Étude Pratique sur l'Épître de Jacques - August Neander - E-Book

Étude Pratique sur l'Épître de Jacques E-Book

August Neander

0,0
1,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Depuis les jours de Luther, qui ne la tenait pas en haute estime, l'Épître de Jacques est surtout étudiée en milieu protestant par rapport à la question des oeuvres qu'elle semble opposer à la foi seule, pour pouvoir être sauvé. On s'efforce donc de prouver qu'il n'existe pas de contradiction essentielle entre l'enseignement du premier évêque de Jérusalem et celui de l'apôtre Paul. Dans ce petit ouvrage Neander signale qu'en réalité les églises auxquelles Jacques écrivit sa lettre n'avaient probablement jamais soupçonné une difficulté doctrinale quelconque liée aux écrits de Paul ; car composées majoritairement d'anciens Juifs, elles concevaient l'apparition de Jésus-Christ et le développement de son règne, non comme une rupture avec le passé, mais comme l'accomplissement naturel des prophéties de l'Ancien Testamment. Jacques lui-même, demi-frère de Jésus par Marie, n'avait pas été gagné à la foi en l'incarnation du Fils Dieu par une crise brutale et inattendue, comme ce fut le cas chez Paul, mais en quelque sorte progressivement, et devant l'évidence de la résurrection. Le mérite de l'étude de Neander consiste à bien mettre en lumière la nécessité d'une compréhension de la psychologie l'écrivain et des particularités de son entourage, pour aboutir à une juste lecture de son épître. Neander rapproche très pertinemment le ton et les préoccupations de Jacques du Sermon sur la montage, dans lequel il ne faut pas voir ainsi que l'ont prétendu les dispensationalistes un évangile pour les Juifs, mais l'épanouissement de la Loi Royale qui inspire toute l'Écriture, et qui contenait en germe l'Évangile de Jésus-Christ. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1851.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 189

Veröffentlichungsjahr: 2023

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Mentions Légales

Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322484157

Auteur August Neander. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.

ThéoTEX

site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]
Étude pratique
sur
l'épître de Jacques
August Neander
Traduit par Jean Monod
1851
♦ ♦ ♦Thé[email protected] – 2014 –
Table des matières
Un clic sur ◊ ramène à cette page.
Préface du Traducteur
Introduction
Préliminaires
1. La résignation chrétienne
2. La prière
3. Pauvres et Riches
4. La Tentation.
5. La Vie Nouvelle
6. La Religion Pratique
7. La Partialité
8. La Loi Royale
9. La foi sans les œuvres
10. Du penchant à se poser en Docteur
11. La fausse et la vraie sagesse.
12. La source des dissensions
13. L'humilité source d'élévation.
14. La fausse confiance
15. Les richesses iniques
16. La patience
17. Préceptes de détail
◊  Préface du Traducteur

Nous nous proposions de faire précéder cet ouvrage de quelques réflexions sur l'étude de l'Ecriture sainte, quand notre attention fut dirigée sur trois articles publiés par Neander dans le journal qu'il avait récemment fondé de concert avec Julius Müller et Nitzsch. Ce travail remarquable, rempli de vues saines et fécondes, en même temps que d'un profond respect pour les Ecritures et d'une solide édification, répondait si bien — nous n'osons dire à nos idées, mais du moins à nos désirs, que nous nous sommes bornés à le traduire sous forme d'introduction.

La traduction du texte de l'Épître et la division en chapitres sont les seules parties de ce commentaire qui nous appartiennent ; le reste est de Neander. Cependant il a fallu faire subir à son exposition plusieurs modifications de détail, afin de la mettre à la portée des lecteurs français. Nos habitudes de pensée et de style sont, en général, beaucoup plus rigoureuses, du moins quant à la forme, que celles de nos voisins d'outre-Rhin et Neander est, à cet égard, un fidèle représentant de sa nation, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés. Personne ne donne moins de soin que lui à la forme de sa pensée ; tantôt elle est d'une concision difficile à saisir, tantôt la répétition des mêmes idées, à de très courts intervalles, produit une sorte de monotonie ; tantôt enfin de longues parenthèses viennent rompre le fil de son argumentation et nuisent à la netteté de l'ensemble.

