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Avertissement : Libre à vous de choisir des fac-similés de piètre qualité ; le présent ouvrage a été entièrement recomposé, revu, corrigé et annoté au besoin, l'orthographe modernisée, car déchiffrer et interpréter ralentit et gâche le plaisir de lire ; bref, tout a été fait pour rendre votre lecture plus accessible et agréable, et à un prix équivalent, sinon moins cher par rapport à l'existant. Ouvrage posthume d'Etienne de La Boétie. Il s'agit d'un texte politique essentiel. L'auteur se pose la question: Pourquoi un seul peut gouverner un million, alors qu'il suffirait à ce million de dire non pour que le gouvernement disparaisse ? NB: les droits d'auteur sur cet ouvrage seront intégralement reversés aux Restos du Coeur ou, à défaut, à une autre association caritative laïque et apolitique.
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Seitenzahl: 142
Veröffentlichungsjahr: 2021
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© - 2021 – Christophe Noël
ISBN : voir dernière page
Édition : BoD – Books on Demand
Dépôt légal : janvier 2021
NB : Les droits d'auteur sur cet ouvrage seront intégralement reversés aux Restos du Coeur, ou, à défaut, à une association caritative laïque.
EBOOKS (Version numérique):
Errances – recueil de nouvelles (BOD)
Exquises Esquisses, Tomes 1 et 2 – galerie de portraits (BOD)
Notes Bleues – écrits divers (BOD)
Nathalie et Jean-Jacques – recueil de nouvelles (BOD)
Les Très-mirifiques et Très-édifiantes Aventures du Hodja Nasr Eddin –
Tome 1
(BOD)
Nasr Eddin Hodja rencontre Diogène –
Tome 2
(BOD)
Les Ysopets – 1 – Avianus (BOD)
Les Ysopets – 2 – Phèdre – version complète latin-français (BOD)
Les Ysopets – 2 – Phèdre – version Découverte en français (BOD)
Les Ysopets – 3 – Babrios – version Découverte en français (BOD)
Les Ysopets – 4 – Esope – version Découverte en français (BOD)
Histoire et avantures de Milord Pet (BOD)
Eloge du Pet (BOD)
Jacques Merdeuil – nouvelle - version française (Smashwords)
Jacques Shiteye – version anglaise – traduit par Peggy C. (Smash- words)
Ζάκ Σκατομάτης – version grecque – traduit par C. Voliotis (Smash- words)
Le Point Rouge –nouvelle - version française (Smashwords)
The Red Dot - version anglaise – traduit par Peggy C. (Smashwords)
Les Très-mirifiques et Très-édifiantes Aventures du Hodja Nasr Eddin
Tome 1
(BOD)
Nasr Eddin Hodja rencontre Diogène –
Tome 2
(BOD)
Nasr Eddin sur la Mare Nostrum –
Tome 3
(disponible chez l’auteur)
Le Sottisier de Nasr Eddin –
Tome 4
(disponible chez l’auteur)
Commandes – dédicaces :
Étienne de La Boétie est un écrivain humaniste et un poète français, né le mardi 1er novembre 1530 à Sarlat, ville du sud-est du Périgord, et mort le 18 août 1563 à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux. À partir de 1558, il fut l’ami intime de Montaigne, né deux ans seulement après lui, qui lui rendit un hommage posthume dans ses Essais.
Fils d’Antoine de La Boétie, un lieutenant particulier du sénéchal du Périgord, Étienne de La Boétie grandit dans une famille de magistrats, un milieu éclairé dont l’entourage est principalement composé de bourgeois cultivés. Il est encore fort jeune à la mort de son père, en 1540, et c’est son oncle et parrain Estienne de La Boétie, sieur de Bouilhonnas et prêtre, qui prend en charge son éducation. Il est pour son neveu un second père, ce qui fait dire à Étienne « qu’il lui doit son institution et tout ce qu’il est et pouvait être ».
