Innover sans Œillères - Rachel Audigé - E-Book

Innover sans Œillères E-Book

Rachel Audigé

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Beschreibung

Quand les organisations échouent à reconnaître et à traiter les biais, c’est comme si elles innovaient avec des œillères ; leur champ de vision sera limité. Le risque est qu’elles passent à côté des idées plus inventives, plus inclusives et plus ingénieuses.

Nous ne serons jamais débarrassés des biais mais INNOVER SANS OEILLERES explore les pistes à suivre afin que nous puissions devenir des innovateurs plus efficaces en faisant de notre pensée créative un processus plus conscient. C’est en identifiant les biais que nous allons pouvoir les dompter.

Découvrez quelques-unes des œillères et explorez « Un autre regard » afin de les briser or même de les utiliser à votre avantage.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Rachel Audigé est une animatrice et formatrice expérimentée dans le marketing et l’innovation. Sa passion est d’aider les personnes et les équipes à dénicher, promouvoir et capturer de la valeur de manière inattendue en utilisant des ressources existantes.

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Publishroom Factory

www.publishroom.com

ISBN : 978-2-38454-980-1

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Droits d’auteur © Rachel Audigé 2024.

Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans des systèmes de récupération, ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopié, enregistré ou autrement, sans la permission préalable du propriétaire des droits d’auteur.

Ce livre utilise des études de cas et des histoires réelles. Les noms et les détails d’identification ont été omis ou modifiés pour protéger la vie privée individuelle et la confidentialité de l’entreprise.

rachelaudige.com innoversansoeilleres.comShadowboarding.com.au Shadowboard.com.au

#créativité #LaCréativitéAimeLesContraintes

Innover sans œillères

LES BIAIS BIZARRESQUI BRIDENT LA PENSÉE CRÉATIVEET COMMENT LES DOMPTER

Écrit par Rachel Audigé

Adaptation par Violaine Berthon & Thierry Hardy

INNOVER SANS ŒILLÈRES

« Explorez de manière divertissante et instructive les obstacles à l’innovation en entreprise avec Rachel Audigé. Elle nous encou-rage à abandonner nos préjugés, nos œillères et à mieux regar-der les ressources à notre disposition. Soyez prêts à être étonnés par les solutions qui étaient là, sous votre nez ! Un incontournable pour les ingénieurs susceptibles de tomber dans ce piège de la fixité. Après cette lecture ludique, vous découvrirez comment vous limiter pour innover de façon illimitée grâce à la méthode SIT et vous aurez toutes les clés pour surmonter l’immobilisme et embrasser le changement. »

Thierry Favier, SNCF - Directeur DataCenter et Cloud 

« Innover dans le monde de l’ingénierie et de l’industrie c’est uti-liser des outils d’ingénieurs comme l’analyse fonctionnelle, l’ana-lyse de la valeur, le re-engineering, le Lean management, etc. Mais ce ne sont pas ces outils qui ont créé des Apple, Amazon ou Tesla. Le grand intérêt du livre de Rachel Audigé est qu’il traduit les apports de la psychologie comportementale en une boite à outils opérationnelle et rigoureuse… comme l’aiment les ingénieurs ! »

Jean Coldefy, Président du Conseil scientifique de France Mobilités (Ministère des Transports)

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INNOVER SANS ŒILLÈRES

« Explorez de manière divertissante et instructive les obstacles à l’innovation en entreprise avec Rachel Audigé. Elle nous encou-rage à abandonner nos préjugés, nos œillères et à mieux regar-der les ressources à notre disposition. Soyez prêts à être étonnés par les solutions qui étaient là, sous votre nez ! Un incontournable pour les ingénieurs susceptibles de tomber dans ce piège de la fixité. Après cette lecture ludique, vous découvrirez comment vous limiter pour innover de façon illimitée grâce à la méthode SIT et vous aurez toutes les clés pour surmonter l’immobilisme et embrasser le changement. »

Thierry Favier, SNCF - Directeur DataCenter et Cloud 

« Innover dans le monde de l’ingénierie et de l’industrie c’est uti-liser des outils d’ingénieurs comme l’analyse fonctionnelle, l’ana-lyse de la valeur, le re-engineering, le Lean management, etc. Mais ce ne sont pas ces outils qui ont créé des Apple, Amazon ou Tesla. Le grand intérêt du livre de Rachel Audigé est qu’il traduit les apports de la psychologie comportementale en une boite à outils opérationnelle et rigoureuse… comme l’aiment les ingénieurs ! »

