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Les familles homoparentales sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses et, surtout, visibles. En effet, la PMA et l’adoption offrent aux homosexuels ou bisexuels la possibilité d’avoir des enfants de manière légale. Certains rencontrent une mère porteuse et tentent l’aventure de la GPA. Cependant, quelle que soit la voie choisie pour avoir un enfant, le projet ne sera ni simple, ni accessible à tous. Cela étant, des centaines de milliers d’enfants grandissent aujourd’hui, dans le monde, avec deux papas ou deux mamans. Qui sont ces familles ? Comment sont-elles reconnues et acceptées ? Comment évoluent ces enfants ? Cet ouvrage fait le point sur toutes les questions au sujet de l’homoparentalité.
À PROPOS DES AUTEURS
Laurent Mullens est formateur et coach de vie. Son parcours personnel de papa gay lui a permis d’étudier les différentes options qui s’offrent à une personne homosexuelle pour avoir un enfant. À la suite de ses nombreuses lectures et rencontres, notamment avec d’autres (futurs) parents, il a développé une vaste expérience sur le sujet. Grâce à ses talents de pédagogue, il en présente une vision claire, complète et précise.
Martine Gross est sociologue et a consacré la plupart de ses travaux à l’homoparentalité. Militante de la lutte contre les discriminations envers les homosexuels, elle fut la première présidente du groupe gay et lesbien juif de France, le Beit Haverim. Engagée auprès de l’association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), elle en a été la coprésidente de 1999 à 2003. Elle est chevalier de l’Ordre national du Mérite depuis 2014.
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Seitenzahl: 83
Veröffentlichungsjahr: 2023
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DIS, C’EST QUOI
l’homoparentalié ?
Les droits d’auteur seront versés à l’association « Homoparentalités ».
Laurent Mullens
Dis, c’est quoi l’homoparentalité ?
Renaissance du Livre
Drève Richelle, 159 – 1410 Waterloo
www.renaissancedulivre.be
Directrice de collection : Nadia Geerts
Maquette de la couverture : Corinne Dury
Illustration de couverture : Shutterstock
Correction : André Tourneux
Édition : Anne Delandmeter
Mise en pages : BreezDesign.be
Imprimerie : Arka, Pologne
e-isbn : 9782-507058111
Dépôt légal : D/2023/12.763/02
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.
Laurent Mullens
DIS, C’EST QUOI
l’homoparentalité ?
Préface de Martine Gross
À Francis, Alix et toutes les familles arc-en-ciel
Avertissement
La plupart des réponses sont d’abord inspirées du vécu de l’auteur. Il applique, en cela, la méthodologie des interventions scolaires qui contextualisent le texte. À ce titre, les questions sont à imaginer comme provenant de plusieurs élèves.
Son expérience professionnelle de coach de vie ainsi que ses lectures permettent d’élargir son propos afin d’inclure la majorité des configurations familiales que recouvre le terme « homoparentalité ». Hélas, le nombre limité de pages n’a pas permis d’aborder la transparentalité.
Introduction
En ce délicieux matin d’octobre, je traverse ma belle ville de Liège à vélo. Mon fils, assis sur le porte-bagages arrière, tente de m’expliquer, pour la énième fois, pourquoi « Dracaufeu Shiny noir et bleu » est sa carte Pokémon préférée. Je l’écoute, un peu distraitement j’avoue. Je suis porté par le sentiment d’allégresse que me procurent, à la fois, le fait de conduire mon garçon de 9 ans à l’école à vélo et le sentiment d’accomplissement d’avoir eu un enfant tout en étant homosexuel.
8 h 30, ouf, je ne suis pas en retard cette fois-ci ! Cartable au dos, sac à tartines à la main, un bisou-câlin et un « Amuse-toi bien ! » lancé comme d’habitude en guise d’au revoir. Nous nous quittons pour quelques heures.
Prochaine étape pour moi : intervenir dans un collège pour démystifier toutes les thématiques autour de l’homosexualité, homophobie, transidentité, etc. Je participe à ce projet, le GrIS Wallonie-Bruxelles, depuis sa création il y a plus de dix ans. En tant que témoin bénévole, je suis habitué à rencontrer des élèves du secondaire, entre 12 et 18 ans, aussi bien dans l’enseignement général que dans les filières techniques et professionnelles, autant dans l’officiel que dans le libre.
Je suis accueilli par un éducateur, qui me guide à travers le dédale de couloirs de cet établissement de près de 2000 élèves. Enfin, j’entre dans la classe avec un grand « Bonjour ! ». J’excuse d’abord l’absence de Florence, qui devait co-animer l’intervention et dont la compagne a accouché cette nuit, puis je démarre ma « bande-annonce » pour me présenter.
En tant que gay, le fait d’avoir eu un garçon de 9 ans, né aux États-Unis par GPA, suscite généralement beaucoup de réactions… et, cette fois-ci encore, les questions ne tardent pas à arriver…
Tout à fait. Mon compagnon et moi-même sommes deux hommes gays. Nous avons eu le désir de fonder une famille, et donc de devenir papas. Bien entendu, nous avons dû faire appel à une femme, et pas une « maman », pour y parvenir. Comme nous sommes homos, on parle ici d’homoparentalité.
« Homoparentalité » [j’écris le terme au tableau]. Cela désigne toute forme de famille dont au moins un des parents s’assume comme homosexuel. Ce néologisme a été inventé en 1997, en France, par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). Quant au terme « homoparent », il est un peu un contresens puisqu’il signifie « même parent ». L’autorité de l’adoption en Belgique en est même arrivée à remettre en question la notion d’« homoparentalité » car elle laisse imaginer qu’il s’agit pour l’enfant de grandir avec deux parents identiques, semblables.
