Histoires d'enlèvements - Mireille Thibault - E-Book

Histoires d'enlèvements E-Book

Mireille Thibault

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Beschreibung

Il n’est rien de pire pour un parent que de voir disparaître son enfant sans jamais parvenir à savoir ce qui lui est arrivé. Au fil du temps, et malgré les avancées sociologiques, le nombre d’enlèvements, partout dans le monde, reste très élevé. Curieusement, ces kidnappings peuvent tout autant être perpétrés par des hommes et des femmes adultes que par des enfants ou des adolescents.
Les motivations des ravisseurs s’avèrent diverses et variées. Certains agissent pour le plaisir de commettre un crime, d’autres pour répondre à un besoin sexuel, par esprit de vengeance ou encore pour assouvir une pulsion de violence. Mais aussi nombreux que soient les mobiles, il est possible cependant de déterminer des modes d’action récurrents et plus ou moins ciblés, plus particulièrement de la part des kidnappeurs adultes. Une telle typologie peut mener à définir des modes de prévention à mettre en place afin de protéger leurs éventuelles victimes.
Mireille Thibault recense dans cet ouvrage 152 cas d’enlèvements en déterminant les motifs du passage à l’acte permettant d’appréhender les modes d’action des ravisseurs.

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© La Boîte à Pandore

Paris

http ://www.laboiteapandore.fr

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ISBN : 978-2-39009-391-6 – EAN : 9782390093916

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

Mireille ThibaultEthnologue

Histoiresd’enlèvements

Étude sur des enlèvements et séquestrations d’enfants et d’adolescents

Typologie des kidnappeurs

À Rose, Gwenaël, Erwan, Kilian, Jacob et Coralie

Il n’est au monde crime plus détestable ni plus monstrueux que le kidnapping… C’est un forfait d’autant plus diabolique qu’il oppose la force brutale à l’innocence, à la candeur, à l’ingénuité.

J. Edgar Hoover

FBI

Introduction

Cet ouvrage a pour but d’étudier des cas d’enlèvements et de séquestrations d’enfants et d’adolescents à travers diverses époques. Le but visé est de déterminer les éléments prédisposant à ces enlèvements espérant qu’une telle étude puisse permettre de mettre en lumière les facteurs de risque et d’ainsi contribuer à prévenir de tels crimes. Notre classification des procédés utilisés par les kidnappeurs permettra d’établir une typologie de ceux-ci, favorisant ainsi l’analyse des données disponibles, puisqu’ils ne présentent pas tous un mode d’intervention semblable au moment de se saisir de leurs victimes. Étymologiquement, le terme kidnapping signifie enlèvement d’enfants, et les divers codes criminels en vigueur ont établi différentes distinctions et peines concernant un tel crime.

Depuis 2002, en France, le Code pénal stipule :

Art. 224-1 : Le fait, sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi, d’arrêter, d’enlever, de détenir ou de séquestrer une personne, est puni de vingt ans de réclusion criminelle.

Art. 224-5 : Lorsque la victime de l’un des crimes prévus aux articles 224-1 et 224-4 est un mineur de quinze ans, la peine est portée à la réclusion criminelle à perpétuité si l’infraction est punie de trente ans de réclusion criminelle et à trente ans de réclusion criminelle si l’infraction est punie de vingt ans de réclusion criminelle.

Les articles 428 à 430 du Code d’instruction criminelle belge concernent l’enlèvement d’un mineur. L’article 428 stipule :

I.Quiconque aura enlevé ou fait enlever un mineur de moins de douze ans sera puni de la réclusion de cinq ans à dix ans, quand bien même le mineur aurait suivi volontairement son ravisseur.

II.Quiconque aura, par violence, ruse ou menace, enlevé ou fait enlever un mineur de plus de douze ans ou toute personne dont la situation de vulnérabilité en raison de l’âge, d’un état de grossesse, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou mentale était apparente ou connue de l’auteur des faits, sera puni de la réclusion de cinq ans à dix ans.

III.La peine sera la réclusion de quinze ans à vingt ans si l’enlèvement ou la détention du mineur enlevé ou de la personne visée au § 2 a causé, soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente physique ou psychique, soit la perte complète de l’usage d’un organe, soit une mutilation grave.

IV.Si l’enlèvement ou la détention ont causé la mort, la peine sera la réclusion de vingt ans à trente ans.

Article 429 : Sera puni des mêmes peines que l’auteur de l’enlèvement, quiconque gardera un mineur ou une personne vulnérable visée à l’article 428, § 2, qu’il sait avoir été enlevé.

Article 430 : Dans les cas visés par les articles 428 et 429 à l’exception des cas visés à l’article 428, § 4 et 428, § 5, la peine sera d’un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d’une amende de deux cents euros à cinq cents euros, si dans les cinq jours de l’enlèvement, le ravisseur ou la personne visée à l’article 429 a restitué volontairement le mineur enlevé ou la personne vulnérable enlevée.

Le Code pénal suisse quant à lui mentionne :

Art. 220 : Enlèvement de mineur

Celui qui aura soustrait ou refusé de remettre un mineur au détenteur du droit de déterminer le lieu de résidence sera, sur plainte, puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire.

Le Code criminel canadien pour sa part contient les articles suivants :

279. (1) Enlèvement - Commet une infraction quiconque enlève une personne dans l’intention :

Soit de la faire séquestrer ou emprisonner contre son gré ;

Soit de la faire illégalement envoyer ou transporter à l’étranger, contre son gré ;

Soit de la détenir en vue de rançon ou de service, contre son gré.

280. (1) Enlèvement d’une personne âgée de moins de 16 ans - Quiconque, sans autorisation légitime, enlève ou fait enlever une personne non mariée, âgée de moins de seize ans, de la possession et contre la volonté de son père ou de sa mère, d’un tuteur ou de toute autre personne qui en a la garde ou la charge légale est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans.

