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Beschreibung

Nos lecteurs excuseront la forme un peu rude et nécessairement scientifique de ce livre. Nous ne voulons présenter au public que des faits, parfois étranges certes, curieux, bizarres ou déconcertants, mais toujours contrôlés dans leurs moindres détails et notre œuvre se ressent forcément du caractère purement documentaire de nos recherches.
Le temps n’est plus, en effet, aux rêveries littéraires mais bien aux vérités pratiques. On nous a reproché de nous attarder en France aux idées générales, on a insinué que nous ne savions pas nous intéresser à ces multiples détails de la vie quotidienne dont est fait, paraît-il, le progrès. Il est temps de réagir et de montrer que nous pouvons, nous aussi, ne pas nous payer de mots.

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GASTON DE PAWLOWSKI

INVENTIONS NOUVELLES ET DERNIÈRES NOUVEAUTÉS

1916

© 2021 Librorium Editions

ISBN : 9782383831181

PRÉFACE

Nos lecteurs excuseront la forme un peu rude et nécessairement scientifique de ce livre. Nous ne voulons présenter au public que des faits, parfois étranges certes, curieux, bizarres ou déconcertants, mais toujours contrôlés dans leurs moindres détails et notre œuvre se ressent forcément du caractère purement documentaire de nos recherches.

Le temps n’est plus, en effet, aux rêveries littéraires mais bien aux vérités pratiques. On nous a reproché de nous attarder en France aux idées générales, on a insinué que nous ne savions pas nous intéresser à ces multiples détails de la vie quotidienne dont est fait, paraît-il, le progrès. Il est temps de réagir et de montrer que nous pouvons, nous aussi, ne pas nous payer de mots.

Laissons donc les philosophes rétrogrades prétendre que nous ne savons toujours pas comment ni pourquoi nous vivons, que nous ignorons tout de l’esprit et de la matière, que nous ne soupçonnons même point, par exemple, ce qu’est l’électricité dont nous nous servons tous les jours, ce sont là des balivernes d’utopistes qui ne sauraient entraver la marche triomphale de la Science. Démontons patiemment et classons séparément tous les rouages de notre montre ; cela serait bien surprenant si, notre travail achevé, nous ne découvrions pas l’heure qu’il est. Qu’importe au véritable savant moderne de ne point savoir où il va, pourvu qu’il y aille avec méthode.

Ce besoin d’apprendre, de s’intéresser à toutes les questions pratiques d’hygiène, de finance, de sciences naturelles, de mode, d’industrie, d’art ou de littérature, s’est emparé de notre élite bourgeoise et de toutes les classes conscientes du prolétariat.

Je n’en veux pour preuve que les communications et les demandes de renseignements innombrables que reçoivent chaque jour nos cinq académies. Certes il en est encore de puériles, voire même de franchement absurdes, mais toutes dénotent un ardent désir de savoir et de se mieux armer pour la lutte de chaque jour.

Au hasard d’un dernier courrier, qu’il me soit permis d’en citer quelques-unes que l’on veut bien obligeamment me communiquer.

C’est un « Nemrod de Conflans-Sainte-Honorine » qui demande à l’Académie des sciences si l’on peut vraiment attirer un blaireau hors de son terrier en lui offrant un petit bol plein de mousse de savon.

Une dame du monde s’étonne que le vibromasseur électrique ayant rendu d’utiles services, personne n’ait encore songé à construire un vibromonfrère.

Un épicier inquiet demande si, légalement, le sucre candi qu’il vend doit porter la mention « Acide, urique-fantaisie ».

Un blanchisseur se plaint que le pyramidon, comme l’indique son nom, soit moins bon que l’amidon ordinaire pour empeser les faux-cols et cependant d’un prix de revient plus élevé.

Un candidat au prix Montyon voudrait savoir si un fauteuil roulant peut amuser réellement un paralytique.

Un collectionneur de tableaux perspicace, s’étonne que l’artiste ait peint un petit chemin de fer électrique et non pas à vapeur dans la belle toile de Breughel le Vieux qu’un marchand lui a vendue.

Un patriote s’inquiète de savoir si la taille du Grand électeur de Bavière était supérieure à celle de la plupart des électeurs français.

Un jeune stagiaire se demande en vertu de quel usage ancien de la magistrature, l’inscription : « Défense de cracher sur le parquet » subsiste au Palais de Justice.

Un employé de Banque affirme, après expérience, qu’il est impossible de détacher des coupons avec de la benzine.

Un jeune ténor veut savoir s’il existe réellement un escabeau lyrique pour atteindre les notes élevées.

Un épicier en gros s’indigne que les trous du fromage de Gruyère soient manufacturés spécialement à Bâle comme on le lui a dit.

