Le bon sens - Jean-Marie Meyer - E-Book

Le bon sens E-Book

Jean-Marie Meyer

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« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. ». Ces mots sont ceux de Descartes dans le Discours de la méthode

À nous d’essayer de nous faire une opinion…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ancien cadre dirigeant numéro deux dans une entreprise textile française, Jean-Marie Meyer a énormément voyagé en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Ses différents déplacements d’affaires lui ont ainsi permis de faire des rencontres extraordinaires et de connaître de multiples cultures sur lesquelles se fondent ses pensées.

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Jean-Marie Meyer

Le bon sens

Essai

© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Meyer

ISBN : 979-10-377-6473-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Tranches de vie d’un directeur commercial libre qui a passé une grande partie de sa vie à se fixer et relever des challenges réputés inaccessibles à un Français moyen de la deuxième partie du XXème siècle. C’est l’histoire de l’orgueil européen concomitamment au passage de la C.E.E. à l’Union européenne.

Pratiquement sans s’en rendre compte l’on glisse du téléphone fixe au télex puis au fax pour finir par le mail et internet.

L’exigence de cette « révolte » reste toutefois bien loin d’une révolution, au contraire elle prend en compte à chaque instant les différentes évolutions que la fin du XXème a connues avec ses accélérations constantes, mais aussi ses coups de frein brutaux.

Au travers de ses pérégrinations, JMM (c’était la façon d’identifier les cadres) nous emmène dans sa quête de marchés nouveaux, à conquérir la plupart du temps avec l’obligation pour lui d’expliquer et de justifier les us et coutumes de chaque nation, parfois à des années-lumière des habitudes françaises.

« Les pieds sur terre, oui, mais sur toute la terre. » (Christian Laffont)

Tous nous habitons une certaine contrée. Par suite, que nous le voulions ou non, l’environnement naturel de cette contrée nous « entoure ». Voilà qui ne fait pas de doute pour le sens commun. De là vient qu’on examine habituellement cet environnement naturel en tant que phénomène de la nature de diverses sortes, et qu’on s’interroge aussi sur l’influence que ceux-ci exercent sur « nous ».

Tantôt sur nous, en tant qu’objets de la biologie ou de la physiologie, tantôt sur nous en tant qu’agissant effectivement, comme la fondation d’un État. Cela comprend des relations complexes au point d’exiger pour chacune des recherches spécialisées.

Mais ce qui nous fait problème, c’est de savoir s’il convient effectivement de considérer le milieu, en tant que réalité quotidienne directe, comme un ensemble de phénomènes naturels, « tels quels ».

Watsuji Tetsurô

Prologue

Pendant près de quarante ans j’ai consacré ma vie professionnelle à la négociation, l’habillement de population mondiale entière en fonction de la mode, du lieu, du segment de marché concerné.

Via une longue incursion dans notre planète avec un bout de marketing, d’économie et de sociologie (psychologie comprise) j’essayai de voir et comprendre les humains.

Cette période m’a appris que pour réussir et être utile il faut assimiler, accepter les décalages existants entre individus sur la planète, c’est la sagesse des conventions confrontées à la réalité.

La différence, tellement décriée est une véritable richesse, la différence venant de la terre et des hommes, peut être le ciment d’une unité sincère où le puzzle se complète et finit dans tous les domaines avec un bon sens qui me fascinera jusqu’au bout.

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense, en être si bien pourvu, que ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils ont. »

Ce sont les mots de Descartes dans le discours de la méthode. Pourtant en ce début de décennie du 21ème siècle, le bon sens malgré son universalité semble faire partie des « abonnés absents » alors que tout notre système repose sur la pensée.

Déjà chez les Grecs puis chez les Romains, certains prônèrent l’hédonisme et des auteurs, des penseurs contemporains leur emboîtèrent le pas.

Fervent lecteur et admirateur de Camus, je relisais récemment « L’homme Révolté », je suis resté scotché sur l’introduction, il y a une vérité qui en sort de manière flagrante, si Camus parle des hommes, de la révolte, de l’absurde, du comportement vis-à-vis de l’individu, de la tribu, du clan, de la civilisation, de ce que fait l’un à l’autre, si nous reprenons le texte et l’appliquons de manière sommaire à notre belle nouvelle science qui n’est qu’une technique comptable mise en avant afin de pouvoir donner des titres à ceux qui passent simplement de comptable à « Expert » alors qu’ils ne savent rien et peuvent rien sauf spéculer à partir de l’avidité humaine, du moins faire en gagnant plus, du plus paraître afin d’être le leader de sa classe, hélas piètre but.

