Entrée analogique - Limousheels Limousheels - E-Book

Entrée analogique E-Book

Limousheels Limousheels

0,0

Beschreibung

Chris Nahcal était une petite chose insignifiante et humiliée. À quarante ans, sa triste existence bascule. Un mari volage, un divorce, son monde qui s'effondre. Pour renaître à la découverte des possibilités de son corps et de son esprit. Chris Nahcal est devenue une créature féline, glamour, sauvage, assoiffée et libérée. Mais sa nouvelle vie explose à son tour. Des crimes sordides, un attentat, un flic sous son charme, le retour de son professeur d'éducation sexuelle, des questions existentielles, une plaie du passé mal cicatrisée, des aventures excitantes et jouissives. Un tourbillon d'émotions va emporter Chris et ses talons hauts bien plus loin qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 243

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Retrouvez toute l’actualité de Limousheels sur : www.limousheels.fr

Avertissement

Ce livre comporte des scènes susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs et n'est en aucun cas destiné à un public jeune ou non averti.

Osez !

Vivez !

Libérez-vous !

À C., pour tout…

Personnages

Chris Nahcal

45 ans. Directrice des ressources humaines.

Grande rousse d’un mètre quatre-vingt-un.

Pilote de talons hauts.

Pierre Saint-Germain

50 ans. Agent de la DGSE.

Le grand G

50 ans. Ami de Pierre Saint-Germain.

Medhi Orsay

40 ans. Capitaine de police.

Nicolas Delgui

36 ans. Lieutenant de police.

Jean-Paul Massa

62 ans. Général à la DGSE.

Adeline

18 ans. Petite amie de Pierre Saint-Germain.

Charles

51 ans. Collègue et ami de Chris.

Edgar Flinius

63 ans. Patron de Chris.

Christophe Perrier

48 ans. Lieutenant-colonel de l’armée de l’air.

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

1

Jeudi 31 décembre 2020

18h00, Maisonnais-sur-Tardoire, Haute-Vienne

— Baisez-moi !

Pierre Saint-Germain en eut le souffle coupé. Il n’était pourtant pas facilement impressionnable, encore moins pour tout ce qui touchait au sexe. Mais la jeune femme qui venait de lui chuchoter ces deux mots à l’oreille l’avait stupéfié.

— Surtout ici ! pensa-t-il.

Il s’attendait à une confidence, il avait reçu une supplication. Une envie. Un ordre.

La petite blonde n’était pas d’une beauté frappante, ses cheveux, blonds justement, réunis en une simple queue de cheval, un peu ronde dans sa robe noire minimaliste, des escarpins pas très hauts, mais manifestement trop élevés pour ses habitudes. Ce qui attirait le regard masculin était son visage avenant, malgré le masque chirurgical qu’elle portait. Il y avait quelque chose dans le pli de ses yeux rieurs. Peut-être une candeur rafraîchissante.

Pierre devait reprendre la main, comme toujours. Il détestait subir ou se retrouver en position de faiblesse. Il la fixa droit dans les yeux, avec un sourire qu’il laissa s’élargir :

— Pourquoi pas, c’est une proposition très intéressante… Alléchante, pourrais-je même dire… Malheureusement, j’y vois trois obstacles.

Puis il se pencha à son tour à son oreille :

— Premier obstacle, bas ou collants ?

Elle grimaça, un éclair de colère dans le regard.

— Touché ! se dit-il en levant les sourcils.

Malgré tout, Pierre ne pouvait nier qu’il était tenté. Il se pencha une deuxième fois en respirant son agréable parfum :

— Deuxième obstacle, majeure ou mineure, mademoiselle Flower by Kenzo ?

Le second éclair qu’il intercepta sur les rétines de la petite blonde fut un éclair de surprise. Pour le cacher, elle fit la moue, fouilla dans son sac et lui tendit sa carte d’identité.

— Dix-huit ans et six mois, calcula-t-il. Un bon point pour toi, mademoiselle Adeline.

