Éveillez-vous à la Nature - Mark Coleman - E-Book

Éveillez-vous à la Nature E-Book

Mark Coleman

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Beschreibung

"Éveillez-vous à la Nature" est une invitation à renouer avec la nature pour retrouver équilibre et bien-être. À travers des paysages variés, Mark Coleman nous guide dans une expérience sensorielle enrichissante. Ses descriptions poétiques et bienveillantes nous reconnectent à la forêt, à la montagne et à l’océan. Chaque chapitre propose des activités méditatives simples et des réflexions pratiques, ancrées dans les principes de la pleine conscience. Cet ouvrage offre les clés pour expérimenter seul la paix et la sagesse intérieure, en harmonie avec le monde naturel.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Mark Coleman, expert en méditation de pleine conscience, allie traditions bouddhistes et pratiques en nature. Fondateur de Awake in the Wild, il guide des retraites et des formations, aidant chacun à intégrer la mindfulness dans la nature pour une transformation personnelle profonde. Reconnu pour son expertise, sa méthode allie sagesse et nature, rendant la méditation accessible à tous.

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Seitenzahl: 368

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Mark Coleman

Traduit de l’anglais par Claire Pozzobon

Éveillez-vous à la Nature

Le guide de pleine conscience

pour calmer l’esprit et ouvrir le cœur

© Lys Bleu Éditions – Mark Coleman

ISBN : 979-10-422-7945-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

• En cours d’écriture : Meeting A.D.D. with mindfulness, wisdom and compassion. Ce livre se concentre sur les difficultés et les défis que rencontrent les personnes atteintes de Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) et explore comment accompagner la souffrance de cette condition humaine avec compréhension, bienveillance et soin.
• From Suffering to Peace: The True Promise of Mindfulness, explore les différentes formes de la souffrance humaine, tant physiques que psychologiques et émotionnelles. Il présente la pleine conscience comme une pratique puissante pour réduire la souffrance en permettant aux individus de développer une meilleure compréhension de leurs pensées, émotions et sensations corporelles. Le livre guide les lecteurs à travers un processus de transformation personnelle, en leur apprenant à cultiver la présence d’esprit, l’acceptation et la compassion afin que les individus puissent surmonter la souffrance et trouver une paix intérieure durable.
• Make Peace with Your Mind: How Mindfulness and Compassion Can Free You from Your Inner Critic, explore les conséquences de la critique intérieure, qui peut saper l’estime de soi, provoquer du stress et entraver le bonheur. Il présente la pleine conscience comme un outil puissant pour observer et comprendre les pensées et les émotions négatives sans se laisser submerger par elles. Il propose des exercices pratiques de pleine conscience et de compassion pour aider les lecteurs à mettre en œuvre ces principes dans leur vie quotidienne et ainsi vivre une vie plus heureuse et épanouissante.
• À Field Guide to Nature Meditation : 52 Mindfulness Practices for Joy, Wisdom and Wonder (audiobook) : Recueil de 52 méditations guides.

Avant-propos

Au-delà des mots : l’expérience.

Une terrasse en bois exotique, le bruissement des bambous, le murmure de la rivière qui coule paisiblement. Quelque part en Dordogne, dans le sud de la France, Mark Coleman invite de futurs instructeurs de méditation à écouter la sagesse de la nature.

Mark s’exprime en anglais, et ceux qui, dans le groupe, ne maîtrisent pas bien cette langue ne peuvent bénéficier pleinement de la pertinence de son discours. Certes, l’expérience sensorielle est au-delà des mots et, pourtant, les enseignements éclairés sont de précieuses instructions pour pratiquer. C’est là qu’a germé ce projet : rendre ses ouvrages accessibles aux lecteurs francophones.

L’aventure du livre que vous tenez entre vos mains n’est pas qu’un simple exercice de traduction. C’est un parcours riche d’enthousiasme, de travail, de recherches et d’expériences, mené avec la volonté de voir ce guide pratique – à la fois si simple et si puissant – enfin édité et mis à votre disposition, chers lecteurs.

Si l’instant présent est accessible à tous, les outils concrets pour l’aborder nous sont offerts par des personnes comme Mark, qui pratiquent et incarnent la sagesse de la pleine conscience depuis des décennies. Leurs transmissions sont de précieux cadeaux.

Voici donc l’opportunité pour vous de découvrir les mots de Mark Coleman, qui portent en eux l’invitation et la promesse de la pleine conscience : transformation, libération, paix intérieure, sérénité, beauté, émerveillement, joie simple et puissante.

Vous découvrirez au fil de ces pages qu’il n’est nul besoin de chercher la nature à l’autre bout du monde. Elle est partout, même au cœur de nos villes, et surtout, au plus profond de nous-mêmes.

Mark partage ici son expérience inspirante des enseignements sages de la nature. C’est aussi le témoignage d’un cheminement personnel face aux défis et aux souffrances inhérentes à la condition humaine.

À l’heure où l’intelligence artificielle est omniprésente, voici entre vos mains un outil pour revenir à la sagesse de la nature, à l’intelligence du corps et à la voix du cœur.

Je vous souhaite une agréable lecture et une pratique en nature transformatrice.

Claire Pozzobon

Introduction

Escaladez les montagnes et recevez leurs bonnes nouvelles. La paix de la Nature coulera en vous comme le soleil se répand dans les arbres. Les vents souffleront leur fraîcheur en vous, et les tempêtes leur énergie, pendant que vos soucis s’envoleront comme des feuilles mortes.

