Deux ans en camping-car avec trois enfants - Pascale Leconte - E-Book

Deux ans en camping-car avec trois enfants E-Book

Pascale Leconte

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Beschreibung

10 jours pour changer de vie. 10 jours pour partir à l'aventure. 10 jours pour prendre la route. 10 jours pour réaliser un rêve de gosse. 10 jours pour vider la maison à Montpellier. 10 jours pour commencer l'instruction en famille avec nos enfants. 10 jours pour préparer la maison à roulettes : notre camping-car. 10 jours pour revoir les amis une dernière fois. 10 jours, ça va être bien court pour tout faire. Dans 10 jours, nous partons en famille vivre sur les routes du Monde. Après une année difficile, 2021 sera sous le signe du renouveau. Se réinventer régulièrement... Pour aller où ? Impossible de prévoir quoi que ce soit à part que nous y allons. Le plus loin possible mais surtout, sans trop se presser. Photos, illustrations et BD à la fin du livre !

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Veröffentlichungsjahr: 2024

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SOMMAIRE :

FRANCE

ESPAGNE

PORTUGAL

ESPAGNE

FRANCE

ITALIE

SLOVÉNIE

CROATIE

MONTÉNÉGRO

ALBANIE

GRÈCE

MACÉDOINE DU NORD

KOSOVO

MACÉDOINE DU NORD (Partie 2)

SERBIE

BULGARIE

TURQUIE

LIVRET GRAPHIQUE

FRANCE

Samedi 4 septembre 2021, MARTY :

10 jours pour changer de vie.

10 jours pour partir à l’aventure.

10 jours pour prendre la route.

10 jours pour réaliser un rêve de gosse.

10 jours pour vider la maison à Montpellier, la repeindre et faire quelques travaux.

10 jours pour commencer l’instruction en famille avec les enfants.

10 jours pour préparer la maison à roulettes : notre camping-car.

10 jours pour revoir les amis une dernière fois.

10 jours, ça va être bien court pour tout faire.

Dans 10 jours, je pars avec ma petite famille vivre sur les routes du Monde.

Après une année difficile, 2021 sera sous le signe du renouveau. Se réinventer régulièrement... Laisser son enfant intérieur s’exprimer…

Pour aller où ? Je n’en sais rien, impossible de prévoir quoi que ce soit à part qu’on y va. Le plus loin possible mais sans trop se presser. Camping-car acheté et en cours de préparation. Enfants retirés de l’école. Nous quittons notre maison.

Au programme, découvrir le monde ; rencontrer des gens ; voir les enfants grandir ; apprendre à mieux les connaître ; apprendre à mieux se connaître soi-même ; raconter des histoires ; dessiner des histoires ; dessiner le monde ; découvrir qu’il est beau ; découvrir que les humains sont beaux ; et découvrir une vue différente chaque jour depuis notre fenêtre. Je prends mon matériel de travail, je me fais un atelier et… À mes crayons !

Une dernière fête et puis go !

Go nomad. Go no-mad

Dimanche 26 septembre 2021, PASCALE :

Pyrénées orientales, côté français.

Nous étions partis vendredi 24, à la hâte, après avoir ENFIN vidé notre maison qui attend encore des locataires pour y vivre durant notre absence. En tant que propriétaires, dès le mois de juillet, nous avions fait appel à un agent immobilier pour trouver une famille ou une collocation d’amis qui souhaiteraient un lieu déjà meublé pour une seule année (et peut-être plus).

Nous avons rangé toutes nos affaires dans un box qu’on paie (140 €/mois) le temps du voyage. C’est cela qui n’en finissait pas… Nous étions pourtant dans cette maison montpelliéraine depuis sept ans seulement, mais avec nos trois enfants, il y avait quantité d’affaires !

J’avais passé toute l’année précédente à trier, ranger et revendre ce qui était devenu inutile sur Leboncoin et Vinted. Pourtant, il y avait encore tellement de choses à mettre en caisse, qu’un mois d’été n’a pas suffi. Je n’ose imaginer comment ce déménagement aurait été si je n’avais rien revendu… Car, au final, le box de 12 mètres carrés était plein à ras bord.

Concernant le jour de notre départ, nous avions deux impératifs à respecter :

Premièrement, partir avant le week-end afin de faire directement la route pour Sète et arriver avant l’heure de fermeture de la mairie où nous attendait la nouvelle carte d’identité de Miel, car l’ancienne allait bientôt expirer. Pourquoi Sète et non Montpellier ? Car le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous était bien trop long dans toutes les mairies de notre ville… Heureusement, il était possible de faire notre demande dans une autre ville, moins dense en population.

Et deuxièmement, nous partons si tôt dans l’année car le cousin de Marty se marie près de Lisbonne, le premier octobre !

Or il y a de la route jusque-là. Nous allons bâcler l’Espagne, pour arriver la veille du mariage. Du moins, à l’aller. Nous aurons plus de marge au retour, après la cérémonie.

Notre première nuit en camping-car se passa chez l’ami de Marty : Vincent Goudis (que nous appelons Goudis). C’est un marin qui navigue en voilier depuis toujours, il a écrit des livres passionnants dont Marty est fan, notamment « Bleu Sauvage ».

Il habite dans un port, près de Sète, où il a passé des mois à retaper son nouveau voilier. Pour lui, le grand départ approche aussi.

Il part avec sa compagne et une jeune femme qui va tenter l’aventure de traverser la mer à bord de ce voilier, pour atteindre La Réunion, où elle veut se rendre, tranquillement. Nous sommes arrivés au port de nuit et sommes repartis le matin. Pas de temps à perdre, nous faisons une course contre la montre pour être à l’heure au mariage de Pierre et Maria.

Le lendemain, nous avons retrouvé Joan avec qui j’ai vécu pendant quelques années lorsque j’avais vingt ans (j’en ai 44 actuellement). À l’époque, j’avais quitté Bruxelles pour habiter dans la montagne et suivi des cours par correspondance, via le CNED, afin d’obtenir un diplôme d’éleveur de brebis. C’était son projet de vie et moi, en tant qu’artiste, je ne comptais pas vivre de la vente de mes œuvres, aussi j’avais trouvé ce travail idéal.

Après quatre ans de relation amoureuse, nous avions rompu, ce qui avait mis un terme à ma vie pyrénéenne et je suis revenue à Bruxelles afin d’étudier l’Art à Saint Luc. C’est dans cette école que j’ai rencontré Marty. Nous vivons ensemble depuis vingt-et-un ans et nous avons trois enfants : Lullaby (13 ans), Miel (10) et Taïmoon (7).