Malgré nos efforts et les libertés que nous nous sommes permises, comme traducteur, pour atténuer cet inconvénient, nous ne pouvions le faire disparaître entièrement, sous peine de défigurer l'exposition du pieux docteur. Il ne faut donc chercher dans les pages qui suivent ni un grand mérite de style, ni une grande nouveauté d'aperçus ; elles se distinguent plutôt par l'onction que par la force. Neander les écrivit, ou plutôt les dicta dans les derniers temps de sa vie, la faiblesse de sa vue lui interdisant alors tout autre travail. Il y a mis non seulement sa science, mais son cœur ; il a même tellement dissimulé les aspérités de la première, qu'on oublie, en goûtant ces fruits savoureux, le labeur qu'ils ont coûté. C'est que Neander étudiait l'Ecriture, moins avec son intelligence qu'avec son âme. Ce n'est pas qu'il méprise, en exégèse, les travaux scientifiques ; ils sont, au contraire, pour lui la condition nécessaire de toute étude consciencieuse de la Bible ; mais si ces préliminaires sont indispensables pour déblayer le terrain, ce ne sont cependant que des préliminaires qu'il faut traverser pour aller au but. On sent, en lisant les ouvrages de Neander, et ceux qui ont eu le privilège de l'entendre lui-même sentaient surtout en l'écoutant, que sa confiance en l'Ecriture était complètement indépendante de telle difficulté critique ou grammaticale ; aussi a-t-il l'habitude de se mouvoir dans ces questions avec une grande liberté ; mais en même temps, il a hâte d'en sortir pour arriver au but, le contact immédiat de la Parole de Dieu avec l'âme et la vie.

C'est aussi vers ce but que doivent tendre aujourd'hui tous les efforts. Remettre en lumière l'enseignement biblique dans sa pureté primitive ; retremper la pensée et la vie chrétienne à ces sources jaillissantes ; montrer par une exposition saine, exempte de préjugés et vraiment fidèle que les écrivains sacrés, tout en ayant en vue une époque spéciale, ont embrassé tous les temps ; faire sentir que le recueil de leurs écrits est à la fois le trésor des choses anciennes et celui des nouvelles, la sainte histoire de l'amour de Dieu pour les pécheurs, le livre de vie, la Parole de Dieu parlée par l'homme, tel nous paraît, dans ce moment, le sérieux devoir de ceux qui ont à cœur de glorifier l'Evangile au milieu de nous.

C'est dans le désir que le travail de Neander puisse contribuer à cet heureux résultat et en demandant à Dieu d'accompagner de sa bénédiction cet humble essai, que j'en offre la traduction à l'Eglise chrétienne de notre patriea.

◊  Introduction
De l'Exégèse Pratique

La première condition pour combattre avec succès des erreurs qui ont été longtemps en possession des esprits, c'est de reconnaître et de s'approprier l'élément de vérité qui leur sert de base ; elles ne seront réellement vaincues que lorsque le besoin spécial qui leur avait donné naissance et auquel elles devaient répondre, sera sincèrement admis et pleinement satisfait. Cette remarque s'applique surtout aux erreurs qui touchent de près ou de loin à la religion. A les bien observer, on ne tarde pas à découvrir qu'elles proviennent, pour la plupart, de ce qu'on a peu à peu et presque sans s'en apercevoir, confondu les différents domaines de la pensée et de la vie. C'est au travail calme et réfléchi de la science qu'il appartient de rétablir les limites précises de ces divers domaines, de les tenir soigneusement séparés et d'accorder à chacun ce qui lui est dû.

