De chamane à chanteuse de l'âme - Naïna Aurelie - E-Book

De chamane à chanteuse de l'âme E-Book

Naïna Aurelie

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Beschreibung

Naïna Aurélie a toujours ressenti sa différence et son malaise dans ce monde. Sa vie semblait être une prison dorée, dénuée de sens. Un jour, elle a décidé que cela ne pouvait plus durer et a choisi de transformer sa différence en force. Elle est passée de la survie à une vie pleine et épanouissante, acceptant sa vraie nature. À 36 ans, elle a découvert sa vocation, utilisant sa voix et le chant pour guérir les autres. Un rêve d’enfant devenu réalité… "De chamane à chanteuse de l'âme - De la survie à la vie" explore la ligne floue entre l’expérience personnelle de l’auteure et les ombres/lumières transmises par ses ancêtres, transcendant le temps. Le voyage vers la paix, l’amour et l’unité se dessine, tissé par le lien qui nous unit tous. C’est également un témoignage de vie, pour redonner de l’espoir à ceux qui en ont besoin, car malgré toutes les expériences et épreuves que la vie peut nous envoyer, le rêve est possible, tout est possible.

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Naïna Aurélie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De chamane à chanteuse de l'âme

De la survie à la vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Naïna Aurélie

ISBN : 979-10-422-0996-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

Écrire ce livre et le publier est une sacrée étape sur mon chemin de vie. À travers ces lignes, je me mets à nu, je raconte mon histoire sans compromis, sans faux-semblant, en vous exprimant qui je suis, d’où je viens et ce qui me traverse.

Ma vie, en apparence magnifique, et dont tout le monde rêve sur le papier, allait voler en éclats. À l’intérieur de moi des blessures saignaient, demandaient à être vues, entendues et reconnues. Il fallait en finir avec ces voiles d’illusion. Ce qui m’a donné l’énergie d’aller les voir et les affronter ? Cette petite voix intérieure qui me disait : c’est le moment, libère-toi de tes chaînes.

Lors de ma première grossesse, je me suis engagée auprès de ma fille. À lui laisser un monde plus apaisé. Alors, chaque jour, cette pensée m’habite et me fait avancer, dans ce perpétuel mouvement de la vie, pour faire ma part.

Aujourd’hui, je partage mon histoire pour l’intégrer, elle fait partie de moi, je ne la regrette ni ne la rejette. Je l’écris aussi pour toutes les personnes qui se demandent ce qui ne va pas chez elles et pour montrer que le changement est possible. J’ai décidé de faire de ma vie un rêve, mon rêve.

J’ai commencé à écrire ce livre en avril 2022. J’en avais écrit une quarantaine de pages d’ordinateur, j’étais contente, je les avais écrites en une semaine, je me disais que ce livre allait être facile à écrire. J’ai même dit à une amie « c’est bon dans un mois j’ai terminé ». Quelle arrogance, c’est une part de moi qui existe. Je reconnais son existence. L’histoire sera bien différente.

Je ne savais pas à quel point l’écriture de ce livre allait être thérapeutique et me permettre de commencer avec sérénité un nouveau chapitre de ma vie. Il y a des surprises de la vie que l’on n’attend pas.

Le passage dans la machine à laver, image très parlante du processus interne qui se déroula, a débuté à l’automne 2020. Un passage, une alchimie interne qui a pris de très longs mois. À l’échelle de l’univers, c’est une petite goutte. À mon échelle, ce fut long. Si on m’avait dit tout ce que j’allais vivre, je me serais enfuie en courant. Le soir du 31 décembre, je n’ai pas dormi. J’ai eu envie de mourir et de rejoindre les étoiles. Une envie de partir, toute cette vie était vraiment trop compliquée à vivre. Je ne me sentais plus d’attaque pour continuer ainsi, ma vie n’avait pas de sens.

À travers ces pages, je vais vous dévoiler mon parcours, mes doutes, mes peurs qui m’ont emmenée sur un chemin bien particulier, à la découverte de moi-même.

