Félicitations, c'est une FIV ! - Karine Degunst - E-Book

Félicitations, c'est une FIV ! E-Book

Karine Degunst

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Beschreibung

Avoir un bébé quand cela ne vient pas naturellement, c’est la galère !

On n’apprendra rien à personne... Alors quand cela vous arrive, vous avez deux possibilités : voir les choses en noir ou, comme l’auteur, se dire qu’avec de l’humour et de la dérision cela passera mieux. Et voilà dans vos mains le récit amusant, drôle et vrai d’un couple pas comme les autres, engagé dans une PMA (procréation médicalement assistée). Rien n’échappe à la plume ironique de Karine ; ni les traitements médicaux, ni les attentes, ni les disputes entre eux... non rien n’est oublié. Mais tout se lit comme une formidable aventure faite de ténacité, d’humour et d’amour. Puisqu’un charmant bébé est venu clore ce livre, telle une lumière gazouillante au bout du tunnel. Alors oui vraiment : « Félicitations c’est une FIV » !

Sans pathos, mais avec sarcasme, Karine Degunst nous plonge dans cette course à la procréation, ce gigantesque saut d'obstacles, ce marathon psychologique, en n'omettant aucune étape de ce tour de force.

EXTRAIT 

Un jour de février 2012, tôt le matin, France Inter en fond...
« Blablabla… Sarkozy... Hollande... Sondage Ipsos, on se demande si... blablabla… lequel des deux a... blablabla, il commet une erreur... blablabla… s’est rattrapé... blablabla… opinion des Français... crise à résoudre… blablabla... ».
J’entends sans écouter, bol de céréale à avaler, j’ai la tête enfarinée, 6 h 30, trop tôt, pas possible...
« Donc Hollande/Sarkozy, y a-t-il encore un réel clivage droite/gauche en France ? »
Gauche/droite, droite/gauche, diantre ! Ma tête se relève de mon bol. C’est quel ovaire qui a fonctionné ce mois-ci ? Le gauche vaillant ou le droit raplapla ?
Bonjour,
Je m’appelle Karine,
Psychopathe cyclique des 28 jours, folle à lier des symptômes prémenstruels, déséquilibrée des pics d’ovulation et malade mentale des statistiques sur la fertilité...
Et j’essaie d’avoir un bébé depuis bientôt trois ans.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

C'est un témoignage touchant et sincère que nous livre l'auteur. À lire c'est instructif et cela permet de comprendre la souffrance derrière cet espoir d'être trois. Un témoignage qu'il ne faut pas manquer, à partager et à faire découvrir. - kriskorchi, Babelio

Waouh. Ce livre est exceptionnel. Je me suis retrouvée à toutes les pages dans les sentiments d'espoir et de désespoir. Témoignage extraordinaire qui m'encourage à aller de l'avant pour arriver à ce bambin tant attendu !! - Ann1975, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Karine Degunst naît en 1981 dans la région du Nord. Enseignante en maternelle, coureuse de fond pour la forme, adepte de l’humour grinçant et des films de zombies, elle a décidé de partager son expérience de la procréation médicalement assistée dans son premier livre Félicitations, c'est une FIV !
Elle a sorti un deuxième livre pour la rentrée 2015 sur son quotidien de professeur en SEGPA et maternelle Chroniques Saignantes d'Une Enseignante ou 50 Nuances de Craie

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Félicitations, c’est une FIV !

Karine Degunst

À Pierre

À Élie

INTRODUCTION

Un jour de février 2012, tôt le matin, France Inter en fond…

« Blablabla… Sarkozy… Hollande… Sondage Ipsos, on se demande si… blablabla… lequel des deux a… blablabla, il commet une erreur… blablabla… s’est rattrapé… blablabla… opinion des Français… crise à résoudre… blablabla… ».

J’entends sans écouter, bol de céréale à avaler, j’ai la tête enfarinée, 6 h 30, trop tôt, pas possible…

« Donc Hollande/Sarkozy, y a-t-il encore un réel clivage droite/gauche en France ? »

Gauche/droite, droite/gauche, diantre ! Ma tête se relève de mon bol. C’est quel ovaire qui a fonctionné ce mois-ci ? Le gauche vaillant ou le droit raplapla ?