Nous allons essayer de jeter un regard, un œil, ouvrir une lucarne sur ce bon sens universel qui nous est acquis et qui fait malheureusement défaut aussi de façon universelle.

Ce bon sens est au départ l’instinct animal pour ne pas dire humain du vécu de nos aïeux, de leurs passés, de leurs savoirs, de leurs connaissances, sans aucunement omettre leurs échecs, leurs erreurs.

Cela devient un vaste chantier qui du fait de son énormité nous laisse apparaître le pourquoi de l’absence du bon sens.

Aujourd’hui il y a âpres discussions sur la prise en compte du passé dans les montages éducationnels de notre civilisation occidentale. Il y a péril en la demeure, notre système éducatif est mis à mal par les pays asiatiques, que cela soit en lecture (littérature), mathématiques ou sciences.

En étant terre à terre ou pragmatiques, les mieux éduqués sont globalement, avec une croissance de la connaissance dans ces pays, les civilisations asiatiques qui dameront le pion à l’occident.

Mais revenons à l’Empire du Milieu, il y a des siècles.

Il y a deux poids, deux mesures dans notre civilisation globale actuelle, ce que malheureusement Galbraith avait présumé, il y a les accumulateurs et le troupeau ; qui lui est séparé en deux ; ceux qui peuvent dépenser et ceux qui ne peuvent même pas subvenir à leurs nécessités.

C’est avec une pensée de Victor Hugo que nous allons entamer appelons cela notre voyage dans le train du « Bon Sens ».

C’est un très long trajet, identique à l’Orient Express ou le Transsibérien, les paysages et les gens vont changer, ne parlons pas des civilisations, cependant cette notion, valeur, elle semble tellement claire, alors pourquoi en débattre, elle aussi est sujette à la relativité civilisationnelle contemporaine.

Il faut ajouter à cette situation historique, l’actuel, c’est-à-dire je vous donne un exemple : les musulmans d’Europe tout comme les Mexicains américains sont enclins à bifurquer vers la construction d’identités séparées. Ils sont donc prêts à dévoyer les pays occidentaux (Samuel P. Huntington). Sur ce point je le rejoins entièrement lorsque l’on voit les prises de position en Allemagne ou en France par rapport à l’Islam, hélas nous manquons d’un leader, où sont les « de Gaulle ou Churchill ».

Il y a une forme de désengagement, c’est l’autre, c’est pas mon problème ou choix, c’est chacun dans son chez-soi, nulle part ailleurs afin de pouvoir se dire : que je suis bien chez moi. De cette manière avec des non-prises de position ou des retraits inopportuns nous plaçons la civilisation occidentale dans une position de vulnérabilité, obérons sa capacité de défense par négligence de sa propre incohérence, de son excès de timidité, d’affirmation de soi, de la mise en avant de son identité à tous les étages ; cela en dépit du bon sens.

Le sujet est vaste, il amène également autant de contradictions que d’affirmations. Mais allons faire un petit tour dans notre histoire récente qu’il est impératif de ne pas rejeter mais de prendre en compte.

Nous allons tout au long de l’ouvrage voyager, analyser essayer de comprendre les populations des continents habités.

Je viens d’être surpris par la lecture d’un article d’un journal réputé qui nous informe du classement de la France et autres pays dans le système PISA, j’ai jeté donc à l’occasion un œil très curieux, il est alarmant à tous les niveaux, premièrement c’est l’Asie qui caracole en tête, nous autres nous situons entre la 20ème et 30ème place, juste la Finlande et l’Estonie parviennent, arrivent à s’accrocher au peloton de tête.

Mais je mets un bémol, l’éducation finlandaise copiée par sa voisine estonienne ne prône pas l’excellence mais le savoir minimum, je dirai la note « Assez Bien » pour passer en sachant, ce qui peut correspondre à un vouloir de moyenne très bien vue par les institutions dominantes, mais cela est un autre débat. Il faut retenir que l’élitisme se fabrique, est toujours de source occidentale. Ce sont des îlots au milieu d’un océan, le problème est que la masse en Occident est ignorante et le devient de plus en plus ; c’est la crétinisation.

C’est le péril de la situation actuelle.

