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Coda, numéro hors série Zach Mitchell est enlisé dans sa routine. Ça fait dix ans que son petit ami de fac l'a quitté, pourtant Zach vit toujours dans le même appartement, conduit la même voiture et continue à nourrir la chatte ingrate de son ex. Son vidéo club de Denver, De A à Z, est en difficulté. Il a des clients ennuyeux, des voisins excentriques et vit une romance inintéressante avec son propriétaire, Tom. Angelo Green, un insolent en bottes de combat, a grandi dans des familles d'accueil et se débrouille seul depuis qu'il a seize ans. Il n'a jamais appris à faire confiance ou à aimer. Il refuse aussi les relations sérieuses, alors quand il commence à travailler à De A à Z, il décide que Zach lui est strictement interdit. Malgré leurs différences, Zach et Angelo se lient rapidement d'amitié. Quand la rupture de Zach et Tom met le vidéo club en péril, c'est Angelo qui trouve la solution. Avec l'aide de Jared et Matt, leurs amis de Coda dans le Colorado, Zach et Angelo trouveront le moyen de sauver De A à Z, mais pourront-ils aussi se sauver l'un l'autre ?
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Seitenzahl: 319
Veröffentlichungsjahr: 2014
Publié par
DREAMSPINNER PRESS
5032 Capital Circle SW, Suite 2, PMB# 279, Tallahassee, FL 32305-7886 USA
http://www.dreamspinnerpress.com/
Ceci est une œuvre fictive. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.
De A à Z
Copyright de l’édition française © 2014 Dreamspinner Press.
Titre original: A to Z
© 2010 Marie Sexton.
Traduit de l’anglais par Domitille Malin.
Illustration de la couverture :
© 2010 Anne Cain [email protected].
Conception graphique :
© 2010 Mara McKennen.
Les éléments de la couverture ne sont utilisés qu’à des fins d’illustration et toute personne qui y est représentée est un modèle
Tout droit réservé. Aucune partie de cet e-book ne peut être reproduite ou transférée d’aucune façon que ce soit ni par aucun moyen, électronique ou physique sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans les endroits où la loi le permet. Cela inclut le photocopiage, les enregistrements et tout système de stockage et de retrait d’information. Pour demander une autorisation, et pour toute autre demande d’information, merci de contacter Dreamspinner Press, 5032 Capital Cir.SW, Ste 2 PMB# 279, Tallahassee, FL 32305-7886, USA http://www.dreamspinnerpress.com/.
Édition e-book en français : 978-1-63216-882-5
Première édition française : Octobre 2014
Première édition : Mars 2010
Édité aux Etats-Unis d’Amérique.
Ma plus profonde gratitude à :
Amy et Carol,
pour leurs conseils assidus.
Troy, qui m’a aidée
avec ces derniers 11 000 mots.
Mon époux Sean,
qui a fait tout son possible
pour me soutenir durant cette entreprise,
même lorsque j’accordais plus d’attention
à Angelo qu’à lui.
JESUIS propriétaire d’un vidéo club alors que je déteste les films. Oui, je sais. C’est complètement ridicule.
C’est un peu arrivé par hasard. Ça a commencé après l’université. Je suis allé à l’Université du Colorado. Mes parents auraient préféré que je fréquente Colorado State, à Fort Collins, mais j’ai insisté. J’ai avancé l’argument que CU était meilleure, ce qui n’était pas la véritable raison. On allait à Fort Collins pour être vétérinaire, travailler dans l’agriculture ou les eaux et forêts ; on allait à CU pour faire la fête. Après réflexion, c’était un coup pendable à faire à mes parents. Les frais étaient beaucoup plus élevés qu’à Fort Collins et j’ai passé cinq ans bourré, défoncé ou les deux. J’ai à peine obtenu mon diplôme de gestion. Je crois que j’avais tout juste la moyenne. Pathétique.
Bien sûr, je n’ai pas fait que boire et fumer. J’ai aussi beaucoup couché. La dernière année, je suis sorti avec Jonathan et, après notre diplôme, je l’ai suivi à Arvada, une ville dans la banlieue ouest de Denver. Il était comptable. J’étais un flemmard. J’ai trouvé un boulot au vidéo club du bout de la rue et j’ai continué à fumer, boire et coucher, pas seulement avec Jonathan parfois.
Est arrivé le jour où je suis rentré à la maison et où il s’était tiré. Le bon côté des choses, c’est que ça a été mon coup de pied aux fesses.
Après ça, je me suis repris en main, du moins en majorité. Mais je n’ai jamais changé d’appartement ou de boulot. Alors quand mon patron, M. Murray, a décidé de prendre sa retraite, j’ai demandé un prêt et j’ai racheté le vidéo club.
À l’époque, ça me paraissait une bonne idée.
Voilà où j’en étais : trente-quatre ans, célibataire et le très peu fier propriétaire du vidéo club De A à Z. J’ai dit que je détestais les films ?
Fin d’été dans le Colorado, le temps était parfait comme un cliché : ensoleillé, la température autour de 25°. J’avais craqué et allumé la clim.