John Muir, Écrits sur la nature

La nature a le pouvoir de nous transformer et de nous éveiller. Depuis des siècles, les moines, les mystiques et d’autres individus ont vécu, médité et cherché refuge dans la forêt, le désert et les montagnes. Ils ont trouvé l’inspiration dans la sérénité sans égale, la tranquillité et la sagesse du monde de la nature. Ils ont appris la liberté, la clarté d’esprit et la compassion de ses enseignements.

Nous avons tous accès à la sagesse de la nature et pourtant, dans nos vies centrées sur l’humain, sur la haute technologie, nous avons perdu la capacité, la sensibilité et la compétence d’écouter, de sentir et de ressentir la nature. Les valeurs du silence, de la tranquillité et de la solitude ont été troquées contre celles de l’entreprise, du travail et de la stimulation post-moderne, d’un quotidien sans répit. Nos esprits sont rarement capables de rester concentrés suffisamment longtemps pour capter la subtilité d’un paysage désertique sans être distraits ou de rester dans un silence simple et profond en forêt tropicale sans être agités ou désintéressés. Alors que cette tendance est alarmante, elle n’est pas irréversible. Nous pouvons inverser la vapeur en nous engageant dans un contact régulier avec la nature en cultivant une qualité simple, et pourtant profonde, de présence pleinement attentive. « S’éveiller en Pleine Nature » est un guide pour utiliser les techniques de méditation bouddhiste dans le monde de la nature comme un moyen d’accéder à ses cadeaux, à ses bénédictions et à ses guidances.

J’ai dirigé des retraites de méditation en nature depuis de nombreuses années et j’ai observé la profonde quiétude que ressentent les personnes quand elles passent du temps à méditer à l’extérieur, qu’elles soient assises sous un arbre dans une forêt profonde, qu’elles soient en randonnée dans les montagnes, en kayak sur la mer ou déambulant dans une prairie ensoleillée. Être en nature nous aide à calmer notre charge mentale avec ses questionnements en boucle et son agenda interminable. De même, le corps se sent plus à l’aise à l’extérieur, et le cœur commence à s’ouvrir et à s’harmoniser avec la paix, le silence et la sérénité de la nature.

Dans The Wilderness World de John Muir1, Muir nous dit que « le chemin le plus clair vers l’Univers passe par une forêt sauvage ». Et cet univers pourrait tout aussi bien être notre univers intérieur. Dans la nature, nous pouvons ressentir une connexion vivante avec la vie tout autour de nous. En étant en extérieur, nous pouvons goûter comment nous sommes délicieusement nourris et entourés par le réseau complexe de la vie qui nous soutient à chaque instant, à chaque respiration. Cela nous aide à découvrir notre place dans l’ordre des choses et, peut-être, à réaliser que nous sommes déjà complets. L’intimité avec la nature peut à la fois nous guérir et nous enseigner à être en harmonie et en paix avec nous-mêmes et avec le monde.

Pratiquer la conscience méditative dans la nature

La méditation en nature est une tradition de longue date. La plupart, sinon la totalité, de la quête spirituelle ardente du Bouddha s’est déroulée en plein air, dans les plaines et les forêts du nord de l’Inde, et a culminé avec son illumination sous un bosquet de figuiers. Il a passé les quarante-cinq années suivantes à enseigner et à méditer dans les bois et les clairières, encourageant ses disciples à méditer au pied des arbres. Après ces débuts pionniers de méditation dans la nature, des monastères plus pérennes ont été construits, et la méditation a commencé à se déplacer à l’intérieur, peut-être reflétant la manière dont la société s’est également déplacée en intérieur et s’est extraite elle-même de la nature.

Pratiquer l’art de la pleine conscience et d’autres techniques bouddhistes en plein air est un moyen d’approfondir notre réceptivité au monde de la nature. En utilisant ces anciennes méthodes d’entraînement, l’esprit est capable de calmer le bruit intérieur dans nos têtes afin que nous puissions être présents aux trésors de la terre. La méditation nous entraîne à naviguer habilement au gré des obstacles, des pensées et des schémas émotionnels qui interfèrent avec notre capacité à nous reposer en paix dans une présence totale, où que nous soyons. Elle nous permet d’être stables comme le granit tout en étant fluides comme le vent, aussi perspicace que l’aigle qui plane dans le ciel et aussi en harmonie que le cerf l’est avec la forêt.

La méditation est une pratique, et cultiver une pleine conscience attentive est un effort constant, semblable au développement d’une forme d’art. Dans un monde en quête de solutions rapides, c’est une approche lente qui s’approfondit avec le temps. Ce livre révèle comment la pratique de la méditation et la connexion avec la nature se soutiennent mutuellement. Une profondeur de conscience méditative, où l’esprit est calme, concentré et complètement présent, est essentielle pour s’éveiller. Être dans la nature peut facilement faire naître cette qualité. Nous ne pouvons-nous empêcher d’être touchés par la grâce du vol d’un faucon, ou la paix émanant des arbres qui se balancent doucement dans la brise. Lorsque nous sommes agités par des pensées, aller prendre l’air, se promener dans un parc ou s’aventurer profondément dans les bois, éveille notre attention, nous immergeant instantanément dans l’instant présent. Être à l’extérieur offre de l’espace au mental et de la clarté, permettant à nos corps de se détendre et à nos cœurs de se sentir plus à l’aise.

