Des rythmes, un rythme, le rythme - Jean Marie Meyer - E-Book

Des rythmes, un rythme, le rythme E-Book

Jean-Marie Meyer

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Beschreibung

Selon Hannah Arendt, la différence clé entre les outils et les machines est illustrée dans le débat interminable sur la question de savoir si les machines doivent s’adapter à l’homme. Cette discussion est stérile, car l’homme, en tant qu’être conditionné, s’adapte aux machines dès qu’il les invente, en faisant de tout ce qui est donné ou fabriqué une condition de sa vie future.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Universitaire de formation et très actif dans le monde du textile et de la mode, Jean-Marie Meyer a été témoin de divers évènements majeurs de ces dernières décennies. Il partage , une fois de plus, le résultat de ses analyses portant sur l’évolution du monde.

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Jean-Marie Meyer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des rythmes, un rythme, le rythme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Meyer

ISBN : 979-10-422-0744-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui comme nous le savons, tout le monde est dans un monde d’initiés, que ce soient les jeunes, les adultes, les âgés, ils sont tous persuadés qu’ils sont privilégiés dans ce cercle et ils ont en commun qu’ils ont la possession du savoir et de la connaissance et que pour couronner le tout : « tout » leur est permis et accessible et naturellement dû. C’est ainsi que ce monde est en train de se mouvoir, pour tout le monde, mais la personne la plus importante c’est « moi ». Il est vrai qu’avec toutes les technologies actuelles, tous les progrès de la technique avec une aide venant du domaine scientifique, tout cela : le savoir et la connaissance sont à la portée de tout le monde et partout, il y a une nuance dans les possibilités, les possessions, les attentes seront différentes selon les classes sociales, elles sont présentes à tous les niveaux mais présentées de manière que l’accessibilité soit possible. Il y a cependant un élément qui est commun à toutes et tous, à toutes les classes, à toutes les entités ethniques, à tous les continents, à toutes les civilisations selon leur désir, assouvir le besoin issu des loisirs offerts.

 

Nous vivons, nous existons sur cette planète et nous y imprimons une espèce de cadencement qui se veut être un rythme, la grande question est de savoir si ce rythme est accepté et/ou infligé par les institutions, si ce rythme est accepté par notre vie et nous supporte, en collaboration, voire en osmose avec ce que je nommerai l’environnement, le milieu humain, c’est-à-dire au sens large avec la terre, dans un tempo qui intègre notre existence. Il est inutile et surtout il ne faut pas se leurrer, le rythme de la Terre est aujourd’hui différent de tous les rythmes disponibles, non seulement en fonction des endroits de la planète, mais aussi des technologies en usage dans ces lieux, aussi entre être enfant ou adulte ; une situation orientale ou occidentale, méridionale ou septentrionale ; tout est sujet à changement, à perception différente, cependant il y a un élément qui est, qui ne subit pas, qui est des siècles durant imperturbablement à l’identique c’est la musique.

 

Cette musique, qui elle est universelle et si elle peut être différente dans la forme, mais elle restera inchangée dans le fond. La musique a un spectre très large, il va du tambour au tam-tam en passant par la flûte indienne, les instruments à cordes et à vent, du concert classique aux shows du folk et du rock. La variété de ses créateurs et des lieux de création, feront que la forme changera en raison du milieu humain, des ethnies, des niveaux de culture, des classes sociales si elles existent et des moyens mis en œuvre.

 

Hormis cela il y a des impondérables qui impriment à plusieurs générations dans de multiples endroits ainsi qu’à une mixité sociale le même rythme, et il nous est en effet difficile d’ignorer cela en fonction de notre niveau et de nos origines.

Des musiques aussi universelles que celles des Rolling Stones, d’Abba, d’ACDC, Mozart, Bach, Beethoven avec des artistes interprètes et ambassadeurs pour par exemple la musique classique comme un Herbert von Karajan, Sergiu Celibidache, une Hélène Grimaud, Clara Haskil, un Arthur Rubinstein, sans oublier un Claudio Arrau et c’est sans compter le Blues où il y aura toujours des Ben Johnson, John Lee Hooker, Lightning Hopkins et Fred Mc Dowel, la palette continue pour le Jazz et la Soul avec Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Aretha Franklin et Elvis Presley pour le Rock.