Ainsi, j’avais déjà entendu parler du CNED en l’ayant moimême expérimenté pendant deux ans. Les trois enfants sont inscrits à ces cours par correspondance, une formation officiellement reconnue par l’état français.

Chacun à leur niveau. Lullaby (4ème, collège), Miel (CM2, élémentaire) et Taïmoon (CE1, élémentaire).

En vingt ans, nous avons régulièrement revu Joan et sa famille. Cette fois-ci, ils étaient sur notre chemin vers l’Espagne, cela nous faisait plaisir de leur rendre visite.

Nous avons donc garé le camping-car à Prades, village où il habite avec sa conjointe, et nous avons passé la soirée en leur compagnie. Pratique : nos lits nous attendaient dans le « Béluga », parqué juste à côté de chez eux.

Ah oui… Le Béluga est le nom que Marty a trouvé pour notre véhicule. Pourquoi ?

Car notre camping-car ressemble à cet animal marin avec sa couleur blanche et la capucine (la cabine du grand lit, située au-dessus du conducteur et de passager avant) qui lui fait une drôle de bosse sur le front.

Quand (et si) nous aurons le temps, Marty dessinera un béluga sur les deux faces extérieures de l’habitacle. Inutile de préciser que nous n’avons pas eu une minute pour réaliser cela avant notre départ.

D’autant plus que j’ai passé le mois d’août chez mes parents à Bruxelles, accompagnée de Miel (je suis belge et Marty est français). Pendant que Marty, lui, était en Normandie, avec Lullaby et Taïmoon, chez leurs grands-parents paternels.

C’est d’ailleurs durant ce mois que Manou, la mère de Marty, a pris le temps de coudre les rideaux et les nouvelles housses pour les fauteuils du camping-car. Quelle magnifique création sur mesure, avec les tissus de notre choix !! Elle a fait un travail remarquable qui donne un coup de neuf à ce « vieux » Béluga.

Le Béluga est notre premier camping-car ! Avant, nous n’avons eu qu’une Kangoo dont le coffre permettait d’installer un matelas deux places lorsque Marty devait faire de la route.

Trouver notre camping-car a été fastidieux… Car il nous fallait cinq ceintures de sécurité et cinq couchettes permanentes (c’était notre objectif) pour éviter de devoir tirer, plier, ranger chaque soir et chaque matin le lit de quelqu’un.

Bien sûr, ce serait un véhicule de seconde main, nous avions un budget de vingt-mille euros pour cela. Pas plus.

Marty a donc cherché pendant un long mois, il a dû traverser la France pour aller le récupérer dans le Nord du pays.

Nous l’avons donc réceptionné fin mai pour notre voyage en septembre.

Ainsi, nous n’avions jamais dormi dans un tel véhicule, et encore moins à cinq !

Ce serait donc une première pour toutes ces choses-là…

Le dimanche, nous avons quitté Prades pour monter à 1200 mètres d’altitude. C’est là que Jo et Marie-T, les parents de Joan, habitent. J’ai revu leur merveilleux potager avec ses innombrables fruits rouges, fraisiers et framboisiers, des plans de tomates, des arbres fruitiers, des salades, des citrouilles et des choux. Un peu plus en friche, il est vrai, qu’il y a vingt ans, dans mon souvenir, car ils sont moins présents et voyagent souvent maintenant que leurs enfants sont grands et ont quitté le logis familial.

Nous avons accompagné Jo lors de sa lecture en public des poèmes extraits de son recueil. Il a écrit plusieurs ouvrages.

Ce festival d’artisanat et d’art accueillait pas mal de monde. Posés dans la nature, nous l’avons écouté sous un soleil d’été. Ce fut vraiment sympa. Notre périple commençait en beauté. L’esprit humain s’élève grâce aux jolies paroles, aux beaux textes.

Nous sommes aussi allés nous baigner dans les sources d’eau chaude, au pied de la montagne. Je la connais bien, cette source brûlante qui se jette dans la rivière glacée. Quel régal ! Les enfants ont adoré.

Taïmoon a directement déclaré : « C’est le plus beau jour du voyage ! »… Nous n’étions partis que depuis deux jours !

Dans cette source, il n’y avait personne d’autre, peu de gens la fréquentent car elle est cachée.

ESPAGNE

Lundi 27 septembre 2021, MARTY :

Pyrénées espagnoles.

Jolie route conseillée par Jo Falieu (l’un des amis que nous venions voir chez lui, dans la montagne). C’est une belle vallée avec de grands paysages. Parfois même, ça peut faire penser au Grand Canyon.

Marty : Regarde Lullaby, on dirait le Grand Canyon !

Lullaby : Oui, mais en plus vert.

Pascale : Sous les herbes, la terre est rouge…

Lullaby est malade. Son otite, attrapée juste avant le départ, le dérange. Mais depuis qu’on roule en Espagne, il se sent mieux. Il s’amuse à regarder les nouveaux panneaux et les écritures en espagnol.

Lullaby : « Boucherie », c’est « Carni… quelque chose ».

Tous ces petits éléments qui changent dès qu’on passe une frontière, un trait imaginaire. Avec Pascale, nous avons des réflexions sur l’absurdité des frontières.

Marty : C’est étonnant qu’on change de langue dès qu’on franchit une ligne…

Nous faisons route vers Zaragoza. Je suis un peu excité car on va passer à côté du désert du « Nowhere » où j’ai été trois fois et Pascale, une fois, pour participer au festival du même nom. Mais cette fois-ci, le contexte est totalement différent : en famille et en camping-car. Finis les bandes de hippies, nous voilà avec des enfants.

L’Espagne, c’est grand. C’est immense et assez vide. La traversée des terres va être très longue. Une grande diagonale de Perpignan à Lisbonne en passant par Zaragoza et Madrid. Les enfants sont impatients d’être en Espagne car, pour eux, il s’agit d’une découverte. Pour Pascale et moi, la découverte, ce sera le Portugal.

La nuit dernière, nous l’avons passée juste après la frontière. Un super endroit nature et peu fréquenté. Avec une petite rivière, des chevaux dans un pré et un village en pierre sur le dessus. Jeux dans le courant de la rivière. Les enfants s’amusent à jeter des morceaux de bois qui dérivent et des ricochets sur la surface. Moi, j’ai la « chance » de m’occuper de laver la cassette des WC. La « cassette » est le nom que j’ai donné au bac réservoir de nos toilettes, que l’on doit vider régulièrement (nous n’y mettons ni papier ni produit). Pendant ce temps, Pascale est à la cueillette d’orties pour faire une soupe.