Nous nous plaçons au centre de quelque chose de plus grand que nos drames personnels, nos difficultés et nos souffrances, comme lorsque nous marchons dans les plaines ouvertes, randonnons dans l’air raréfié de la montagne ou flânons sur une plage déserte ; cela peut nous donner un sentiment d’espace et d’ouverture, nous élevant au-dessus de nos petits egos. De même, lever les yeux vers l’immense voûte céleste nous aide à voir nos problèmes et nos préoccupations dans un contexte plus large et dans une perspective différente. Le monde de la nature communique ainsi son message profond : les choses sont bien telles qu’elles sont ; vous êtes très bien tel que vous êtes ; détendez-vous simplement et soyez présents.

Enseigner depuis l’expérience

Mon propre chemin de vie a impliqué un long voyage intérieur de méditation et un voyage de vie en extérieur à camper, à marcher et à faire de la randonnée en pleine nature. J’ai passé les vingt dernières années à explorer la voie de l’éveil dans un contexte bouddhiste, comprenant d’innombrables heures difficiles, seul sur un coussin de méditation et au sein de la communauté des retraites en silence. J’ai pratiqué et étudié la méditation en Asie, en Europe et en Amérique. Elle a été le socle de ma pratique spirituelle.

Cependant, il m’a fallu des années pour comprendre que les enseignements bouddhistes essentiels étaient non seulement plus accessibles, mais peut-être aussi plus évidents en pleine nature. J’ai commencé à remarquer qu’en plein air, les qualités méditatives durement acquises de la paix et de l’espace se manifestent presque sans effort. En marchant dans une forêt vierge de séquoias, je ne rencontrais aucune difficulté à ressentir l’interconnexion avec la vie ; le sentiment d’unité dont parlent les mystiques était tout à fait disponible sous les cimes verdoyantes. Mon cœur, qui se sentait si souvent contracté dans ma vie quotidienne, éprouvait aisément un amour profond pour la vie foisonnante qui m’entourait. Et plus je passais de temps en plein air, plus je commençais à ressentir l’amour qui émane du monde de la nature. Quand je ressentais la fragilité et la lutte pour survivre de toutes les formes de vie, des vers de terre aux faons, il devenait plus facile pour mon cœur de s’ouvrir à la compassion.

Beaucoup de gens parlent d’atteindre une qualité de liberté lorsqu’ils marchent en montagne, naviguent sur les vastes océans, prennent du temps seuls dans le désert ou passent simplement du temps à la campagne, loin de l’agitation de la civilisation. Dans La pratique de la vie sauvage, Gary Snyder écrit : « Les leçons que nous apprenons de la nature deviennent les règles de la liberté. » Quand je me promène seul dans l’immensité du désert, je remarque comment le petit moi contracté, si présent dans la vie quotidienne, commence à se détendre et à s’ouvrir, et comment un sentiment de paix et de connexion avec la vie émerge. Tout problème ou souffrance que j’ai emporté avec moi s’estompe dans ces moments-là, et j’éprouve une forte sensation que l’ordre naturel des choses est respecté, que tout est exactement comme il devrait être.

C’est parce qu’il y a des moments comme ceux-là que j’ai commencé à comprendre pourquoi tant de méditants, y compris le Bouddha, se sont retirés dans les collines, les forêts et les grottes pour pratiquer dans la solitude, avec pour seule compagnie celle des éléments naturels, de la vie végétale, des oiseaux et des animaux. Découvrir le pouvoir transformateur de la méditation en plein air m’a poussé à vouloir partager ces expériences, à valider ce qui est, pour tant de personnes, une pratique spirituelle authentique d’être en communion avec la nature, et à aider les autres à goûter la douceur de la liberté en plein air.

Utilisation de ce guide

« S’éveiller en Pleine Nature » a été écrit en pensant à différents lecteurs. C’est un guide approprié si vous débutez en méditation, car il contient des méditations guidées détaillées et des techniques de pleine conscience qui vous aideront à développer une conscience méditative et à approfondir votre connexion à la nature. « S’éveiller en Pleine Nature » vous sera également bénéfique si vous êtes un méditant expérimenté qui a principalement médité à l’intérieur ; la pratique en pleine nature favorise un approfondissement naturel de la pleine conscience, de la clarté et de la paix, qui permet non seulement au cœur de s’ouvrir, mais offre également un espace pour cultiver la sagesse et les vérités intérieures intemporelles. Si vous êtes un amoureux de la nature qui souhaite pratiquer avec la nature plutôt que de simplement l’observer, les pratiques de conscience proposées dans ce livre peuvent vous connecter à la nature d’une manière toujours plus large. Si vous avez toujours été attiré par la nature mais que vous en avez également peur ou que vous vous sentez mal à l’aise en elle, les méditations de ce livre vous aideront à développer des moyens qui favorisent plus de confiance et de contentement en pleine nature.

Bien que mes connaissances reposent sur de nombreuses traditions bouddhistes et que j’ai puisé dans leurs enseignements, leurs principes et leurs pratiques de méditation pour développer les méditations en pleine nature tout au long de ce livre, vous n’avez pas besoin d’être bouddhiste ni d’adhérer à leurs principes. Les enseignements et les pratiques sont présentés non pas comme un dogme, mais plutôt comme des moyens habiles conçus pour approfondir votre expérience et votre compréhension de la nature, et en fin de compte, de vous-même. Dans le même temps, si vous êtes formé dans la tradition bouddhiste ou si vous souhaitez en savoir plus, vous apprécierez probablement la manière dont ce livre élargit les enseignements plus traditionnels et facilite la connexion de la pratique contemporaine avec la pratique traditionnelle asiatique ancestrale en forêt.

Ce livre est un guide pratique pour explorer votre relation à la nature ; chaque chapitre comporte un exercice conçu pour mettre en lumière le contenu de l’enseignement et est destiné à être une ressource que vous pouvez emporter avec vous dans la nature. Pour la plupart, les méditations incluent des instructions détaillées, vous permettant de lire ce livre et de pratiquer la méditation dans l’ordre que vous souhaitez.

