Devenir altruiste, que du bonheur ! - Clara Sabinne - E-Book

Devenir altruiste, que du bonheur ! E-Book

Clara Sabinne

0,0

Beschreibung

À la découverte des initiatives altruistes trop souvent méconnues...

Clara nous emmène du côté lumineux de l’existence. À ses côtés, nous rencontrons Frédéric et nous découvrons son association qui a déjà planté près de 4 millions d’arbres à Madagascar. Nous partons ensuite pour Calais, Bruxelles et Dortmund où nous suivons des altruistes qui améliorent les conditions d’accueil des nombreux réfugiés arrivés dans nos villes. Et finalement, nous allons à Paris rejoindre des retraités bénévoles dynamiques.
Dans l’ombre, les altruistes répondent à un besoin en se donnant corps et âme à une cause qui les touche. Souvent discrètes, leurs actions restent méconnues. Pourtant, dès qu’elles apparaissent à la lumière, elles suscitent un engouement contagieux qui éveille la fibre altruiste endormie en nous. Les sentiments de grisaille, d’ennui, de désespérance s’effacent alors comme par miracle. L’envie de croire qu’un monde meilleur est possible prend vie et chaque petite pierre portée à cet édifice nous grandit tous ensemble.

Un témoignage surprenant qui donne envie de se lancer dans la belle aventure de l'altruisme !

EXTRAIT

Plus impératif que mon envie d’aider les gens à se guérir, le désir pressant d’écrire un livre me ronge. Cette obsession m’habite, elle me possède ; je n’ai plus le choix. Aujourd’hui, elle s’impose comme une évidence. L’heure est venue, le moment est là, le premier jour de ma nouvelle vie s’est levé.
J’en ressens une joie profonde, une légèreté, une énergie tranquille. Je ne ressemble pas au pur-sang qui se lance dans la course avec la fougue de la jeunesse, je suis juste une jument qui trotte, heureuse, en bord de mer. J’allume mon ordinateur, j’ouvre un nouveau document Word, je choisis un caractère de taille 12 pour ma vue déclinante et je commence mon livre. Je vous emmène avec moi dans « la ronde des altruistes ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Clara Sabinne est économiste de formation, sa carrière en entreprises s’est déroulée dans les ressources humaines. Durant plus de dix années, Clara a aussi représenté la fondation caritative d’une grande multinationale en Europe. Désormais, Clara est hypnothérapeute et elle continue à se consacrer à l’écriture.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 269

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



© La Boîte à Pandore

Paris

http ://www.laboiteapandore.fr

La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.

ISBN : 978-2-39009-123-3 – EAN : 9782390091233

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

Clara Sabinne

DevenirAltruiste

Que du bonheur !

L’envol

Voilà, c’est fait, j’ai remis ma démission.

En écrivant ces mots, le souffle me manque. Je prends une profonde respiration et je prétends que tout va bien. Je sais que je n’ai agi ni sur un coup de tête, ni sur un coup de sang. J’ai pesé le pour et le contre, le pour a gagné, haut la main.

À 53 ans, je suis loin de l’âge de la pension. Avec deux fils encore aux études, je ne peux pas me permettre de rêver les doigts de pied en éventail au bord d’une plage accueillante. Il est indispensable que je continue à gagner ma vie et certains de mes proches me le rappellent en boucle. Si leurs arguments semblent emplis de bon sens, ils ne font guère le poids face à mes nouveaux projets.

Je désire lancer ma pratique d’hypnothérapeute et ne plus le faire en dilettante. J’aime aider les gens à se débarrasser de leurs peurs, à mieux gérer leur stress, à augmenter leur confiance en eux. Lorsque mes patients retrouvent leur sérénité, perdent leurs kilos superflus ou arrêtent de fumer, j’en éprouve un bonheur sincère. Il est vrai que j’aurais pu continuer à n’exercer cette profession que quelques heures par semaine et attendre d’avoir davantage de rentrées financières pour oser le passage du statut de salarié à celui plus incertain d’indépendant.

J’aurais pu...

Si l’hypnothérapie avait été mon unique dessein.

Plus impératif que mon envie d’aider les gens à se guérir, le désir pressant d’écrire un livre me ronge. Cette obsession m’habite, elle me possède; je n’ai plus le choix. Aujourd’hui, elle s’impose comme une évidence. L’heure est venue, le moment est là, le premier jour de ma nouvelle vie s’est levé.