281. Enlèvement d’une personne âgée de moins de 14 ans - Quiconque, n’étant pas le père, la mère, le tuteur ou une personne ayant la garde ou la charge légale d’une personne âgée de moins de quatorze ans, enlève, entraîne, retient, reçoit, cache ou héberge cette personne avec l’intention de priver de la possession de celle-ci le père, la mère, le tuteur ou une autre personne ayant la garde ou la charge légale de cette personne est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans.

Par ailleurs, si un meurtre est commis suite à un enlèvement, le Code criminel mentionne :

231. (5) Détournement, enlèvement, infraction sexuelle ou prise d’otage - Indépendamment de toute préméditation, le meurtre que commet une personne est assimilé à un meurtre au premier degré lorsque la mort est causée par cette personne, en commettant ou tentant de commettre une infraction prévue à l’un des articles suivants :

a.l’article 76 (détournement d’aéronef) ;

b.l’article 271 (agression sexuelle) ;

c.l’article 272 (agression sexuelle armée, menaces à une tierce personne ou infliction de lésions corporelles) ;

d.l’article 273 (agression sexuelle grave) ;

e.l’article 279 (enlèvement et séquestration) ;

f.l’article 279.1 (prise d’otage).

En Amérique, le processus appelé Alerte Amber est bien connu, mais moins le cas qui est à l’origine de sa mise en place. Amber Hagerman est née le 26 novembre 1986. Le 13 janvier 1996, la fillette circule à vélo, en compagnie de son frère Ricky, près de la maison de leur grand-mère à Arlington, lorsqu’un voisin voit un homme enlever Amber et la jeter sur le banc de sa camionnette avant de s’enfuir avec l’enfant. Le kidnappeur est décrit comme un homme blanc ou hispanique conduisant un camion de collecte noir. La radio locale et les stations de télévision couvrent l’événement afin d’aider à retrouver l’enfant, mais ce n’est que quatre jours plus tard que son corps nu, à part une chaussette blanche, est découvert par un passant dans un fossé à quelques kilomètres de la maison de sa grand-mère. La victime a été égorgée. Son meurtre ne sera jamais élucidé, mais de ce drame est né le Plan Amber, mis en place en 1996, puis l’Alerte Amber, instituée au Canada, qui a pour but de diffuser rapidement, dans tous les médias ainsi que dans les gares et sur les autoroutes, un avis de recherche suite à la disparition d’un enfant.

Contrairement à l’idée reçue, les kidnappings d’enfants ne sont pas que le fait d’hommes adultes pédophiles, et nous débuterons notre étude par des cas d’enfants kidnappés par d’autres enfants ou encore par des adolescents. Nous poursuivrons par des cas de ravisseurs adultes s’en prenant à des enfants, puis de semblables criminels s’attaquant à des adolescents. Des cas de ravisseurs exigeant une rançon, puis des cas de kidnappings de nourrissons, d’enlèvements par des tueurs en série ainsi que des cas d’enfants et d’adolescents séquestrés par leur ravisseur seront ensuite étudiés. La diversité de ce type de crimes est donc beaucoup plus étendue que nous pourrions le soupçonner ; c’est pourquoi une catégorisation de ceux-ci permettra une meilleure compréhension du phénomène. Les cas mentionnés sont présentés chronologiquement, permettant ainsi de déterminer si les circonstances précédant l’enlèvement se sont modifiées au fil du temps. Les cas de kidnappeurs d’âge mineur ont été catégorisés selon la motivation du jeune criminel, permettant de cerner davantage ce qui pousse ce groupe de délinquants au passage à l’acte. Les kidnappeurs adultes cependant ont été classés selon les caractéristiques de leur mode d’action et se sont vu attribuer une appellation correspondante, permettant ainsi une information rapide et clarifiée concernant leur procédé. Dans l’ensemble, cet ouvrage explore 152 cas d’enlèvements, ce qui semble suffisant pour établir une classification du phénomène des kidnappings ; prenez note que nous ne traiterons pas de cas d’enlèvements parentaux, qui se réfèrent à une tout autre dynamique.

Chapitre 1 : Enlèvements par des enfants et des adolescents

Kidnapper et tuer pour le plaisir

Harold Jones

Le 6 février 1921, le corps de Freda Burnell, 8 ans, disparue la veille, est retrouvé près d’un commerce d’Abertillery, au pays de Galles, où elle avait effectué quelques achats. Harold Jones, 15 ans, qui attendait la fillette à sa sortie, sera arrêté pour son meurtre, mais acquitté. Deux semaines après la libération de Jones, le corps de Florence Irene Little, 11 ans, est découvert dans le grenier de Jones. L’adolescent confesse alors les meurtres de Freda et de Florence et écope de la prison à vie, échappant à la peine de mort car il est âgé de moins de 16 ans. Il aurait d’ailleurs avoué ses crimes avant d’avoir atteint cet âge pour éviter une telle sentence. Condamné à être détenu selon le bon vouloir de Sa Majesté, Harold Jones est libéré en 1941 pendant la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle il sert dans les commandos de la Marine Royale. On perd ensuite sa trace, bien que l’écrivain Neil Milkins suggère qu’il soit en fait le tueur en série connu sous le nom de Jack the Stripper, lié aux meurtres de six prostituées assassinées à Londres entre février 1964 et février 1965. Une information mentionne toutefois que Jones serait décédé en 1971 d’un cancer des os.