Toute petite déjà, je me sentais inadaptée à ce monde et malheureuse, je devais vivre tout un tas d’expériences pour me libérer des sacs de sable devenus trop lourds avec les années.

Je vais vous parler aussi de ma quête de l’amour, celui qui vous donne des ailes, cette recherche de l’harmonie en moi et avec les autres.

Tout a commencé dans mes rêves : depuis toute petite ma vie nocturne est assez riche. En janvier 2021, avant de me coucher, je formule une demande : Quel travail énergétique suis-je amené à faire ? Le mot qui se présenta toute la nuit est le mot chamane. Je savais de quoi il en retournait à peu près, mais je ne comprenais pas le lien qui m’unissait à ce « costume ». J’avais vu quelques mois auparavant le film « Un monde plus grand » avec Cécile de France qui m’avait bouleversée, mais parler des langages inconnus, faire du tambour et des bruits d’animaux, cela ne me parlait pas et surtout ne me traversait pas. J’avais peur du monde de l’invisible, je ne voulais pas entendre parler des esprits. J’aurais voulu n’y accorder qu’une faible importance, mais je sentais bien que ce pouvait être un message, une clé pour avancer.

En lien avec le film que j’avais vu, j’ai commencé à regarder des vidéos de Corinne Sombrun pour comprendre son parcours avec le chamanisme. Elle y raconte comment elle se transforme en loup, part en transe et je me demande bien comment je peux avoir tout cela en moi. J’ai une forte intuition et des rêves dits prémonitoires depuis petite. Hormis cela, ma vie est totalement cartésienne, rangée, contrôlée, millimétrée. Suis-je heureuse ? Je ne crois pas, mais je gère et je donne une impression extérieure de réussite et de bonheur.

En poursuivant mes explorations et mes lectures sur le chamanisme, je me rends compte que le mot chamane n’est pas un terme à prendre à la légère, il provoque toutes sortes de réactions chez les autres : de l’appréhension, de l’inquiétude, du rejet, de l’admiration.

Je vois bien que ce « costume » n’est pas neutre. Car, il reste un costume, il ne me définit pas, cela peut changer, tout est impermanence.

Pour résumer quelques-unes de mes lectures, je dirais qu’un chaman devient chaman en étant reconnu par les esprits et les membres de sa communauté. Les chamans ont toujours existé, ils font partie intégrante de l’histoire des Hommes. Je serai « validée » par les esprits lors de ce rêve et par mes pairs bien des mois plus tard. Un chaman ne choisit pas de devenir chaman, il l’est au plus profond de lui et cela peut rester en sommeil des années durant. Il doit, à mon sens, avoir déjà expérimenté la vie avant de « se réveiller ». Un chaman oscille pendant une bonne partie de sa vie ou toute sa vie, je ne sais pas vraiment, entre la folie et la conscience. Chaque chaman a sa particularité et sa méthode. La mienne ? Le chant. Le son, le cinquième élément, celui qui unifie le Tout. Aucun chaman ne deviendra mon maître, mon chemin doit se faire seul. Remettre les bonnes disquettes dans l’ordinateur pour qu’il tourne correctement. Me découvrir, apprendre à voyager dans différents mondes, découvrir mes spécificités. J’apprendrai la patience, la découverte, la maîtrise de ce qui me traverse.

Naïna n’est pas mon prénom de naissance, je l’ai entendu et accueilli lors d’une méditation, à 36 ans. J’ai utilisé mes deux prénoms quelque temps pour finalement décider de ne garder que Naïna. J’ai rejeté pendant quelques mois mon prénom de naissance, Aurélie. Je me devais d’expérimenter cette dualité, entre la petite fille et la femme finalement. Entre souffrances du passé et histoire du présent. Je ne rejette plus Aurélie, mais utilise désormais Naïna au quotidien.

La Terre est une planète d’expériences, avec beaucoup d’émotions, de voiles à lever, de souffrances à accepter et en même temps une expérience incroyable à vivre au quotidien dans son confort et son inconfort.