J’en ressens une joie profonde, une légèreté, une énergie tranquille. Je ne ressemble pas au pur-sang qui se lance dans la course avec la fougue de la jeunesse, je suis juste une jument qui trotte, heureuse, en bord de mer. J’allume mon ordinateur, j’ouvre un nouveau document Word, je choisis un caractère de taille 12 pour ma vue déclinante et je commence mon livre. Je vous emmène avec moi dans « la ronde des altruistes ».

***

Je ne nie pas qu’un environnement économique peu optimiste, des situations politiques explosives et des désordres climatiques alarmants fassent désormais partie de notre quotidien. Comme une certaine morosité ambiante m’oppresse, j’éprouve la nécessité de me centrer sur une autre facette de la vie, sur son côté plus lumineux, plus solaire.

Nous sommes nombreux à remarquer que, quelles que soient les difficultés encourues, certains êtres traversent l’existence avec grandeur et panache. Ceux-ci ne sont pas nécessairement plus gâtés par la vie que leurs voisins, les épreuves ne les épargnent guère. Ce sont d’ailleurs souvent les expériences difficiles qui renforcent leur capacité à se tourner avant tout vers les autres. Attentifs aux besoins d’autrui, ils déploient une ingéniosité parfois surprenante, une écoute, une générosité, une détermination qui donnent des résultats étonnants. Que leurs actions positives soulèvent des montagnes ou ne soient que des gouttes perdues dans l’océan, ils sèment le mieux-être sur leur passage.

Ces individus ont décidé un jour de s’investir pour changer le cours des choses, modifier le tracé de la vague, améliorer les conditions de vie de leurs semblables. Ils sont des centaines, ils sont des milliers à avoir lancé ou suivi des initiatives philanthropiques dont les répercussions dépassent les espérances du début. Dans l’ombre, ils répondent à un besoin en se donnant corps et âme à la cause qui les touche le plus. Souvent discrètes, leurs actions restent méconnues. Pourtant, lorsqu’elles se dévoilent en pleine lumière, elles suscitent un engouement contagieux qui allume la fibre altruiste en la plupart d’entre nous. Les sentiments de grisaille, d’ennui, de désespérance s’effacent alors comme par miracle, l’envie de croire qu’un monde meilleur est possible se réveille et chaque petite pierre portée à son édifice nous fait grandir tous ensemble.

Au travers des pages de ce livre, je désire sortir de l’anonymat quelques personnes ordinaires qui accomplissent des choses extraordinaires, des individus qui m’inspirent et me tirent vers le haut. Certains ont traversé ma route par hasard, je suis allée en chercher d’autres et tous ont eu la gentillesse de me dévoiler un morceau de leur histoire. Qu’ils soient à l’origine de la création d’une association ou qu’ils agissent plus anonymement dans une structure existante, chaque personne racontée donne de son temps et de son énergie pour embellir le quotidien d’inconnus qui deviennent des compagnons de route. Je n’oublie pas de présenter aussi les bénéficiaires de ces projets associatifs. L’humain au centre, encore et toujours, plus que jamais.

La ronde des altruistes commence avec Frédéric qui a créé une association environnementale et jeté un pont entre notre pays et la belle île de Madagascar. Elle se poursuit avec l’accueil des migrants en France, en Belgique et en Allemagne pour s’ouvrir ensuite sur le bénévolat des retraités. Au fil des pages, la ronde grandit encore et encore... Elle n’attend que nous.

Il y a quelques mois, l’idée de ce livre me traversa l’esprit lors d’un repas plutôt déprimant avec des amis d’humeur négative. Mon objectif était clair mais dénué de structure : je souhaitais susciter l’envie de s’investir dans une belle cause, quelle qu’elle soit. Je désirais rappeler par les témoignages présentés qu’il y a autant de raisons de se réjouir de la vie que de raisons de s’en plaindre. Et que l’ennui n’a pas sa place dans ce monde où il y a tant à faire et tant à découvrir.

Nulle intention chez moi de donner mauvaise conscience à qui que ce soit, ni de donner des leçons. Chacun selon ses aptitudes, son temps libre, son énergie, son état de santé, ses goûts, son tempérament, chacun a le droit de préférer regarder des séries, lire des livres, allumer l’ordinateur, collectionner des timbres, élever des poissons rouges, faire des sudokus ou se cocooner au calme plutôt que de sortir. Chacun a le droit de ne pas être tenté par l’action solidaire ni par la rencontre de nouvelles personnes, et préférer honorablement se consacrer prioritairement à sa famille, avant d’envisager d’autres activités.