 

Voici en peu d’exemples quelques-unes des personnalités qui elles constituent l’échantillonnage des personnes pouvant représenter les musiques jouées à une très large majorité et qui font des émules sur les continents et dans toutes les générations. Elles font partie des supports du rythme, je ne parle pas des musiques rituelles et des chants folkloriques qui sont elles et eux situés dans un moment et un lieu. Si le rythme peut correspondre à un battement, une mesure répétée, une syncopée, une périodicité, voire une vitesse ; il y a toujours une perfection dans le rythme, celui de la vie. C’est une chose que nos civilisations actuelles qui vont vers la superficialité éludent aisément et ont tendance à omettre et à connaître, à reconnaître, elles les combattent même avec les moyens modernes que la technologie met à leurs dispositions, ils oublient la mesure du temps intemporel et aussi notre capacité d’assimilation et de savoir.

 

Nous allons voyager par-delà nos territoires, dans tout notre espace planétaire afin de pouvoir établir un constat des possibles, éventuelles différences de rythme et comment celles-ci sont perçues chez nos voisins, car aujourd’hui nous sommes virtuellement tous des voisins, justes quelques secondes nous séparent de l’autre bout de la planète. Tous les moyens : vidéoconférences, jeux en ligne, les réseaux sociaux tels Facebook, Instagram, TikTok, les ustensiles de communications, tels les portables de tout genre et leur Skype ou WhatsApp pour ne citer que quelques exemples, font que la liaison est faite en quelques instants alors que de manière réelle, physique avec les moyens de transport dit modernes il faut vingt-quatre heures minimum pour joindre une personne à l’autre bout de la planète, notre antipode l’Australie pour la citer. Il y a deux siècles il fallait une journée pour parcourir 80 kilomètres si les conditions étaient favorables, c’est-à-dire les routes sèches, les instances gouvernementales en place en ces temps-là comptaient pour l’acheminement du courrier une distance officielle de 25 kilomètres par jour, c’était le minimum obligatoire à réaliser.

 

Le rythme donne naissance à deux concepts :

– La vitesse ;
– La perception.

Elles peuvent être complémentaires ou dans l’antagonisme. C’est ce que nous allons voir, chercher à comprendre ensemble. Nous allons constater parfois de manière criante, parfois de façon sournoise, parfois avec une émotion non dissimulée ce que génère ce rythme à partir de la fonctionnalité de l’un de ces deux concepts. Le rythme va toucher toutes les branches de notre existence, de la plus superficielle à la plus profonde, à partir d’un art ou d’une technique artisanale à un art vrai qui sera perçu comme véritable création et œuvre d’art.

Nous commencerons par le segment qui nous paraît peut-être le plus évident, le plus adéquat, le plus simple aussi car il est aussi impossible de vivre sans musique. De la musique et ses dérivés j’entends par dérivés le ballet, la danse, l’opéra sans compter les comédies musicales, la chanson de variétés genre Abba, Simon et Garfunkel, etc.

 

Friedrich Nietzsche disait : « La vie sans musique est tout simplement, une erreur, une fatigue, un exil. » Il y a des musiques de fonctionnement, celles qui font battre le cœur, celles qui engendrent comme le mouvement d’une marée, c’est le cas des fans (plus de 70 000 fans) dans un stade qui assistent à un concert d’ACDC ou des Stones ou de Simon et Garfunkel qui assistent à un concert dans Central Park, les auditeurs (fans) sont dans une frénésie qui grâce à une syncopée battent le tempo qui fait vibrer les sens, les organismes des individus de toute cette foule présente, en étant comme un proche moteur tournant à plein régime, ou telle une voiture de WRC dans une spéciale comme le col de Turini dans le rallye de Monte-Carlo, ce sont tels de battements de cœur soumis à un test à l’effort pour un sportif de haut niveau…

 

Les personnes qui sont présentes ont accès à un épuisement matériel, une sorte de vidange physique durant laquelle ils se déchaînent, se déhanchent, ils se trémoussent, ils se dépassent et s’agitent au son des sonos et instruments qui leur martèlent les sens, afin de leur ouvrir une porte sur une transe collective, une sorte de léthargie unanime. Cette liesse est applicable aussi bien aux fans dans l’enceinte du concert ou du stade où a lieu l’évènement avec les artistes en direct qui font passer le courant, cette ferveur est aussi transmissible par l’entremise d’un moyen moderne qui permet la lecture et de ce fait l’écoute de cette musique, la gamme de ces outils est vaste, elle part du smartphone avec ses oreillettes jusqu’à la chaîne Hi-Fi en passant par le manipulateur de sons qui est un DJ.

