Greensleeves… Adieu ! - Tome 3 - Gee Skill - E-Book

Greensleeves… Adieu ! - Tome 3 E-Book

Gee Skill

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Beschreibung

Geneviève Audet-Lambert et son compagnon Henri van Wentzinger, ont enfin soutenu leurs thèses à la Sorbonne et sont tous deux Docteurs. Elle en Sciences de l’Education, et lui en Philosophie. Qu’est-ce que cela va changer dans leurs vies tourbillonnantes ? Epris de liberté, une rivale va entraîner Henri autour du monde. C’est ‘’La Jeanne.’’ Ce porte -hélicoptères de légende, va permettre à Henri de sauver les œuvres d’Art en péril partout dans le monde. Avant de rejoindre l’Université, Geneviève reprend des activités aux Wagons-lits Cook pour créer de nouveaux circuits touristiques en Grande-Bretagne et en Pologne entravés par les grèves gigantesques des chantiers navals de Gdansk et la naissance de SOLIDARNOSC. Antoine Léon l’incite à accepter un poste à l’Université de Mexico, mais elle préfèrera Genève et Aix-Les-Bains et grâce aux TGV, devient ‘Turbo-prof’’ entre Paris et Genève. A Genève, elle.va d’abord rencontrer Henriette Coursier, Colinette, et Araxie qu’elle aidera dans sa galerie d’Art, rue Verlaine, avant de s’installer à Aix-Les-Bains. Le torchon brûle entre Moscou et Varsovie et Janina Medynska son amie Polonaise arrive à Aix-Les -Bains. Quel avenir pour la Pologne ? Geneviève prépare l’accueil du Pape Jean-Paul II à Genève puis à Lourdes, puis partout. Elle rencontrera à Annemasse un Juste, le frère Raymond Boccard. Henri va être blessé pendant la guerre aux Malouines. Dans leurs tourbillons perpétuels, il faudra un jour se poser. Rester à Genève ou revenir à Paris ? Ils ne pourront pas toujours vivre dans les TGV dans lesquels ils écrivent à quatre mains un livre sur le théâtre, au milieu du grand théâtre des évènements mondiaux.

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Seitenzahl: 405

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

DE LA MÊME AUTEURE :

Aux Editions ALAN :

Loire sauvage, Loire familière, Loire vagabonde,Poèmes en prose et Photocroquis, 2019.

Musiques de la mer, Foulards, 2020.

La nuit n’est pas aussi sombre,Petit voyage poétique et initiatif en Art numérique, 2020.

Une histoire que racontent ces vingt-cinq sceaux [+1], 2021.

Aux Editions Publishroom Factory / ALAN

Greensleeves …Adieu ! ‘‘Comme un roman’’.

Volume 1,2024.

Volume 2, 2025. Ne m’en parle jamais !

Suite de la Saga : Greensleeves…Adieu !

Page de Titre

Gee Skill

GREENSLEEVES… ADIEU !

“Comme” un roman

Volume 3

Danses de la vie…

Coquillages que les marins ramènent à la maison… Comme les lignes de nos vies incertaines et entreroisées.

ALAN / Agence Littéraire et Artistique Numérique

ISBN 978-2-38713-011-2

L’histoire commence le 11 Mai 1969 à 9 h 30, dans l’ascenseur et dans l’escalier monumental du hall d’entrée de la Librairie Armand Colin* 103 Boulevard Saint-Michel. Paris 5ème. Elle s’arrête le 15 Octobre 2009 à 15 h 30 à l’église Saint-Séverin. Paris 5ème.

Première Vague : 1969 – 1989.

Volume 3

‘‘Une prière amie nous suit au-delà de ce monde,

Un souvenir pieux prononce encore notre nom,

Mais, bientôt le ciel et le terre ont fait un pas,

L’oubli descend, le silence nous couvre,

Aucun rivage n’envoie plus sur notre tombe

La brise éthérée de l’amour.

C’est fini, c’est à jamais fini,

Et telle est l’histoire de l’homme dans l’amour’’…

Lacordaire*

39ème conférence de Notre-Dame de Paris (1846)

QUATRIEME TOURBILLON

‘‘La Jeanne’’ et

‘‘l’Émir de l’Art et de la Mer’’.

Enfin Docteur !

‘‘La Jeanne’’ : un porte – hélicoptères de légende.

Le Commandant* avait entendu parler des exploits d’Henri en Iran* et de sa détermination d’y retourner ainsi qu’en Irak*. Sachant qu’une guerre était imminente entre les deux pays, il avait une proposition à lui faire pour ses futures missions. Auréolé de son prestigieux passé de ‘‘Pacha’’* du Porte – Avions Clémenceau*, il arrangea un dîner avec un autre ‘‘Pacha’’, le Commandant du Porte hélicoptère ‘‘Jeanne d’Arc’’*.

Celui-ci était passionné d’Art et avait un plan pour participer au sauvetage des trésors d’Art en péril dans le monde, ce qui ne pouvait que rehausser le prestige de ‘‘La Jeanne’’. Le dîner eut lieu dans un petit salon du merveilleux Hôtel de la Marine. Un orchestre invisible interprétait des valses viennoises dans un salon voisin. Par une fenêtre du petit salon, j’apercevais les fontaines de la place de la Concorde*.

Si ce n’était pour l’amour de l’Art, jamais Henri n’aurait accepté l’invitation. Il détestait le feu incessant des questions pour savoir s’il ‘‘disait vrai’’. Il avait d’instinct horreur des interrogatoires et de toute intrusion. Il avait l’impression de passer un examen et détestait les interrogations du Commandant* qui était une des rares personnes à l’intimider.

En outre, son état de simple quartier-maître à bord du Cassard* pendant son service militaire dans la Marine, intriguait ces officiers supérieurs.

Déjà diplômé, il aurait pu prétendre à un grade supérieur. Quelles étaient ses motivations pour avoir choisi de servir dans la Marine à ce rang si subalterne de simple matelot ? S’il avait répondu ‘‘dès que j’ai reçu ma feuille de route, je me suis précipité, pour ne pas aller me faire tuer ou tuer en Algérie à 24 ans car je venais d’être mobilisé !’’, le mépris ou l’indignation de ces gradés supérieurs l’auraient condamné.

Il avait vraiment horreur de toutes ces questions insidieuses glissées, mine de rien dans la conversation, telles que la couleur du Monge*, était-elle blanche ou grise ? Le sous-marin s’appelait-il Perle*ou Diamant* ? Et le brise-glace Pierre Radisson* des Gardes – Côtes Canadiens était-il déjà peint en rouge lors de son expédition ? Quelles étaient les caractéristiques des T 47*, de l’Ouragan*, du Cassard*, du Chevalier Paul*, du Vauquelin* ?

Ces escorteurs d’Escadre faisaient-ils 132 m. de long ? Ou 172 ? 13 ou 16 m. de large ? L’armement était-il déjà de canons de 100 ? et de seulement 2 tubes triples de lance-torpilles. Et la vitesse était-elle seulement de 32 nœuds ? Et le rayon d’action, 5000 milles nautiques à 18 nœuds ? Etc.