Cependant, si vous êtes débutant en méditation ou débutant en nature, vous trouverez peut-être que la lecture séquentielle du livre est la plus appropriée pour l’établissement et l’approfondissement de votre pratique de la méditation en pleine nature. La première partie, « L’Éveil à la Nature », utilise des techniques méditatives et des enseignements fondamentaux pour vous aider à cultiver une conscience plus profonde et une réceptivité au monde de la nature. La deuxième partie, « Unir Notre Nature sauvage intérieure et extérieure », explore notre profonde interconnexion avec le monde naturel et révèle comment nos mondes intérieurs et extérieurs sont intrinsèquement liés. La troisième partie, « Émerger dans Notre Véritable Potentiel », examine comment être conscient de la nature nous éveille à des aspects plus profonds de nous-mêmes. Enfin, la quatrième partie, « Entrer en contact avec le Sacré », décrit comment nous pouvons nous éveiller à la dimension sacrée et mystique de la réalité grâce à une conscience pénétrante du monde de la nature. Bien que chaque section mette en lumière un aspect légèrement différent de la pratique de la méditation en pleine nature, chaque section est également conçue pour vous aider à vous éveiller de plus en plus à votre vie intérieure, au monde qui vous entoure et à la liberté qui découle de la compréhension et de la vie en harmonie avec les vérités universelles. Ces pratiques basées sur la nature alimentent votre expérience à la découverte d’un sens de la liberté qui est disponible à n’importe quel moment.

Mon propre voyage méditatif dans la nature a été intense et enrichissant, nourrissant à la fois ma pratique méditative et ma relation à la nature. Méditer dans la nature a été, pour moi, une expérience transformatrice et libératrice. Cela a également été une source abondante de bonheur, d’apprentissage et de découverte. J’espère qu’en lisant ce livre, vous découvrirez vous aussi les trésors de cette exploration et que vous ferez l’expérience de la joie, de la paix et de l’illumination dans le processus. Mon souhait est que ce livre soit une bénédiction pour le plus grand nombre de personnes.

Partie I

L’éveil à la nature

Essayez d’être conscient et laissez les choses suivre leur cours naturel. Alors, votre esprit deviendra calme en toute situation, tel un lac paisible en forêt. Toutes sortes d’animaux merveilleux et rares viendront boire à cet étang, et vous verrez clairement la nature de toutes choses. Vous verrez de nombreuses choses étranges et merveilleuses aller et venir, mais vous resterez calme. Voilà le bonheur du Bouddha.

Achaan Chah, À Still Forest Pool2

Il y a quelque temps, j’ai eu le plaisir d’écouter la chercheuse renommée en éthologie, Jane Goodall, en train de discuter avec les Indiens mestizos de la forêt tropicale péruvienne. Sachant à quel point ils vivent en harmonie avec leur environnement, Jane a demandé aux Indiens mestizos comment ils distinguaient les plantes médicinales des plantes toxiques. Les Indiens mestizos semblaient quelque peu perplexes et ont répondu qu’ils « écoutaient » les plantes pour sentir lesquelles sont curatives et lesquelles sont nocives. Pour eux, ce niveau profond d’harmonie avec la nature est tellement inné qu’ils ne réalisent pas à quel point il est unique.

Développer une attention si fine nécessite de percevoir avec tous nos sens et de vivre la vie avec une sensibilité aiguë. Dans la pratique bouddhiste, cette qualité est appelée « pleine conscience ». C’est la capacité d’être profondément présent, qui peut être cultivée grâce à la pratique de la méditation. Dans un état de pleine conscience, nous ne nous contentons pas de regarder avec nos yeux ; nous sommes présents avec tous nos sens. Écouter avec nos yeux et voir avec nos oreilles nous enseigne comment ouvrir nos cœurs et nos esprits à un niveau plus profond de réceptivité et d’écoute.

S’éveiller à la nature nécessite une harmonisation consciente. Cette compréhension est souvent oubliée, même parmi ceux qui passent beaucoup de temps en pleine nature. J’entends souvent des passionnés de la nature dire des choses comme « J’ai fait les Rocheuses l’année dernière » ou « J’ai fait le Grand Canyon », comme si « faire » la nature était l’ultime expérience sauvage. Bien que des activités comme le jet-ski et la conduite tout-terrain puissent être des expériences intéressantes, notre connexion à la nature est perturbée par le bruit assourdissant des moteurs, ce qui ne permet pas nécessairement une connexion personnelle plus profonde avec les forces et avec les éléments de la nature. Même en faisant de la randonnée ou du vélo dans les contrées les plus reculées, nous pouvons encore être inconscients de notre environnement, perdus dans nos pensées, planifiant notre prochain roman ou nos prochaines vacances, absorbés dans des conversations interminables, ou préoccupés par ce qui nous attend.

Pour s’éveiller à la nature, il faut aussi sortir de nos maisons, de nos bureaux et de nos voitures. J’ai traversé à maintes reprises des régions montagneuses spectaculaires, profitant des vues époustouflantes sur les montagnes et les pics enneigés. Mais lorsque je descends de la voiture, une expérience très différente et très vibrante se déploie en moi. Je me souviens d’un moment où j’ai traversé un magnifique col dans la Haute Sierra. Au sommet, j’ai décidé de m’arrêter. Je suis sorti de la voiture et j’ai éteint le moteur. Au lieu de simplement profiter de la vue, j’ai soudainement ressenti la fraîcheur de la brise de montagne, l’air pur et vif de l’altitude picotant mon visage. J’entendais le vent siffler à travers les sapins argentés et un corbeau appelant depuis la vallée profondément silencieuse. Je ressentais le sol froid craquelant sous mes pieds, pas encore réchauffé par le soleil du matin. Je m’ouvrais au somptueux tableau de ce que signifie « être en plein air », en communion avec les éléments. Au lieu de considérer la nature comme une scène passagère dans un film, je me sentais pleinement vivant et connecté à elle.