De A à Z occupait l’un des quatre emplacements de l’immeuble. Il y en avait trois en bas, mon vidéo club était au milieu, flanqué par une librairie ésotérique d’une côté et un dispensaire à cannabis de l’autre. Entre le premier et le second, ça sentait toujours le bois de santal chez moi. L’étage était entièrement pris par un centre d’arts martiaux appartenant à Nero Sensei. Je ne savais pas trop si Nero était son nom de famille ou son prénom, mais en général on l’appelait Sensei. Ce jour-là, le parking était plein de ses élèves, tous habillés de ces pyjamas blancs dont ils sont toujours affublés, à exécuter une sorte d’enchaînement synchronisé en suant comme des bœufs.
On était vendredi après-midi et j’avais un client. Il était déjà venu plusieurs fois ces derniers temps. Il était maigrichon, il avait la peau mate et d’épais cheveux noirs qui encadraient son visage. Il n’avait pas l’air d’avoir beaucoup besoin de se raser. Je ne sais pas reconnaître les origines ethniques. Latino, peut-être, ou pas. Il longeait les étagères, consultant les films. Il s’arrêtait de temps en temps, me regardait et secouait la tête. Je ne comprenais pas du tout quel était son problème.
Il venait de rendre Blue Velvet. Je contemplais la boîte, essayant de décider où je devais la ranger sur mes étagères bondées. D’un côté, Dennis Hopper était dedans, ce qui m’orientait vers Action. D’un autre côté, l’image donnait l’impression qu’il était en noir et blanc, ce qui signifiait Classique. J’abandonnai et le rangeai à la première place que je trouvai, sur une étagère étiquetée Autres. Ça me parut très bien.
C’est alors que l’homme de ma vie entra. Il faisait ma taille, un peu moins d’un mètre quatre-vingt, mais il était plus musclé. Il faisait clairement de l’exercice. Il était blond, avec des yeux bleus. Il portait un pantalon gris et une chemise blanche, ouverte en haut. Je jetai un coup d’œil rapide à ma chemise et fut soulagé qu’elle soit encore à peu près propre. Pour une fois, je n’avais pas fait de tache en déjeunant.
— Je suis Tom Sanderson, dit-il, la main tendue. Le nouveau propriétaire.
J’avais lu la description de gens à la riche voix de baryton. Il en avait une. Il avait une fossette au menton. Il était incroyablement beau ; encore mieux, il me regardait avec un intérêt affiché.
Mon travail devint soudain beaucoup plus intéressant.
— Enchanté, répondis-je en lui serrant la main. Zach Mitchell.
— Zach.
Il garda ma main un peu plus longtemps que nécessaire avant de la lâcher et de jeter un regard autour de lui.
— Sympa.
Il réussit à ne pas avoir l’air sarcastique. Cela faisait des années que rien n’avait changé ici. La couleur des posters aux murs était passée, ils étaient poussiéreux et annonçaient des nouveautés vieilles de plusieurs années.
— Ça marche bien ?
— Pas trop mal.
Mensonge. Ça marchait très mal. Pas catastrophique, mais vraiment pas terrible. En fait, le voyou grognon était presque à lui tout seul une heure de pointe. Je rendis son regard à Tom.
— Je survis.
Ça au moins, c’était vrai.
— C’est vous mon propriétaire, maintenant ?
— Eh oui. Mais que ça ne vous trompe pas. Je ne suis pas méchant.
Il me fit un sourire ravageur.
— Je n’en doute pas, répondis-je.
Il me contempla un instant, comme s’il me jaugeait, puis sourit à nouveau.
— Laissez-moi vous inviter à dîner ce soir, je vous le prouverai.
Je n’arrivais pas à croire qu’un type aussi attirant que lui me demande de sortir avec lui. Je suis assez banal : je fais un mètre quatre-vingt à peine, je suis brun, j’ai les yeux bleus, une corpulence dans la moyenne. Banal, banal, complètement banal. Je ne suis pas moche, mais je n’ai jamais été de ce genre de type que l’on remarque, que l’on désire ou qui attirent immédiatement. Vous savez, ce genre de types-là. Des types comme lui.
— Avec plaisir ! répondis-je en espérant que je n’avais pas l’air trop enthousiaste.
— Je passerai vous chercher ici à dix-huit heures.
Je n’avais rencontré personne depuis des mois. Je comptais les heures.
Ruby passa plus tard dans l’après-midi. Elle possédait la librairie ésotérique d’à côté. Elle avait une soixantaine d’années, au moins. Elle faisait à peine un mètre cinquante et devait peser moins de quarante-cinq kilos. Elle avait les cheveux gris, courts et bien coupés, et elle portait toujours des costumes chics. Ce jour-là il était gris charbon, orné d’une écharpe bleue assortie à ses yeux. On aurait dit une riche grand-mère.
Toutefois cette illusion volait toujours en éclat dès qu’elle ouvrait la bouche. C’était là que vous vous rendiez compte qu’il lui manquait quelques fusibles.
— Salut, Ruby. Tu as rencontré le nouveau propriétaire ?
— Bien sûr, répondit-elle d’un ton écœuré. Quel homme épouvantable !
— Vraiment ?
Elle était si sérieuse que je retins mon rire.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Il n’a pas d’âme, répondit-elle comme si c’était la chose la plus évidente. N’as-tu pas vu ? Rien que du noir, partout.
Elle frissonna.
— Il va nous poser des problèmes, Zach.
Elle agita son index vers moi.
— Crois-moi !
— Très bien.