Pascale : Les enfants, il me faut deux beaux galets pour mettre dans la soupe.

Miel : On va manger des cailloux ?!

Pascale : Non, c’est pour broyer les orties pendant que l’eau bout.

Mardi 28 septembre 2021, MARTY :

MADRID. Le cœur de l’Espagne.

Je bois un soda en terrasse devant le Béluga garé dans une petite rue du centre-ville. Je suis seul et j’attends Pascale et les enfants qui sont partis pour un tour à pied dans les environs.

Je « garde » la casita roulante du coin de l’œil. De là où je suis, je vois tout ce qui approche, les curieux comme les guardias civiles. Si je me fais virer de là, je bougerai faire un tour avec le camping-car pour revenir au même point, une heure plus tard. Mais tout est calme dans cette rue. Pas trop de circulation, deux femmes papotent en terrasse, un couple de gays se tiennent par la main… Tout est très différent de l’Espagne rurale et désertique qu’on a pu voir jusqu’à présent.

Une grande ville vivante me fait du bien après deux jours de désert. Heureusement qu’en cette fin septembre, il ne fait pas trop chaud… Il fait même un peu frais, le soir.

Pascale n’a pas du tout été rassurée de s’arrêter en plein centre-ville. Elle est marquée par de mauvaises expériences en Espagne : sa mère s’est fait voler son sac à deux reprises, à Madrid, et le stress des ruelles trop étroites pour le véhicule dans les dédales de rues d’Andalousie, lorsqu’elle avait fait un road-trip avec une amie.

Là, notre arrivée était angoissante avec notre gros camion au milieu des bouchons de fin de journée. Des bus fous, des taxis nerveux, des autoroutes (autovia) urbaines, des avenues énormes à cinq voies de circulation, des policiers et des coups de Klaxons… De quoi angoisser.

Le but ? Traverser Madrid par la ville plutôt que de la contourner car il est frustrant de passer à côté des villes sans les voir. La veille, on a tracé sur la rocade de Zaragoza et j’avoue avoir été bien titillé d’aller y découvrir ses merveilles. C’est difficile pour les enfants de faire autant de route avec si peu de pauses et aucune visite.

Heureusement que nous nous rattrapons avec la beauté des paysages. Grandioses déserts et magnifiques lumières. Comme ce pays est beau ! Je suis sous le charme de la lumière du sud et de ses paysages arides. Les espagnols sont plus qu’adorables, ils sont chaleureux.

Lullaby : Pourquoi tracer à toute vitesse, au lieu de prendre son temps à chaque escale ? On a justement pris une année de congé pour ça !

Pascale : Car on est parti avec beaucoup de retard de Montpellier, le 24 au lieu du 15 prévu initialement, afin d’arriver à Lisbonne le vendredi premier octobre pour le mariage de Pierre et Maria. Alors, on rattrape notre retard en roulant plus de cinq heures par jour…

Toujours pas de locataire intéressé par notre maison, ce 27 septembre.

Mercredi 29 septembre 2021, MARTY :

Nuit passée dans un tout petit village très rural à une heure de Madrid. C’est la Mancha, le pays de Cervantes. Arrivés de nuit dans ce bourg, nous sommes accueillis par une fresque murale représentant Don Quichotte. Ça sera l’occasion de parler de ce personnage aux enfants qui ne le connaissent pas. Ici, tout semble vieux et pauvre. Les maisons, presque des ruines. Des briques à nues. Des rues défoncées. Pour se garer, on trouve un coin discret près des poubelles. Bonjour l’ambiance ! Mais toujours sous un arbre. Très important pour pouvoir bénéficier de l’ombrage le matin. Car il est rude de se faire réveiller par le cagnard.

De jour, tout semble différent. Tout aussi vétuste, mais plus vivant. Nous avons la vision idyllique d’un petit vieux qui passe lentement sur un vélo rouillé, tirant derrière lui deux chevaux.

Vite, Miel se jette sur son appareil photo ! Mais hélas, il était encore en mode vidéo de la veille.

… Ah la veille ! On s’est marré à Madrid, à faire des vidéos à la con. Nous étions bien peinards dans notre camping-car, à manger et boire dans ce petit salon confortable. Vautrés, les fenêtres ouvertes sur la vie qui passe. Miel s’amuse à interpeller les passants :

Miel : Ola !

Pascale : Mais Miel, arrête de déranger les gens…

Et pour la vidéo, Miel filmait depuis l’intérieur du Béluga, par la fenêtre du salon, et moi, dehors sur le trottoir, je faisais semblant de courir, puis de me casser la gueule et autres mimes débiles, comme dans le cadre d’un écran de cinéma. Ah ! On a bien rigolé !

Chance, c’est jour de marché dans notre petit village !

Un marché typique, sans touriste, aux petites échoppes de légumes sous un ombrage bas. Et dans la fontaine du village, une chose qui amuse beaucoup les enfants : de gros poissons qui nagent.

Ce soir, nous passons la frontière portugaise.

PORTUGAL

Mercredi 29 septembre 2021, MARTY (suite) :

Par les petites routes de montagne… que le paysage est beau.

On passe un pont qui enjambe un petit rio et nous sommes accueillis par un panneau de bienvenue au Portugal. Pas une âme qui vive. Pascale est au volant.

Qu’il est simple de passer les frontières par les routes !

Nous sommes non loin d’un joli lac où se tient lieu tous les deux ans un grand festival de musique : le « Boom Festival ». Nous n’y étions encore jamais allés, mais on en avait très envie. Nous avons préféré nous rendre au « Nowhere », en Espagne, car plus près et surtout dans la mentalité du « Festival Burning Man ».

Nous allons donc passer une nuit au bord de ce beau lac.

Juste avant le lac, nous découvrons un magnifique minuscule village de carte postale avec une vieille cathédrale en pierre.

Tout est parfait ici, les pierres bien arrangées, les vignes et les arbres fruitiers… Même les personnes âgées assises sur leurs bancs semblent sortir d’un cliché. Je pense à Astérix en Corse. Mais ce tableau idéal vire au drame ; les enfants sont choqués par le spectacle d’un gros chien martyrisant un minuscule chaton. Miel est en pleurs. Nous finissons par sauver le petit chaton. Ouf, ça se finit bien. Moi, ce qui m’a marqué, ce sont les petits vieux qui étaient à côté de nous et qui ne se sont absolument pas souciés du sort du chaton.

Nous prenons de plein fouet la rudesse de la vie à la campagne. Ici, le village regorge de chats. Si ça se trouve les habitants sont bien contents qu’il y en ait un de moins… J’explique à mes fils que les chats font de même avec les souris.