Bien que nous puissions apprécier la nature au travers des fenêtres de nos voitures ou de l’écran de nos télévisions, ce n’est pas ainsi que nous nous éveillons aux dons de la nature. Nous devons sortir dans les bois brumeux, les vastes prairies, les plages de sable, les montagnes enneigées et les déserts silencieux si nous voulons recevoir les bénédictions dont parlait Achaan Chah. En plein air, notre esprit peut s’éveiller et devenir aussi clair qu’un étang paisible en forêt, notre cœur s’ouvre à une sensation d’amour sincère pour chaque être vivant, et notre corps atteint un repos profond. Nous renouons avec notre sens de l’émerveillement face au mystère et à la plénitude d’être vivant. Les enseignements et les pratiques de ce livre prendront vie uniquement si vous quittez le confort de votre domicile et explorez le monde de la nature, qui vous appelle sans cesse, juste sur le seuil de votre porte.

L’éveil à la vie

Le Maître est éveillé

Il observe… Il est lucide.

Comme il est heureux de suivre le chemin de l’éveillé

Car il voit que l’éveil est la vie.

Le Bouddha, Le Dhammapada

Peu de temps après l’illumination du Bouddha, un jeune homme impressionné par le rayonnement et la présence du Bouddha lui posa la question avec curiosité : « Qui es-tu ? Es-tu un dieu ? » Le Bouddha répondit simplement : « Non. » Le jeune homme demanda alors : « Es-tu un homme, ou es-tu un esprit ? » Encore une fois, le Bouddha répondit : « Non. » Perplexe devant ces réponses, l’homme demanda finalement : « Alors, qui es-tu ? » Le Bouddha répondit : « Je suis éveillé. » L’homme, déconcerté par cette réponse, secoua la tête et s’en alla.

Le titre « Bouddha » signifie littéralement « être éveillé ». L’objectif central de la pratique bouddhiste est d’apprendre à s’éveiller à la vie, à se réveiller de la confusion et de la souffrance, et à vivre une vie pleine de conscience, de compassion et de liberté.

Le Bouddha atteignit l’illumination sous un arbre Bodhi, alors qu’il méditait toute la nuit de la nouvelle lune. Il n’est pas anodin qu’il se soit « éveillé » en méditant en plein air. En fait, toute sa pratique spirituelle avant son éveil ainsi que les quarante-cinq années de son enseignement formel ont eu lieu en forêt. Sa vie démontre comment la nature est l’endroit idéal pour cultiver cette qualité d’esprit éveillé.

Il est impossible pour un animal de survivre dans la nature sans développer une conscience aiguisée de son environnement. Les animaux doivent être à l’affût des dangers, des sources de nourriture et d’eau, et des partenaires de reproduction. Observez comment un coyote se faufile à travers les hautes herbes des prairies, en alerte à chacun des mouvements des buissons. Regardez comment un cerf à queue blanche se déplace délicatement à travers les bois à la recherche d’herbes douces, attentif au moindre son d’un prédateur potentiel.

De même, lorsque nous sommes dans la nature, marchant à travers une forêt dense de conifères ou dans de hautes herbes de prairie où nous savons qu’il y a des serpents à sonnette, nos sens sont naturellement plus vivants. Nous devenons plus présents aux sons, plus conscients que le bruissement des feuilles dans les buissons pourrait être le pas d’un animal, peut-être annonciateur de la menace d’un prédateur. Rien qu’en sortant de chez nous, nous pouvons remarquer le parfum des lauriers et du jasmin du soir, ou l’air chaud et humide qui caresse notre visage. Nos yeux peuvent être attirés par les reflets de la lumière du soleil à travers un branchage des feuilles cuivrées d’un hêtre. Nos pieds peuvent ressentir la douceur et l’humidité de l’herbe sous nos orteils, tandis que la plante de nos pieds touche le sol ferme en dessous. Quel que soit le déclencheur, la nature nous invite à nous éveiller à ce monde extraordinaire dans lequel nous vivons.

La pratique bouddhiste offre la même invitation. Nous avons une capacité innée à être conscients. Cependant, pour la plupart d’entre nous, notre qualité d’attention est comme un muscle qui a longtemps été endormi. Les enseignements bouddhistes proposent une gamme de techniques et de pratiques qui peuvent nous aider à cultiver et à renforcer cette qualité de conscience. La pratique centrale est la « pleine conscience » – l’art d’être pleinement présent à ce qui se passe dans notre expérience directe, sans filtres de pensées, de concepts ou de préférences. La pleine conscience est une attention non jugeante, non intrusive. Une fois que nous cultivons la pleine conscience par la méditation, nous pouvons commencer à apporter cette qualité à tous les aspects de notre vie, et en particulier l’utiliser pour enrichir et approfondir notre expérience de la nature.