Jean Coldefy, Président du Conseil scientifique de France Mobilités (Ministère des Transports)

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« Voici donc un ouvrage qui traite d’un sujet auquel nous avons tous été confrontés sans en avoir vraiment conscience et/ou sans pouvoir y apporter de solutions : la pensée bridée par les œillères. Rachel Audigé nous fait prendre conscience de ces biais de façon concrète en les illustrant par des situations pré-cises et vécues, souvent riches d’instructions. Elle nous aide à dépasser ces barrières en nous faisant prendre conscience qu’elles existent spontanément en chacun de nous et nous fait bénéficier de son double regard culturel franco-australien.Loin des ouvrages trop techniques, trop didactiques et souvent éloignés de ce qui peut être vécu en entreprise, Innover Sans Œillères relève allègrement le défi de la mise en pratique au quotidien. Merci à Rachel Audigé pour cette piqûre de rappel : être capable d’étonner et se laisser surprendre ! »

Vincent LE QUELLEC, Directeur Administratif SIXENSE - Groupe VINCI

« J’ai bien aimé la façon créative qu’a Rachel Audigé d’explorer chaque biais avec des exemples à l’appui. C’est un ouvrage à la fois amusant et bien utile et j’applique déjà beaucoup des concepts et techniques qu’elle propose. »

Tyler Hill, Équipe de développement durable, Tonkin Engineering

« Rachel Audigé est une excellente coach en innovation, facilita-trice et femme d’affaires. Ses années chez Bayer l’ont transfor-mée en consultante pragmatique et directe. Je n’hésiterais pas à travailler à ses côtés. »

Drew Boyd, co-auteur de Inside the Box : A Proven System of Creativity for Breakthrough Results

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« Désapprendre. Repenser. Rachel Audigé aborde notre capacité cognitive fondamentale et, quelle que soit la taille du groupe avec lequel elle travaille, elle peut amener chaque personne à considérer et à remettre en question sa « pensée par défaut », laquelle, dans la plupart des cas, est un véritable frein à l’inno-vation. J’ai eu le plaisir de voir Rachel prononcer des discours d’ouverture et animer des ateliers : elle est captivante, énergique, professionnelle et apporte quelque chose de tout à fait unique et frais au processus d’innovation. Son expérience personnelle en tant qu’intrapreneur ajoute également une énorme valeur car elle comprend vraiment ce à quoi les leaders de l’innovation sont confrontés et comment les soutenir. »

Janett Egber, catalyseur et fondatrice de la League of Intrapreneurs

« Rachel Audigé est une facilitatrice exceptionnelle - authen-tique, dynamique, passionnée et extrêmement bienveillante. J’ai adoré travailler avec elle, explorant des méthodes créatives avec des étudiants du Bachelor of Creative Intelligence and Innovation. J’espère que nous aurons l’occasion de travailler à nouveau ensemble bientôt - elle est la meilleure ! »

Bem Le Hunte, professeure et directrice de programme, Bachelor of Creative Intelligence and Innovation

« Rachel Audigé est une experte dans son domaine : compé-tente, pragmatique et axée sur l’action. Elle transforme la théorie en application pratique d’outils, de techniques et de stratégies qui font avancer considérablement la capacité d’innovation des équipes. La crédibilité est l’un des mots qui me viennent à l’es-prit lorsque je pense à Rachel : elle est habile à naviguer dans l’espace de l’innovation et à obtenir des résultats tangibles. »

Olga Cuesta, directrice de l’innovation, Naked Ambition

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« Rachel Audigé est une penseuse efficace, éloquente, élégante et puissante. Elle a la capacité à discerner rapidement ce qui est primordial. En tant que conférencière et facilitatrice, je l’ai vue changer la façon de penser d’une salle à la vitesse de l’éclair. C’est la compétence de l’ère accélérée du changement expo-nentiel. Embauchez-la. #brillante »

Louise Karch, auteure de NameFluence: How to Brand for Success

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Sommaire

Remerciements

Avant-propos

Introduction

Les Œillères

LE CLAN DES PRÉJUGÉS QUI NOUS BRIDENT

1. Le biais « Je ne suis pas créatif »

2. Treize idées à la douzaine

3. Le biais du chèque enblanc

LA FAMILLE DU SUR PLACE

4. La structurefigée

5. La fixité fonctionnelle

6. La fixité relationnelle

LA FAMILLE DES EMPÊCHEURS DE TOURNER EN ROND

7. Le biais du statuquo

8. L’effetPiPPO

LA FAMILLE DES CHEVRONNÉS

9. Le biais de l’instrument émoussé

10. L’effet « Je sais tout »

11. Le paradoxe de l’intelligence

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LA FAMILLE DE LA PENSÉE RESTREINTE