Pierre se pencha une troisième fois vers sa délicate petite oreille :

— Troisième obstacle, tu vas crier sans aucune discrétion quand je vais te faire jouir.

De la main, il désigna la salle des fêtes du village, remplie de monde malgré les restrictions sanitaires. Le maire avait organisé une soirée de solidarité en partenariat avec les Restos du Cœur. Repas de fête, denrées alimentaires et jouets étaient offerts à tous ceux qui en avaient besoin. Pierre s’était fait embarquer dans l’opération par son ami d’enfance, le grand G, qui, actuellement, gesticulait devant un couple de personnes âgées.

Il se pencha une quatrième fois :

— Je vois quand même une solution aux deux obstacles restants si tu veux absolument t’enfoncer dans le vice. Une sorte d’avant-goût de ce qui pourrait t’attendre dans un contexte plus approprié…

Adeline dut comprendre, car elle baissa furtivement son masque et passa sa langue sur ses lèvres charnues. Pierre lui fit signe de le suivre et l’emmena dans une petite pièce qu’il savait inutilisée derrière la cuisine. Adeline s’assit sur l’unique chaise présente et enleva son masque pendant que Pierre descendait la fermeture éclair de son jeans. Il bandait déjà. Gourmande, elle goba le pénis dès qu’il jaillit du pantalon et du caleçon. Pierre ne put retenir un frisson et un soupir de plaisir, la tête relevée.

— Putain que c’est bon…

Quelques secondes plus tard, légèrement irrité, il ouvrit les yeux et contempla, critique, la scène érotique se déroulant sous sa ceinture. Adeline s’y prenait mal. Ses mouvements d’avant en arrière étaient trop rapides et trop appuyés.

— Doucement, calme-toi… dit-il. Utilise ta langue, lèche, joue avec elle.

Sa bouche ralentit et sa langue entra en action, comme sur une glace.

— N’oublie pas non plus que tu as deux mains…

D’en bas, Adeline lui lança un regard qui ressemblait à une excuse et de petits doigts aux ongles vernis de rouge saisirent fermement son pénis. Trop fermement.

— Doucement… Cette fine peau est fragile et sensible.

L’étreinte se desserra. Adeline commença une masturbation pendant que sa langue continuait son œuvre. Là encore, elle y allait trop fort, sa main cognait violemment contre son bas ventre et ses testicules.

— Doucement, doucement… répéta-t-il.

Adeline rougit, mais obéit. Pierre s’abandonna et ferma une nouvelle fois les yeux. Pour éviter que la séance ne dure trop, il pensa à d’anciennes conquêtes expertes.

— Surtout à une…

À cette évocation, sa sève monta d’un coup et s’approcha de la sortie. Il revint au présent et à Adeline, et l’admira en pleine action.

— Ça va sûrement être sa première dégustation… se dit-il, excité par l’idée. Et peut-être que j’aurais le droit à d’autres de ses premières…

C’en fut trop, il ne put se retenir davantage :

— Je viens… murmura-t-il.

Les mains sur la tête de la jeune femme pour la maintenir en place, il grogna de plaisir quand le premier jet s’échappa. Elle grimaça, ouvrit de grands yeux, manifestement surprise, et cessa toute action. Pierre accompagna alors ses éjaculations par quelques lents mouvements d’avant en arrière entre ses lèvres.

Après un dernier râle, il libéra Adeline qui fit l’effort d’avaler son don avec le sourire. Une goutte perlait sur son pénis rouge. Elle la lécha, le faisant tressaillir.

— Quand un homme jouit, il faut continuer à le sucer et à le branler, expliqua-t-il. Mais en douceur.

Adeline acquiesça en se relevant, l’expression et la bouche fières, heureuses et insolentes :

— Moi, je crois que j’ai bien mérité d’autres leçons…

21h00, Paris

— Baisez-moi !

C’est ce qu’exprimait l’attitude de la séduisante sergent-chef, les yeux en feu, les lèvres légèrement entrouvertes, le dos cambré, la poitrine en avant, les fesses en arrière.