La plupart du temps, nous vivons notre vie à moitié endormis, seulement à moitié éveillés à nous-mêmes, à nos vies et aux autres. Nous faisons tellement de choses en pilote automatique que nous remarquons à peine que nous les faisons. Combien de fois êtes-vous arrivé à votre destination après avoir conduit pendant une demi-heure, incapable de vous rappeler comment vous y êtes arrivé ou ce qui s’est passé en cours de route ? En vivant ainsi, nous laissons la vie nous échapper, inconscients de toutes les joies rencontrées en chemin. David, conseiller en investissement et l’un de mes étudiants, détestait autrefois son temps de trajet « perdu », aller et retour, pour la ville de San Francisco. Après avoir médité pendant un certain temps, il remarqua qu’en étant plus conscient, il parvenait à éviter de se laisser emporter par ses humeurs négatives au volant. Au contraire, il commença à remarquer les moments de beauté et de plaisir pendant son trajet – en traversant une magnifique baie, en voyant l’eau couleur d’aigue-marine scintiller et la brume légère qui arrivait depuis l’océan. Il échangea sa vieille voiture contre une autre qui lui permettait d’abaisser la capote et de contempler le vaste ciel bleu et les arbres feuillus qui bordaient son itinéraire. La pleine conscience lui permit de transformer quelque chose qu’il avait vécu comme une corvée en une activité qui apportait plus de bonheur à sa vie. Au lieu de se sentir stressé et agacé, il rentrait chez lui dynamisé, rafraîchi et présent pour ses quatre enfants qui l’attendaient avec impatience derrière la porte.

Méditation : Pleine conscience de la respiration

Dans la pratique bouddhiste, l’un des principaux moyens de développer la pleine conscience est de méditer en se concentrant sur sa respiration. Vous pouvez pratiquer cela n’importe où, bien que pour vous éveiller à la fois à la nature et à la vie, il est préférable de trouver un endroit calme en plein air, que ce soit dans une forêt paisible, une crique isolée au bord de l’océan, un pré verdoyant ou votre jardin. Une fois que vous avez trouvé un endroit, asseyez-vous par terre sur un coussin ou un vêtement roulé, ou sur un tronc d’arbre ou une pierre lisse. Adoptez une posture détendue et confortable ; votre respiration circule plus librement lorsque vous êtes assis bien droit, le dos relativement vertical mais détendu. Essayez de trouver une position assise dans laquelle vous pouvez être à l’aise pendant vingt à trente minutes sans trop bouger.

En prenant place, remarquez à quoi vous êtes attentif en ce moment. Nous sommes toujours conscients de quelque chose, que ce soient nos pensées ou ce que nous voyons, entendons ou ressentons. La conscience est comme le soleil, toujours brillante même lorsque celle-ci est obscurcie par les nuages de notre esprit pensant et distrait. La pleine conscience de la respiration est un moyen de commencer à exploiter cette qualité d’attention, à être plus pleinement éveillé à ce qui se passe dans le présent.

Fermez les yeux et portez votre attention dans votre corps. Ressentez la posture de votre corps et les sensations de contacts avec le sol. Asseyez-vous avec autant d’aisance que possible, en relâchant vos épaules, votre ventre, vos yeux et votre mâchoire. Respirez naturellement, sans effort ni tension, et ressentez le mouvement complet de votre respiration. Sentez l’air frais de l’inspiration alors qu’il passe par vos narines et votre gorge, et sentez l’air chaud de l’expiration alors qu’il repasse par la gorge et les narines. Soyez simplement présent à la respiration sans essayer de la changer, et remarquez si la respiration est courte ou longue, détendue ou tendue, profonde ou superficielle ; observez comment cela évolue au cours de la méditation.

Remarquez le mouvement de la poitrine et du ventre, qui se dilatent et se contractent lorsque la respiration entre et sort du corps. Laissez votre attention se fixer à un endroit où vous ressentez les sensations du souffle le plus clairement, que ce soit au niveau des narines, de la gorge, de la poitrine ou du ventre. Soyez attentif juste pour la durée d’une inspiration complète, d’une expiration complète, puis répétez. Vous apprenez ainsi à prêter attention à ce seul moment, à cette seule demi-respiration.

En étant attentif, vous remarquerez à quel point l’esprit pense. C’est naturel. Remarquez simplement lorsque vous pensez ou lorsque vous avez été absorbé par des pensées. Une fois que vous remarquez cela, relâchez l’attention des pensées et revenez doucement à l’expérience de la respiration. Parfois, vous devrez ramener votre attention des pensées à la respiration des centaines de fois au cours d’une seule séance. La pratique consiste à revenir encore et encore au moment présent chaque fois que vous vous perdez dans vos pensées. Et n’oubliez pas, c’est un entraînement. C’est comme apprendre une forme d’art quelconque : cela prend du temps, de la pratique, et encore de la pratique !

Si vous remarquez que votre respiration est forcée lorsque vous méditez, ce qui est un phénomène courant, essayez de voir s’il y a un moyen de relâcher cette couche de contrôle. Parfois, détournez votre attention de la respiration pendant quelques instants – écouter les sons, prendre conscience de tout le corps pendant la respiration – peut permettre au souffle de s’écouler de manière plus naturelle. La méditation est un microcosme de notre manière de vivre dans le reste de notre vie, donc si vous ressentez une tension ou une crispation autour de votre respiration, cela peut indiquer qu’il y a d’autres domaines de votre vie que vous pourriez essayer de contrôler.

À mesure que vous prenez de plus en plus conscience de votre respiration, vous commencerez également à remarquer comment votre respiration se produit d’elle-même. Elle n’exige aucune volonté consciente de votre part. C’est simplement un fait de la vie biologique. Quel que soit le désir de l’esprit de contrôler la respiration, votre respiration est présente depuis des décennies, fournissant généreusement de l’oxygène à votre corps, en parfait équilibre. Porter attention à quelque chose d’aussi simple que la respiration peut orienter notre conscience vers l’intelligence et le mystère de ce monde physique.