Les questions fusaient de partout. Henri répondait en apparence en bon marin, calmement avec précision, mais une rage et un agacement contenus imperceptibles ou presque faisaient trembler ses joues. Je le voyais rougir de rage. Dans ce cas, il lui était impossible de jouer de son arme secrète, un humour dévastateur qui faisait merveille dans les dîners mondains. Il aimait se moquer des Conseillers d’État infatués d’eux-mêmes ou de certains historiens qui le reprenaient sur des détails en lui faisant remarquer que l’histoire ne saurait se contenter d’amateurs. Ce soir-là, l’enjeu était trop important pour se cacher derrière l’humour ou l’ironie.

Le Commandant* voulait nous aider dans cette entreprise, car il allait quitter l’IMI* sans avoir obtenu ma titularisation, et souhaitait me faciliter par la suite, une éventuelle reconversion. Il avait invité ce soir-là un Ministre aux yeux bleus, de ses amis qu’il avait placé à ma droite, lui-même étant à ma gauche, tandis qu’Henri en costume croisé bleu-marine était à l’autre bout de la table ovale à côté du Capitaine* du Porte – hélicoptères ‘‘Jeanne d’Arc’’ en grande tenue.

La proposition était simple. Le 18 novembre ‘‘La Jeanne’’ (comme on appelait familièrement et affectueusement le Porte-hélicoptères Jeanne d’Arc) devait appareiller de Brest* pour sa 17ème campagne d’application avec 4WG* – 13 Lynx* et 3 Alouette III* de la flottille 35 F* à bord de l’escorteur d’escadre ‘‘Forbin’’ comme conserve.

Les principales étapes prévues étaient : Alexandrie*, Djibouti*, Colombo*, Jakarta*, Manille*, Shanghai*, Kobe*, Hong-Kong*, Singapour*, Bombay*, Djibouti*, Athènes*, puis retour à Brest* le 30 Avril à l’issue de la 17ème campagne d’application.

D’après les autochtones, Il serait possible de faire acheminer des convois par voie aérienne sous protection militaire, de Téhéran* jusqu’à Bandar e’Abbas* pour rejoindre Abou Dhabi* ou Mascate* ou directement Sanaa* et Aden*, et de là, Djibouti* pour charger les conteneurs avant le déclenchement de la guerre Iran-Irak*.

Henri et le représentant de l’UNESCO* étaient si enthousiastes, si convaincants, que tout semblait aussi simple qu’un jeu de bataille navale gagné d’avance. On eût dit qu’ils étaient tous des croisés ou des fous de l’Art. Toujours est-il que le projet les passionnait. A la fin du dîner, il y eut dans la salle de réunion voisine, déploiement de cartes et projections d’itinéraires possibles, comme si aucune difficulté ne pouvait entraver le projet.

Le Commandant* insistait pour nous raccompagner en voiture, mais Henri était dans un tel état d’exaltation qu’il déclina vivement la proposition, préférant rentrer à pied, jusqu’à la Rue de Seine* par le pont de la Concorde* et le Boulevard Saint – Germain* pour se calmer un peu, et surtout parce qu’il ne souhaitait pas recevoir le Commandant* dans l’antre secrète de la rue de Seine* réservé au cercle rapproché.

Il en faisait vraiment un domaine réservé presque mystérieux, un refuge dédié à l’intimité.

Il sautait de joie, puis soudain, sa joie s’arrêtait, pour céder la place à de l’inquiétude. Son visage devenait grave, et prenant ma main, il murmurait que tout cela était pure folie. Alors, il était pensif et un peu déprimé, souhaitant tout abandonner comme dans toutes les grandes occasions. Nous étions arrivés Rue de Seine*. Il devait être une heure ou deux du matin. N’ayant pas sommeil, Henri proposa de ressortir pour flâner dans le quartier, comme assez souvent au cœur de la nuit.

Il aimait bien entretenir sa légende de noctambule. Nous nous arrêtions dans des bars à vin où il était connu et présenté comme ‘‘Le voisin’’ de la rue de Seine*, grand connaisseur, grand voyageur et ‘‘écrivin’’. Pas un porche de la rue et du quartier qui n’ait abrité nos baisers. Les yeux fermés, il pouvait dire ce qui était écrit sur chaque plaque de chaque maison. Il me disait en riant, qu’un jour il y aurait la sienne ! Il était rare de ne pas rencontrer quelqu’un de sa connaissance. J’avais identifié une demi-douzaine ce ces noctambules, peintres, sculpteurs, romanciers, éditeurs… Il y avait un éditeur connu, lugubre, toujours vêtu de noir, toujours seul, rasant les murs comme une ombre, saluant à peine, ne souriant jamais. Nous les rencontrions à peu près toujours au même endroit à l’angle de la rue de Buci* et de la Rue Dauphine* ou près de la librairie La Hune ouverte la nuit. Ils habitaient tous le quartier et en tiraient une sorte de petite gloire. La concierge ne devait jamais dormir non plus, car quelle que soit l’heure à laquelle nous passions, sa silhouette sans âge, apparaissait toujours derrière sa porte vitrée au fond de la cour, derrière le camélia en pot. En rentrant, Henri toujours fébrile, ne trouvait pas le sommeil.

– Et si nous essayions de dormir un peu ? N’es-tu pas content ?

– Cela me semble étrange que tout soit si facile. Pourquoi veulent-ils tous nous aider ? Cela me fait peur. Tout va trop vite. Et puis il y a ma nouvelle maison d’édition. Que dire à Jean-Clause Lattès ? Je ne peux pas quitter la proie pour l’ombre maintenant que j’ai mon contrat, je vais être de plus en plus sollicité. J’ai dit à Jean Claude Lattès* que j’étais disponible. Ma stratégie est de ne rien refuser comme projet qu’il me présentera..

Je prendrai ce que les autres ne veulent pas ; de toute façon, tout est intéressant, cela dépend de la façon dont on traite le sujet.

– Pourquoi pas un mi-temps ?

– Impossible ! Cela ne passerait pas. Les réunions, Les comités de lecture…

– De toute façon Chéri, ce n’est qu’une proposition. Cela ne te crée aucune obligation. C’est une possibilité en cas de besoin. C’est tout. Pas d’engagement, pas de contrainte. Un ‘‘plus’’, inattendu et prodigieux, il faut le reconnaître. Je ne m’y attendais pas du tout. C’est magnifique !

– Et nous deux ? Ces missions peuvent être dangereuses. Je serais souvent absent. Tu souhaitais que je me déplace moins.

– C’est à toi de voir. Nous en parlerons à l’équipe de Florence*. La réunion annuelle a lieu à Bologne* en Août. Tu peux passer le relais à Ruggiero ou à Mario, ils ont servi dans la Marine eux aussi, ils seront volontaires.

– Oui mais, Toi, qu’en penses-tu ?

– Je ne sais pas. C’est un choix à faire. C’est à Toi de décider.

– As-tu la date de soutenance de ta thèse ?

– Non, pas encore, Antoine Léon* doit me faire signe sous peu. Aux dernières nouvelles ce serait en Novembre.

– Je n’ai aucune nouvelle de Belaval.* J’ai obtenu mon visa pour Moscou*, à partir du 18 Juillet, si les Jeux Olympiques* sont maintenus ! Il paraît qu’ils seraient peut-être annulés à cause des évènements d’Afghanistan*. Peut-être que nous voulons trop en faire ?