Un correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres affirme que la règle plate, en bois mince, dont les sybarites se servaient pour chasser les mouches devait être percée de trous pour éviter la résistance de l’air.

Un autre nous apprend que le pied truffé était une ancienne mesure de longueur en usage seulement dans le Périgord.

Et ce sont ainsi d’innombrables questions sur la capture de l’âme, la photographie du talent, l’utilisation pratique de la Vénus de Milo, le travail mécanique des fantômes, les tuteurs pour serpents, la machine à rattraper le temps, la découverte chimique de Dieu ou sur la meilleure façon d’empêcher de rire les personnes qui ont les lèvres gercées.

Évidemment dans cette fièvre d’invention il y a encore beaucoup d’incohérence et toutes ces bonnes volontés manquent, le plus souvent, d’une ferme direction technique.

En donnant dans ce volume la description des modes nouvelles et des meilleures inventions pratiques de notre temps, nous avons voulu guider l’opinion et lui permettre de discerner utilement le faux d’avec le vrai.

Déjà en publiant certaines de ces inventions dans un grand journal parisien, nous avons pu voir combien le public moderne s’intéressait à ces questions scientifiques et les prenait au sérieux. Un volumineux courrier en fait foi.

De grosses maisons d’exportation nous demandèrent à plusieurs reprises de leur procurer des catalogues, des prospectus, des prix-courants.

Un éleveur du Nord se fâcha tout net lorsque je refusai de lui communiquer la recette pour chromer les coqs de combat.

Ce fut la Société protectrice des animaux qui intervint officiellement dans certains cas, ce fut même un grand journal de l’étranger qui, quelque temps avant la guerre, reproduisit avec émotion mon information concernant les nouveaux pièges pour aéroplanes militaires que son correspondant lui avait télégraphiée.

Ce livre intéressera donc, nous en avons l’assurance, ceux qui ont encore à apprendre mais qui, mieux avertis que Bouvard et Pécuchet veulent, avant tout, utiliser la science d’une façon lucrative et pratique, sans vaine sensiblerie humanitaire.

Cependant si ce recueil est fait pour les néophytes mondains qui désirent apprendre, nous voulons espérer également qu’il divertira, ne fut-ce qu’un moment, ceux qui savent mais aiment à se souvenir. Peut-être même ceux-ci trouveront-ils dans certaines de nos descriptions comme une légère indication d’humour qui ne leur déplaira pas et qu’il faut nous pardonner.

L’humour est, en effet, la seule poésie possible de notre époque scientifique, comme les vers étaient, pour nos pères, la seule porte des rêves ouverte dans la prose de leur temps. Les modes d’évasion de l’esprit se modifient avec les prisons et l’on ne s’échappe pas de l’autoritarisme absolu de la science aussi facilement que du despotisme bourgeois.

On nous reprochera peut-être, de nous amuser à des questions « civiles » au moment où les problèmes militaires prennent la première place, mais sur ce point une distinction s’impose.

Nous trouvons fort naturel que les « civils » ne songent actuellement qu’à la guerre mais, en échange, il faut bien permettre aux soldats de penser un peu à la vie civile qu’ils défendent depuis deux ans et d’y puiser comme toujours leurs seuls sujets de distraction. Quant à la guerre on ne l’écrit pas ; on la fait.

C’est donc à mes camarades du front, et pour les divertir, que ce livre est dédié.

G. de P.

« non pour iouer, mais pour y apprendre mille petites gentillesses et inuentions nouuelles : lesquelles toutes yssoyent de arithmeticque. »

RABELAIS, Gargantua, L. I, ch. XXIII.

INVENTIONS NOUVELLES ET DERNIÈRES NOUVEAUTÉS

I

HYGIÈNE — ESTHÉTIQUE — SOINS DE BEAUTÉ

Le savon antidérapant. — Le réticule adultérin. — Le crachoir-torpille. — Le ratelier-piège. — L’ovimelle muscacide. — L’escarfigaro. — Pour conserver ses dents. — Mouches vivantes. — Machine à écrire les bâtons. — Filtre touriste. — Méphistophone bas parleur. — Hâle artificiel. — Ongles noirs pour cabarets. — Embrasses pour joues tombantes. — L’éclairage des yeux et du nez. — La baignoire à entrée latérale. — Burettes à huile pour Esquimaux. — Vacuum nasal. — L’électrocuferropaillasse. — Le mammifère natatoire gonflant. — Boucles d’oreilles réveille-matin. — Le crachoir central récupérateur. — Le calorifère à miasmes. — Les peignes pleins pour personnes pelées. — La chenille brosse à dents. — Coton noir pour deuil. — Le génuflectol. — Accroche-cœur tressé pour monocle. — Pâte d’aimant pour cheveux métalliques. — Les cheveux-barbe. — Le ciment ombilical. — Le savon à poils. — Cirage à la graisse de lapin. — L’extenseur sénile. — Le shampooing scolaire. — Criquets tondeurs. — Le cri-cri pinçon. — L’ibis ouvre-gants. — Le crocodile conformateur pour bottes. — La dynamo-pipe et le bouton de gilet électrique pour conversation.