12. Le biais à l’envers

13. Le biais de la similitude

14. L’effetIKEA

15. Le biais du jeu à sommenulle

LE CLAN DES PENSÉES TENACES

16. Le biais pro-tech

17. Le mythe duhéros

18. La fallacieuse théorie de l’échec rapide

19. L’obsession de la disruption

20. À vous de prendre lesrênes

Bibliographie

Lectures recommandées

À propos de l’auteur … et des collaborateurs

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Remerciements

À l’équipe de Tel-Aviv qui a nourri mon envie de penser diffé-remment et m’a donné un ensemble d’outils et une mentalité radicalement différente pour le faire. Merci, Amnon Levav, pour votre contribution, vos relectures et votre confiance depuis de nombreuses années.

À toutes les entreprises qui ont travaillé avec moi pour libérer une créativité plus consciente dans leurs équipes

À Streicher Louw qui a passé de nombreuses heures avec moi pour être un déchiffreur de sens, un conseiller et une source d’excellentes idées.

À Violaine Berthon qui a su transcrire mon esprit en assurant la réécriture, le lissage rédactionnel et l’harmonisation de la version française.

À Thierry Hardy qui a injecté son esprit créatif et son humour pour revoir les termesclés.

À Sean Brady qui m’a captivée avec ses histoires.

À la talentueuse Bem Le Hunte qui m’a appris à être plus irré-vérencieuse avec les méthodes de créativité.

À mon illustrateur, David Francis, qui a donné vie à ces bizar-reries ainsi qu’à Ally Moylan.

Et à l’équipe de Publishroom.

À mes parents, Ron et Margaret Withington, qui ont fait en sorte que les mots comptent pour moi.

Et à mon mari, Eric, et à nos trois enfants, Manon, Sabine et Benji, à propos desquels je ne donne aucune excuse pour ma partialité.

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AVANT-PROPOS

Si vous avez déjà conduit une voiture qui tire légèrement vers la gauche ou légèrement vers la droite, vous avez expérimenté les effets réels de distorsion. Bien que discrets sur le moment, ces effets s’accumulent avec le temps et, à moins que vous ne les corrigiez délibérément, ils représentent un véritable risque de vous conduire dans le fossé.

Les biais cognitifs décrits dans ce livre fonctionnent de manière similaire. Ils tirent notre pensée légèrement vers la gauche ou légèrement vers la droite et, tout comme le volant errant, peuvent faire dérailler nos projets, notre productivité ou nos efforts dans l’innovation si on ne les maîtrisepas.

DansINNOVER SANS ŒILLÈRES, Rachel Audigé nous emmène dans un voyage à travers les biais cognitifs les plus incongrus collectés de sa pratique professionnelle et explique comment les repérer et comment manœuvrer lorsque vous commencez à sentir leurs effets. Elle fournit également une méthodologie pour réfléchir à nos propres biais spécifiques et à la manière dont ils peuvent influencer notre pensée.

En tant que spécialiste de la pensée innovante, Rachel s’ap-puie sur un riche corpus d’expérience qui lui permet d’illustrer notre voyage avec des exemples réels de succès et d’échecs de tous les coins du monde. Si vous êtes intéressé par le déve-loppement de produits, la gestion de l’expérience client ou l’innovation, installez-vous et profitez de ses histoires. Elle vous dévoile le monde étrange et fascinant de notre esprit qui ne cesse de nous tromper pour nous montrer une réalité qui n’est pas forcément la bonne.

Streicher Louw

Tacticien du comportement

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« La créativité, c’est donner au monde quelque chose dont il ignorait manquer. »

Daniel Pink

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INTRODUCTION

QU’EST-CE QUI ENTRAVE DE MEILLEURES IDÉES ?

J’ai presque terminé un programme de formation de deux jours avec une grande entreprise du secteur de l’énergie lorsqu’un des participants les plus enthousiastes s’approche de moi pendant le déjeuner. Il me demande de prendre en charge l’animation d’une séance le lendemain.

« Je suis censé animer une réunion sur un processus important dans l’un de nos projets majeurs. La plupart de nos principaux responsables de projet seront là. Nous sommes en retard et nous allons rater le créneau si nous ne réduisons pas le temps que nous mettons pour atteindre un jalon clé », m’explique-t-il. « Les enjeux sont importants et je sens que votre méthode pourrait nous aider ».