L'explication de l'Ecriture sainte, tant scientifique que pratique, nous fournit un exemple du fait que nous venons de signaler. L'exégèse pratique a sa place marquée, soit dans le développement de la théologie chrétienne, soit dans la vie de l'Eglise ; en effet, c'est l'exégèse pratique qui forme le lien entre la parole de Dieu, telle qu'elle s'est fait entendre aux hommes dans un moment déterminé, et cette même parole appliquée au moment actuel et aux circonstances présentes ; elle est le pont entre le fait historique, tel qu'il est constaté par la science et l'emploi qu'on doit en faire dans la vie ; en un mot, elle relie la théorie à la pratique. Tel est le rôle de l'exégèse pratique ; elle répond à un besoin de la conscience chrétienne si vivement senti, et dans chaque fidèle et dans l'Eglise, qu'elle devait nécessairement tôt ou tard prendre naissance. Aussi trouvons-nous dès les premiers temps de l'Eglise quelques essais qui ont avec elle une analogie évidente et qui préludent en quelque sorte à son avènement. Mais ces efforts ne furent pas, dès le commencement, couronnés de succès : l'exégèse pratique d'alors ne s'était clairement rendu compte à elle-même ni de sa nature, ni de son but, ni des lois qui doivent présider à son développement ; elle n'avait pas encore bien compris sa mission, ni déterminé avec précision les limites de son domaine ; aussi a-t-elle été longtemps détournée de son vrai but, par le mélange d'éléments étrangers. D'où est venue entre autres cette interprétation allégorique ou mystique de la Bible, et cette théorie d'un sens multiple, qui ont pendant tant d'années régné dans l'Eglise, si ce n'est de la confusion graduelle de deux domaines entièrement distincts, celui de l'exposition proprement dite de l'Ecriture sainte, et celui de son application pratique ?

En effet, une étude complété de la Bible est nécessairement double ; fixer d'abord le sens précis du texte sacré, et en second lieu, ce sens une fois reconnu, déterminer l'usage qu'il faut faire de cet enseignement biblique dans la vie en général, et dans les circonstances particulières où l'on se trouve. Mais au temps dont nous parlons, les exégètes s'étaient départis de cette méthode rigoureuse ; ils avaient insensiblement, et sans s'en rendre compte, empiété d'un domaine sur l'autre ; de là la stérilité des efforts qui furent tentés dans l'un et dans l'autre. Avant que ces efforts aboutissent à un résultat réel, soit pour l'explication directe, soit pour l'application indirecte, il fallut assigner à chacun de ces domaines ses limites précises, en distinguant avec soin les diverses opérations de l'Esprit. (1Cor.12.6.)

Au dix-septième siècle, quand toute la théologie se réduisait à la dogmatique, l'exégèse en particulier était entièrement étouffée par une préoccupation aussi exclusive ; à diverses reprises on essaya de faire revivre cette étude abandonnée, en en relevant exclusivement le côté pratique. En face d'une tendance toute scientifique et qui méprisait les applications, on vit s'élever une tendance contraire toute d'application et qui refusait de s'appuyer sur la science. C'est ainsi que l'exégèse pratique finit par se créer à elle-même une sphère indépendante ; on voulait avoir le fruit, sans se donner la peine de l'aller cueillir sur l'arbre. C'est le cas d'appliquer ces belles paroles de Clément d'Alexandrie, touchant ceux qui veulent jouir immédiatement du produit de la vigne sans passer par les labeurs de la culture : « Le vrai cep, dit-il, c'est le Seigneur ; on n'en recueille les fruits qu'à la condition d'y apporter tout le soin et toute la sollicitude que réclame l'art du laboureur ; il faut émonder, déchausser, lier, etc., avant que le cep puisse produire des fruits bons à manger. » (Strom. I, 9.) Il en était de même au dix-septième siècle : d'abord, on ne pouvait arriver au sens réel de la parole de Dieu, faute d'une science et d'une méthode dirigées par le Saint-Esprit ; (du reste, cette même condition est de rigueur pour l'intelligence de tout auteur ancien ; la parole de Dieu renfermée dans l'Ecriture sainte s'étant soumise aux lois du langage humain, les règles qui servent à l'interprétation d'un ouvrage de l'antiquité s'appliquent aussi à elle ; puis, le sens réel et immédiat de la parole de Dieu une fois mis en lumière, il était impossible d'en discerner les véritables et nombreuses applications pratiques, faute d'une saine appréciation de tous les degrés intermédiaires entre le texte sacré et les circonstances du moment. C'est là ce que nous appelons, d'après Clément d'Alexandrie, le travail du vigneron pour obtenir le fruit de la vigne.