 

Signalons en tête de ce chapitre une invention modeste, sans prétentions, mais utile : le nouveau savon antidérapant garni de clous qui sera bientôt sur toutes les toilettes.

On le sait, on effet, le savon, jusqu’à ce jour, avait le grave défaut de glisser entre les mains et de déraper sur le sol avec une facilité déplorable. Le nouveau savon antidérapant, analogue aux pneumatiques antidérapants d’automobile supprimera tous ces inconvénients. On nous fait remarquer, accessoirement, qu’il s’use moins vite que les autres savons ce qui est une qualité appréciable.

Le réticule adultérin est un petit nécessaire ingénieux et discret construit et livré à des prix très abordables par la grande maison d’accessoires Old Scratch, de Londres. Il peut rendre de très grands services aux personnes surprises en flagrant délit d’adultère. Il peut même — l’expérience l’a prouvé — leur sauver la vie. Ce nécessaire, en bois d’Orient, bariolé de riches et voyantes couleurs, contient

Deux mètres de soie jaune ;

Une petite flûte exotique ;

Un paquet de safran ;

Une brochure explicative se terminant par un vocabulaire indiquant la prononciation éventuelle de quelques mots hindous.

Au moment où le commissaire de police frappe à la porte de la chambre incriminée, la dame, suivant la coutume, se blottit silencieusement sous la couverture du lit et la crainte l’agite de légers mouvements convulsifs.

Son complice, de son côté, sans perdre de temps, enroule autour de sa tête l’étoffe jaune, la dispose en forme de turban, se frotte rapidement le corps avec le safran, s’assied par terre, les jambes croisées, et se met à jouer de la flûte. Après les sommations d’usage, lorsque le commissaire de police pénètre dans la chambre, le pseudo-Hindou fait entendre de plaintives protestations :

— Bon chef blanc, toi pas prendre jolis serpents venimeux à moi sous couvertures, seule richesse pour faire des tours dans cirque.

Les mouvements de la couverture s’accentuant toujours à l’entrée du commissaire, celui-ci, terrorisé, se retire sans plus insister, referme lui-même la porte et affirme au monsieur trompé qu’il a été victime d’une erreur. C’est simple et peu coûteux, l’appareil emballé et franco de port ne dépassant point le prix de 30 francs, modèle courant, et 35 francs, modèle enrichi de pierres fausses.

Un petit inventeur de Bagnolet vient de présenter à l’Académie de médecine un nouveau crachoir hygiénique, dit crachoir torpille, dont la rigoureuse propreté est assurée au moyen d’une simple commande électrique. Lorsque l’on crache dans cet appareil, le crachat est tout aussitôt renvoyé au plafond avec une vigueur étonnante. L’appareil est toujours ainsi d’une propreté rigoureuse et ne nécessite aucun nettoyage.

Le râtelier-piège est, avouons-le, une invention parfaitement répugnante, due à nos ennemis et qui ne peut avoir de succès, auprès des touristes, que chez les sauvages d’outre-Rhin. Il est destiné aux voyageurs de commerce ou aux excursionnistes qui, ayant à passer la nuit dans des auberges de campagne où pullulent d’innombrables souris, rats ou mulots, désirent n’être point dérangés par ces animaux durant leur sommeil.

Le râtelier-piège est un râtelier du modèle courant, facilement démontable et qui peut se retirer instantanément de la bouche. On le munit d’un simple ressort à déclanchement et on le pose par terre, dans un coin de la chambre à coucher. On peut ensuite s’endormir en toute tranquilité. Si par hasard une souris s’aventure dans le piège, le ressort agit, la mâchoire se referme, écrasant l’infortuné rongeur.

Pour amorcer le piège, — et c’est là ce qui nous paraît particulièrement pénible à dire, — on recommande aux touristes de terminer leur repas en mangeant des noisettes, des amandes sèches ou quelques délikatessen.

Le matin, il suffit de retirer l’animal pris au piège, d’enlever le ressort, et, suivant le degré de raffinement du propriétaire, dd passer le râtelier dans l’eau d’une cuvette ou de le remettre directement dans la bouche.

Cette invention est peut-être très pratique, très commode ; je doute qu’elle soit accueillie favorablement par des gens de goût.