Ces moyens sont soit individuels, soit collectifs. Chaque musique a son terrain de jeux propre, son rythme, avec une attribution de variabilité au territoire initiateur de ce son. C’est ainsi que le Blues est dans le chant (champ) de la Terre américaine où la cadence est donnée par la souffrance des autochtones et la torpeur du climat, cette musique avec sa mélodie bien spécifique transmet, donne le chant de la terre au rythme où les souffrances furent vécues.

 

Malgré sa sonorité réduite à un unique instrument au départ, le plus souvent une guitare ou un piano il, le Blues, arrive à propulser l’auditeur dans des sphères telle la simple terre d’où elle est issue, transmettre la souffrance et son vécu au public, de faire perceptible le ressenti des autochtones, à faire varier notre rythme cardiaque comme la terre subit les variations de par les forces magmatiques comme lors d’une éruption volcanique, le Blues transmet tout cela y compris la torpeur du climat, cette ambiance, cette atmosphère bien particulières seront transmises et se mélangeront passé et présent sans aucune frontière, la terre, la douleur, la nostalgie ; en agissant sur notre mental, notre esprit sans avoir une avalanche de décibels que vous délivrerait un concert d’ACDC ou des Rolling Stones afin d’essayer d’obtenir le même résultat.

 

Voilà sommairement décrit avec quel moyen simple la musique dite populaire (issue de la souffrance du peuple) va amener chez vous auditeur une métamorphose du ressenti de l’âme, et chaque individu sera atteint. Peuvent également être populaire la musique classique avec par exemple les valses de Strauss, les chansons de J. Brel ou G. Brassens, le jazz de Duke Ellington ou les mélodies des Beatles.

 

Elle, la musique, a traversé le temps et l’espace, elle sera encore là, présente dans. Je ne puis affirmer si le rap arrivera à perdurer, cette musique présente une agressivité non dissimulée et sans limites et dans l’agression aucune civilisation ou culture n’est sortie victorieuse ; comme disait notre Napoléon Bonaparte : « L’esprit l’emporte toujours sur l’épée. »

 

Le miroir, le reflet de l’état de notre terre dans sa généralité est donné par la perception et réception de la musique dite classique en majorité, elle éveille les sens des petits et sensibilise les teen-agers, en confortant les adultes, elle les fortifie, elle permet la perception de la respiration de la terre, voyez la 4e de Beethoven, la 7e, la 9e ou bien de Strauss : Ainsi parlait Zarathoustra, de Verdi La Traviata, de Gustav Malher : la 9e Symphonie, de Mozart Le concerto pour piano no 23, nous atteignons là la quintessence de la perception et du ressenti mettons le mot positif. Nous atteignons d’une manière ou d’une autre à travers ces quelques exemples la recherche de la perfection immatérielle, là où nous atteignons le calme et la sérénité, d’une part, le beau et l’esthétique, d’autre part la joie et le bonheur ou la tempête et la colère, tous les sentiments primaires seront présents. Mais à côté de tout cela il y a tout de même une condition et pas des moindres, pour arriver à cette quintessence de ce que je nomme l’œuvre : l’œuvre d’art la plus pure, à cette communion avec les éléments naturels, avec l’immatériel dans un rythme absolument parfait il nous est vital d’avoir, il nous faut avoir des ambassadeurs hors du commun, des génies dans leur discipline, pardon leur art.