Mon désir est d’éclairer le beau en nous, de souffler sur les flammes vacillantes et de redonner envie d’avoir envie. Et quand le chemin est juste, quand la voie choisie est la bonne, les murs ne se dressent pas, les écueils ne surgissent pas au premier tournant. Que du contraire, le puzzle se construit, les pièces disparates s’emboitent, l’image apparaît de plus en plus évidente. La vie sème les rencontres, les intuitions, les chaînons manquants, et pendant ce temps, l’histoire se construit. Tout naturellement.

J’ai eu la chance durant de nombreuses années de gérer la Fondation caritative de mon employeur, UPS en Europe. Outre des domaines de prédilection comme la protection de l’environnement, l’aide humanitaire en support aux grands organismes internationaux lors de catastrophes climatiques ou la promotion de la diversité, cette Fondation donne une grande place au bénévolat. Non seulement elle aide les associations dans la formation, le recrutement et la réinsertion de leurs bénévoles, mais encore elle encourage ses propres employés à participer à des activités de bénévolat. Ainsi, chaque filiale met sur pied un comité de travailleurs motivés, cadres et non cadres, qui, ensemble, sélectionnent des associations caritatives à soutenir localement. Et, cerise sur le gâteau, lorsque mes anciens collègues consacrent assez d’heures au bénévolat pour une association, celle-ci peut soumettre une demande de financement pour un projet. Les employés ont alors un sentiment de fierté et d’accomplissement unique. Leurs quelques heures d’activités bénévoles servent de levier à l’achat de matériel aussi divers d’un minibus, à l’installation de panneaux solaires, à la réfection d’un toit, à la plantation de centaines d’arbres, àla formation de jeunes ou à la rénovation de locaux.

J’ai vu des dizaines de salariés revenir heureux au bureau le lundi, après ces moments de partage du weekend. Je les ai entendus partager leurs diverses expériences, j’ai observé leur épanouissement. Tous se sont ouverts à la différence, tous ont découvert de nouvelles ressources en eux : des qualités d’écoute, de communication, de partage, de respect, de patience. Beaucoup continuent à donner un peu de leur temps et certains se sont enrôlés comme bénévoles réguliers dans les associations découvertes par l’intermédiaire de leur employeur.

Oui, durant une quinzaine d’années, j’ai été la témoin privilégiée des avantages multiples que le bénévolat apporte non seulement aux bénéficiaires mais aussi et surtout aux bénévoles eux-mêmes. Il n’est donc guère étonnant que j’aspire à mettre les altruistes à l’honneur. Que leur lumière intérieure et leur rayonnement subtil apaisent nos zones d’ombre et nous tirent un peu vers le haut.

Première partie

Graine de Vie

Une idée simple et géniale à la fois

Je n’ai jamais été branchée « environnement » outre mesure. Pourtant, la diminution des ressources naturelles et la croissance de la population mondiale m’interpellent. Comme beaucoup d’entre nous, je trie mes déchets, j’ai une voiture qui consomme peu, je ne fais pas couler l’eau lorsque je me lave les dents, j’éteins les lumières dès que je quitte une pièce et le thermostat du chauffage est sur 19°C. J’essaie de prendre de plus en plus souvent les transports publics, je mange moins de viande qu’auparavant et j’achète mes œufs à la ferme.

Plus que l’environnement, ce sont les gens, les êtres humains qui m’intéressent et me fascinent. Je pourrais me battre pour eux, je pourrais essayer de déplacer les montagnes pour les protéger, je pourrais partir en croisade pour défendre la veuve et l’orphelin, le faible et le fragile. Je suis comme une éponge face aux joies et aux tristesses de ceux qui m’entourent. Je les comprends, je perçois ce qu’ils ressentent, je devine leurs peurs et leurs folies. Oui, je me sens totalement connectée à l’être humain.

Les animaux, quant à eux, ne me dérangent pas: j’aime les observer sans éprouver le besoin de les avoir à mes côtés au quotidien.