Quelques « élégantes » de Hambourg désirant toutefois, au cours de leurs voyages, réunir le plus grand nombre possible de peaux nécessaires pour former une belle fourrure d’hiver, ont demandé s’il ne serait pas utile de raccorder le râtelier-piège à la sonnerie électrique de l’hôtel, pour que le piège soit remis en place chaque fois qu’une prise est faite et puisse fonctionner à nouveau.

Cette précaution est parfaitement inutile, car l’inventeur du râtelier-piège a malheureusement prévu à cet effet un modèle-luxe dit de chasse, muni d’une copie servile de notre frein hydro-pneumatique d’artillerie.

Avec ce modèle, c’est, pour employer une expression populaire, un violent coup de dent que donne le râtelier-piège au rat ou à la souris, coup de dent suffisant pour entraîner la mort immédiate de l’animal. Ensuite la mâchoire s’entr’ouvre lentement et se remet en place, bâillant pour une nouvelle capture. Dans les auberges de campagne, on peut prendre ainsi de huit à dix rats en une seule nuit, mais pas plus, l’énergie du râtelier-piège décroissant à chaque coup de dent.

L’Ovimelle muscacide est une nouvelle pâte, d’une jolie couleur dorée, dont on badigeonne le crâne des personnes chauves, et qui se vend, prête à être posée, par flacon d’un quart de litre, avec le pinceau, pour 2 fr. 25, dans toutes les bonnes pharmacies. L’Ovimelle muscacide est une pâte analogue à celle que l’on dépose sur les papiers dits papiers tue-mouches. Son effet est foudroyant. Tous ceux qui ont la tête chauve et qui savent combien il est insupportable, pendant l’été, de sentir d’innombrables mouches se promener sur la surface polie du crâne, comprendront toute la joie que l’on éprouve à capturer ainsi ces agaçants insectes et à en délivrer ses voisins. Ce dévouement à la collectivité est bien dans les attributions du père de famille. Il en fait le véritable protecteur de toute la maison. Lorsque sa tête est entièrement couverte de mouches, un simple lavage au savon suffit pour nettoyer le chef ainsi recouvert d’une perruque frisée du plus beau noir. Ajoutons que, pour les galas, la maison de l’Ovimelle muscacide vend une pâte de luxe contenant des paillettes d’or et qui imite merveilleusement l’aventurine. L’effet, sur le crâne est saisissant. Pour les grands mariages, on vend également une boîte de peinture et de la pâte de première qualité, imitant délicieusement le vernis Martin.

L’Escarfigaro est un nouveau rasoir de sureté [surêté] vivant qui rendra les plus grands services aux touristes, aux voyageurs de commerce et aux explorateurs.

C’est un escargot de forte taille, d’origine australienne, qui secrète une bave savonneuse lorsqu’il est posé sur une joue hérissée de poils de barbe. Il suffit ensuite, lorsque le visage est ainsi couvert d’une sorte de mousse de savon, d’appuyer sur l’escargot, qui se blottit au fond de sa demeure, laissant les bords de la coquille faire l’office d’un excellent rasoir ; ces bords sont, en effet, particulièrement coupants. On peut ainsi se raser en quelques minutes, sans difficulté et sans emporter avec soi un attirail toujours encombrant.

L’Escarfigaro se vend dans une petite boîte grillagée, avec un peu de saponaire pour le nourrir. Il constitue également un charmant petit compagnon de voyage. On le trouve dans toutes les bonnes pharmacies.

On parle beaucoup, dans les milieux scientifiques, d’une nouvelle méthode qui permettrait à n’importe qui de conserver éternellement ses propres dents blanches et saines, fût-ce à l’âge le plus avancé. Cette méthode est infiniment simple et l’on s’étonne que personne ne l’ait préconisée plus tôt. Au lieu d’attendre que les dents deviennent mauvaises avec l’âge, il suffit de les faire arracher toutes au moment de la première jeunesse, lorsqu’elles viennent de pousser, et de les faire monter ensuite en râtelier. On est assuré de conserver ainsi toujours ses propres dents parfaitement saines. C’est un sérieux avantage qu’apprécieront tous les infortunés qui sont obligés d’accepter de fausses dents, prises dans la bouche des autres.

Encore une mode bien américaine, que l’on essaie de lancer sur nos plages. Sera-t-elle adoptée ? Il faut espérer que non, car, si elle satisfait aux goûts excentriques des transatlantiques, elle ne peut que blesser la finesse naturelle des races latines. Il s’agit de la nouvelle mouche vivante que les élégantes de New-York fixent par une patte sur leur joue, un peu à côté de la bouche. Cela procure, paraît-il, des sensations très « exciting » et signifie, grâce à un symbolisme, disons-le, un peu grossier, que l’on peut s’approcher sans crainte de cette bouche charmante. Nous voilà, bien loin de la délicieuse mouche de nos grand’mères ! Il faut espérer, répétons-le, que cette absurde excentricité n’aura aucun succès chez nous.