L’accès au lac est compliqué. Il faut prendre une piste de terre pendant un long moment. Quelle déception ! Au bout d’un chemin difficile d’accès, nous arrivons devant une grille. On ne peut pas aller plus loin. L’endroit que j’avais repéré sur « Maps » et là où se déroule le « Boom Festival » est un terrain privé.

Je ne sais pas trop ce qui se passe derrière la clôture mais ça m’a l’air d’être une sorte de communauté, peut-être un écovillage ou un truc « hippies » : barbe, cheveux longs ou dreadlocks, pieds nus… Des blonds, plutôt nordiques. C’est étonnant de voir des hippies vikings au milieu des vieux portugais. D’ailleurs, on remarque quelques habitats alternatifs, des yourtes, cabanes, caravanes… Plus loin sur notre route, d’autres yourtes. Il y a toute une population altermondialiste par ici. D’ailleurs les paysages sont tellement beaux et le climat si bon que ça donne aussi envie d’y poser une tente. Après la vie nomade, nous avons bien envie de nous trouver un petit lopin de terre, d’y poser le Béluga, d’y monter une yourte, d’y planter des arbres fruitiers et des légumes… Bref, chaque chose en son temps. Je me concentre sur la route et le voyage mais j’ouvre les yeux sur tous ces endroits où il serait bien agréable de se poser un jour.

Jeudi 30 septembre 2021, MARTY :

Nous avons fini par trouver un accès au lac.

C’est paradisiaque d’être sous les étoiles, au bord d’un grand lac calme qui scintille de mille reflets. Je suis absolument sous le charme de cette vie plus proche de la nature.

Au matin, nous découvrons sur les berges une petite paillote bar bricolée de bric et de broc. Avec sa jolie salle de restauration qui surplombe la plage et la rive. Beaucoup de kerns érigés sur les bords du lac. Le soir, il y avait une petite lumière, un type y habitait, sans doute le gérant. Je me dis que ce gars a le plus beau métier du monde. Nul besoin de faire de grandes études pour être heureux. « Au contraire même », me répond Pascale.

La vie semble plus douce dans une paillote au bord de l’eau que dans le bureau d’une entreprise.

Au réveil, Taïmoon, Miel et moi allons nous baigner.

Miel : Elle est bonne. Elle est super bonne !

Nous sommes fin septembre et nous avons l’impression d’être en été. C’est peut-être même plus agréable ici en septembre, octobre qu’en juillet, août.

Nous prenons du temps au lac. Miel fait la vaisselle dans l’eau (sans savon). Mais toute chose a une fin et en ce moment, notre temps est compté. Demain, mon cousin se marie à côté de Lisbonne. Nous avons encore de la route à faire. C’est dur pour Taïmoon qui trouve qu’on roule trop et qu’on ne fait pas assez de pauses. Et c’est vrai que ce début de voyage se fait sur les chapeaux de roues, pressés que nous sommes par ce mariage où nous avons envie d’être présents.

Il nous faut dépasser Lisboa pour aller jusqu’à Guincho, but premier de notre voyage. Guincho, très beau, enfin du peu de photos que j’ai pu en voir sur internet.

Praia de Guincho, c’est la pointe de Lisbonne, une plage. J’ai hâte d’aller me baigner dans les eaux de l’Atlantique, ou plutôt d’essayer de m’y baigner car je les pense froides, de réputation.

La route est très chaude. Pascale me relaie au volant et j’en profite pour écrire ces lignes. Il fait bien plus chaud que dans le désert espagnol. Trente-cinq degrés, ici, au Portugal, contre trente, en Espagne. Le manque de clim dans le véhicule se fait sentir. Mais ça reste supportable. On refait souvent le plein d’eau car à cinq, nous buvons beaucoup. Les garçons vivent en short. Ils ont fait tomber T-shirt et chaussettes.

Nous découvrons qu'il y a une heure en moins au Portugal. Je ne me suis pas du tout renseigné avant de partir, tellement nous étions « à l’arrache »…

Lullaby est un peu plus en forme. Depuis le début, il est patraque à cause d’une otite qu’il a chopée juste avant le départ. « C’est classique, en cette période d’entre-saison », lui a dit le docteur à Montpellier. Son mal d’oreille l’a rendu ronchonchon pendant les trois jours d’Espagne. Dommage pour lui qui se fait une joie de découvrir l’Espagne et le Portugal. Je remarque qu’il est de plus en plus comme son père, à savoir : pas du matin ! Ah ah !

Mais là, il a retrouvé sa forme et sa joie. Youpi !!

Le docteur de Montpellier lui avait prescrit sept jours d’antibiotique, ce qu’on a fait et, étonnement, il avait toujours super mal, à la fin du traitement. Du coup, Pascale a utilisé une teinture-mère d’echinacea et de la gelée royale. En deux jours, plus aucune trace de douleur. C’était vraiment efficace. Lullaby peut maintenant réellement profiter du voyage.

Jeudi 30 septembre 2021, MIEL :

Bonjour, je m’appelle Miel, je vais vous raconter le début du voyage.

On habite en France, à Montpellier et j’ai un grand frère (14 ans) et un petit frère (8 ans).

Ma mère est écrivain, elle a écrit environ quatorze livres. Et mon père est dessinateur professionnel, il fait des carnets de voyage des paysages qu’on voit, c’est trop beau !

Quand papa était enfant, il a toujours voulu faire un voyage en camping-car, d’un an au moins.

Un an avant qu’on parte, il commençait déjà à regarder des annonces de camping-car, les prix en seconde main et les modèles différents.

On est pas parti plus tôt car c’était difficile de trouver, surtout en période de covid où tout le monde voulait partir de la France…

Et quand il en trouvait un bien, il n’était plus disponible trois jours après car il y avait beaucoup d’acheteurs.

Une petite difficulté en plus : il voulait une capucine pour les parents et trois lits fixes pour les enfants ! C’était très rare.

Même qu’on a pas vraiment trouvé, mais on a remplacé la banquette du salon en lit pour Taïmoon mon petit frère et on a mis un rideau.

Donc, c’est en juin 2021 qu’il a enfin trouvé et acheté son premier camping-car !

Un peu fièrement, je l’ai fait visiter à tous mes copains.

Je vais pas vous mentir, au début, je me suis dit : « Comment peut-on vivre à cinq personnes dans sept mètres de longueur, deux de largeur et trois de hauteur, pendant toute une année ? »

Et avant qu’on achète le camping-car, je peux vous dire que maman voulait encore repousser le départ d’une année… Bon, sautons ce moment.

