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J'ai débuté l'écriture de ce livre l'été dernier durant cette crise hors normes, qui pour moi a révélé encore plus la situation des Femmes dans la société. Il était temps pour moi d'inciter les Femme-S, uniques aux multiples facettes, à prendre leurs places et à les exprimer en vrai ! Ce livre est le fruit de mes réflexions, de mes nuits blanches, de mes lectures, de mes rencontres et de ma vie. Je l'ai voulu sous forme d'essai, pour documenter chaque constat, pour l'enrichir de citations et de mes sources de lectures. J'y parle aussi de moi, de mes failles, de mes réussites, de mes choix. Car comme vous, je suis une femme-S aux multiples facettes, avec des projets plein la tête. Je souhaite vous insuffler un vent de liberté et vous encourage à faire vos choix, à passer à l'action. Car oui, vous pouvez choisir de ne pas choisir et d'être libres ! J'ai hâte de vous raconter la suite...
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Seitenzahl: 182
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Ida Gennari-El Hicheri a occupé des postes RH de Direction en lien avec la transformation managériale, et le développement de l’engagement au sein du groupe Air France, puis de la SNCF pendant 15 ans. Elle est également enseignante en psychologie du travail à l’Université de Nanterre. Enfin, elle est membre de l’Association française de psychologie existentielle et contribue à des travaux de recherche sur le sens du travail, mais aussi le sens de la vie.
Grâce à cette triple expérience, elle a créé, en 2018, un cabinet de conseil et de psychologie du travail : Psy&Co Développement. Sa vocation est d’accompagner des dirigeants, des managers à évoluer professionnellement grâce à une meilleure connaissance d’eux-mêmes. Au sein de ce cabinet, une section Femme-S a été développée pour accompagner ces dernières à prendre leur juste place dans les organisations, dans leur famille, dans la société, dans leur vie ! Étant elle-même mère de 4 enfants, épouse, entrepreneure, musicienne, danseuse, Ida Gennari-El Hicheri n’a jamais renoncé à ses choix. Elle a choisi de ne pas choisir.
C’est la raison pour laquelle, elle soutient ses clientes dans la révélation de leur plein potentiel, les accompagne dans leurs projets de vie professionnelle et personnelle, sans concession.
À travers ses conférences, ses écrits, Ida Gennari- El Hicheri partage ses réflexions et leurs témoignages.
Du même auteur :
Les compétences managériales, de l’analyse du métier à l’accompagnement de la fonction.
Une étude et une application au service des professionnels des managers et des professionnels de l’accompagnement. Issue de la THESE DE DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL présentée et soutenue publiquement le 29 novembre 2011.
https://www.bod.fr/librairie/les-competences-manageriales-delanalyse-du-metier-a-laccompagnement-de-la-fonction-ida-gennari-el-hicheri-9782322273539
THEME DE RECHERCHE :
Identification, évaluation et développement des compétences managériales. Modélisation et élaboration d’outils au service de la démarche compétences dans une grande entreprise française.
Articles :
“Detecting high leadership potential. An example of an evidence-based conception of identification tolls in a French blue-chip company", 1 juin 2016, Gifted and talented International by University of California
« Détecter les hauts potentiels, révéler les talents. Apport de la psychologie cognitive différentielle et organisationnelle." juil. 2010 , RH&M
Merci à mes enfants, Kheira, mon miroir sans qui je n’aurai pas fait cette traversée vers moi-même. Pardon de mes insuffisances, tu m’apprends chaque jour à devenir une mère “suffisamment bonne”. Elissa, garde ta douceur et ta sensibilité, qui m’invite à ralentir et à savourer la beauté des choses. Nahel, ta joie de vivre et ton grain de folie égayent mon quotidien, reste curieux, inventif et créatif comme tu l’es et ne cède pas au conformisme auquel on tentera de te conduire. Norah, petit soleil de lumière, merci de m’avoir appris le maternage et les câlins.
Merci à Riadh, mon ancre dans les tempêtes, difficile, exigeant, tu m’invites à me dépasser et à suivre mes rêves.