Victor Hugo pour le citer disait :

« L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau confus des multitudes. »

Restons sur l’éducation, il faut admettre que pour apprendre il faut être :

- attentif ;

- respectueux ;

- curieux.

Ces trois cas de figure sont absents de nos jours alors que dans la lointaine Asie ces trois critères sont extrêmement présents.

Nous avons en Occident une élite unique, créatrice malheureusement de notre déclin car elle ne tient aucunement compte de l’historique, du savoir et de la connaissance accumulée.

Comment être en phase avec la connaissance, le savoir, le respect si cette élite elle-même ne respecte aucune valeur fondamentale ?

L’individu est inexistant, c’est juste un modèle qu’il faut faire bouger dans le sens voulu et si l’éducation est notée, c’est toujours le même modèle qui est appliqué. C’est celui issu des universités américaines connues, la grande différence à la place d’avoir un schéma réduit à quelques dizaines de pages il se trouve maintenant dans un centre de calculs.

Notre mode de penser est extrêmement mal orienté, et il va de soi que ce n’est pas par hasard. Un des anciens, des plus grands économistes « rebelle » de notre siècle, observe que :

- Les idées des économistes et philosophes politiques, qu’ils aient tort ou raison, sont plus puissantes qu’on ne l’admet communément ;

- En vérité presque rien d’autre ne mène le monde.

Mais repartons au début du siècle, du XXème. Les populations viennent de s’affronter, une paix est installée, celle-ci est tronquée par l’origine même des traités de paix, car ces traités sont certes le paiement de la défaite aux vainqueurs, mais il n’est nullement à aucun instant projeté la conséquence psychologique et philosophique sur les nations vaincues.

Nous pouvons essayer de chercher un brin de bon sens il n’apparaît nulle part, juste en mis en avant la part du vainqueur. La course à l’hégémonie est engagée.

Tous les moyens sont mis en œuvre. Le découpage de la planète se fait en fonction des intérêts présents, et l’on restera sur ce schéma qui engendrera la deuxième catastrophe, sans oublier les crises qui surgiront dans l’entre-deux-guerres.

Nous allons pendant des décennies vivre en deux blocs : l’est et l’ouest avec toutes les ramifications imaginables. La domination du monde par ces deux blocs amènera les nations, les peuples, les civilisations à s’apparenter à l’un d’eux.

Ceci dans certains cas malgré et contre la volonté des individus concernés.

Il ne faut pas oublier le découpage du Moyen-Orient, la naissance de deux républiques : le Liban et la Syrie, l’effondrement de l’Empire ottoman allié de Berlin, la création d’Israël, le découpage de la péninsule arabique (traité Sykes-Picot) en dépit du bon sens, la prise de possession du sous-sol pour cause de pétrole par les Américains, je vous livre tout cela pêle-mêle sans ordre chronologique et comme vous pouvez le constater aujourd’hui les conséquences et résultats sont là.

Nos anciens ont ainsi conçu un monde à deux pôles avec un appendice cajolé par les deux : les territoires pétrolifères.

Cependant peu d’experts avaient prévu l’apparition du troisième pôle qui déséquilibrera le tout. : la Chine. (sauf Alain Peyrefitte :

« Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera », édité en 1973.)

En bref voilà la topographie des civilisations avec lesquelles, nous allons nous être dans l’obligation de vivre, de les côtoyer, bref ce sont des éléments inséparables, indissociables de notre environnement planétaire.

Il en va de même pour le bon sens, ou sens commun, chaque individu, chaque famille, chaque tribu, chaque clan, chaque nation génère un sens commun, avec par-dessus cela une chape de religion qui couronne le tout.

Quel mot faut-il employer pour donner une signification aux décennies passées et à venir, ou pardon quel mot est absent du vocabulaire contemporain.

Nous allons passer successivement du bon sens américain, le plus récent, puis au bon sens européen pour continuer par le bon sens asiatique le plus ancien et finir par la vieille Europe.

En termes d’espace-temps le plus ancien est l’asiatique, il remonte au-delà de Confucius. L’européen, lui, fait référence à la civilisation grecque puis romaine, quant à l’américaine, elle date de moins de trois siècles.

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L’espace américain

Dans ce chapitre il y aura une partie magistrale et une partie action, témoignage, vécu. Sans aucun a priori la valeur, la pensée, l’idée, la notion première est « L’économique ».