Le général de division Jean-Paul Massa se leva de son fauteuil et s’étira longuement. Autour de lui, la salle de crise de la direction des opérations, qu’il commandait, de la direction générale de la sécurité extérieure, la célèbre DGSE, la CIA française, s’était vidée. L’effervescence causée par la situation critique de deux de ses agents du service action était retombée depuis leur récupération in extremis par un hélicoptère dans un coin perdu du désert malien.

La sergent-chef poursuivait ses opérations de destruction massive contre ses hormones. Des œillades au napalm, régulières et appuyées. Comme souvent depuis quelques semaines. Jean-Paul Massa s’attarda sur son visage et, sans réfléchir, il lui sourit, venant de découvrir à quel point elle était charmante et attirante. D’ordinaire, il ciblait les formes arrondies de son corps. Elle lui répondit de la même manière, brièvement, furtivement, un peu de rouge sur ses jolies joues. Mais toujours avec cette attitude incendiaire.

Un soudain coup de chaud fit fuir le général Massa. Un besoin aussi impérieux que son envie. Pour gagner la sortie, il passa près d’elle et la frôla bien plus qu’il n’aurait dû, le regard perdu dans ses grands yeux marron. Il était en feu et devait aller se rafraîchir.

Dans le couloir, il se rendit compte au bruit de ses petits talons réglementaires qu’elle le suivait. Il hésita devant la porte des toilettes pour hommes, contiguë à celle des femmes, mais finit par l’ouvrir avec un coup d’œil en arrière. La belle sergent-chef dut prendre cette hésitation pour une invitation, car elle se précipita derrière lui, sa petite main sur son dos musculeux.

Quand son cerveau se rebrancha et quand sa mémoire se remit à enregistrer, il se trouvait dans une cabine, des lèvres chaudes collées aux siennes, une langue curieuse tournant autour de la sienne, son pantalon sur ses chevilles, une main fine à l’intérieur de son slip, massant ses attributs.

Le général Massa pensa à sa femme et à ses onze enfants. Le mot qui lui vint à l’esprit fut fade. Fade, en comparaison de ce qu’il subissait en ce moment. Il céda et commença à caresser les petits seins enfermés dans un soutien-gorge qu’il eut du mal à faire sauter. Son membre était au garde-à-vous, prêt à servir la nation. Les séduisantes lèvres rouges quittèrent les siennes et allèrent saluer la hampe dressée.

— Putain que c’est bon…

Tout allait trop rapidement, trop de plaisir se déversait dans son corps tremblant. Il n’osa pas exploser dans la bouche de sa jeune subordonnée et la releva. Elle se dandina pour remonter sa jupe trop serrée, mais si stimulante, au-dessus de ses hanches. Il faillit éjaculer d’excitation en découvrant la présence de bas autofixants et l’absence de culotte. Elle était complètement rasée et sa vulve était trempée. Ses deux doigts y entrèrent sans la moindre difficulté. Un gémissement se faufila entre sa lèvre inférieure et les dents qui la mordaient. Le général Massa la tritura quelques instants, peut-être quelques courtes secondes, peut-être quelques longues minutes, la notion de temps ayant déserté son esprit. Puis, essoufflée, elle se retourna, lui offrant son postérieur arrondi. Il n’hésita pas, la pénétra comme une charge de cavalerie et s’agita furieusement en elle. Il comprit vaguement qu’il attaquait trop fort et trop vite, mais l’excitation de la victoire l’aveuglait et envoyait au combat toutes ses réserves musculaires.

Comme prévu, l’officier en surchauffe ne tint que quelques secondes avant un dernier coup de reins au plus profond de la jeune sous-officier qui soupira d’aise quand il se déversa.

— Dois-je m’excuser d’avoir été aussi rapide ? se demanda-t-il.

La sergent-chef le dévisagea, souriante, mais avec un air à moitié satisfait. Elle s’extirpa de son pénis, s’essuya l’entre-jambe avec quelques feuilles de papier toilette puis se rhabilla avant de l’embrasser furtivement sur les lèvres et sortir.