Merci à toutes les Christine, qui m'entourent et me soutiennent, me guident, ma mère, Christine Lewicki, toujours au bon moment sur ma route, merci pour ce que j’ai appris à tes côtés.
Merci à toutes ces femmes, que j’accompagne et qui par leur force et leur courage de devenir qui elles sont, m’inspirent à créer encore et toujours plus.
Merci à chaque personne que j’ai rencontrée dans ma carrière professionnelle qui m’ont encouragée, soutenue autant que challengée, déroutée, je n’aurai pas grandi autant sans vous.
Merci à Astrid, Eva, Marianne, Carine, Nadine, Stéphanie, Julie pour vos témoignages puissants et authentiques, inspirants et francs. Nos échanges ont nourri ma réflexion et confronté ma propre vision. Ces moments de partage profonds sont précieux.
Merci Candide, ma chère amie, toujours présente, soutenante de ton regard tendre et vrai. Je suis fière de notre relation immédiatement reconnue puis tissée au fil des années.
Préface
Introduction
Chapitre 1 : 2020, LA RUPTURE
La valeur du travail
Le travail et après ?...
La violence et le bien-être
Prendre la parole !
Chapitre 2 : APPRIVOISER SA LIBERTÉ
Ce qui m’a limitée… m’a libérée
Je peux choisir d’être libre
Ma quête de liberté m’a offert mon autonomie avec de nouveaux liens aux autres et une posture ROC(k)
Chapitre 3 : AGIR EN ALLIANT BIEN-ÊTRE ET RÉALISATION
Pour toi, c’est facile !
Les 3R-CADO, les clés pour concilier vie professionnelle et personnelle
Conclusion
J'ai rencontré Ida Gennari-El Hicheri en juillet 2011 lorsque j'ai intégré le groupe SNCF.
Femme brillante, avenante et décidée, elle était différente… Pourquoi ?
Parce qu'elle bousculait !
En effet, efficace et performante, rien ne pouvait l'arrêter. Ancrée dans ses valeurs éthiques puissantes et motivée par ses doutes, elle incarnait et assumait pleinement le paradoxe qu'est la gestion de l'envie folle face à la réalité rationnelle. Comment ?
En osant la folie dans son pragmatisme.
Cette posture ne l'a jamais quittée.
Aujourd'hui voici Femme-s son premier livre.
Fidèle à elle-même, elle y exprime ses fondamentaux, ses piliers qui jalonnent sa vie et ses choix.
Le premier est bien entendu la liberté … quel chemin Ida! Chaque jour, elle la construit, brique par brique, pour s'autoriser à s'y engouffrer pleinement. Elle le fait évidemment dans toutes ses facettes.
En tant que femme d'abord. Elle chemine vers sa re-co-n-naissance. Ce travail correspond à une quête d'un intime à construire, à re-construire de manière incessante pour ainsi réussir à ne pas s'abandonner.
En tant que professionnelle, dans un second temps. Avancer sans cesse sur sa manière de vivre cette liberté. Ainsi, la remise en question de tous ses acquis, de tous ses apprentissages est son quotidien. Se poussant dans une perpétuelle zone d'inconfort, elle apprend en testant et connaît le coût de cette audace.
Puis en tant qu'épouse. Ce cocon si complexe qu'est le couple. Là encore elle tente, telle une équilibriste, cette incroyable aventure tant protectrice qu'étouffante, tant porteuse que destructrice. Engagée totalement, elle assume ses choix avec lucidité, et travaille à nouveau sur toutes les opportunités que ces fertiles dualités lui apportent.
Pour finir en tant que mère de 4 merveilleux enfants. Elle incarne pleinement le fait que nous devenions mère, parent, au fur et à mesure que les enfants grandissent. Ainsi, cette découverte permanente la fait toucher du doigt des notions convenues et dissonantes de la société, incompatibles avec sa vision et ses attentes. Là encore, elle transforme sa vie en terrain d'apprentissage, à partager à d'autres pouvant être dans un même questionnement.
Le deuxième qui en découle est la rupture.
Intimement lié au choix de la liberté, ce couperet est pour Ida un instrument chirurgical d'autorisation. Acte violent et univoque, il empêche le retour en arrière et oblige, le temps venu, à l'acceptation.