Bonjour,

Je m’appelle Karine,

Psychopathe cyclique des 28 jours, folle à lier des symptômes prémenstruels, déséquilibrée des pics d’ovulation et malade mentale des statistiques sur la fertilité…

Et j’essaie d’avoir un bébé depuis bientôt trois ans.

L’envie du fameux trois

Il y a beaucoup d’étapes dans le cycle de la vie : la rencontre déterminante, l’apprivoisement mutuel, l’emménagement amoureux, l’envie d’aller plus loin à deux pour faire trois, la naissance d’un trois, ses premiers mots, pas, baskets Vans, engueulades adolescentes, études, béguins pas sérieux, béguins sérieux, la rencontre déterminante, l’apprivoisement mutuel, etc.

Moi je suis bloquée à l’étape : envie d’aller plus loin pour faire trois.

Je n’arrive pas, on n’arrive pas à le faire, ce trois, et c’est une frustration renouvelée chaque jour. Pourquoi pas nous et pourquoi tous les autres ? Jalousie, envie, colère, je pulvérise la liste des sept péchés capitaux.

« Quand on veut, on peut » : elle m’énerve cette phrase qui fut un temps mon adage ! Parce que plus on veut, plus on y pense, moins on y arrive et fatalement moins on peut. La procréation doit être l’une des rares choses dans la vie sur laquelle on a si peu d’emprise ! C’est aussi la loterie infernale, la roue de la bonne ou la mauvaise fortune, et mieux vaut être du côté où ça tourne correctement parce que sinon, vous vous exposez à d’interminables questionnements, remises en question, bref à un mal de tête qui peut durer des années.

Voici donc notre histoire, celle de beaucoup d’autres couples présents et à venir, un témoignage pour celles et ceux qui ont tiré la mauvaise carte, mais un témoignage qui, je l’espère, sera porteur d’espoir.

AU TOUT DÉBUT…

Il paraît qu’une petite fille a déjà en stock, in utero, tous les ovules qui lui seront nécessaires pour reproduire le fameux cycle de la vie lorsque le temps sera venu.

Il se peut donc que, lors de ma propre fabrication, cette étape ait été quelque peu oubliée.

« Bon, alors tu lui mets quelques ovules à celle-là, mais ne t’embête pas trop hein ! Prends les moins chers, tant pis pour la qualité, on réduit les coûts en ce moment, on va lui faire des gros seins à la place, euh non je n’ai rien dit, ce n’est pas possible non plus, il n’y a pas de patrimoine génétique de ce côté-là, écoute à la place on va lui mettre un peu d’humour… »

Moi, à ce moment-là, franchement, les gamins, je m’en fous, je me contente de naître et puis je me laisse vivre.

Mon complexe d’Électre

Seulement ça se complique à l’âge de trois ans, l’âge où on découvre son sexe, son état d’homme ou de femme et il paraît que pour grandir et amorcer mon avenir de femme, j’ai trois choix :

– Soit je rejette purement et simplement la sexualité. Je ne sais pas trop ce que cela peut signifier à trois ans. Je sais bien que Barbie et Ken ont toujours planqué on ne sait où leur appareil reproducteur mais moi je n’aime pas Barbie, je préfère lire les bandes dessinées interdites de Papa et Maman qui adorent Manara.

– Soit je rejette la castration. Ça veut dire quoi ? Que j’ai des troubles identitaires sexuels et que je m’habille en GI Joe aux goûters d’anniversaire ? Bon, les poupées ne sont pas ma tasse de thé mais j’aime bien jouer à la maman et faire de la bonne bouillie de mouches à mon petit frère pour qu’il mange plein de vitamines… Non, décidément, je sais que je suis une fille.

– Soit je choisis mon père comme pénis de substitution… Diantre. Je ne savais pas qu’à trois ans je cogitais autant. C’est pour ça que Papounet ne voulait pas qu’on le voit se laver, ce n’était pas de la pudibonderie, il avait juste peur que je lui pique sa quéquette, tout s’explique.

Oui, parce qu’apparemment, pour construire ma féminité, j’ai choisi cette troisième solution et je suis tombée amoureuse du kiki de mon papa.