Que pouvais-je répondre d’autre ?
— Mais ce n’est pas de ça que je suis venue te parler. Je voulais que tu saches que j’ai eu une vision à ton sujet la nuit dernière.
Ruby prétendait être médium. Elle avait tout le temps des ‘visions’. Je ne crois pas trop à ce genre de trucs, mais je n’avais jamais eu le cœur de le lui dire.
— Vraiment ? demandai-je tranquillement.
— Tout à fait. Je t’ai vu. Tu étais avec un ange. Vous étiez dans un magasin de pièces détachées pour voiture. Vous distribuiez des pâtes à la sauce Alfredo.
Elle me regarda d’un air attentif.
Je ne savais jamais quoi répondre après l’avoir entendu parler de ses ‘visions’. Devais-je applaudir ? Avoir l’air stupéfait ? Ou effrayé ?
— Humm… balbutiai-je à la place. C’est très intéressant.
— C’est ce que j’ai pensé aussi.
Elle me regardait toujours, dans l’expectative, comme si j’allais soudain craquer et admettre que j’avais bien servi des pâtes au garage la nuit dernière, Gabriel en personne à mes côtés.
— Un ange ? demandai-je bêtement.
— Mais oui !
Elle me décocha un sourire lumineux.
— N’est-ce pas merveilleux ? J’ai toujours espéré que tu rencontrerais une gentille fille et désormais, j’en suis certaine !
Ce n’était pas que j’avais une quelconque envie de rencontrer une ‘gentille fille’. J’avais dit au moins vingt fois à Ruby que j’étais gay, mais elle réagissait toujours comme si elle ne m’avait pas entendu. J’étais à peu près certain qu’elle croyait que ce n’était qu’une phase et que je finirais par passer à autre chose.
— Il fallait que je te le dise. Je me suis dit que tu voudrais le savoir.
— Bien sûr, Ruby. Merci.
Et en plus je réussis à maintenir un visage grave.
— Je t’en suis reconnaissant.
Elle hocha la tête sagement, puis se dirigea vers la porte. Elle était en train de l’ouvrir lorsqu’une idée me frappa.
— Ruby, dus-je demander, est-ce que j’étais mort ?
Elle me regarda d’un air surpris.
— Bien sûr que non, mon garçon. Pourquoi donc serais-tu mort ?
— Eh bien…
Je me sentais idiot, mais maintenant que j’avais cette idée en tête, il fallait que je le sache.
— S’il y avait un ange, alors je devais être au paradis, non ?
Elle agita le doigt dans ma direction.
— Ne joue pas au plus malin avec moi, Zach. Il n’y a pas de voiture au paradis.
Après elle, arriva Jeremy. Son dispensaire était du côté opposé de la librairie de Ruby, mais ce n’était pas un hippy en sandales et aux cheveux longs. Il était père de trois adolescents, il portait une cravate tous les jours et il siégeait activement à l’assemblée des parents d’élèves ainsi qu’au conseil municipal. En plus de tout ça, il soutenait loyalement le parti libertarien. La plupart du temps, ce n’était pas un problème, mais nous étions dans une année d’élection, ce qui signifiait que Jeremy était entré en pleine campagne.
— Zach, il faut que je sache si tu as réfléchis à ton vote aux élections présidentielles.
Je manquais dramatiquement d’éducation en matière de politique.
— Est-ce qu’on sait déjà qui sont les candidats ? demandai-je.
N’y avait-il pas d’abord des primaires ou des caucus ou un truc du genre ?
Écœuré, il secoua la tête.
— Zach, peu importe quel pantin les Républicrates{1} nommeront candidat ! Dans tous les cas, c’est voter pour maintenir le statu quo. C’est ça que tu veux ?
— Euuuuh…
— Tu es pour le droit à l’avortement ?
— Euh, oui ?
On ne peut pas dire qu’un homo y réfléchisse beaucoup.
— Et tu dois être pour le mariage gay ?
— Bien sûr.
Mais pour ça il faudrait déjà que j’aie un petit ami, non ?
— Et tu défends la dépénalisation de la marijuana ?
— À priori.
Hors de question d’en débattre avec un homme dont le métier était de vendre des joints.
— Tu ne crois pas que tu devrais pouvoir voter contre notre sécurité sociale insensée sans voter contre ces droits basiques ? Des droits basiques qui devraient être protégés par notre constitution ?
— Euh…
— Est-ce que tu as seulement lu la constitution, Zach ?
Je dus prendre le temps d’y réfléchir. Je ne m’en souvenais pas. Comment avais-je pu passer douze ans à l’école publique et cinq ans dans une grande université sans l’avoir jamais lue ?
— Je ne crois pas, admis-je avec surprise.
Il secoua la tête.
— Le président non plus, Zach. Penses-y.
