Heureuse spiritualité bénédictine - Christian Lemaignan - E-Book

Heureuse spiritualité bénédictine E-Book

Christian Lemaignan

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Beschreibung

"Heureuse spiritualité bénédictine" est le recueil des enseignements donnés en l’Abbaye de Saint-Martin de Ligugé par des pères bénédictins de l’Abbaye en vue d'approfondir la Règle de saint Benoît en particulier les chapitres concernant  l’Obéissance, l’Humilité et le Silence...
Ce recueil comprend quatre parties :  Penser l’être ; Le Monde de Dieu ; Le Monde de l’Homme possible qui réunit les synthèses de livres lus pendant cette période, livres de : François Cheng ( la Mort), François Cassingena Trévedy ( la Parole), Alexandre Julien ( l’Abandon), Paul Ricoeur ( l’Identité), Jacques Philippe ( la Liberté intérieure), Denis Marguerat ( Jésus de Nazareth) ; Le Monde de l'homme réél.
Chaque lecteur, à travers ces textes, trouvera des nourritures spirituelles, alimentant ses prières : " Sois ce que tu reçois ". "Nomades, nous parcourons le chemin de la vie ". "Je regarde ce qu’on ne voit pas, car ce qu’on ne voit pas est éternel ".

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Christian Lemaignan

Heureuse spiritualité bénédictine

Préface de Christophe BettwyPère abbé de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé

Illustrations d’Ariane de Briey

Préface

« Eloge de la Spiritualité »

Quel beau titre en cette veille de la Nativité. Prophétique à souhait :

Nous avons tant besoin de ‘Spiritualité’ qui que nous soyons, où que nous vivions, en ces Temps qui sont les derniers.

Merci à vous Christian pour cet ouvrage qui ouvre des possibilités, qui nous permet de nous rapprocher de Dieu et de nous-mêmes.

Qu’est-ce que la Spiritualité telle que nous, chrétiens, l’entendons aujourd’hui ?

La Spiritualité vient du Latin Spiritualitas. C’est la qualité de ce qui est esprit, dégagé de toute matérialité. La Spiritualité concerne la Doctrine de Dieu, les choses spirituelles.

Nos frères qui ont pu témoigner vous feront découvrir ô combien la spiritualité est d’actualité, pour notre Eglise plus encore en ce Temps Synodal bien loin du monde matériel auquel nous sommes tous confrontés, même nous moines.

La Spiritualité aujourd’hui elle celle des Béatitudes : « Heureux ceux qui… » (Mt 5).

La Spiritualité aujourd’hui est bien celle des humbles et des pauvres de la Terre. Des exclus, de tous ceux qui ont faim et soif de la Justice, de Paix.

Tous ont quelque chose à nous dire sur le Christ, notre Sauveur.

La Spiritualité aujourd’hui est bien celle du partage, de l’amour à l’image de Celui qui a nous a aimé jusqu’au bout.

Elle est celle qui nous demande de sortir de nous-même pour aller vers les autres, pour les soulager, les soigner, leur parler, leur sourire, pour leur faire du bien.

Nous avons assurément tous un rôle à jouer en ce sens.

Merci de nous donner la possibilité de l’accomplir et ainsi de nous accomplir pleinement, de marcher tous ensemble vers Lui, notre unique et seul Sauveur.

« Ils ne préféreront absolument rien au Christ, lequel daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle ! » (Règle de Saint Benoît Chapitre 72)

Frère Christophe

Avant-propos

« L’éloge de la spiritualité » est un recueil de poèmes et de synthèses d’ouvrages issus des séminaires soit de WE pour les Oblats soit de séminaires d’une semaine qui se sont déroulés à l’abbaye de saint Martin de Ligugé (sur la période des années 2007 à 2013). Ces temps de méditation étaient enseignés par des Moines Prêtres Bénédictins au cours de la journée, laissant les participants (pèlerins) la possibilité de suivre les 7 offices de prières du monastère (entre 7 heures du matin et 21 heures le soir).