Je chéris la nature profondément. Elle me nourrit, je m’y ressource, je m’y apaise. La mer est un des grands bonheurs de ma vie. Que ce soient les balades au bord de l’eau, les baignades dans les vagues, ou les virées en voilier, chaque évasion à la mer me réjouit. La montagne m’effraye par ses gouffres et m’attire tout autant par sa beauté, sa magnificence, sa spiritualité. Les campagnes tranquilles, les champs à perte de vue, les prairies vallonnées parsemées de vaches et de moutons, me replongent dans la simplicité de l’existence.

Et les arbres..., ah les arbres ! Ils me rendent les villes agréables. Ils me sont indispensables comme le ciel. Leurs troncs rugueux et puissants qui s’étirent vers le haut, leurs branches tombantes et protectrices, leurs feuilles taquines, tout me plaît dans les arbres. À l’intérieur des forêts, au fond d’un jardin ou dans un parc, les arbres sont la sève de la vie. J’ai besoin de les toucher, grand besoin de les voir autour de moi.

Alors comment, avec cet attrait pour la nature sous toutes ses formes, comment ne me suis-je pas davantage intéressée à l’environnement ? Sans doute en partie parce que j’avais d’autres pôles d’intérêts qui m’accaparaient déjà. Sans doute aussi parce que j’éprouve un sentiment d’impuissance devant la multitude des désastres climatiques qui se succèdent à intervalles de plus en plus courts dans toutes les régions du globe. Que peut ma petite personne face à ces changements majeurs sur lesquels je n’ai aucune emprise ? Je préfère concentrer mon énergie sur des causes plus modestes et laisser les puissants de ce monde prendre leurs responsabilités.

Heureusement, ma passivité n’est pas généralisée. Certains idéalistes téméraires agissent pour préserver notre belle planète. Et si le thème de l’environnement s’invite dans la « ronde des altruistes », c’est parce que je me suis retrouvée pour la cinquième année consécutive à l’assemblée générale de l’ONG Graine de Vie.

C’était un mardi soir de la fin du mois d’avril 2015, après le travail : la réunion était organisée dans un motel en dehors de Bruxelles. Depuis trois ans, le salon du fondateur de l’association était devenu trop petit pour recevoir le nombre grandissant des membres. J’avais eu une longue journée au bureau et, coincée dans les embouteillages, je regrettais presque de devoir me rendre à cette soirée. Depuis la création de l’association, j’étais une donatrice fidèle, j’avais quelque peu apporté mon aide en traduisant quelques rapports en anglais et j’assistais à chaque réunion annuelle des membres. Je recevais des mails réguliers qui m’informaient des progrès des différents projets. Pourquoi me déplacer alors que je rêvais de m’affaler dans mon divan pour regarder deux épisodes enregistrés du beau Mentalist ?

Pourquoi ? Pour apporter mon soutien à des gens qui, en plus de leur travail, se consacrent avec passion et enthousiasme à une noble cause.

À cette époque, le sujet de mon livre germait à son rythme dans mon esprit, j’allais écrire sur des altruistes. Je n’avais pourtant pas encore fait de lien entre le président de Graine de Vie et mon ouvrage.

Je suis arrivée pile poil à l’heure, essoufflée d’avoir couru sous la pluie entre ma voiture et l’entrée. La salle était pleine, nous devions être une petite quarantaine, soit pratiquement le double de l’année précédente. Davantage que le nombre des participants, ce sont les progrès accomplis et la fièvre contagieuse du président Frédéric qui m’ont fait vibrer de toute mon âme. Photos et chiffres à l’appui, leprésident nousracontait comment la petite ONG grandissait et changeait les mentalités. J’étais fière, incroyablement fière de ce qu’il avait accompli. Il me donnait l’envie d’être meilleure, l’envie d’en faire plus, l’envie de sortir de mon quotidien tranquille et de m’impliquer davantage dans la construction d’un monde plus respectueux des besoins environnementaux.

Graine de Vie, un bien joli nom pour une bien belle idée, simple et géniale à la fois. Le site Internet de l’association rappelle que notre planète ne parvient plus, avec ses richesses naturelles, à compenser l’empreinte écologique de l’homme. Afin de laisser aux générations futures un monde dans lequel il puisse encore faire bon vivre, nous devons agir à la fois en diminuant l’impact de nos vies sur la nature et en compensant la part de celui-ci qu’il nous est impossible de réduire.

