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Un parcours initiatique et libertin. Jusqu'où ira Jérôme par amour pour Manon et quel jeu pervers joue la sulfureuse Evelyne ? Quelle est la limite entre badinerie érotique et la perversion pathologique ? L'auteur nous entraine dans un genre littéraire dont il n'est pas coutumier. Il s'amuse avec les fantasmes qui nourrissent souvent plus notre imaginaire que notre quotidien.
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Seitenzahl: 117
Veröffentlichungsjahr: 2020
LA RENCONTRE (Manon et Evelyne)
LE WEEK END (Jérôme, Suzanne et Sophie)
CHEZ MANON (Jérôme et Manon)
L’INITIATION (Manon, Jérôme et Evelyne)
L’AMI D’EVELYNE (Jérôme, Manon, Evelyne et Antoine)
MARC ET CLAIRE
LA SOIREE DES INTIMES
LES DOUTES DE JEROME
EPILOGUE
Manon regardait la mer. C’était la mer Egée, et loin devant elle, derrière l’horizon, elle savait que s’égrenaient une multitude de petites îles. Et tout au bout il y avait la Grèce. Pourquoi avait-elle choisi la Crète plutôt qu’une petite île célèbre ou sans nom ? Pourquoi pas Santorin, Myconos ? Pourquoi pas la Grèce ?
Elle était déçue de son premier contact avec la Crète. Hormis l’hôtel splendide et plus que luxueux, l’environnement lui avait semblé triste, pauvre et même sale.
La plage de l’hôtel était elle aussi décevante, faite de cailloux et de sable grossier et gris. On était loin de l’image idyllique du catalogue de vacances où les bâtiments blancs de l’hôtel fleurtaient avec une mer intensément bleue. Le catalogue montrait tout, les chambres, les bars, les restos, les piscines, mais pas la plage et pour cause…
Enfin il y avait les vacanciers. Tous Allemands. Pas aussi bruyant qu’on le dit, mais imbu de l’arrogance du conquérant qui contemple son pays soumis.
Manon n’avait pas le moral. Elle était venue pour se distraire et oublier. Oublier tout l’espoir formidable quelle avait mis dans un homme. Cet homme qui l’avait quitté, lâchement, malgré ses promesses. Elle avait vécu avec Didier des moments étourdissants d’amour fou. Ils avaient partagés un travail, une complicité de tous les jours et de tous les secrets. Mais Didier était marié… Un mariage terne et en déliquescence. Mais un mariage encore trop présent pour cet homme torturé. Et il l’avait quittée, le jour même où il la rejoignait !
Pourtant Manon y croyait. Et sa déception était à la hauteur de ses espérances bafouées. Ce n’était évidemment pas son premier échec amoureux, mais peut-être était ce l’échec de trop. Celui qui l’avait entrainé en Crète, loin de tout, pour faire le point en elle-même. Pour comprendre ses sentiments, son avenir. Pour savoir si l’amour avait encore un sens pour elle. Pour savoir si les hommes feraient encore partie de sa vie.
En pensant à cela Manon ne put s’empêcher de sourire. Les hommes lui avaient toujours parus indispensables. Que ce soit sur sa bouche, dans son ventre ou simplement au bout de ses doigts câlins. Elle n’en voulait plus, mais pourrait-elle s’en passer ? De toute façon elle était là pour une semaine et devrait bien s’y faire. Le choix n’était pas bon mais l’hôtel restait un vrai paradis, ruisselant de luxe. Et puis il y aurait bien quelque part dans cet univers de rêve, quelqu’un qui parlerait sa langue. Elle se rappelait de ce que disait Didier : « transformer les catastrophe en bonne affaire ».
Elle décida donc de visiter de fond en comble le luxueux cinq étoiles. Cela lui prendrait bien la journée.
Elle reprit le plan qu’elle avait reçu à son arrivée, et commença minutieusement la visite. Il y avait les piscines, les centres sportifs, les boutiques. Pas terribles les boutiques, comme la région. Elle examina ainsi avec minutie les différents restaurants et pour finir le salade-bar face à la plage et au minigolf. Il était situé à l’étage des services divers, infirmerie, coiffeur, manucure et remise en forme. D’ailleurs un pan vitré séparait une des piscines intérieures et le restaurant. Il y avait un peu de condensation sur les vitres et Manon compris tout de suite que la piscine devait être encore plus tropicale que le climat crétois. Par contre pour l’intimité d’une remise en forme ce n’était pas vraiment cela.
Manon chercha l’entrée du centre de remise en forme. Face au bureau d’accueil, le mur était couvert de miroirs. Manon se regarda et pensa satisfaite qu’elle venait ici, plus pour s’amuser et se distraire, que pour retrouver la ligne. Les malheureux cinq cents grammes, qui la hantaient il y a peu, avaient fondu de chagrin…
Perdue dans la nostalgie qui la ramenait vers Didier, Manon n’avait pas vu venir une touriste qu’elle bousculât en se retournant.
- Excusez-moi.
- Ne vous inquiétez pas, moi aussi j’étais distraite… Mais vous parlez français.
- Oui, je sais ce n’est pas banal ici.