 

Ce sont des Herbert Van Karajan, Sergiu Celibidache, Claudio Abbado et des personnages comme Clara Haskil, Hélène Grimaud, Claudio Arrau, Herbert von Karajan : elles et ils se situent au-delà de la virtuosité atteinte par 95 % des artistes de haut niveau, qui eux restent des virtuoses hors pair, ils passent après avoir dit ou ressenti ce qui se résume par : « Quelle envolée » et puis cela retombe.

Malgré la discipline et tout le matériel dont ils disposent, ils ne parviendront pas à transcender les œuvres d’un Bach, Verdi, Mozart, Beethoven, la chorégraphie d’un Rudolf Noureev ou d’un Maurice Béjart, ils resteront au niveau des Rolling Stones ou des Beatles.

La raison de cette conséquence est : l’exécutant, le dirigeant de l’éventuelle œuvre n’est pas en communion avec l’écriture du créateur. Elle, l’exécution, est réalisée par une simple lecture tel un article de magazine ou article de quotidien avec un sujet défini et la masse suit le mouvement et pense se faire surprendre en étant persuadé d’avoir atteint la connaissance, voire l’excellence.

 

Ce n’est hélas pas le cas, il y a une condition à l’accès à l’art qui est sine qua non et n’épargne personne, ne permet aucune faiblesse, aucune hésitation ou improvisation fortuite, il y a juste l’âme de la musique et elle a la même exigence dans les arts dérivés qui sont l’opéra, la danse qui peuvent amener à un niveau identique à condition que…

 

Cette possibilité existe et elle est présente, nous, les acteurs (eux), pouvons passer de l’agitation à l’hystérie, de la frénésie à un transport de l’âme dans les cas de la situation d’excellence. La plus grande technique, la plus extraordinaire virtuosité ne seront d’aucun secours si la transcendance, le tempo, l’atmosphère et le rythme de la transcendance qui permet la métamorphose, et si celle-ci ne se réalise pas, tous les moyens techniques seront inutiles, même l’intelligence artificielle ne sera d’aucun secours, elle échouera à ce niveau de performance, nous resterons au niveau d’une série B cinématographique. Cet état de grâce n’est accessible qu’à des élus, il est également d’être à l’écoute, pas d’entendre, de visualiser les yeux clos dans un espace sidéral et clos et pas seulement de voir, c’est la différence entre le Bolchoï et Le Ballet de l’Opéra de Paris, la différence entre un Horowitz et un Claudio Arrau ou une Clara Haskil, un Berliner Philharmoniker dirigé par un Herbert Van Karajan et un Simon Rattle, ou d’une œuvre de Verdi à la Scala sous la conduite du même maestro et celle-ci menée par un Barenboim.

 

Il arrive cependant que malgré la réunion au plus haut niveau de ces atomes impondérables qui est nécessaire pour passer de l’état de pièce musicale à celle d’œuvre d’art : des interprètes hors du commun, une cadence parfaite, vous ouvrant le chemin vers la plénitude, si vous êtes pas dans l’osmose de cette communion avec la création de l’auteur, alors cette pièce restera pour vous un morceau de virtuoses, juste un rassemblement de gens hors du commun, d’un moment de délassement, voyage intérieur, d’intensité profonde.

 

L’art peut prendre le meilleur, ce n’est pas la garantie de ne pas être une série B si les comportements opèrent de la même façon, manière que l’huile qui ne se mélange jamais à l’eau, elle se dispersera pour se regrouper, aussi l’osmose, cette mayonnaise excusez le terme ne prendra pas, si elle prend entre le chef d’orchestre et l’orchestre, les acteurs (chanteurs) peuvent avoir des ratés, les chœurs peuvent ne pas être présents, la mayonnaise avait prise à Salzbourg en 1987 avec Don Giovanni de Mozart, le public en fut partie prenante.

 

Il y a des sommets où le rythme est parfait, il est à l’unisson avec la terre, son environnement, l’infini et l’univers ; la notion de temps devient aléatoire, dépassée, la perception proprement dite est transpercée par les sentiments et les ressentis émotionnels.