Au début, c’était sûr que Taïmoon allait dans le lit/banquette. Mais après, il restait à voir pour Lullaby (mon grand frère) et moi.

Mon Papa a dit, la couchette qui aura la plus grande hauteur sera pour le grand. Je me suis dit : « Bon, à coup sûr, c’était en haut. Eh ben, raté : c’était en bas ! »

Je me suis réjoui car je voulais être en haut !

Le seul truc qui me branchait vraiment était que j’arrêtais

l’école et on ne travaillerait pas pendant une année !

Jusqu’au jour où maman a dit :

– C’est bon Marty (c’est mon père), j’ai inscrit les trois enfants au CNED !

Dans ma tête, je pensais bien que c’était une école par correspondance, mais je voulais être sûr de la réponse, j’ai quand même demandé :

– C’est quoi le CNED ?

Pour mon plus grand malheur, Maman a dit : c’est une école par correspondance.

Elle a aussi dit, il y a huit livrets et chaque livret contient l’équivalant d’un mois de travail.

Et le dernier truc énervant : les évaluations.

Pour être sûr qu’on ne triche pas et qu’on travaille bien, le CNED met une évaluation par mois. Ce sont les mêmes exercices que ceux appris dans le livret.

Si je lis bien le livret du mois, j’allais normalement bien répondre aux questions de l’évaluation. À chaque évaluation, il y a toutes les matières. Sauf l’anglais qui était en bonus.

J’ai décidé de prendre cette langue, surtout en voyage.

C’était huit évaluations d’anglais, en plus, pour toute l’année.

Juste avant le départ en octobre, j’ai quitté mon école et mes amis. J’allais donc les retrouver au collège.

J’allais dire au revoir à mes amis à l’école. Mon petit frère et mon père m’ont accompagné. On avait demandé à la directrice si je pouvais venir faire une présentation du voyage qu’on allait faire cette année. Elle a dit « Oui, bien sûr ».

Donc nous sommes allés expliquer notre projet à deux classes. Car on avait pas le temps de faire toutes les classes.

Il y a une question que je me posais : « Mais alors qui gardera notre maison pendant notre absence ? »

En plus, notre piscine sera sale et notre abricotier, notre oranger, le citronnier, l’avocatier, nos framboisiers, notre rhubarbe, notre Aloe Vera (un cactus), nos mûriers et le figuier seront morts…

Et surtout la poussière dans la maison !

Maman m’a tout de suite répondu :

– T’inquiète pas, on va la louer. On a déjà posté l’annonce pour louer cette maison meublée pendant un an.

– Ouf, on pourra regoûter tous nos bons fruits quand on rentrera ! J’espère qu’ils ne vont pas casser nos livres et nos jouets…

– Ah, on a aussi réfléchi à ça : on va tout ranger dans des caisses et les mettre dans une pièce (un box) qu’on louera pendant un an.

Notre camping-car s'appelle le Béluga grâce à sa capucine blanche, on dirait sa bosse. Et que l'animal Béluga fait aussi sept mètres de long.

On est enfin parti fin septembre et on a tracé l’Espagne en passant par les Pyrénées pour voir des amis et parce qu’il y avait une source d’eau chaude dans laquelle on s’est baigné.

Elle était juste à côté d’une rivière glacée mais l’eau des bassins naturels était bien chaude !

On était très pressé car on devait aller à un mariage dans cinq jours, à Lisbonne (la capitale), au Portugal.

Donc, on a quand même visité Madrid, même si on est resté que quarante minutes et, à part pour dormir, c’est l’endroit en Espagne où on est resté le plus longtemps.

Donc on a traversé l’Espagne en trois jours.

Les seules nourritures qu’on a goûtées étaient une tortilla (vraiment bonne), du gaspacho et de la « jelly » de couleur rouge, verte et jaune fluo (ça, c’était pas bon)…

Un jour après, nous sommes arrivés au Portugal. Youpi !!

Vendredi 1er octobre 2021, MARTY :

Mariage de Pierre et Maria !

Ça y est, c’est le mariage. Nous avons réussi à y être dans les temps.

Taïmoon : Voilà, notre premier rendez-vous est fait !

Je sens qu’on va pouvoir se détendre, prendre plus notre temps, sans forcer le rythme.

Et quel beau mariage ! L’un des plus beaux auxquels j’ai pu assister.

Réception dans un magnifique lieu en front de mer, dominant une petite crique. Avec le couché du soleil derrière. Wow… On en prend plein les mirettes.

Les enfants sont enchantés de pouvoir faire la fête jusque tard.

Ils ont allumé le dancefloor. Surtout Lullaby qui ne s’est pas arrêté de la soirée.

Au début, il me disait :

Lullaby : Je ne sais pas danser.

Marty : Il suffit de bouger son corps sur le rythme de la musique et surtout, de s’en foutre du regard des autres.

Eh bien, il a appliqué la leçon !

Nous faisons la rencontre de la mariée, Maria (elle est portugaise, voilà pourquoi elle se marie ici). Elle a joué au violon avec ses sœurs et amies, c’était un moment de grâce.

Toujours plus de beauté !

Nous sommes peu de la famille de Pierre à avoir pu venir.

Fichu coronavirus et ses contraintes…

Et aussi la distance, ce n’est pas tout près. Je revois des membres un peu éloignés, pas revus depuis très longtemps.

Nous dormons dans le Béluga sur le parking de la réception.

Une très belle place avec vue sur la mer.

Samedi 2 octobre 2021, MARTY :

Premier jour de vacances. C’est marrant à dire. Il s’agit d’une journée de relâche et nous passons beaucoup de temps à la plage. La mer est agitée, elle forme de gros rouleaux. On ne peut pas aller nager bien loin mais les kids s’éclatent sur le bord à narguer les vagues.

Je pense avoir perdu un carnet de croquis que j’avais sorti hier soir au mariage pour le montrer à un cousin de Pierre qui est sous-marinier. Je n’y avais fait que quatre dessins mais je les aimais beaucoup. J’espère qu’il réapparaîtra un de ces jours…

Pascale est retournée à la salle de réception le lendemain, mais ils ne l’ont pas vu. Merdoum !! J’envoie un message à Pierre. Il faudra que je demande à son cousin. Je perds un peu espoir. D’habitude, j’écris tout de suite mon nom et mes coordonnées mais là, je ne l’avais toujours pas fait. Bon ben, j’apprendrai de cette erreur.

