Étude sur Jean-Jacques Rousseau - Augustin Gretillat - E-Book

Étude sur Jean-Jacques Rousseau E-Book

Augustin Gretillat

0,0

Beschreibung

Il existe trop peu d'études faites par des évangéliques sur les grands écrivains français. Car pour comprendre la disposition spirituelle d'un peuple, bien connaître sa littérature classique est une méthode de choix : l'apôtre Paul, citant des poètes grecs, y a instinctivement souscrit. L'auteur qui obtient un succès durable au-delà de la tombe, résume en sa personne, consciemment ou non, les passions bonnes ou mauvaises qui travaillent la société des hommes dans laquelle il est né, et a vécu. A deux siècles et demi de distance Jean-Jacques Rousseau reste une portion codante non négligeable de l'ADN français. En 1878, à l'occasion du centenaire de sa mort, le théologien suisse Augustin Gretillat donna une série de trois conférences sur l'écrivain, que ThéoTeX réunit ici : 1. Rousseau et la conscience, 2. Rousseau et les philosophes, 3. Rousseau et la Révélation. Elles ne pouvaient être dans l'ensemble qu'à charge, sachant les convictions religieuses de l'auteur de l'Émile et du Vicaire Savoyard. Ces trois analyses pleines de finesse, d'humour parfois un peu voltairien, mais toujours empreintes d'une grande empathie et d'une fidélité sans faille au véritable Évangile, nous aident à saisir les travers et les qualités des fils de la Révolution.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 143

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Mentions Légales

Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322485765

Auteur Augustin Gretillat. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.

ThéoTEX

site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]
Étude
sur
J.-J Rousseau
Augustin Gretillat
1878
♦ ♦ ♦Thé[email protected] – 2018 –
Table des matières
Un clic sur ◊ ramène à cette page.
I. Jean-Jacques Rousseau et la conscience
II. Rousseau et les philosophes
III. Rousseau et la Révélation
◊  I Jean-Jacques Rousseau et la conscience.

Il nous sera bien permis, à nous Neuchâtelois, de faire remarquer que nous aurions quelque raison aussi de célébrer chez nous le centenaire de Rousseau. Citoyen de Genève, il est devenu Neuchâtelois par adoption, et cela au moment où, pour des raisons que nous n'avons pas à rappeler ni à discuter ici, il venait de faire une renonciation en forme à sa patrie d'origine. L'honorable communauté de Couvet, dans le Val-de-Travers, le compte au nombre de ses membres admis honoris causa ; et l'on conserve encore dans ce village la tradition de la journée solennelle de sa réception. Il habitait Motiers, village situé à vingt minutes de Couvet. Déjà alors, paraît-il, il y avait rivalité entre les deux voisins. Ce qui se faisait chez l'un devait être aussitôt condamné chez l'autre. Rousseau se disait, à tort ou à raison, persécuté à Motiers. Couvet ne pouvait manquer de manifester dans le sens contraire. Le droit de communier de Couvet lui fut donc offert et fut gracieusement acceptéa. Le fils du président de la commune, âgé de douze à quatorze ans, avait été chargé par son père d'aller chercher en char à bancs le grand homme à son domicile pour la cérémonie de la réception publique. Jugez de la surprise du jeune écolier en entendant derrière lui pendant tout le trajet l'auteur de tant de livres répéter son discours absolument comme lui-même le faisait chaque matin de son catéchisme ! Jean-Jacques sut-il le réciter ou ne le sut-il pas au moment décisif ? Je n'ose rien affirmer. Les gens de Couvet nous diront sans doute qu'il fut intimidé et resta court en présence de l'auguste assemblée. Ce ne serait point invraisemblable, et d'après ses propres aveux, pareille mésaventure lui arriva plus d'une fois. Il nous a raconté entre autres dans ses Confessions que, cité dans le même temps devant le consistoire paroissial de Motiers, composé du pasteur et de ses six paysans, pour y rendre raison de sa doctrine, il se déroba à l'heure fatale, en s'apercevant avec effroi que la harangue qu'il avait préparée et répétée à mi-voix toute la nuit s'était en un instant totalement échappée de sa mémoire.