Mary Flora Bell

Le 11 mai 1968, un petit garçon âgé de 3 ans joue dans la cour de l’immeuble à appartements qu’il habite dans un quartier populaire d’Angleterre. Ses parents le perdent de vue pendant environ une demi-heure avant de s’inquiéter de son absence. Des recherches sont aussitôt entreprises et l’enfant est découvert derrière un hangar. Il est bien mal en point et semble confus. Le petit John G. porte plusieurs ecchymoses et parait avoir été fortement malmené. Il est cependant incapable de raconter ce qui lui est arrivé. Le 25 mai 1968, un second enfant nommé Martin Brown, âgé de 4 ans, est agressé à son tour dans le même quartier et retrouvé décédé derrière un immeuble en construction. La couleur bleue du visage de l’enfant laisse croire qu’il a été étranglé. Il porte également quelques traces de coups, des égratignures et quelques coupures sur le ventre. On apprend qu’il a été aperçu par des ouvriers du service de l’électricité, et il a été déterminé que le garçon avait circulé dans le quartier tout l’avant-midi de ce samedi matin fatidique. Le 31 juillet suivant, un autre enfant âgé de 3 ans, Brian Howe, est retrouvé par deux fillettes derrière les conteneurs à déchets de l’immeuble à appartements où a eu lieu le premier crime. Le corps est bleu et porte des traces de violence. Les fillettes, dont l’une est âgée de 11 ans et l’autre de 13 ans, rapportent avoir d’abord cru que l’enfant était malade et ont tenté de lui venir en aide. Mais devant son état manifestement sérieux, elles ont préféré le laisser sur place et aller chercher de l’aide. À l’arrivée des secours, l’enfant est décédé. Les deux fillettes témoins sont Mary Bell et Norma Bell, qui n’ont aucun lien de parenté. Elles sont immédiatement rencontrées par les policiers et ceux-ci, selon les marques laissées sur le cou de la petite victime, savent que l’agresseur est un autre enfant ou un adolescent. Mary désigne d’ailleurs une fille du quartier, âgée de 15 ans, qui pourrait être l’agresseur du petit Brian. La fillette et son amie déclarent avoir rencontré cette jeune fille peu avant de découvrir la victime. Les policiers apprennent que cette même adolescente est réputée pour consommer de la drogue et avoir des liens avec un groupe de jeunes peu recommandables. La jeune fille de 15 ans, désignée par les témoins, est rencontrée mais présente un alibi irréfutable.

Le comportement de Mary Bell, suite à ce dernier meurtre d’enfant, commence à intriguer. La fillette, entre autres, va rencontrer les parents de la petite victime et demander à voir Brian. La mère de ce dernier, tout endeuillée, lui répond que le petit garçon est mort. Ce à quoi Mary lui répond : « Je sais, je veux le voir comme ça, mort. » Effrayée, la mère de Brian n’ajoute pas un mot et referme la porte au nez de la petite fille. Mais par la suite, à chaque fois qu’elle croise Mary, car elles résident dans le même immeuble, celle-ci lui pose des questions concernant le petit garçon. Il vous manque ? Est-ce qu’il est encore bleu ? Bien que morbide, cette curiosité peut, somme toute, être considérée comme normale. Mme Howe parlera de la situation au père de la fillette, afin que celle-ci cesse de lui poser ce genre de questions, ce qui demeurera sans effet. Il est bien connu que la mère de Mary s’absente régulièrement ; plusieurs croient même qu’elle s’adonne à la prostitution. Le père, quant à lui, travaille sur des chantiers de construction et tente de s’occuper de ses trois enfants, mais ceux-ci sont le plus souvent laissés à eux-mêmes. La jeune Mary est de nature curieuse, s’exprime mieux que la plupart des enfants de son âge, mais est reconnue pour avoir un caractère emporté.

Pendant ce temps, l’enquête se poursuit et les policiers doivent admettre que tous ces crimes ont été commis par un enfant assez jeune et non un adolescent. Ils décident alors de relever les empreintes de Mary et de Norma à des fins de comparaison, car des empreintes ont pu être prélevées sur le corps du petit Brian. Les expertises désignent Mary, née le 26 mai 1957 et donc âgée de 11 ans, comme étant l’agresseur des enfants du quartier. À aucun moment de toute cette procédure, l’enfant ne s’est départie de son calme. Norma, quant à elle, accusée de complicité, s’effondre et doit être hospitalisée pendant que Mary est conduite dans un centre pour jeunes délinquants et gardée à l’écart des autres enfants plus âgés. Les policiers apprennent également qu’après la mort des deux enfants, une institutrice avait trouvé une missive dans laquelle un individu se vantait d’être responsable des meurtres. Il y était écrit : « J’ai tué les petits. Je recommencerai encore. Les enfants sont idiots et ne se rendent compte de rien. Même pas qu’ils meurent ». Comme l’écriture était enfantine, le professeur n’a pas cru avoir réellement affaire à l’agresseur, c’est pourquoi elle n’a pas jugé bon de mentionner l’incident aux policiers. Pourtant, une mèche de cheveux avait été jointe à la missive, ce qui aurait alerté les enquêteurs car ils étaient seuls à savoir, outre l’assassin, que la dernière petite victime avait eu quelques mèches de cheveux coupées. L’interrogatoire de Mary débute et elle ne se fait pas prier pour admettre que c’est un enfant qui a tué les petites victimes, mais elle accuse d’abord une jeune fille de 16 ans de son immeuble, puis un garçon de 12 ans du voisinage, et enfin sa copine Norma. Pendant ce temps, cette dernière, secouée de sanglots, raconte toute l’histoire en désignant la véritable meurtrière : Mary Flora Bell. Cette dernière avouera finalement avoir tué le petit Brian, mais revient ensuite sur ses aveux et prétend à nouveau que Norma est la véritable criminelle ; mais elle ne réussira pas à convaincre les policiers. Les aveux des deux fillettes, complétés par quelques vérifications effectuées sur les lieux des crimes, fournissent suffisamment de preuves pour inculper hors de tout doute Mary en tant qu’auteure de ces homicides. Les tests effectués par les psychiatres confirment que la fillette possède une intelligence supérieure à la normale, et ceux-ci sont particulièrement surpris par sa tendance coutumière à manipuler les gens. L’enquête des policiers révèle que Norma, bien que la plus âgée des deux fillettes, était entièrement sous la coupe de son amie. Mary rapporte avoir eu en main une lame de rasoir et avoir découpé le ventre des enfants afin de voir comment le sang coulait. « Ils étaient déjà morts alors ce n’était pas bien grave. J’aurais pu leur enlever la peau, qu’ils n’auraient rien senti. Quand on est mort, on est mort, alors c’est sans importance », affirmera-t-elle. La fillette avoue avoir coupé des cheveux sur la tête de Brian pour garder un souvenir de son geste. Mary Bell sera incarcérée puis libérée à l’âge de 23 ans et rencontrera un homme avec qui elle aura une fille.