Le général ne sut pas combien de temps il resta ainsi, le pantalon sur les chevilles, le sexe mou pendant à l’air libre, la porte ouverte.

22h00, Bordeaux, Gironde

— Baisez-moi !

Medhi Orsay haussa les sourcils en lisant le titre de cette chanson parfaitement inconnue. Il baissa le son de l’enceinte, mais sa découverte avait éveillé une étincelle dans son cerveau et dans son pyjama. Plus dans le pyjama que dans le cerveau. Finalement, il coupa la musique, posa la bouteille de whisky presque vide sur la table basse et se connecta à son site pornographique favori.

— Voilà à quoi j’en suis réduit…

Ses yeux rivés sur de courtes vidéos et sa main gauche crispée frénétiquement. Depuis que sa femme l’avait quitté, cinq ans auparavant.

Medhi hésita. Comme souvent quand il devait choisir une catégorie de films. Il cliqua sur Stockings, bas en anglais, et lança trois vidéos en même temps dans trois onglets différents, son membre durcissant rapidement entre ses doigts. Sur la première, une blonde aux seins énormes vêtue uniquement de bas noirs autofixants. Sur la seconde, une brune avec le même type de bas et des bottes brillantes. Sur la troisième, une grande blonde en porte-jarretelles, bas noir et escarpins rouges prise par un type maigrichon doté d’un sexe surdimensionné.

Sa femme ne portait jamais de bas. Ni de jupe ou de robe. Ni de talons hauts.

— Que du tue-l’amour… marmonna-t-il, dépité.

Pendant que sa main gauche astiquait frénétiquement son pénis, sa main droite cliquait presque aussi vite pour passer d’une vidéo à l’autre, cherchant le meilleur moment de chaque scène pour accroître son excitation et le faire jouir.

— Putain que c’est bon…

Finalement, Medhi se leva quand le maigrichon sodomisa la grande blonde, la faisant hurler sans relâche. Ayant changé de main, il était droitier, il éjacula dans plusieurs feuilles d’essuie-tout lorsque le maigrichon déchargea son immense engin dans l’anus dilaté de sa partenaire qui couina de contentement.

23h57, Mérignac, Gironde

— Baisez-moi !

Le cri de la jolie brune sortit Chris Nahcal de sa torpeur. Elle se leva, sa robe grise à paillettes glissa de ses épaules jusqu’au sol. Sur la table basse en verre du salon, le film porno se poursuivait sur son ordinateur portable, à côté d’un bloc de foie gras presque terminé et d’une bouteille de Champagne aux trois quarts vide. Sur le mur d’en face, la télévision crachotait les images et les sons caractéristiques d’un réveillon sur petit écran.

— Et oui les mecs ! murmura-t-elle en vacillant à cause de l’alcool. Le cul virtuel, c’est pas que pour vous !

À cause de ce foutu virus et de ce Champagne, elle n’allait pas sortir en ce jour de fête. Mais cela n’avait pas d’importance. Pas la moindre.

Seulement vêtue de son porte-jarretelles, de ses bas et de ses Louboutin de douze centimètres de haut, elle s’affala à nouveau sur le canapé, attrapa les deux jouets qu’elle avait prévus pour l’occasion, écarta les cuisses et posa ses talons aiguilles aussi vertigineux que fins de part et d’autre de l’ordinateur portable d’où des cris de jouissance s’échappaient selon un rythme régulier.

La télévision lança le compte à rebours. Deux minutes avec l’explosion de joie.

La jolie brune avec ses bas et escarpins couleur chair s’installa à califourchon sur l’un des deux beaux mâles. Le second se mit en position derrière elle.

Chris lubrifia le plus petit des jouets et son plus petit orifice, puis elle enfonça en douceur l’un dans l’autre. À une seconde près, la jolie brune se fit doublement pénétrer. Elles poussèrent le même râle en même temps.

— Putain que c’est bon…

La télévision annonça une minute.