Voilà sans doute des faits qui font le plus grand honneur au canton de Neuchâtel en général et au Val-de-Travers en particulier. La qualité de communier de Couvet qu'a possédée Rousseau aura sûrement été passée sous silence dans les discours du centenaire, nos glorieux amis et confédérés de Genève ayant toujours eu quelque peine à nous laisser de bon cœur le peu que nous possédons. Ce que l'impartialité m'oblige à reconnaître, c'est qu'après deux ans passés dans la principauté de Neuchâtel, J.-J. Rousseau se croyant en butte aux mêmes persécutions que partout ailleurs, nous fit subir le même sort qu'au commun des mortels : il secoua contre nous la poussière de ses souliers ; pis que cela : pour nous payer de notre hospitalité avec sa monnaie, il nous a ridiculisés et calomniés devant la postérité ; il est aujourd'hui prouvé que la fameuse lapidation de Motiers ne fut pas autre chose qu'un coup monté par Thérèse qui s'ennuyait chez nous. Les érudits du Val-de-Travers nous citent en preuve le fait que les trous faits aux carreaux de vitre de la maison qu'habitait Jean-Jacques étaient plus petits que les pierres jetées dans l'intérieur.

Je lui pardonne tout cela de grand cœur ; je ne vengerai pas sur sa mémoire mon patriotisme offensé, et m'efforcerai de ne dire de lui soit en bien soit en mal que ce que je croirai juste, vrai et utile. S'il n'avait commis d'autre erreur que de dire que les Neuchâtelois aiment avant tout les titres et la pretintaille, il ne mériterait pas assurément d'être rangé parmi les séducteurs de l'humanité.

Nous ne croyons faire aucun tort à J.-J. Rousseau en résumant tous les éléments de sa nature et de son caractère dans ces deux traits : il fut toute sa vie l'apôtre de la vertu et l'ennemi du devoir. Apôtre de la vertu, il le fut, et à une époque où elle avait grand besoin d'être recommandée. Il fut désintéressé et il prêcha la simplicité des mœurs et le retour à la nature. Il avait souffert longuement des iniquités sociales, et avait retenu dans sa mémoire la date où, pour la première fois, il n'eut plus à craindre de mourir de faim. Il fut compatissant pour les souffrances et les misères du peuple, que, mieux qu'aucun autre des grands auteurs français, il avait pu mesurer, puisqu'il les avait partagées. Il fut l'ami de la franchise et de la droiture, et se crut intrépide devant les vices et les fausses vertus de son siècle. Mais il fut en même temps l'ennemi-né, l'ennemi juré de tout ce qui s'appelle devoir, tâche imposée, obligation morale, sacrifice ; le mot de conscience se trouve aussi rarement sous sa plume que celui de vertu y abonde. Les vertus de Rousseau ne lui ont jamais commandé le renoncement à un seul de ses penchants ; elles ont été les manifestations des côtés généreux de son tempérament, et devaient, dans sa pensée, racheter ses fautes et ses vices, selon le principe que, moyennant un certain équilibre moral, l'homme peut faire tout ce qui lui plaît, le mal et aussi le bien, le bien et aussi le mal.

La religion et la vertu ont été pour Rousseau des faits esthétiques, des faits de sentiment et non pas de conscience ; le mal, une offense à la nature, mais non pas à Dieu. Aussi a-t-il souvent nommé le vice, le crime, l'infamie, jamais le péché. Or, quand les notions de vertu et de vice ne sont puisées que dans la nature humaine, elles sont variables et incertaines comme elle, livrées à tous les caprices de l'imagination et de la sensibilité. Il n'y a plus ni loi morale, ni autorité, ni devoirs ; il n'y a que des instincts. C'est bien ce que nous constatons chez Rousseau lui-même ou chez les créatures de son imagination, faites à son image. Dans les Confessions et la Nouvelle Héloïse, chez Saint-Preux, chez milord Edouard, comme chez l'auteur, les vices ne cessent pas de s'accorder avec les vertus. C'est Rousseau qui a créé pour la littérature de notre siècle ce type malfaisant entre tous, et où nous ne saurions méconnaître le signe de la plus grande aberration morale, le motif de l'homme vicieux par vertu.

Une religion qui tolère une pareille morale, qu'est-ce, sinon le manteau du pharisien jeté sur le péager ? et cette vertu si vantée, n'était-ce pas la pâture jetée à la conscience pour la faire taire ?

La sensualité et la paresse furent les deux grands vices de Jean-Jacques et comme le fond de sa nature, ceux aussi qui ont fait le malheur de sa vie.