En moyenne chaque Européen envoie annuellement dans l’atmosphère plus de douze tonnes de CO2. Si nous considérons que la durée de vie d’un Occidental est de 76 ans, son empreinte écologique totale est estimée à presque mille tonnes de CO2. Là où la majeure partie d’entre nous lit cette information, la digèreet puis n’y songe plus guère, Frédéric, lui, a décidé d’agir. Au travers de Graine de Vie, il nous propose de planter une forêt à Madagascar. En supposant que le cycle de vie moyen d’un arbre soit de 20 ans et que chaque arbre planté sur cette île capture annuellement au minium cinq kilos de CO2, nous devrions tous commencer à planter dix mille arbres pour capturer le CO2 généré durant notre existence.

Le coût moyen d’un arbre planté par Graine de Vie est de vingt-cinq cents. Dès lors, avec une somme de 2 250 euros, chacun pourrait rendre à la Terre les richesses que celle-ci met à notre disposition tout au long de notre vie. J’aime cette idée, j’aime la pensée que mon passage sur cette belle planète ne l’endommage pas.

Si chacun d’entre nous faisait ce genre de geste simple, notre monde serait bien mieux armé pour limiter le réchauffement climatique et tous les désordres qui y sont associés.

Planter des arbres, d’accord, c’est beau, c’est même magnifique. Pourtant, ce n’est pas cette pensée qui m’émeut au point de me donner envie de me bouger. Non, derrière la proposition de compenser simplement notre empreinte écologique, il y a un pays dont les forêts disparaissent à pas de géant parce que ses habitants brûlent les collines pour y planter du riz ou du maïs. Un pays dont la population fait partie des plus pauvres de notre monde, un pays où malgré un dénuement extrême les gens sont gentils et vous sourient sans rien attendre en retour. Un pays où il pleut encore assez pour que planter soit presque un jeu d’enfant.

Les photos, que Frédéric projette sur l’écran, ne montrent pas que des jolies pépinières avec des milliers de pots alignés par catégories de graines ou des collines sur lesquelles apparaissent une multitude des jeunes arbres qui se dressent fièrement au-dessus des herbes balayées par les vents océaniques.

Non, les photos révèlent aussi l’autre réalité de ce que Graine de Vieaccomplit. Elles dévoilent ce que ce notaire de campagne a réussi à construire en jouant moins souvent au golf, en se couchant plus tard le soir, en oubliant d’allumer la télévision, en cessant les grasses matinées du weekend et en organisant ses journées pour que pas une seconde ne soit perdue.

Sur l’écran apparaissent des images de femmes qui travaillent dans les pépinières. Certaines ont des enfants accrochés à leurs pantalons, d’autres les portent encore sur le dos. Les bambins les plus âgés sourient à la caméra. En effet, Graine de Vie fournit du travail à plus de quatre cents personnes qui peuvent ainsi nourrir et soutenir leurs familles.

Je découvre ensuite les photos de villageois qui entourent leur maire et qui écoutent Frédéric expliquer pourquoi il faut cesser les brûlis non contrôlés. Il est primordial pour le président de Graine de Vie de sensibiliser les populations sur la réalité environnementale et d’apporter des alternatives aux destructions des forêts. Les Malgaches ne savent pas que c’est la présence des arbres sur les collines qui assure que les rizières des plaines aient suffisamment d’eau durant toute l’année. Les racines pompent l’eau, elles la font remonter des couches les plus profondes de la terre pour fertiliser les niveaux supérieurs. Une fois brûlée, la terre est non seulement moins fertile sur ce versant de la colline mais en plus, à moyen terme, ce sont les plaines qui s’assèchent. Frédéric a donc décidé de reboiser les collines avec 50% de la production de ses pépinières et d’offrir la seconde moitié des arbres aux villageois pour leur consommation personnelle.

Graine de Vie produit aussi bien des acacias à la croissance rapide, des arbres forestiers ou des arbres fruitiers, des avocatiers, des manguiers, des girofliers. La clé est de proposer des arbres de rentes, utiles à la population, afin que le besoin d’augmenter la superficie des champs de riz ou de maïs disparaisse. Si le premier tiers des pentes peut être cultivé, les niveaux supérieurs doivent rester boisés pour garantir l’irrigation suffisante des cultures.