Après une rapide argumentation pour convaincre ses équipes de faire les choses différemment et pour inciter à la participa-tion, nous sommes en mesure de tenir un atelier le lendemain matin. L’objectif est de réduire de moitié la durée d’un processus pour arriver à temps sur le marché et gagner plusieurs millions en VAN*. Je leur ai fait appliquer un outil de pensée qui consiste à déplacer aléatoirement les étapes du processus tout en facili-tant soigneusement la démarche pour gérer les réactions dans la salle : il s’agissait d’un groupe de dirigeants et ils semblaient sceptiques quant à la possible amélioration apportée à leur domaine par un néophyte !

* La valeur actuelle nette est un indicateur financier qui mesure la valeur créée par un investissement et constitue le critère déterminent pour choisir un projet.

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Avant la pause-café du matin, nous avons trouvé un moyen de gagner environ 10 mois sur ce processus qui durait normale-ment deux ans. Nous le suivons sur un chronogramme alors que nous enlevons des étapes et la salle des experts estime que nous avons trouvé une solution réaliste.

Le groupe accepte de faire venir les partenaires commerciaux 10 jours plus tard et nous terminons la réunion.

À l’époque, la valeur de la solution que nous avons trouvée était mesurée en centaines de millions de dollars australiens. Alors que nous concluons, j’entends quelqu’un chuchoter à un autre collègue : « Mais nous avions forcément trouvé cette solution avant, non ?! »

Qu’est-ce qui empêche des experts de voir des moyens créa-tifs pour raccourcir un processus qu’ils connaissent bien ? Qu’est-ce qui nousempêche ? Qu’est-ce qui nous fait rater des solutions qui sont sous nos yeux ?

Le principal frein est ancré dans notre cerveau, qui par paresse, habitude ou choix – conscient ou pas – applique la même solu-tion à un même problème. « Ces raccourcis constituent les schémas mentaux, la logique dominante de chacun. »*

Mais ce qui m’intéresse, c’est de décrypter ce qui se joue der-rière ces schémas mentaux :

Les biais.

Nous nous considérons comme rationnels, mais le biais cogni-tif imprègne notre pensée à tous les niveaux. Steve Glaveski, entrepreneur installé en Australie, nous dit : « Il y a plus de 100 biais qui impactent nos perceptions et nos croyances à tout moment et 36 d’entre eux ont un impact immédiat sur notre capacité à innover. »**

Le biais, selon le dictionnaire Robert, est une distorsion dans le traitement d’une information, susceptible de fausser le

* (Re)inventez votre business model avec l’approche Odyssée 3.14 – Leh-mann-Ortega, Musikas et Schoetti.

**https://medium.com/steveglaveski/36-cognitive-biases-that-inhibit-innova-tion-18a9178625fd

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raisonnement et le jugement. Nos biais sont créés et construits à partir de tous les aspects de nos vies : comment nous sommes élevés, éduqués, socialisés, les médias auxquels nous sommes exposés, les informations que nous retenons. Les biais nous aident à collecter et à mettre de l’ordre dans ces nombreux et constants micro événements. Sans eux, nous serions perdus !

Les biais ont de nombreux inconvénients : ils limitent notre pensée, ils rétrécissent nos perspectives et ils colorent nos décisions. S’ils ne sont pas remis en cause ou au moins exa-minés, les biais peuvent entraîner de mauvaises décisions, des dépenses excessives et des retards de projets importants. Dans nos efforts créatifs, les biais peuvent générer de grosses lacunes, des opportunités manquées et nous faire passer à côté d’idées plus pertinentes, inclusives ou innovantes.

Lorsque les organisations ne reconnaissent pas et ne s’oc-cupent pas des biais cognitifs, c’est comme si elles innovaient avec des œillères ; leur champ de vision est limité. Tant que les conditions ne seront pas créées pour permettre aux équipes d’être créatives, d’expérimenter, d’explorer, de vivre des expé-riences et d’apprendre de leurs échecs, il restera un gouffre entre les attentes en matière d’innovation et la réalité du terrain.

Ce livre analyse et décrypte nos biais inconscients et la façon dont ils entravent notre capacité à penser de manière créative et, par conséquent, à innover.

POURQUOI S’EMBÊTER À PENSER DE MANIÈRE CRÉATIVE ?