Il déposa une pile de prospectus sur le comptoir et se dirigea vers la librairie de Ruby. La campagne allait être longue…
Puisqu’on était vendredi, tous mes habitués passèrent au cours de l’après-midi. Il y avait eu d’abord le petit voyou qui était parti un peu après Tom, mais avant que Ruby dévoile sa vision sur l’ange et les pâtes. Puis Jimmy Buffett. Je ne me souvenais pas de son vrai nom, mais il ressemblait comme deux gouttes d’eau au chanteur de ‘Margaritaville’. Il avait toujours l’air embarrassé quand il m’apportait ses films, je ne pouvais que croire que c’était à cause de ses horribles chemises hawaiiennes. Ensuite il y eut Eddie. Ce n’était pas non plus son vrai nom, mais il portait toujours un tee-shirt Iron Maiden où était imprimé le macabre Eddie, et sa coupe était la même que celle du chanteur. Il avait toujours l’air furieux contre moi. J’accusais la musique. Et enfin vint la Gothique. Cheveux noirs, épais crayon noir qui lui donnait toujours l’air d’avoir pleuré et trois piercings à la lèvre inférieure. Elle me défia furieusement du regard en payant pour son film, puis il fut temps de fermer.
Toute la dernière heure, je m’étais inquiété que Tom ne se montre pas, mais il débarqua à dix-huit heures piles. Il m’emmena dans un restaurant fabuleux. Nous bûmes une bouteille de Chianti et parlâmes de tout et de rien. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il flirtait avec moi. Après quoi, il me raccompagna à De A à Z, puis à ma voiture.
— Le propriétaire précédent était à deux doigts de la banqueroute, alors j’ai racheté l’immeuble à un bon prix. Ce n’était pas un très bon gérant. Tu te rends compte que vous n’avez même pas de contrat de location ?
— Oui, M. McBride n’aimait pas trop les contrats. Je payais mon loyer et ça lui suffisait.
Je me rendais compte maintenant que du coup, on pouvait m’expulser du jour au lendemain.
— Je ne vais pas tarder à mettre en place de nouveaux contrats. La mauvaise nouvelle, c’est que je ne crois pas pouvoir maintenir le loyer. Il faut faire beaucoup de travaux dans l’immeuble et je reste, quand même, un homme d’affaires.
C’était clairement une mauvaise nouvelle pour moi. J’arrivais à peine à boucler le mois. S’il augmentait mon loyer, cela deviendrait problématique.
— À quelle hausse je dois m’attendre ?
— Je ne suis pas sûr. Je n’ai pas encore tout pris en compte.
Il se rapprocha de moi et mon cœur se mit à battre plus fort.
— Peux-tu te permettre un loyer plus élevé ?
Il réussit à rendre cette question incroyablement sexy.
— Pas vraiment, réussis-je à répondre.
Il frôla ma joue de la main.
— Je n’ai pas envie que tu perdes ta boutique, dit-il en se rapprochant.
Il était désormais presque tout contre moi.
— On est deux.
Il sourit. Je crus que mes genoux allaient me lâcher. Il se pressa plus près et frôla mes lèvres des siennes. Il sentait merveilleusement bon. Je me penchai vers lui, et c’est alors qu’il m’embrassa pour de vrai. Il enfonça la langue dans ma bouche. Il m’empoigna les fesses des deux mains et m’attira brutalement contre lui. Même tout habillé, je sentais combien son corps était ferme et musclé. Le baiser s’acheva bien trop vite et me coupa le souffle.
— Peut-être, dit-il de sa voix grave et sexy lorsqu’il s’écarta, qu’on peut s’arranger. Est-ce que ça te plairait ?
— Absolument.
— Parfait.
Il sourit et recula.
— J’ai vraiment hâte de te revoir.
En rentrant à la maison dans ma vieille Mustang – la même voiture que j’avais à l’université – je ne pus que regretter de ne pas l’avoir invité. L’excitation persistante de ce baiser ne suffisait pas tout à fait à compenser le sentiment de solitude qui me prit lorsque je montai dans mon appartement. Au moins, je n’avais que quelques heures à tuer avant d’aller au lit.
Je me servis un verre de vin et allumai la musique. Un puzzle à demi terminé était étalé sur la table de la salle à manger. Je m’assis pour y travailler. Je passais beaucoup de mes soirées à faire des casse-têtes, mots croisés, Sudoku, tout ce qui m’aidait à passer le temps.
La chatte de Jonathan, Geisha, entra dans la pièce. Je la considérais toujours comme sa chatte, bien que cela fasse presque dix ans qu’il ne s’était pas occupé d’elle. Elle avait de longs poils argentés et des yeux verts. C’était lui qui l’avait abandonnée, mais elle ne m’avait jamais pardonné de ne pas être lui. Elle me dévisagea avec un mépris évident, comme savent le faire les chats, puis disparut par la chatière de la fenêtre.
Je me rappelai notre excitation à Jonathan et moi lorsque nous l’avions ramenée à la maison. Nous avions tant de projets.
Cela faisait si longtemps.
Comment en étais-je arrivé là, à vivre dans le même appartement, travailler au même vidéo club ? J’avais survécu à la révolution du DVD, mais pour quoi ? Je n’aimais pas mon boulot, et pourtant je n’imaginais pas faire quoi que ce soit d’autre. Ce n’était qu’une question de temps avant que je sois forcé à fermer. J’aurais dû le faire des années plus tôt. Pourtant je ne savais pas quoi faire d’autre.