Ouvrir nos cœurs

Aime chaque feuille… Aime les animaux, aime les plantes, aime tout. Si tu aimes tout, tu percevras le mystère divin dans toute chose. En le percevant, tu le comprendras de mieux en mieux chaque jour. Et tu en viendras enfin à aimer le monde entier d’un amour universel et durable.

Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov

Il y a quelques années, au printemps, j’ai dirigé la première retraite en pleine nature au centre de méditation de Spirit Rock, au milieu des collines vallonnées du comté de Marin, en Californie. Notre salle de méditation était un pré verdoyant niché au creux de la colline, gracieusement bordé de chênes matures et de lauriers. Nous nous sommes assis sous le feuillage abondant d’un vieux chêne de Californie, du petit jour jusqu’à tard dans la soirée, au clair de la lune.

Pendant la retraite, j’ai parlé du sentiment d’amour que je ressentais émanant des formes de vie dans ce pré. La façon dont l’arbre a accueilli tout notre groupe dans son manteau ombragé était une expression parfaite de l’amour, l’arbre ne désirait rien et se donnait entièrement. Cela m’a rappelé un haïku du poète japonais Issa : « Sous l’ombre des cerisiers en fleurs/il n’y a pas de pareille chose/qu’un étranger. » Parfois, nous devons simplement être assez silencieux pour apprécier l’ombre bienfaisante d’un vieux chêne, ou la beauté et le mystère des marguerites, brillant sans réserve dans un pré ensoleillé.

Lorsque nous nous harmonisons avec la nature avec sensibilité, nous pouvons voir à quel point nous sommes connectés. Succomber au charme d’un pré, de l’eau claire d’un ruisseau, d’un jeune faon, ou d’un bosquet de chênes n’arrive pas sans que ces choses « nous atteignent » et nous touchent d’une manière ou d’une autre. Nous sommes toujours en lien ; nous ne le remarquons tout simplement pas. De ce point de vue, tout sur cette terre, des pluies de printemps qui fournissent de l’eau potable fraîche à la chaleur du soleil, est une offre généreuse du cœur. S’éveiller à cette idée, c’est réaliser à quel point nos vies sont vraiment abondantes, comment nous recevons des cadeaux d’amour de la nature tout le temps.

Nous pouvons répondre à cet amour. Souvent, pendant que les participants à cette première retraite étaient assis en méditation silencieuse dans le pré, une biche avec son jeune faon passait lentement. Parce que nous étions si immobiles, les animaux s’approchaient suffisamment pour que nous puissions regarder dans leurs yeux brun profond et voir leurs nez noirs humides. Nous les avons observés alors que la mère léchait et toilettait tendrement le cou et la tête velus de son faon. Timides mais détendus, ils se prélassaient en notre compagnie, nous permettant de ressentir la plénitude de l’amour et de la tendresse dans nos propres cœurs. Il est difficile de ne pas ressentir de l’amour face à une telle vulnérabilité et à une telle grâce.

Ouvrir nos cœurs à cette terre n’est pas juste une expérience béate. Lorsque nous ouvrons nos cœurs à l’amour, nous nous exposons également à ressentir la douleur du monde. Plus nos cœurs aiment cette belle terre et tout ce qui s’y trouve, plus nous ressentons la douleur de la vie actuellement blessée sur la planète. Bien que cette expérience soit parfois difficile à supporter, elle a un but. Notre amour peut contribuer à allumer le feu intérieur nécessaire pour protéger ce que nous chérissons le plus. Comme tout conservateur vous le dira, nous protégeons ce que nous aimons le plus.

Le maître zen vietnamien, poète et activiste Thich Nhat Hanh a été interrogé un jour par des militants environnementaux lors d’une conférence sur ce qu’ils devaient faire pour sauver la Terre de la dévastation écologique. Après une longue pause, il a répondu en disant qu’ils devaient poser leurs mains sur la Terre et écouter les cris du monde. C’était une réponse inattendue. Les activistes cherchaient quelque chose de plus stratégique et plus orienté vers l’action. Parce qu’il comprenait que la crise écologique découlait d’un problème profond, Thich Nhat Hanh ne cherchait pas simplement une solution « pansement ». Il reconnaissait que la crise émanait d’une déconnexion profonde avec notre amour, notre respect et notre vénération pour le monde de la nature. Raviver cet amour et cette connexion est la force la plus puissante pour l’action sociale. Comme l’a souligné William Blake dans ses écrits, « De grandes choses sont accomplies lorsque les hommes et les montagnes se rencontrent ».

La réponse de Thich Nhat Hanh invitait les activistes à renouer leurs liens avec la Terre et à ouvrir leur cœur à la douleur que l’activité humaine provoque. Souvent, dans la nature et dans notre vie quotidienne, nous fermons notre relation à ce que nous aimons, comme une manière d’éviter la douleur lorsque ceux et celles que nous aimons sont blessés ou meurtris. Cela mène à l’insensibilité, qui se transforme facilement en indifférence. Il n’y a pas de meilleure façon d’étouffer le carburant du changement que de laisser son cœur se refroidir et devenir indifférent.