Mardi 5 octobre 2021, PASCALE :

Je prends le relais dans la rédaction de ce cahier de bord car Marty ne veut pas s’éparpiller dans plusieurs carnets (dessin + écriture). Il va donner la priorité à un petit cahier mêlant dessin et texte, en vue, peut-être, de le publier à la fin du voyage.

J’aime bien écrire donc je prends la suite avec plaisir !

Nous sommes à Lisbonne depuis hier où j’ai passé l’aprèsmidi en ville avec les enfants. Pour l’instant, Marty a trop peur de laisser le camping-car sans surveillance, même pendant une heure. Car il a entendu beaucoup d’avis négatifs sur les parkings au Portugal : on brise la vitre du véhicule pour en prendre le contenu. Donc hier, j’ai fait la visite avec les trois garçons et aujourd’hui, il le fait avec Lullaby et Miel. Taïmoon n’est pas encore très endurant pour marcher pendant des heures.

Hier, ce fut un exploit, mais on s’est arrêté souvent : au restaurant-terrasse pour manger une glace, dans une aire de jeux et encore une sorte de « Halle » rassemblant plusieurs excellents restaurants où on commande nos plats, puis on s’assoit au centre pour manger sur des tables mises à notre disposition.

C’est la nouvelle mode, ce genre de concept : cela permet de découvrir de nouveaux plats, de choisir chacun le repas qu’il souhaite et de manger tout de même ensemble. On a pris des sushis, shirashi de saumon et Miel, un hamburger. On a rapporté un plat pour Marty qui l’a mangé quand on s’est retrouvé le soir au Béluga.

On y a aussi dégusté des donuts artisanaux, des éclairs délicieux et des Pasteis de Nata (la spécialité sucrée du Portugal), il s’agit d’une tartelette de pâte feuilletée avec de la crème vanille caramélisée au four.

Ici, les glaces sont moitié moins chères qu’en France.

Et j’ai testé à trois reprises une liqueur artisanale de cerise servie dans une mini-coupelle en chocolat noir (ou blanc) : un régal à manger en une seule bouchée !

Elles étaient vendues par de vieilles dames qui semblaient les avoir réalisées elles-mêmes.

Je vous avertis, maintenant que j’ai repris ce cahier, nous aborderons souvent le thème gustatif. Les bonnes pâtisseries françaises et bruxelloises ne me manquent pas encore. Même si je suis ravie de revenir à Montpellier fin octobre, l’espace de quelques jours, pour récupérer à la mairie, la carte d’identité et le passeport que Marty a oublié d’aller chercher avant le départ…

Eh oui, nous pensions être « enfin » en vacances, mais il y a quelques jours, Marty a reçu un message de la mairie disant :

« Votre nouveau passeport vous attend jusqu’au 27 octobre, si vous ne venez pas le récupérer avant cette date, il sera détruit ».

Le choc ! On est bon pour bâcler l’Espagne au retour comme à l’aller, en espérant arriver juste à temps. Sinon, il devra refaire (et payer) une demande de passeport et l’attente nous ferait perdre beaucoup de temps. Sacré Marty !

Marty, Lullaby et Miel sont partis à vélo (nos vélos sont attachés à l’arrière du camping-car) pour visiter la capitale et Taïmoon joue aux petites voitures se faisant cabossées par le requin et la baleine à bosse. Il est trop chouette, ce gamin. Hyper autonome, ce qui est idéal quand on fait l’école à la maison.

Nous sommes restés deux jours près de l’endroit de la réception du mariage. Ce lieu était parfait. Marty est allé à la plage avec les enfants pendant que j’investissais, enfin, le camping-car… En fait, avant le départ, je m’étais focalisée sur la maison à vider. Trier les affaires à prendre dans le Béluga, celles à laisser pour les futurs locataires, celles à stocker dans le box de 12 m2 et finalement, celles à donner ou à jeter.

Après le départ, une semaine intense de route nous a fait vivre dans un camping-car mal agencé avec des habits hors d’atteinte pour les enfants et des caisses pleines dans la douche.

J’ai enfin eu le temps de ranger et organiser les quatre placards.

Un pour les habits de Lullaby et moi. Miel a deux caisses au bout de son lit. Marty en a une sous le siège du salon et Taïmoon, une caisse dans l’armoire.

Un placard est destiné aux cours des trois garçons. Un autre pour la réserve de nourriture. Un troisième, pour la vaisselle : assiettes, bols, verres et plats, le tout, en bois ou en inox.

Je me sens vraiment bien dans cette « Tiny House », contrairement à ce que j’avais imaginé (ou craint). Je dors très bien sur le large matelas de la capucine.

Un ménage quasi inexistant (2 m2 à balayer et deux éviers à laver), c’est vite fait.

Les repas sont simplifiés : des fruits, des salades composées, du taboulé, du riz, des pâtes, des tortillas espagnoles (omelettes aux oignons et pommes de terre) que j’achète toutes faites), des gaspachos froids…

L’eau est disponible gratuitement dans les stations essence. On remplit notre cuve pour la vaisselle, la chasse des WC et pour se laver.

Concernant l’eau potable, on la garde dans trois bouteilles de 5 litres chacune et on la filtre avec le charbon de notre fontaine en inox de la marque Berkey.

Mais le plus simple et économique, c’est l’électricité, grâce à la plaque solaire de 400 Watts attachée au toit. Axel, un ami de Marty, nous a aidés à l’installer, en juillet, avant notre départ. Car l’ancienne plaque était trop petite et obsolète pour notre consommation familiale.

Ainsi, nous rechargeons nos ordinateurs, téléphones, lampes frontales et les lumières de l’habitacle avec les rayons illimités et gratuits du soleil ! Vive l’autonomie énergétique !

On emprunte surtout les nationales, elles sont plus jolies que les autoroutes. Et c’est gratuit. De toute manière, notre véhicule-maison roule lentement.

Au final, nous ne payons que l’essence et la nourriture qui sont beaucoup moins chères qu’en France.

On croyait dépenser plus en voyageant, en réalité, il s’agit précisément du contraire !

Notre confort revu à la baisse, nous offre de belles économies. Nous n’avons jamais payé de camping jusqu’à présent car nous trouvons toujours de la place à l’écart de l’agitation urbaine, pour se garer et passer la nuit.

Lisbonne fut le premier endroit où nous avons payé 5 euros pour 24 heures de parking. Ce parking se situe au bord du canal, avec, à gauche, des voiliers à l’arrêt et, à droite, une belle piste en béton pour les vélos et les voiturettes à pédales louées par des enfants.

D’ailleurs, Taïmoon, Miel et Lullaby en ont fait une demiheure ce matin : des « cuistax » comme on dit en Belgique.