Quelquefois, il est vrai, on séparait l'exégèse pratique de l'exégèse scientifique et l'on tenait celle-ci en honneur ; cependant, même alors, on méconnaissait en général le vrai lien qui doit les unir. La transition de l'une à l'autre n'était pas scientifiquement établie : d'une part, l'exégèse pratique se perdit dans l'arbitraire et le caprice des opinions individuelles ; de l'autre, l'exégèse scientifique devint froide et sans vie ; le sens rigoureux une fois découvert, elle ne sut pas ouvrir les voies à l'application pratique de ces données premières. Ouvrir les voies, disons-nous ; c'est tout ce qu'elle peut faire ; l'application pratique elle-même n'est pas de son ressort. Parfois il arrivait aussi que les commentateurs scientifiques, poussés par un besoin d'appliquer la Parole de Dieu à la vie, cherchaient à faire rentrer tel quel l'élément pratique dans leur exposition ; mais ils ne réussissaient par là qu'à encombrer le champ de l'exégèse de matériaux hétérogènes qui, loin de présenter un ensemble organique, formaient un choquant disparate.

Dans les travaux bibliques qu'on appelait exégèse pratique, se trouvaient souvent des pensées et des sentiments dictés par une piété sincère et capables de produire sur le lecteur une impression édifiante et salutaire ; mais entre ces prétendues applications pratiques et le contenu même de la Parole de Dieu auquel elles devaient se rattacher, on ne voyait aucun lien nécessaire ; c'était un rapport fortuit, indéterminé, qui dépendait presque uniquement du gré du commentateur. De pareilles réflexions, bien que vraies et justes en elles-mêmes, n'allaient pas directement au but ; elles étaient de celles qui se présentent naturellement dans la lecture, de l'Ecriture Sainte à tout esprit pieux et attentif, qui se recueillent comme à sa surface, et peuvent n'être qu'un des fruits ordinaires du Saint-Esprit dont l'assistance est promise à toute étude sérieuse de la Parole de Dieu ; mais ce n'était pas l'enseignement immédiat et direct qui ressortait du texte sacré, dans son application à la vie réelle. Au lieu d'envisager l'Ecriture comme la révélation divine de tous les temps, destinée à servir de règle suprême, d'époque en époque, à la vie chrétienne et à la marche de l'Église, on la soumit elle-même au jugement individuel et arbitraire de ses lecteurs. Tandis qu'on devait, en se plaçant sur un terrain historique, préciser d'abord le sens de la Parole de Dieu ; puis, se laissant guider par cette parole même, en déterminer les applications pratiques et actuelles, on se perdit dans de creuses divagations. A force de vouloir, par tous les moyens, rendre édifiants des enseignements de l'Écriture qui, bien compris et sainement appliqués, eussent dévoilé des trésors d'édification solide et substantielle, on tomba dans une interprétation molle, superficielle et sans saveur. De là vient que l'exégèse pratique est tombée dans le discrédit et qu'en particulier le goût des hommes cultivés s'est révolté contre elle. – Plus tard, sous l'influence du rationalisme, naquit le système d'interprétation dite « interprétation morale » ; il avait la prétention de traiter au point de vue moral des enseignements qui sont eux-mêmes la source éternelle de toute morale véritable. En outre, les adhérents de ce nouveau système non seulement étaient peu aptes à comprendre le vrai sens de la Parole de Dieu, mais toutes leurs habitudes de pensée étaient en contradiction avec elle. Cependant il y avait dans ces efforts quelque chose de louable, savoir le désir et le besoin d'une interprétation de la Bible réellement pratique ; mais ce but excellent, on ne pouvait l'atteindre qu'en suivant une tout autre voie.

Il résulte de là que l'exégèse pratique ne peut reposer que sur l'exégèse rigoureusement scientifique. Or, pour parvenir à fixer avec précision le sens d'un auteur, il faut deux conditions : la connaissance du langage qu'il emploie, et celle des circonstances historiques dans lesquelles il écrit ; la première de ces conditions n'est pas moins indispensable pour l'intelligence de la Bible que pour celle d'un écrivain quelconque ; et quant à la seconde, il n'est aucun travail d'interprétation pour lequel elle soit plus nécessaire que pour l'exégèse pratique ; elle en est même la base essentielle. Tout ce qui s'est produit dans le domaine littéraire, toute parole une fois prononcée ou écrite appartient à l'histoire ; elle ne peut être bien comprise que dans son milieu historique ; notre tâche est de chercher à démêler quelle a été la vraie pensée de l'écrivain ou de l'orateur dans les circonstances particulières où il s'est trouvé, et avec le but spécial qu'il avait en vue ; ce n'est qu'ainsi que nous pouvons acquérir une intelligence complète de ses paroles. Pour cela, il faut nous unir intimement à l'auteur dont nous lisons les écrits ou les discours, nous transporter dans le temps où il vécut, faire connaissance avec ceux auxquels il s'adresse ; en un mot, nous familiariser si complètement avec lui et avec son époque qu'il devienne pour nous comme l'un de nos contemporains. On n'atteint ce but qu'à une double condition : l'une, d'acquérir une foule de connaissances destinées à ressusciter en quelque sorte le passé et à faire revivre devant soi, dans sa physionomie réelle, l'histoire des temps écoulés ; l'autre, de posséder une certaine faculté spéciale que nous appellerons un sens historique, indispensable à ces études. L'un et l'autre de ces éléments sont également nécessaires ; sans études laborieuses, le sens historique le plus développé ne sert de rien ; mais aussi l'érudition la plus complète reste vaine si elle n'est inspirée et dirigée par ce sens historique qui est en partie un don naturel (un charisme : 1Corinth.12.4), en partie le résultat du travail.