Chris mit le second godemichet dans sa bouche pendant qu’elle se caressait le clitoris, causant dans son ventre des vagues de plaisir, autant par cet organe que par les contractions sur le plug anal. Elle était déjà trempée et savait que ce ne serait pas long. L’alcool, le film, le manque…

La jolie brune se faisait sauvagement défoncer par les deux étalons musclés, bronzés et rasés.

— Trente secondes !

Chris enfonça le jouet baveux dans son vagin, d’un seul coup, mais sans effort. Elle gémit plus fort, concurrençant la vidéo.

— Putain que c’est bon…

Elle sentait parfaitement les deux sextoys qui se touchaient presque en elle, uniquement séparés par une fine paroi. Ils glissaient l’un contre l’autre, faisant vibrer ses muqueuses si réactives.

— Dix secondes !

Sa main droite lança le jouet en de grands mouvements de va-et-vient dans son intimité pendant que la gauche accélérait ses petits cercles sur sa vulve lisse.

— Cinq secondes !

Chris cria. Sans retenue. Le plaisir se déversait, dégoulinait dans son corps.

— Quatre secondes !

Chris perçut vaguement que ses jambes tremblaient et que son ventre se contractait.

— Trois secondes !

Chris coula abondamment.

— Deux secondes !

Chris se cambra et rejeta la tête en arrière.

— Une seconde !

Chris enfonça profondément le gode et appuya plus fort sur son clitoris.

— Bonne année !

À la télévision, des confettis explosèrent sur des gens bien habillés.

Sur l’écran de l’ordinateur, des giclées de sperme explosèrent sur le visage de la jolie brune.

Dans son canapé, Chris explosa en se léchant les babines.

2

Vendredi 1er janvier 2021

07h00, Mérignac, Gironde

Chris Nahcal ouvrit ses grands yeux bleus. Sa quarante-sixième nouvelle année commençait. La cinquième de sa nouvelle vie.

Après quinze ans de mariage, dont plusieurs d’infidélité, son mari et patron l’avait jetée comme…

Chris ne trouva pas le mot.

Jetée pour une petite ingénieure aux dents qui rayaient le parquet, aux seins refaits et à la jeunesse insultante. Après d’interminables mois d’hébétement, Chris avait à son tour tout jeté. Le midi de ce jour charnière, alors qu’elle était attablée, plus à boire qu’à manger, un homme était venu s’asseoir en face d’elle, sans rien demander. Son verre de vin rouge à la main, elle lui avait rendu son regard muet. La cinquantaine, une légère barbe, des lèvres fines, un nez un peu tordu, des yeux sombres, un large front, une chevelure poivre et sel fournie. Plus que séduisant. Attirant comme l’interdit peut l’être.

— Comme le côté obscur d’une force mystérieuse…

Au bout de longues secondes d’échanges silencieux, mais intenses, le bel inconnu avait enfin pris la parole, d’une voix grave et profonde, mais calme et sereine :

— Il y a mieux à faire…

Du menton, il avait pointé son verre et son assiette à peine entamée. Puis il s’était levé et avait tendu la main. Sans réfléchir, Chris avait troqué son verre contre sa poigne aussi ferme que son élocution.

Sans un mot de plus, il l’avait emmenée dans une chambre du Grand Hôtel de Bordeaux, place de la Comédie, en face de l’Opéra National. La chambre numéro treize, chiffre béni finalement. Un lit immense entouré de tons rouges et dorés, de la moquette épaisse aux lourdes tentures en passant par la tapisserie fleurant le dix-neuvième siècle. Chris était un peu plus petite que lui, malgré son mètre quatre-vingt-un et ses petits talons.

Après avoir tiré les imposants rideaux, il lui avait ôté son manteau. Chris s’était laissée faire, à la fois curieuse et paniquée, à la fois excitée et honteuse. Elle qui n’avait connu que son mari.

Sa veste avait rejoint son manteau, tous les deux pliés avec soin sur le rebord d’un large fauteuil rembourré. Puis ce fut le tour de son chemisier et de sa jupe, pas tout à fait longue, pas tout à fait courte. Une grimace fugace avait assombri le visage du beau ténébreux quand il avait découvert ses collants opaques. Il ne les avait pas enlevés, il les avait déchirés.