Tout cela nous tint éveillés jusqu’au matin et je ne savais plus quoi faire, à part une envie irrépressible de tout plaquer illico : ma thèse, l’IMI*, et peut-être aussi Henri. J’étais débordée par une immense vague de doute. Pourquoi me refusait-il l’enfant dont je rêvais ? M’aimait-il vraiment ? Une sorte de doute bien plus profond encore m’envahit et me rendit triste. Henri sentant ce nuage passer, me serra contre lui, et l’on finit par s’endormir.

En rentrant chez moi Rue Croix-des-Petits Champs* vers 9 heures, je trouvais une lettre d’Antoine Léon* m’annonçant que le jury était définitivement constitué et que la date retenue pour la soutenance de ma thèse était le Mardi 18 Novembre à 14 heures 30 à la Sorbonne* dans les locaux de la rue Saint – Jacques.

. Il m’invitait à déjeuner pour parler des deniers détails, avant de partir à l’Université de Mexico* où il était invité pour une série de conférences et même plus. Il m’invitait à remettre dès que possible quatorze exemplaires de ma thèse au secrétariat de la Sorbonne*, sachant qu’il en faudrait soixante-dix au total, un mois avant la soutenance.

J’avais encore une grande ligne droite de quatre mois devant moi.

Je conduisis mes parents à Quiberon* où ils étaient au calme et en sécurité, à proximité de leur amie Yvette Goarin*, ce qui me permettait de voyager l’esprit libre, sachant qu’une équipe médicale compétente pouvait intervenir en cas de besoin.

Wagons-lits Cook* : Angleterre et Pologne

La Compagnie Wagons-lits Cook* me sollicitait depuis longtemps pour faire des propositions d’extension des circuits en Angleterre* et en Pologne* en dehors des ‘‘Tours’’ classiques.

Ayant un peu de temps devant moi, j’acceptais l’offre. Je fis les repérages au départ de Zeebrugge* pour rejoindre plus rapidement l’Écosse*, le Yorkshire* et le Nord de l’Angleterre*.

La traversée se faisait de nuit en car-ferry. Le départ de Zeebrugge* avait lieu en début de soirée à bord du ‘‘Spero’’* aménagé avec le plus grand confort. Un dîner convivial magnifiquement présenté trônait avec trois faisans entiers encore emplumés au centre de la longue et lourde table rectangulaire en vieux chêne sombre patiné, et à chaque bout, étaient dressées d’invraisemblables pyramides artistiques de fruits et légumes frais mélangés dignes d’Arcimboldo*. Des cabines très confortables permettaient d’arriver frais et dispos (sauf par temps de tempête) le lendemain matin, directement à Hull* dans le Yorkshire*. Surprise de trouver du gibier plutôt que du poisson au menu, j’avais appris en interrogeant le chef cuisinier, (un colosse rougeaud descendant certainement des Vikings*), arborant fièrement moustaches et rouflaquettes rousses, qu’il avait servi à bord de grands paquebots trans – Atlantique et du Saint Patrick* entre l’Irlande* et l’Angleterre*, et qu’il préférait le gibier à la morue ! Il était intarissable . C’était un peu étrange, mais c’était ainsi, ce cuisinier marin était allergique à la vue du poisson mort, bien qu’il fût un pécheur passionné. Il rejetait toutes ses prises à la mer et n’avait jamais fait cuire un poisson. Il ne faut pas chercher à comprendre.

Les départs se faisaient le Lundi, Mercredi et Vendredi à 19h30 de Zeebrugge* pour arriver vers 9h30 à Hull*. En sens inverse, on quittait Hull*, les Mardi, Jeudi et Vendredi à 16heures pour arriver à Zeebrugge* vers 7heures.

J’avais aussi ajouté une nouvelle possibilité au traditionnel ‘‘ Tour’’ de l’Angleterre* en participant pendant l’avant dernier week-end de Septembre à Hastings*, au Festival Européen Annuel de Pêche en Mer. Véritable fiesta halieutique méconnue des touristes, et pour ceux qui n’auraient pas le pied marin ils auraient la visite de Rye* véritable bijou, et de Canterbury*, autre bijou, en attendant le retour de la pêche. Une excursion d’une journée était aussi possible pour aller visiter les marchés d’Antiquités à Londres* : Sotheby’s* et Christie’s* ou Bond Street* Antiques Gallery où l’on pouvait trouver à des prix très raisonnables des statuettes en jade sculpté ou des bibelots en émail géorgien, des boîtes en écaille de tortue et argent. L’antique Hypermarket à Kensington* était aussi au programme avec son imposante façade et ses cariatides impressionnantes.

Pour la Pologne*, mon amie Jannina Medynska* que j’avais rejointe en Août, (remettant en Septembre mon voyage en Italie*), avait des amis à Sopot*, et m’avait suggéré d’ajouter une journée à Sopot le ‘‘Monte-Carlo’’ du Nord avec son Grand hôtel des années 1920, et une visite des chantiers navals de Gdynia*.

Elle m’avait fait découvrir de l’autre côté de la baie de Gdansk*, la presqu’île de Hel* avec ses hameaux typiques de pêcheurs et les belles plages de Chalupy*, Jastarnia*, Jurata*. J’avais ajouté au programme la visite de la baie de Puck* pour les compétitions célèbres de yachting et de planche à voile avec un séjour à Rzucewo* à l’hôtel aménagé dans le palais néogothique pour des prix très compétitifs.

Mais le 16 Août une grève paralysa les chantiers navals ‘‘Lénine’’ du port de Gdansk*. Que faire ? Était-il possible de faire venir des étrangers sans danger ?

Mes amis polonais me suppliaient de mettre ce circuit au programme, mais l’organisateur local et les autorités, le déconseillaient. Les grèves éclatèrent aux chantiers navals ‘‘Lénine’’ du port de Gdansk*, violentes et très étendues pour protester contre le licenciement d’une déléguée syndicale. Dix sept mille ouvriers cessèrent le travail. Devant cet évènement extraordinaire les circuits touristiques furent gelés.

Attentat à la gare de Bologne*

‘‘La Grande Dame en Noir’’* rôdait. Elle avait sans préavis, sans mélodie annonciatrice, réduit en cendres nos deux amis italiens Ruggiero et Mario en gare de Bologne* dans une explosion apocalyptique dans la salle d’attente de seconde classe, au moment où ils allaient sortir car leur train venait d’entrer en gare. Toute l’aile droite de la gare avait été soufflée en un éclair assourdissant faisant quatre-vingt-trois morts. Harpie ! Harpie ! Harpie ! Horreur ! Horreur ! Horreur ! Plus rien d’humain ce jour-là à Bologne*.

DIES IRAE ! * ET NOX FACTA EST ! *

« Les soleils s’éteindront autour de toi, maudit !

Et la voix dans l’horreur immense se perdit.

Et, pâle, il regarda vers l’éternelle aurore.

Les soleils étaient loin, mais ils brillaient encore »…

Victor Hugo

Nouveaux circuits touristiques en Pologne

Et des centaines de blessés. Du sang, des râles, des morceaux de corps déchiquetés dans des amas de ferrailles et de ruines fumantes, des hurlements, l’odeur âcre de la fumée, des sirènes. Ici un bras, là une main d’enfant avec sa poupée, des jambes, des troncs, Mon enfance là-bas…ailleurs à Alger*, me sautait au visage. Toujours recommencée l’horreur. Terroristes de tous bords, lâches ! Je vous hais.

