Hors cadre - Christian Satgé - E-Book

Hors cadre E-Book

Christian Satgé

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Beschreibung

Parce que « la poésie est une union avec tous ou quelques-uns, et c'est aussi, hélas ! une solitude sans frontière » (Alliette Audra, Poèmes choisis, 1964), Christian Satgé invite les Muses dans son musée personnel pour y muser parmi quelques œuvres sans vernis. C’est sans artifice ni prétention, que ce jongleur de mots, amusé, avançant sur le fil ténu d’un temps éreintant, s’expose ici entre lyrisme et légèreté, sensibilité et sensualité, humeur et humour, valeurs et couleurs…

Au fil de ces pages, il vous propose de partager quelques vers en peignant des paysages intérieurs et en brossant des portraits vus par un humble voyageur immobile. Pour pigmenter sa vie, il les colore en mettant sa plume modeste, mais toujours loquace, au vent d’une inspiration capricieuse et s’amuse de ce que l’on ne voit plus à force de l’avoir sous les yeux. Car notre monde, qu’il a du mal à voir en peinture, toujours pressé, toujours pressant, ne sait hélas plus se regarder vraiment…

Venez donc, à vos minutes perdues, courir en toute liberté ses phrases, en glanant ici ou là, un instant de saison voire un moment de déraison où petites joies et menus plaisirs tentent d’égayer cette solitude partagée qu’est la vie en société et les profondes tristesses de notre époque si peu épique. Ce sont, un peu, ses « riches heures » à lui, qu’il aimerait ainsi partager par petites touches…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Toulousain de naissance, Pyrénéen d’adoption, Christian Satgé, jeune auteur cinquantenaire professe l’Histoire et prise la langue du bon J. de La Fontaine.

Ce rimeur solidaire sait toutefois que « la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas » (Fernando Pessoa) et vous convie, sans hauteur, à des tours et détours dans son petit monde de monts en « méchant écriveur de lignes inégales » selon les mots de ce démon d’Edmond.

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Table des matières
Du même auteur
PAYS SAGES
BROUILLARD SUR LES CRÊTES
DANS LES BRAS DE BOUKHARA
SANCTUAIRE
HIC & NUNC
PLUIE EN PLAINE
PAYS SAGE
UNE NUIT DES BEAUX JOURS
APRÈS-MIDI ESTIVAL
MA VALLÉE
DANS LES FORGES DE L’ENFER
VOUÉS AUX SABLES DE L’OUBLI
TONS D’OCTOBRE
LE VIEUX COUVENT
BOIS EMBRUMÉS
OTAGES DE L’ORAGE
CHAMPS D’AUTOMNE
DÉCEMBRE DANS LA SAMBRE
DEPUIS MA CHAMBRE
L’HIVER EST LÀ !
PIÈGE DE NEIGE
PAYSAGE ASSOUPI
TRÈS PORTRAITS
AIGRES MARINES
REMERCIEMENTS

 

 

Christian Satgé

HORS CADRE

Préface de Françoise Pauly

Du même auteur

– Petites fables affables… des champs d’en face

5 Sens Édition, décembre 2019

 

 

À mes enfants…

 

D’après deux vers de Delolly (Oliver Delabre)

et avec son consentement.

 

Le froid vous attendra

Non ne vous hâtez pas

Profitez du printemps

De la brise de l’instant

Respirez ses parfums

Avant qu’ils soient défunts

 

La pluie attendra

Non ne vous pressez pas

Vivez donc votre été

Ses joies et ses gaietés

Ses chaleureux moments

Échos du firmament

 

Le gris vous attendra

Ne vous dépêchez pas

Jouissez des couleurs

D’automne sans pâleur

De la douceur d’un temps

Encore palpitant

 

Car l’hiver viendra

Jà il presse son pas

 

PRÉFACE

« Écrire une préface ? Quel exercice convenu ! » Vous le croyez, ça ? C’est peut-être vrai… mais quand, comme moi, on connaît depuis plus de vingt ans celui qui a commis l’œuvre, c’est surtout un plaisir.

 

J’ai d’abord connu et apprécié le jeune collègue, professeur passionné et passionnant, qui faisait vivre l’Histoire avec verve et humour.