Je vous rassure, je m’en suis sortie, à l’adolescence, quand j’ai vite vu qu’il y avait plein de pénis boutonneux alentour qui n’attendaient, de leur côté, que de régler leur complexe d’Œdipe et se faire enfin une autre fille que leur maman ! C’est peut-être là que l’expression régressive : « Va niquer ta mère » prend tout son sens.

Enfin tout ça pour dire – je cite la théorie de Monsieur Freud, qui lui aussi avait probablement des tas de choses à résoudre avec sa génitrice : « Le désir d’enfant, à l’âge adulte, ne serait alors chez la femme qu’une simple sublimation du désir de pénis ressenti dans l’enfance. »

Si j’ai bien tout compris, on veut un enfant parce qu’étant petite on n’a pas eu la chance d’avoir un kiki, bizarre, allez savoir ! Les méandres du cerveau…

Devenir une femme

Reprenons, j’ai passé l’adolescence, et donc mon complexe d’Électre, et elle s’est plutôt bien déroulée : pas de fugues, pas de problèmes de drogue, quelques crises pour la forme, un peu d’appareil dentaire, beaucoup de films d’horreur (passion qui perdurera au grand désarroi de mon entourage), deux ou trois pensées suicidaires vite compensées par des paquets d’Haribo-c’est-bon-la-vie. Et me voilà adulte.

J’ai vingt ans et je ne me préoccupe pas le moins du monde de ceux qui m’arrivent en dessous de la ceinture. Ils sont un monde à part, un monde de miasmes repoussants, un univers de borborygmes incompréhensibles, une galaxie que je ne veux pas explorer.

Non, décidément, ces petites choses roses dégoulinantes ne m’attirent vraiment pas et j’ai dix réveils pour ne pas oublier ma pilule, Graal incontestable, vecteur de liberté féminine…

Entre vingt et vingt-cinq ans, j’expérimente, je vérifie que les hommes ont bien réglé leur petit souci avec leur mère. Je me cherche, je cherche, je me trouve, je trouve, j’ai l’impression d’avoir déniché le bon mais je perds souvent cette impression et le garçon avec. Je vis, je découvre et attends de découvrir celui qui sera prêt à passer à l’étape supérieure, la sérieuse, l’engageante, la constructive.

L’étape supérieure

À vingt-cinq ans, ça y est, je suis prête à dénicher le partenaire idéal pour fonder une famille. En effet, ne soyons pas dupes, pendant que ces messieurs éructent et flatulent devant des matchs de foot ou autre sport trivial, nous, les femmes, on analyse les situations, on observe, on caste, on dissèque…

– Lui ? Non, pas possible, trop con.

– Lui ? Non pas possible, trop moche.

– Lui ? Non pas possible, trop peu d’ambition.

– Lui ? Non pas possible, vote extrême-droite.

– Lui ? Non pas possible, il ne veut pas (salaud).

Eh oui messieurs, nous avons, pour vous sélectionner, tout un panel de critères extrêmement exigeants et si vous n’avez pas la chance de correspondre : « Non mais trésor, ce n’est pas toi, tu es parfait, le problème c’est moi, on reste copains ? »

Bref, j’ai traversé la France pour trouver chaussure à mon pied. Ou devrais-je dire spermatozoïde à mon ovule, c’est sûr, c’est beaucoup moins glamour comme ça… En même temps, vous n’allez pas me dire que Cendrillon n’avait pas une toute petite idée derrière la tête en se laissant enfiler sa chaussure par le prince plus-que-charmant (belle métaphore, cela dit).