Aujourd’hui encore, je pense chaque jour que j’aurais pu m’y trouver ou Henri. J’étais peut-être déjà fataliste depuis longtemps, mais de ce 2 août, datent ma prise de conscience et ma certitude qu’on ne vit pas un millionième de seconde de plus que notre temps de passage attribué dans ‘‘le vaste monde’’. On échappe, on s’échappe encore, plein de terreur, et de forces insoupçonnées et un jour, ici ou là…Elle est là, hurlante ou silencieuse, ‘‘La Grande Dame en Noir’’* et c’est à jamais fini ici-bas. Et c’est le début de la grande aventure, celle qui ne finit jamais.

*

Septembre arriva, avec notre séjour endeuillé à Florence* et une rapide excursion dans le sud à Belvano*, un village typique où habitait encore la mère de Ruggiero qu’Henri tenait absolument à rencontrer après le drame atroce de l’attentat à la gare de Bologne.*.

Cette femme avait eu six enfants et en avait déjà perdu cinq. Ruggiero était l’ainé et le seul survivant. Il aimait follement Belvano* où il était né. Il nous y avait fait visiter des sortes de galeries souterraines, dans lesquelles il jouait enfant, parmi des sarcophages antiques. Il y avait déposé de nombreuses œuvres d’art lapidaire de tous les pays et de toutes les époques qu’il tenait à nous montrer.

*

En Pologne*, la reprise du travail s’était faite provisoirement aux chantiers navals de Gdansk* et Szczecin*.

Stalislaw Kania* avait remplacé Edward Gierek*, Passez-muscade ! croyaient-ils…mais les organisateurs locaux de séjours touristiques persistaient à me déconseiller toujours la région, craignant des troubles graves. Ils me conseillaient de faire découvrir plutôt la Mazurie* et la Warmie* situées au Nord-est : ‘‘le Pays des châteaux’’ situé encore plus au Nord-est.

Je parcourai ‘‘La route Copernic’’* : Olsztyn*, Frombork* et Lidzbrk Warminski*. Le canal d’Elblag* reliant Elblag à Ostróda* sur les traces des chevaliers teutoniques, long de 80 kilomètres.

Il présentait une grande curiosité technique car pour franchir 100 mètres de dénivellation, les bateaux étaient hissés sur cinq cales de halage successives, puis tirés sur la terre ferme par des chariots sur rail.

En Mazurie* le pays des mille et un lacs, je fus initiée à un itinéraire de canoë très connu des Polonais et assez peu connu des étrangers : Szlak kajakowy Krutnya* de 91 km de longueur, partant du village typique de Sorjwity*, traversant une douzaine de petits lacs pour aboutir au lac de Beltany* grouillant de cygnes, de cormorans, d’aigres pomarins, de hiboux et dans les forêts, parfois visibles, des bisons des élans, des chevaux tarpans, des cerfs et des sangliers.

Dans cette région pas moins de quatre parcs naturels concouraient à la sauvegarde de la nature : Parc national de Wigry*, de la Biebrza*, parc paysager de Suwałki* et de Mazurie*, et l’immense ‘‘Marais rouge’’* (Czerwone bagno*). On m’avait conseillé d’ajouter à titre facultatif le Parc national de Bialowieza* à la frontière entre la Pologne* et la Biélorussie*, le plus ancien et le seul à être inscrit sur l’inventaire du Patrimoine naturel de L’UNESCO*, comme plus vaste domaine forestier européen protégé. On s’y promenait parmi des chênes au tronc de deux mètres de diamètre en oubliant totalement les chantiers navals de Gdansk* et de Szczecin*. Mais fallait-il les oublier ?

*

L’Ermitage

Henri avait séjourné à Moscou* et Leningrad*, car les Jeux Olympiques*, bien que sans les États-Unis*, ni la RFA*, ni quelques autres, s’étaient quand même déroulés. Il avait obtenu un visa de dix jours. Du Musée de l’Ermitage*, il revint émerveillé autant qu’abattu par l’état des réserves et tout ce qu’il fallait coûte que coûte sauver. Il répétait sans cesse :

– C’est un Continent perdu !

A la réunion de Florence*, il pleurait de rage et d’impuissance devant l’immensité de la tache. En passant une minute devant chaque œuvre, il faudrait huit ans au visiteur pour tout voir ! Le choix était simple : ne passer que trois secondes, devant chaque œuvre ou savoir à l’avance ce qu’on venait voir. Quant aux réserves, comment les sauvegarder ?

*

SOLIDARNOSC

Le 22 Septembre, à Gdansk* émergea sous l’appellatio ‘‘SOLIDARNOSC’’ / ‘‘SOLIDARITE’’*, le regroupement de trente-huit comités interentreprises, sous la houlette d’un syndicaliste : Lech Walesa*.

*

La guerre Iran/Irak

Le même jour, au prétexte d’un pipeline détruit à Abadan* et de raids aériens sur les champs pétroliers du Chatt – el – Arab*, à l’initiative de Saddam Hussein*, la guerre prévisible Iran-Irak* fut déclarée et Tabriz* bombardée, puis Bagdad* en retour.

*

Finalement, après une longue réflexion et des hésitations interminables, ce qui n’était pas dans ses habitudes, mais la situation était exceptionnelle, Henri négocia un contrat à mi-temps aménagé, dans sa nouvelle maison d’édition Jean-Claude Lattès* avec promesse d’embauche à temps plein à l’issue de cette période. Ce n’était selon moi pas très bien payé, pour le niveau d’expertise d’Henri mais c’était un contrat sûr. Le soir même, il voulut aller fêter l’évènement à Nogent* dans l’une des guinguettes qu’il affectionnait où nous étions accueillis comme des héros…car il aimait raconter à haute voix ses voyages et ses missions. Il captait l’attention d’un public attentif et émerveillé quoique souvent incrédule mais presque toujours complice.

*

Sauvetage du Patrimoine Artistique en danger avec ‘‘La Jeanne’’.

A partir de là il accepta des missions pour le Sauvetage du Patrimoine Artistique en danger ou en péril partout dans le monde facilité par les campagnes de ‘‘La Jeanne’’. Et vogue ‘‘La Jeanne’’* vers Alexandrie*, Djibouti*, Colombo*, Jakarta*, Manille*, Shanghai*, Kobe*, Hong-Kong*, Singapour*, Bombay*, puis retour prévu par Djibouti*, Athènes.* Arrivée le 30 Avril suivantà Brest.*

Et toutes les mers et tous les océans. L’appareillage de Brest* pour la 17ème campagne était définitivement prévu pour le 18 Novembre et nous étions invités. Manque de chance, c’était exactement le même jour que ma soutenance de thèse !

Henri en fut d’abord contrarié. Antoine Léon* me confirma qu’on ne pouvait plus rien changer. Henri finit par me persuader que je serais moins émue et plus concentrée s’il n’était pas dans la salle, ce qui était vrai, mais j’avais une grande envie de ne pas y aller.