TOMM’APPELA le lendemain de notre dîner pour me dire qu’il avait passé un bon moment et me promettre qu’on se reverrait, sans pour autant préciser quand. Quelques jours s’écoulèrent. Je n’avais pas de nouvelles de lui, mais ça ne m’inquiétait pas. J’étais en fait trop occupé pour m’inquiéter. Je n’avais qu’une seule employée, une fille de vingt-deux ans qui s’appelait Tracy. Ou peut-être Tammy. J’avais du mal à m’en souvenir. Elle était tout le temps défoncée et se douchait presque au patchouli. Elle ne s’était pas montrée pour la quatrième fois d’affilée. Je décidai que je pouvais considérer ça comme une démission.
Le problème, c’était qu’il y avait eu du monde ce jour-là et j’aurais vraiment eu besoin d’aide. L’heure de pointe passa enfin. Le voyou tout maigre à sale caractère était de retour. Il avait rendu Blade Runner. Je ne l’avais jamais vu, mais au moins je savais que c’était de la science-fiction. Je surveillai le petit voyou. Il s’arrêta et prit un film. Il se tourna vers moi, secoua un peu la tête puis alla le mettre sur une autre étagère. Les changeait-il de place ? J’avais déjà du mal à trouver quoi que ce soit, je n’avais pas besoin qu’il empire les choses.
J’étais sur le point de faire une remarque lorsque Tom entra. Comme la fois d’avant, il portait un pantalon habillé et une chemise blanc vif, déboutonnée en haut. Il était magnifique.
Il se pencha sur le comptoir et me regarda droit dans les yeux. Je savais que mon sourire était le plus ridicule au monde.
— Salut, dit-il de sa voix fluide et sexy. J’ai beaucoup pensé à toi.
— Ça me fait plaisir.
Il fit le tour de la boutique du regard, vit le petit voyou, puis revint vers moi et murmura :
— Il va rester longtemps ?
Je haussai les épaules.
— Peut-être.
Mais à cet instant, le voyou attrapa un film et l’apporta au comptoir. Mad Max. Parfait. En plus je savais où celui-là se rangeait, ce qui me ferait gagner du temps lorsqu’il le rendrait le lendemain. Je pris son argent en y faisant à peine attention, puis il partit.
Tom le suivit jusqu’à la porte et la verrouilla derrière lui. Il se tourna vers moi avec un sourire.
— Enfin seuls !
Mon cœur battit soudain la chamade. J’avais les mains moites et une érection qui menaçait de faire sauter les boutons de mon jean. Sans cesser de sourire, Tom me rejoignit. Il indiqua la porte derrière moi.
— Ça va où ?
— Dans un bureau.
Son sourire s’élargit.
— Parfait !
Il me tira vers la porte et la ferma derrière nous. Puis il se retourna et me poussa doucement contre le mur. Il se pressa contre moi et frôla mon cou de ses lèvres.
— Je suis sérieux, Zach. Je n’ai pas arrêté de penser à toi depuis notre dîner.
Il passa les mains dans mon dos et m’empoigna les fesses.
— Je sais qu’on se connaît à peine, mais j’ai vraiment l’impression qu’il y a quelque chose entre nous.
Quelque chose d’autre que deux verges très érigées ? Je n’allais certainement pas dire le contraire. Il m’embrassa à nouveau dans le cou et pressa son aine contre la mienne.
— On devrait apprendre à mieux se connaître. Qu’est-ce que tu en dis ?
— Ça me plairait bien.
— Et si on dînait ensemble ce soir ?
— Ce serait super.
Il m’empoigna les fesses une dernière fois, puis s’écarta.
— Je viendrai te chercher à dix-huit heures.
Il m’emmena au même restaurant. Il commanda à nouveau une bouteille de vin. Il parla constamment d’actions, de portefeuilles et de retours d’investissements. Ç’aurait été terriblement ennuyeux si sa main n’avait pas lentement remonté le long de ma cuisse.
Après qu’il eut réglé l’addition, il frôla la bosse croissante dans mon pantalon. Il murmura à mon oreille :
— Je peux venir chez toi ?
— Bien sûr, répondis-je, soulagé qu’il ne m’ait laissé l’initiative de l’invitation.
Dès que nous atteignîmes la porte de mon appartement, Geisha sortit de la chambre. Elle feula après Tom, puis fila par la chatière.
— Qu’est-ce qu’il a comme problème, ton chat ? demanda Tom.
— Elle déteste les gens.
Mais je n’avais pas l’intention de perdre mon temps à parler de la chatte enragée de mon ex-petit ami. Je passai les bras autour de son cou et l’embrassai. Son corps était fort et dur contre moi, j’avais hâte d’en voir plus. Il me fit reculer contre le mur. Ses baisers étaient agressifs et insistants. Il passa la langue sur mon palais et m’empoigna à nouveau les fesses.
J’avais l’impression de brûler. Ça faisait plus de huit mois que je n’avais pas été avec un autre homme, et même ça n’avait rien été de plus qu’un coup tiré sous l’influence de l’alcool, vite oublié. Ça, c’était complètement différent. Je n’en pouvais plus de désir pour lui. Je glissai les mains sous sa chemise, touchant son torse couvert d’une épaisse toison noire. Je passai les pouces sur ses tétons et l’entendit gémir.
Je défis son pantalon, l’abaissait suffisamment pour qu’il ne me gêne pas et l’agrippai. Il gémit dans ma bouche et se pressa plus fort contre moi. Il me tenait toujours les fesses, passant les doigts contre la fente.
— C’est bon, Zach, bon sang ce que tu m’excites !