Ma définition de la « pensée créative » est la capacité de générer une idée qui est nouvelle pour vous (si ce n’est pour le monde), utile et, au mieux, surprenante. Idéalement, cela vous semble si malin que vous vous demandez comment vous avez pu ne pas le voir plus tôt.

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L’innovation, quant à elle, consiste à tenir compte de cette nou-velle idée, de vérifier qu’elle soit désirable, réalisable et viable, puis à la mettre en œuvre.

Où que vous vous situiez sur l’échelle de la créativité, améliorer vos compétences de pensée créative aura un impact considé-rable. Nous sommes tous en train de résoudre des problèmes au quotidien. Quel que soit notre titre ou notre rôle, certains d’entre nous cherchent à gagner du temps dans un processus. D’autres sont censés réaliser des miracles avec des ressources limitées. D’autres encore veulent un marketing ou une exécu-tion moins ternes. Certains travaillent sur ces problèmes qui paraissent insolubles. Apprendre à générer plus d’idées inven-tives sur demande est intéressant et utile pour tout le monde.

Plus largement, il a été prouvé que la créativité peut nous aider à faire face à l’incertitude et aux défis et à rendre la vie plus riche. Être quelqu’un de créatif nous valorise dans notre entre-prise et, à mesure que nous gagnons en confiance dans notre capacité à générer de bonnes idées, affiner notre capacité à résoudre les problèmes de manière créative rend également la gestion des échecs plus facile. Comme le souligne l’auteur et consultant en innovation Scott D. Anthony : « Rappelez-vous, lorsque vos collaborateurs étaient enfants, ils étaient pleins de curiosité et de créativité. Votre mission est de ranimer cet ins-tinct juvénile. »*

MON BIAIS ENVERS LES BIAIS

Mon intérêt pour les biais et la pensée créative a été piqué en 2005. Je travaillais alors pour le géant pharmaceutique Bayer en France et j’ai participé à un atelier marques, organisé en Allemagne. La session était animée par une équipe d’une entreprise de Tel-Aviv. Les animateurs mettaient en œuvre une méthode baptisée Systematic Inventive Thinking (SIT). Tout en partageant certains des outils de marketing de la boîte à outils SIT, ils ont animé des exercices pour nous sensibiliser à une famille de biais appelée « fixité cognitive » (exploré en détail

* https://www.innosight.com/insight/breaking-down-the-barriers-to-innovation/

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dans Œillères 4-6). J’ai enfin pu nommer, identifier et déjouer un processus capable d’inhiber la pensée créative dont j’avais été témoin dans ma vie professionnelle.

J’ai ensuite noué une relation avec l’équipe israélienne et tra-vaillé avec SIT en tant qu’intrapreneur chez Bayer pendant encore 10 ans.*Depuis 2015, j’ai animé des ateliers, formé des équipes et appliqué la méthode SIT dans de nombreuses orga-nisations avec des résultats surprenants. Ces outils mêlent une approche à la fois systématique et rigoureuse, tout en étant un peu rebelle et ludique : je vais aborder cette approche ainsi que d’autres outils de la méthode SIT. Je pense que c’est ce qui a apporté tant de valeur aux organisations depuis 25 ans et c’est certainement ce qui fait revenir mes clients - et moi-même - encore et encore. Comme SIT est la seule méthode que je connaisse qui aborde efficacement et de front les biais, j’explore cette approche dans les six premiers chapitres de ce livre.

« Les politiques sont comme les chevaux, ils ne peuvent marcher droit sans œillères. »

Anatole France (1844-1924)

INNOVER SANS ŒILLÈRES

La version anglaise de ce livre s’intitule UNBLINKERED. C’est un mot inventé que j’ai traduit par : « Sans Œillères ».

Comme on le sait, les œillères ont deux sens :

Des pièces de cuir ou de plastique faisant partie du harna-chement du cheval. Attachées au montant de la bride, elles vont par deux et recouvrent une partie des yeux ou du champ de vision de l’animal, en l’empêchant ainsi de voir derrière lui et parfois aussi, sur les côtés.

* L’intrapreneur est un salarié à l’esprit entrepreneurial, qui doit gérer un projet novateur en s’affranchissant des processus classiques. Il est censé développer ses idées, innover, bâtir ou créer à l’intérieur de l’entreprise pour laquelle il travaille.

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Tout ce qui obstrue la vue ou le discernement.