*

La Grande Dame en Noir

En ce mois de Septembre, parmi tous ces évènements, ‘‘La Grande Dame en Noir’’* toujours en embuscade* avait trouvé le temps et l’astuce d’inviter à la rejoindre toutes affaires cessantes pendant les vacances :

Paul Robert*, Joe Dassin*, Max Pol Fouchet*, Tex Avery*, Patrick Dépailler*, Patrick Pons*, Maurice Genevoix*, Jean Piaget,* Bill Evans*, Anastasio Samovar*, mon amie Jeannette*, mon ami Paul* et le petit Gilles* dans un accident de la route des vacances. Elle avait épargné, in extremis, notre Romy Schneider* après lui avoir atrocement arraché son petit David, pour la laisser interpréter la vie de Marthe Hanau* dans ‘‘La Banquière’’mais évidemment sa revanche serait terrible.

*

Avec la mission de l’UNESCO*, Henri s’était décidé à entamer son deuxième Tour du monde, au service de l’Art en péril. Certains par envie, par dérision, ou par admiration l’appelait déjà

“l’Émir de l’Art et de la Mer”.

Il avait été convenu avec son groupe d’Edition Jean-Claude Lattès* qu’il serait Directeur littéraire, avec carte blanche, à la seule condition de suivre une douzaine d’auteurs par an dans leurs travaux.

Il était exactement là où il avait rêvé d’être depuis longtemps. Il pouvait voyager, participer à la sauvegarde et à la diffusion des œuvres d’Art les plus menacées dans le monde, tout en emmenant les manuscrits d’auteurs très différents : Irène Frain*, Jean d’Ormesson*, Ivo Pitangui*, étonnant chirurgien esthétique brésilien bidextre qui venait souvent Rue de Seine* pendant ses séjours à Paris. Henri était totalement fasciné par cet homme hyper adroit qui opérait avec ses deux mains. Pour Mesrine*, il était content à cause de sa famille, qu’un autre collègue ait accepté de suivre l’édition du livre. Louis Nucera*, je crois.

*

Ma thèse sens dessus-dessous

De retour de Mexico* d’où il m’avait écrit plusieurs fois, Antoine Léon* me signala que dans l’exemplaire de ma thèse qu’il avait annoté avant son départ, plusieurs pages n’étaient pas dans l’ordre. La page 56 suivait la page 259, la 31, était avant la 12 etc.

Je ne comprenais pas comment cela était possible. Je fus prise de panique. Et si tous les exemplaires avaient été mal reliés ? Comment faire pour les vérifier avant la date fatidique ? Par chance, la secrétaire toujours débordée ne les avait pas encore adressés aux services concernés, ni aux autres membres du jury. Je passais donc, inquiète, Rue Serpente*, toute proche du Boulevard Saint-Germain*, pour les vérifier en priant tous les Saints qui protègent les pauvres thésards (je me demande s’il y en a vraiment ? Sainte Catherine de Sienne* peut-être ?), pour que tout soit ‘‘propre en ordre’’ comme disait mon amie Suisse Colinette.

Le chaos régnait dans les 374 pages du premier exemplaire ! Dès les premières pages, et que dire des 250 pages d’annexes ? Il me fallut relire tous les exemplaires de la première à la dernière page. J’y passais la journée. Enfin je dus me rendre à l’évidence. Aucun des treize exemplaires n’était correct. La secrétaire ne voulait pas que je les remporte car elle les avait enregistrés au catalogue. Je la suppliais en promettant de tout rapporter sous quarante-huit heures, le temps de remettre de l’ordre dans les pages et vérifier s’il n’en manquait pas. Je contemplais mon trésor d’un air catastrophé en me demandant comment rapporter cette masse de 8112 pages chez moi, car j’étais venue par le métro. Le secrétariat allait fermer. Que faire ?

Je connaissais l’appariteur. Il m’aida à transporter les 26 volumes jusqu’à la loge près de l’entrée. Je fis venir un taxi. Les deux hommes m’aidèrent à transporter les livres jusqu’à la voiture garée en double file, ce qui dans la rue étroite créait quelques perturbations diversement appréciées. A l’intérieur de la Mercedes* en cuir blanc maculé de taches de boissons sirupeuses et autres liquides colorés mal essuyés régnait une odeur aussi indéfinissable qu’insoutenable faite d’un mélange de tabac froid, de vinaigre (?) de jasmin, de déodorant parfumé à la lavande, de chien mouillé, de pipi de chat, de désinfectant comme dans le métro. De plus, le chauffeur fumait. J’eus un haut le cœur, mais j’étais embarquée, je ne pouvais pas descendre en route avec mes 26 volumes. Je demandais seulement d’ouvrir une fenêtre. Chemin faisant, le chauffeur aux longs cheveux noirs gominés, un énorme anneau à l’oreille droite touchant son épaule, jetant un regard ironique dans le rétroviseur me questionnait, et, en apprenant ma mésaventure, il fut pris d’un tel fou – rire qu’il dut s’arrêter. Je riais jaune jusqu’à ce que par contagion un fou rire nerveux s’empare aussi de moi. Et puis j’éclatais en sanglots complètement désemparée. Le chauffeur pris de compassion, me suggéra astucieusement de déposer les exemplaires chez l’imprimeur plutôt que de les rapporter chez moi. La boutique était située Rue Saint Denis* près du Forum des halles, inaccessible en voiture. Il m’aida à transporter les exemplaires encombrants jusque chez l’imprimeur en me souhaitant bonne chance et bon courage pour la suite. En me quittant, il me dit d’un air sincèrement désolé, tout en éclatant d’un rire joyeux :

– Quel dommage qu’une jolie dame comme vous perde ainsi son temps et sa jeunesse ! C’est votre mari qui doit être content ! Il ne doit pas rigoler tous les soirs surtout s’il doit tout relire !

L’imprimeur ne comprenait pas comment une telle erreur avait pu se produire. L’apprenti se cacha en me voyant entrer. En le voyant dans le miroir près de l’entrée, je me souvins avoir entendu un grand bruit pendant que j’attendais les documents, mais il m’avait dit que c’était des ramettes qui étaient tombées. En fait, ce n’étaient pas des ramettes, mais bel et bien mes exemplaires empilés qui n’étaient pas encore encollés. Il les avait fait tomber en vrac et de peur de se faire réprimander, les avait rangés tant bien que mal au hasard puis les avait encollés en toute hâte et rangé dans les boîtes en carton sans les faire vérifier. Tout fut réparé en quarante-huit heures et acheminé à temps au secrétariat de la Rue Serpente*. Jacqueline, la secrétaire remplaçante était une dame blonde (oxygénée) aux cheveux vaporeux, au rire sonore, à la voix rauque, à la toux grave et un œil rivé à l’horloge. Le bout de l’index et du majeur étaient jaunis par sa cigarette perpétuellement coincée au coin de ses lèvres. On l’aurait mieux imaginé comme hôtesse dans une boîte de nuit avec son décolleté vertigineux, ses cils portant une lourde charge de mascara bleu, ses lèvres carmin et ses longs ongles assortis. Elle en profita pour m’annoncer, sourire aux lèvres, qu’elle ne retrouvait pas mes résumés. Je courais en chercher un exemplaire chez moi, mais quand je revins essoufflée de cette course contre le temps, la photocopieuse était en panne. La boutique la plus proche se trouvait Rue Dufour*, de l’autre côté du Boulevard Saint Germain*, mais elle était exceptionnellement fermée pour cause de décès dans la famille. Je dus aller à pied jusqu’à l’angle de la Rue du Bac* et de la Rue de Rennes* et revenir également pédestrement, Rue Serpente* à toute allure avant le départ de Jacqueline, qui ne restait pas une poignée de secondes de plus dans sa cage enfumée.