Hélas ! il fut sensuel jusque dans la vieillesse. Il aurait fallu détester son passé pour oser écrire des Confessions. Mais la plume du pécheur est encore, on le sent, complice des fautes qu'il raconte. Non seulement elle étale toutes les crudités sans pudeur et même avec complaisance, mais elle aime à s'arrêter à ces pensées fugitives et souvent sans consistance qui montent des bas-fonds du cœur humain ; elle les surprend au passage ; elle leur donne un corps et des séductions ! Elle ne confesse pas, elle analyse.

Jean-Jacques fut aussi, disons-nous, foncièrement paresseux ; ce vice qui lui a été peu reproché, parce que c'est un de ceux que la morale humaine excuse le plus volontiers, ne lui fut en réalité guère moins funeste que le premier. Sa paresse ne fut pas l'oisiveté ; elle ne consistait pas à ne rien faire, mais à ne faire rien par devoir. En somme, Rousseau a beaucoup agi, beaucoup écrit, beaucoup produit, surtout beaucoup erré et beaucoup rêvé, sans avoir jamais travaillé.

Jésus-Christ a dit : « Celui qui fait le péché, est esclave du péché ; » et saint Paul : « Celui qui sème pour la chair, moissonnera de la chair la corruption. » Quelle illustration de ces redoutables vérités que la vie du grand homme qui nous occupe ! Jean-Jacques, venu au monde avec tous les dons d'une nature heureuse, terminant sa carrière dans les tourments que lui causent des dangers, la plupart imaginaires, se croyant haï et persécuté partout et par tous, dévoré par les soupçons, les défiances et les remords, nous montre ce qu'il en coûte d'abandonner la voie étroite du devoir pour suivre celle de ses penchants. Nous apprenons une fois de plus par cet exemple que l'homme sur cette terre n'est pas appelé à faire sa volonté, que bon gré, mal gré, il fera celle d'un autre, pour son bonheur ou pour son châtiment.

Et pourtant si repoussants que soient plusieurs traits du caractère de l'homme et l'affectation même avec laquelle il les a livrés à ses semblables, celui qui aura fait connaissance plus intime avec lui sera plus encore porté à le plaindre qu'à le condamner. Rousseau paraîtra toujours, après examen, un grand coupable, digne de sympathie plutôt qu'odieux. C'est l'écrivain chez qui il est le plus facile de surprendre l'homme, qui met le mieux à nu devant nous, non pas l'homme bon, comme il l'a cru, mais un être contradictoire, partagé sans cesse et toute sa vie entre de nobles aspirations et de mauvais instincts ; livré parfois à un orgueil qu'il portait jusqu'au délire, au moment même où il gémit et succombe sous le poids de ses hontes ; enfant toute sa vie par certains côtés de sa nature et poseur toute sa vieb ; naïf et sophiste ; sophiste et passionné. Sa personne et son œuvre offriront toujours au psychologue et au moraliste un vaste champ d'étude précisément en raison de la complexité infinie de sa nature. Voltaire est bientôt défini ; Rousseau, non. Chez Voltaire, il n'y a qu'un ou deux plans ; la nature de Rousseau est à perspectives. Rousseau, en tout cas, sera toujours préféré à Voltaire ; il a compris le sérieux de la vie, même au milieu de ses défaillances morales ; la mélancolie, l'égotisme, l'amertume de l'un nous sont plus sympathiques que les pétillements de la gaieté de l'autre. Plus dangereux et plus puissant que son rival par les qualités de son âme et la part même de vérité qu'il sut mettre au service de ses erreurs, le censeur de la société et des rois valut mieux que le courtisan de Catherine II et de Mme de Pompadour.

