Excursions au Yémen - Désiré Charnay - E-Book

Excursions au Yémen E-Book

Désiré Charnay

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Beschreibung

Immersion au cœur de l’Arabie et de sa civilisation éclatante !

Nombre d’explorateurs, et des plus célèbres, ont visité cette Arabie heureuse, ancien foyer d’une éclatante civilisation où le nom Sabéen a brillé au premier rang. C’est à Mariaba, Sabah, Mareb aujourd’hui, que régnait cette belle reine Belkis, l’admiratrice et l’amie de Salomon ; c’est sa capitale que Strabon nous dépeint comme une ville merveilleuse, toute pleine d’or, d’ivoire et d’encens ; c’est cette Mariaba que Pline disait être un diadème sur le front de l’univers et qu’Alius Gallus assiégea vainement.

Ce récit décrit leur périple, la vie et les mœurs de la population rencontrée, les paysages et sites parcourus, mais aussi les mauvaises surprises.

Découvrez la collection Pérégrination de La Découvrance : de courts récits de voyageurs à travers le monde et le temps...

EXTRAIT

Le Yémen, où nous allons conduire le lecteur, n’est point une terre inconnue.
Nombre d’explorateurs, et des plus célèbres, ont visité cette Arabie Heureuse, ancien foyer d’une éclatante civilisation où le nom Sabéen a brillé au premier rang. C’est à Mariaba, Sabah, Mareb aujourd’hui, que régnait cette belle reine Belkis, l’admiratrice et l’amie de Salomon ; c’est sa capitale que Strabon nous dépeint comme une ville merveilleuse, toute pleine d’or, d’ivoire et d’encens ; c’est cette Mariaba que Pline disait être un diadème sur le front de l’univers et qu’Alius Gallus assiégea vainement.
Après dix-huit siècles de prospérité, Mariaba fut anéantie par la rupture d’un réservoir qui faisait sa richesse : effroyable événement que les Arabes ont appelé le déluge del Arem.

À PROPOS DES AUTEURS

Albert Deflers (1841-1921), botaniste, ramène de ses voyages au Yémen un herbier et un catalogue des espèces avec leurs noms arabes.

Claude-Joseph Désiré Charnay dit Désiré Charnay né en 1828 à Fleurieux-sur-l’Abresle (69), archéologue explorateur et photographe, meurt en 1915 à Paris. Il devient célèbre en publiant son album de photographies de sites mexicains.

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Excursions au Yémen

Désiré CHARNAY et Albert DEFLERS

Excursions au YémenVoyage exécuté en 1896

CLAAE

2015

© CLAAE 2015

Tous droits réservés. Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

EAN eBook : 9782379110276

CLAAEFrance

Albert Deflers (1841- 1921), botaniste, ramène de ses voyages au Yémen un herbier et un catalogue des espèces avec leurs noms arabes.

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Claude-Joseph Désiré Charnay dit Désiré Charnay né en 1828 à Fleurieux-sur-l’Abresle (69), archéologue explorateur et photographe, meurt en 1915 à Paris. Il devient célèbre en publiant son album de photographies de sites mexicains.

Itinéraire du voyage.

1

Le Yémen, où nous allons conduire le lecteur, n’est point une terre inconnue.

Nombre d’explorateurs, et des plus célèbres, ont visité cette Arabie Heureuse, ancien foyer d’une éclatante civilisation où le nom Sabéen a brillé au premier rang. C’est à Mariaba, Sabah, Mareb aujourd’hui, que régnait cette belle reine Belkis1, l’admiratrice et l’amie de Salomon ; c’est sa capitale que Strabon nous dépeint comme une ville merveilleuse, toute pleine d’or, d’ivoire et d’encens ; c’est cette Mariaba que Pline disait être un diadème sur le front de l’univers et qu’Alius Gallus assiégea vainement.

Après dix-huit siècles de prospérité, Mariaba fut anéantie par la rupture d’un réservoir qui faisait sa richesse : effroyable événement que les Arabes ont appelé le déluge del Arem. Eh bien ! cette intéressante contrée, siège de la civilisation himyarite, fut explorée pour la première fois au siècle dernier, de 1761 à 1764, par Niebühr, un Danois, et ses collaborateurs. À cette époque, il y a près d’un siècle et demi, la ville de Sâna2 était la même que de nos jours, et les descriptions de Niebühr semblent d’hier. C’est que rien ne change dans ce curieux pays. Après Niebühr et par ordre de dates, viennent Ehrenberg en 1823, le lieutenant Cruttenden en 1836, et la même année Botta le naturaliste. En 1844 prennent place les deux remarquables voyages du français Arnaud, pharmacien de l’armée égyptienne, qui de Sâna, grâce à la protection de l’imam régnant alors, atteignit Mareb3, où il prit un croquis des ruines de la fameuse digue et du palais de la reine Belkis et d’où il rapporta de nombreuses inscriptions sabéennes. De 1869 à 1870 eut lieu la célèbre exploration de Joseph Halévy, qui atteignit également les ruines de Mareb, voyage qui valut à la science six cent quatre-vingt-six inscriptions ; puis viennent Stephens, Manzoni de 1877 à 1880, et enfin Édouard Glaser, qui a parcouru le Yémen pendant huit ans sous la protection des Turcs, qui se sont emparés de la province en 1871 ; Glaser, qui a enrichi son pays, l’Autriche, d’une foule de documents précieux et d’inscriptions himyarites, et qui partage avec Arnaud et Halévy la gloire d’avoir visité Mareb.

