Hasard et volonté - Henri Cestia - E-Book

Hasard et volonté E-Book

Henri Cestia

0,0

Beschreibung

Dans « Hasard et volonté » Henri Cestia nous propose un voyage vers le passé qu'il rêvait de faire depuis longtemps. Un voyage généalogique du XXème au XVIIème siècle qui nous mène de la Bigorre, au Béarn, en Uruguay, en Louisiane, en Argentine et en Guadeloupe. Vous allez rencontrer, en suivant le fil rouge de la généalogie du patronyme Cestia, des gens plus souvent pauvres que riches, qui ne sont ni princes, ni rois, mais des hommes et des femmes dont la vie ordinaire est faite de « Hasard et de volonté ». Ce livre n'est pas un roman. Tout est vrai. Les documents d'archives utilisés sont disponibles sur le site web de l'auteur : http://www.genea-cestia.fr/ De nombreuses annexes apportent les précisions nécessaires à la compréhension et à la mise en perspective du récit. De nombreux sujets sont abordés tout au long du récit : - L'approche linguistique et toponymique de l'origine du patronyme - Le Moyen Age et les Seigneurs de Sestias - Les disettes et épidémies au XVIIIème siècle, notamment dans le village de Lescurry - La révolution industrielle et l'essor de l'industrie textile à Nay - Les changements de métiers et les migrations à l'intérieur de la Bigorre. - La condition ouvrière au XIXème siècle - Les migrations vers les îles de Guadeloupe et de Porto Rico - L'esclavage et son abolition dans la première moitié du XIXème siècle en Guadeloupe - Les migrations vers la Louisianne, l'Argentine et l'Uruguay au XIXème siècle - Les prénoms et les surnoms au XVIIème et XVIIIème siècle en Bigorre - Les guerres du XXème siècle

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 278

Veröffentlichungsjahr: 2018

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Nous faisons aujourd’hui l’Histoire,

mais l’Histoire aujourd’hui nous fait.

A mes enfants,

Je remercie :

Mes parents qui ont initié les recherches généalogiques de notre famille,

Mon épouse qui depuis plus de 15 ans apporte à mes travaux son avis et ses remarques,

Lionel Dupont qui m'a transmis l’histoire de ma famille en Uruguay,

Mes cousines Luciani qui m’ont ouvert leur boite à chaussures pleine de souvenirs,

Raymonde Aubian, et lui rends hommage. Bénévole infatigable aux archives départementales de Tarbes elle m’a toujours avec gentillesse, fait parvenir les relevés d’actes demandés,

Les nombreux généalogistes rencontrés sur la toile : Jean Paul Abadie, Georges Ano, Simone Arrizabalaga, Christian Auguin, Jean Borderes, Sandrine Braun, Laetizia Castellani, Michèle Cazaux, Thierry Cenac, Burton Cestia, Christine Cestia, Michel Cestia, Martine Dagnino, Dominique Delluc, Paulette Faivre, Pierre Frustier, Bernard Herrou, Jean Yves Herve, Roland Larre, Jeannette Legendre, Ana Malbos, Myriam Managau, Alain Medina, Jean Marc Nougues, Jean-François Quarre, Nadine Sahoune, Christine Saintupery, Michel Sauvee, Roberte Thomaset, avec qui depuis 1999 nous avons partagé nos généalogies.

Table des matières

Avant propos

Chapitre 1, de 1900 à 1946

Les trois frères

Felix Cestia

Emile Cestia

Jules Cestia

Juan-Carlos Dupont

Lettre de Dominique Dupont 5/8/1914

Lettre de Dominique Dupont 1/9/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 10/9/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 22/9/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 22/10/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 27/10/1914

Lettre de Dominique Dupont 24/10/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 10/11/1914

Lettre de Dominique Dupont 12/11/1914

Lettre de Juan-Carlos Dupont 11/1/1915

Lettre de Dominique Dupont 16/1/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 7/2/1915

Lettre de Dominique Dupont 21/3/1915

Lettre de Dominique Dupont 21/5/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 9/5/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 20/5/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 20/6/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 21/8/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 17/11/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 28/11/1915

Lettre de Juan-Carlos Dupont 9/2/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 10/2/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 28/2/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 21/3/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 23/3/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 18/4/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 25/4/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 23/5/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 7/8/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 29/9/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 4/11/1916