Je suis là, comme chacun et chacune pour expérimenter, apprendre, ressentir et aimer. Qui ne cherche pas à s’aimer et à être aimé ?

Chaque expérience de vie, bonne ou mauvaise, me fait grandir un peu plus, me permet de me comprendre et m’aimer. Tout cela me permet d’ouvrir mon cœur et être en lien avec les autres.

Aujourd’hui, je vous partage mon parcours en toute humilité et humanité en espérant que celui-ci puisse être un déclic pour vous mettre en marche vers vous-mêmes. Il n’a pour but que d’éclairer votre inconscient et dire à toutes les parties de vous : Tout est possible.

Bien sûr, cela demande du temps, une bonne dose de courage, des ajustements, des larmes, peut-être même des cris de désespoir. Pensez-vous que l’on puisse faire la paix avec des schémas anciens, répétitifs en un coup de baguette magique ? Parfois, on pourrait être tenté de le croire.

Mon histoire m’a appris la persévérance, la constance et la foi. La foi en une vie simple, heureuse et épanouissante à tout point de vue.

À travers ces pages, je ne vous mentirai pas, cela ne fait pas partie de ma configuration. J’en ai bavé, ça a été difficile, éprouvant, challengeant. Et ça l’est encore parfois même si je gagne en stabilité chaque jour un peu plus.

Est-ce que je regrette mes choix ? Est-ce que j’aurais préféré m’éviter tout cela ? Je suis heureuse de ce chemin parcouru, je suis fière de moi et de l’amour que je m’apporte quotidiennement. Je me suis choisie, j’ai décidé qu’il était temps de commencer à vivre, d’arrêter de survivre. Je m’observe, je vis ma vie et je fais ma part pour le bien de tous.

Je vous souhaite une belle lecture et plongée dans mon univers.

 

 

 

 

 

Préambule

 

 

 

Avant de vous parler de ma vie, je me permets ce préambule sur ma vision de la naissance, d’une nouvelle incarnation et de nos choix avant d’arriver sur Terre.

Derrière une personne se cache une âme, et notre âme n’en est généralement pas à sa première incarnation. Christine André, conférencière et médium, a déterminé 5 niveaux d’âmes : les âmes primaires, les âmes jeunes, les âmes adultes (en majorité actuellement sur Terre), les âmes élevées et les vieilles âmes1. Savoir tout cela n’est pas destiné à continuer à promouvoir une forme de hiérarchie pour savoir qui est meilleur qu’un autre. Sortir de la comparaison et du pouvoir prendra encore du temps. Cela permet plutôt d’avoir des compréhensions sur ce que chacun vient vivre dans cette vie. Et de reconnaître son parcours. Je fais partie des vieilles âmes, cela ne fait pas de moi quelqu’un de meilleur, de plus évolué qu’une autre. Les leçons qui me sont enseignées sont bien souvent très complexes à intégrer. Des mécanismes sont fortement ancrés en moi et m’en défaire me demande d’y revenir à plusieurs reprises, pendant plusieurs mois parfois plusieurs années, décennies. Je suis venue apporter le savoir, les connaissances de mon âme, pour le bien de tous. Et nous avons tous à apporter, chacun avec des dons d’âme bien particuliers. La magie de l’unité. Cette notion me porte énormément, je me sens liée aux autres, aux animaux, aux végétaux, aux minéraux, dans une gigantesque famille. Nous pourrions aller plus loin et découvrir notre place dans l’univers, mais bien souvent cet infini peut être source d’angoisses.

Nous vivons donc de nombreuses incarnations sur Terre, nous venons expérimenter le fait d’être séparé et dans la dualité : le bien & le mal/l’ombre & la lumière/le féminin & le masculin font partie de l’équilibre complexe à trouver au quotidien pour maintenir notre énergie et être au maximum en paix avec soi et les autres.

Nous nous réincarnons sans cesse pour comprendre, apprendre et évoluer.

Les Hommes ont beaucoup expérimenté et à l’extrême. Toute chose étant en mouvement perpétuel, le changement est amorcé depuis des milliers d’années maintenant. Tout devant se faire dans le respect des êtres composant la planète, cela prend beaucoup de temps terrestre.