Vers la fin de ses humanités, La Boétie développe une passion pour la philologie antique qui l’attire comme elle attire d’ailleurs tout son siècle. Il compose en manière de délassement des vers français, latins ou grecs. Il rédige vingt-neuf sonnets amoureux et devient plus tard le traducteur des ouvrages de Plutarque, Virgile et L’Arioste.
Par la suite, poussé par son oncle, il entame des études de droit à l’Université des Lois, à Orléans, où il est licencié en droit civil le 23 septembre 1553. C’est alors qu’il écrit son premier et plus célèbre ouvrage, le Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un. Son manuscrit sera publié en 1576 ( ?) mais Montaigne a connaissance du manuscrit et cherche à en connaître l’auteur, dès qu’il exerce des fonctions au Parlement de Bordeaux. De sa rencontre avec La Boétie naît une « amitié virile[1] » qui va durer jusqu’à la mort de ce dernier. La Boétie se lie également d’amitié avec Lambert Daneau, auquel il soumet sans doute les premières esquisses du Contr’un ; Jean-Antoine de Baïf, qui lui découvre les motifs secrets des conjurés de la Pléiade, et Jean Dorat.
La Boétie obtient donc sa licence en1553 et, grâce à sa réputation acquise au cours de ses études, notamment en matière de jurisprudence, est élevé à l’office de conseiller en la cour par lettre patente d’Henri II le 20 janvier 1553 (avec dispense le 13 octobre de la même année, en raison de son âge, 22 ans, alors que l’âge requis était de 25). Le 17 mai 1554, il est admis en qualité de conseiller au Parlement de Bordeaux, deux ans avant l’âge légal.
À partir de 1560, La Boétie est chargé de diverses missions, dont une par Michel de L'Hospital d’intervenir dans diverses négociations pour parvenir à la paix dans les guerres de religions opposant catholiques et protestants. Entre-temps La Boétie se marie avec Marguerite de Carle, fille du président du Parlement de Bordeaux Pierre de Carle, sœur de l’évêque de Riez Lancelot de Carle et veuve de Jean d’Arsac.
Le 8 août 1563, un mal terrible terrasse La Boétie : « c’est un flux de ventre avec des tranchées » – il s’agit sans doute de la tuberculose très fréquente à l’époque (ou de peste ?). La Boétie tente alors de regagner le Médoc, où sont situées les terres de son épouse, pour se reposer. Il espère que l’air pur des champs hâtera son rétablissement, mais son état s’aggrave rapidement et il doit s’arrêter en route, à Germignan, chez Richard de Lestonnac, son collègue au parlement et beau-frère de Montaigne.
La Boétie dicte son testament le 14 août et attend l’issue de la lutte avec courage et philosophie jusqu’à sa dernière heure où il veut mourir en religion.
Dans une lettre adressée à son père, Montaigne décrit les particularités de cette maladie et de la fin de son ami. Il se met à calculer et termine sa lettre en des termes émouvants : « Le 18 du mois d’août de l’an 1563, Étienne de La Boétie expire. Il n’est âgé que de 32 ans, 9 mois 17 jours ».
C’est à l’intention de son ami que Montaigne écrit le fameux chapitre sur l’amitié dans ses Essais. Il y livre un témoignage poignant de leur amitié au chapitre 28 du livre 1. Il présente La Boétie comme un sage stoïcien capable de supporter avec équanimité sa mort. Après avoir longuement développé la question sur l’amitié qui le liait à La Boétie, il finit par écrire : « Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitié, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent. En l’amitié dont je parle, elles se mêlent et se confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent, et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : Parce que c’était lui, parce que c’était moi ».
[1] J’adore personnellement cette précision entre « guillemets ». A croire que les auteurs classiques et philologues aient craint avoir affaire à deux tantes.
Les ouvrages d’Estienne de La Boétie se divisent en deux catégories : ceux qui ont été donnés à imprimer par son ami Montaigne, et ceux qui ont vu le jour sans son assentiment.
Le Discours de la Servitude volontaire[1] a été publié à l’insu de Montaigne et contre son gré. Nous ne sommes donc pas du tout assurés de posséder le vrai texte de l’auteur.