Je le caressai longtemps sans qu’il lâche jamais mes fesses. Je cessai de le toucher le temps de défaire mon pantalon et de m’en débarrasser. Mon érection cogna contre la sienne et je le serrai plus fort contre moi, l’embrassai encore, me frottant contre lui. J’adorais la sensation de nos verges entre nous. J’aurais pu continuer toute la nuit comme ça, rien qu’à me frotter contre lui et sentir ses mains sur moi. Je donnais des coups de hanches, en maintenant les siennes contre les miennes.
Il grogna, me prit la main et la ramena sur son sexe. Puis il m’enlaça à nouveau. J’enroulai les doigts autour de nous deux et commençai à nous caresser.
— Comme ça, Zach ! Un peu plus fort !
Il faisait aller et venir ses doigts entre mes fesses, touchant mon anneau.
— Plus fort, bébé ! Plus fort !
Je nous serrai plus fort et accélérai mes va et vient. Il ne m’embrassait plus. Il avait enfoui le visage dans mon cou. Il respirait bruyamment et parlait tout bas :
— Comme ça, Zach. Bon Dieu, c’est bon ! Continue. Continue.
Je sus qu’il était sur le point de jouir lorsque ses mains se refermèrent brutalement sur mes fesses. Le premier jet de sperme m’enduit la main, cela me suffit pour basculer à mon tour.
Il m’embrassa encore, puis alla se nettoyer dans la salle de bain pendant que j’enfilai un pantalon de jogging propre. Puis je le raccompagnai à la porte. Il m’étreignit et m’embrassa.
— À très vite.
TOMET moi devions nous voir trois jours plus tard. Il devait venir me chercher à dix-huit heures, mais passa finalement au vidéo club à seize heures pour annuler.
— Bébé, je suis vraiment désolé. On a une réunion, ça vient d’être décidé, et je ne peux pas la rater.
Le voyou maigrichon à mauvais caractère était de retour et j’aurais préféré que Tom baisse la voix. Le voyou ne nous regardait pas, j’espérais qu’il n’écoutait pas.
— Tu as une réunion à dix-huit heures ? demandai-je tout bas, sans trop y croire.
— J’aurai fini à vingt heures, Zach, répondit-il, l’air vraiment navré. J’adorerais te voir après, si tu veux bien.
Ce serait toujours mieux que rien.
— Ça me va très bien, dis-je en essayant d’avoir l’air dégagé et pas aussi pathétique que je me sentais.
Il partit et je repris mes mots croisés. J’étais déçu mais j’essayais de me dire que ça pourrait être pire. Il voulait quand même me voir. Ça compensait le dîner raté. Plus ou moins. Tout de même, j’appréhendais dix-huit heures, lorsque je fermerais le vidéo club et rentrerais à mon appartement vide.
Mes pensées furent interrompues par une question soudaine posée d’un ton insolent :
— Vous pouvez m’aider à trouver un film ?
On aurait dit un défi.
Lorsque je levai les yeux, le voyou maigrichon me regardait d’un air attentif. Il était bien plus jeune que moi, probablement vingt-cinq ans ou moins. Il faisait environ un mètre soixante-quinze. Il portait des bottes militaires, un tee-shirt qui était passé tellement de fois à la machine que je voyais presque à travers et un jean baggy qui lui tombait sur les hanches. Au moins on ne voyait pas ses fesses.
— Peut-être, répondis-je.
J’aurais bien aimé pouvoir dire simplement oui, mais ça aurait été un mensonge.
— Je ne comprends pas vraiment votre système.
— Ils sont rangés dans l’ordre alphabétique.
Il me fit un sourire en coin qui aurait été mignon s’il n’avait pas été aussi agaçant.
— Vous utilisez quel genre d’alphabet ?
Là il me tenait. Ça faisait longtemps que j’avais abandonné le rangement alphabétique.
— Ils sont regroupés par genre.
J’indiquai les petites étiquettes au-dessus des étagères.
— En théorie, mec, mais en fait c’est vraiment le bordel !
L’agacement me gagnait. Qu’il n’ait sans doute pas tort n’en était pas la moindre des raisons. N’empêche, je n’avais pas vraiment envie que ce petit voyou me donne des leçons de gérance.
— Par exemple ?
— Par exemple ça.
Il indiqua l’étagère près de lui. Elle était étiquetée ‘Classiques’.
— Seize bougies pour Sam, c’est vraiment pas un classique.
— C’en est un pour les gens de mon âge.
— Non, mec. Y’a pas moyen que ça se trouve à côté d’Un Tramway nommé désir. Je me fous que ça vous rappelle votre lointaine jeunesse. Et ça…
Il fit quelques pas et indiqua une autre étagère.
— True Romance, c’est pas une histoire d’amour.
— Comment ça ?
— Quentin Tarantino. C’est un film d’action. Tu l’as jamais regardé ?
Je commençais à me sentir mal à l’aise.
— Non. Je n’aime pas les films d’amour.
Il leva les yeux au ciel.
— Ouais.
Il écarta les cheveux devant ses yeux, soupira et dit :
— Je cherche Le Pont sur la rivière Kwai. Vous l’avez ?
— Euuuuh… Je crois bien. C’est celui où la nonne fait sauter le pont à tréteaux, c’est ça ?
Il me fit à nouveau son sourire en coin.