Les enfants de Liverpool

Le 12 février 1993, deux jeunes garçons de 10 ans, Robert Thompson et John Venables, de Liverpool au Royaume-Uni, kidnappent le petit James Bulger, âgé de 2 ans, alors qu’il se trouve dans un centre commercial avec sa mère. Celle-ci s’aperçoit assez tôt de la disparition de son fils et alerte les autorités. Les caméras de surveillance permettent de constater que l’enfant est parti avec deux jeunes garçons qui le tiennent par la main. Ce fait semble rassurant au premier abord, mais cette impression s’éteint lorsqu’est découvert son petit corps mutilé, sur les rails d’un chemin de fer. James Bulger a été brutalisé, torturé, battu à mort et coupé en deux par le passage du train. Nous savons que les deux jeunes criminels voulaient s’amuser en agressant un enfant, et ils ont admis qu’ils s’étaient rendus au centre commercial pour, selon leurs propres termes… tuer du bébé. Ils avaient d’ailleurs tenté auparavant de kidnapper un autre jeune enfant dont la mère avait réussi à les arrêter à temps. Les deux enfants ont été reconnus coupables de meurtre et condamnés à la prison pour un temps illimité, c’est-à-dire jusqu’à ce que la justice soit certaine qu’ils ne représentent plus un danger pour la société. Ils ont tous deux été libérés en 2001 et se sont établis sous de faux noms. Il a été interdit à la presse d’Angleterre et du pays de Galles de révéler leurs nouvelles identités, mais plusieurs rumeurs à leur sujet ont circulé et il a été confirmé que l’un d’entre eux, le plus immoral et le meneur du duo, avait commis un crime suffisant (possession de matériel pédopornographique) pour être renvoyé derrière les barreaux.

Joe Clark

Chris Steiner réside à Baraboo dans le Wisconsin et est porté disparu le 4 juillet 1994. Les policiers constatent que la fenêtre de la chambre de l’adolescent a été forcée et que le tapis porte des traces de pas et de boue. Le corps de Chris sera retrouvé six jours plus tard au bord de la rivière Wisconsin, près d’une crique sablonneuse. Le médecin légiste est incapable de déterminer la cause de sa mort. Il semble que la victime n’ait pas été agressée ni blessée et ne porte pas de traces de strangulation. Le cadavre est cependant enflé en raison de son séjour dans l’eau, et on finit par classer l’affaire comme une noyade bien que la cause de la mort demeure indéterminée. Le 29 juillet 1995, un autre adolescent du même quartier, Thad Phillips, âgé de 13 ans, est kidnappé à l’aube chez lui alors qu’il dort sur le canapé du salon. Il s’est d’abord plus ou moins réveillé pour reconnaître près de lui Joe Clark, un ami de la famille âgé de 17 ans. Ce dernier vit dans la région et est reconnu par les policiers comme étant un fauteur de troubles. Les deux jeunes gens marchent ensuite ensemble pendant 1,5 km jusqu’à une maison abandonnée. Encore endormi, Thad ne sait pas trop ce qui se passe mais suit son ami. À l’intérieur, il commence cependant à s’inquiéter puisque Joe l’entraîne dans une chambre sale et délabrée. Il l’allonge ensuite sur le lit et le torture en lui tordant les chevilles jusqu’à les briser. L’agresseur abandonne ensuite l’adolescent pour se rendre au rez-de-chaussée. Thad réussit à descendre, mais Joe lui casse un fémur et avoue qu’il adore le bruit des os qui se brisent. Joe continuera à torturer l’adolescent pendant des heures pour ensuite le soigner à l’aide de bandages confectionnés avec des chaussettes et des bretelles. Puis il quitte la maison, considérant que sa victime est incapable de s’enfuir. Il y revient ensuite en compagnie d’une jeune fille, qui demeure un moment dans le salon avec lui avant de quitter les lieux. Puis, Clark découvre que Thad a réussi à se traîner jusqu’à la cuisine et le hisse à nouveau à l’étage où il recommence à le torturer. L’agresseur ressort ensuite, après avoir enfermé sa victime dans le placard de l’une des chambres. Thad y découvre une vieille guitare électrique qui lui servira à défoncer la porte. L’adolescent parvient à accéder à un téléphone à l’intérieur de la résidence et compose le numéro d’appel d’urgence avant de raconter sa dramatique situation. Les policiers se rendent rapidement à la maison abandonnée et le découvrent ; il a les deux jambes fracturées, est déshydraté et épuisé. Thad explique également aux policiers que Joe s’est vanté d’avoir fait d’autres victimes, dont Chris Steiner. Les enquêteurs retrouveront d’ailleurs une liste constituée par l’agresseur et sur laquelle figurent plusieurs adolescents de la région, sans aucun doute de futures victimes potentielles. Le cadavre de Chris Steiner est exhumé, et on découvrira effectivement sur son corps des fractures semblables à celle de Thad. Les parents de Clark tentent de soutenir que leur fils était à la maison le soir où Steiner a été assassiné, mais l’entourage confirme que ce dernier se glissait régulièrement hors de leur demeure lorsque ceux-ci dormaient. Le 7 novembre 1997, Joe Clark est condamné à la prison à vie.

Cinq enfants

Cinq enfants britanniques dont les âges varient de 11 à 12 ans sont arrêtés le 1er juin 2005, soupçonnés de tentative de meurtre sur un enfant de 5 ans dans le West Yorkshire. Les blessures du garçon, Anthony Brown, sont suffisamment graves pour supporter de telles accusations. Anthony a été découvert en fin d’après-midi la veille du 1er juin par son cousin de 22 ans, Tracey Jones, alors qu’il errait dans une zone boisée de la commune de Dewsbury. Le garçonnet était en état de détresse et présentait de graves blessures. Il affichait entre autres des marques au cou, provenant peut-être de l’utilisation d’une corde et pouvant correspondre à une ligature. L’enfant affichait également de nombreux hématomes sur tout le corps. Les cinq enfants agresseurs, soit trois garçons et deux filles, ont été mis en garde à vue le mercredi soir ; curieusement, aucun ne se connaissait ni ne connaissait la victime. Selon le père d’Anthony, Mark Hinchliffe, son fils a été enlevé alors qu’il jouait dans le jardin puis entraîné à l’écart pour y subir divers sévices.