Signalons, pour les petits enfants, une nouvelle machine à écrire très simplifiée, qui permet aux débutants, sans se salir les doigts et sans avaler leur porte-plume, de tracer des bâtons sur une page d’écriture.

C’est là un utile perfectionnement qui sera bien accueilli par toutes les mères de famille.

Voici un nouveau filtre pour touristes, appelé à rendre les plus grands services. C’est une sorte de bouchon en feutre, muni d’une ficelle, que l’on avale et qui reste dans l’œsophage pendant que l’on boit une eau d’origine douteuse.

Lorsque le touriste est désaltéré, il n’a plus qu’à tirer sur la ficelle pour extraire de sa gorge ce filtre improvisé, qui, d’un faible volume, tient peu de place dans la poche.

Le Méphistophone bas parleur est une curieuse petite invention qui, certainement, est appelée à remporter un succès considérable. A peine l’a-t-on annoncée que déjà les commandes affluent de toutes parts. Cet appareil, simple autant qu’ingénieux, se compose d’un petit phonographe de forme spéciale qui se dissimule dans la coiffure et dont les récepteurs aboutissent discrètement aux oreilles, en passant sous les cheveux ou sous les brides d’un chapeau. Un peu de coton dans les oreilles cache parfaitement l’arrivée des deux petits tubes. Le Méphistophone chuchote, au choix du client, soit des chansons grivoises, soit des propos galants. Les paroles ne peuvent être perçues que par la personne munie de l’appareil. On peut ainsi passer d’agréables moments, soit à l’église — d’où le nom de l’appareil — soit dans des cérémonies officielles ou dans des salons poétiques. On aurait tort de taxer ces petits appareils d’immoralité, comme on l’a fait tout d’abord, puisqu’ils évitent, particulièrement aux jeunes filles, d’écouter des propos galants réels et qu’ils ne procurent, en somme, qu’un divertissement sans conséquences graves. Depuis que ce petit appareil a été inventé, d’innombrables envois en ont été faits — du reste d’une façon fort discrète, — dans les milieux les plus divers. Ce sont particulièrement des femmes mariées, en butte aux discussions ménagères, des magistrats exposés à d’interminables audiences, qui réclament ce petit appareil. Son succès ne fait pas de doute. Il est, en somme, fort légitime, à l’ennuyeuse époque où nous vivons.

Le chemin de hâlage, malgré son titre un peu prétentieux, est un produit de beauté qui sera apprécié par toutes nos élégantes. Cette teinture, placée sur la peau, donne aux personnes qui n’ont pu quitter Paris le teint exact d’un touriste qui reviendrait de la mer ou de la montagne. L’amour-propre de chacun est ainsi sauvegardé.

Le modèle ocre jaune, retour des tranchées, se fait pour hommes.

Signalons aux personnes élégantes désirant visiter des cabarets d’assassins, les nouveaux croissants noirs en celluloïd qui se fixent aisément sous les ongles et se démontent ensuite avec la même facilité. Les personnes du monde, en effet, sont toujours reconnues à ce fait qu’elles ont les ongles propres. Le croissant noir en celluloïd met tout au point en quelques secondes.

Certaines modistes ont l’intention de lancer, cet hiver, de petites embrasses pour joues tombantes. L’ensemble est, paraît-il, assez gracieux et fera la joie de toutes les coquettes d’un certain âge.

Le congrès américain de la mode a décidé de remplacer les bijoux habituels, qui manquent d’éclat, par des bijoux électriques, qui feront plus d’effet dans la coiffure. Hâtons-nous d’ajouter que l’innovation sera plus complète encore et qu’elle s’étendra aux charmes naturels de la physionomie. C’est ainsi que les Américains construisent déjà de nouveaux sourcils à arc en velours, qui se posent sur les sourcils existants et contiennent à l’intérieur des petits tubes électriques allongés, analogues à ceux que l’on emploie pour les lampes de piano et qui sont éclairés au moyen de vapeurs de mercure. Cet éclairage, qui ne se voit point de l’extérieur, projette sa lumière sur les yeux et donne au regard un éclat vraiment saisissant.

A signaler également de petites ampoules électriques nasales qui se dissimulent dans le nez et donnent aux ailes une transparence rose très séduisante. De nouveaux dentiers électriques assureront enfin à leurs possesseurs un sourire éblouissant. On ne manquera pas, je le sais, de protester tout d’abord contre ces inventions yankees, mais, comme toujours, lorsqu’il s’agit de modes nouvelles, on finira bien par les adopter.