En ouvrant nos cœurs, nous nous exposons non seulement à la joie que la nature et la vie ont à nous offrir, mais aussi à la douleur. Les activistes souffraient parce que la Terre qu’ils aimaient tant était profanée. Thich Nhat Hanh voulait qu’ils aillent au-delà de la colère et de la frustration auxquelles ils se raccrochaient comme combustible pour leur activisme. Cette rage conduit facilement à l’épuisement et peut intensifier le niveau de conflit dans le monde en créant une mentalité de « nous » contre « eux », avec tous les reproches, la rigidité et la division que peut entraîner cette attitude. Au lieu de cela, Thich Nhat Hanh a encouragé les activistes à renouer avec leur motivation initiale : l’amour de la Terre. C’est l’amour qui nous donne l’élan pour opérer des changements constructifs dans notre attention bienveillante à la nature et à nos semblables.

Méditation : Cultiver l’amour bienveillant

En marchant dans la nature, nous pouvons répondre à l’amour que nous ressentons des peupliers, du forsythia et des tourterelles en envoyant des pensées chaleureuses et des vœux bienveillants aux arbres, aux herbes et aux fleurs qui ont une confiance totale en la lumière du soleil. Nous pouvons consciemment diffuser cet amour lorsqu’il émerge naturellement en nous en marchant près des rochers, des cours d’eau, des jeunes arbres et des papillons. Lorsque les oiseaux volent près de nous, nous pouvons les porter dans nos cœurs avec douceur et leur souhaiter d’être en sécurité, en bonne santé et heureux. Cette pratique peut nous connecter au cœur vivant à la source de toute chose.

Pour cultiver cet amour, commencez par faire une promenade dans la nature. Vous pouvez marcher près de l’océan ou dans les bois brumeux du matin, à travers la neige ou la pluie ou le soleil, à l’aube ou au crépuscule ou n’importe où entre les deux. La nature offre des possibilités et des décors infinis pour ouvrir nos cœurs.

Au cours de votre promenade, laissez-vous appeler par quelque chose. Allez vers ce qui vous attire. Cela peut être un érable, une fleur de lupin, de la mousse sur un vieux rocher, des vagues qui se brisent sur le rivage ou des motifs créés par la glace gelée. Laissez-vous emporter. Laissez la fascination prendre le dessus. Remarquez ce que vous aimez, ce qui est attrayant et intrigant, à propos de ce que vous avez choisi. Laissez-vous flâner comme si vous regardiez le visage de votre bien-aimé. Remarquez les veines des feuilles de peuplier lorsque la lumière du soleil traverse les arbres ; observez les couches de l’écorce d’eucalyptus qui se détachent. Prenez le temps de vous immerger dans tous les moindres détails que vous voyez, ressentez, entendez, sentez et touchez. Expérimentez-le avec tous vos sens. Soyez attentif à votre corps et à votre cœur pendant cela, et remarquez si vous ressentez de la chaleur, de la bienveillance, de l’attirance ou de l’amour. Remarquez quelles sensations corporelles accompagnent ces sentiments. Vous pouvez également imaginer ce que vous diriez si vous deviez écrire une lettre d’amour à cet objet de votre attention, ou comment vous décririez à un enfant ce que vous voyez et ressentez. Si vous en avez envie, vous pouvez prononcer à voix haute ces mots d’amour ou d’appréciation, ou écrire une lettre d’amour ou un poème.

Dans la méditation traditionnelle de l’amour bienveillant bouddhiste (Metta), nous répétons certaines phrases qui expriment nos vœux les plus profonds. La phrase que j’utilise lorsque j’exprime mon amour pour la nature est : « Puisses-tu être en sécurité, en bonne santé, heureux et vivre avec facilité. » Vous pouvez utiliser les phrases qui vous conviennent, permettant à vos vœux pour le chèvrefeuille, le crapaud ou le cerisier de venir de votre cœur. Une fois que vous vous sentez accompli en envoyant ces vœux à une chose, commencez à offrir ce vœu bienveillant à tout ce que vous rencontrez. Lorsque vous ouvrez votre cœur de cette manière, observez comment cela affecte votre relation avec le monde naturel. Comme nos semblables humains font également partie de la nature, essayez d’étendre ce vœu sincère aux personnes que vous rencontrez, en l’envoyant à des personnes que vous ne connaissez pas, et à celles qui vous sont proches. Rappelez-vous également que vous faites partie de la nature, envoyez donc ces vœux de bienveillance à vous-même, à votre corps, à votre cœur et à votre esprit – afin que vous puissiez également être en sécurité, en bonne santé et heureux, et vivre avec facilité. Plus nous souhaitons et ressentons sincèrement cela pour nous-mêmes, plus notre cœur s’ouvre naturellement aux autres.

Si vous pratiquez cette méditation et que vous ne ressentez aucun de ces sentiments réchauffant le cœur (peut-être qu’au lieu de cela, vous ressentez un sentiment d’inconfort, d’indifférence, d’ennui, d’agitation ou de désir pour quelque chose de plus excitant, de plus dramatique), voyez si vous pouvez simplement permettre à l’état ou au sentiment qui est là d’être là. L’amour surgit lorsque nous acceptons et recevons pleinement ce qui se passe sans discrimination, rejet ou jugement, y compris notre propre état émotionnel. Il est également utile de se rappeler que le pouvoir de la méditation de la bienveillance vient de l’engagement répété à cultiver ce souhait pour le bien-être de tous. Partant d’un état d’auto-acceptation, continuez à observer le monde qui vous entoure et laissez-vous toujours séduire par ce qui attire votre intérêt ou votre imagination. L’élément essentiel de toutes ces méditations est d’être ouvert et curieux. N’attendez pas ou n’exigez pas quelque chose de spécifique, mais soyez simplement ouvert à ce qui se produit. Plus nous rencontrons exactement ce qui se passe en nous-mêmes et dans la nature, plus nous donnons l’opportunité à la compréhension et à la transformation de se déployer.

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