L’économique voilà l’esprit américain, les autres notions quelles qu’elles soient telle la politique, l’art, la culture ne sont que des outils, des moyens, des ustensiles pour parvenir à la possession, à la réalisation, en égarant la population, en la menant, la dirigeant de manière subliminale, il y a synonymie entre économie et nationalité.

Il faut absolument, impérativement que « l’économique » devance toutes les autres valeurs, en bref passe devant le reste, même si en regardant la façade de cette civilisation les autres notions apparaissent, étant totalement différentes, cela depuis la morale, la solidarité, l’art, la culture, le théâtre, la musique, le cinéma, tout est mis en œuvre pour dominer le monde, viser la banalisation des masses.

La pensée économique sortant de l’action de pionniers qui sera ensuite véhiculée de manière indéfectible par les universités et deviendra un modèle universel dont on ne pourra plus jamais sortir du système.

Cette pensée économique domine de manière insolente tout ce qui est imaginable : l’esprit, la politique, l’art, hier moins qu’aujourd’hui.

Les dirigeants, les leaders sont les économistes, cela en sous-main aussi bien dans les institutions privées et publiques, sans aucune tradition ni aristocratie, pour ne pas dire élégance ou hiérarchie.

L’économique interfère à tous les niveaux décisionnels, sans aucune prise de référence au passé, à l’histoire, ou à un historique quelconque. C’est une conduite permanente pour et vers le profit. Dans cet immense et vaste pays on réduit tout à la machine, même le paysan n’existe plus, il automatise, il mécanise, il robotise au maximum.

C’est la conduite systématique vers le profit.

Dans cet immense pays à la climatologie différente, aux civilisations ancestrales très différenciées, tout au fil de son évolution c’est réduit à une mécanisation à outrance, une automatisation maximum. Ils sont arrivés que le paysan soit lui-même un industriel qui recherche l’optimisation du moment. Il m’est arrivé de survoler maintes fois les plaines du Mid West, entre New York et San Francisco, il est vrai que cela incite à employer la machine.

Dans ce pays qui se situe à l’âge de l’adolescence en comparaison des états de la vieille Europe empreints de traditions plus que séculaires issues des civilisations grecque, romaine, donc avec un passé lourd d’existences.

Les Américains se bâtissent une morale de combat, de vigueur, dans leur langage de « Warrior » ils sont inévitablement dans la recherche permanente du profit à court et à la rigueur à moyen terme. Adolescente ! oui, elle l’est, si l’on compare l’âge de notre savoir, de notre culture aux leurs.

En effet si leur plus ancienne université remonte à 1638, c’est Harvard suivie de peu par Yale puis Princeton (respectivement 1701 et 1746) alors qu’en Europe le savoir était dispensé à Oxford depuis 1096 et à la Sorbonne depuis 1253.

Leurs éducations étaient, sont, bâties sur le jeu, l’aventure, la conquête, l’aller de l’avant sont des notions à intégrer et prioritaire. L’on construit sur l’éphémère avec une imagination qui ne voit pas plus loin qu’un match de boxe où l’on mise uniquement sur le combattant, le vainqueur.

Ce combat permanent, ce pugilat, cette confrontation, est mené avec une énergie qu’il est impossible de générer sur le vieux continent, sauf cas de force majeure ; car le passé, automatiquement, amène un frein, une appréhension, une insécurité à aller de l’avant.

Tout le travail, toute la science, toute la sociologie, toute la psychologie sont axés sur l’efficacité maximum, qui amène inévitablement à des standards tels la taylorisation, telle la mécanisation, telle l’automatisation, qui entraînent une diminution du besoin de main-d’œuvre spécialisée, la volonté étant d’extraire de toute existence mécanique ou humaine le maximum de rendement et d’efficacité.

Pour tous les occupants de cet immense territoire le sentiment patriotique ne vient pas de la terre, leur terre qu’ils ont sous domination, mais leurs forces intérieures toujours en activité, libérées par la machine, disposant de tout le nécessaire (autarcie).

Ils en oublient leurs propres individualités, ils luttent, se battent, sont toujours aux aguets, allant de droite à gauche ou inversement en fonction de la possibilité d’être le bénéficiaire final de l’action.

Cette nouvelle sorte de métaphysique s’organise, se met en place via les institutions, les universités, les lois, les états de l’union. Elle est récente, cette métaphysique en comparaison de celle subie depuis les temps ancestraux en Europe (Grèce, Rome, Moyen Âge, Renaissance, siècle des Lumières, quel enchaînement).