Je relus mon résumé avant de le glisser dans les enveloppes de papier kraft destinées aux membres du jury et à l’administration.

AJUSTEMENT DES OFFRES ET DES DEMANDES D’EMPLOIS EN FRANCE.

Éléments pour le diagnostic des systèmes de rapprochement des Offres et des Demandes d’Emplois pour Cadres en France de 1970 à 1980.

Résumé

L’accroissement du chômage des cadres dans la dernière décennie a de multiples causes économiques et sociales d’ordre général.

En fonction de ce niveau de chômage qui est ce qu’il est, les cadres disposent de plusieurs moyens pour trouver leur premier emploi, en changer lorsqu’ils le désirent, retrouver un emploi lorsqu’ils ont perdu le leur, des relations personnelles aux institutions spécialisées. En matière d’orientation, l’information sur les débouchés professionnels et les carrières de jeunes cadres prépare-t-elle vraiment à la formulation de choix libres et motivés ? Qui diffuse l’information professionnelle ? Qu’offre l’ONISEP* parmi les autres organismes de prévention et de recherche qualitative ?

Pour trouver ou retrouver un emploi, certains moyens de rapprocher les offres et les demandes semblent plus efficaces que d’autres. L’efficacité se manifeste quantitativement par le nombre d’offres et de demandes qui sont rapprochées et qualitativement par la correspondance des profils des candidats aux postes et enfin, par l’embauche avec succès.

Ces objectifs rationnels ne sont pas forcément ceux des usagers : employeurs et cadres. Il s’agit d’analyser l’ensemble de leurs besoins et d’évaluer leur satisfaction à travers quelques-uns des systèmes existants.

En observant trois d’entre eux : deux ‘‘antennes cadres’’ parisiennes de l’ANPE*, l’APEC* et certaines ‘‘Petites Annonces’’, parmi la douzaine de systèmes recensés en France, nous avons remarqué qu’ils ne semblaient pas avoir d’objectif précis à atteindre. En conséquence, on ne peut pas parler d’échec de ces institutions, ce qui pourrait être le cas si des objectifs clairs leur avaient été assignés. On peut encore moins parler de coût trop élevé pour une efficacité réduite, alors qu’une évaluation coût/efficacité serait indispensable pour l’affirmer. Encore faudrait-il avoir les moyens de faire cette analyse. On esquisse ici la construction d’une méthodologie d’évaluation transposable à plusieurs sortes de systèmes d’information documentaire, pour prendre en charge l’ensemble des paramètres intervenant dans le processus complexe de l’ajustement des offres et des demandes et leur évolution.

En effet, ce qui devrait fonctionner et pouvoir être évalué comme un système d’information documentaire, dont on devrait pouvoir connaitre chacun des paramètres, fonctionne souvent, non pas de façon totalement aléatoire, mais sans moyen d’évaluation. De plus, aucun des systèmes de rapprochement observés ne détient de part de marché de l’emploi des cadres, supérieurs à 30%, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays européens comme la Suède ou la Grande Bretagne, sans tenir compte de la situation de monopole de l’ANPE.

S’il ne s’agit pas d’une limitation volontaire de l’efficacité en ce domaine (l’ANPE, monopole institutionnel de l’Ajustement des Offres et des Demandes d’Emplois n’atteint pas 1% du marché des cadres), il est bien naturel de s’interroger sur les causes des anomalies de fonctionnement. Certaines causes sont administratives et économiques. Dans ce travail, on s’attache plus particulièrement à un aspect peu étudié : le système d’information décrivant les diplômes, les professions et les potes.

Les appellations multiples et changeantes n’expriment que partiellement la variété et la complexité de la relation du cadre et de son travail. L’inflation de termes nouveaux pour désigner les fonctions n’arrange pas les choses. Les nomenclatures les plus complètes, avec toutes leurs équivalences et leurs tables de concordance et de synonymie sont de toute façon insuffisantes pour rendre compte de la complexité des personnes, de leurs compétences et aspirations et de leurs attentes et des représentations du travail. Or les systèmes existants sont fondés sur l’hypothèse qu’une description et un codage des offres et des demandes d’empois pour cadres est possible, avec assez de finesse pour les apparier. On a, ici, l’une des causes d’inefficacité des moyens de placement. Si cet aspect n’est pas mineur par rapport aux autres causes de dysfonctionnement, on trouvera ici des orientations à suivre qui devraient permettre d’améliorer ce système d’information en définissant les vrais utilisateurs (cadres et employeurs), les services d’information dont ils ont besoin et enfin les institutions en tant que moyens pour les satisfaire.

L’objet de ce travail était de rassembler quelques uns des éléments d’information pour amorcer cette réflexion. Ce diagnostic concerne les systèmes de rapprochement des offres et des demandes d’emplois pour cadres, tels qu’ils apparaissent en France de 1970 à 1980.

Il n’a pas de prétention à expliques les causes profondes du niveau de chômage actuel. Il voudrait simplement mettre en lumière certains aspects d’inadéquation entre les Offres et les demandes qui pourraient être réduite

à Paris, Octobre 1980.

Je remis en main propre le nouvel exemplaire à Antoine Léon* ‘‘Au charbon de bois’’* Rue du Dragon* où nous déjeunions de temps en temps dans un coin tranquille, avec une grande table pour étaler les documents sans être gênés. Il m’assura que tout se passerait bien, que mon travail était solide. Pendant le déjeuner, il me raconta son séjour à Mexico*, me demanda si j’avais reçu ses cartes et me dit qu’on lui avait proposé de rester un an avec un ou une assistante, car l’équipe de Sciences de l’Éducation se développait. Il me fit miroiter que ce serait un plus dans mon Curriculum Vitae, puisque je quittais l’IMI* et qu’il n’y avait pas de création de poste en France dans la section des Sciences de l’Éducation. Pourquoi pas ? J’étais tentée, d’autant plus que mon frère était conseiller culturel à l’Ambassade de Mexico* depuis deux ans. Mais qui s’occuperait de mes parents ? La santé de mon Père pouvait se dégrader à nouveau. Il n’était pas à l’abri d’une nouvelle attaque. Ma mère ne pourrait pas faire face toute seule si longtemps. Un mois peut-être, ou deux, mais pas un an ; et qu’en penserait Henri qui avait renoncé à Florence* pour rester à Paris ? C’était toujours là, sans le dire, quelque part dans un repli secret de son cerveau. Et puis il allait falloir gérer les nouveaux voyages au bout du monde à bord du Porte hélicoptères ‘‘Jeanne d’Arc’’*.