— Quel dommage… avait-il soufflé.

Ses longs doigts fins, chauds et doux, avaient effleuré sa peau presque nue où ne subsistaient que des sous-vêtements dont elle aurait honte aujourd’hui.

Il s’était déshabillé à son tour. Entièrement, sans pudeur ni gêne. Chris se rappela avoir senti son ventre se tordre à la découverte de son sexe déjà tendu. Si beau, si raide, si droit, si… imposant.

— Quel dommage… avait-il répété. Cette merveilleuse peau mérite bien mieux, avait-il ajouté en pianotant de l’index sur ses milliards de taches de rousseur.

Avec délicatesse, il lui avait enlevé son soutien-gorge et sa culotte, puis avait libéré ses cheveux roux mi-longs.

Enfin, il l’avait menée au lit et l’avait étendue.

— Leçon numéro un ! avait-il lancé en plongeant sa tête entre ses cuisses.

Le premier vrai orgasme de sa vie avait surgi au bout de quelques coups de langue et de quelques secondes. Un tsunami insoupçonné. Gênée et honteuse, Chris avait hurlé dans un oreiller et serré les jambes de toutes ses forces. Sans effet contre les bras musclés de son amant.

— Leçon numéro deux ! avait-il annoncé en la pénétrant et en l’embrassant dans le cou.

Un nouvel orgasme l’avait violemment secouée. Différent, mais plus fort que le premier.

Les leçons s’étaient succédé pendant trois heures. Les orgasmes également.

— Tout comme les coups de bites… se remémora-t-elle en souriant.

À la fois intenses, vigoureux et doux.

— Il reste beaucoup de leçons… avait-il ajouté sous la douche.

Ils avaient trouvé un endroit pour se restaurer et Chris s’était enfin mise à parler. De tout, de rien, de sa vie, elle si timide habituellement. Puis son merveilleux amant l’avait traînée dans des boutiques de lingerie, de vêtements, de chaussures, de parfum et de maquillage pour accompagner sa mutation. Du luxe, du beau, du glamour. Mais Chris s’y était sentie bien.

— À bientôt… lui avait-il murmuré en déposant les innombrables paquets dans le coffre de sa voiture.

Il l’avait embrassée dans le cou et avait disparu, le bruit de ses bottines italiennes résonnant longtemps dans ses oreilles.

Chris n’était pas rentrée dans son grand appartement du centre de Bordeaux. Elle avait immédiatement loué une maison moderne et accepté l’offre du concurrent de son mari : le poste de directrice des ressources humaines d’une multinationale de la défense et de l’aéronautique, au salaire exorbitant et au bureau immense, tendance et lumineux.

Adieu Sylvie Martin, petite chose insignifiante et humiliée. Bonjour Chris Nahcal, féline sauvage, assoiffée et libérée. Chris, diminutif plus claquant que Christelle, son deuxième prénom. Nahcal, son nom de jeune fille.

Le lendemain, une rose rouge avait fleuri, comme un miracle, dans son nouveau bureau, accompagnée d’une petite carte écrite à la main. Plus que succincte :

18h

À l’heure dite, elle était entrée dans la chambre treize du Grand Hôtel de Bordeaux. Son bel inconnu l’attendait nu sur le lit, peau mate au milieu de draps immaculés, corps parfaitement détendu. Sauf son érection. Chris avait ôté sa veste en cuir, son chemisier en satin et sa jupe au-dessus du genou, également en cuir. Guêpière, bas couture et Louboutin, également achetés la veille, étaient restés sur elle. Une lueur approbatrice était passée dans les yeux sombres de son professeur de vie :

— La leçon du jour, la fellation. Tu as une heure pour me faire éjaculer sans en perdre une goutte.