Donc, j’ai fini par trouver mon prince. J’ai de la chance puisqu’il rassemble tous mes critères, et est potentiellement le géniteur rêvé ! Pensez-vous, sortant d’une grande école, intelligent, ambitieux, beau cela va sans dire, avec de l’humour. D’accord, la fée qui s’est penchée sur son berceau a oublié quelques bulbes capillaires, mais chez moi elle a complètement occulté l’étape poitrine opulente, alors…

Alors comment fait-on maintenant ? Je lui demande s’il veut bien m’aider à sublimer le désir de pénis de mon enfance : « Chéri, j’avais trop envie d’un zizi mais je n’ai jamais pu l’avoir, tu me fais un baby ? »

Eh bien, non, c’est lui, un jour, dans une rame de métro à deux heures du matin qui me dit tout de go :

« Ma chérie, je t’aime, femme de ma vie, j’aimerais que tu puisses porter en ton sein le fruit de notre amour immuable »…

Comment ça, j’exagère ? D’accord, j’ai peut-être un peu transcendé la demande, et ça donnait plutôt :

« Pupuce, j’aime bien être bien avec toi parce qu’on rigole bien quand on est un peu bourrés (euphémisme), ça serait pas mal que tu sois la mère de mes enfants. »

Il n’empêche, je peux vous dire qu’immédiatement, j’arrête de baver appuyée sur la vitre et, malgré mon état vaporeux, je percute immédiatement, ça y est, les mots sont dits ! Je suis sur mon nuage. C’est génial ! J’ai plein de copines enceintes, on fera du yoga prénatal, on mangera bio et pasteurisé, on vomira en même temps, on s’échangera nos pantalons XXL, je les aurai enfin ces gros seins ! On accouchera ensemble dans une piscine, on pourra créer une crèche parentale et on habillera nos gamins chez Jacadi.

Mon Dieu, je n’ai pas choisi le prénom. Ah oui, c’est vrai je ne suis pas encore enceinte, mais dès le mois prochain peut-être…

LES TROIS PREMIERS MOIS

J’adore le vin, je ne suis pas une pratiquante journalière mais j’exulte quand mes papilles rencontrent un vin bien fumé, rouge cerise, délicieusement tannique. Jusqu’à vingt-deux ans je ne buvais pas, ou alors une fois par an, histoire de faire comme mes congénères mais sans plaisir autre que celui de me désinhiber pour aller enfin draguer très subtilement la gente masculine.

Après mes études, je me suis mise à aimer le Ricard et, en bonne extrémiste, j’en buvais beaucoup et souvent, puis j’en ai eu assez de l’anis, j’ai rencontré l’homme et j’ai appris à aimer le nectar des dieux.

Ces digressions mènent à quelque chose, je vous rassure…

Bref, un mois après avoir jeté ma pilule aux toilettes, cachet par cachet, comme une pâquerette qu’on effeuille candidement : « Lalala, je vais être enceinte un peu, beaucoup, très grosse, énorme… », nous allons, en bande, au salon des vignerons indépendants, plaisir annuel incontestable. L’occasion de siroter et commenter collégialement avec des mines de connaisseurs, des grands crus à moindre frais. Je n’ai toujours pas eu mes ragnagna, mes règles, les vilaines quoi. Je suis donc pleine d’espoir, massant sereinement mon ventre extra plat, imaginant un haricot magique qui pousse doucement et, animée par cette force extraordinaire de renonciation que possède toute femme enceinte, je refuse héroïquement tous les verres de dégustation : « Non désolée, Monsieur, je ne peux pas » et je regarde avec tendresse – comme une Joconde demeurée – mon bidon que je vais jusqu’à pousser en avant pour signifier mon abnégation quant à mon nouveau statut de future pourvoyeuse de la race humaine…

Deux jours plus tard, je fais le premier test de grossesse de ma vie – hormis celui fait à douze ans parce que j’avais roulé ma première pelle – qui est… négatif. Négatif ! C’est quoi ce scandale ! Direction Internet : cycle femme normal, vingt-huit jours. Je suis une femme normale (deux yeux, deux oreilles, une poitrine – enfin presque -, un vagin, un utérus) donc j’ai trois jours de retard et « Sœur Anne, ne vois-tu pas les vilaines venir ? » et cette nouille qui répond : « Non, je ne vois rien que des tracas qui viennent vers toi et un gynécologue qui te conseillera ».

Mon premier gynécologue dit Gygy 1er

Comment choisir son gynécologue ?

Moi je n’en ai jamais eu, sauf épisodiquement pour un petit frottis de contrôle et jamais le même praticien au fil de mes pérégrinations hexagonales, donc comme d’habitude, je cherche la proximité et en trouve un pas trop loin de mon quartier parisien (oui, j’habite à Paris désormais).