Là, tu mets le doigt sur un autre concept intéressant : l’hétéronormativité. En effet, nous avons l’habitude de n’être confrontés qu’à une seule configuration familiale : un papa + une maman. Il est dès lors difficile d’envisager un autre modèle quand il s’agit de deux hommes ou deux femmes qui élèvent un enfant. Cela revient un peu à la sempiternelle question « Qui fait l’homme et qui fait la femme ? ». À ce sujet, j’aime beaucoup le dessin humoristique représentant des couverts demandant à des baguettes chinoises : « Qui fait la fourchette et qui fait le couteau ?! ». Absurde, non ?
Or ce n’est pas parce qu’un enfant a deux parents de même sexe biologique qu’il a affaire à deux parents qui occupent la même position entre eux et vis-à-vis de l’enfant. De même que ce n’est pas parce qu’un enfant a deux parents de sexe différent au plan biologique qu’il a affaire à deux parents qui occupent, sur le plan symbolique, des positions suffisamment différenciées. Dans notre cas, si mon compagnon et moi sommes bien deux hommes, nous ne sommes pas les mêmes papas. L’altérité dans le couple parental est d’ailleurs importante : qui nourrit ? qui sécurise ? qui soigne ? qui interdit ? C’est aussi un des critères fondamentaux utilisés par les organismes d’adoption pour juger de la capacité des candidats à adopter.
À part pour l’allaitement maternel, quelle fonction ne peut être assumée à cause de son sexe biologique ? Aucune. Le sexe organique de quelqu’un ne préjuge pas de sa part de féminité ou de masculinité ni de la manière dont ces identifications ou dont cette « répartition » s’exerce dans le couple. Les couples homoparentaux sont d’ailleurs les champions dans la répartition équitable des tâches ménagères !
Pour revenir à la question du terme « homoparentalité », il s’agit de préciser que notre configuration familiale est un peu particulière, du fait de l’orientation sexuelle des parents. Nommer et regrouper toutes ces situations est sans aucun doute un préalable indispensable au recensement et à la production de statistiques par les instituts démographiques. Nous désigner correctement permet aussi de faire avancer les lois et les mentalités. Le fait que le terme soit entré dans Le Robert en 2001 est, à ce titre, important. Et en même temps, notre fils ne nous appelle pas « homopapa », juste… papa.
Oui, il utilise « papa » pour nous deux. Quand il veut parler spécifiquement d’un de nous deux, il utilise « PapaOu » pour moi et « PapaCi » pour mon compagnon.
Même si je suis le père biologique de notre enfant, il était important pour nous de ne pas faire de différence. En effet, mon compagnon et moi l’élevons depuis sa naissance. Nous jugeons que le fait d’être présent au quotidien pour l’enfant est plus important que le patrimoine génétique. Au début, on ne répondait même pas à la question « Qui est le vrai papa ? ». Nous jugions, d’une part, cette question intrusive et, d’autre part, blessante pour le parent social, c’est-à-dire celui qui élève l’enfant sans lien biologique avec lui. Chaque famille, qu’elle soit homo ou hétéro, choisit la façon de se définir. Il est vrai que, dans une famille « traditionnelle », composée d’un homme et d’une femme, les termes « papa » et « maman » s’imposent très vite. Mais il n’est pas rare d’entendre les enfants utiliser le prénom de leurs parents ou d’autres appellations, parfois d’origine étrangère, pour les désigner. Dans les familles homoparentales, il est nécessaire de réfléchir à la manière dont l’enfant va vous nommer. Souvent, le parent social est appelé « papa » ou « maman » avec son prénom ajouté (en entier ou simplifié, comme dans notre cas). D’autres imaginent des termes similaires comme « Daddy » ou « Papou » pour un homme, « Mamou », « Mouna » ou « Mamine » pour une femme. Et puis parfois encore, c’est l’enfant lui-même qui choisit, avec ses babillages, comment il désigne ses parents… et ce sont ces derniers qui adoptent, ou pas, cette appellation !
Par « gPa » ! C’est beaucoup plus réel et moins violent que le jeu vidéo. Il s’agit de l’acronyme de « Gestation Pour Autrui ». Pour faire un enfant, je ne vous apprends rien en vous disant qu’il faut toujours un homme et une femme ou, plus précisément, des gamètes mâles (spermatozoïdes) et des gamètes femelles (ovules). Dans le cas des hommes homosexuels, ils doivent donc trouver la femme qui portera leur enfant. Dans notre cas, c’est une Américaine, rencontrée via une petite annonce sur Internet, qui deviendra la « mère porteuse » et nous sommes désignés comme les « parents d’intention » de cet enfant à naître. Notre parcours est un peu particulier car nous n’avons pas fait appel à une agence qui encadre généralement cette pratique.
Ces agences exigent, en plus, le recours à une « donneuse d’ovocyte », c’est-à-dire une autre femme chez qui on prélèvera des ovocytes pour les féconder, in vitro, avec le sperme d’un père d’intention. Elles fournissent d’ailleurs des répertoires avec toutes les caractéristiques : âge, nombre d’enfants, niveau d’étude, profession, couleur des yeux, etc., jusqu’à leur religion ! Ce système pourrait paraître choquant mais, quand on sait qu’il y a plus de couples en demande que de candidates, ce sont plutôt ces dernières qui choisissent les parents d’intention.
Dans notre cas, en accord avec la femme qui allait porter notre enfant, ce sont ses propres ovules qui ont été utilisés. On parle dans ce cas de MPA, soit de « Maternité Pour Autrui » ou encore de « GPA de basse technologie » (par opposition à la « GPA de haute technologie »).