Chris s’était jetée sur la hampe dure. Maladroitement. Il l’avait guidée, aidée, lui avait expliqué comment promener sa langue sur le gland, comment l’entourer, comment prendre la verge en entier dans sa bouche, comment caresser les testicules, comment se servir de ses petites mains pour le masturber en même temps. Elle avait eu des crampes dans les bras et dans la mâchoire, mais elle avait réussi à le faire se vider dans sa bouche et dans le temps imparti. Fièrement, elle avait goutté son précieux liquide, découvert son goût si particulier et la surprise de recevoir les giclées sur son palais. Elle s’était retenue de tousser ou de cracher, et avait tout avalé en se léchant les babines.

— Il y a les leçons techniques et anatomiques, lui avait-il expliqué un autre jour. Mais la leçon la plus importante, c’est toi. Sois à l’écoute du corps et des envies de ton partenaire, mais sois aussi à l’écoute de ton corps et de tes envies. Et surtout, trouve ton style, développe-le, rends-le unique. Épanouis-toi avec lui.

Chris s’était alors lancée à corps perdu dans sa nouvelle vie, travaillant sans relâche sur son nouveau poste et sa nouvelle sexualité, meublant sa maison et ses loisirs comme elle l’entendait.

Alors qu’elle l’avait pleurée pendant des années, elle remerciait maintenant les dieux, s’ils existaient, de l’infertilité de son ex-mari.

— Quel soulagement de ne pas avoir eu d’enfant avec ce salaud ! grogna-t-elle. De toute façon, c’est pas en me baisant cinq minutes un dimanche sur deux qu’il aurait pu m’engrosser, même si ses minables spermatozoïdes n’étaient pas aussi mous…

Chris revint au présent. Non, elle n’avait pas tout jeté de son ancienne vie. Une chose de son passé ne la quittait jamais. Elle tendit la main et attrapa ce souvenir : la montre de son père, mort lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa, le cinq mai 1988. Elle caressa cette Tudor submariner prince oysterdate noire et acier.

Sa nuisette longue, rouge et satinée, bruissa quand elle se rendit dans la cuisine, pieds nus, pour un petit-déjeuner léger. Tout en regardant les informations sans trop y porter d’intérêt, elle se remémora la dernière carte accompagnant les dernières roses rouges, trois au lieu d’une :

Adieu

Elle en avait pleuré. De colère, de dépit, d’abandon. D’amour même. Et surtout du manque que ce départ avait causé. Car, de son bel inconnu, elle ne connaissait ni son nom ni son prénom. Rien. À part son visage, son corps et, bien entendu, son sexe. Elle l’avait cherché, mais n’avait rien trouvé.

Elle avait déchiré ce dernier mot en tous petits morceaux :

— Je te retrouverai ! Et tu ramperas à mes pieds.

Car elle n’avait pas seulement appris et progressé, elle avait pris la main.

Sa nuisette ôtée, elle s’examina dans le miroir. Sa crinière fauve et ses griffes avaient poussé, ces dernières vernies d’un noir brillant. Les séances de sport qu’elle s’infligeait avaient fait leur effet : muscles dessinés, ventre plat, fesses fermes.

Chris décida d’aller courir.

Le capitaine Medhi Orsay, de la police nationale, patrouillait avec une jeune collègue au milieu des promeneurs venus prendre l’air après le réveillon ou pour aérer et défouler leurs enfants ou leur chien.

— T’es sûre que ton indic ne s’est pas trompé ? C’est bien ici et ce matin ?

La jeune policière hocha la tête :

— Oui, sûre. Grosse vente de shit. Pour ravitailler les bourges qui auront tout fumé cette nuit. Ça répond juste à la demande…

Ils croisèrent un autre collègue, lui aussi en civil :

— Alors ? interrogea Medhi.

— Rien à part le grand black louche là-bas, expliqua le policier en montrant la rive opposée de l’étang. Je lui ai demandé du feu, et vu comment il m’a maté, je suis sûr qu’il est pédé. À gerber…

Medhi le regarda sévèrement, les lèvres pincées :

— Et pourquoi il est louche ? Parce qu’il est black ou parce qu’il est gay ? Ou les deux ?

