment dont Dieu allait frapper son incrédulité : « 49 L'Éternel fera partir de loin, des extrémités de la terre, une nation qui fondra sur toi d'un vol d'aigle, une nation dont tu n'entendras point la langue, 50 une nation au visage farouche, et qui n'aura ni respect pour le vieillard ni pitié pour l'enfant. 52 Elle t'assiégera dans toutes tes portes, jusqu'à ce que tes murailles tombent, ces hautes et fortes murailles sur lesquelles tu auras placé ta confiance dans toute l'étendue de ton pays ; elle t'assiégera dans toutes tes portes, dans tout le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. 64 L'Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d'une extrémité de la terre à l'autre ». (Deutéronome 28 : 49, 50, 52, 64).

Et Dieu qui tient toujours ses promesses, exécuta aussi sa menace. Un châtiment terrible s’abattit sur son peuple qui s’était scindé en deux royaumes après la mort de Salomon. En 722 avant J.-C., Samarie, la capitale du royaume du nord, tomba aux mains de Salmanasar V, empereur d’Assyrie, et les dix tribus qui le composaient partirent en captivité. Le royaume du sud eut la chance d’être gouverné de temps en temps par un roi pieux, soucieux de mettre un frein à l’impiété de son peuple. Citons parmi eux Joas (835-786 avant J.-C.), Ezéchias (715-695) et Josias (640-609). Mais ce n’étaient que des trêves.

Au lieu de se repentir de son impiété, le royaume de Juda et ses souverains cherchèrent à conjurer la menace en concluant des alliances avec des nations étrangères. L’Égypte avait fait la guerre à Juda et emmené en exil Joachaz, fils de Josias, après avoir élevé sur son trône son frère aîné, Eliakim, dont le nom fut changé en Jojakim (608 avant J.-C.). Il dut payer un lourd tribut au pharaon Néco et abandonna l’Éternel que son Père, Josias, avait si fidèlement servi.

En 605 avant J.-C., la plus grande puissance de l’époque, Babylone, qui avait défait l’empire assyrien, affronta le pharaon égyptien à Carkemisch, le vainquit, puis s’en prit à Jérusalem. Vaincu à son tour, Jojakim devint un vassal de Nebucadnetsar, empereur de Babylone, qui l’assujettit à un lourd tribut de guerre. Trois ans plus tard, il commit l’imprudence de se révolter. Nebucadnetsar revint alors à Jérusalem et enchaîna Jojakim pour l’emmener à Babylone. Mais ce dernier mourut subitement. Jojakin, son fils, lui succéda (597 avant J.-C.). Il ne régna que trois mois et six jours. Jérusalem fut à nouveau assiégée par les généraux de Nebucadnetsar et finit par se rendre. Jojakin, ses femmes, ses courtisans, tous les dignitaires et les ouvriers qualifiés du pays partirent en captivité. Nebucadnetsar plaça sur le trône de Juda un autre fils de Josias, Sédécias, qui régna de 597 à 586 avant J.-C. Il fut, lui aussi, rebelle à Dieu, toléra l’idolâtrie et tenta d’entrer dans une coalition avec Edom, Moab, Ammon, Tyr et Sidon, dans l’espoir de se libérer de la tutelle de Babylone. Jérémie condamna fermement ce projet.

La 4ème année de son règne, Sédécias, après avoir tout d’abord envoyé une délégation à Babylone, pour attester sa fidélité à Nebucadnetsar, alla le trouver en personne. Pourtant, il finit par se révolter. Le 10ème mois de la 9ème année du règne de Sédécias, Nebucadnetsar mit le siège à Jérusalem. Après une courte trêve due à l’entrée dans le conflit des Égyptiens, les offensives reprirent. Comme Jérusalem était menacée par la famine, Sédécias prit la fuite avec son armée. Mais les troupes babyloniennes le rattrapèrent dans la plaine de Jéricho. Il fut présenté à Nebucadnetsar, à Ribla, dans le nord de la Palestine. Celui-ci fit périr tous ses fils devant lui et lui creva les yeux. Il partit lui aussi à Babylone en 586 avant J.-C. C’est l’année où Jérusalem fut entièrement détruite.

Il y eut ainsi trois départs en captivité. En 605, Nebucadnetsar, après s’être emparé de Jérusalem, transporta à Babylone les ustensiles en or du temple et emmena quelques jeunes gens de sang royal, dont Daniel (2 Chroniques 36. 2-7 ; Daniel 1. 1-3). Sept ans plus tard, en 597, il déporta Jojakim, avec sa mère et ses femmes, 3 000 chefs, 7 000 dignitaires et un millier d’artisans (2 Rois 24. 14-16).En 586, enfin, il brûla le temple, détruisit la ville et emmena le reste du peuple, ne laissant sur place que les plus pauvres, quelques vignerons et cultivateurs (2 Rois 25. 2-21).