Juste un exemple de cette nouvelle forme de pensée, c’est dit par « Ford » : « Qu’il soit de Sing Sing ou de Harvard, tout ce qu’on lui demande, tout ce qu’on exige de lui, c’est qu’il est envie de travailler. »

Cela vous montre l’état d’esprit, le niveau de la morale, de la mutualité, de l’attente sociale de l’individu, sa valeur ; juste le job !

Un aparté : cela me ramène à Nike et son : « Just do it ».

Il est vrai que l’identité américaine est un mélange très récent des cultures anglo-saxonnes mixées dans un checker comme une base de cocktail avec quelques doigts de grec, d’hébreu, de hollandais, d’italien, d’espagnol, de slave, de basque, de scandinave pour relever le tout. Quelle mixture, difficile à prendre, cette boisson, cette nation de la différence, la mise en fédération doit aller à l’essentiel : c’est à dire à survivre, à être meilleur, à gagner, à rapporter de quoi dominer et chercher en générant le profit maximum.

Il est vrai que le français lui aussi est issu d’un mélange d’ibérique, latin, moyen-oriental, germanique, celte et saxon, scandinave et même mongol. Cela a commencé dans des temps reculés jusqu’à nos jours. Ce phénomène récent pour les États-Unis à exister et perdurer pendant des siècles avant d’être dans un moule identique à celui de toute l’Europe.

Revenons au début siècle dernier, pas besoin de se surcharger l’esprit en allant plus loin ou cela tournerait à l’aventure, nous nous comprenons, la conquête de l’Ouest, le Poney express, etc.

Arrêtons-nous à l’après-guerre : 1920 (première guerre mondiale).

Ces années furent dans un premier temps merveilleuses pour les USA. Les Britanniques et les Allemands (via leurs banques centrales) essayèrent d’assouplir, de faire plier les USA, qui via « la Federal Reserve » joua le jeu en jouant sur les taux d’intérêt, donc sur un argent plus facile, ce qui signifierait plus de prêts, davantage d’argent, ce geste sera à l’origine de la future crise de 1927/1929.

Un petit résumé de ce triste scénario vaut la peine d’être suivi et mis en évidence.

Dans les années 20, la bourse était est hausse.

La production industrielle également elle aussi augmentait, les salaires stagnaient, les agriculteurs peinaient, n’étaient pas à l’aise, juste les nouvelles technologies avaient le vent en poupe ! Un son de déjà entendu… En 1920 RCA était en tête des spéculations, elle bénéficiait du miracle électronique, mot encore inconnu à l’époque, on parlait de la fée électricité ! En même temps il y avait un développement parallèle et impressionnant de holdings et de sociétés financières dites de placement.

C’était une construction pyramidale de sociétés qui s’étaient constituées et qui plaçaient, investissaient, chacune d’entre elles dans une ou plusieurs sociétés qui elles-mêmes replaçaient les mêmes capitaux dans d’autres sociétés. Il y avait ainsi jusqu’à 5 à 7 étages ou superpositions dans l’édifice financier, les sociétés de ces superpositions vendaient, cédaient des actions ou obligations qui généraient des dividendes qui redescendaient (les dividendes) en cascade.

Voilà le scénario idéal lorsqu’il y avait profit. Mais lorsque le profit plongeait, les actions et les obligations épongeaient le capital des sociétés atteintes (sociétés de placement, d’investissements et de gestion), cela se passait généralement en une semaine, d’un montant magnifique elle pouvait arriver au néant (aussi bien en capital qu’au niveau du montant de l’action ou obligation).

Évènement qu’aucun « expert » de l’époque n’avait prévu. Le parfait scénario, le prototype emblématique de ce schéma fut Goldman et Sachs, sa période dorée débuta le 4 décembre 1928 et dura 11 mois. Goldman er Sachs valait au départ 100 millions de $ dont 90 % étaient vendus au public.

En février, Goldman et Sachs fusionnait avec Financial et Industrial Securitas Corporation ; le capital passait à 235 millions de $. Ils lancèrent la Shenandoah Corporation pour 102,5 millions de $, qui à son tour, elle, Shenandoah Corporation lança la Blue Bridge Corporation pour 142 millions de dollars ; qui elle-même réinvestit à son tour quelque 71,4 millions de $ dans une banque de la côte ouest et dans une autre société d’investissements. L’action fut émise à 17,5 $, puis elle grimpa à 36 $ pour finir à 0,50 $.