Lettre de Juan-Carlos Dupont 1/1/1917

Lettre de Juan-Carlos Dupont 4/3/1917

Lettre de Juan-Carlos Dupont 10/3/1917

Lettre de Juan-Carlos Dupont 29/4/1917

La guerre de 1914-1918

Les Cestia de la période 1900-1946

Les Cestia aux Etats-Unis d’Amérique 1900-1946

Les Cestia en France au XX

ème

siècle

Chapitre 2, de 1850 à 1900

Honoré Cestia

Les Sentubery

Honoré migre en Uruguay

L’épopée uruguayenne d’Honoré Cestia

Le retour au pays

Auguste Sylvain Cestia

Les Cestia à Nay

Les Cestia en Dordogne et Gironde

Les Cestia en Bigorre et en Astarac

Vic-en-Bigorre

Lescurry

Dours

Louit

Beccas

Lansac

Autres villages

Les migrations en Bigorre

Les Cestia aux Amériques

Argentine

Louisiane

Les Cestia en Italie

Chapitre 3, de 1800 à 1850

Les Cestia

« dans les îles »

Bertrand Cestia

Trois frères et une sœur en Guadeloupe

Pierre Cestia

Philippe Cestia dit Baylou

Philippe Cestia dit Bernard

Les Cestia de Louit dans les îles de Guadeloupe et Porto Rico

Philippe Cestia épouse Carrere

Catherine et Pierre Cestia

Louis Cestia

François Cestia

L’esclavage en Guadeloupe entre 1800 et 1850

Les Cestia en Louisiane de 1800 à 1850

Les Cestia en France de 1800 à 1850

Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques)

Gers

Hautes-Pyrénées

Les diverses migrations entre 1800 et 1850

Chapitre 4, de 1750 à 1800

Les Cestia de Lescurry

Le village des Cestia

La vie, un combat contre la mort

Cestian et Sestian

Les Coubé, Coutillou, Dutrey, Bicata et Bourdale

Les notables de Lescurry

Plaintes et remontrances de la communauté de Lescurry

Cahier des Doléances de 1789

1790, l’année du redressement fiscal

Les Cestia de Nay

Les Cestia de Louit

Les Cestia de Dours

Les autres Cestia de Bigorre

Chapitre 5, de 1700 à 1750

Les Cestia dans la province de Béarn

L’industrie textile

Les Cestia à Nay

Les Cestia en Bigorre

Les Cestia à Lescurry

Les Cestia de Louit

Les Cestia à Dours

Chapitre 6, de 1600 à 1700

Période 1650-1700

Nay

Lescurry

Période 1600-1650

Les Sestian propriétaires

Pierre Sestian

Jeanne Sestian

Chapitre 7, Origine du patronyme

Selon les linguistes

La généalogie

Etude toponymique

Analyse et discussion

Chapitre 8, L’histoire des Cestia

Les terres de Sestias

XVI

ème

et XVII

ème

siècle

XVIII

ème

siècle

XIX

ème

siècle

Les Amériques

La Guadeloupe

Porto-Rico

Le XXème siècle

Conclusion

Annexes

Annexe 1- L’Uruguay

Annexe 2 - Conscription en France de 1789 à 1998

Annexe 3 - Les Cestia en France au XX

ème

siècle

Naissances en France par département de 1891 à 1990

Annexe 4- Esclavage

Esclavage en Guadeloupe

Code noir promulgué en mars 1685 par Louis XIV

Repères chronologiques depuis 1789

Indemnité coloniale en Guadeloupe

Les lois du XXI

ème

siècle

Annexe 5 - Lescurry de 1639 à 1891

Patronyme

Professions

Décès

Espérance de vie

Naissances et mariages

Nombre d’habitants

Conclusion

Annexe 6 - Recensement

Annexe 7 – Fréquence des prénoms

Cartes

Notes

Avant propos

Ma passion pour la généalogie n’est pas motivée par l’établissement compulsif de listes d’ancêtres, mais s’exprime dans une démarche de microhistoire [1], une manière de rencontrer l’Histoire à travers des histoires de vies de gens ordinaires aux destins parfois passionnants qui ont tous fait l’Histoire.

Le nom patronymique Cestia est rare; peu de gens portent aujourd’hui ce nom de famille, ce qui attisa ma curiosité pour en connaitre l’origine, d’autant que certaines hypothèses proposées par les linguistes ne sont guère valorisantes, …simple d’esprit, crétin [2].

Satisfaisant cette double curiosité, l’une concernant la micro-histoire, l’autre concernant le nom de famille Cestia, j'essaie ainsi, tout simplement, en suivant le fil rouge de la transmission d'un patronyme, de raconter des histoires, de raconter l'histoire de vies, de familles et de terroirs, de redonner vie à des personnes que l'Histoire n'a pas retenues… et peut-être, en définitive, de mieux comprendre l'Histoire.

Je ne souhaite pas avec ce livre me draper de la gloire passée de quelques uns de mes ancêtres, ni supporter les fautes de quelques autres. Mon seul guide est de témoigner de leurs vies.