Pour les temps de chaleur excessive, c’est avec joie que je signale la nouvelle baignoire à entrée latérale que fait construire une grande maison de plomberie. On sait combien était fatigante, surtout par les temps chauds, l’opération qui consistait à enjamber les bords d’une baignoire pour entrer dans l’eau ou pour en sortir. Grâce à la nouvelle entrée latérale, il suffira d’ouvrir une petite porte pour pénétrer de plain pied dans la baignoire.

Le commerce des accessoires d’automobile vient de trouver un nouveau débouché dans le Groënland. On vient d’expédier chez les Esquimaux — le croirait-on ? — comme articles de toilette, deux mille grosses burettes à huile destinées, jusqu’à présent, au graissage des automobiles. Lorsqu’un Esquimau veut procéder à sa toilette, rien n’est plus commode pour lui que de mettre le bec de la burette entre le col de sa chemise et sa peau, et de renouveler ainsi, sans se déshabiller, le savant huilage de son corps.

Signalons à toutes les élégantes, soucieuses de ne pas détruire l’harmonie de leur coiffure, le nouveau petit vacuum nasal de poche, qui se dissimule dans le réticule ou le manchon, et qui permet de se moucher discrètement sans retirer sa voilette, en introduisant le petit tube aspirateur dans le nez par un des trous du tulle. C’est élégant, pratique et discret.

Tous ceux d’entre nous qui ont habité la caserne connaissent cette touchante coutume qui a nom l’échange de paillasses. Il s’agit théoriquement, on le sait, du renouvellement mensuel de la paille qui garnit l’intérieur du sac de couchage du soldat. Mais, en fait, on se contente d’échanger la paille entre lits voisins. Cet échange a un bon résultat, celui de mettre en fuite un certain nombre de punaises, mais il est parfaitement inefficace pour assurer la destruction complète de ces parasites.

A dater de l’an prochain l’administration des lits militaires vient d’ordonner une réforme coûteuse, mais énergique. La paille végétale sera remplacée dans les lits militaires par de la paille de fer, tout aussi souple, et qui permettra d’une façon radicale la destruction complète de tous les parasites. C’est ce procédé nouveau que l’intendance désigne dès maintenant sous le nom un peu pompeux d’Electrocuferropaillasse, et que nos troupiers appellent plus familièrement l’électrocu. Tous les mois, on fera passer dans chaque paillasse militaire un fort courant électrique, qui électrocutera instantanément tous les animaux malfaisants qui se trouveront dans la literie. C’est simple, rapide, ingénieux, peu coûteux, et d’une antisepsie qui fera la joie de nos hygiénistes.

Voici un petit article de toilette féminine qui fera fureur cette année sur toutes nos plages à la mode. Il s’agit du nouveau mammifère natatoire gonflant, que lance une maison de pneumatiques et qui rendra de très grands services à toutes nos jolies baigneuses. Ce petit instrument n’est autre chose qu’une élégante réduction de la pompe à pneu du modèle courant. On peut l’emporter sans difficulté dans une valise ou même dans un simple réticule. Munie d’un embout spécial en caoutchouc dit « embout universel », s’adaptant à toutes les valves, cette petite pompe sert à gonfler d’air, avant le bain, la poitrine des dames. Rien ne leur est plus facile ensuite que de se soutenir sur l’eau sans aucun effort ou d’apprendre à nager. Le procédé n’a rien de disgracieux. Il donne, au contraire, une apparence avantageuse aux dames que la nature n’a pas favorisées. Le mammifère natatoire gonflant peut être également utilisé fort avantageusement en cas de naufrage et supprime la recherche toujours pénible et aléatoire d’une ceinture de sauvetage. Des expériences faites dernièrement avec des nourrices ont même permis de constater que celles-ci, gonflées seulement à deux atmosphères, pouvaient supporter, dans l’eau, sept à huit personnes accrochées autour d’elles. C’est une véritable révolution dans la marine. Ajoutons enfin, au simple point de vue mondain, que rien n’empêche de rendre également insubmersibles, aux bains de mer, les petites chiennes que leurs maîtresses préfèrent ne pas abandonner sur le rivage et qui prennent ainsi, sans danger, leurs joyeux ébats dans l’eau de mer.

C’est là, en résumé, une invention fort simple, très pratique, et dont le succès est assuré.