Dans le premier cas, nous savons que les œillères sont là pour une raison : elles aident le cheval à se concentrer et à éviter les accidents dus à la distraction. De même, les biais servent généralement un objectif. Beaucoup d’entre eux sont des rac-courcis pour nous aider à penser de manière plus efficace. Ils demandent peu d’efforts, sont faciles et généralement rapides. Cependant, ils obstruent également la vue. J’utilise donc le mot œillères pour décrire les aveuglements découlant des biais qui, même s’ils nous servent parfois, obscurcissent notre vue et nuisent à notre capacité à déployer une pensée créative consciente ou à innover.

Dans la première partie de chaque « Œillère », je décris les biais que j’ai choisis en m’appuyant sur mon expérience et les écrits d’autres observateurs. Puis, dans la deuxième partie de chaque chapitre, intitulée « Un autre regard », j’ex-plore comment contourner, briser ou utiliser ces biais pour nous permettre d’engager une créativité plus consciente et plus intentionnelle.

J’ai choisi de me concentrer sur une petite sélection de biais qui bloquaient les efforts de mes clients pour penser de manière créative ou pour innover. Ces biais sont regroupés en familles ou clans pour faciliter leur reconnaissance et leurs caractéris-tiques communes. En pratique, plusieurs biais entrent souvent en jeu en même temps et un biais peut facilement être confondu avec un autre…

L’INVITATION

Bien que mes activités et ce livre soient particulièrement ciblés sur les moyennes et grandes entreprises, le biais concerne tout type d’organisations. Quels que soient l’endroit où vous tra-vaillez et le métier que vous exercez, vous allez pouvoir recon-naître les biais que j’ai choisis et sans doute vous souvenir de moments où ils ont impacté vos réflexions, idées et décisions.

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Parmi ma sélection, je m’attends à ce que la plupart soient faciles à reconnaître, mais j’ai pris une certaine liberté créative pour les rebaptiser afin de donner une nouvelle perspective. Je vous encourage à faire de même. Je pense qu’il est intéressant d’identifier la nature spécifique des biais qui opèrent dans votre organisation et de leur donner un nom pour les mémoriser et y remédier. Je m’arrête à 19 œillères. Dans le 20e chapitre, je vous passe les rênes et vous propose des pages blanches pour que vous puissiez noter vos propres biais et réfléchir à la façon dont ils impactent votre façon de penser, de créer et d’agir.

Allons-y ! Biais, points aveugles, œillères : et si vos meilleures idées se cachaient derrière ces paravents ?

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LE CLAN DES PRÉJUGÉS QUI NOUS BRIDENT

Ce sont les biais qui ont un impact négatif sur la génération d’idées à n’importe quelle étape du parcours d’innovation.

J’ai inclus dans cette famille le biais qui consiste à faire trop confiance en notre propre créativité et l’idée implicite que la créativité est un talent inné.

Je parle également de la tendance à privilégier la quantité sur la qualité des idées. La communauté des innovateurs a trop tendance à sous-estimer l’importance de démarrer par de bonnes idées…

Le troisième de cette famille est le biais qui nous aveugle sur le pouvoir des contraintes pour faciliter le processus créatif. La créativité aime les contraintes.

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« La créativité est une compétence comme les autres. Elle n’est pas une conséquence d’un ingrédient immuable et mystique. »

Samah Karaki

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Œillère 1LE BIAIS « JE NE SUIS PAS CRÉATIF »

Je définis ce biais comme une croyance que la créativité est un trait inné réservé à certains, et non une compétence qui peut s’acquérir. De la même manière, chaque idée créative est perçue comme étant nouvelle et unique.

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Les compétences liées à l’innovation, à la créativité et à la résolution de problèmes sont très recherchées dans le monde entier, mais lorsque je demande à une assemblée de lever la main s’ils se considèrent comme créatifs, moins de 20% le font.

J’animais un atelier avec un client à Perth, en Australie et j’allais lancer une définition de ce mot galvaudé d’« innovation » lors-qu’un des participants, Thomas, m’a arrêtée et a dit : « Rachel, soyons clairs. Tout prouve qu’au-delà de 35 ans, vous n’êtes plus créatif. Je ne l’ai jamais été. » Ce sentiment est assez répandu.

PENSEZ COMME UN ENFANT

Dans les années 1960, le gourou de la créativité, George Land, a été invité par la NASA à développer un moyen d’évaluer la créativité de ses ingénieurs. Étant quelqu’un de créatif, il a eu recours aux mêmes tests que ceux utilisés pour évaluer les capacités imaginatives des enfants âgés de 3 à 5 ans. Il a constaté qu’alors que 98% des enfants ont obtenu un score élevé en matière de créativité, seuls 2% des adultes l’ont fait.