Graine de Vie crée partout des pépinières et donne gratuitement les plants d’arbres aux villageois et aux associations locales. Au préalable, un accord est signé par le maire et les responsables locaux. Ce contrat stipule l’arrêt complet des brûlis sur tout le territoire de la commune ou, le cas échant, une forte diminution de ceux-ci, et leur contrôle total. Plus question qu’un individu, sous prétexte de produire du charbon de bois, puisse mettre le feu à quelques mètres carrés qui, s’embrasant, détruiront des milliers d’hectares avec l’aide du vent et la sècheresse des lieux.

Si Graine de Vie reconnaît le besoin du bois dans le quotidien des habitants pour la construction et la cuisine, l’association essaie d’éduquer les populations à replanter davantage d’arbres qu’elles n’en coupent.

Sur ses cinq premières années d’existence, Graine de Vie a planté plus de trois millions d’arbres. Désormais, la croissance est phénoménale : 1,5 millions d’arbres chaque année.

100 % du financement provient d’Européens qui désirent compenser leur empreinte écologique en faisant un don à Graine de Vie. Ils sont encore beaucoup trop peu nombreux pour permettre à Frédéric de concrétiser son rêve de voir l’île reboisée.

Il paraît que deux à quatre milliards d’arbres y suffiraient...

Cela semble une montagne à soulever et pourtant, Frédéric n’aurait jamais cru en 2009, en cherchant un terrain pour une pépinière de cent mille plants, que son association en serait déjà à plusieurs millions d’arbres plantés...

La créativité de Frédéric, sa passion, sa détermination, sa folie sont tout aussi réelles. Après nous avoir montré, films et photos à l’appui, les concrétisations de cette dernière année, il nous confirme la création de Graine de Vie France, deux années après celle de Graine de Vie Luxembourg. Le grand projet du moment de Graine de Vie France et de sa présidente Olivia est d’obtenir de la Ville de Paris le financement d’une forêt à Madagascar. Cette forêt aura la superficie de la ville, soit 10 540 hectares... Trois cents mille arbres par an, durant dix années, soit un budget annuel de 75 000 euros.Une forêt pour ma ville....

Un tel projet est déjà en cours à Braine-l’Alleud, en Belgique. L’objectif n’est pas pour la ville de payer de ses deniers, mais bien de motiver les entreprises, les écoles, la population à récolter de l’argent pour compenser l’empreinte écologique de la commune sur une période de dix ans. Pour Paris, augmenter la participation des quarante mille coureurs du marathon d’un euro couvrirait déjà plus de 50% du besoin de financement annuel. « Une forêt pour ma ville... », quelle belle idée ! Paris va-t-elle passer à côté de ce projet simple et ambitieux ou va-t-elle l’embrasser suite à la COP 21 et donner ainsi l’exemple au monde entier ? L’avenir nous le dira. Aujourd’hui, je refuse d’envisager que le concept d’une « forêt pour ma ville » n’enthousiasme pas les hauts responsables autant qu’il m’emballe moi.

Frédéric a de nombreuses autres envies, loin des bureaux des politiciens qui jouent aux chaises musicales avant, pendant et après les élections. Il est avant tout un homme d’action et de résultats, il concentre ses forces là où son influence et son contrôle de la situation sont les plus effectifs.

Entre autres, il désire que Graine de Vie crée des pépinières dans les écoles afin de sensibiliser les adultes de demain. Cette année, l’association a donc commencé à implanter une pépinière dans quarante-quatre collèges de la région de la Sava, au nord-est de Madagascar. Il a le soutien du chef de la région qui a découvert les activités de Graine de Vie, alors qu’il n’était encore que chef d’un des districts. Cet homme a vu les pépinières s’installer dans ses villages, il a constaté la diminution des brûlis et le changement progressif des mentalités et il a décidé de soutenir Frédéric dans son projet pour les écoles. La région de Sava devient la région-pilote qui servira d’exemple et de locomotive pour les vingt-et-une autres régions de l’île de Madagascar.

La vision de Frédéric m’enchante : apprendre aux enfants à respecter la nature dès leur plus jeune âge, les encourager à replanter davantage que leurs parents ne coupent, leur donner envie de regarder une graine germer.

C’est de ces jeunes que le changement viendra. Sans compter que la réalité démographique étant ce qu’elle est, les vingt-deux millions de Malgaches seront d’ici un demi-siècle, cinquante millions. Les besoins en bois auront aussi explosé, il est donc plus que temps de planter. Comme le dit le nouveau slogan de Graine de Vie : TIME TO PLANT!