- Ne m’en parlez pas. Je me sens immigrée derrière le mur de Berlin. Vous veniez vous remettre en forme ?
- Non, enfin je ne sais pas. Je venais voir. En fait je n’ai pas tellement l’habitude de ce type d’endroit.
- Maintenant qu’on se connaît, je pourrais vous initier. Venez, je vous offre un verre au bar de la piscine.
Manon suivit cette femme sans hésitation. Enfin une compatriote. Enfin quelqu’un à qui parler, car même si elle avait cherché l’isolement pour remettre ses idées en place, elle se connaissait assez pour connaître son besoin des autres.
La femme s’appelait Evelyne. Elle était grande et élégante. L’idée qu’elle était élégante amusa Manon, car elle n’était habillée que d’un maillot une pièce et un paréo court. Ce n’était pas vraiment élégant, mais c’était seyant. Et puis il émanait une force et une classe de cette femme. De là venait sans doute cette impression d’élégance qui avait frappé Manon.
Les deux femmes s’installèrent au bar et Evelyne commanda deux cocktails aussi superbes que leurs noms ronflants. Elle interrogeait Manon sur sa présence dans cet hôtel. Ah, elle était seule ici. Elle était déçue, oui elle aussi.
- Mais pourquoi venir seule ici ?
Manon connaissait à peine cette femme, cette inconnue. Pourtant elle sentit le besoin de parler, de s’expliquer. Pendant de longues minutes elle confessât, car c’était le terme, ses déboires. Evelyne l’avait écoutée sans l’interrompre. Elle était assez fine pour savoir que le récit de Manon s’interromprait pour ne jamais reprendre, à la moindre perturbation. Quand Manon eut tout dit, vidé tout son cœur et sa rancœur, Evelyne lui sourit. Son sourire était vrai, car elle avait vécu des moments très semblables.
Elle expliqua à Manon sa vie d’aujourd’hui, auprès d’un homme plus âgé, mais charmant. Ils se connaissaient depuis dix ans, mais il avait quinze ans de plus qu’elle. Et en dix ans cette différence qui était futile au départ, devenait de plus en plus marquée. En fin de compte rien de fondamental, mais des petites choses qui changent la vie. D’ailleurs elle était seule parce qu’il n’avait pas voulu l’accompagner. Par manque d’entrain, par lassitude. Cela lui avait d’ailleurs fait de la peine. Avant il l’aurait accompagnée n’importe où, rien que pour sa présence. Mais c’est aussi cela l’érosion du temps sur un vieux couple.
Avec une moue de conspirateur mais pétillant de malice, Evelyne se penchât vers Manon et lui chuchotât que au lit aussi malheureusement le temps posait ses marques. La virilité de son amant n’avait plus la fringance d’antan. Et les artifices de plus en plus sophistiqués étaient nécessaires à l’éveil des sens de son compagnon…
Manon regarda Evelyne intriguée. Encore une fois elle revoyait ses ébats avec Didier. Bacchanales charnelles, où les tabous étaient honnis. Alors que pouvaient vouloir dire les paroles sibyllines d’Evelyne ? Cette femme serait-elle prude et timorée dans un lit. Ce n’était pas l’impression qu’elle donnait.
Le temps avait passé et l’heure du diner approchait. Les deux femmes se donnèrent rendez-vous dans le hall pour l’apéritif. Elles décidèrent qu’elles iraient ensuite manger ensemble au restaurant club. Il y avait une soirée homard et elles y feraient leur petite fête.
Manon se préparait pour sa soirée avec sa nouvelle copine. Elle se sentait de meilleure humeur et prenait gout à se faire belle, même pour une femme ; tant pis. Elles allaient faire sensation. Car elle savait intensément que Evelyne serait elle aussi, parée de ses plus beaux atours.
En effet, en entrant dans le hall, Manon fut surprise de revoir Evelyne.
Elle l’avait trouvée élégante en paréo, mais en robe de soirée elle était resplendissante. Sa robe était simple et noire, plutôt moulante mais le corps d’Evelyne le permettait. Le décolleté en V était profond, très profond. Le dos aussi était dégagé. Et à chaque mouvement les cuisses musclées d’Evelyne s’offraient entre les pans fendus de la jupe. Manon s'était faite belle, mais se sentait bien insipide face à cette femme au corps sculpté et athlétique.
Heureusement que ni l’une ni l’autre ne connaissait la langue de Goethe, car les commentaires ponctués de rires devaient être particulièrement croustillants.
Les deux femmes s’étaient installées un peu à l’écart mais proche de la scène. Une table pour deux et entourée de tables familiales. Cela éviterait les dérives des importuns.
Manon regardait Evelyne attaquer son homard avec enthousiasme et admirait la sensualité qui se dégageait des lèvres agiles d’Evelyne. Elles entouraient, suçaient ou happaient chaque parcelle de chair blanche. Et sa langue rattrapait avec agilité chaque parcelle de sauce qui aurait pu s’égarer.