Prenant sa retraite de l’université en 2007, Christian Lemaignan a suivi ces séminaires et en a retiré des synthèses sous forme de poèmes : ceux-ci, réunis ici, sont des sortes de brèves réflexions, susceptibles de soutenir les propres pensées du lecteur, et contribuer ainsi à le guider dans ses propres prières. Ces textes sont regroupés selon 4 chapitres :

1. Penser l’être

2. Le Monde de Dieu

3. Le Monde de l’Homme possible, selon certains auteurs (résumés)

4. Le Monde l’Homme réel

En effet nous pouvons considérer que l’homme, dans ses limites, peut devenir ce en quoi il est fait, ce en quoi il est appelé à être, après avoir mis de côté ses émotions, ses peurs, ses souvenirs, qui entravent sa propre réalisation, puis son possible accès au divin, au monde de Dieu.

Des résumés de livres d’auteurs (Chapitre 3), recommandés pendant ces séminaires, permettront au lecteur de porter une attention particulière à certains concepts : la mort, l’abandon, la Parole, la liberté intérieure, l’exemple de Jésus de Nazareth, le discernement…

Ce livret est conçu pour que le lecteur puisse ouvrir une page puis une autre ou une suite de pages lui permettant de méditer : ce n’est pas un roman avec une énigme ! L’énigme c’est le lecteur qui ira puiser, çà et là, des nourritures spirituelles lui permettant d’avancer !

Éloge de la spiritualité

« Le milan s’envole tout en haut du ciel

Le poisson plonge au fond des eaux »1

Poèmes spirituels

Écrits par Christian Lemaignan

Inspirés lors des retraites guidées par le frère François Cassangena-Tréverdy, le frère Joël Letellier, le frère Pierre Emmanuel de Montlebert, Moines de l’Abbaye de Saint-Martin de Ligugé

Entre 2007 et 2023.

1 Livre des poèmes (Shijing)

1. Penser l’être

Rêvons

Nous venons de passer un vrai moment de bonheur,

Des profondeurs de votre cœur, j’entends votre voix,

Celle qui, unie à d’autres, nous réjouisse de leur harmonie,

Celle qui transparaît dans votre visage lumineux, accueillant.

La parole échangée implique non seulement nos vies,

Mais aussi la recherche des alliances que nous avons tentées,

L’ouverture de soi au plus profond, peut-il être partagé

Dans la rencontre de l’autre buvant à la même source ?

D’une rencontre personnelle peut-on former un corps commun,

D’une écoute répartie peut naître l’attention d’un enjeu plus grand,

Permettant d’obéir à autrui en se tournant vers la source commune,

Afin de redonner sens à ce que nous recevons de cette présence intime.

Les mouvements de l’être

Le ciel a ses saisons, la terre ses richesses,

L’homme son organisation.

Que ce soit dans un mouvement ascendant,

Lorsque chacun puise en ses ressources intérieures,

Rassemble ses éléments épars de sa vie dispersée,

Pour en retrouver son destin dans une cohérence cachée.

Que ce soit dans un mouvement intérieur,

Lorsque chacun méditant fait émerger de nouvelles visions,

Réunissant ses paroles intérieures duelles,

Pour en choisir une troisième qui donne sens à sa vie.

Que ce soit dans un mouvement descendant,

Lorsque chacun puise dans les ressources de l’humanité,

Des vérités qui éclairent son chemin,

Pour s’adapter aux destinées qui lui sont tracées.

Que ce soit dans un mouvement extérieur,

Lorsque chacun cherche dans une parole divine

Des éléments mystérieux qui lui ouvre

Un nouveau cheminement vers l’évolution…

Ainsi au-delà d’une approche conceptuelle,

Physique, quotidienne, celle de la spiritualité

Prend racine dans l’être intime, et se relie

Aux incursions transcendantes à la vie humaine,

Selon une fluidité et une sérénité évangélique !

Je suis encore avec toi

T’ai-je persécuté ?

T’ai-je vu et écouté ?

Lorsque je suis tombé, tu m’as relevé,

Lorsque je t’ai renié, tu m’as révélé.

Tu m’as appelé, je suis venu

Tu t’es éloigné, je suis allé

Par la souffrance, j’ai appris,

Par la passion, j’ai connu.

La joie de ta parole ouvre mon cœur

Tes mots se rencontrent en ta présence,

La rencontre est le choc de la parole en elle-même,

La parole prend feu et confère l’altérité.

Ton absence est présence, tu es partout,

Ton absence est un vide révélateur,

Ton absence est tolérable grâce à la médiation austère des autres,

Les autres témoins qui forment ce corps communautaire.