Nous sommes tous très différents et finalement nous recherchons tous la même chose : l’amour. Nous avons tendance à mettre le projecteur sur l’extérieur, en analysant la vie des autres, pour éviter de regarder à l’intérieur de soi. À mon avis, cela fait partie du processus, faire de son mieux chaque jour est primordial et chacun apprendra et comprendra au bon timing pour lui/elle. Ce n’est pas agréable et nos mécanismes sont tellement bien huilés qu’il est souvent difficile de s’y mettre. Comprenez bien que nous sommes tous égaux. Aller explorer les vieilles blessures, nos démons, est désagréable pour chacun, car très inconfortable. J’ai, pendant de nombreuses années, procrastiné et c’est OK. Cela faisait partie de l’expérience à vivre.

Avant de revenir sur Terre, on choisit notre famille et nos apprentissages/leçons de vie pour progresser. On rejoue parfois des schémas sur des vies et des vies, sans réussir à s’en sortir. Je vois cela comme le bilan de fin d’année en entreprise. Avant de venir, on remplit un cahier d’objectifs et le but est d’en cocher le maximum pour ne pas avoir à repasser par les mêmes étapes lors de la vie suivante.

J’ai cette croyance que nous sommes maintenant à un tournant de l’histoire de la Terre, une nouvelle ère. Ce n’est pas la première fois que la Terre vit un tel basculement, nous le savons, nous en avons les preuves scientifiques. Nous sommes à un moment de l’histoire où nous devons initier la paix avec nos ancêtres et avec nous-mêmes. Nous avons oublié que nous sommes tous liés les uns aux autres, nous sommes actuellement en train de nous en souvenir.

Tel un enfant qui apprend à marcher, pour apprendre à aimer, nous devons tomber, nous relever, demander pardon, faire la paix. Ainsi on peut commencer à s’aimer et à aimer les autres autour de nous. Je reviendrai dans un prochain chapitre sur le poids que nous portons de notre histoire familiale et qui est, à mon sens, une des clés pour commencer à vivre sa vie.

J’ai choisi ce que j’ai vécu et j’honore ce chemin qui est le mien. Je reconnais aussi la souffrance de ma petite fille intérieure, Aurélie. Observer puis guérir les blessures du passé afin d’avancer, pour ne pas rester bloqué. Trouver le juste milieu, comme en toute chose.

Lorsque je parle de ma famille, des personnes qui partagent ma vie, j’énonce des constats, des faits. Je ne juge personne et aucun comportement, je ne raconte pas mon histoire pour dénoncer et ériger des bourreaux et des victimes. De nombreuses personnes de ma famille vont découvrir mon histoire à travers ce livre. Ainsi, je libère la parole avec cette responsabilité de lever les voiles, de dévoiler des secrets enfouis. Que la paix les accompagne sur leur chemin s’ils tiennent ce livre entre les mains.

Toute mon histoire me permettra de mettre en lumière ce que j’ai nommé « La Blessure de Naissance ». À mon sens, nous expérimentons tous cette blessure, à des degrés différents. Cette blessure prend son origine dans les conditions de notre naissance (césarienne, couveuse, forceps…), les évènements lors de la grossesse (accident de voiture, perte d’un proche) ou fausse couche avant ou après. Selon la nature de l’évènement, la blessure sera plus ou moins profonde et les conséquences sur les expériences à vivre seront nombreuses. Cette modification cellulaire est un cadeau d’ombres et de lumières. Elle entraîne une ouverture de conscience qui constitue un vrai potentiel dans l’évolution souhaitée et souhaitable de l’humanité. Faire grandir l’amour en est l’enjeu.

Tout ce que je vous dis dans ce livre ou ailleurs est ma réalité et ma vision de la vie. Ne prenez que ce qui vous parle, ce qui fait sens et laissez le reste. J’ose être qui je suis, sans compromis, dans ma vérité qui évolue constamment. Ce fut difficile pour moi de mettre un point final à ce livre, avec ce regard sur mon monde intérieur et le monde extérieur qui est en mouvement constant.