Ce n’était pas le moment. De plus, je ne parlais pas l’espagnol. Du coup, il décida de décliner l’invitation malgré mes encouragements à accepter, car je le sentais tellement las de la Sorbonne* et même de Paris*, sinon de lui-même. Il m’annonça qu’en tout cas, il avait retenu des places pour ‘‘La Vie Parisienne’’* et ‘‘La Symphonie Fantastique’’ de Berlioz* au nouveau Théâtre musical de Paris*, l’ancien Châtelet* rénové de fond en comble. Le décor et le cadre datant de 1862, restait inchangé, mais les équipements scéniques avaient été modernisés et mis aux nouvelles normes, tous les sièges avaient été refaits pour plus d’esthétique et de confort, la corbeille avait été agrandie. Avec 2500 places, toutes agréables, la vieille scène devenait la plus belle salle de concert de Paris*.

– Maintenant que votre thèse est terminée, il va falloir vous distraire !

Il était très paternel avec moi, très attentionné, et je lui avais communiqué ma boulimie de théâtre, cinéma, ballets, concerts. Il était devenu adepte ‘‘accro’’, comme pour rattraper le temps perdu. Nous étions allés voir aussi ‘‘Le dernier Métro’’.

*

Le baptème de Marie-Estelle

Mon amie togolaise Thécla, * avec laquelle j’avais fait autrefois mes études de Lettres à l’Université de Bordeaux * avait retrouvé ma trace dans un annuaire de l’Université de Compiègne* et était venue me voir à l’IMI*. Elle avait épousé Guy*, un de ses brillants élèves un peu plus jeune qu’elle. Ils avaient une petite fille Marie – Estelle*. Thécla cherchait partout un prêtre pour la baptiser avant de partir au Bénin* où ils avaient trouvé deux postes à l’Université de Cotonou* et où Guy, l’avait devancée. Ce n’était pas si facile. Finalement, j’acceptais avec joie d’être la marraine, et le baptême eut lieu à la chapelle Sainte – Germaine*, à Paris*, suivi d’une petite fête chez mes parents.

En Octobre, je passais quelques jours avec mes parents à Quiberon* avant de les ramener à mon atelier d’Aix-les-Bains jusqu’à Noël.

*

Tremblement de terre à El-Asnam

Vers ces jours-là, il y eut un terrible séisme en Algérie à El Asnam, ex – Orléansville* Mon Père était très attaché à cette ville car il y avait effectué une grande partie de sa scolarité secondaire pendant que mon Grand – Père y était juge. Lors du premier séisme, il nous y avait emmenés en voiture avec mon frère et ma Mère. Je devais avoir cinq ou six ans, et mon frère huit ou neuf. Les routes aux alentours étaient impraticables. Nous passions au pied de la chaine escarpée du djebel Temoulga*, dans le lit asséché de la rivière d’argent (oued Fodda*) sous un soleil impitoyable. Quelle température pouvait-il faire dans la 4CV ? La voiture était envahie par des nuages de scarabées noirs qui passaient à l’intérieur, je ne sais comment car nous roulions toutes vitres fermées à cause de la poussière. Je me souviens que mon frère hurlait de terreur et que mon père stoïque, lui répondait que jamais petite bête n’en dévora une grande et que d’ailleurs ces scarabées étaient complètement inoffensifs. De ma vie, je n’oublierai la terreur éprouvée et la désolation du spectacle des maisons éventées d’où pendaient, suspendus dans le vide, des lits d’enfants avec leurs barreaux blancs, leurs draps déchirés comme les ailes de grands oiseaux blessés. Des ruines romaines EL Esnam* (Les Idoles) et de la basilique chrétienne à cinq nefs pavées de mosaïques rares, élevée sous Constantin*, place du marché, que resterait-il ? Au loin on devinait à travers la poussière épaisse, depuis le pont du Chélif* *près des remparts éventrés, les escarpements rougeâtres du Dahra*.

La ville déjà ravagée plusieurs fois, revivait sa destruction. Le tremblement de terre d’une intensité de 7,5 sur l’échelle de Richter* ressenti jusqu’à Alger* et Oran* et même en Espagne* offrait en holocauste à ‘‘La Grande Dame en Noir’’* avec au moins quelques 3000 compagnons de misère pour quelques vibrations mal placées, inéluctables sinon éternelles, compte tenu du climat excessivement chaud de toute la région, et des prédispositions du terrain aux séismes.

Attentat Rue Copernic*

A peu près en même temps, un ami d’Henri, avait été sérieusement blessé dans l’odieux attentat de la rue Copernic* lors de la Simt hast Torah*. Il allait lui rendre visite tous les jours à l’hôpital Cochin*. Aussi n’avait-il pas pu m’aider dans la relecture de ma thèse, mais j’avais reçu une demi – douzaine de petits mots pour me consoler.

Ma Chérie,

Pardonne-moi de ne pas t’avoir aidée… Aie, cela fait frémir. Il est vrai que l’on a une telle habitude de la reproduction et de l’identité garantie et comme naturelle des exemplaires, que ce soit le livre le disque ou le film que pour un peu, on ne contrôlerait pas le ronéotypé ; mais quand on s’en aperçoit, on doit vraiment craindre tout ! Enfin, le tout était de s’en apercevoir, et le mauvais moment est passé. N’étant pas anxieux, j’ai seulement prêté le plus possible d’exemplaires de ma thèse, sans doute par un désir inconscient de contrôle…

Cela n’exclut pas nos moments doux pour ce soir. Je veux me faire pardonner.

Je t’attends. Tuo Henri.

Par précaution, on décida de vérifier tout de même les exemplaires restants. Finalement, on resta enfermés Rue de Seine* trois nuits et quatre jours. Quand nous étions las de feuilleter les pages, nous passions en revue le contenu du ‘‘coffre aux trésors’’ où il gardait précieusement, les cahiers, dessins, lettres, de ses neveux et nièces pour plus tard. Puis c’était le tour du fameux ‘‘couloir aux trophées’’ derrière notre chambre. Il méditait mélancolique, devant sa plaque matricule de matelot à bord du Cassard* en disant à mi-voix qu’il ne s’en séparerait jamais jusqu’à sa mort et même qu’il souhaitait être enterré avec elle à son cou, compagne de joies et de misères,

Il tournait en tous sens la boucle de ceinture alsacienne (?), une barrière en bois gravé et peint avec l’inscription : ‘‘ Mon jardin, la terre ne ment pas’’ cadeau de ma Grand’Mère, que je portais enfant et que je lui avais offert pour un Noël. Il me serrait contre lui en me disant qu’elle aussi il voulait la garder toute sa vie. Il me le promettait. Il s’attardait devant des croix coptes, des pendentifs représentant des moutons et autres ovins provenant de fouilles de l’Égypte* ancienne, et toutes sortes d’objets insolites. Ensuite, il feuilletait les classeurs dans lesquels étaient soigneusement rangées ses collections de monnaies anciennes : monnaies gauloises qui l’avaient ruiné, mais aussi bien des monnaies obsidionales* (de siège) en bronze, Soldo* Milan* ou Mantoue* frappée en 1799 et tant d’autres ! Il était intarissable et m’expliquait inlassablement que tout se tient : le bronze, la monnaie, les outils, l’artisan, l’artiste, l’histoire. Il m’expliquait que les monnaies de siège étaient rares frappées en peu d’exemplaires en temps de guerre pour limiter la perte des liquidités tout en permettant de payer les salaires et le commerce.

