Dans la Manche de Don Quichotte - Bruno Merle - E-Book

Dans la Manche de Don Quichotte E-Book

Bruno Merle

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Beschreibung

Livre en Français, Espagnol et Anglais A travers une série de photos réalisées dans les villages de la Manche et les écrits qui l'accompagnent, l'ambition de cet ouvrage est de montrer combien don Quichotte continue d'exister au-delà du temps et de révéler les subtiles originalités du roman de Cervantès. Il s'agit d'une invitation à se plonger ou replonger dans les aventures de l'ingénieux hidalgo, si célèbre et trop souvent mal connu. Ni ses déraisons ni ses déboires ne font écran à sa profonde humanité. Comme un prestidigitateur, le chevalier a subtilisé le grain de sage folie qui nous a hélas déserté. Voici qu'il nous le rend en le faisant sortir de sa Manche avec d'autres cartes insoupçonnées. A la lecture de Don Quichotte on s'aperçoit qu'on lui ressemble, qu'il nous ressemble. Il ne nous quitte plus.

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Seitenzahl: 82

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Many thanks

to Tony for his help with the English translation.

Y todos mis agradecimientos a Carmen y Manuel por su ayuda en la traduccíón al español.

Sommaire

Préambule

Préface

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

DON QUIJOTE Y SU MANCHA

Preámbulo

Prefacio

CAPÍTULO I

CAPÍTULO II

CAPÍTULO III

CAPÍTULO IV

CAPÍTULO V

IN DON QUIXOTE'S LA MANCHA

Preamble

Preface

CHAPTER I

CHAPTER II

CHAPTER III

CHAPTER IV

CHAPTER V

Préambule

Peut-être n’étais-je pas complètement parti de rien. La Manche, avec ses étendues sans fin, n’avait à priori pas grand-chose à me dire. Pourtant je l’ai découverte, après des années de vie en Andalousie, depuis le sud. C’est une toute autre histoire que de la découvrir depuis le nord. Les horizons font signe d’une autre main.

Un jour je me suis arrêté dans l'auberge de Puerto Lapice, possible théâtre de la première sortie du chevalier, murs blancs liserés de bleu, salles et corridors peuplés d’ustensiles anciens, de figurines, de céramiques, de statues et souvenirs. Il y avait aussi là du safran qu’on cultive sur ce plateau et mille denrées propres à ce terroir. J’ai peu après arpenté les lagunes de Ruidera, cet oasis aux sept lacs, perdu au coeur de l’aridité brûlante de la Castille, Cervantès nous apprend que ces lagunes sont les sept filles de Dame Ruidera, Je me suis glissé dans la grotte de Montesinos, j'ai eu dans ce « palais de verre » les mêmes visions romanesques que celles vécues par notre héros. Montesinos est le nom d’un illustre vieillard à barbe blanche, cousin du chevalier Durandart ensorcelé par Merlin et qui, comme Dame Ruidera, attend depuis des siècles, au fond de la grotte, d'être réveillé de son enchantement.

Et puis j'ai instantanément trouvé Monsieur Miguel de Cervantès sympathique quand, en ouvrant pour la première fois son roman, je suis tombé sur le chapitre 9 du tome 2 intitulé :

Où l'on raconte ce que l'on lira

Préface

Entre les provinces de Ciudad Real, Tolède, Albacète et Cuenca, on assiste avec ravissement à une surenchère d'images, d'emblèmes, de mémoriaux dédiés à don Quichotte, installés par les municipalités comme par les particuliers. Sans compter les sites et les très beaux musées consacrés aux personnages et à leur auteur. On trouve des représentations du chevalier ou des scènes de ses épopées sur les azulejos des bancs publics, sur les murs des maisons, elles composent les motifs imprimés sur les rideaux devant les portes, on admire les statues trônant aux ronds-points à l'entrée des bourgades et des villes, le vocabulaire donquichottesque inspire les noms des entreprises et des commerces, des stations-service prennent pour icône la figure du chevalier à la Triste Figure, les tags sur les palissades se mettent de concert..... La profusion de ces souvenirs est si mêlée au visuel du quotidien que Sancho Panza comme son maître prennent corps, quittent la fable pour devenir historiques et réels. « ¡ Pero si don Quijote no ha existido ! » (Mais don Quichotte n'a pas existé !) ai-je entendu plusieurs fois lors de conversations sur le sujet, comme pour ramener à la raison notre perception et revenir à la nature fictive des héros. D'ailleurs pour Mauricio Cantón Lopez, habitant d'Algamasilla, « Don Quichotte était d'ici. Il a été là. Je le sais non pas parce que j'ai lu le livre, je ne sais pas lire, mais parce que les preuves sont partout ». Ces enchantements qui touchaient notre chevalier continueraient-ils d'envoûter la Manche depuis le début du Siècle d'or ?

Parmi nos nombreuses photos de la Manche, nous avons choisi d'oublier celles qui ont trait aux espaces convenus comme la Casa cueva de Mendrano à Argamasilla de Alba où Miguel de Cervantès fut engeôlé, ou la Casa-museo de Dulcinea au Toboso avec sa riche collection d'éditions rares ou encore la merveilleuse auberge de Puerto Lapice et les nostalgiques moulins à vent, blancs comme neige, qui jalonnent les routes de la Manche. Les photos présentées dans ce livre veulent avant tout témoigner de l'engouement donquichottesque qui prend vie dans la rue, dans les espaces publics ou sur les demeures des habitants. Ces images attestent de l'intemporalité du chevalier qui hante encore le territoire, qui prend la place qui lui revient dans le coeur des Manchegos et habite avec ténacité l'âme de cette région propice aux voyages et aux rêves.