Les recherches généalogiques s’apparentent parfois à une enquête policière. A partir d’un événement trouvé, parfois par hasard, par exemple présence d’une personne sur une liste d’embarquement, on cherche d’autres éléments en lien avec l’information trouvée. Il faut pour cela explorer différentes archives disponibles pour trouver des données complémentaires et ainsi découvrir les événements de la vie de la personne. Mais la réussite n’est pas assurée à 100%. Ainsi mes recherches sur 604 personnes répertoriées entre le XVIIème et le XXème siècle n’ont pu aboutir d’une manière satisfaisante pour 73 personnes, soit 12%.

Ce livre n’est pas un roman. Il relate des faits avérés. Toutefois quelques filiations notamment au XVIIème siècle ne sont que très probables. Les informations fournies sans les « preuves » par des généalogistes amis ont été vérifiées.

Les généalogistes ne trouveront pas dans ce livre les données généalogiques dont ils ont besoin pour compléter leur généalogie. Je les invite à consulter mon site Web où sont disponibles toutes les sources généalogiques, actes divers, preuves de filiation des personnes citées dans ce livre.

http://www.genea-cestia.fr/

Chapitre 1, de 1900 à 1946

Les trois frères

Lorsque les trois frères Cestia débarquaient à Bordeaux, ils laissaient tout derrière eux, leur enfance, leur pays. Ils quittaient Felipe, Émilio, Julio pour devenir Philippe, Émile et Jules, trois jeunes immigrés.

Leur bateau avait quitté le Rio de la Plata il y a presque quinze jours. Il était parti de Buenos-Aires, puis avait fait escale à Montevideo. C'est là qu'ils avaient embarqué avec leur père et leur grand-mère paternelle qui, peu de temps auparavant, avait fait le voyage dans l'autre sens lorsqu'elle avait appris le veuvage de son fils Honoré et le décès de son dernier enfant Victor. La « légende familiale », je veux dire par là des faits qui m’ont été rapportés oralement mais que je n’ai pas vérifiés, raconte qu’elle aurait triché sur son âge pour pouvoir faire la traversée.

Les trois jeunes n'avaient à Montevideo que leurs grands-parents maternels, ils ne connaissaient qu'en photo cette grand-mère Madeleine qui, un beau jour, arriva de France pour les consoler du chagrin qu'ils avaient à la fois de la perte de leur mère décédée en 1899 lors de l’accouchement de son fils Victor, mais aussi de la peine qu’ils avaient du décès accidentel de Victor survenu dans sa première année. C'est ce dernier malheur qui décida la grand-mère Madeleine Marthe Dortignac à venir chercher son fils et ses trois petits-enfants.

Grand-mère Madeleine était venue aider son fils pour son déménagement. Ils quittaient donc Montevideo et la vie confortable dans un bel appartement situé au dessus du magasin de chaussures géré par leur père et Domingo Dupont le cousin germain de leur mère. Ils quittaient ainsi leurs cousins Dupont, Domingo et son épouse Eugénie et leurs trois enfants, qui étaient aussi leurs voisins de palier. Il y avait Eugenio du même âge que Felipe, la Potota et Juan-Carlos le dernier, qui avait seulement quelques années mais montrait déjà son caractère énergique.

De retour en France Honoré et ses trois enfants ne s’installent que provisoirement dans la ferme familiale à Louit ; mais après presque vingt ans passés à Montevideo, il préféra finalement vivre à Aureilhan plus proche de la ville de Tarbes où ses enfants purent plus commodément être scolarisés. Et puis son épopée uruguayenne lui avait donné une certaine aisance matérielle, [3] il était maintenant rentier. Il acheta donc une auto et ainsi Louit situé à environ 8 kilomètres devint beaucoup plus proche.

L’ainé des trois enfants, mon grand-père, était de nationalité uruguayenne car son père n’avait pas fait, à sa naissance, les démarches nécessaires pour qu’il ait aussi la nationalité française. Son prénom d’état civil était Felipe, qui devint Philippe sur les documents officiels français. Mais en fait tout le monde l’appelait Felix. Un prénom utilisé fréquemment dans le Rio de la Plata. La consonance proche de Felipe explique sans doute l'usage de cet autre prénom. A son arrivée en France vers 1900 il avait tout juste 14 ans. Avant lui ses parents avaient eu un fils Juan décédé vraisemblablement très jeune.

Ensuite il y avait Emile qui avait deux ans de moins que Felix, puis Jules qui était arrivé 4 ans plus tard.

En Uruguay avec leur mère qui était une « Orientales » [4] nom par lequel on désignait les habitants de la République Orientale d’Uruguay, ils parlaient l’espagnol et avec leur père le français.