— Non, mec. Ça c’est Sierra Torride. Shirley MacLaine et Clint Eastwood. Je parle d’Alec Guinness. Voyez, Obi-Wan Kenobi ?
Je hochai la tête, parce que lui au moins je savais qui c’était.
— Je ne me rappelle pas de grand-chose sauf de cette putain de chanson qu’ils sifflent, alors je me suis dit que j’allais le revoir.
— Mais il y a bien un pont, non ?
Ne me demandez pas en quoi ça allait m’aider à trouver le film. J’essayais juste de suivre.
Il secoua la tête.
— Oubliez ça.
Il se retourna et attrapa Shining sur l’étagère à côté de lui, se rapprocha et le jeta sur le comptoir devant moi. Il faisait quelques centimètres de moins que moi. Il me contempla au travers de ses mèches trop longues.
— Vous regardez jamais ces films ?
— Euh, je préfère les films à gros budgets.
J’essayai de ne pas avoir l’air trop sur la défense.
— Mais c’est pas vraiment ce qu’il vous faut, si ? Tous les vidéo clubs ont ce type de films. Y vous faut ceux pour lesquels ils ont pas la place. Des films cultes.
— Des films cultes ?
— Ouais.
— Comme The Breakfast Club ?
Il cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Puis :
— Vous deviez être un bon petit bourge au lycée, non ? demanda-t-il méchamment.
— Qu’est-ce ça veut dire, ça ?
Il leva à nouveau les yeux au ciel.
— Laissez tomber.
The Breakfast Club n’était pas un film culte ? J’avais beau avoir déjà entendu le terme, je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait.
— De quel genre de film parlez-vous ? demandai-je en faisant un effort pour avoir l’air sincère. Je voudrais vraiment le savoir.
Il me dévisagea un instant, je voyais bien qu’il essayait de juger s’il devait me prendre au sérieux. Enfin, il écarta à nouveau les mèches devant son visage et dit :
— The Toxic Avenger. Vous l’avez ?
— Je crois. Peut-être. Je ne sais pas.
— Ed Wood ?
— Ed qui ?
— Ed Wood, avec Johnny Depp.
— C’est celui où il coupe des cheveux ?
— Vous parlez d’Edward aux Mains d’argent ou de Sweeney Todd ?
— Je croyais qu’on parlait de Johnny Depp.
Il leva les yeux au ciel.
— Et Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant ?
— C’est un seul film ou quatre ?
— Et Re-Animator ? Ou Fatal Games ? Les Guerriers de la nuit ?
— Fatal Games ! lançai-je d’un ton triomphant. Je crois que celui-là je l’ai quelque part.
— Dis donc, Ram, je croyais que c’était interdit aux pédés, la cantine !
— Quoi ?
— Il faut répondre : ‘Possible, mais j’ai l’impression que c’est opération portes ouvertes pour les trous du cul, en tout cas’.
J’en restai stupéfait, essayant de déterminer s’il me traitait de pédé, de trou du cul ou des deux, et il leva à nouveau les yeux au ciel.
— C’est une réplique de Fatal Games, mec. Laissez tomber. J’aurais dû savoir que vous pigeriez pas.
J’avais l’impression qu’on ne parlait même pas la même langue. Mon trouble devait être évident car il soupira et chercha son portefeuille dans sa poche.
— Vous devriez regarder quelques-uns de vos films, vous savez. Comment vous arrivez à gérer un vidéo club, sinon ?
C’était exactement ce que je pensais. Et Tracy avait démissionné. Je tentai ma chance.
— Euh, vous cherchez un travail?
— J’en ai un.
— Oh.
Je ne savais pas pourquoi j’avais cru qu’il était au chômage.
— D’accord.
— Ouais.
— Ouais, quoi ?
— Je veux un boulot.
— Vous venez de dire que vous en avez déjà un.
— Ouais, j’en ai deux. Mais si vous engagez, je lâche l’un des deux. C’est pas comme s’ils étaient michto d’façon.
Je ne voyais pas ce qu’il voulait dire, mais je n’allais pas poser de question.
— Vous pourriez ranger tous ces films ?
— Facile.
— Quand pourriez-vous commencer ?
Il me sourit.
— De suite.
— Comment vous appelez-vous ?
Son sourire disparut.
— Sérieux, ça fait presque trois semaines que je loue un film quasi tous les soirs, et vous savez toujours pas mon nom ?
Il avait raison. J’étais nul à ce genre de choses. Il secoua la tête avant que j’aie le temps de répondre.
— C’est Angelo. Angelo Green.
VINGTHEURES arriva sans un signe de Tom. En fait, vingt-et-une heures venaient de sonner lorsqu’il sonna à ma porte.
— Tu es en retard.
J’essayai de le dire avec nonchalance, sans avoir l’air de l’accuser. Peut-être y avais-je réussi.
— Je suis vraiment désolé, bébé.
Il m’appuya contre le mur et m’embrassa. Sa langue caressa mon palais et il pressa contre moi sa verge, déjà en érection.
J’avais envie d’être en colère, mais ça ne marchait pas. Il était trop beau, il m’empoignait les fesses, il se frottait contre moi et bon Dieu, j’avais tellement envie de lui !
— J’ai du vin, réussis-je à souffler.
— Plus tard ?