Amardeep Sada

Amardeep Sada, 8 ans, réside dans le village de Begusaray dans l’État de Bihar en Inde où il sévit au cours des années 2006 et 2007. Il commet son premier meurtre à l’âge de 7 ans lorsqu’il étrangle sa sœur âgée de quelques mois à peine. Il s’en prend ensuite à une cousine âgée de 6 mois, puis frappe à coups de brique Kushboo, la fillette de 6 mois d’un voisin, après l’avoir enlevée. Sa famille parviendra à camoufler les deux premiers assassinats, mais le jeune Amardeep est ensuite dénoncé par des villageois et arrêté le 30 mai 2007. Interrogé par les policiers, le garçon se contente de sourire lorsqu’on le questionne sur ses forfaits et explique ainsi son dernier crime : « Elle dormait et je l’ai emportée à l’écart. J’ai pris une brique pour la taper au visage. Puis je l’ai enterrée ». Le jeune garçon sera détenu dans la ville voisine de Munger jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 18 ans.

Alyssa Bustamante

Le 21 octobre 2009, Alyssa Bustamante, une adolescente de 15 ans, étrangle, égorge et poignarde sa petite voisine de 9 ans, Elizabeth Olten, pour « savoir l’effet que cela fait de tuer quelqu’un », dira-t-elle aux enquêteurs. Elle a caché le corps sous un tas de feuilles dans un bois non loin de sa résidence, puis est rentrée chez elle pour décrire le macabre récit de ses actes dans son journal intime dans les termes suivants : « Je viens juste de tuer quelqu’un. Je l’ai étranglée, poignardée et égorgée. Je ne sais pas comment réagir (pour le moment). C’était incroyable. Après avoir dépassé l’étape «oh mon Dieu, je ne peux pas faire ça» c’était finalement très agréable. Je me sens nerveuse et tremblante. Ok, je dois aller à l’église maintenant », concluant cet écrit par un LOL. Rapidement interpellée, elle conduira les policiers au corps de la victime et leur montrera en plus deux trous qu’elle avait creusés dans la forêt quelques jours avant le meurtre pour y enterrer sa future proie. Alyssa Bustamante sera jugée devant un tribunal pour adultes, malgré son âge, suite à une décision d’un tribunal du Missouri, et un jury du Comté de Cole inculpera l’adolescente d’assassinat. Lors du procès, le procureur Mark Richardson l’a qualifiée de personne diabolique alors que son avocat, Kurt Valentine, a souligné son enfance difficile et entre autres ses problèmes de dépression. Alyssa a été confiée à sa grand-mère en 2002, et en 2007, elle a fait une tentative de suicide. Sous antidépresseurs depuis des années, l’adolescente s’infligeait des blessures volontairement, à tel point qu’à cette époque le tribunal pour enfants l’avait obligée à se couper les ongles car elle s’en servait pour se mutiler les bras. La jeune fille postait régulièrement des messages très sombres sur Twitter, allant même jusqu’à affirmer qu’elle devrait être enterrée. De plus, sur une présentation YouTube, elle indiquait que « tuer des gens et les découper constituait son hobby ». Avant de recevoir un verdict de prison à vie, l’adolescente de 18 ans a exprimé des regrets pour la première fois, disant que si c’était possible, elle reviendrait en arrière.

Cinq adolescents tueurs

En mai 2015, cinq adolescents âgés entre 11 et 15 ans sont arrêtés dans le nord du Mexique après le meurtre d’un garçon de 6 ans qu’ils auraient lapidé et poignardé avant d’enterrer son corps. Le cadavre de l’enfant a été retrouvé le samedi 16 mai, enfoui près d’un ruisseau. Le petit garçon avait disparu le jeudi soir précédent alors qu’il jouait avec des amis près de chez lui dans la banlieue de Chihuahua. Son cadavre a été localisé après les interrogatoires menés sur deux jeunes filles de 13 ans, deux adolescents de 15 ans et un garçon de 11 ans. Tous voisins, ceux-ci jouaient ensemble quand les plus vieux ont attaché le garçon de 6 ans et lui ont pressé un bâton sur le cou, ce qui l’a à moitié asphyxié. Quand il est tombé au sol, ils lui ont jeté des pierres, l’ont poignardé dans le dos, puis ont traîné son corps pour l’enterrer dans un endroit discret, le recouvrant de terre, de plantes et d’un cadavre d’animal pour le dissimuler. Les deux garçons de 15 ans seront poursuivis en justice, et les trois autres jeunes impliqués placés dans des centres d’accueil de l’État.

Conclusion

Ces enfants et adolescents ont tué un autre être humain pour le plaisir de faire souffrir et pour la curiosité de l’émotion ressentie en enlevant une vie. Certains ont agi de façon spontanée, d’autres avaient planifié leurs crimes. Leurs gestes s’apparentent à ceux de psychopathes adultes ; ainsi, Mary Bell a conservé une mèche de cheveux d’une victime tel un trophée, comme en accumulent plusieurs tueurs en série pour se remémorer leurs exploits. Aucun n’a décrit une réelle pulsion d’agir cependant, mais plutôt un désir d’exécuter un acte semblable à un moment ou un autre ; ou encore l’occasion, sans être recherchée, s’est présentée et la victime a été choisie au hasard. Ils ont tous fait preuve d’une cruauté sans nom, ne se contentant pas de tuer rapidement mais infligeant des sévices à leurs victimes, toujours choisies alors qu’elles étaient plus faibles qu’eux. Parfois, l’action s’est produite en groupe et un phénomène d’entraînement peut alors être évoqué, même avec des individus ne se connaissant pas au départ. La victime désignée n’a démontré aucune sinon peu de méfiance, sans doute en raison de l’âge ou de la familiarité présentés par leur agresseur, élément sans doute sur lequel comptaient justement ces jeunes criminels.