Felix, une fois diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce de Bordeaux, trouva à s’employer au consulat d’Uruguay à Marseille. Il s’installa à l’Hôtel des deux mondes. Il y rencontra sa future épouse Julie Laurens, la fille de la patronne originaire de Pélissanne. Il l’épousa en 1912.

Julie présenta Emile, son futur beau-frère; à une connaissance de Pélissanne, Fernande Gauthier. L’année suivante en 1913 Emile épousait Fernande issue d’une famille bourgeoise de Pélissanne.

Et c’est ainsi qu’Emile devint receveur des postes à Salon de Provence à quelques kilomètres de Pélissanne.

Emile et Felix aimaient le théâtre, la musique, les arts. La sœur de Fernande jouait habilement et avec talent du piano. Cette jeunesse aisée profitait bien de ces quelques années de bonheur.

Mais la maudite guerre arriva. Felix qui envisageait un voyage à Montevideo dut y renoncer. Jules qui était sous les drapeaux lorsque l’Allemagne déclara la guerre à la France fut le premier à être mobilisé (août 1914). En septembre il était au combat.

Felix Cestia

En août 1914, Felix qui était Uruguayen échappa à la mobilisation.

Poursuivant sa carrière au consulat d’Uruguay à Marseille où il était rentré dés la fin de ses études en 1912, il devient chancelier, puis il est nommé le 17 juillet 1925 vice-consul d'Uruguay à Marseille.

1925 Nomination de Felipe Cestia vice consul d’Uruguay à Marseille

Le Président de la république orientale de l'Uruguay fait savoir : qu'en souhaitant augmenter les relations et maintenir la communication nécessaire entre cette République et celle de la France, il a nommé le citoyen Felipe Cestia pour assurer la charge de vice-consul à Marseille.

Par conséquent il demande au Gouvernement de la France de permettre à Monsieur Felipe Cestia d'exercer librement les fonctions de vice-consul avec les prérogatives et les exonérations correspondant à son rang et à sa fonction.

J'envoie ce brevet estampillé avec le timbre des Armes de la République et authentifié par le ministre secrétaire d'état du département des relations extérieures, à Montevideo le dix sept juillet mille neuf cent vingt-cinq.

Parallèlement à sa charge de diplomate, Felix avait une activité libérale d’agent d’assurance qu’il exerçait, comme sa charge de diplomate, dans les bureaux qui occupaient une partie de son appartement au 37, rue Estelle à Marseille.

Après la naissance de Maurice en 1913, à l’état civil « Mauricio Mario Honorato », dit pendant ses premières années « Mimi », viendront 2 ans plus tard Chiquita dite « Tita », puis encore 4 ans plus tard Emile dit « Milou »

Les vacances se passaient souvent en famille à Louit (Hautes-Pyrénées). Le trajet pour rejoindre l'oncle et la tante d'Aureilhan, Jules et Thérèse, se faisait en vélo, parfois avec la jeune cousine sur le vélo, avec ou sans chutes...l'oncle Jules, quand à lui, faisait les déplacements avec la charrette et la jument.

Mais le bonheur de Felix et Julie ne dure pas bien longtemps. En 1928, la tuberculose atteint mortellement Chiquita qui n’a alors que 12 ans.

En 1934 ce sont les vacances en Italie, du 14 juillet au 22 août, vraisemblablement chez une lointaine cousine de Julie, la Marquise Andrée del Rangoni Castel Crescente …1934 c’est aussi l’année où Maurice qu’on n’appelait plus « Mimi », signe le 3 janvier avec ses parents, une déclaration, réservée au mineur de plus de 16 ans, par laquelle il demande la nationalité française qui lui est accordée le 16 mars 1934. [5]

Et puis en 1936, à nouveau la fatalité de la maladie s’abat sur la famille avec le décès de Milou atteint lui aussi par la tuberculose à l’âge de 16 ans.

En juin 1937 Maurice termine ses études d’ingénieur à Grenoble. Felix et Julie se retrouvent alors seuls à Marseille.

Et à nouveau la guerre arriva, Maurice qui, avant sa majorité avait décidé d’être français, fut mobilisé. Il combat du 2 septembre 1939 au 25 juin 1940 au Plateau de Rhobach, en Basses-Vosges et en Somme ce qui lui vaut deux citations à l'ordre du Régiment et la croix de guerre (2 étoiles Bronze).

En avril 1942 la France est occupée par les Allemands. Pendant le conflit mondial l’Uruguay reste neutre. Cependant un incident entre Anglais et un bâtiment militaire au large de Montevideo conduit l’Allemagne à suspendre ses relations diplomatiques avec l’Uruguay le 25 janvier 1942.