Pour la société mère ce fut pire, elle avait atteint les 222,5 $ l’action pour terminer deux ans après 1 à 2 $ ! le jour du jugement, ce fut le 24 octobre 1929…

Cet assemblage, véritable château de cartes, cet empilage de valeurs papier, perpétué, réitéré de nombreuses fois fut à l’origine du fameux Krach, de la Grande Dépression, seule la Russie tira l’épingle du jeu (mais selon des propos de Staline à Churchill : il y eut des temps très douloureux).

Cela mérite la projection, le parallèle avec les autres crises postérieures : par exemple la crise de 2008, même concept, même construction, seuls les moyens changeaient, les outils différents soi-disant plus fiables ! mais nous étions dans un reflet de miroir avec les mêmes erreurs, les mêmes convoitises, la même recherche de profit maximum en dépit du bon sens, ça y est le mot est lâché, il n’y a pas de bon sens chez les Américains.

Les obligations, les actions, ce sont des raids, des aventures voulues, qui peuvent mettre en péril une économie mondiale tout entière car tout était, et est aujourd’hui imbriqué telle une toile d’araignée.

J’ai retrouvé en fouillant dans mes archives du temps de mon temps universitaire les écrits de John Kenneth Galbraith relatifs à la CIA en 1961, je les transcris tels quels :

« Je puis dire qu’à mon arrivée en Inde au début de 1961, je fus profondément impressionné par l’absence de sagesse politique, les tendances aventurières et l’amateurisme des opérations de la CIA.

La morale chrétienne enseignée dans les universités puritaines a disparu à la CIA. où le permis de moralité fut abrogé, elle fut exemptée de toute éthique ».

Il y eut la baie des Cochons, la crise de Cuba et le Vietnam, de belles vérités, en réalité des entreprises mal instruites, mal menées, si Kennedy avait écouté les modérés, la crise aurait mal tourné, car ils préconisaient le pire.

Pour une fois le bon sens était du côté de la Présidence : des « Kennedy ». Cependant celui-ci, le bon sens, disparut lors de la guerre froide, dans la course aux armements avec l’abandon des peuples opprimés (en 1950/1951 le Tibet, en 1956 la Tchécoslovaquie entre 1979 et 1989 soutien de l’Afghanistan puis retrait…).

Mais revenons aux Américains de base, selon Tocqueville la contrainte sociale n’est pas l’autorité du social, la contrainte collective peut s’exercer de l’intérieur, cela amène des propos incisifs sur eux-mêmes.

« Les habitants des États-Unis parlent beaucoup de leur amour pour la patrie. J’avoue que je ne me fie point à ce patriotisme réfléchi qui se fonde sur l’intérêt et que sur l’intérêt, en changeant d’objet, peut détruire. »

Nous retrouvons dans le passé lointain, récent, comme dans le présent et pour le futur cette recherche permanente, ce volontarisme à accumuler des réussites. C’est un volontarisme qui de fait va entraîner l’individu américain vers un comportement à court terme et opportuniste, qui se traduira aussi bien sur l’individu confronté à un autre individu que sur le plan de la société civile ou commerciale et voire de la nation.

Nous allons donc faire de ces différents échelons notre parcours. Nous pourrons rester dans un cadre personnel pour les deux premières hypothèses ayant été témoin et ayant vécu ceux-ci.

Le premier exemple :

- J’avais fait connaissance sur le salon textile parisien du mois de février d’un chef de produit que nous nommerons Jo, il était en charge dans une collection de renom international (Liz Claiborne et toutes ses ramifications), des produits de dessus : nous parlons là de vestes et pantalons, jupes ; après avoir réalisé un travail je dirai collectif (lui et son équipe et moi), trouver les bons produits pour sa collection, la bonne vente pour moi, nous nous fixâmes rendez-vous à New York à l’occasion de mon prochain séjour américain.

Voilà, j’étais sur la 7ème (Broadway) devant un immeuble ayant plus de quarante étages devant moi, le bureau de Jo était au 35ème, il me reçut dans son office, de ce fait il me dévoilait ses secrets, que je ne pouvais ; impossible de ne pas les voir. Ils étaient épinglés sur des tableaux derrière son bureau, en face de moi, telle une exposition de tableaux dans une galerie contemporaine.

Là nous discutâmes de banalités, tels des potes, de tout de rien, concernant la profession, ma société, sa firme, ma collection, son calendrier de sortie de ses collections.