C’est là que l’un de nous voulait aller ; vu les temps, l’entreprise était téméraire ; elle n’a pas réussi, et c’est une simple promenade que nous allons faire dans le Yémen.

La voie la plus habituelle pour se rendre dans le Yémen et à Sâna, la capitale, est de passer par Aden ; là on se rembarque sur un petit vapeur qui, chaque semaine, fait le trajet d’Aden à Hodeïdah en passant par Périm4 ; c’est une traversée de trente-six heures. Hodeïdah est le seul port actuellement ouvert au commerce, par les Turcs. Il fallait donc prendre les Messageries maritimes ; mais à Marseille, le jour où nous allions retenir nos places, nous rencontrâmes un Hollandais, capitaine d’un vapeur à destination de Kamaran. Cette île de Kamaran, nous disait le capitaine, est à quelques lieues seulement d’Hodeïdah, de sorte que le voyage pour nous y rendre ne serait qu’une simple et intéressante promenade ; de plus, disait le capitaine, « mon bateau part après-demain, c’est-à-dire quatre jours avant les Messageries, vous aurez donc toute chance d’arriver en Arabie avant elles ». Il ajoutait : « Et cela vous coûtera la moitié moins ». C’était nous dire : « Prenez mon ours » et nous le primes ; nous eûmes tort. Nous restâmes seize jours en route, juste le temps d’aller et de revenir. Le bon marché est toujours cher.

L’île de Kamaran, où nous arrivâmes enfin, est une île historique ; cet îlot, formé de madrépores et de conglomérats de coquilles, est situé sous le 13° 0’ de latitude nord, à quarante-cinq milles d’Hodeïdah, soit quatre-vingt-quatre kilomètres.

Aujourd’hui, l’administration sanitaire de l’empire ottoman l’a choisie comme le lieu le mieux situé et le plus propice à l’installation d’un vaste lazaret pour les pèlerins de La Mecque. Ce lazaret devra contenir six mille pèlerins ; c’est dire que l’administration sanitaire entreprend là une besogne gigantesque, qui demandera de longues années pour être menée à bonne fin.

Kamaran a un très beau port, aux eaux tranquilles par tous les temps, et où barques et vaisseaux trouvent un abri sûr. Outre le port proprement dit, un vaste bassin compris entre l’île et la terre ferme constitue une rade bien abritée où les navires peuvent relâcher en tout temps ; puis le village de Salif, situé en face de l’île, possède des salines d’une richesse énorme. Les bancs de sel, qui mesurent de quatre à neuf mètres d’épaisseur, s’étendent sur sept à huit kilomètres. Ces salines sont exploitées par la Turquie et ont dû l’être dans l’antiquité par les Yéménites, les Abyssins et les Persans ; elles ajoutent donc à l’importance de Kamaran. Aussi les Anglais, qui ont des vues sur le Yémen, et qui le posséderont probablement un jour, ont-ils déjà marqué sur leurs cartes Kamaran comme possession anglaise.

Cette île fut occupée par les Abyssins en 525, et plus tard, en 575, par les Persans, qui y construisirent un fort. Les Portugais sous Albuquerque, en 1490, vinrent occuper l’île et réparèrent le vieux fort. On considérait donc Kamaran comme une station de premier ordre. – Voici la plage de débarquement de Kamaran, avec le wharf, la maison de l’administrateur de la compagnie sanitaire, une partie du village et la campagne déserte qui l’entoure ; nulle animation, nul mouvement, point de vie : près de la rive, quelques sambouks à l’ancre se balancent au gré du vent, inoccupés, attendant la saison de pêche. Dans le village, de maigres Arabes, aux vêtements sordides, vaquent lentement à leurs affaires, pendant que de rares silhouettes de femmes se montrent timides et prudentes à l’entrée des gourbis pour jeter un regard anxieux sur l’étranger qui passe… Quelle tristesse !

Il nous fallut attendre huit jours, que le vapeur hollandais mit à son déchargement ; car, incident fâcheux, on avait mis à fond de cale notre matériel, qui fut débarqué le dernier.

Or, la vie à Kamaran n’avait rien de séduisant ; la chaleur y était affreuse, la cuisine que nous faisait une Italienne, atroce : nous couchions sur la dure dans l’usine frigorifique inachevée, et nous n’avions pour distraction que de parcourir les rivages de l’île, à la poursuite des mouettes et des bécassines.

Ce fut dans le cours de ces excursions que nous visitâmes la grande et unique kouba de Kamaran, construite en l’honneur de je ne sais plus quel saint marabout, et placée au milieu d’un maigre bosquet de palmiers entretenus à grands frais avec de l’eau de puits.