 

 

 

 

 

I

Les naissances et l’enfance

 

 

 

Tout a commencé dans le ventre de ma maman (vous ne l’avez pas vu venir celle-là) et dès le début, j’ai décidé de vivre quelques péripéties. Je constate que la grossesse peut conditionner largement notre vie et toute notre vie si nous n’avons pas l’occasion d’explorer cet aspect de notre être. Je tiens à préciser que le mal-être d’une personne ne peut pas être lié seulement à un évènement et est la résultante de tout un tas de facteurs divers entre transgénérationnel et histoire personnelle.

C’est un sujet qui est, à mon sens, peu évoqué, mais ce qu’il se passe dans le ventre de la maman, son état émotionnel et les différentes problématiques de santé rencontrées ont un impact sur notre vie. Nulle culpabilité à avoir, chaque âme choisit ce qu’elle veut vivre et nous faisons tous au mieux avec nos blessures. Nous venons lâcher nos sacs de sable et se libérer de la culpabilité en fait partie.

Je commencerai à m’interroger sur ma venue au monde lors de ma première grossesse, à 30 ans. J’ai vécu une forte dépression post-partum qui me fera comprendre l’importance de ces premiers instants de ma vie in utero.

Ma mère a dû être arrêtée dès le premier trimestre pour ne pas me perdre. Elle perdait du sang. Une amie m’expliquera bien des années plus tard que nous sommes rarement seuls au démarrage d’une grossesse et ces pertes ne sont pas à minimiser. Le bébé perd sa moitié, voire ses moitiés, des frères et des sœurs. Cela peut avoir un impact durant de nombreuses années sur l’amour et l’estime de soi. Vigilance toutefois, car il me semble « difficile » de prouver la présence de ce jumeau intra-utérin. Une exploration en profondeur est donc recommandée avec des thérapeutes adaptés.

À 6 mois de grossesse, elle finit aux urgences, ma mère est hospitalisée quelques jours durant la période de Noël.

Je finis par m’accrocher, je suis là, je reste. Je décide de faire mon entrée en ce monde un 7 mars sous le doux prénom de Aurélie. En langage des oiseaux, cela donne or-qui-relie, je comprendrai bien des années plus tard pourquoi. Je viens casser un schéma familial, je libère la parole. Je suis la résiliente de la famille. J’étudierais aussi l’histoire de Sainte Aurélie, qui me donnera des compréhensions sur son origine et de ce choix de mes parents. D’où vient ce prénom ? Et qu’est-ce qu’il raconte sur mon histoire ? De belles questions à se poser.

De la bouche de mes parents, je suis un bébé calme, qui ne pleure pas beaucoup et s’adapte parfaitement à son environnement. Tant que j’ai ma tétine pour me rassurer et plus tard mon pouce, tout va bien. C’est le moyen que j’ai trouvé pour me rassurer, jusqu’à l’adolescence. Ce sentiment d’abandon et ce besoin de sécurité sont très présents. Mes parents tenteront toute sorte d’expériences pour me permettre d’arrêter, rien n’y fait. Je finirai cette expérience vers mes 14 ans avec un appareil dentaire.

Mon père voulait absolument une fille, ma mère, un garçon. J’ai un frère aîné, nous avons 4 ans d’écart. Nous sommes de fabuleux partenaires de jeux, nous allons rire et découvrir de nombreuses choses ensemble. Un allié de choix avec qui je garde un lien très fort encore aujourd’hui.