C’est pourquoi, Felix ne peut pas obtenir l’autorisation de se déplacer en région parisienne pour assister au mariage de son fils. Seule Julie son épouse, qui elle est française, obtient l’autorisation. Ce n’est qu’en septembre que Felix peut, à Alès dans le Gard, faire la connaissance de sa belle-fille.

Un peu plus tard en 1943, les relations difficiles entre l’Allemagne et l’Uruguay conduisent à de nouveaux ennuis. Les Allemands font savoir à Felix qu’il a le choix entre aller en Uruguay ou aller en Espagne où Franco accepte de l’accueillir. Il opte pour l’Espagne. Il est immédiatement reconduit à la frontière par deux officiers allemands. Pendant plusieurs longs mois il ne peut communiquer avec sa famille. Il réussit ensuite à faire passer du courrier par la Suisse.

A Barcelone il a rang de diplomate. La « légende familiale » raconte qu’au cours d’une partie de chasse où il avait été invité par Franco, celui-ci lui aurait fait des confidences sur la difficulté de la solitude que l’on ressent au pouvoir…personnellement j’ai toujours trouvé cocasse qu’un dictateur se sente seul et en souffre … On raconte aussi que Jules, à propos de cette partie de chasse, aurait dit à son frère Felix « Heureusement qu’ils ne t’ont pas donné un fusil, car habile comme tu es, tu aurais pu tuer Franco ! »

A la fin de la guerre bon nombre de républicains espagnols qui s’étaient refugiés en France espèrent prendre le pouvoir en Espagne sans pour autant trouver le soutien international espéré. Churchill déclare en mai 1944 « Les problèmes politiques intérieurs en Espagne sont l’affaire des Espagnols eux-mêmes »

C’est dans ce contexte que le 26 janvier 1946 le gouvernement français décide de la fermeture de la frontière avec l’Espagne à partir du 1er mars 1946.

Malgré ce contexte politique difficile, Felix peut du 5 mai 1945 au 6 juin 1945 revenir en France pour un court séjour.

Le 28 janvier 1946, avant la fermeture de la frontière, « Lili » l’épouse de Felix est autorisée à le rejoindre à Barcelone. Mais ils ne peuvent revenir en France qu’en octobre 1946.

Felix reprend alors ses fonctions de vice-consul et Chancelier du consulat de l'Uruguay à Marseille.

« Lili » pour certains, « Mamy » pour d’autres, ne s’est jamais vraiment remise des deuils de ses enfants et de son mari parti 22 ans avant elle à 66 ans. Longtemps après, lorsqu’elle évoquait ces souvenirs douloureux, les larmes lui venaient aux yeux, et puis il y avait aussi les trois ans d’exil de son mari qui lui avaient volé une partie de sa vie.

Felix était un intellectuel. Il aimait les livres, il lisait beaucoup. C’était un lecteur fidèle de la revue « Les Annales politiques et littéraires » qui publiaient des œuvres littéraires, mais aussi des chroniques politiques, historiques et artistiques. La revue connut un franc succès, notamment auprès de la bourgeoisie de province.

Felix était aussi un adepte de l’esperanto cette langue universelle née de l’espoir d’un monde unifié par une seule culture.

L’Uruguay reste neutre dans les deux conflits mondiaux. Elle rompt ses relations diplomatiques avec l’Allemagne le 7 octobre 1914, mais ne rejoint pas les 23 états souverains qui déclarent la guerre à l’Allemagne. L’Uruguay reste neutre pendant le début du second conflit mondial malgré les pressions internationales pour rejoindre les alliés. Mais le 25 janvier 1942, l’Uruguay rompt ses relations diplomatiques avec l'Allemagne nazie.

Cette position médiane est celle aussi de Franco qui pendant le conflit de la seconde guerre mondiale apporte un soutien matériel et militaire aux Allemands en reconnaissance de l’aide reçue pendant la guerre d’Espagne. Cependant, il n’entre pas dans le conflit mondial. L’Espagne stationne des forces armées dans les Pyrénées pour dissuader l’Allemagne de l’occuper. En fait, le régime de Franco, par son pragmatisme, adopte une attitude médiane afin de ménager ses intérêts.

L’espéranto est une langue internationale qui n‘est la langue officielle d’aucun Etat. En 1887 Ludwik Zamenhof, sous le pseudonyme Doktoro Esperanto, publie le projet « Langue Internationale ». L'espéranto est présenté comme une solution efficace et économiquement équitable au problème de communication entre personnes de langues maternelles différentes.

Très vite, l'espéranto rencontra un vif succès. Durant ces premières années, l'espéranto fut essentiellement une langue écrite. Le premier congrès mondial d'espéranto se déroula en 1905 à Boulogne-sur-Mer. Il marqua un tournant important pour l'espéranto. La langue qui était jusqu'alors essentiellement écrite fut dès lors de plus en plus utilisée pour des échanges directs, notamment lors de rencontres internationales et des congrès.