Encore un paradoxe qu'Ida Gennari-El Hicheri touche et transforme. En effet, la rupture n'entraîne pas ici un arrêt, ni une mise à l'écart, ni même un isolement, il devient un acte fondateur d'une lucide responsabilisation permettant une ouverture libératrice.
Le dernier est évidemment la transmission.
Toute action, tout apprentissage, a pour but de laisser une trace pouvant aider l'autre. Partager son expérience, comme toutes les expériences qui l'ont elle-même accompagnées, est pour Ida Gennari-El Hicheri presque comme un devoir.
En ces temps complexes de métamorphoses, elle n'a eu de cesse que de contribuer à un demain nouveau… différent. Et c'est dans ce but, avec une profonde tendresse, qu’elle nous partage ici une part de sa vie, de son intime.
Ce livre est donc bien un cadeau… un fragment vérace et prenant de la Femme-S qu'est Ida Gennari-El Hicheri. Merci !
Belle aventure à vous !
Candide Mejia
Docteur en Psychologie - Psychologue
Formatrice agréée et consultante en entreprise
Fondatrice de CARADIEM
"Il faut des pensées qui dérangent, la nature ne m'a pas créé libre parce que je suis le créateur de moi-même, à chaque moment chacun est le créateur de lui-même." Marcel Conche, 2020
Parlons de nous.
Femme-s, uniques, aux multiples facettes. Nous sommes des filles, des sœurs, des amies, des amantes, des épouses, des amoureuses,... des professionnelles, des expertes, des travailleuses,... bosseuses, passionnées, curieuses, tourmentées, questionnées, acharnées,... souriantes, battantes, vivantes... Nous avons et aurons eu mille vies. Nous avons traversé des expériences et des épreuves, nous avons écouté et parfois étouffé nos désirs profonds, nous avons des projets à réaliser, nous voulons contribuer.
Trouver sa juste place, faire sa place, garder sa place, est un enjeu, une quête pour nous. Femme-s aux multiples potentiels, au, disons-le “haut potentiel” qui vivons la double contrainte de cette caractéristique particulière et de la condition liée à notre sexe. Double contrainte, comme l’explique Monique De Kermadec, psychologue et spécialiste de la douance, dans son ouvrage, “La femme surdouée, double différence, double défi” (2019) de se faire reconnaître dans leur féminité et dans leur intelligence.
Au désir de nous réaliser au travers toutes les facettes de notre existence vient se heurter ce qui reste encore de nos jours de barrières et de déterminismes sociaux, professionnels, culturels et familiaux.
Notre émancipation est encore jeune. Le droit de vote accordé aux femmes fête tout juste ses 76 ans quand celui de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans le consentement de nos maris souffle ses 55 étés (la loi a été votée au parlement le 13 juillet 1965).
Alors que les femmes sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes en France : 48% pour 38% (source INSEE) elles ne sont présentes qu’à 17% dans les Comités de Direction et Exécutif des grands groupes du CAC 401.
“En 2014, près de 80 % des travailleurs à temps partiel sont des femmes. Au total, presque un tiers des femmes travaillent à temps partiel (31%), contre 8% des hommes seulement !”2
Pour les femmes n’ayant occupé que des emplois à temps complet, un premier type de parcours (50 % des femmes) correspond à une situation d’emploi quasi continue. Un second type (6 %) est marqué par des changements d’employeurs et de courtes périodes de chômage ou d’inactivité. Un dernier type (16 %) est un parcours commencé à temps plein lors d’emplois de courte durée et qui s’achève précocement autour de 25-30 ans. Pour les femmes qui connaissent un épisode de temps partiel, un premier type de parcours (8 % des femmes) est celui qui se déroule essentiellement à temps partiel dans le cadre d’emplois stables. Un second type (6,5 %) correspond aussi à un parcours d’emploi continu, mais où le temps partiel apparaît surtout après 35 ans. Un troisième type de parcours (7 %) est marqué par l’inactivité et des changements d’employeurs, l’emploi à temps partiel ne devient la situation principale qu’à partir de 35-40 ans. Enfin, un dernier type de parcours (7 %) concerne les femmes sans emploi entre 20 et 44 ans. Les femmes qui suivent ces sept types de parcours se différencient, « toutes choses égales par ailleurs », par leurs caractéristiques familiales et résidentielles, leur niveau d’études et les attributs des emplois qu’elles occupent. En particulier, les femmes qui ont travaillé à temps partiel de façon quasi continue avant 45 ans ou durablement inactives ont significativement plus souvent au moins deux enfants. À 45 ans, elles vivent plus souvent que les autres femmes en milieu rural et ont plus souvent connu un déménagement pour raison professionnelle. Qu’elles aient occupé ou non un emploi à temps partiel, les femmes aux parcours relativement instables ont aussi plus souvent vécu des déménagements pour des raisons non professionnelles, comme suivre leur conjoint. L’intensité des liens entre les caractéristiques familiales et la distance à l’emploi, notamment à temps complet, qui est ainsi mise en évidence traduit vraisemblablement la plus ou moins grande capacité des femmes à occuper une position sur le marché du travail susceptible de peser dans l’arbitrage entre travail et famille.