Maintenant, Taïmoon est sur son propre vélo. Il se régale. En plus, la température est douce aujourd’hui, le ciel est nuageux.

Je continue à travailler en parallèle de ce voyage car j’ai deux concours de nouvelles en cours, en tant qu’organisatrice. Celui avec la thématique humoristique « De Rire à Lire » dont j’annoncerai les lauréats le 10 octobre, en même temps que la publication du recueil.

Et bien sûr, mon annuel « Prix Pampelune » qui en est à sa troisième édition, dont le recueil paraîtra en mars 2022. C’est drôle, nous passons tout près de la ville « Pampelune » au Portugal ! J’ai toujours adoré ce nom.

J’ignore si je trouverai aussi du temps pour écrire mon roman en cours. Cela semble envisageable car j’ai pas mal de disponibilité depuis le mariage. On verra…

La liberté ! Voici le maître-mot de ce voyage et de ce mode de vie. On est libre de nos destinations, nos horaires. Pas de réveil le matin pour l’école ou le travail. Pas de contraintes imposées. C’est une sensation incroyable. La vie est comme un éternel samedi !

Nous nous garons et nous dormons où nous voulons, sans payer de logement, sans crédit, sans emprunt.

Nous mangeons ce que nous cueillons, ce que nous trouvons dans les magasins locaux : on découvre.

Nous admirons les paysages, les changements de régions, de langues, de climat. Nous rencontrons des gens aux physiques variés, aux langages multiples.

Nous avons pu prendre plus d’une heure pour régler un conflit entre les trois enfants, en écoutant, tour à tour, leur colère, leur frustration, leur explication.

Ainsi, ils ont pu accepter, reconnaître et dire leur part de responsabilité dans le conflit, au lieu de rester persuadés que seul l’autre est en tort. Et nous avons pu apaiser leur colère et leur désir de vengeance ou de punition. En l’occurence, Taïmoon et Lullaby étaient d’accord que Miel puisse finalement avoir une glace, alors qu’il avait été violent avec eux. Et que je l’avais privé de glace suite à son comportement.

Nous avons pris le temps de tout mettre à plat, car nous avions ce temps. Je me sens enfin être la mère que je désirais être car mes enfants sont assez grands pour pouvoir régler leurs problèmes avec patience et sagesse.

Marty et moi aimons leur offrir cette liberté, ces innombrables découvertes, cette complicité fraternelle, cette autonomie.

Depuis qu’il ne va plus au collège, Lullaby chante devant les karaokés de Youtube (ce qu’il n’avait jamais osé faire avant). Après un mois sans école, Miel se remettait au dessin, qu’il avait arrêté depuis son entrée à la maternelle, car il était traumatisé par le fait de « déborder de la ligne » en coloriant, ou par les autres élèves se moquant de ses dessins.

On sent que, loin de la compétition scolaire, les enfants osent plus et se permettent d’essayer des expériences sans avoir peur de l’échec, des railleries ou d’une mauvaise note. Ils sont d’ailleurs les premiers à vouloir faire leurs cours grâce au cahier offert par Papy : chacun possède un cahier contenant TOUT l’apprentissage qu’ils doivent acquérir cette année. Un cahier, où ils s’auto-évaluent à la fin de chaque exercice.

Ce cahier est infiniment plus simple et clair que les cours du CNED (enseignement à distance) où chaque matière est répartie dans plusieurs cahiers différents (le cours expliqué en détail, les extraits de textes et documents illustrés, les exercices et les évaluations…) J’avoue que, moi-même, je suis un peu perdue avec tous les carnets du CNED.

Il faudra que nous nous penchions dessus durant plusieurs heures juste pour comprendre le fonctionnement des trois années : CE1, CM2 et 4ème collège.

Mercredi 6 octobre 2021, MARTY :

« Et pour l'école, comment faites-vous ? »

« Instruction en famille » (IEF), comme on l’appelle de nos jours. Lors de nos cessions de travail, l’enfant choisit la matière qu'il veut travailler, un peu à la manière Montessori, sachant que, dès le début, il a le programme de l’année complète. Ils ont des manuels scolaires. L'un fait ce qu'il préfère, pendant qu'un autre remplit son manuel dans l'ordre chronologique. On verra sur la durée ce que ça donnera et on rectifiera le tir lors de la seconde partie de l'année.

Ils sont inscrits au CNED mais pour l’instant, nous n'avançons pas bien car beaucoup d'exercices doivent se faire sur internet et nous avons des connexions limitées. C'est bien dommage car nous avons une caisse de livrets par élève, mais pas de quoi être totalement autonome. Ah, le monde 2.0 ! On verra plus tard si on change nos abonnements téléphoniques ou non, sachant qu’à l’international, un internet illimité revient cher ! Et au-delà du prix, ça signifie aussi qu'ils passeraient leurs heures de travail devant un écran...

Les temps "école" ne nécessitent la présence que d’un seul parent. À ce moment-là, le second a quartier libre pour faire ce qu'il veut : travailler, de l'intendance ou des courses.

Aujourd’hui, c'est moi le maître d'école.

Jeudi 7 octobre 2021, PASCALE :

Hier, j’ai fait la « mission lessive »… Et c’était ardu au Portugal !

On est garé dans un parking payant depuis trois jours. C’est vraiment calme et pratique. On voit, la nuit, les lumières de l’activité incessante de la ville, l’immense pont traversé par les voitures et les camions. À côté, le port de plaisance avec les riches voiliers privés. De l’autre côté du Tage (l’embouchure), des conteneurs empilés et leurs porteconteneurs. Et pour couronner le tout, un Christ façon Corcovado brésilien qui surplombe ce paysage industriel.

Depuis le 24 septembre, le linge sale s’accumule et j’avais repéré deux laveries à trente minutes à pied de notre emplacement.

Avant le départ, j’avais lourdement insisté auprès de Marty pour qu’on emporte mon caddie. Il me fut indispensable lors de cette mission. Car j’ai dû passer par le sous-sol de la gare et du périphérique pour rejoindre la ville qui se trouvait de l’autre côté.

Les deux escalators étaient en panne depuis mille ans ! Puis, il y avait la rue montante avec le caddie rempli : quinze jours de linge à cinq…

Dans la laverie, c’était tranquille, il n’y avait que moi. Sept euros pour tout laver et tout sécher, cool ! Et cinquante minutes au total. Durant ce temps, j’ai fait les courses. Comme mardi était férié, Marty et les deux grands sont repartis découvrir Lisbonne jusqu’à la nuit tombée.

Le lendemain, j’ai pu me promener seule dans Lisbonne, je me suis baladée dans les ruelles aux maisons décorées de carrelages colorés. C’est une ville ravissante !