Kidnapper et tuer pour motif sexuel

Jesse Harding Pomeroy

Jesse Pomeroy est né en 1859 et réside à Boston. Il est le second fils de Charles et Ruth Pomeroy, une famille de la classe moyenne. La mère de Jesse s’aperçoit bientôt que ce dernier prend plaisir à torturer autant leurs animaux de compagnie que ceux du voisinage. Sa première victime humaine se nomme William Paine et est âgée de 4 ans.

Aux environs de Noël 1871, deux hommes déambulent près de Chelsea Creek lorsqu’ils entendent un faible gémissement et découvrent un jeune enfant, semi-conscient et à demi-nu, suspendu par les poignets dans un immeuble inoccupé. Le froid a rendu sa peau pâle et ses lèvres bleues, alors que ses mains sont violettes en raison des liens. Les hommes s’empressent de libérer l’enfant qui a été cruellement battu. Le bambin ne peut décrire son agresseur qui n’est autre que Jesse Pomeroy, alors âgé de 12 ans.

En février 1872, Tracy Hayden, 7 ans, est entraîné par Pomeroy sous la promesse de l’amener voir des soldats. L’agresseur attache l’enfant et le torture sans merci. Tracy Hayden survit, mais ne peut identifier son assaillant sinon signaler qu’il s’agit d’un jeune adolescent aux cheveux bruns. Au printemps 1872, Pomeroy s’attaque à un jeune garçon âgé de 8 ans, Robert Maier, à qui il promet de l’emmener voir le cirque Barnum. Comme les autres, il est maîtrisé et battu pendant que son agresseur se masturbe en le regardant souffrir. L’enfant est libéré avec la menace d’être tué s’il parle de sa triste aventure, mais l’état dans lequel il est retrouvé mène à ouvrir une enquête. Une chasse à l’adolescent s’ensuit dans les rues de Boston et la rumeur d’un jeune sadique à l’œuvre dans ce secteur de la ville se répand. Les journaux mentionnent la nouvelle, et les parents de la ville vivent dans la peur, exigeant des résultats de la part des autorités.

Jesse mène une autre attaque à la mi-juillet 1872, respectant un curieux cycle de 60 à 90 jours entre les agressions. Cette fois, c’est un garçon de 7 ans, dont nous ignorons le nom, qui est attiré par le jeune sadique. Une récompense de 500 $ (énorme pour l’époque) est promise à quiconque pourra fournir des informations sur l’adolescent criminel. C’est à ce moment que Ruth Pomeroy décide de déménager sa famille dans un autre secteur de Boston. Certains croient qu’elle a de sérieux doutes quant à la responsabilité de Jesse dans ces agressions ; cependant, tout au long de sa vie, et malgré ses doutes, elle se portera à la défense de son fils et refusera de croire qu’il puisse être l’auteur d’actes si cruels.

George Pratt, 7 ans, est ensuite approché par un adolescent qui lui offre 25 sous pour l’accompagner ; il s’agit de Pomeroy. L’enfant subira le même sort que les autres victimes, avec une escalade de violence dans les méfaits accomplis. Cette fois, Jesse mord les joues de l’enfant et lui déchire la peau avec ses ongles. Il abandonne ensuite George à son sort, sans oublier d’ajouter de nouvelles morsures sur les fesses de ce dernier avant son départ. Moins d’un mois plus tard, Harry Austin, 6 ans, est entraîné par Pomeroy qui, cette fois, en plus des tortures, poignarde l’enfant et tente de lui couper le pénis. Heureusement, il est dérangé par des gens qui approchent et ne peut compléter cette mutilation. Six jours plus tard, Joseph Kennedy, 7 ans, est attaqué à son tour et poignardé au visage. Six jours plus tard, c’est un garçon de 5 ans, Robert Gould, qui est victime du jeune psychopathe. Il est battu et frappé à la tête avec un couteau. Des travailleurs du chemin de fer qui arrivent sur les lieux font fuir l’agresseur, et cette fois, l’enfant donne un indice de plus au signalement : il mentionne qu’il s’agit d’un adolescent costaud avec des yeux blancs comme du marbre. En effet, Jesse Pomeroy a un bec-de-lièvre et un œil complètement blanc. La police de Boston, accompagnée de Joseph Kennedy, procède ensuite à des inspections classe par classe dans les écoles de la ville, tentant d’identifier l’agresseur de l’enfant. Pomeroy sera en fait arrêté par accident en septembre 1872. Pour une raison inconnue, Jesse se rend au poste de police où se trouve alors le jeune Kennedy, qui le reconnaît aussitôt ; cette reconnaissance est d’ailleurs réciproque. Pomeroy prend la fuite, mais est rapidement rattrapé. Après plusieurs heures de résistance, il avouera ses crimes. Au tribunal, ses victimes le reconnaissent, mais sa mère le défend en soutenant qu’il est un bon fils, travaillant et obéissant. Jesse s’excuse alors pour ses actes et dit qu’il ne peut se contrôler malgré ses efforts. Le juge le condamne à la détention à la maison de correction de Westborough jusqu’à l’âge de 18 ans. Sa mère, pour sa part, débute une campagne médiatique afin de faire libérer son fils qu’elle considère innocent de toutes ces accusations, l’estimant trop jeune pour avoir commis de tels crimes. Elle argue qu’il a été obligé de se dénoncer sous la menace des policiers et expédie des lettres à diverses autorités. Finalement, un investigateur se rend à la maison de Ruth Pomeroy pour l’examiner et découvre une femme active au travail, honnête et soigneuse. Le frère de Jesse, lui, est un bon citoyen. Il est donc décidé de confier Jesse à la garde de sa mère, qui lui assure un travail. Un an et demi à peine après avoir été condamné, le jeune psychopathe est donc libre, mais personne n’est alerté dans l’entourage immédiat des Pomeroy, ce qui aura des conséquences tragiques.