Comme la majorité des parents, ils m’aiment et m’ont désirée. De nombreuses personnes que j’ai croisées m’ont dit ne pas avoir été aimées ou désirées par leurs parents. Je crois pouvoir dire que la totalité des parents aime leur enfant. Chacun avec des blessures et souffrances différentes. Certains ne sont pas capables, en raison de leur histoire, de le montrer de la bonne manière. Chacun à une histoire et un héritage qui lui est propre. Plutôt que de condamner, nous pouvons essayer de savoir pourquoi. Poser des questions, tenter de comprendre. Le pardon n’est pas obligatoirement le chemin, la paix est la voie du corps et de l’esprit apaisé qui peut continuer à tracer son chemin avec plus de sérénité. Bien sûr, parfois il n’y aura pas de solution, pas d’issue possible, cette vie devait se passer ainsi, l’apprentissage est là. Nous pouvons ensuite faire le choix de rester en contact avec cette famille de sang ou de rompre le lien. Ne plus se parler pendant quelques mois ou quelques années n’est pas toujours simple, mais c’est parfois nécessaire pour se retrouver totalement.

Mes parents ont leurs propres blessures, certaines très profondes, et j’ai cru pendant des années que je n’avais pas été voulue, désirée et aimée. Je leur ai longtemps reproché et avec véhémence lors de mon adolescence, surtout auprès de ma mère. Et j’ai cherché en vain auprès des hommes cet amour que j’aurai aimé avoir de mon père. J’ai choisi mes parents, j’ai choisi mes blessures et je les remercie de tout cœur de tout l’amour qu’ils ont été en mesure de me donner. Je sais qu’ils ont fait au mieux.

Alors j’ai expérimenté les 5 blessures de l’âme de Lise Bourbeau : le rejet avec ma mère, l’abandon avec mon père, l’injustice/la trahison/l’humiliation avec mes deux parents. Nous portons tous ces blessures, mais à des degrés différents. Dans notre culture occidentale, depuis de nombreuses générations, nous ne transmettons plus nos histoires de famille. En résulte un « transfert » de blessures qui sont devenues très profondes avec le temps. Je rentrerai plus dans le détail au chapitre réconciliation avec notre lignée familiale.

Je suis différente, je le sens bien, mais pour me faire aimer, je m’adapte et je m’oublie. J’oublie qui je suis, j’oublie d’où je viens. Je me glisse dans une peau, dans un moule. C’est un mécanisme automatique lié à des réflexes archaïques qui veut que nous nous adaptions afin de ne pas être abandonnés par notre clan, notre famille et éviter la mort.

À 4 ans, nous déménageons dans une maison en bordure de forêt, je passe beaucoup de temps dans la nature, à jouer avec des gendarmes (pas les hommes avec un képi sur la tête, l’animal). La nature m’apaise, la nature me met en joie. Encore aujourd’hui, ce lien doit être maintenu pour mon équilibre. Je me rends chaque jour ou presque en forêt ou à la mer.

Portugaise de par mes deux parents, tous les étés, nous partons deux mois au Portugal. Le village de mon père, où ils ont fait construire une maison, est tout ce qu’il y a de plus traditionnel avec cette particularité d’être perdu dans les montagnes. La Nature est partout : les animaux, la culture des champs avec des ânes, la rivière. La vie est douce quand nous sommes dehors. Les étés là-bas auraient pu être merveilleux, dignes d’un conte de fées, sans compter sur ma grand-mère paternelle qui avait décidé de me prendre en grippe. Je me souviens de paroles malheureuses, de mépris, de rejets et de souffrances corporelles qui ont provoqué une phobie en moi durant de nombreuses années.

J’adorais mon grand-père paternel, il avait une joie naturelle qui me faisait du bien. Il était heureux en cultivant ses légumes, il s’occupait de ses arbres fruitiers, il aimait vivre simplement. Durant la jeunesse de mon père, ils arrivaient à être autonomes notamment avec le troc. Je suis admirative de toutes les connaissances qu’il a. La barrière de la langue et les sacs de sable qu’il portait ont fait que je n’ai pas pu profiter de cet héritage de son vivant. Il chantait ou sifflotait tout le temps, ma passion, ma raison de vivre. Je garde une tendresse toute particulière pour ce grand-père au grand cœur. Il m’a transmis ce don, ce don de soigner en chantant.

Je ne parle finalement que très peu le portugais même si j’en apprécie les valeurs et la culture. Je me suis rendue là-bas de mes 0 à 18 ans, chaque été, avec mes parents et mon frère. Dans les années qui ont suivi, j’ai eu envie de découvrir le reste du monde. Ma soif de découverte est grande.