Le corps livré, le corps touché, le corps ressuscité est multiple, humble, nu,

Pourquoi m’as-tu abandonné de l’autre côté ?

Témoin, je suis le lieu de la révélation,

Dernier témoin, je suis en marche sur le chemin de l’invisible ordinaire,

Le vide est créateur, il fait appel au désir, la grâce du vide ?

« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas trouvé »

Nous sommes des êtres de désir,

Nos désirs nous font aspirer vers les lieux d’en haut.

Ce qui est indestructible en toi, c’est ta relation à moi, aux autres

C’est cet espace de relation entre toi et moi,

C’est cette pierre lourde qui, roulée, enlevée du cœur,

Me permet de me mettre debout et dire : « je suis encore avec toi ».

Alors, dans le trou noir, je respire la lumière

Oui, j’entends ton appel pour me conduire, je vois tes réalisations pour m’illuminer

J’ouvre les mains pour te recevoir…

Car entre toi et moi, tu restes notre ciment.

Le septième jour, la septième heure

Notre cheminement vers l’au-delà présent est mouvement,

« Il est descendu de la montagne », « Il est allé dans la vallée des hommes »,

« Il continue son chemin », « nous lui emboîtons le pas »,

« Emboîtez le pas », c’est voir le maître de dos et non face à face,

L’Initié, le ventre à terre, la face à terre regarde les ténèbres,

Le Mort, le dos au ciel, la face au ciel, contemple la lumière,

Le livre des prophètes fait face à celui des apôtres,

Les tables de la loi sont écrites sur les deux faces.

Purifier n’est pas guérir, mais renaître à son être essentiel,

Ainsi le lépreux est purifié de sa désincarnation, par le toucher de la main étendue ;

Guérir n’est pas soigner, mais libérer des entraves de la vie,

Ainsi le serviteur est libéré de son servage auprès du centurion

Dont l’autorité le paralysait.

« Sois ce que tu reçois ».

Nous sommes chacun une lettre écrite avec l’esprit,

Sur les tables de la chair, du cœur vivant,

Et non plus sur les tables de pierre, minérales.

Nous sommes appelés à être à la ressemblance de l’Unique,

Adoptés par lui, appelés à connaître notre dessein bienveillant,

Marqués du sceau par l’esprit de la Promesse.

La croisée des chemins

Libres et de bonnes mœurs,

Détachés de toute attache,

Du sentiment plus que de l’émotion,

Grands en nous-mêmes,

Une rencontre qui permet de se mesurer,

De savoir où nous en sommes,

C’est comme préparer la croisée de chemins si différents,

Être là, nous nous sommes reconnus, venant de ces ailleurs.

Rassembler ce qui est épars,

Rendre le signe du vivant libre,

Aérer l’autre de ses étouffements,

Aux crêtes des tourbillons, nous sommes

Soucieux de vivre cette parenthèse,

Entrechoquant nos présents,

Enlaçant nos désirs fous, en riches secrets.

Inconnus mais très proches,

Une rencontre cocktail faite de rien,

Des mots discrets, des photos de couples,

De dire express, de faits anodins,

De continuum du déjà là.

Inconnus mais sensibles, flairant l’autre,

Instinctivement au contour de l’autre,

Discourant au milieu du brouhaha,

Se séparant, se retrouvant, happés, happant…

Qui suis-je pour te recevoir, te mériter sous mon toit ?

Dis seulement une parole pour me guérir, me réincarner, me purifier.

« Pourquoi me cherchez-vous ?

Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon père »,

Maison protectrice du dedans, des peurs, des intempéries, des mutations,

Maison, repère permanent du dehors, ouverte à la lumière, à l’air pur,

Temple où l’on garde toutes choses en son cœur pour les méditer,

Pour les confronter à ce qui est, ce qui était, ce qui vient,

Pour instruire la parole reçue, commentée, vérifiée.

Tu te frayes un chemin vers moi,

Tu m’irrigues de ta parole qui me transforme,

Tu me mets à rude épreuve à t’attendre,

L’espérance est la certitude d’être aimé.

Avec toi mon orientation trouve la bonne voie,

Celle de ma transfiguration parce que tu es,

Celle de mon intermédiation de ta parole.

Pour créer l’ordre, la lumière se sépare des ténèbres,

Les eaux « Mers » de la Terre, l’homme de la femme,

L’enfant de la mère, le sacré du profane,

Nous sommes par nature séparés.