En mars 1874, Katie Curran, 10 ans, entre dans le commerce des Pomeroy pour acheter un calepin. Il est 8 h du matin. Jesse envoie le jeune garçon qui travaille en sa compagnie faire une course et dit à la fillette de le suivre afin qu’il lui montre l’objet demandé. Il lui tranche ensuite la gorge avec son couteau, puis dissimule le corps. Lorsque celui-ci sera découvert, il sera noté que le visage de la fillette a été sévèrement battu et que son abdomen et ses parties génitales ont été frappés sauvagement. Après le meurtre, Jesse se lave et remonte au magasin comme si rien ne s’était produit. La mère de Mary, alarmée par son retard, part à sa recherche, et connaissant la réputation de Jesse, se rend à la police après d’infructueuses recherches. Le policier, convaincu que Pomeroy est réhabilité, rassure la femme prétendant qu’il n’a rien à voir avec la disparition de sa fille. Mais le collègue de travail de Jesse confie à la mère de Katie avoir vu celle-ci au commerce. La mère de la jeune disparue retourne alors voir la police, qui décide enfin d’investiguer. Ruth Pomeroy est offusquée et hurle que tout le monde accuse Jesse sans savoir. Les recherches dans l’immeuble, étonnamment, ne permettront pas de retrouver le corps de cette victime.

Jesse éprouve ensuite des difficultés à trouver des proies, car les enfants, avertis à son sujet, se méfient. À un certain moment, l’un d’eux consent à le suivre néanmoins, mais un adolescent connaissant Jesse Pomeroy les voit ensemble et pousse un cri, ce qui permet à la victime désignée de s’enfuir. Néanmoins, en avril 1874, Horace Millen, 4 ans, rencontre l’adolescent, qui l’accompagne à la pâtisserie. Plusieurs témoins pensent qu’il s’agit de deux frères et n’interviennent pas. Pomeroy entraîne ensuite l’enfant dans un lieu discret où Horace est poignardé sauvagement, et cette fois, Jesse sait qu’il ne doit pas laisser de témoin. Fou de rage, Pomeroy le poignarde à répétition. La région génitale sera particulièrement touchée, l’agresseur ayant tenté de castrer sa victime. Le corps du garçon est rapidement découvert par deux jeunes frères jouant dans les environs. Les journalistes et autres observateurs se disent que Jesse Pomeroy serait un suspect idéal, mais n’est-il pas encore dans un centre de correction ? La police devra leur confirmer qu’il est bel et bien en liberté. Jesse est aussitôt arrêté malgré les hauts cris de sa mère, envers qui il soutient son innocence. Les policiers mènent l’enquête et accumulent rapidement des preuves physiques contre le jeune Pomeroy, qui continue de nier. Il craquera cependant lorsqu’il sera mis en présence du corps d’Horace Millen. Il s’excuse alors et demande de ne pas le dire à sa mère. La peine pour de tels crimes est la mort par pendaison, mais jamais le Massachusetts n’a exécuté auparavant un jeune âgé de 14 ans pour de semblables méfaits. Entre-temps, le nouveau propriétaire du bâtiment contenant le commerce des Pomeroy découvre le corps de Katie. Finalement, les autorités décident d’user de clémence envers l’adolescent, et il est mis en détention pour le reste de ses jours. Il tentera plusieurs fois de s’évader et sera mis en isolement jusqu’en 1917. Après plus de quarante ans de ce traitement, il est finalement conduit avec les autres détenus. En 1929, il a 71 ans et est transféré à la ferme de la prison dans l’indifférence générale ; il décède deux ans plus tard.

Don Wilburn Collins

Le 28 juin 1998, Don Wilburn Collins, 13 ans, attache à un arbre Robbie Middleton, 8 ans, avant de l’asperger d’essence et de mettre le feu à sa victime. Il aurait violé l’enfant deux semaines auparavant et voulu l’éliminer afin de s’assurer de son silence. Le garçon souffrira de brûlures très graves qui provoqueront un cancer de la peau, dont il décédera en 2011. Faute de preuve, Collins ne sera pas poursuivi pour le viol de Robbie. En 2001, âgé de 16 ans, Collins est emprisonné pour avoir agressé sexuellement un garçon de 8 ans. Il sera libéré le 5 septembre 2011. Cette année-là, un coroner relie la mort de Robbie Middleton aux sévices autrefois infligés par Collins, et il est inculpé de meurtre. Le 9 février 2015, il est condamné à quarante années de prison pour ce crime, mais son avocat se porte en appel de cette sentence.

Matthieu Moulinas

Le 18 novembre 2011 à 20 h 17, et après deux jours de recherches, le corps d’Agnès Marin, 13 ans, est retrouvé calciné à 90 % à quelques mètres du lycée Cévenol, à Chambon-sur-Lignon, où elle était interne. Bâillonnée, les mains attachées dans le dos, la jeune fille a été violée, frappée et lacérée de 17 coups de couteau. En juin 2013, c’est le procès de son agresseur, Matthieu Moulinas, âgé de 19 ans, un récidiviste qui était interne au même lycée au moment des faits. Trois ans plus tôt, il avait violé une jeune fille dans la région du Gard, où il demeurait à ce moment. Cette affaire sera jugée en même temps que celle d’Agnès. En août 2010, l’adolescent avait entraîné sa précédente victime, qui le connaissait depuis l’école primaire, dans un sous-bois, où il l’avait attachée à un arbre et violée sous la menace d’un couteau avant de la relâcher. Matthieu est alors décrit comme réservé, lunatique et est placé en détention provisoire. Le pédopsychiatre et expert auprès de la cour d’appel de Montpellier qui l’examine conclut à l’absence de dangerosité dans son cas. Le père de l’adolescent est enseignant et sa mère comptable, et tous deux lui préparent une nouvelle vie hors du Gard, où il est désormais interdit de séjour. Le seul établissement qui l’acceptera est le lycée Cévenol, où personne ne connaît son passé. La direction de l’établissement scolaire sait qu’il a eu des démêlés avec la justice, mais les parents de Matthieu ont parlé d’agressions sexuelles et non de viol. La direction dira n’avoir pas su tous les antécédents de l’adolescent, qui a frôlé l’exclusion dès sa première année pour avoir acheté de l’alcool et téléchargé des films pornographiques. La cour se demande comment ce garçon de 17 ans, issu d’une famille de Français moyens, aîné d’une fratrie de trois enfants, a pu basculer ainsi. Un an après le meurtre d’Agnès Marin, Matthieu Moulinas est incapable d’expliquer son geste et avouera que, si à chaque fois qu’il sentait venir une telle pulsion, il était passé aux actes, il y aurait eu plus de deux victimes dans son sillage. D’une intelligence normale, le jeune homme n’a aucune empathie pour ses victimes et se vante même de ses actes en prison. Sa dangerosité est majeure, et le sujet se projette déjà dans l’avenir en tant que récidiviste. Il sera condamné à la prison à perpétuité pour le viol et le meurtre d’Agnès Marin.