Rousseau vaut mieux que Voltaire, parce que, tout vicieux qu'il fut et tout en se proclamant le plus juste des hommes, il a laissé échapper de temps en temps des accents plus vrais, partis d'une source plus profonde. Non, il n'a pas réussi à couvrir les voix accusatrices de sa conscience par l'éclat de ses panégyriques. La conscience a parlé, malgré tout, et nous pouvons, à une lecture attentive de ses écrits, reconnaître les traces de son œuvre dans cette âme. Nous sommes porté à croire que l'exagération même des éloges que l'auteur donne à l'homme dès le début des confessions ne s'explique que par le dessein inutile de donner le change à ce témoin intérieur, et peut-être de lui imposer silence. Le remords a du être, sans qu'il l'ait avoué, le principal tourment de Rousseau, et la raison secrète de cette agitation constante qui ne lui permit de reposer sa tête nulle part. Sa conscience fut son persécuteur ; mais, n'en doutons pas, elle préserva d'une ruine totale et son âme et son génie. C'est grâce à elle qu'après avoir payé un juste tribut d'admiration à l'écrivain, puis réprouvé et condamné le sophiste, nous pouvons encore aimer l'homme.

Nous consacrerons les lignes suivantes à justifier par des citations notre appréciation ; nous nous efforcerons de suivre, pour ainsi dire, à la piste, dans les ouvrages de Rousseau, la trace de ces remords implacables ; nous recueillerons les cris douloureux et perçants du moi vrai, qui a vécu au fond de cette nature en réalité si peu naturelle. Tout le monde connaît la préface des Confessions :

« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.

Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes ; je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.

Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain Juge. Je dirai hautement : Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise ; je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire. J'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je suis ; méprisable et vil quand je l'ai été ; bon, généreux, sublime quand je l'ai été ; j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même : Être éternel. Rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions ; qu'ils gémissent de mes indignités ; qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur auprès de ton trône avec la même sincérité ; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là. »

Ailleurs, il fait la réflexion qu'étant convaincu que le bien dans sa vie surpassait le mal, il a préféré tout dire et qu'il a tout dit. Dans un troisième passage, il nous apprend qu'il a dit tout le mal, mais non pas tout le bien ; et il profite de l'occasion pour sauver de l'oubli deux ou trois traits de son enfance qui lui font honneur entre cent autres, et qu'il n'avait pas jugé à propos de raconter jusqu'alors. Expier ses fautes en les racontant, les raconter pour constater qu'il est le premier des pécheurs et le plus intéressant de tous les hommes, s'imaginer que l'immortalité qu'il accorde aux souillures de sa vie doit glorifier le coupable, voilà donc l'étrange propos qui lui a mis la plume à la main.

Nous surprenons ici déjà une autre faiblesse de la nature de Rousseau, une des formes dont s'enveloppait son orgueil, une manière de transformer ses justes sujets d'humiliation en occasions de bravade : il y avait là la prétention d'être seul de son espèce, de ne ressembler à personne au monde, soit par ses vertus, soit par ses fautes. Cette faiblesse est commune à bien des gens, qui préfèrent dire du mal d'eux-mêmes et que d'autres en disent, plutôt que d'être passés tout à fait sous silence.

Dans cette affectation de haïr la société tout en se donnant en pâture à la curiosité de ses contemporains, nous reconnaissons l'antique orgueil du philosophe qui perce à travers les trous de son manteau.

Il sera peut-être intéressant de mettre en regard de ce début la première page des Confessions de saint Augustin. La comparaison se fera d'elle-même. Là, la glorification de l'homme, et nous dirions presque du pécheur ; ici, les louanges de Dieu :

« Tu es grand, Seigneur, et toute louange est au-dessus de toi ; ta puissance est sans bornes et ta sagesse sans mesure. Et cependant un homme veut te louer ; un homme qui n'est qu'une si petite partie de tes créatures, et qui, gémissant sous le poids de sa condition mortelle, porte ainsi partout le témoignage de son péché et de cette force invincible avec laquelle tu résistes aux superbes. Cet homme, cette partie si petite des ouvrages de tes mains, entreprend, dis-je, de te louer, et ce dessein, et le plaisir secret qu'il y trouve, c'est toi-même qui le lui inspires ; parce que c'est pour toi que tu nous as faits, et que le cœur de l'homme ne trouve de repos que quand il se repose en toi. »

Ne nous y trompons pas toutefois : l'assurance qu'exprime Jean-Jacques dans la perspective du jugement suprême est trop bruyante pour être sincère et de bon aloi. Elle nous rappelle l'enfant qui chante dans les ténèbres pour se persuader qu'il n'a pas peur. Heine a tenu à peu près le même langage dans une de ses odes, adressées à son corps : « O mon corps bien-aimé, lui dit-il, quand, du fond du sépulcre, nous entendrons l'appel de Celui qui ressuscite les morts, nous resterons ! »