On connaît la montre bracelet et ces petits chronomètres minuscules que l’on monte aujourd’hui un peu partout en guise de chatons de bague. Un bijoutier s’est avisé de perfectionner encore cette utile invention en lançant des boucles d’oreilles réveille-matin fort ingénieuses. Au lieu de brillants, les boucles d’oreilles supportent deux petits réveille-matin, dont on peut régler la sonnerie à quelques minutes d’intervalle pour assurer un réveil parfait. Ces nouveaux bijoux seront bien accueillis par tous les gens qui voyagent et qui craignent de ne pas se lever à l’heure pour prendre leur train.

Depuis quelques années, l’industrie hôtelière a fait des efforts véritablement prodigieux et l’organisation matérielle d’un grand hôtel moderne ne rappelle que de fort loin celle des auberges d’autrefois. Chauffage central, électricité, téléphone, machines rotatives pour l’impression des notes d’hôtel, tout a été prévu et un modern-palace est une immense horloge dont les moindres rouages sont combinés avec soin.

Veut-on avoir une idée de l’un de ces petits perfectionnements de détail qui ne sont rien à première vue, mais qui montrent jusqu’où peut aller le souci de l’organisation dans ces énormes palaces modernes ? Il suffit de présenter le nouveau crachoir central récupérateur, que l’on installe un peu partout pour l’ouverture de la saison. Bien des gens trouveront que c’est là un détail insignifiant ou simplement répugnant. Cela ne prouvera pas en faveur de leur esprit scientifique, car il n’est rien d’insignifiant ou de répugnant pour un véritable savant.

Le crachoir central récupérateur remplace avantageusement le hideux petit crachoir courant qui donnait lieu, si fréquemment, à de pénibles accidents lorsque la sciure de bois était avalée, comme disaient les médecins, par réglutition inattentive et qui, dans tous les cas, présentait un aspect des plus désagréables. Avec le crachoir central récupérateur, tout change. Chaque chambre de l’hôtel est munie d’un petit crachoir-entonnoir de l’aspect le plus élégant, terminé par un petit tube de descente aboutissant à un collecteur central. Ce collecteur descend dans les sous-sols, jusqu’à la petite salle réservée au cireur de bottes et se termine par un robinet compte-gouttes. On devine le reste. Le matin, l’infortuné salarié préposé au cirage des centaines de bottines de l’hôtel n’a plus à faire, comme autrefois, des efforts salivaires désespérés et souvent désastreux pour sa santé. Il lui suffit d’ouvrir modérément, de temps à autre, le petit robinet mis à sa disposition. Les locataires de l’hôtel, tout en se débarrassant hygiéniquement de leur salive supplémentaire, assurent donc eux-mêmes, sans aucune peine, le cirage quotidien de leurs chaussures. C’est infiniment plus propre, plus discret, plus humain, disons-le, pour les infortunés préposés aux bottines, dont la joie fait plaisir à voir.

Ajoutons enfin que l’adoption de cette invention est prochaine dans tous nos pensionnats et dans toutes les casernes et que les ministres de l’Instruction publique et de la Guerre ont déjà nommé deux commissions chargées d’étudier les projets présentés.

Locataires, faites attention ! Certains propriétaires peu scrupuleux se sont avisés d’utiliser, en place du chauffage trop coûteux, des miasmes paludéens qui, répandus dans chaque appartement par le calorifère, donnent aux habitants une fièvre légère et par conséquent l’illusion de la chaleur. C’est un procédé frauduleux qui tombe, rappelons-le, sous le coup des lois.

Dans le domaine de la mode, signalons les nouveaux Peignes Pleins Pour Personnes Pelées. On a remarqué bien souvent, en effet, combien était absurde, pour des personnes entièrement chauves, l’usage du peigne ordinaire à dents divisées. Le peigne plein, au contraire, est un polissoir du plus heureux effet qui, loin d’écorcher le crâne inutilement, lui donne l’aspect brillant d’un ivoire ancien.

Sait-on à quoi les nègres du Haut-Tamba doivent l’éclatante blancheur de leurs dents ? C’est un explorateur anglais qui nous l’apprend dans le dernier numéro de la grande revue scientifique anglaise The Scalp.

Ces nègres, tous les matins, s’emparent d’une de ces grosses chenilles hérissées de poils, fort communes dans le pays, qu’ils roulent dans la poudre dentifrice, placent ensuite sur leurs dents bien jointes et emprisonnent en fermant la bouche. La chenille, qui a horreur de la poudre dentifrice, s’agite en tous sens, parcourt toutes les dents, cherchant une issue ; elle essaie de passer par toutes les fentes, et, en quelques minutes, les dents se trouvent entièrement nettoyées. Il suffit alors de recracher la chenille, qui va se faire laver dans le torrent voisin.

On a bien raison de le dire : tout est affaire de préjugés, et cette méthode, qui nous paraîtrait, en France, parfaitement répugnante, est des plus courantes chez les naturels du Haut-Tamba.