Les deux heures de réunion avant le dîner passent bien vite; aucun de nous ne s’y ennuie. La passion de Frédéric, sa voix forte et vibrante, ses grands yeux bleu saphir qui s’accrochent à nos regards nous maintiennent concentrés tout autant que ses propos. Outre la présentation des nouveaux membres, le résumé imagé des initiatives en cours et l’énumération des projets à venir, le président partage les challenges rencontrés tant sur le terrain qu’ici en Europe. Il a besoin de notre aide. Tous les membres présents ont une activité professionnelle prenante, quelques-uns s’impliquent plus que d’autres dans l’association.

Ainsi, Edouard a lancé le projet au Luxembourg et son lobbying auprès des banques et des sociétés financières fournit déjà quelques résultats. Il n’y a, en effet, pas que les particuliers qui sont invités à compenser leur empreinte écologique en faisant un don à Graine de Vie, il y a aussi les entreprises. Celles-ci ont tout autant une responsabilité environnementale : sponsoriser une pépinière pour planter une petite forêt au nom de l’entreprise est une action simple et efficace tant pour l’image en interne de la firme que pour sa communication externe. Trop peu soutiennent Graine de Vie pour le moment, nous avons encore du travail à faire pour augmenter notre visibilité. Quelques membres en parlent autour d’eux plus activement que d’autres. Les graines germent, la récolte est lente.

Xavier, un ami notaire de Frédéric, a développé un petit fascicule à l’intention des personnes qui préparent leur testament pour leur proposer de compenser leur passage sur notre planète en faisant un legs à Graine de Vie, rendre à la Terre un peu de ce qu’elle nous a donné. Le concept d’une forêt pour ma vie, équivalent de dix mille arbres plantés, commence à séduire.

Fred est le trésorier, il travaille aussi avec des organisateurs de festivals pour rendre ces évènements les plus propres possible et y organiser des stands informatifs sur les questions environnementales. Le Festival Rock de Ronquières et les Francofolies de Spa sont déjà partenaires de Graine de Vie.

Yohan est un étudiant néerlandophone qui a traduit le site Internet en néerlandais et essaie de lancer Graine de Vie dans la partie néerlandophone du pays.

Frédéric m’a tellement subjuguée par son engagement, sa ferveur, son efficacité et les résultats encourageants obtenus en quelques années que je me suis endormie cette nuit-là en me demandant comment je pourrais le soutenir davantage, sans m’engager dans une voie que je regretterais après quelques semaines.

Je n’avais aucune envie de reprendre la trésorerie ni de m’occuper d’aspects administratifs qui me semblent rébarbatifs au plus haut point. Je ne me sentais pas capable d’assurer la mise à jour du site Internet. Par contre, je pensais pouvoir peut-être offrir mon aide pour promouvoir Graine de Vie auprès des écoles. L’idée que des écoliers d’ici aident à la création de pépinières dans des écoles de là-bas me stimulait. Bien entendu, cela demanderait un sacré investissement de ma part. Je suis lucide, je me connais, je sais combien mon emballement pour une cause peut diminuer une fois que je suis rattrapée par les contraintes du quotidien. Il me fallait réfléchir avant de m’engager. La nuit porte conseil. Je me suis endormie avec l’esprit excité et le cœur gonflé du désir d’aider Frédéric dans le développement de Graine de Vie. Moi la femme pas très « branchée environnement », je croyais en ce projet. J’avais aussi enfin compris que la défense de l’environnement n’est pas qu’une question de nature et d’animaux. Elle est aussi et surtout la protection du lieu de vie des humains, leur survie en dépend. Où les Malgaches trouveront-ils du bois dans vingt ans s’ils ne se dépêchent pas de replanter ? Où les Malgaches récolteront-ils le riz s’ils continuent à brûler les collines et donc à assécher leur beau pays?

Quant à nous, les Occidentaux, si nous ne pouvons pas changer radicalement de mode de vie et que notre empreinte écologique est inéluctable, nous pouvons néanmoins la compenser de façon effective. Planter des arbres devient un acte citoyen tout autant que trier ses déchets et ne pas faire couler l’eau inutilement. Il en va également de l’avenir de nos enfants.

Je me suis réveillée le lendemain matin dans le même état d’esprit que la veille ; totalement épatée par Frédéric et sa démarche pour le moins altruiste.