 

C’est ainsi qu’une Hélène Grimaud arrive à être cet astre luisant au firmament, cette comète intersidérale où chacun, chacune peut devenir un atome de la queue de cette comète, alors tout est possible… Cette communion donnée par un rythme parfait, en parfaite harmonie, osmose avec tous les éléments, la terre, le théâtre, la musique, la mise en scène, l’auditoire et la liste est encore incomplète est une chose rare et pourtant accessible à un nombre insoupçonné de personnes, pas limitées, et cela contrairement aux apparences, il suffit de le désirer, d’être dans l’effort de l’abandon de soi. En effet, nous avons évoqué là le rythme parfait d’une transcendance permise par l’art musical dans toute sa plénitude, mais ce rythme qui a été généré est accessible à tout le monde.

 

Restons dans ce monde de la musique et prenons un exemple, un simple morceau de Mozart (le concerto No 23 pour piano) que cela soit en audition sur une chaîne Hi-Fi ou en tant que spectateur attentif d’un DVD du ballet chorégraphié par Angelin Preljocaj ou avoir eu le privilège d’être un spectateur dans la salle de l’Opéra de Paris lors de la mise en œuvre de celui-ci, vous aurez ainsi l’occasion de communier avec le compositeur et les danseurs, vous serez transportés par les émotions aux frontières de l’infiniment beau.

La différence entre la musique dite contemporaine et la musique classique est la conséquence d’un facteur sans appel : plus on s’éloigne de ce que je nomme « l’art » plus grande sera la difficulté de toucher l’âme.

 

Il faut toujours être proche de la nature et de la terre afin de faire ressentir à l’autre son ressenti. La difficulté sera en fonction de la superficialité dans laquelle seront notre existence et notre environnement. Si le Blues permet encore l’accessibilité aux sentiments, il fera encore la jonction entre les éléments naturels et l’être humain, les musiques modernes et même quelques morceaux dits classiques vous entraîneront dans une agitation, une frénésie voire une hystérie sans unisson avec votre âme et la nature.

 

Le rock, lui, vous emmènera à travers une cadence et un tempo vers une transe corporelle, le plus souvent collective. Je reviens vers cette création de Mozart, elle dépasse tous les qualificatifs… Elle est soutenue dans l’image par la mise en scène et la chorégraphie de Preljocaj, il en va de même pour la 9e Symphonie de Beethoven mise en ballet par Maurice Béjart, il y a dans ces œuvres un partage de sentiments presque insoutenable. La sensibilité, la passion, le rythme parfait, l’émotion, l’accession à la plus pure des spiritualités, tout est présent et tout est transmis.

 

Ces chorégraphies se démarquent des agitations actuelles qui ont soi-disant un rythme, celui-ci me semble cacophonique ou inachevé, avec un tempo raté, il y manque une structure et une âme, éléments essentiels d’une œuvre d’art et vitaux à l’art de la vie.

 

Elles ne permettent pas malgré une agitation pouvant aller jusqu’à une frénésie sans aucun fondement d’apporter une émotion quelconque. Le rythme étant le grand absent, avec son complémentaire la structure, il n’y a pas d’état d’âme. Lorsque le rythme est présent, lorsque la mélodie est à l’unisson, lorsque le geste recherche la beauté, l’expression de l’âme, lorsque l’attitude ouvre la porte à de possibles sentiments l’art est présent, le temps devient perfection. Il permettra au spectateur-auditeur, au public attentionné et attentif d’avoir accès à l’infini. Il peut même visionner la création sur un support moderne (DVD) ou une belle retransmission via la télévision, l’émotion pourra être présente lorsque tous les facteurs nécessaires à l’émotion sont réunis.

 

Il faut pour atteindre le rythme parfait, ce qui correspond à une espèce de clef pour faire tourner le pêne de la mélodie et avoir accès à la perfection, celle-ci est quasi inaccessible dans notre monde, les individus n’étant plus capables d’un dépassement de soi.

 

Pourtant il est extrêmement agréable de pouvoir accéder au rythme parfait, à ce cadencement, ce bercement qui vous transporte, emporte autre part qu’en des lieux courants, habituels et matériels. Ces lieux qui nous sont connus et sans spiritualité, justement là où nous désirons aller, sont des endroits pleins de plénitude qui ne sont pas nécessairement fréquentés par d’autres et où l’on se trouve face à soi-même.