L’œuvre de La Boétie a été conservée par deux documents à peu près contemporains : les Mémoires de l’Estat de France sous Charles neufième, et un volume manuscrit du fonds d’Henri de Mesmes, publié par le Dr Payen. Montaigne dédia néanmoins un des opuscules de son ami à Mesmes ; cela semblerait donc offrir de sérieuses présomptions d’exactitude.
Cet ouvrage aurait été rédigé en 1548 selon Montaigne (Rectifié plus tard par le même en 1546, soit à l’âge de 16 ans, première publication en 1574 ou 1756 selon d’autres sources[2])[3]. Il parait incomplet, tronqué, mutilé, et surtout anonymement dans le Réveille-Matin des François, journal protestant.
Le Prince de Machiavel est paru, lui, dès 1513. La Renaissance bat son plein en Europe et les auteurs politiques commencent à s'exprimer.
[1] Pour accentuer l’aspect polémique du Discours , des éditeurs ont fait apparaître le titre Contr’Un pour la première fois vers 1570.
[2] L’auteur, mort en 1563, n'avait pas publié. Montaigne à la mort de La Boétie, renonce à publier Le Discours car les polémistes protestants l'utilisent comme pamphlet contre la monarchie sous un titre posthume Contr'un, Réquisitoire contre la tyrannie, plaidoyer pour la liberté ; le Discours illustre l'intérêt des humanistes pour la réflexion politique. L'ouvrage, après avoir circulé en manuscrit sous le manteau pendant une trentaine d'années, ne parut, d'abord incomplètement, qu'en 1574 (dans le Réveil-matin des Francois) puis en 1576, dans un recueil protestant Mémoires de l'Estat de France sous Charles neuvième (tome III), édité par Simon Goulard.
[3] La BNF donne ces précisions sur l ‘ouvrage : Oeuvre de jeunesse, publiée en latin par fragments en 1574 puis intégralement en français en 1576. - Probablement écrit par La Boétie à l'âge de 16 ou 18 ans.
Il s'agit d'un texte politique essentiel. L'auteur se pose la question: Pourquoi un seul peut gouverner un million, alors qu'il suffirait à ce million de dire non pour que le gouvernement disparaisse ?
Lorsqu’il écrit ce texte, Étienne de La Boétie est un étudiant en droit de 16 ou 18 ans. Peut-être marqué par la brutalité de la répression d’une révolte antifiscale en Guyenne en 1548, il traduit le désarroi de l’élite cultivée devant la réalité de l’absolutisme.
Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ». Quelle que soit la manière dont un tyran s’est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n’est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c’est d’abord l’habitude qu’a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite viennent la religion et les superstitions. Mais ces deux moyens ne permettent de dominer que les ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans. Si le peuple est contraint d’obéir, les courtisans ne doivent pas se contenter d’obéir mais doivent aussi devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Ainsi s’instaure une pyramide du pouvoir : le tyran en domine cinq, qui en dominent cent, qui eux-mêmes en dominent mille… Cette pyramide s’effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.
Il préfigure ainsi la théorisation du contrat social et invite le lecteur à une vigilance de tous les instants avec la liberté en ligne de mire.
Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges par des partis de colorations diverses, La Boétie oppose l’équilibre de la terreur qui s’instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se partagent à ce titre le butin des brigandages, à l’amitié qui seule permet de vivre libre. Le tyran, quant à lui, vit dans la crainte permanente : n’ayant pas d’égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant l’assassinat.
Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de l’ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l’anarchisme et de la désobéissance civile. Également, et surtout, comme l’un des tout premiers théoriciens de l’aliénation.
La Boétie s’attache à démontrer que de petites acceptations en compromis et complaisances, la soumission en vient à s’imposer à soi tel un choix volontaire fait dès les premiers instants. La question avec laquelle il interpelle ses lecteurs touche à l’essence même de la politique : « pourquoi obéit-on ? ». Il met en évidence les mécanismes de la mise en place des pouvoirs et interroge sur ceux de l’obéissance. Il en vient à observer qu’un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même par une imbrication pyramidale.