Altruiste...

Le mot jouait déjà dans ma tête depuis quelques jours pour le titre du livre que je souhaitais écrire. Mais bien sûr, Frédéric est un altruiste ! Comment puis-je soutenir Graine de Vie au mieux si ce n’est en parlant de son fondateur, de son président qui en est à la fois le fondateur et le moteur ? Nul besoin de chercher ailleurs, nul besoin de m’engager sur une voie qui ne me satisferait qu’à moitié, ni de me forcer à des tâches qui ne me tentent guère. Il me suffit d’écrire, écrire sur Frédéric et sur son combat pour l’environnement.

Frédéric, le premier de mes altruistes.

Le fou, planteur d’arbres

Frédéric n’est pas jardinier, il est notaire. « Notaire de campagne », comme j’aime à le nommer pour le taquiner. Son étude est une maison de maître située sur la place d’une petite ville du Hainaut. De son bureau, de hautes fenêtres ouvrent sur un parc magnifique qui s’étend en pente douce sur deux hectares. Depuis qu’il a acheté son étude, il y a plus de vingt ans, Frédéric ne cesse d’embellir les lieux en y plantant de nouvelles variétés moins répandues dans ces contrées du Nord.

Bien avant d’être notaire, Frédéric a été un enfant, un petit garçon. Son papa aussi était notaire, ailleurs dans un autre village et c’est son grand frère qui a repris l’étude familiale. Ce lieu de son enfance est une demeure magnifique située dans une propriété moins boisée mais tout aussi majestueuse avec ses chênes centenaires, ses hêtres, ses marronniers joliment répartis sur de grandes étendues de gazon parfaitement entretenues. Il y avait le petit bois autour de l’étang, la grotte secrète au bord de la rivière, le potager et les parterres dans lesquels la maman passait des heures.

Frédéric a vécu une grande partie de son enfance dans ce jardin délimité par des murs en pierre cachés derrière les cerisiers. Les arbres ont fait partie de sa vie dès les premiers jours. Né avec le printemps, très vite sa poussette s’est retrouvée sous les hautes branches. Les rayons du soleil dessinaient les plus beaux des mobiles décoratifs, ombre et lumière dansant au gré de la brise légère, murmure des feuilles, chant des oiseaux, tranquillité de l’instant.

En grandissant avec son frère et ses sœurs, les arbres se sont invités comme accessoires de jeux. Ils s’y cachaient, y grimpaient, comptaient « un, deux, trois, soleil »en tapotant sur les troncs. Ils en choisissaient un et puis l’autre comme piquet de goal. Ils y attachaient les cowboys emprisonnés par les cruels indiens, ils y accrochaient un hamac, une mangeoire pour moineaux, une corde de balançoire. À l’adolescence, Frédéric s’est assis au pied du plus haut chêne pour y pleurer son premier chagrin d’amour, le plus douloureux de tous, celui qui ne se cicatrise jamais tout à fait.

Oui, Frédéric a grandi parmi les arbres, et si l’envie de devenir jardinier ne l’a jamais effleuré, sa passion pour la nature s’est éveillée très tôt. Durant les grandes années du Commandant Cousteau, Frédéric rêvait de faire partie de l’équipe de la Calypso. Il voulait plonger dans les tréfonds de l’océan, découvrir des mondes marins inconnus, taquiner les poissons de l’intérieur du sous-marin jaune, et peut-être aussi trouver un bateau de pirates rempli de trésors. C’était décidé, il serait océanographe !

Ce fut sans compter sur le père autoritaire qui ne voyait pas la carrière de son fils sous cet angle. Océanographe n’était pas, selon le paternel, un métier d’avenir. Il y avait bien le Commandant Cousteau et sa clique, mais ceux-ci étaient de rares élus. Le papa avait d’autres ambitions pour son fils. Il connaissait les qualités intellectuelles et sociales de Frédéric. Lui-même notaire, il adorait son métier : le contact avec les clients, les challenges intellectuels, le rôle de médiateur au sein des familles, l’autonomie, l’indépendance financière. Il était persuadé que Frédéric ferait un excellent notaire et donc il l’orienta vers le droit. Il faut dire que le papa n’avait rien d’une demi-portion. Homme dominant, il possédait un don de persuasion hors du commun et Frédéric se laissa guider vers les études juridiques.