Petite, j’ai une vie imaginaire très intense et la frontière entre le monde terrestre et le monde céleste est parfois difficile à trouver pour moi. Je faisais des sorties de corps en me regardant dans la glace et cela me faisait peur. J’avais envie d’arrêter et pourtant j’allais le faire régulièrement pendant des années. C’est très surprenant de se regarder dans une glace et comprendre que ce corps n’est qu’un véhicule, il n’est pas vous, il n’est pas votre essence. Finalement ce refus de vivre, de m’incarner, je ne le comprendrais que bien plus tard.

Pendant des années, j’ai été somnambule et ma mère aux aguets de peurque je descende les escaliers la nuit et tombe. Elle m’a réveillée de nombreuses fois. Je m’asseyais et faisais des gestes avec mes mains, en état de transe, je parlais et j’ai même dansé une fois. Ma vie nocturne reste encore à ce jour très riche et pleine d’enseignements. Petite, j’ai fait de nombreuses fois ce rêve où je voyais mes parents et mon frère pendu dans notre cage d’escalier. Je finirai par le dire à mes parents des années plus tard. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cela ne me traumatisait pas. Je n’ai, à ce jour, toujours pas d’explication pour ce rêve récurrent. Cela peut être des mémoires de lieux ou en lien avec nos ancêtres.

Assez tôt, mes parents nous laissent en autonomie avec mon frère dans la maison familiale. Ils travaillent beaucoup, ils partent tôt et rentrent tard. Ils ont beaucoup souffert du manque quand ils étaient petits, et leur but est que nous ayons tout ce qu’il nous faut. Mon frère est mon compagnon de jeu, nous tissons une belle complicité. Je ne peux expliquer ce qui va provoquer cela en moi, mais je me mets assez tôt en tête que ma mère ne m’aime pas et n’aime que mon frère. À partir de là, je me dis qu’il est supérieur à moi, je commence à me dévaloriser. Il n’y était pour rien.

À cela s’ajouteront des paroles qui m’ont blessée et sont devenues des croyances. Je ne blâme pas les personnes qui les ont prononcées, nous faisons tous au mieux et nous heurtons tous les autres à un moment ou à un autre. Nous expérimentons, nous apprenons, et ce, en permanence. Être vigilante aux mots qui sortent de ma bouche au quotidien, j’en fais une priorité.

Cette parole malheureuse viendra d’une tata qui me dira : « Tu vois bien que ta maman préfère ton frère à toi ». Il n’en fallait pas plus pour me mettre plus bas que terre. Je m’accrocherai à cette phrase pendant des années en tentant de la libérer, mais la blessure de rejet était bien plus profonde. Cette tata n’a fait que mettre en mots la souffrance que nous vivions ma mère et moi.

Nous pouvons aussi faire le rapprochement dans ce lien particulier qui unit une maman et son fils et bien souvent un papa et sa fille, dans une reproduction du couple féminin/masculin à l’intérieur de nous. Ce besoin de nous relier au sexe opposé pour trouver des réponses, nous comprendre.

De l’autre côté, mon père n’est pas présent, il ne se positionne pas, il est absent émotionnellement. Il ne sait pas comment agir avec nous, comment nous aimer. Comment le pourrait-il s’il ne l’a pas expérimenté ? À l’époque, faire une thérapie ou explorer ses blessures transgénérationnelles n’est pas très répandu. La génération de mes parents a connu beaucoup de souffrances. Leur vie d’adulte consistait à consommer, pas à élever leur conscience. Ils sont nés après-guerre, le mot d’ordre était la survie, pas la vie. Dans les personnes qui ont, à aujourd’hui entre 30 et 45 ans, il y a de nombreux résilients. Nous venons casser les codes et établir un nouvel équilibre dans les lignées familiales.