Le policier dut comprendre qu’il était allé un peu trop loin et que son chef ne partageait pas forcément ses opinions :

— Non, juste parce qu’il est là depuis un moment, sans bouger, comme s’il espionnait…

Chris Nahcal courait depuis de longues minutes déjà quand elle atteignit l’entrée ouest du parc de Bourran. Elle appréciait cet endroit. Elle fila tout droit et suivit la rive de l’étang central, au pied du château.

— Hé Chris !

Surprise, elle tourna la tête puis s’arrêta avec le sourire :

— Hé ! Youyou ! Bonne année ! Comment vas-tu ?

Elle ne connaissait que le surnom du patron du club de fitness où elle allait s’épuiser plusieurs fois par semaine.

— Tu me donnes froid ! rit le grand Antillais en montrant sa courte et moulante tenue de jogging.

— J’espérais que tu allais me courir après pour me réchauffer !

— Ah malheureuse ! Tu sais bien que tu attraperas la crève avant… sourit Youyou avec un clin d’œil entendu.

— Et comme tu réserves ton club à de rares initiés, je suis bien obligée de galoper dehors en plein froid !

— Ah merde ! Comment t’es au courant ?

— Ah non, je ne le savais pas, je te taquinais ! Mais je suis déçue de voir qu’il y a des privilégiés dont je ne fais pas partie.

— C’est vrai, admit-il, j’aurais pu te laisser la clé…

— Je te taquine encore !

— Pas moi ! Tu es ma meilleure cliente, celle qui me ramène le plus d’abonnés ! Je devrais doublement te remercier.

— Quoi ? s’étonna Chris.

Son ami rit de bon cœur, d’un rire sonore qui fit se tourner de nombreuses têtes.

— Ne me dis pas que t’as rien remarqué ? À l’heure où tu viens, j’ai deux ou trois fois plus d’affluence. Donc, un, merci pour mon business et deux, merci pour moi. Même s’il n’y a que des hétéros qui se bousculent pour mater ton joli p’tit cul, je me rince aussi l’œil sur les leurs !

Chris n’en revenait pas.

— Ça alors… Je dois être un peu trop concentrée sur ce que je fais… Même si je me rince aussi l’œil… Comme tout le monde, donc !

— Et c’est pas tout, quand tu prends une machine au premier rang, c’est l’émeute vers les appareils derrière toi.

— Non ?!

Youyou défit une clé de son trousseau et la lui tendit :

— Mais quand tu prends une machine au dernier rang, tu fous mon chiffre d’affaires en l’air !

— J’ai compris le message ! rit Chris en s’emparant de la clé et en la glissant dans la poche de son short. Premier rang ! Je te remercie de ta confiance.

Elle commençait à avoir froid. Mais Youyou la retint, soudain sérieux :

— J’ai pensé à toi pour un truc. On va faire une grande campagne de pub pour se relancer après le covid et le mec qui s’en occupe veut une jolie fille, genre on aurait pu faire appel à un mannequin, mais la réalité chez nous, c’est ça. Enfin, en mieux dit. Et donc, forcément, j’ai pensé à toi !

— Mais t’es vraiment adorable ! répondit Chris, touchée. Et pourquoi pas, ça me tente bien...

— On en reparle, vu l’évolution de ce virus de merde, c’est pas pressé. Mais je te retiens et tu vas finir par choper la crève avec ce froid.

— Et toi aussi à rester là !

— Normalement, j’ai un rencard avec un superbe playboy. Mais je le savais, il était trop beau, c’était trop beau… Trop beau pour être vrai. Je crois que seules les photos de son profil étaient trop belles ! Pffff… ça sent le lapin… ajouta Youyou dépité.

— Ah merde ! Alors je file me réchauffer comme je n’ai aucune chance avec toi, tombeur !

— C’est ça, file !

— Bonne chance quand même !

Et Chris repartit en riant.

— On l’arrête ? demanda la jeune policière.

Le capitaine Medhi Orsay réfléchit et soupira :

— Pour quel motif ? Il lui a refilé un tout petit truc, on est loin de la soi-disant grosse vente. Fais voir les photos !