 

Un peu plus tard, j’ai découvert l’impénitent rimeur qui soulignait de ses vers les travaux d’un complice, professeur d’Arts Plastiques de son état et créateur pour notre plaisir ; car ce fut un plaisir que de prêter ma voix aux textes de Christian pour exalter les œuvres de Marc.

 

Entre Christian et moi, l’amitié est faite de beaucoup de partages, à l’occasion d’événements de nos vies – heureux ou non ; un partage au fil du temps, semaine après semaine, en toute fidélité. Depuis longtemps, Christian m’apporte tout ce qu’il écrit, que je découvre avec bonheur et annote avec sévérité.

 

Je me suis réjouie avec lui de la publication de son recueil de fables, qui célèbre un genre à la fois ancien et intemporel qu’il affectionne particulièrement.

 

L’autre corde à l’arc du fabuleux fabuliste, c’est la poésie. Par définition, le poète est LE créateur par excellence, selon l’étymologie grecque du mot.

 

Christian crée des atmosphères, des mondes, des univers. Il aime les mots, leurs sonorités, il les choisit parfois rares ou vieillis, avec gourmandise. Il fait écho à d’illustres prédécesseurs ; il y a parfois chez lui du Charles d’Orléans, du Clément Marot, du Ronsard… Excusez du peu ! Mais il en est nourri. Et je le reconnais bien dans ces quelques vers :

 

« J’ai chaussé des semelles

De sable que le vent

Entraîne trop souvent

Où sons et sens s’emmêlent

En entrelacs savants. »

 

Amoureux de la chanson française, qu’il connaît sur le bout des doigts, il aime aussi les rythmes, les audaces de versification, les acrobaties de rimes, les accointances de sons, écoutez : « Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs. » Il n’oublie pas d’adresser des clins d’œil à G. Brassens, à J. Brel, à Renaud… Bref, il est un vrai poète qui nous prend par la main et nous invite à visiter son domaine.

 

Paysages vus ou rêvés, magnifiques portraits de femmes (celles qui souffrent, qui luttent, qui résistent : « Pieds nus dans la boue de la rue / Elle quête de quoi survivre »), souvenirs de jeux ou de rêves d’enfant : « Robinson désolé attendant son goûter / Pirate isolé au mât d’un marronnier sage », évocation d’amours adolescentes ou nostalgie du parasol des vacances passées : « Roue blanche aux stries d’azur, cercle au motif floral / Coupole or et sang ou corolle émeraude », tout ce qui fait que la vie défile dans ces textes qui parlent à chacun de nous.

 

J’espère que, comme moi, vous aimerez suivre Christian dans ses déambulations poétiques, et que la musique de ses vers vous accompagnera longtemps.

 

En guise de viatique avant votre lecture, je ne résiste pas à vous chuchoter à l’oreille deux vers de mon poème préféré :

 

« De ses saveurs salées, sensuel, il essouffle

La vertu obstinée de la grève sauvage… »

 

Françoise Pauly (Argelès-Gazost, février 2020)

 

PAYS SAGES

BROUILLARD SUR LES CRÊTES

Cycle pyrénéen

 

Pudique comme une vierge biblique, la brume embrouillée jette un voile mouillé et vaporeux sur une gorge nue offerte aux nues. Elle cache dans un coton uni et nébuleux un vallon profond et ses frondaisons fleurant les fruits de saison ; elle couvre d’un drap fluide et humide des ballons aux rondeurs provocantes et y perle doucement ses pleurs en rosée d’aurore.

Dans la moiteur de la brume embuée de nuages, le relief semble dévoré par une onde blafarde qui esquisse et gomme ses courbes, estompe et aquarelle ses couleurs. Accrochée, elle écrête les sommets mamelonnés et transpire un ciel de sueur fraîche et pénétrante. Attachée, elle étête les crêtes discrètes et coiffe les pics effilés d’une chevelure filasse qu’emmêle le vent qui s’y mêle. Elle encapuchonne les monts d’écume immaculée et mouvante où se claquemurent les murmures et les fadaises d’un soleil affadi.