Le prophète Jérémie avait annoncé que l’exil durerait 70 ans. Il prit fin en 538, l’année qui marqua la chute de l’empire babylonien et l’accession au trône de Cyrus, chef de l’empire Perse. A deux reprises, Dieu avait annoncé à l’avance par le prophète Esaïe qu’il se servirait de Cyrus, son oint et son serviteur, pour libérer son peuple (Esaïe 44. 28 ; 45. 1-14). Cyrus, petit-fils de Cambyse, monta sur le trône d’Anshan (Elam oriental), vers 558 avant J.-C., s’empara de la Médie et assura la prédominance de la Perse. Une série de conquêtes foudroyantes lui permit de se soumettre l’Asie Mineure. Puis il triompha des Babyloniens en 539. Partisan d’une politique inspirée par la paix et la bienveillance, il autorisa les peuples déportés par les Babyloniens à rentrer chez eux, en emportant avec eux les trésors confisqués. C’était en 538 avant J.-C. Cf. Esdras 1. 1-8 ; 4. 3-5 ; 5. 13,14 ; 2 Chroniques 36. 22, 23 ; Daniel 1. 21 ; 6. 28.

Tel est le contexte historique dans lequel s’inscrivit l’activité du prophète Daniel (605-536 avant J.C.). Il exerça un long ministère, riche en péripéties, à un moment crucial de l’histoire du peuple de Dieu. Exilé en même temps que ses compatriotes, il était appelé à être le témoin de Dieu à la fois auprès d’Israël et des nations païennes qui l’opprimaient.

Le livre de Daniel est un ouvrage riche en consolations. Il décrit l’histoire du peuple de Dieu depuis l’époque de ce prophète jusqu’à la fin des temps. Il contient par ailleurs des sections apocalyptiques qui constituent la source dans laquelle l’Apocalypse de Jean a puisé ses matériaux. Ce sont des textes difficiles à interpréter, mais qui facilitent la compréhension de l’Apocalypse. On y trouve aussi le titre de « fils de l’homme » appliqué au Messie (Dan 7. 13), celui-là même que Jésus emploiera le plus souvent (81 fois dans les évangiles).

Pour la première fois de son histoire, le peuple de Dieu avait été vaincu par une puissance étrangère et lui était soumis. L’exil commença avec la première campagne militaire menée par Nebucadnetsar en Palestine, car c’est là qu’il fut mis fin à la théocratie d’Israël. Mais Dieu resta fidèle à ses promesses. Israël était son peuple, celui que Dieu s’était choisi pour accomplir son plan de salut et donner au monde un Rédempteur. Aussi lui avait-il promis de le ramener de l’exil. Il rebâtirait le temple et habiterait à nouveau dans son pays (Esaïe 40-66). Mais après ce retour, Israël allait encore connaître l’humiliation et la persécution et n’aurait pas de roi sur le trône de David. Il fallait prévenir le peuple, tout en lui montrant que Dieu tient dans ses mains l’histoire de ce monde et de ses puissances et la destinée des siens, et qu’il sait en son temps et à sa façon accomplir ses promesses. Le Seigneur reste le Maître de l’histoire et prend les puissances de ce monde à son service de façon à instaurer son règne de grâce. Ce fut en particulier le rôle de Daniel.

Le nom de cet homme est significatif, comme l’est aussi celui de la plupart des grands hommes de l’Ancien Testament. « Esaïe » signifie « Yahvé procure le salut », et aucun prophète n’a autant que lui annoncé le salut du Messie à venir. « Jérémie » veut dire « Dieu jette, ou jette à terre », et sa mission fut d’annoncer comment Dieu allait jeter à terre son peuple, le briser et l’humilier. « Ezéchiel » signifie « Dieu est fort », et son livre est là pour l’attester abondamment. « Daniel » veut dire « mon juge est Dieu » ; le livre de ce prophète en est l’illustration. Dieu était son juge. C’est pourquoi il fut sans crainte, lui resta fidèle et sut se dresser, quand il le fallait, contre les grands de ce monde qui cherchaient à l’éliminer.

Dieu sut se choisir l’homme dont il avait besoin à cette époque et le laissa accéder à la dignité et au rang requis pour devenir l’instrument de ses révélations. En cela, Daniel ressemble à Joseph. Comme lui, il interprète des songes, devient le bras droit et le conseiller d’un puissant empereur et représente le Dieu d’Israël à une cour royale étrangère. Dieu s’était servi de Joseph pour sauver le peuple d’Israël naissant. Il se servit aussi de Daniel pour sauvegarder son peuple en exil.Que seraient devenus les Juifs sans le ministère de cet homme ? Sa longue vie fut riche en miracles de la grâce et de la toute-puissance divine ; elle constitue un exemple de fidélité pour tous les croyants, jeunes et vieux. Il fut fidèle à son Dieu, renonçant à tout ce que sa conscience ne pouvait approuver et recherchant en toutes choses la volonté de son Seigneur, sans en redouter les conséquences. Il dut à sa piété d’être jeté par Darius dans la fosse aux lions, mais fut protégé par Dieu. Le peuple de Dieu a besoin de témoins de ce genre !