Un samedi matin à 9 h, je m’y rends conquérante, fière de mes ambitieux projets, cherchant une explication logique à ce retard de règles :

– Choc psychologique dû à une frustration tannique au salon des vignerons

– Retour en arrière pubertaire suite à ma longue utilisation de la pilule, corps qui aurait oublié ses fondamentaux ?

– Régime alimentaire déséquilibré ? Trop de soupe miso ?

11 h 30 : c’est enfin mon tour.

« Bonjour Mademoiselle, à poil s’il vous plaît, je palpe, pèse, mesure, sonde… »

Là, Gygy 1er prend une pose, tel Hippocrate enseignant aux néophytes et… me confirme que je ne suis pas enceinte. Sans rire. Soixante euros pour m’entendre confirmer ce que je sais déjà grâce aux dix tests Clairementbleue effectués compulsivement !

Et d’un ton condescendant, pour l’idiote finie que je suis : « Alors ON n’a pas ses vilaines règles et ON n’est pas enceinte, ON va réfléchir à tout ça… » OK, docteur, même si ON n’a pas gardé les cochons ensemble.

Je repars avec un cachet pour faire revenir mes ragnagnas et une courbe de température à faire sur un joli graphique pour vérifier que j’ovule correctement. Parce que j’ai beau avoir deux yeux, deux oreilles, une poitrine ou presque, un vagin et un utérus, je ne suis peut-être pas si normale que ça.

Vexée comme Napoléon à Sainte-Hélène, je repars le vagin entre les jambes et un certain vague à l’âme qui commence à pointer son nez.

Je marmonne comme une petite vieille sur le chemin : « Courbe de température, courbe de température, bien sûr que j’ovule ! Je suis une jeune femme, ceux qui n’ovulent pas ce sont les hommes, les petites filles, les vieilles filles, même les nonnes ovulent ! »

Compte-rendu à l’homme, qui ne s’inquiète pas outre mesure, me fait relativiser, on vient juste de commencer, tranquille Émile !

En tout cas, je prends consciencieusement mon hostie médicamenteuse tous les matins, et guette la moindre perte rosée à chaque fois que je m’essuie aux toilettes et, au bout de quelques jours… Roulement de tambour ! Elles sont là ! Et pour la première fois de ma vie, je suis contente de devoir mettre un tampon. Allez demain, je commence ma courbe de température, chouette !

– 1er jour : réveil, je me lève, ah non. Pas bouger, pas bouger. Il faut prendre la température en restant statique, tout mouvement risquant d’entraîner une hausse de température et fausser les résultats, donc doucement, tout doucement, je lève le bras, le tends pour attraper mon Thermomètre Anal Électronique (TAE) dernière génération, et le positionne « stratégiquement »… L’homme se réveille et veut me câliner : « Ah ! Qu’est-ce que tu fais ? Pas bouger, pas bouger, terrain miné ! », mon TAE sonne : 36,2°, je note.

– 2e jour : 36,2°.

– 3e jour : 36,2°.

– 4e jour : 36,2°.

– 5e jour : 36,2°.

– 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 15e jour : 36,2°.

Eh bien, on peut dire que je suis régulière, mais aucune montée de température indiquant une ovulation passée, présente ou à venir, c’est quoi ce scandale !

Je téléphone à Gygy 1er :

« Dites, dois-je, pendant longtemps, me sacrifier analement tous les matins ?

– ON veut savoir comment ça se passe dans SON petit corps, non ? Donc ON continue encore pour faire un cycle de 28 jours. »

D’accord, docteur, c’est vous le chef ! Je sais qu’il a raison, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir l’impression de perdre mon temps.

Tous les jours qui suivent me donnent la même invariable température 36,2°. J’ai presque envie de mettre mon TAE contre le radiateur, comme quand j’avais un contrôle étant petite, pour faire augmenter la courbe et avoir l’impression d’avoir ovulé.

Je commence à me dire que je vais peut-être un peu galérer…

Je n’ai jamais connu l’échec, ou si peu, un garçon qui n’a pas voulu de moi en 3e