CHAPITRE I

Qui instruira le lecteur sur l'ingénieux hidalgo don Quichotte de la Manche

En 1605, don Quichotte effectuait sa première sortie. Harnaché d'une armure poussiéreuse qui avait appartenu à ses aïeux, d'un bouclier de cuir et, en guise de heaume, d'un vieux casque auquel il avait ajouté une visière de carton, il laissa son cheval errer au gré de sa fantaisie. Au soir, il aperçut une auberge, certains voudraient y voir celle de Puerto Lapice, localité située au sommet d'un col étiré sur le haut plateau de la Manche, il pressa l'allure et trouva sur le pas de la porte deux filles « de celles que l'on nomme publiques »1, Maritorne et La Molinera, en compagnie de muletiers qui se rendaient à Séville. Il les prit pour deux nobles dames croyant qu'il entrait dans un château. Il demanda à être adoubé le lendemain par le châtelain, c'est à dire l'aubergiste. Il passa sa veillée d'armes à invoquer la dame de son coeur, Dulcinée du Toboso, de son vrai nom Aldonza Lorenzo, paysanne dont il avait été jadis vaguement amoureux sans qu'elle n'en sût jamais rien. Elle était pour lui une princesse de haut rang qu'il s'imaginait « telle qu'il la désirait, tant en beauté qu'en noblesse » quand bien même l'histoire rapporte qu' « elle n'avait pas sa pareille dans toute la Manche pour saler le cochon. » Le tenancier, avisé, consentit à sa demande, d'autant plus qu'au cours de la nuit une échauffourée avait eu lieu avec les muletiers et que la plaisanterie avait assez duré. Près du puits dans la cour de l'hôtellerie, l'aubergiste procéda en hâte à la cérémonie, feignant de lire dans son registre de comptes comme dans un livre de prières, « donnant une bonne tape sur la nuque, puis, du plat de l'épée, un coup bien frappé sur l'épaule, sans cesser de marmonner entre ses dents.»

Sur le chemin du retour, don Quichotte sauva un jeune berger de la maltraitance de son maître affairé à le fouetter. On apprendra par la suite que son intervention chevaleresque eût un effet contraire. Un peu plus loin, il s'adressa à un groupe de marchands de Tolède qu’il mit au défi de jurer que Dulcinée était la plus belle princesse qui soit sur terre, sans quoi ils tâteraient de son épée. Il se retrouva roué de coups, à demi-mort sur le bord du chemin.

Ainsi débutent les aventures du chevalier. Elles seront innombrables tout au long des deux parties que constitue L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche écrit par Miguel de Cervantès Saavedra. Parmi ces aventures, nous pouvons évoquer la libération de forçats conduits aux galères, lesquels, au lieu d'aller s'incliner devant Dulcinée comme le chevalier le leur ordonna, le malmèneront ; la bataille au milieu de deux troupeaux de moutons qu'il croyait être les armées du roi Pantapolin en lutte contre celles de l'empereur païen Alifanfaron ; son exploration de la grotte de Montesinos au fond de laquelle il rencontra le chevalier du même nom, enchanté par Merlin depuis des lustres, ainsi que d'autres personnages tirés des légendes carolingiennes; ses coups d'épées portés sur des marionnettes auxquelles il voulait faire justice ; l'accaparement du précieux heaume de Mambrin qui n'était que le plat à barbe d'un malheureux barbier croisé sur le chemin et dont il s'affubla à partir de ce jour. Et bien sûr la célèbre aventure des moulins à vent, quarante géants qu'il tenta de combattre au prix de la piteuse déconvenue qui la conclut. Autant de farces, de pièges, de quiproquos, de scènes bouffonnes, de situations carnavalesques mais aussi de sages pensées, de réflexions et de messages qui ont porté cette histoire au firmament de la littérature universelle.

Monsieur Quesada, ou Quichada, était un hidalgo, c'est à dire qu'il appartenait à une noblesse sans titres, appauvrie et oubliée. Le gentilhomme vivait avec sa nièce et sa gouvernante, se nourrissait de bouillies, de lard et de lentilles et, le dimanche, d'un pigeonneau pour améliorer l'ordinaire. Il était vêtu d'un habit de serge en semaine et d'un justaucorps de drap fin les jours de fête. Il passait le plus clair de son temps à lire des romans de chevalerie si bien qu'il dut vendre plusieurs arpents de bonne terre pour satisfaire son avidité. « Il dormait si peu et lisait tellement que son cerveau se dessécha et qu'il finit par perdre la raison. » Il décida de devenir chevalier errant.

Comme notre homme appliquait à la lettre les préceptes consignés dans les romans, il lui fallait trouver, en plus d'une dame à laquelle dédier ses exploits et pour laquelle mourir d'amour, un nom pour sa monture. C'était une pauvre bête qui « avait plus de tares que d'années et plus de défauts que le cheval de Gonèle » mais qui lui semblait plus digne que le Bucéphale d'Alexandre le Grand ou que le Babiéca du Cid. Après quatre jours de réflexion il opta pour Rossinante, vocable qui lui parut noble et sonore. Son cheval devint ainsi « la première de toutes les rosses du monde. »