Land a testé les mêmes enfants tous les 5 ans et a constaté une baisse progressive et dramatique de cette créativité, jusqu’à ce que seulement un tiers d’entre eux obtiennent un score aussi élevé à l’âge de 10 ans. À l’âge de 15 ans, il n’en restait plus que 12%. Land a rapporté que nous n’apprenons pas à être créatifs ; « Nous démarrons la vie en étant créatifs et apprenons à ne plus l’être en grandissant. »*

Dans l’un des TED Talks les plus populaires de tous les temps, Sir Ken Robinson, expert en éducation et en créativité, a accusé le système éducatif de saper notre créativité. « Nous stigmati-sons les erreurs. Et nous gérons maintenant des systèmes édu-catifs nationaux où les erreurs sont les pires choses que vous

* https://www.psychologytoday.com/us/blog/adventures-in-diver-gent-thinking/201901/when-you-say-you-re-not-creative

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Les compétences liées à l’innovation, à la créativité et à la résolution de problèmes sont très recherchées dans le monde entier, mais lorsque je demande à une assemblée de lever la main s’ils se considèrent comme créatifs, moins de 20% le font.

J’animais un atelier avec un client à Perth, en Australie et j’allais lancer une définition de ce mot galvaudé d’« innovation » lors-qu’un des participants, Thomas, m’a arrêtée et a dit : « Rachel, soyons clairs. Tout prouve qu’au-delà de 35 ans, vous n’êtes plus créatif. Je ne l’ai jamais été. » Ce sentiment est assez répandu.

PENSEZ COMME UN ENFANT

Dans les années 1960, le gourou de la créativité, George Land, a été invité par la NASA à développer un moyen d’évaluer la créativité de ses ingénieurs. Étant quelqu’un de créatif, il a eu recours aux mêmes tests que ceux utilisés pour évaluer les capacités imaginatives des enfants âgés de 3 à 5 ans. Il a constaté qu’alors que 98% des enfants ont obtenu un score élevé en matière de créativité, seuls 2% des adultes l’ont fait.

Land a testé les mêmes enfants tous les 5 ans et a constaté une baisse progressive et dramatique de cette créativité, jusqu’à ce que seulement un tiers d’entre eux obtiennent un score aussi élevé à l’âge de 10 ans. À l’âge de 15 ans, il n’en restait plus que 12%. Land a rapporté que nous n’apprenons pas à être créatifs ; « Nous démarrons la vie en étant créatifs et apprenons à ne plus l’être en grandissant. »*

Dans l’un des TED Talks les plus populaires de tous les temps, Sir Ken Robinson, expert en éducation et en créativité, a accusé le système éducatif de saper notre créativité. « Nous stigmati-sons les erreurs. Et nous gérons maintenant des systèmes édu-catifs nationaux où les erreurs sont les pires choses que vous

* https://www.psychologytoday.com/us/blog/adventures-in-diver-gent-thinking/201901/when-you-say-you-re-not-creative

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puissiez faire, et le résultat, c’est que nous éduquons les gens à se débarrasser de leurs capacités créatives. »*

Que ce soit le système éducatif ou d’autres « systèmes » qui minent nos capacités créatives, la réaction de Thomas est très répandue : en vieillissant, nous nous enfermons dans nos habitudes et remplaçons l’espièglerie et l’exploration par le conservatisme et la peur de l’échec. Inutile de dire que j’ai tout fait pour prouver qu’il se trompait et, à la fin de la deuxième journée, l’énergie de Thomas avait changé et il générait de nouvelles idées aussi bonnes que les autres.

Le problème est que le biais « Je ne suis pas créatif » est une croyance limitative qui, si elle n’est pas contrôlée, devient une prophétie autoréalisatrice ; vous croyez que vous n’êtes pas créatif, donc vous évitez les activités créatives et cessez de développer votre créativité.

« De très nombreuses personnes passent toute leur vie sans avoir véritablement conscience de ce que pourraient être leurs talents, ou s’ils en ont à proprement parler, » a déclaré Robinson.

La psychologue Carol Dweck verrait dans ce type de biais l’expression d’un état d’esprit figé (Fixed mindset), selon lequel les individus croient que leurs facultés sont innées et inscrites dans le marbre une fois pour toutes.

Ce biais pose un problème pour plusieurs raisons :

▶ Cela renforce la croyance que la créativité ne peut pas être enseignée et détourne les efforts de construction des compé-tences créatives, ce qui décourage son apprentissage.