Avec ce rejet que je ressens de ma mère et l’abandon du côté de mon père, je vais devenir une petite fille à la fois timide et extravertie. Aller chercher le pain et certaines activités du quotidien me demandent pas mal d’énergie. À côté de cela, j’ai un caractère affirmé, je suis intransigeante et intolérante, principalement avec les membres de ma famille. J’oscille en permanence entre les opposés et je ne cesserai d’explorer les extrêmes pendant des années.

Petite, je passe beaucoup de temps à regarder la télévision, jouer dehors et laisser s’exprimer ma créativité. Je n’ai pas beaucoup de copains, copines. Je suis assez solitaire même si j’adore être en lien avec les autres. Je me sens plus proche des garçons que des filles. Et cela va durer de nombreuses années, être en lien avec des femmes sera une épreuve. Avec le temps, un équilibre a été trouvé sur ce point. J’ai un rapport particulier avec les hommes, beaucoup de « leçons » à apprendre. Pendant longtemps, je serai dans l’opposition avec eux, je les cherche, je les attaque, et je les trouve. Je me lierai pendant des années avec des personnes recherchant cette dualité.

Mes deux camarades sont mon frère et mon cousin. On expérimente beaucoup et nous aimons faire nos découvertes ensemble. Je garde en mémoire de très bons souvenirs, et deux personnes qui sont en dehors des clous, comme moi. On se comprend donc très bien !

Avec mon frère, nous tentons de nombreuses expériences. Nous rigolons beaucoup, on en passera de bons moments ensemble. Que ce soit en étant petit ou en étant adulte. Nous avons encore aujourd’hui une complicité incroyable. La tolérance est de mise entre nous : il accepte tous les excès qui me traversent et moi je l’aide à s’ouvrir au monde, à lui-même quelque part. Il a rendu certaines de mes expériences de vie moins douloureuses en m’accompagnant. Il m’apaise, son énergie est calme quand la mienne est explosive. Un contraste, un équilibre. Sans lui, l’histoire aurait été bien différente et ma jeunesse bien plus éprouvante. C’est dans ces moments que je comprends que la vie nous soutient à chaque instant, pour peu que l’on regarde.

Je passe mon temps à chanter et à danser dans ma chambre, cela me met clairement en joie. Je propose même des spectacles quand il y a du monde. Tout est ouvert dans la maison familiale, j’en fais donc profiter tout le monde. Chanter est ma raison de vivre, c’est ma manière à moi de respirer. Je « soule » littéralement ma famille qui aimerait avoir des espaces de quiétudes, pas m’entendre à longueur de journée.

La petite fille que j’étais a entendu qu’elle devait se taire. Je suis restée « muette » pendant de nombreuses années, à m’éteindre lentement. Je garderai mes chants dans ma sphère intime en les limitant au maximum. C’est au moment de mon éveil, à 36 ans, que j’ose à nouveau affirmer ma voix et la partager. Je découvre que mes chants sont des outils de guérison. Je commencerai enfin à prendre des cours et m’autoriser à vivre ce rêve de petite fille avec un entraînement quotidien. J’ai bien tenté de prendre quelques leçons vers mes 10 ans, ma mère avait fini par céder. Mais je ne me sentais pas à l’aise avec cet homme, j’ai arrêté très vite.

Chaque blessure est là pour m’amener à faire la paix, à accepter, à transcender tout cela en moi. Et comme le dit Paulo Coelho dans son livre l’alchimiste, elle me permet de progresser dans la réalisation de ma légende personnelle. Dans la mienne, le chant tient une place majeure.

Je fais du mieux que je peux à chaque instant, en osant regarder mes blessures pour faire la paix avec elles. J’accepte de me choisir au quotidien, de faire de moi ma priorité. Qui le fera à ma place ? Mon rêve c’est de chanter. Pour en faire ma réalité, je vivrai un parcours du combattant, avec de nombreuses étapes. J’aurais aimé passer de la première marche de l’escalier à la dernière directement. La vie se passe rarement ainsi. J’ai dû monter progressivement, parfois m’arrêter quelque temps, redescendre un peu puis reprendre la montée des marches pour atteindre le sommet.