La Première Guerre mondiale mit un frein au développement de l'espéranto, qui reprit cependant au cours des années 1920 dans l’enthousiasme généré par les espoirs de paix issus de la création de la Société des Nations. Mais les années 1930, avec la montée en puissance des régimes totalitaires, puis la Seconde Guerre mondiale, marquèrent un nouveau coup d'arrêt au développement de l'espéranto.

Aujourd’hui, l’espéranto est une langue internationale qui, 130 ans après sa création, est utilisée par des personnes provenant d’au moins 120 pays à travers le monde, y compris comme langue maternelle.

Lui le diplomate qui avait dû défendre la neutralité de son pays dans les deux conflits mondiaux, alors qu’en 1914 ses deux frères risquaient leur vie et que l’un d’eux était mort pour la France, devait comprendre plus que tout autre le besoin de paix.

Le destin de Felix avait tenu du hasard, d’une inadvertance, d’une erreur ; Honoré son père ne savait pas que pour que son fils soit uruguayen mais aussi français comme lui, il fallait déclarer sa naissance auprès des autorités françaises à Montevideo…

Pour les enfants suivants il fit le nécessaire, ils eurent de ce fait dès 1914 un destin très différent…

Emile Cestia

En 1910 Emile est convoqué au conseil de révision. La décision est « classé service auxiliaire » à cause d’une malformation au pied gauche. Il est donc incorporé dans les sapeurs télégraphistes où il sert de 1910 à 1912

En mai 1913, Emile n’avait pas encore 24 ans. Il habitait Salon et était en plein préparatif de mariage avec Fernande Gauthier qui, comme sa belle sœur Julie Laurens, était de Pélissanne.

Honoré son père lui annonce qu’il ne pourra pas se rendre à son mariage. Il invoque des problèmes de santé qui cachent sans doute des problèmes d’argent liés à la crise économique qui sévissait alors. En effet, sa situation de rentier exposait ses ressources aux vicissitudes économiques. C’est ce que nous apprend la correspondance de Felix à son frère Emile.

Marseille le 26 mai 1913

Mon cher frère,

C'est avec une grande tristesse que j'ai lu dans ta lettre que décidément papa ne venait pas assister à ton mariage. Je comprends facilement ta déception et la peine que cela a dû te causer aussi bien qu'aux parents de ta fiancée. Mais ayant reçu une lettre de papa la veille même de la tienne et où il ne nous disait pas un mot, rien, sur ton mariage, ce silence m'a fort étonné et m'a fait craindre quelque chose. Il me disait seulement que la santé laissait à désirer; j'avais répondu de suite pour les engager à venir quelques temps avant et même de profiter pour aller jusqu'à Nice, mais elle est devenue inutile par suite de leur décision que tu m'annonçais ensuite. J'écrivais en même temps pour laisser venir Jules avant et nous entendre pour le cadeau. Je n'ai pas encore reçu de réponse.

Je vois que tu as reçu les papiers, j'espère en règle [6]. Quant au montant et comme c'était convenu je l'ai payé, le traducteur ayant fait présenter le reçu le lendemain.

Comme il fallait s'y attendre ce mardi soir vous avez manqué le train; par suite, ces dames en ont profité pour compléter leurs achats, ainsi malheur est toujours bon à quelque chose !

Sans doute tu dois être dans la fièvre des préparatifs. As-tu donné des ordres pour les meubles ?

Il me semble qu'il vaudrait mieux que tu les fasses venir au plus tôt, car cela doit donner des tracas ce transport et tu sais tu en auras assez dans les derniers jours.

Il me vient une idée en ce moment même, bien que peut-être elle ne te sourira pas beaucoup. Pourquoi ne reverriez vous pas la cérémonie de quelque temps pour attendre que papa et Anna soient suffisamment rétablis pour pouvoir venir ? Je te la soumets sans espérer pourtant qu'elle te séduise.

J'ai écrit également à grand-mère pour insister qu'elle se décide à venir faisant valoir l'absence de papa et ainsi elle représenterait seule la famille

As-tu reçu une réponse ferme de Marie-Louise [7]

Ci-joint je t'envoie ces quelques vers [8] que j'ai faits sur Pélissanne, qui devient pour toi aussi la patrie d'adoption. Je te demande pour eux toute ton indulgence, car ils en ont bien besoin.

Notre meilleur souvenir à la famille Gauthier, un affectueux bonjour à ta future, et toi, reçois de nous, deux mille (1000) baisers.