Elle est véritablement peu seyante, cette mode que l’on propose de lancer du coton noir pour les oreilles des personnes en deuil ! Il ne faut rien exagérer. Nous pensons beaucoup de bien des timbres-poste noirs pour lettres de deuil, mais le coton noir nous paraît sale, et, du reste, d’un usage réservé déjà aux campagnards.

« Est-ce de parti pris », m’écrivait George Auriol, « que, vous gardez le silence sur le génuflectol, à l’aide duquel on assouplit les jointures du chameau pour le faire agenouiller ? »

Non, certes, ce n’est pas de parti pris, car je connais les merveilleuses propriétés du génuflectol employé couramment parmi les courtisans, dans les cours des rois nègres. Seulement, j’ai conscience, de mes responsabilités scientifiques et je me souviens des désastreuses applications qui furent faites du génuflectol, il y a de cela quelques années, par suite d’une regrettable erreur, sur le crâne de certains membres de l’Institut. Le genou, brusquement assoupli, se ridait, remuait au cours des séances, et la dignité de notre corps constitué s’en trouva affaiblie.

A ce propos, je me souviens toutefois des effets merveilleux qu’un de nos professeurs de musique les plus réputés tira jadis du génuflectol pour l’instruction de ses élèves. Le brave homme avait le front couvert de rides, comme une portée de musique et, tout en même temps, ce front était affligé d’un nombre considérable de grains de beauté. Grâce au génuflectol, le front, devenu mobile, se plissait à volonté, haussait ou descendait les petites notes formées par les grains de beauté, et le brave homme composait ainsi, instinctivement, des thèmes musicaux que ses élèves, groupés autour de lui, exécutaient tout aussitôt avec admiration. Mais c’est là un cas exceptionnel qui n’intéresse, en somme, que l’histoire de la musique.

Les transformations de la mode semblent, cette année, s’appliquer tout particulièrement à la chevelure. C’est ainsi que l’on annonce, pour cet été, la perruque en éponge, que l’on pourra imbiber durant les grandes chaleurs d’eau fraîche ou même d’éther, suivant le goût de chacun. Les coiffeurs nous prient également de signaler à leur clientèle masculine la nécessité où sont tous les élégants de laisser actuellement pousser leurs cheveux au-dessus des tempes. Prochainement, en effet, il sera de bon ton de porter un accroche-cœur tressé, qui servira de cordon de monocle. Seuls les élégants au courant de la mode seront prêts en s’y prenant dès maintenant.

Puisque nous parlons de coiffures, signalons également que les cheveux se porteront verts l’an prochain. C’est la couleur complémentaire du rouge, et la coiffure s’harmonisera ainsi plus complètement avec les lèvres et les joues. A moins toutefois que l’on ne porte les lèvres vertes et les cheveux rouges ? Les modistes hésitent encore à ce sujet pour lancer les nouvelles modes de la saison.

Toujours dans le domaine de la coiffure, il nous faut signaler l’ingénieuse pâte d’aimant avec laquelle on badigeonne actuellement les crânes de nos chauves les plus notoires. Il suffit, d’approcher ensuite de la tête des cheveux artificiels en fil de fer pour que ceux-ci, attirés par la pâte d’aimant, se collent tout aussitôt sur le crâne. Les cheveux artificiels prennent ainsi naturellement leur place sur la peau véritable du crâne. Pour les militaires qui désirent se coiffer en brosse, des clous ordinaires pourront suffire.

Signalons enfin, pour les dames qui préfèrent les teintes jaunes, qu’après quelques lavages les cheveux en fil de fer prennent bientôt une couleur rouille des plus agréables.

Les merveilles de la chirurgie moderne nous étonnent chaque jour davantage. Voici que l’on nous annonce une méthode opératoire véritablement surprenante et capable de faire cette fois repousser les cheveux bien réellement. Il ne s’agit plus de lotions plus ou moins vagues, de traitement à longue échéance, mais d’un procédé chirurgical qui a des résultats immédiats. Depuis longtemps, on avait remarqué que la plupart des hommes chauves possédaient une barbe abondante. Au moyen de ligatures délicatement faites et de fils de soie passés au travers de la tête, on raccorde chaque poil de barbe à une racine de cheveu. Ce raccord une fois fait, il suffit d’exercer une traction progressive sur le nouveau cheveu pour faire passer le poil de barbe du menton sur la tête. On peut ensuite se raser à l’américaine. Le traitement peut paraître tout d’abord un peu tiré par les cheveux, long et minutieux, mais il donne des résultats surprenants et les techniciens seuls peuvent deviner que les cheveux du patient sont des poils de barbe. L’illusion est parfaite.