Bien que la violence soit son moyen spécifique, elle seule ne suffit pas à définir l’État. C’est à cause de la légitimité que la société lui accorde que les crimes sont commis. Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre ; « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres ». À cet égard, La Boétie tente de comprendre pour quelles raisons l’homme a perdu le désir de retrouver sa liberté. Le Discours a pour but d’expliquer cette soumission.
Tout d’abord La Boétie distingue trois sortes de tyrans : « Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race ». Les deux premiers se comportent comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général ne sont guère meilleurs, puisqu’ils ont grandi au sein de la tyrannie. C’est ce dernier cas qui intéresse La Boétie. Comment se fait-il que le peuple continue à obéir aveuglément au tyran ? Il est possible que les hommes aient perdu leur liberté par contrainte, mais il est quand même étonnant qu’ils ne luttent pas pour regagner leur liberté.
La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’il y a ceux qui n’ont jamais connu la liberté et qui sont « accoutumés à la sujétion ». La Boétie décrit dans son Discours : « Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance ».
La seconde raison, c’est que sous les tyrans les gens deviennent « lâches et efféminés ». Les gens soumis n’ont ni ardeur ni pugnacité au combat. Ils ne combattent plus pour une cause, mais par obligation. Cette envie de gagner leur est enlevée. Les tyrans essaient de stimuler cette pusillanimité et maintiennent les hommes stupides en leur donnant du « pain et des jeux ».
La dernière raison est sans doute la plus importante, car elle nous dévoile le ressort et le secret de la domination, « le soutien et fondement de toute tyrannie ». Le tyran est soutenu par quelques hommes fidèles qui lui soumettent tout le pays. Ces hommes sont appelés par le tyran pour être « les complices de ses cruautés » ou se sont justement rapprochés du tyran afin de pouvoir le manipuler. Ces fidèles ont à leur tour des hommes qui leur sont obéissants. Ces derniers ont à leur dépendance d’autres hommes qu’ils élèvent en dignité. À ces derniers est donné le gouvernement des provinces ou « le maniement des deniers ». Ce maniement est attribué à ces hommes « afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection ».
Tout le monde est considéré comme tyran. Ceux qui sont en bas de la pyramide, les fermiers et les ouvriers, sont dans un certain sens « libres » : ils exécutent les ordres de leurs supérieurs et font du reste de leur temps libre ce qui leur plaît. Mais « s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude » ? En d’autres termes, ceux qui sont en bas de l’échelon sont bien plus heureux et en quelque sorte bien plus « libres » que ceux qui les traitent comme des « forçats ou des esclaves ». « Est-ce là vivre heureux ? Est-ce même vivre ? », se demande La Boétie. Ces favoris devraient moins se souvenir de ceux qui ont gagné beaucoup auprès des tyrans que de ceux qui, « s’étant gorgés quelque temps, y ont perdu peu après les biens et la vie ».
Par ailleurs il est impossible de se lier d’amitié avec un tyran, parce qu’il est et sera toujours au-dessus. « Il ne faut pas attendre de l’amitié de celui qui a le cœur assez dur pour haïr tout un royaume qui ne fait que lui obéir. Mais ce n’est pas le tyran que le peuple accuse du mal qu’il souffre, mais bien ceux qui le gouvernent. » Pour achever son Discours, La Boétie a recours à la prière. Il prie un « Dieu bon et libéral pour qu’il réserve là-bas tout exprès, pour les tyrans et leurs complices, quelque peine particulière ».
Comme expliqué, cette oeuvre, tirée des archives d'Henri de Mesmes, est celle qui semble la plus proche de l'originelle, puisque n'ayant pas soulevé d'objection ni remarque de la part de Montaigne, chargé de publier les textes et poèmes de La Boétie, suite à sa disparition prématurée.
Vous trouverez, en premier, la traduction en français actuel du Discours. Puis, pour les curieux, ou autres érudits, vous trouverez en deuxième partie, la version originelle, en langue du XVI°, tiré d'une édition de 1892.