L’essor du temps partiel dans les parcours professionnels des générations 1935 à 1984 et sa concentration sur les carrières féminines témoignent des différences de comportements d’activité des femmes et des hommes. L’offre de travail des femmes est plus largement guidée que celle des hommes par des motifs familiaux, mais elle est aussi plus flexible. Au fil des générations, lorsque les carrières des femmes rendent compte d’une substitution de l’inactivité par du temps partiel, les carrières des hommes sont davantage marquées par l’inactivité et le chômage. Les types de parcours professionnels qui peuvent être identifiés pour les femmes nées entre 1935 et 1959 mettent néanmoins en évidence la diversité des situations individuelles. Qu’elles travaillent uniquement à temps complet ou connaissent un épisode plus ou moins long de temps partiel, certaines femmes ont un parcours relativement continu, d’autres ont un parcours relativement instable marqué par une succession d’emplois, d’autres encore ont un parcours raccourci en raison d’un retrait précoce du marché du travail. Ces différents parcours sont associés à des femmes dont le profil se différencie notamment par le niveau d’études et le nombre d’enfants. Ce lien met en exergue le rôle des déterminants familiaux dans le rapport à l’emploi des femmes. Les femmes les moins diplômées et/ou mères de plusieurs enfants sont celles qui s’éloignent le plus de l’emploi, qui sont le plus souvent à temps partiel ou inactives. Ces résultats interrogent à plusieurs titres les politiques publiques. La transformation des carrières féminines au fil des générations, la participation croissante des femmes au marché du travail, mais aussi la distance qui persiste pour nombre d’entre elles avec l’emploi continu à temps complet, posent question au regard de l’acquisition de droits sociaux. En matière de retraite, par exemple, des dispositions atténuent les effets des aléas de carrière sur les retraites, mais les droits accordés restent inférieurs à ceux acquis en cas d’emploi à temps complet et, a fortiori, ils ne compensent pas les conséquences en chaîne, souvent négatives, de ces aléas. L’identification des facteurs conduisant à des parcours considérés comme « non standards » peut éclairer sur les politiques à mettre en œuvre pour améliorer l’acquisition de droits. En particulier, le lien entre la dimension familiale et l’offre de travail des femmes justifie que les politiques publiques visant à une présence plus forte des femmes sur le marché du travail promeuvent une meilleure articulation des vies professionnelle et familiale, en facilitant l’accès à des modes de garde en milieu rural par exemple, et qu’elles encouragent l’acquisition de compétences permettant aux femmes les moins dotées en capital humain ou ayant durablement ralenti leur activité professionnelle de conserver des chances d’occuper un emploi de qualité. Des perspectives limitées sur le marché du travail sont-elles la cause d’un désinvestissement professionnel des femmes au profit de la famille, ou est-ce le motif familial qui guide les choix d’activité ? La réponse à cette double question est vraisemblablement diverse selon les femmes et invite à étudier plus finement les caractéristiques des femmes – et mères – faisant le choix d’un emploi à temps partiel ou de l’inactivité.
https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/de_tempspartiel_briard_calavrezo_270616v.pdf
Les femmes à temps partiel et complet : quels parcours professionnels, quels profils ? Karine BRIARD et Oana CALAVREZO (Dares), juillet 2016
Notre liberté passera par la place pleine que nous pourrons prendre dans la société, dans les organisations, dans les décisions. Notre liberté passe par notre émancipation économique et la juste répartition des tâches quotidiennes entre les hommes et les femmes.