▶ Les organisations où ce biais se manifeste peuvent opter pour des approches plus aléatoires en matière de créativité et d’initiatives d’innovation, car elles ne chercheront pas à ensei-gner la pensée créative.

▶ Le biais « Je ne suis pas créatif » laisse un vide énorme entre ce qui est demandé aux organisations (« Soyez innovantes ») et leur perception de la capacité à le faire. Sans stimulation ni

* https://www.ted.com/talks/sir_ken_robinson_do_schools_kill_creativity?lan-guage=fr

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pratique, les individus et les organisations peuvent enterrer un potentiel inexploité de croissance, de meilleures solutions et de réalisations.

La bonne nouvelle, c’est que ces états d’esprit peuvent être changés, qu’ils sont malléables et que la créativité peut refaire surface.

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UN AUTRE REGARDComment contourner, briser ou utiliser Œillère 1 :LE BIAIS « JE NE SUIS PAS CRÉATIF »

SUIVRE DES COURS ET DES TEMPLATES

« De grandes parties de l’humanité ont une créa-tivité inexploitée. Associez-les à des personnes qui possèdent un savoir-faire et regardez les innovations étonnantes émerger. »

Meshack Vallesillas

La créativité n’est pas un don. C’est une compétence qui peut être acquise. L’un des moyens fondamentaux de contrer le biais « je ne suis pas créatif » est de favoriser un état d’esprit de déve-loppement (growth mindset) chez un individu, une équipe ou une organisation. Cela signifie de renforcer la valeur de l’effort, du risque, de la flexibilité et de l’esprit ouvert. Accepter, voire rechercher des challenges. Persister. Apprendre des critiques.

La créativité n’a jamais été un état fixe. Elle est cultivée par la pratique et l’expérimentation. Elle est également permise par des méthodes qui nous aident à être créatifs.

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La créativité n’est pas aléatoire. Contrairement à la croyance populaire, les idées créatives ne sont souvent pas isolées. En fait, les meilleures idées ont un ADN, qui peut servir de modèle à suivre. Lorsqu’un modèle (template) est décortiqué sous la forme d’un outil de pensée, il vous donne beaucoup plus de chances de trouver des idées similaires et inventives. Il vous permet de retirer le risque qui peut être associé à la création de quelque chose de créatif. Selon mon expérience, ces modèles sont disponibles de manières plus ou moins assimilables et faciles à apprendre.

Voici cinq sources différentes à explorer :

RÉTRO-INGÉNIERIE

Lorsque je travaillais en entreprise, nous avons organisé un atelier dans une conférence nationale et avons demandé aux équipes de décortiquer leurs initiatives les plus réussies. Nous appelions cela des « modèles d’excellence » ou « bright spots ». C’est une manière intéressante de montrer à quoi res-semble un parcours ou un résultat souhaité. Nous avons alors été en mesure de reproduire ces exemples dans l’entreprise. J’ai trouvé cela utile comme point de départ même si cela ne nous a pas forcément donné de nouvelles idées ou d’idées contre-intuitives.

CRÉATION DE CADRE

Nous savons que recadrer un problème peut nous aider à avoir une nouvelle perspective et à apporter de nouvelles réponses. Nous savons également qu’adopter un certain modèle de rela-tions ou appliquer une métaphore ou encore un cadre alternatif peut être utile. La création de cadres a été conçue pour les problèmes complexes ou « ouverts, en réseau et dynamiques où aucune solution rapide n’est disponible ». Kees Dorst, pro-fesseur de design innovation à l’Université de technologie de Sydney, affirme que « l’idéation d’un nouveau cadre est un véri-table saut créatif »,mais qu’elle a été appliquée avec succès dans une variété de contextes, allant de l’interpellation des gens

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qui escaladent l’Opéra de Sydney à la lutte contre la criminalité dans le quartier sensible de Kings Cross à Sydney.

BIOMIMÉTISME

Cette approche consiste à s’inspirer de l’ingéniosité du vivant pour résoudre des problèmes humains. Gilles Bœuf, Président du Muséum national d’histoire naturelle, parle de « bio inspira-tion » et explique que « ce n’est pas une nouvelle science, mais un nouveau regard sur la science. »*

Il y a de très nombreux exemples d’application de biomimé-tisme, mais l’histoire du train à haute vitesse japonais partagée par Melissa Silk, professeur adjoint à l’Université de technologie de Sydney, m’a particulièrement interpellée.

Les trains devenaient si rapides que la forme classique des