Puis quand il arrivait à la caisse en carton, provenant de sa part de l’héritage de son Père, il disait qu’il ne pouvait pas l’ouvrir et pour ne pas pleurer, il m’entraînait, devant les placards contenant les tableaux bien rangés sur les étagères, surtout des nus féminins qu’il ne pouvait s’empêcher de collectionner tout en se défendant d’être collectionneur. Il préférait parler de séries que de collections.

Rue de Seine : le cabinet de curiosités

Cette nuance semblait lui convenir. En fait il pensait que les collectionneurs étaient des sortes de malades. Trois cents pintes, deux cents tabatières, etc. Lui constituait quelques séries et passait à autre chose. En fait il était un collectionneur invétéré mais honteux. Je ne sais pas pourquoi. Il craignait sans doute de passer pour un obsédé. Il regardait les détails à l’aide de son fidèle compte-fils qui le suivait partout depuis l’âge de six ans, le jour dans sa poche et la nuit, sur la table de la chambre. Tout d’un coup, il avait la vision d’un livre. Quand j’aurai le temps, je mettrai tout cela dans un livre qui s’appellera simplement ‘‘Le Cabinet de Curiosités’’.

Cela me faisait rire. Ensuite, pour nous mettre en joie, nous lisions quelques passages de Don Quichotte* ou quelque traité sur les mœurs invraisemblables de certains insectes, ou quelques pages du Concertbaroqued’Alejo Carpentier,* ou un traité Des bonnes manièresvenant de la bibliothèque de son Père : passer devant une femme pour entrer dans un lieu public ? Ouvrir la portière, tenir la porte, aidé à faire le nœud d’un paquet-cadeau, céder sa place, ôter son chapeau, faire une révérence…

– Ah ! Si les gens savaient qu’il suffit de faire le tour de l’appartement et de décrire son contenu ! Veux-tu voir quelque chose que je n’ai jamais montré à personne

Une tsantsa

– Oui. Qu’est-ce que c’est ?

– Une Tsantsa.

Il ouvrit le placard de la bibliothèque, celui qui avait un triple fond mural. La porte à glissière, grinçait légèrement. Une odeur étrange s’en échappa comme un mélange de cire et de moisi. L’air mystérieux, recueilli, ému, presque tremblant, il sortit un étui brun en peau d’apparence fripée, en forme de bourse, fermée par une sorte de lacet en cuir. L’objet reposait comme une relique parmi des coupelles et figurines étranges comme je n’en avais jamais vu auparavant. Un frisson me traversa de la tête aux pieds. Avec d’infinies précautions, il posa l’objet, sur la grande table de chêne ancien, faisant une place parmi les exemplaires bien rangés, puis il me dit de m’asseoir. Je n’avais aucune idée de ce qu’il allait me montrer. Je pensais à un animal et me tenais déjà sur mes gardes car il m’avait surprise plus d’une fois. Un papillon précieux du marquis de Goulaine* peut-être ? Un criquet ? Un grillon ? Une amulette ? Un grigri ? Un talisman ?

Sans un mot il sortit l’objet et le plaça délicatement sur la table, il dégageait une forte odeur musquée, rance, fétide. Je n’osais croire ce à quoi je pensais alors.

– Qu’est-ce que c’est ?

Il ne disait rien, comme hypnotisé. A la radio, à peine audible, passait la rhapsodie N° 2 de Liszt* dans une interprétation assez rapide, saccadée, puis plus fort, l’Hiver extrait des Quatre saisons de Vivaldi*, sinon on aurait pu entendre passer l’ange de la mort, celui si souvent annoncé par GREENSLEEVES*.

La flamme des bougies, posées sur la desserte voisine projetaient des ombres en vacillant. On eût dit que l’objet se déplaçait tout seul sur la table. J’étais mal à l’aise et répétai ma question.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Une tsantsa. Une tête réduite d’Amazonie*.

– Quelle horreur ! Mais pourquoi gardes-tu cela chez toi ? Il faut la mettre dans un musée ! Quelle idée d’acheter de tels objets !

– Je ne l’ai pas achetée, je l’ai échangée contre ma vie.

Il me raconta alors comment lors d’une exploration chez des Indiens en Amazonie*, il se retrouva seul, dans une tribu dont lui avait autrefois parlé Alfred Metraux.*

Le guide n’avait pas voulu l’accompagner là. Il lui avait dit qu’il repasserait dans deux jours à un endroit convenu. C’était de vrais coupeurs de tête. Sans sa boussole, sa montre, un peu d’argent, un silex et quelques dessins, il aurait peut-être subi ce sort. Il avait échangé ses objets contre sa tête et celle – ci. En tout cas il était si grave, si convaincant que je ne passais plus jamais tranquille devant ce placard macabre me demandant ce qu’il pouvait encore contenir que je n’aurais pas encore vu. Il me demanda de n’en parler à personne car on le prendrait au mieux pour un plaisantin, un menteur et au pire pour un fou. Je n’avais aucune envie d’en parler à quiconque, simplement d’essayer de me défaire de cette vision et de le persuader de se défaire de cet objet effrayant d’une façon ou d’une autre.

A l’IMI Le Commandant s’en va. “La Jeanne”

Le 3 Novembre, je repris le chemin de l’IMI.* Le Commandant* annonça officiellement au Conseil d’Administration son départ définitif pour Noël. Pour le remplacer, il y aurait un directoire, et un directeur. Un certain Pierre Matelot* avait été désigné, on ne savait pas trop comment, ni d’où il venait. Le malaise était grand. Je n’avais pas envie de rester. J’attendais le 14 Novembre, jour ‘J’de la soutenance de ma thèse. Henri avait rejoint ‘‘La Jeanne’’ à Brest* après un bref séjour chez son ami d’Ouessant* pour mettre au point sa mission.

L’embarquement des midships avait eu lieu le 3 Novembre. Les élèves étaient répartis par poste exactement comme Henri l’avait relaté dans son récit ‘‘Gris Marine’’.

Dès le lendemain, les cours pour tous les élèves s’enchaînaient heure par heure : Tactique, Navigation, Transmissions, délivrance de matériel, courrier, sport, conférences sur l’Asie*, sur l’Islam*, sur l’Art et présentation détaillée par Henri et un représentant de l’UNESCO* de l’objectif des missions en lien avec les Ministères concernés et les Musées des pays d’escale.

Il avait reçu avant de partir un appel d’Yvon Belaval* pour lui annoncer que la soutenance de sa thèse avait été fixée le 27 Janvier. Il lui avait demandé de passer chez lui, le plutôt possible et lui avait parlé à travers la porte.

Nous étions tellement absorbés par nos thèses et nos activités, que nous étions isolés du reste du monde comme dans un vaisseau spatial, et pourtant…la terre continuait à tourner pendant que j’écoutais à la radio le premier mouvement du concerto pour deux pianos de Poulenc.*

Revue de presse

Ronald Reagan*, ancien acteur à Hollywood* venait d’être confortablement élu 40èmePrésident des États – Unis, remplaçant Jimmy Carter*. Les Républicains retrouvaient ainsi pour la première fois depuis 28 ans la majorité au Sénat. Le score final était de 51% contre 41%. Ses promesses : baisse de la fiscalité pour mettre fin à la crise économique. Le dollar pesait 4,10FF. La libération ratée des otages à l’Ambassade de Téhéran* avait été un des points forts de la campagne. Lui, il saurait les libérer ! Tout au moins, il l’avait promis.