Le homard était excellent, à l’image de la qualité de l’hôtel. Et la quantité était aussi au rendez-vous. Les serveurs étaient enjoués et rieurs. Le vin parfait. Et Manon terminait son Xième verre avec volupté. La nuit était douce et chaude. Sa sympathie pour Evelyne ne cessait de croître et il lui semblait que c’était réciproque.
Un vent léger fit frémir les feuilles des arbres de la terrasse. Manon sentit un frisson parcourir sa peau. Elle était bien.
Evelyne la regardait intensément et lui dit :
- Tu es très belle. Ta robe est splendide. Tu as de la chance d’avoir un corps aussi souple et proportionné.
- Tu n’as pourtant pas à te plaindre à mon avis.
- Je sais, pour mon âge ce n’est pas si mal. Mais malgré tout c’est plus un corps de sportive qu’un corps de femme. Et tout n’est plus comme aussi parfait qu’avant… Mes seins sont un peu forts et un peu lourds… Tu connais le test du crayon !
- Hélas oui. Et si ma poitrine fait illusion sous ma robe, c’est grâce à sa coupe, car le crayon est chaque jour plus cruel !
Manon riait en disant cela. Elle était un peu surprise de la remarque d’Evelyne bien qu’elle avait l’habitude de ce genre de conversation de femme. Elle pensait que si ce soir un homme lui avait dit la même chose cela ne lui aurait pas déplu. Et elle laissait ce sentiment trouble se répandre dans son corps. Elle fermait les yeux et sentait la pointe de ses seins se durcir sous le tissu léger de sa robe. Après avoir gouté quelques instants cette sensation délicieuse, elle rouvrit les yeux et sourit à Evelyne.
Elle ressentit un choc en voyant les yeux d’Evelyne fixés sur sa poitrine. Avec un petit sourire ironique Evelyne se moqua gentiment :
- Mais que voilà un spectacle charmant. Est-ce que le crayon tiendrait toujours ?
Manon se sentit troublée. Elle regardait les seins d’Evelyne dont les tétons pointaient à tout rompre dans son décolleté. Elle ne savait que répondre et cherchait à comprendre le trouble qui la gagnait.
Frivole, Evelyne reprit joyeusement la situation en main en riant de ces petits troubles qu’un simple coup de vent peut provoquer chez une femme.
- Tant pis pour nous si nous ne nous couvrons pas assez pour cacher au monde extérieur les émois de notre corps…
Le repas était fini et les couples dansaient sur la piste. Manon se cambra pour détendre les muscles de son dos.
- Tu as mal au dos ? C’est un signe. Tu es tendue. Arrête de penser à ton passé et laisse toi vivre. Veux-tu que je te masse le dos. J’ai été kiné. Il y a longtemps, mais ça je ne l’ai jamais oublié.
- Tu sais masser ?
- Oui ce n’est pas de la blague, j’ai fait la kiné, mais je n’ai jamais vraiment pratiqué. Par contre j’ai continué à utiliser tout ce que j’avais appris au bénéfice de mes proches.
Elle ajouta en riant :
- Et surtout aux très proches.
Puis plus grave :
- Pas de panique, je n’ai jamais violé personne. Mais je t’assure que je peux te faire beaucoup de bien. Je vois que tu a mal et que tu es tendue malgré la bonne soirée que nous passons. Il n’y a pas que la tête qu’il faut remettre en place pendant cette semaine en Crète…
Manon acquiesca en souriant et les deux femmes s’éloignèrent de la fête vers le centre de remise en forme. Il y avait des tables de massage au centre. Manon s’inquiéta de sa tenue peu adéquate mais Evelyne la rassura, il y avait des cabines suffisamment discrètes et puis il ne devrait pas y avoir foule à cette heure.
En effet le centre était tout simplement fermé.
Evelyne proposa d’aller dans sa chambre. Manon n’avait plus mal au dos mais ne voulait pas quitter la compagnie d’Evelyne. Elle sentait que cette première soirée lui faisait du bien mais que son spleen n’était pas loin.
- Allons d’abord boire un verre.
- Encore un verre, bravo. Quelle descente !
Manon sourit et contesta mollement :
- C’est moi qui l’offre.
Evelyne regardait Manon avec force. Et Manon sentait son regard la transpercer.
Evelyne partit d’un grand rire pour briser l’intensité de l’instant :
- Si c’est toi qui l’offre… Eh bien d’accord, le suivant sera pour moi.
- Et le suivant pour moi.
Manon venait de renchérir en riant elle aussi. La soirée était lancée. Elle s’annonçait jusqu’au bout de la nuit.
Les deux femmes avaient jeté leur dévolu sur le grand bar du hall de réception. Au début elles attirèrent les sollicitudes empressées et maladroites des petits groupes restés « entre hommes ». La complicité des deux femmes dans le mépris face aux tentatives toutes plus ridicules les unes que les autres, de ces hommes bedonnants et fatigués, mit rapidement fin à toute velléité de faire connaissance.
Dépités, les hommes retournaient à leur verre et cherchaient à sauver la face devant leurs compagnons de solitude.
Manon et Evelyne s’amusaient follement à être ainsi l’objet de la convoitise de tous ces gens. Mais de chuchotements en confidences les deux femmes apprenaient à se connaître et surtout à s’apprécier.