Daniel n’est pas un prophète au sens classique du terme, mais un visionnaire qui occupa de hautes fonctions à la cour des rois de Babylone et de Perse. C’est la raison pour laquelle son livre ne figure pas parmi les livres prophétiques dans le canon hébraïque de l’A.T., mais parmi les « hagiographes » (écrits sacrés). Il n’en est pas moins un prophète au sens large du mot, un envoyé de Dieu, et Jésus luimême lui donne ce titre : Matthieu 24. 15 ; Marc 13. 14.

Comme l’Apocalypse, le livre de Daniel a été de tout temps l’objet d’interprétations invraisemblables. Il a un contenu analogue, est fait d’images extraordinaires et de mystères insondables. C’est une succession de visions sur l’histoire de ce monde et de ses royaumes, les combats qu’ils mènent contre le Royaume de Dieu et la victoire de ce dernier. Dans ces visions apparaissent des animaux dont certains sont fabuleux, et des chiffres qui ne correspondent pas aux mathématiques humaines, mais contiennent des leçons importantes. Le caractère apocalyptique de ce livre s’explique par les circonstances particulières dans lesquelles il fut rédigé. Le Royaume de Dieu avait été englouti dans les royaumes de ce monde, et il appartenait à Dieu de montrer qu’il est le Tout-Puissant et le Sage qui sait toutes choses et qui gouverne ce monde pour le bien-être de son peuple. Daniel parcourt donc toute l’histoire de ce monde. Mais il ne le fait pas dans une succession chronologique. Il progresse par étapes, puis revient en arrière, pour repartir en avant. Signalons qu’une partie du livre (2. 4 – 7. 28) a été écrite en araméen. Nous n’étudierons pas les raisons de ce phénomène, mais nous contentons de constater que les Juifs parlaient l’hébreu et l’araméen en exil, l’hébreu était leur langue nationale, et l’araméen celle de leurs conquérants et la langue internationale de l’époque. L’araméen commence dans le livre de Daniel, à l’endroit où les mages de Babylone doivent expliquer à Nebucadnetsar le songe qu’il a eu. Daniel poursuit son récit en araméen. Sans doute le fait-il, parce que dans cette section il annonce un message pour le monde et veut le faire dans la langue universelle de l’époque, tandis que les sections en hébreu concernent davantage le peuple d’Israël, ainsi que son destin.

Le livre se décompose en deux parties principales :

Chapitres 1-6 : Daniel, conseiller et ministre des rois de Babylone.

Chapitres 7-12 : Daniel, visionnaire du Royaume de Dieu.

Un dernier point qu’il nous faut aborder ici et sur lequel nous aurons l’occasion de revenir par la suite : la très grande majorité des théologiens nie l’authenticité de ce livre, ce qui signifie que Daniel ne l’aurait pas écrit. Parmi les arguments invoqués, il y a l’emploi de l’araméen dont nous avons déjà parlé et l’utilisation de termes grecs pour désigner des instruments de musique. Mais l’argument le plus important est d’ordre théologique. En effet, l’auteur du livre évoque dans certaines visions les terribles persécutions contre les Juifs auxquelles se livrera un roi du nom d’Antiochus Epiphane IV (175-164 avant J.-C.). Si Daniel avait écrit le livre qui porte son nom, il aurait prédit des événements 400 ans avant qu’ils ne se produisent. Or la théologie libérale actuelle nie la possibilité d’une prédiction de l’avenir. L’univers est dit un vase clos dans lequel Dieu n’intervient pas. On en conclut que le livre de Daniel fut écrit après ces événements, donc vers le milieu du 2ème siècle, par un auteur inconnu.

Ce témoin anonyme a donc transformé en prédiction des faits historiques auxquels il a assisté lui-même, et les a faussement attribués à un prophète du nom de Daniel, vivant soi-disant 400 ans plus tôt, mais qui n’a probablement jamais existé ! Cette imposture aurait eu pour but de consoler le peuple persécuté, en lui montrant que ces persécutions étaient prévues par Dieu, qu’elles font partie d’un plan divin conçu longtemps à l’avance et que le Seigneur dirige l’histoire de ce monde de façon à fonder son royaume messianique. De ce fait, les commentateurs modernes soutiennent qu’aucune des visions du livre ne va au-delà du milieu du 2ème siècle. Elles ne concernent ni l’empire romain, ni la venue du Messie et l’instauration de son règne, ni la fin des temps. Il va de soi que nous rejetons une telle méthode d’interprétation. Nous sommes intimement convaincus que Daniel, à l’image de tant d’autres prophètes de l’A.T., a prophétisé sous inspiration divine et prédit l’histoire de ce monde jusqu’à sa consommation. Nous aurons l’occasion de le montrer au cours de notre étude du texte qui révélera en même temps les incohérences de la critique moderne.

CHAPITRE 1

Dieu prépare Daniel à son ministère