Ève - Charles Péguy - E-Book

Ève E-Book

Charles Péguy

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Beschreibung

À la fois poétique et profond, Charles Péguy signe avec ce texte remarquable une étonnante Prière à Eve, la première femme, aïeule et mère de Notre-Dame.

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Contenu

copyright

Ève

FIDELI FIDELIS

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Copyright © 2017 par FV Éditions

Image utilisée pour la couverture :

Eve, Cologne, c. 1450-1460,

Museum Schnütgen - Cologne, Germany

ISBN 979-10-299-0437-0

Tous droits réservés

Ève

par

Charles Péguy

— 1914 —

FIDELI FIDELISÈVE

Jésus parle.

Ô

mère ensevelie hors du premier jardin,

Vous n’avez plus connu ce climat de la grâce,

Et la vasque et la source et la haute terrasse,

Et le premier soleil sur le premier matin.

Et les bondissements de la biche et du daim

Nouant et dénouant leur course fraternelle

Et courant et sautant et s’arrêtant soudain

Pour mieux commémorer leur vigueur éternelle,

Et pour bien mesurer leur force originelle

Et pour poser leurs pas sur ces moelleux tapis,

Et ces deux beaux coureurs sur soi-même tapis

Afin de saluer leur lenteur solennelle.

Et les ravissements de la jeune gazelle

Laçant et délaçant sa course vagabonde,

Galopant et trottant et suspendant sa ronde

Afin de saluer sa race intemporelle.

Et les dépassements du bouc et du chevreuil

Mêlant et démêlant leur course audacieuse

Et dressés tout à coup sur quelque immense seuil

Afin de saluer la terre spacieuse.

Et tous ces filateurs et toutes ces fileuses

Mêlant et démêlant l’écheveau de leur course,

Et dans le sable d’or des vagues nébuleuses

Sept clous articulés découpaient la Grande Ourse.

Et tous ces inventeurs et toutes ces brodeuses

Du lacis de leurs pas découpaient des dentelles.

Et ces beaux arpenteurs parmi ces ravaudeuses

Dessinaient des glacis devant des citadelles.

Une création naissante et sans mémoire

Tournante et retournante aux courbes d’un même orbe.

Et la faîne et le gland et le coing et la sorbe

Plus juteux sous les dents que la prune et la poire.

Vous n’avez plus connu la terre maternelle

Fomentant sur son sein les faciles épis,

Et la race pendue aux innombrables pis

D’une nature chaste ensemble que charnelle.

Vous n’avez plus connu ni la glèbe facile,

Ni le silence et l’ombre et cette lourde grappe,

Ni l’océan des blés et cette lourde nappe,

Et les jours de bonheur se suivant à la file.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine grasse,

Ni l’avoine et le seigle et leurs débordements,

Ni la vigne et la treille et leurs festonnements,

Et les jours de bonheur se suivant à la trace.

Vous n’avez plus connu ce limon qui s’encrasse

À force d’être épais et d’être nourrissant ;

Vous n’avez plus connu le pampre florissant,

Et la race des blés jaillis pour votre race.

Vous n’avez plus connu l’arbre chargé de pommes

Et pliant sous le faix dans la mûre saison ;

Vous n’avez plus connu devant votre maison

Les blés enfants jaillis pour les enfants des hommes.

Ce qui depuis ce jour est devenu la fange

N’était encor qu’un lourd et plastique limon ;

Et la Sagesse même et le roi Salomon

N’eût point départagé l’homme d’avecque l’ange.

Ce qui depuis ce jour est devenu la somme

S’obtenait sans total et sans addition ;

Et la Sagesse assise au coteau de Sion

N’eût point dépareillé l’ange d’avecque l’homme.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine rase,

Ni le secret ravin aux pentes inclinées,

Ni le mouvant tableau des ombres déclinées.

Ni ces vallons plus pleins que le flanc d’un beau vase.

Vous n’avez plus connu les saisons couronnées

Dansant le même pas devant le même temps ;

Vous n’avez plus connu vers le même printemps

Le long balancement des saisons prosternées.

Vous n’avez plus connu les fleurs nouvelles-nées

Jaillissant des sommets en énormes cascades ;

Vous n’avez plus connu les profondes arcades,

Et du haut des cyprès les ombres décernées.

Vous n’avez plus connu les naissantes années

Jaillissant comme un chœur du haut du jeune temps ;

Vous n’avez plus connu vers un jeune printemps

Le chaste enlacement des saisons alternées.

Vous n’avez plus connu les saisons discernées

Par un égal bonheur au creux d’un même temps ;

Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!

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