 

Toute la société moderne nous met en avant le rythme effréné donné par notre mode de civilisation, avec l’impossibilité mise en avant de tout réaliser et d’avoir la possibilité de céder un syndrome du burn-out, cette maladie du siècle dont la genèse est anglo-saxonne (USA et Royaume-Uni).

La question à se poser individuellement et également de manière collective : sommes-nous dans le bon rythme ? Que signifie le bon rythme ? C’est l’accomplissement d’un acte : dans le temps, dans l’espace sans anicroches et sans provoquer des dommages collatéraux, dans tous les genres, qu’ils soient d’ordre culturel, sociétal, industriel ou voire politique, mais de manière parfaite à l’unisson avec l’éventuel partenaire, voire le futur. Il est vrai que l’on nous soutient sans cesse : que le but est de vaincre, d’être le meilleur, d’avoir la première place ; il faut juste voir comment on l’obtient, avec quelles armes, la collaboration ou la domination, avec une vue à l’identique ou à l’opposé. Je suis obligé de revenir à la musique, comment ne pas s’échapper avec le concours d’un chanteur d’opéra sur un air de Verdi, l’accompagner, retenir son souffle. Selon l’exécution d’un mouvement d’une symphonie être en communion avec le compositeur et l’auditoire (si dans une salle de concert), d’être sous l’effet de la mélodie qui agit tel un euphorisant avec une addition de multiples combinaisons qui mises ensemble font et créent un rythme perceptible et parfait.

 

Il agit et est ressenti au tréfonds de nous-mêmes. Cela peut aller jusqu’aux larmes, à l’exaltation et l’on peut cohabiter avec le rythme. Cependant, il faut vous préciser que ce sont toutes les sortes de musique : instrumentale, d’opéra, de chorégraphie, cela me fait repenser vers vous avec un ballet déjà cité que j’eus le bonheur de voir en présentiel à l’Opéra Garnier et visionné des dizaines de fois via les moyens modernes, en présence de mon épouse ancienne danseuse ; juste dans l’année de sa création. Ce ballet est un hommage à tous les rythmes, au rythme, à ce bel art : la danse soutenue par la mélodie, un hommage au corps de ballet, aux danseuses et danseurs étoiles, sans omettre l’orchestre et sa musique.

 

Pour le chorégraphe, il s’agit de « Rudolf Noureev », pour l’œuvre c’est son ultime chef-d’œuvre : « La Bayadère », une mise à jour selon lui de ce ballet mis à l’écart durant des décennies dans sa version originale, il a désiré le faire renaître, il y avait juste quelques passages, scènes qui étaient interprétés par les ballets russes lors de leurs passages à l’ouest ! cela fut le cas en 1961 lors de sa sécession personnelle avec le Kirov, le ballet était réduit à 3 actes à la place des actes prévus à l’origine…

 

Rudolf Noureev dirigea, mena, corrigea et créa sa version chorégraphique depuis un fauteuil ou une méridienne après avoir cherché les documents d’origine avec l’accord du Kremlin et les remit dans l’ordre, il était lors du montage, de la mise en scène, de la correction des danseurs et du corps de ballet dans l’impossibilité de se mouvoir comme il le souhaitait du fait de sa maladie, il eut des collaborateurs qui furent plus qu’assidus pour la mise en œuvre et il obtint de tous, du corps de ballet, des solistes, des étoiles, des répétiteurs, de l’orchestre et des gens du plateau, une collaboration qui a dépassé l’imaginable. Le résultat fut au-delà de toutes les espérances, il avait réalisé un ballet tel qu’il le concevait et dont la consécration était au rendez-vous, c’était une œuvre d’Art, qui appartenait au monde déjà féérique de la danse. Pour avoir eu la chance de côtoyer pendant un laps de temps assez long les danseuses et danseurs étoiles de l’Opéra qui durant nos échanges de paroles me firent part de la sévérité, de l’autorité, de son exigence et de la satisfaction de toutes et tous quand le niveau de la perfection voulue était atteint, eh oui, cela est réalisable. Ce Zénith est à ranger aux côtés du Don Giovanni de Mozart avec Karajan en 1987 et du ballet « Le Parc » également sur une musique de Mozart dansé par le même corps de ballet.