Des petites ruelles qui montent et qui descendent, de vieux tramways en lambris qui grimpent des côtes invraisemblables…

J’étais triste que certains trams typiques soient bariolés de tags. Mais quand j’ai vu un autre tram en parfait état avec, à l’emplacement des tags, une publicité pour un téléphone… J’étais finalement contente que les portugais rebelles marquent les wagons de leur empreinte. Tout est bien, en fait.

Il y a dix boulangeries par rue à Lisbonne. Alors qu’on en trouvait à peine une par village en Espagne et au Portugal.

Vendredi 8 octobre 2021, PASCALE :

Nous sommes installés sur la « Costa da Caparica », une station balnéaire pour surfeur.

On a une place le long d’un grand parc à multiples aires de jeux pour enfants.

Papy nous a prévenus qu’il y aurait le match France-Belgique de la Coupe des Nations le soir même. On a donc cherché un bar qui le diffuserait en direct, car Miel est fan de foot. L’unique bar à côté de notre parc fut le bon ! Les quatre garçons sont restés voir le match.

Miel courrait me donner les scores à chaque pause et mitemps.

Résultat : 2 - 3 pour la France.

Seul Miel était aux anges. Taïmoon a pleuré car il était pour la Belgique ! Et Lullaby était triste aussi : étant Franco-Belge, ils sont toujours mitigés lors de ce genre de match.

On ira à la plage tout à l’heure.

Marty réalise son premier dessin du voyage : les trois enfants au café regardant le match.

Le lendemain, Marty a pris sa guitare et a joué « Dancing Queen » d’Abba, je l’ai accompagné au chant. Beau moment de joie !

Je me sens « cigale » alors que j’avais plutôt l’habitude d’être une « fourmi », à rentabiliser mon temps…

Récemment, j’ai dit à Marty : « Si je n’avais plus qu’un an à vivre, je ferais exactement ce que je suis en train de faire : du camping-car en famille, à travers le monde. Cette planète est d’une richesse et d’une beauté infinie ! Quelle chance incroyable d’y être et de pouvoir la visiter. »

Marty a un ami prénommé Goudis, celui qu’on a vu en train de finir son voilier pour partir en mer. Il a une soixantaine d’années et a navigué presque toute sa vie. Depuis quelques temps, il s’était posé en France, avec sa compagne, le temps de retaper une maison.

En février 2020, il avait à nouveau trouvé un super voilier et projetait de partir en mer avec sa copine afin d’y passer leurs « vieux » jours.

La première nuit de notre voyage, nous avions dormi dans son chantier naval à Gruissan.

On avait visité son voilier de 15 mètres, une semaine avant son départ. Goudis était surchargé de travail avec la restauration de ce voilier. Il l’avait acheté 15 000 € car ce bateau était vraiment en mauvais état. Il avait revendu sa maison pour pouvoir financer les travaux.

Ils avaient trouvé une coéquipière qui ferait la traversée de trois mois avec eux, jusqu’à La Réunion.

Ils sont partis la semaine passée. Or hier, Marty a reçu un message de Goudis :

« Mon bateau est explosé. Regarde le sauvetage en mer du 4 octobre sur internet. Mais aucun blessé, tout le monde va bien. »

Nous étions choqués !! Tout ce temps consacré à son projet, toute cette énergie dépensée, tout cela tombe littéralement à l’eau au bout de seulement 7 jours… La puissance de l’océan est inouïe, ainsi que la force de la fatalité…

On a réalisé la chance qu’on avait d’être toujours en parfaite santé dans un super véhicule. Nous ferons bien attention sur la route.

Car tout peut s’arrêter en une seconde et les programmes peuvent changer complètement, du jour au lendemain.

Lundi 11 octobre 2021, PASCALE :

Étonnement, je suis toujours la première à me lever, vers 8h30… Sans doute l’habitude depuis que j’ai des enfants. J’ai pris ce rythme depuis si longtemps maintenant, cela va mettre du temps à changer.

Vient ensuite Taïmoon, puis Miel, puis Lullaby et enfin Marty.

J’aime ce moment calme et silencieux où je descends de mon lit en surplomb, je m’habille dans la mini salle de douche et je vais dans le cockpit en me faufilant à droite de la petite échelle qui mène à la capucine.

Tout est petit et à l’étroit, ici, mais pour une vie sans contrainte et sans obligation, c’est largement suffisant.

Nous avons traîné trois jours à la plage de la Costa da Caparica et deux jours, à trente minutes de là, où nous sommes actuellement. Car nous cherchions la mer et les bars avec écrans pour que Miel puisse suivre la demi-finale et la finale de la Coupe des Nations.

Maintenant, la Coupe est terminée et la France a gagné !

Nous voilà motivés à quitter la côté pour descendre vers le sud du Portugal et découvrir l’Algarve dont j’entends parler depuis si longtemps, sans jamais l’avoir vu.

J’ai découvert le « smoothie bowl » et j’adore : un smoothie plus épais et consistant décoré de muesli et de fruits frais. Cela me donne une quantité incroyable de vitalité après l’avoir mangé. Les enfants en raffolent aussi et il y en a justement dans tous ces bars qui proposent aussi des petits déjeuners.

Mon petit déjeuner justement, se compose de fruits maintenant. À Montpellier, tous les matins, je passais du temps à me concocter un « miam-ô-fruit » (petit déjeuner à base de banane, jus de citron, jus d’orange, graines moulues et fruits de saison). J’écoutais des conférences en ligne pendant la préparation. Un régal, mais cela prend du temps et j’en serais incapable avec le rythme familial quotidien que nous avons en voyage.

Donc je vais à l’essentiel : juste des fruits d’été à croquer (mangue, kaki, prune, melon) !

L’école à la maison a pris du temps pour démarrer. On a pu s’y intéresser qu’à partir de début octobre…

En septembre, Marty et moi étions tellement occupés à vider la maison, qu’on a laissé les enfants en totale autonomie et nous n’avions pas ouvert le moindre livre scolaire. Ils n’ont d’ailleurs pas apprécié ce mois de préparation car nous n’étions pas disponibles pour eux et ils n’avaient pas de cours à suivre à l’école. Ainsi, ils tournaient un peu en rond et pensaient que ce projet de voyage était nul…

Les garçons ont regardé des films et joué à la DS durant la plupart du temps. Bref, exactement l’inverse de ce que, Marty et moi, prônons habituellement. Mais c’était un cas de force majeure : l’urgence était de vider la maison pour pouvoir arriver à temps au mariage.