Le meurtre de Teresa Robinson

Le 5 mai 2015, Teresa Robinson, 11 ans, se trouve à une fête entre amies. Vers 21 h, elle doit rentrer chez elle à pied, mais n’arrivera jamais à sa résidence. Le drame se déroule dans la réserve manitobaine de Garden Hill située à environ 500 km au nord de Winnipeg, au Canada. Le corps de la fillette sera découvert six jours plus tard dans une région boisée en périphérie du territoire de la communauté. La partie supérieure du corps est manquante, ayant été rongée par les animaux. Le crâne est retrouvé à environ 9 mètres des restes, c’est pourquoi les personnes ayant découvert le cadavre ont d’abord cru à une attaque animale, mais l’autopsie a démontré qu’il s’agissait d’un homicide lié à une agression sexuelle. En février 2016, la Gendarmerie royale du Canada demande à environ 2 000 garçons et hommes de la réserve autochtone de fournir volontairement un échantillon d’ADN pour tenter d’élucider ce crime. Ces prélèvements mèneront à découvrir le meurtrier, soit un adolescent de 15 ans de la communauté. Il sera accusé de meurtre prémédité et se dira prêt à plaider coupable.

Conclusion

Jesse Pomeroy se masturbait lors de ses forfaits, ressentant face à ces tortures une véritable excitation sexuelle malgré son jeune âge. De même, les autres adolescents mentionnés dans cette section ont violé leur victime ; leur motif est donc évident. Ces individus ont développé des fantasmes violents auxquels ils ont répondu. Un tel passage à l’acte demeure exceptionnel chez une personne mineure, mais il convient de ne pas prendre à la légère de telles pulsions.

Kidnapper et tuer par vengeance

Constance Kent

Une vaste résidence campagnarde, située près de Frome dans le comté de Somerset en Angleterre, abrite le couple Kent et leurs sept enfants, dont quatre sont issus du premier mariage de M. Kent. Résident avec eux leur gouvernante, Elizabeth Gough, ainsi qu’une cuisinière et une femme de chambre. Le 30 juin 1860, le corps égorgé de l’un des plus jeunes enfants, Francis, âgé de 4 ans, sera retrouvé dans un cabinet d’aisance situé dans le jardin de la propriété. Le garçon a été enlevé dans sa chambre alors que portes et fenêtres étaient fermées et qu’aucune issue n’a été forcée. Le crime ne peut donc avoir été commis que par un habitant de la maison ou quelqu’un y ayant un complice. Les policiers de Londres sont appelés en renfort, et Scotland Yard se mêle de l’enquête. On soupçonne d’abord la gouvernante, mais on ne trouvera aucun motif pour expliquer sa conduite, ni preuve à son encontre ; elle est donc écartée des suspects potentiels. Puis, on soupçonne M. Kent. Finalement, les enquêteurs se concentrent sur la demi-sœur aînée de la victime, Constance, une étrange adolescente de 16 ans. Les experts de l’époque détermineront qu’elle a une tendance à la folie dissimulée sous des allures flegmatiques et présente des indices de jalousie morbide envers les enfants du deuxième lit de son père. Elle a eu l’occasion de commettre le crime, et l’une de ses chemises de nuit a disparu dans des circonstances suspectes. Selon le témoignage de la femme de chambre, ce vêtement a d’abord été déposé dans le panier à linge par Constance, puis l’adolescente a surgi dans la buanderie et écarté la domestique, lui demandant d’aller lui chercher un verre d’eau. La femme de chambre a ensuite constaté la disparition du vêtement, qui n’a pas été retrouvé. Les enquêteurs obtiendront un mandat d’arrestation contre Constance qui, traduite en justice, sera acquittée faute de preuves. Personne sur place cependant ne semble croire à son innocence, bien que la presse s’acharne contre le détective en charge de l’enquête – qui prendra sa retraite trois ans plus tard, apparemment brisé par cet échec. Outre Constance, ce dernier soupçonnait son frère William d’avoir participé au meurtre de l’enfant.

Cinq ans plus tard, en 1865, Constance Kent avoue le meurtre de son demi-frère. Elle dira avoir dérobé, quelques jours avant les faits, l’un des rasoirs de son père, puis enlevé l’enfant dans sa chambre pour l’emmener dans le cabinet d’aisance du jardin et lui trancher la gorge. Elle a ensuite lavé sa chemise de nuit dans sa chambre pour la déposer dans le panier à linge mais, craignant qu’il y reste des taches de sang, l’a reprise et brûlée discrètement. Constance Kent fut condamnée à mort, mais sa peine sera commuée en réclusion à perpétuité. Libérée en juillet 1885, après vingt ans d’emprisonnement, elle rejoint son frère William en Australie, avec qui elle vivra sous un faux nom. Devenue infirmière, elle mourut centenaire en avril 1944.

François Maison