Tant qu'on négligea d'appuyer l'exposition scientifique de l'Ecriture sur la double base que nous venons d'indiquer, l'exégèse pratique destinée à appliquer les principes posés par elle, ne pouvait prospérer non plus. Tant qu'on envisagea l'Ecriture comme le code des révélations du Saint-Esprit, sans s'inquiéter de la diversité des temps, des hommes, des circonstances et des conditions historiques ; tant qu'on ne voulut y entendre que la voix uniforme du Saint-Esprit, et que l'on crut qu'en poussant les hommes de Dieu à écrire, il leur avait en même temps donné des pensées toutes faites ; tant qu'on ne vit pas dans les écrivains sacrés des individualités réellement humaines, sanctifiées par le Saint-Esprit auquel elles servent d'organes, prises dans des conditions humaines et soumises aux influences de leur temps, il ne pouvait être question ni d'une science d'exposition capable de découvrir le vrai sens de l'Ecriture, ni d'une exégèse pratique qui pût appliquer aux circonstances présentes les données acquises par cette voie laborieuse, la seule qui soit sûre. Avant de découvrir le lien qui conduit de l'explication proprement dite de la Bible à son application actuelle, il fallait avoir discerné et séparé les deux éléments qui s'y trouvent réunis : celui de l'histoire et celui de la pratique ; c'est ainsi seulement qu'on pouvait arriver à faire des enseignements de la Parole de Dieu un emploi conforme aux lois de toute saine interprétation. La théorie d'une inspiration matérielle ou mécanique rendit longtemps sinon impossible, du moins fort difficile la véritable exégèse pratique.

Mais quand on comprit que loin de se borner à une seule époque, la révélation ne s'est fait entendre à cette époque-là qu'afin de parler pour tous les temps à venir et entre autres pour le temps présent, alors le moyen de découvrir ce qu'elle nous enseigne aujourd'hui ne saurait être douteux : notre premier soin doit être de rechercher quelle a été la pensée immédiate, directe du Saint-Esprit, en choisissant pour se faire entendre tels organes particuliers, telles individualités plutôt que telles autres, et en les poussant à parler sous l'empire de telles circonstances déterminées et dans certaines conditions spéciales fixer ce sens primitif et naturel, et par là arriver à bien discerner la vérité alors mise en lumière, telle est la première tâche de l'exégète. En d'autres fermes, il doit, en suivant les lois de l'interprétation historique, et en tenant compte des individualités, des temps, de l'ensemble des circonstances, chercher à démêler ce que les écrivains sacrés, organes du Saint-Esprit, ont voulu dire à leurs contemporains ; alors seulement nous pourrons comprendre comment, en parlant à une certaine époque et en révélant la vérité sous une forme spéciale, applicable aux besoins et aux circonstances de cette époque-là, Dieu a par là même parlé pour la nôtre, cette vérité éternelle répondant toujours avec la même exactitude aux traits principaux, aux besoins les plus intimes, aux lois fondamentales de la nature humaine. L'essentiel dans l'exégèse pratique est donc de dégager les principes généraux des faits particuliers qui leur servent d'enveloppe, pour appliquer ensuite ces principes aux circonstances présentes et à tout l'ordre de choses actuel. Les yeux fixés sur cette double vérité, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil et que néanmoins toutes choses sont engagées dans un renouvellement perpétuel, nous trouverons l'image de notre propre époque dans ces temps écoulés qu'ont eu directement en vue dans leurs discours ou leurs écrits les écrivains sacrés, organes de la Parole de Dieu ; ainsi nous apprendrons à appliquer au présent les leçons du passé.