Sa bouche était rude contre la mienne, il gémit.
— Zach, s’il te plaît, laisse-moi te baiser ce soir. J’ai tellement envie de toi, je sais que tu en as envie aussi.
Il avait raison. L’entendre suffisait à me rendre tellement dur que c’en était presque douloureux.
— D’accord.
Sur le chemin de la chambre, nous échangeâmes des baisers, des caresses, semant nos vêtements.
Je sortis un préservatif et du lubrifiant du tiroir et les lui tendit. Il me retourna et me poussa sur le lit, puis attrapa mes hanches et me tira vers lui. Une seconde plus tard, je sentis ses doigts glissants s’enfoncer en moi. Je gémis et m’appuyai contre lui.
— Ça te plaît ? me demanda-t-il tandis que ses doigts allaient et venaient en moi, touchant ce point de désir qui déclenchait des vagues de plaisir dans tout mon corps.
— Oui !
— Tu es si étroit, bébé ! Ça fait combien de temps ?
Il continuait à bouger les doigts en moi, alors la réponse n’était pas facile à formuler.
— Trop longtemps, dis-je en me pressant plus fort contre lui.
— C’est ça, bébé ! Dis-moi combien tu aimes ça !
— J’aime ça, hoquetai-je.
— J’ai trop hâte de te baiser, Zach.
Ses doigts disparurent et je sentis alors son sexe me pénétrer.
— Je ne peux plus attendre !
Il s’enfonça, brusquement, je me mordis la lèvre pour m’empêcher de crier.
— Bon Dieu, bébé, c’est encore meilleur que ce que j’espérais ! Si étroit, putain, ce que t’es bon !
J’étais un peu énervé parce que je sentais qu’il n’avait pas mis le préservatif. Pourquoi croyait-il que je le lui avais tendu ? Ça me semblait assez clair, comme requête. Mais bon, c’était maintenant trop tard. J’essayai de me détendre et me relâcher autour de lui. Il donnait déjà des coups de hanche, parlant constamment, un débit de paroles infini et sans aucun sens.
— Tellement bon, putain, tellement étroit ! C’est ça, bébé, c’est ça !
Je n’avais jamais été du genre à parler beaucoup pendant le sexe, mais je n’allais sûrement pas lui demander de se taire.
Il accélérait déjà et je sentais qu’il ne durerait plus longtemps. Je m’agrippai à la tête de lit d’une main et me masturbai de l’autre. Il me donnait de grands coups brutaux alors je savais que j’aurais mal au matin. Il me tenait fort les hanches.
— Si près, si près !
Puis il jouit d’un coup de rein brusque. Je n’avais pas fini. Il ne prit pas le relai pour moi. Il resta là, toujours en moi, étreignant mes hanches jusqu’à ce que je termine, puis il s’effondra à mes côtés sur le lit.
— Tu es fantastique, Zach.
Je regrettais vraiment de ne pas pouvoir en dire de même. Mais bon, n’importe quel type de relation sexuelle valait mieux que pas du tout.
— Pourquoi as-tu dû travailler si tard ? demandai-je.
— La réunion s’est prolongée. Tu sais comment c’est : tout le monde parle, personne n’écoute.
En fait je ne savais pas du tout mais ne je répondis pas.
— C’est ennuyeux.
— Je suis content que tu aies pu venir.
— Moi aussi. Tu m’as manqué.
Il se retourna pour m’embrasser, puis se leva et commença à s’habiller.
— Je prendrais bien ce verre de vin, maintenant.
J’enfilai un pantalon de jogging et un tee-shirt, puis versai le vin. Il me suivit dans le salon. J’allumai la musique et me retournai. Il me contemplait depuis l’autre côté de la pièce. Nous étions là, à nous regarder bêtement. C’était ridicule. Il venait de me baiser, et pourtant je ne savais pas quoi lui dire.
Il fit le tour de la salle à manger du regard et vit le puzzle sur la table. Il alla y jeter un coup d’œil. Je le suivis.
— Tu aimes les puzzles ? lui demandai-je.
Il me sourit.
— Tu parles.
Je m’assis sur l’une des chaises et il s’assit à côté de moi.
— Celui-ci est plus dur que prévu, dis-je en cherchant une pièce en particulier qui m’échappait. Il y a une telle diversité de gris.
Il émit un son désintéressé. Je continuai à chercher ma pièce. Il s’agita un peu, prenant des pièces au hasard et essayant de trouver leur place. Au bout de quelques minutes, il se leva et s’aventura dans le salon. Ma musique s’arrêta soudain, il alluma la radio et tourna les boutons. Il mit beaucoup de temps à trouver une fréquence et le bavardage constamment interrompu de la radio, ponctué de grésillements angoissés m’agaça plus que de raison. Qu’est-ce qui n’allait pas avec ma musique ? Si elle ne lui plaisait pas, il aurait dû dire quelque chose.
Il finit par trouver une station qui lui plaisait et revint dans la salle à manger. Il ne s’assit pas, pourtant. Il posa son verre de vin vide sur la table et dit :
— Il faut que j’y aille. Je dois être au bureau tôt.
— D’accord, répondis-je en essayant de cacher ma déception.
Je le raccompagnai à la porte et lui donnai un baiser d’au revoir.
Je bus mon vin seul.
ANGELOCOMMENÇA