Titi Felipe (Ton petit Philippe)

Le 23 février Fernande l’épouse d’Emile était enceinte de 7 semaines environ. La nouvelle a vite circulé dans la famille. C’est ce que nous apprend la correspondance de Felix à son frère et à sa belle-sœur.

Marseille, le 23 février 1914

Cher frère et chère sœur,

Une profonde et inespérée surprise nous a causé votre lettre nous annonçant la nouveauté ? Et que nous a confirmé votre père et beau-père lors de la visite faite ces jours-ci. Un délai de quelques jours seulement était encore nécessaire pour que les probabilités deviennent des certitudes. Celles-ci sont-elles réalisées ? Et suivant le cliché les espérances de la dynastie semblent avoir reçu quelques réalisations qu'on emploie avec ce style obscur des nouvelles des cours.

Nous espérons que cela ne vous contrarie pas et que malgré les ennuis et les tracas que cela occasionne, la nouvelle vous aura séduite.

Avec regret nous voyons que vous avez renoncé à votre voyage!

Si vous voulez vous accommoder avec notre installation vous pourriez venir sans crainte aucune. Fernande et Lili coucheraient au lit, Emile et moi dans un matelas par terre. Ainsi vous ne seriez pas obligés d'aller à l'hôtel. Si cela ne vous gêne pas, vous n'avez qu'à venir.

Maurice est guéri depuis longtemps de son rhume, il est très bien portant à présent. Il profite bien, il pèse 7k700 et a déjà deux dents. Il jargonne volontiers, il est sage et intéressant.

Toujours hétérophiles, je vois que vous ne ratez pas une seule représentation. Ainsi vous avez été voir l'Homme qui assassina [9] et Anna Karénine [10], justement deux pièces tirées de romans, et qui ne les valent pas de beaucoup, même celui de Farrère qui pourtant pour ma part ne m'est pas antipathique. Je préfère de beaucoup Karenine, bien que le sujet soit violent et par trop pathétique.

Nous vous souhaitons agréable et joyeuse soirée au bal masqué du cercle des arts, où vous comptez y aller, parés de « tango et vert empire » le rapprochement est typique, tango 'dernier siècle républicain' et vert de l'empire (histoire [anaine] et réactionnaire); tu as dû recevoir comme nous des nouvelles de Jules qui est abasourdi par le surmenage. [11]

Nous vous attendons donc bientôt à moins que la séparation de corps ne vous soit par trop triste ...

Notre meilleur souvenir à tous les vôtres et pour vous mille affectueuses pensées

Titi Felipe (ton petit Felipe)

La grand-mère Madeleine qui était souffrante au moment du mariage de son fils Emile était enfin décidée à se rendre à Salon mais hélas la mobilisation est décrétée le 1er août 1914. Deux jours plus tard, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Sa correspondance nous dit son émotion et son inquiétude.

Louit le 1er Aout 1914

Mon cher Emile,

Je réponds à ton aimable lettre que vous êtes en bonne santé et surtout Fernande qui va bien; pauvre ami; les tristes nouvelles qui m'empêchent d'aller vous voir à présent que j'étais décidée; ça me tardait de vous voir et surtout le petit Maurice qui est si joli et si mignon. Aujourd'hui j'ai eu une lettre de Jules ça va mal, pauvre ami, il va partir pour la guerre quel malheur et toi, ton père me disait hier peut-être que toi aussi tu devrais partir pauvre enfant. Je suis bien malheureuse. A mes pauvres amis à présent on rappelle les jeunes hommes qui ont servi et les juments qui sont bonnes pour le service [12]. Je t'assure tout le monde est triste. Je m'étais soignée pour pouvoir aller vous voir, j'étais bien, à présent pense comme je vais être à présent. Si tu devais partir écris-moi de suite. Madame Hir te fait bien de compliments. Tu feras bien de compliments à la famille Gauthier et vous deux recevez de votre grand-mère un million de baisers adieu Emile, Fernande

Madelaine Cestia

Jules est à la guerre et l’on s’inquiète pour lui mais aussi pour Emile le jeune papa qui risque aussi la mobilisation. Felix écrit à son frère.

Marseille le 24 septembre 1914

Chers frère et sœur,

Je vois que rien de fâcheux n'est arrivé et que le silence n'était dû qu'à un oubli.

Hier nous avons reçu deux mots de Jules, où il nous dit qu'après l'avoir échappé belle et ayant combattu pendant 6 jours consécutifs, il quittait le front pour se reposer.

Sa compagnie ne comptait plus que 91 hommes sur 250. Comme tu vois c'est une véritable hécatombe. Enfin l'essentiel c'est qu'il est encore sain et sauf. Que ça dure jusqu'à la fin et ce sera épatant. Cela menace pourtant de durer longtemps. Tu as dû recevoir de ton côté, copie des lettres adressées à la maison.