Mais pour cela, il est évident qu'il faut connaître et comprendre le temps auquel nous appartenons ; et la clef de cette étude, nous la trouvons en nous-mêmes ; car nous faisons partie de notre, époque, nous en portons en nous-mêmes les traits principaux, comme nous portons ceux de toute l'humanité. L'important est donc de pénétrer, à l'aide de la lumière divine, dans les mystères de notre nature et d'arriver à nous connaître parfaitement nous-mêmes, afin de contempler dans ce monde intérieur le reflet du monde extérieur dans lequel nous vivons. Il faut d'abord s'être appliqué à soi-même le contenu de la Parole de Dieu, avant de pouvoir l'appliquer à tout ce qui nous entoure. De même que pour une bonne exposition scientifique de l'Ecriture il est indispensable de se transporter au temps des apôtres, et de vivre en quelque sorte de leur vie, en vertu de cette faculté que nous avons appelée : le sens historique, de même, si nous voulons faire de la Parole de Dieu une parole qui s'adresse directement à l'époque actuelle, il faut avoir compris à fond cette époque dans son évolution graduelle. En étudiant ce que dit tel apôtre sous l'influence du Saint-Esprit, auquel il sert d'organe, à l'égard des adversaires soit théoriques, soit pratiques, de son temps, il faut chercher à se faire une juste idée de ce qu'aurait dit ce même apôtre parlant par le même Esprit, en présence des difficultés et des adversaires du moment. — L'interprète de la Parole de Dieu doit croire, en quelque sorte, qu'il entend parler l'apôtre lui-même ; et ceux auxquels il communique son enseignement doivent, de leur côté, recevoir une impression semblable. Ce n'est pas, assurément, que nous puissions prétendre nous mesurer avec un homme de Dieu tel qu'un apôtre ; c'est, au contraire, dans le but d'effacer toute trace de notre propre personnalité que nous devons chercher, à l'aide des ressources de toute nature offertes soit par la science théorique, soit par la connaissance de la vie elle-même, à déterminer le sens précis et immédiat de la Parole de Dieu, dont ces saints hommes ont été les organes, afin d'appliquer ensuite cette Parole à notre époque actuelle. Notre tâche, comme exégètes, consiste précisément à ne rien dire de nouveau, à ne rien ajouter de notre propre fonds aux enseignements bibliques, à ne jamais substituer nos vues particulières à celles des écrivains sacrés. On ne voit que trop d'exemples de cette interprétation soi-disant spirituelle qui, au lieu d'exposer la pensée de l'Ecriture, impose celle du commentateur, et dont le résultat le plus fréquent, sinon le but avoué, est de glorifier l'homme et non de laisser paraître la Parole divine dans sa pure simplicité, son élévation sublime, son incomparable profondeur.

L'emploi de tous les moyens que nous venons d'indiquer doit servir à éloigner de nous le danger d'une tendance trop subjective. Retirer le trésor caché dans la Parole de Dieu, mettre en lumière les richesses infinies qu'elle renferme, les présenter à nos contemporains sous une forme rajeunie, actuelle et vivante ; en un mot, chercher à ne point parler de nous-mêmes, mais à servir de simples interprètes à cette Parole, tel doit être l'unique but de nos efforts.

Ainsi, dans les divisions qui affligeaient l'Eglise de Corinthe, nous retrouvons l'image de celles qui désolent encore l'Eglise d'aujourd'hui. Voulons-nous donc connaître sur ce sujet l'enseignement biblique ? Cherchons, d'abord, par l'emploi de tous les moyens à notre portée, à bien comprendre les avertissements que l'apôtre Paul adresse aux Corinthiens, et toute sa conduite à leur égard ; nous pourrons alors, les circonstances étant à peu près les mêmes, nous représenter si exactement ce qu'il aurait été et ce qu'il aurait dit aujourd'hui, qu'il nous semblera le voir et l'entendre au milieu de nous. A l'exemple du célèbre historien Niebuhrb