Débâcles - Emile Verhaeren - E-Book

Débâcles E-Book

Emile Verhaeren

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Beschreibung

Extrait : "– O la folie !– et la cloche tragique où pendre Mes mains, mes pauvres mains, pour appeler la mort ! On s'espère : dompté ; mais sans cesse reviennent Désirs, haines, amours et pleurs qui s'entretiennent Et le ressac toujours arrache une ancre au port."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 28

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Dialogue
– Ô la folie ! – et la cloche tragique où pendre
Mes mains, mes pauvres mains, pour appeler la mort !
On s’espère : dompté ; mais sans cesse reviennent
Désirs, haines, amours et pleurs qui s’entretiennent
Et le ressac toujours arrache une ancre au port.
Les vents, les vents hurleurs, les vents énergumènes
De leurs cordes me renoueront, cordes de fer,
Et mes banals gestes revideront dans l’air
Mon cœur, mon cœur humain, de ses douleurs humaines.
– Le sort, écoute, il dit : sois ton bourreau toi-même ;
N’abandonne l’amour de te martyriser
À personne, jamais. Donne ton seul baiser
Au désespoir ; et vis ton morose anathème.
Force ton âme, éreinte-la contre l’écueil :
Les maux du cœur qu’on exaspère, on les commande ;
La vie, hélas ! ne se supporte et ne s’amende
Que si la volonté la terrasse d’orgueil.
La norme est la douleur. Hélas ! qui s’y résigne ?
– Vierge, je veux nouer mes tortures en moi :
Comme jadis les grands chrétiens, mordus de foi,
S’émaciaient avec une ferveur maligne,
Je veux boire les souffrances, comme un poison,
À m’en griser ; je cinglerai de mon angoisse
Mes pauvres jours, ainsi qu’un tocsin de paroisse
S’exalte à disperser le deuil sur l’horizon.
Cet héroïsme intime et bizarre m’attire :
Se préparer sa peine et provoquer son mal
Avec acharnement et dompter l’animal
De misère et de peur, qui dans le cœur se mire
Toujours, se redresser cruel et contre soi,
Vainqueur de quelque chose enfin – et moins languide
Et moins banalement en extase du vide.
– Sois ton devoir, sois ton tourment, sois ton effroi ;
Et puis, il est des champs d’hostilités tentantes
Que des hommes de marbre avec de fortes mains
Ont cultivés, il est de terribles chemins
Par où des pas battants et des marches battantes
Sont entendus : c’est là que sur tel roc vermeil
Le soir allume au loin le sang et les tueries
Et que luisent parmi les lianes flétries
Des éclatants couteaux de crime et de soleil !
Le Glaive
Quelqu’un m’avait prédit, qui tenait une épée
Et qui riait de mon orgueil stérilisé :
Tu seras nul – et pour ton âme inoccupée
L’avenir ne sera qu’un regret du passé.
Ton corps où s’est aigri le sang des purs ancêtres
Fragile et lourd se cassera dans chaque effort ;
Tu seras le fiévreux ployé sur les fenêtres
D’où l’on peut voir bondir la vie et ses chars d’or.
Tes nerfs t’enlaceront de leurs rameaux sans fèves,
Tes nerfs ! – et tes ongles s’amolliront d’ennui.
Ton front, comme un tombeau dominera tes rêves,
Et sera ta frayeur, en des miroirs, la nuit.
Te fuir ! si tu pouvais ! mais non : la lassitude
Des autres et de toi t’aura voûté le dos
Si bien, rivé les pieds si fort, que l’hébétude
Détrônera ta tête et plombera tes os.
Éclatants et claquants, les drapeaux vers les luttes,
Ta lèvre exsangue hélas ! ne les mordra jamais :
Usé, ton cœur, ton morne cœur dans les disputes,
De livre à livre et las et bas comme un marais.
Tu t’en iras à part et seul – et les naguères
De jeunesse feront un inutile aimant
Pour tes grands yeux lointains – et les joyeux tonnerres
Chargeront loin de toi, victorieusement !