DANS LES BRAS DE BOUKHARA

Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs

Loin des persifleurs écornifleurs

Qu’on la prenne ou même qu’on la vende

Toquade caprice ou bien passade

Boukhara-la-Belle est femme est fleur

Terre de provende ocre et lavande

Où l’azur s’invite à cent façades

Éclats éclos céleste ambassade

 

Ce nénuphar posé sur les flots

Calmes du désert est un îlot

De paix, salvateur, une Cythère

Que jamais ne corrompit le temps.

Ce frais paradis d’Allah sur terre,

Pour tant de califes, de sultans,

Dévoile ses rondeurs généreuses,

En dômes aux nuances heureuses.

Elle offrit des délices discrètes

Et, en maîtresse expérimentée,

Ouvrit ses portes les plus secrètes,

Tout en langueurs, en charmes bleutés.

 

Terre de provende ocre et lavande

Où l’azur s’invite à cent façades

Éclats éclos céleste ambassade

Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs

Loin des persifleurs écornifleurs

Qu’on la prenne ou même qu’on la vende

Toquade caprice ou bien passade

Boukhara-la-Belle est femme est fleur

 

Sur une route où tant on brigande,

Cette sœur aînée de Samarcande,

Fille d’oasis, sans khôl ni fard,

N’en déplaise aux vizirs, aux eunuques,

N’a jamais eu le teint blanc-blafard

Des villes où l’on tranchait des nuques

Pour le plaisir d’imams, de mollahs…

Ici, voyageurs, marchands et fellahs

Trouvent un vert et soyeux refuge,

Jouissant de ce joyau joyeux :

Ombres jamais sombres, Dieu, qu’on en juge,

Réjouissent l’âme, le cœur, les yeux…

 

Terre de provende ocre et lavande

Où l’azur s’invite à cent façades

Éclats éclos céleste ambassade

Qu’on la prenne ou même qu’on la vende

Boukhara-la-Belle est femme est fleur

Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs

Loin des persifleurs écornifleurs

Toquade caprice ou bien passade

SANCTUAIRE

Il est, dans ces bois touffus, je me rappelle

Sous une pluie de roses sang, une chapelle

Oubliée à la Vierge, hélas, mutilée…

 

Vandales d’hier ou bien contemporaine

Racaille l’ont brisée et l’ont maculée,

Dans sa solitude sylvestre de reine.

 

Murs effacés, toit effondré, son autel

Livré au lierre reçoit, matin, l’offrande

Des oiseaux et sert aux écureuils d’hôtel

Dans ses couleurs et ses saveurs odorantes.

 

L’allée ombrée, esquissée, n’est empruntée

Que par les chevreuils égarés qui cheminent,

Loin des chasseurs que l’automne dissémine,

Pour prier dans ce lieu empreint de piété…

HIC & NUNC

La ville s’endormait

Dans les parfums de mai

Que drapaient d’un noir d’ombre

Les plis de la pénombre

Dans ce manteau aimé

Les rues enfin calmées

Hument tout leur saoul nombre

De ces senteurs si sombres

 

La ville s’endormait

Dans les parfums de mai

Que drapaient d’or et d’ambre

Les fenêtres des chambres

Le silence lamé

Des rues désembrumées

S’offre en piquant gingembre

Titillant cœur et membres

 

La ville s’endormait

Dans les parfums de mai

PLUIE EN PLAINE

Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic.

Les nues d’un grain noir sont pleines

Quand la pluie que, seul, j’épie,

Picote la plume aux pies

Et plie l’épi dans la plaine.

Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic.

Elle tombe, en paix, sans peine,

Cette pluie-là que j’épie

Et qui picore, c’est bien pis,

Lasse, et mes plaies et mes peines.

 

Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic.

Car cette pluie plisse et pique

Mes yeux soudain tout emplis,

En donnant, comme on supplie,

À mon dépit la réplique.

Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic.

Les cieux au soir, sans répit,

Pleurent sur tous les replis

De mon cœur, et sur leurs plis,

Dans mon âme bien tapis.

 

Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic, Ploc, Plic.

Alors, mes yeux, à la peine,

Pleuvent, en coupes remplies,