Tu as dû apprendre également l'échec de l'engagement de Juan-Carlos qui n'a pas l'âge. Aussi a-t-on eu tort de vouloir le présenter comme français, car alors l'acte de naissance était essentiel, tandis que dans la légion étrangère on est plus coulant.

Marie-Louise m'a demandé des renseignements sur le service de Tunis pour Mme Pierre Bousquet qui doit venir s'embarquer ici. Aussi ai-je écrit à grand-mère pour qu'elle en profite pour se faire accompagner.

De ton côté écris lui pour qu'elle se décide. Car je te dirai qu'elle nous a écrit et parait très déprimée.

Peut-être vaudrait-il mieux qu'elle reste parmi nous au lieu de rester seule, car elle doit se faire trop de mauvais sang.

Le moment critique approche, sans nul doute avec anxiété. Je vois que commémorant l'alliance actuelle vous avez choisi les noms des souverains actuels, mais pourquoi [pas] Jules pour la France au lieu de Raymond [13].puisque son souverain s'appelle ainsi quoique portant pas de chiffre romain. De plus pourquoi pas Georgette puisque c'est Georges que vous choisissez si c'est un garçon. A part ces minuties, je trouve votre idée très heureuse et ce sera un souvenir de plus des événements actuels, bien qu'ils resteront gravés quand même jusqu'à la vie.

Comme tu dis, Maurice a bien changé mais cependant il ne marche pas encore seul, en se tenant contre le mur seulement. Il articule qq peu mais pas distinctement ce qu'il y a il comprend tout.

Le consul n'est pas encore rentré, il doit le faire en octobre. Aussi n'est-il pas possible de s'absenter actuellement [14].

D'un moment à l'autre nous attendions donc l'annonce de l'heureuse délivrance de Fernande à qui nous souhaitons bon courage et grande joie.

Sera-ce Georges ou Alberte ? Chi lo sa ? [Qui sait ?] Cependant nous le saurons bientôt. Avec nos meilleurs souvenirs pour tous les vôtres, recevez un million d'affectueux baisers de nous trois.

Ti te Felipe

Dans ses lettres à son fils Emile, la grand-mère Madeleine exprime son inquiétude pour Jules son petit-fils qui est sur le front et se réjouit qu’Emile soit toujours à Salon auprès de son épouse dans l’attente d’un heureux événement.

Louit, le 24 septembre 1914

Mon cher Emile

Hier j'ai reçu ta lettre du 21 je vois avec plaisir que tu es encore en Avignon. Comme tu me dis que tu es près de la famille et surtout une famille si bonne, je t'assure que je les ai appréciées. Tu es bien heureux d'avoir si bien rencontré. Tu devais le mériter, j'en suis bien contente pour toi. J'aurais bien voulu les revoir mais ça a été impossible. Elles m'ont envoyé une boite de bonbons que j'ai envoyés à Jules. Il les a reçus; il m'a écrit avant-hier; il me remercie; il les a trouvés bien bons.

Il me dit que Mademoiselle Agnès lui a envoyé une carte de Rabastens; il était très content d'apprendre que j'avais eu cette visite et moi aussi seulement elle a été un peu courte. J'ai reçu une lettre de Fernande avec les photos des deux sœurs et de son papa et de la petite Alberte. Elle est bien belle et mignonne, pauvre chérie; je l'embrasse bien souvent. Je n'ai pas rendu réponse à Fernande. Tu lui demanderas mes excuses; comme je n'écris pas bien tu remercieras bien ces dames de la boite de bonbons qu'elles m'ont envoyée.

Je pense que Jules les remerciera. Je lui ai dit que c'était ces dames qui me les avait envoyés; tu leur présenteras mes amitiés à toute la famille et toi reçois de ta grand-mère un million de baisers. A Dieu; Quand tu partiras d'Avignon tu m'écriras. Si tu passes à Tarbes et si tu ne pouvais pas venir j'irai te voir à Tarbes. Jules m'a envoyé la photo d'un baptême d'un petit bébé; la marraine est assise sur un canon; il y a 2 curés et des officiers. A Dieu mon ami

Madelaine Cestia

Louit le 25 septembre 1914

Mon cher Emile

Depuis si bon temps que je ne vous ai pas donné de mes nouvelles, je ne pouvais pas, je tremblais impossible de vivre. A présent, depuis que j'ai eu des nouvelles de Jules je suis mieux. Hier je suis allé à Tarbes, il y avait 6 semaines que je n'y avais pas été. A présent je me trouve un peu mieux. Je t'envoie la lettre de hier que Jules m'a envoyée. Tu verras le pauvre s'il l'a échappée belle, [15