Pour apaiser l’inquiétude du cœur,

Donne-moi un cœur tel que tu aimerais qu’il soit ;

Pour habiter en toi, réjouis-toi, sois sans crainte,

Reçois l’esprit et repose en Lui.

Face à la fuite du temps, la Vie est plus forte que la mort,

Elle transcende la durée.

L’expérience mystique est un feu dévorant qui nous communique la vie,

Qui ouvre le trésor de notre vie face à l’impossible saisie de l’éternel,

Qui nous rend à la vie, vie sujette à tant d’admiration et d’amour.

Tiens-toi dans l’anfractuosité du Rocher, à l’affût de tous les signes.

« Aime et fais ce que tu veux ».

L’Appétit Spirituel

Enveloppé de silence aux siècles éternels,

Il quitte le vieil homme pour être transfiguré en une créature nouvelle,

Alors, le nouveau s’achemine en lui, vers la vraie connaissance,

L’être ancien disparu, la puissance intérieure se déploie.

Avec la plénitude du temps, je deviens semblable à lui,

Ce n’est plus moi qui vis, mais lui qui vit en moi :

« Je te cherchais au-dehors, tu étais au-dedans ».

Nous sommes faillibles, mais restons libres,

L’interdit (le dit entre nous) pose les limites

Et donc définit l’espace de nos libertés,

Et l’espace de notre frère afin que rien ne le fasse buter ou tomber.

La nuit est avancée, le jour est tout proche.

La loi combat le désordre par la condamnation, et garantit l’ordre,

La foi combat l’envers par la miséricorde, et garantit l’endroit.

Ai-je suffisamment d’éclairage intérieur

Pour découvrir tous les recoins de ma conscience.

La grâce agit, nous précède et l’amour nous pousse à dépasser

La peuplade des vices, au bénéfice de la multitude des vertus,

À transformer l’olivier sauvage en olivier franc.

La charité nous presse, le temps se fait court.

À travers les méandres de la vie

À travers les méandres de la vie

Se sont installés des moments de bonheur,

Ta présence fût des temps de joie

Qui restent gravés dans mon cœur.

À travers les méandres de la vie

Se sont inscrits des désordres,

Des gestes, des pensées envahissant

Qui m’ont plongé dans les ténèbres, dans la mort.

À travers les méandres de la vie,

Des crises, des doutes de croissance, ont pris place,

Des ruptures insolentes ont suspendu l’élan.

Puis descendant en profondeur, je me suis retrouvé,

Uni et en harmonie avec Toi.

À travers les méandres de la vie,

J’ai succombé dans le feu de l’épreuve,

J’ai corrompu l’amour en haine,

Mais au son de la trompette, tu es venu sur les nuées du ciel.

À travers les méandres de la vie,

Tu es venu de loin me chercher, jour après nuit,

J’ai compensé les épines de discordance,

Je suis revenu sur le chemin de l’obéissance à la vie.

À travers les méandres de la vie,

Des temps de création, face à la multitude,

Ont transformé les éléments épars en levain,

Pour unir ce qui était dispersé, et te rendre grâce.

À travers les méandres de la vie,

Le bonheur sera mieux partagé en plénitude, entre nous tous.

Nomade, de chair et d’esprit

Nomades, nous parcourons les chemins de la vie,

Ceux de la compassion, de la communion, de la charité,

Nomades, nous parcourons les chemins de la mort,

Comme la convoitise, la jalousie, délaissant la crainte.

Puis séjournant, nous déroulons les événements depuis les origines,

Nous recourrons à la Parole, à l’harmonie de l’univers.Puis séjournant, nous accomplissons ce qui est écrit,

Fidèles aux actions de nos pères, pratiquant la concorde avec humilité.

De chair et d’esprit, nous sommes confrontés au réel,

De chair bonne, nos regards sont fixés sur les parfaits serviteurs,

De chair faible, nos chutes implorent le pardon,

Car le charnel est l’ombre d’une vérité d’ordre spirituel.

Néanmoins, le péché de l’esprit est plus grave que celui de la chair,

Toutes les fautes de la pensée, les rébellions de l’interprétation,

Ne sont que des ombres de la réalité, celle des Idées,

Celles de l’Esprit, jaillissant de l’amour, qui vient nous vivifier.

Alors mieux vaut se taire et être, que parler sans être,