Comment dépasser ses limites ? Comment se libérer des freins ?
Comment au fond concilier tout ce qui est important pour soi ?
Comment devenir une Femme-s libre d’exprimer et de vivre toutes ses facettes, libre de se sentir bien dans sa vie et dans ses choix, libre de transmettre une vision porteuse de joie, d’équilibre et de responsabilité aux jeunes filles d’aujourd’hui, Femme-s de demain ? Comment encourager nos garçons à les soutenir et à les aimer exactement comme ça ?
1https://www.lesechos.fr/idees-debats/leadershipmanagement/femmes-au-comex-la-verite-des-chiffres1245366
2https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/07/08/2000220160708ARTFIG00115-un-tiers-des-femmes-travaillent-atemps-partiel.php
En cette année 2020, la crise sanitaire du COVID-19 et le confinement ont fait remonter à la surface les écarts encore bien présents, et déjà révélés par les mouvements féministes.
Au cœur de l’été, durant lequel je démarre l’écriture de ce livre, je ne peux passer sous silence, la crise extraordinaire que le monde entier vit : la pire crise sanitaire depuis plus d’un siècle.
L’économie mondiale a été mise à l’arrêt, deux mois et demi durant. Entre le mois de mars et le mois de mai 2020, les Français ont été confinés. Nous ne pouvons encore prédire toutes les conséquences à venir.
Parler des femmes et de la place qui est la leur dans la société, s'intègre au contexte dans lequel cette parole s’inscrit. Ce que vivent les femmes percute irrémédiablement la situation politique, économique, sociale et culturelle.
L'histoire nous a montré que les crises ont tendance
à renvoyer les femmes, après avoir utilisé leur force
de travail, à leur rôle domestique leur ôtant la
possibilité que cela puisse être un choix.
Par exemple, dans les années 90, la crise économique renvoya bon nombre d’entre elles à leur foyer et à leur rôle maternel. Les femmes souffraient alors plus que les hommes d'un chômage massif. Les indemnités maternelles pour charge d'éducation apparaissent, sous le signe de la bienveillance, afin de favoriser le maternage, décrit à l’époque comme un travail en soi.
Alors ce travail, que vaut-il ?
"Un demi SMIC !" s’indigne Elisabeth Badinter dans son livre paru en 2010, “Le conflit, la femme et la mère”3.
Le modèle traditionnel s’impose ainsi en période de crise sous couvert de sécurité économique assurée par le travail des hommes et aura la peau de celles qui cherchent et croient possible la conciliation entre vie personnelle et professionnelle.
Réaliser son projet familial, conjugal, se développer professionnellement et vivre pleinement sa féminité n’a rien d’une évidence. Elisabeth Badinter dans ce même livre, évoque combien reste problématique pour “une majorité de femmes, la conciliation des devoirs maternelles qui ne cessent de s’alourdir et de leur épanouissement personnel”.
Aussi, ce que nous connaissons le mieux (2000 ans, et plus encore, de responsabilités domestiques ne s’effacent pas d’un trait de crayon…) s’impose à nouveau. Il contraint inconsciemment le choix des femmes, ramenées à l’idée que leur souhait de réalisation est au fond impossible !
Les premières observations publiées lors du confinement confirment malheureusement ce constat.
La sociologue Frédérique Letourneux4, qui s’est intéressée aux formes contemporaines du travail à domicile, nous invite à réfléchir à ce qui se jouera dans les nouvelles formes de travail à venir et à la place que prendront dès lors les femmes : “En télétravail, tout l’enjeu consiste à savoir quel est celui dont le travail est considéré comme le plus important.”
Pour Camille Froidevaux-Metterie5, philosophe, cette crise sanitaire a mis autant en lumière l’importance vitale des métiers du “care” que les inégalités hommes-femmes au sein des foyers. C’est ainsi qu’on a pu saluer ces métiers, majoritairement exercés par des femmes (90% des caissiers et 87,5 % des infirmiers sont des femmes)6, peu considérés socialement et mal rémunérés. Les femmes tiennent, dans leurs compétences et leurs métiers, la santé et l’éducation des êtres qui nous sont les plus importants à nos yeux. Elles ont été présentes pour leur famille et pour celles des autres. Elles ont sauvé des vies, maintenu les liens et le système éducatif (professeure et maman professeure au pied levé). Elles portent le paradoxe d’être à la fois invisibles et indispensables.
3 Le conflit, la femme et la mère, Elisabeth Badinter, 2010, Editions Flammarion
4https://www.telerama.fr/enfants/le-teletravail-risque-de-faireretomber-une-part-du-travail-feminin-dans-linvisibilite6651732.php
5https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/11/coronavirus-de-nombreuses-femmes-vont-sortir-du-confinement-dansun-etat-de-total-epuisement_6039287_3234.html
6https://www.huffingtonpost.fr/entry/face-au-coronavirus-etau-confinement-pourquoi-les-femmes-paient-un-si-lourdtribut_fr_5eb2a7d9c5b6cd82c94971ef
Ménage, cuisine, école à la maison et travail pour payer les factures…
Le confinement a, par ailleurs, alourdi le poids de la “charge mentale”7 ressentie par les femmes. Cette crise, pour la dessinatrice Caroline Charpentier, créatrice du compte Instagram sur la charge mentale “T’as pensé à?”, fait ressortir toutes les inégalités dans la société.
Pendant ces neuf premières semaines de confinement, j’ai pu m’entretenir avec vous pendant des ateliers de codéveloppement que je vous ai proposés deux fois par semaine. Nous n'avons vraisemblablement pas toutes vécu le même confinement.
Ce temps pour vous, ce temps pour échanger, ce temps pour partager des vécus singuliers. Vous avez dit votre ressenti, votre vécu, votre soulagement, et votre douleur.
Des récits, des morceaux de vie, si différents, si personnels qui parlent de vous et de nous toutes.
Pour certaines, ce fut la possibilité de se poser, de retrouver un espace sécurisé, un temps de vie plus lent, plus proche de soi, des siens... un cocon rassurant et une complicité familiale retrouvée. L’isolement salutaire, loin du bruit, de la foule, du mouvement et de la rapidité incessante de notre société a transformé la contrainte en parenthèse enchantée.
Pour d’autres, la découverte de la conjugaison, en même temps, des espaces et des rythmes de vie professionnelle et personnelle, la difficulté à jongler entre le télétravail, l’école à la maison, les repas, se sont brutalement imposés à elles, les tirant inexorablement à la vie pratique, les éloignant de leurs projets et de leurs aspirations profondes. Ce renvoi à des tâches domestiques et logistiques, l’apprentissage de nouveaux rôles et de nouvelles obligations ont ouvert pour quelques-unes des questions existentielles sur le sens de leur job, sur leur manière de vivre.
Elles ont expérimenté pour beaucoup de nouvelles formes de communication et d'être ensemble quand d’autres ont déployé une créativité parfois exacerbée, et une envie de changer le monde...
Oui, il y a eu des heureuses et bienvenues parenthèses enchantées, pendant que les premières études et recueils de données ont pu mettre en évidence l’écart et la difficulté persistante pour les femmes de concilier leurs aspirations personnelles et professionnelles dans ce contexte de contraintes.
Certaines d’entre nous ont pu se rendre compte qu’elles expérimentent en fait chaque jour “ la vie d’une femme au foyer dans les années 50, mais avec un travail en plus ”8.
Selon la psychologue Sarah Laporte-Daube, les femmes ressentent plus la charge mentale que les hommes pour des raisons historiques et idéologiques. L’altruisme des femmes est développé dans la répartition des jeux de rôles quand nous sommes enfants : dès leur plus jeune âge elles apprennent à être mère, à s’occuper des autres.