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RÉSUMÉ : "Jadis et naguère" est un recueil de poèmes de Paul Verlaine, publié pour la première fois en 1884. Ce recueil se distingue par sa diversité thématique et stylistique, reflétant les différentes phases de la vie et de la carrière de Verlaine. Les poèmes explorent des thèmes tels que la nostalgie, l'amour, la nature, et la spiritualité, tout en mettant en avant la musicalité et la sensibilité qui caractérisent l'oeuvre de Verlaine. À travers des vers libres et des formes plus classiques, Verlaine joue avec les sonorités et les rythmes pour créer une atmosphère unique, souvent empreinte de mélancolie et de douceur. Le recueil est divisé en plusieurs sections, chacune offrant une perspective différente sur le passage du temps et les souvenirs. "Jadis et naguère" est souvent considéré comme un témoignage de la transition du poète vers une maturité artistique, où l'influence du symbolisme se fait sentir. Ce recueil est une invitation à la réflexion et à l'émotion, permettant au lecteur de s'immerger dans l'univers poétique riche et complexe de Verlaine. L'AUTEUR : Paul Verlaine, né le 30 mars 1844 à Metz, est l'un des poètes les plus emblématiques de la littérature française du XIXe siècle. Après des études à Paris, il se lance dans une carrière littéraire marquée par une vie tumultueuse et passionnée. Verlaine est souvent associé au mouvement symboliste, bien qu'il ait également été influencé par le romantisme. Son oeuvre se caractérise par une grande musicalité et un usage innovant de la langue française, mêlant simplicité et profondeur. Parmi ses oeuvres les plus célèbres, on trouve "Les Fêtes galantes", "Romances sans paroles", et bien sûr "Jadis et naguère". Sa vie personnelle, marquée par une relation orageuse avec Arthur Rimbaud, a souvent fait la une des journaux de l'époque. Après plusieurs périodes d'emprisonnement et de difficultés financières, Verlaine meurt à Paris le 8 janvier 1896. Son héritage littéraire continue d'influencer de nombreux poètes et écrivains à travers le monde, et il reste une figure centrale du patrimoine littéraire français.
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Seitenzahl: 81
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Jadis
PROLOGUE
À LA LOUANGE DE LAURE ET DE PÉTRARQUE
PIERROT
KALÉIDOSCOPE
INTÉRIEUR
DIXAIN MIL-HUIT-CENT-TRENTE
A HORATIO
SONNET BOITEUX
LE CLOWN
ÉCRIT SUR L’ALBUM DE Mme N. de V.
LE SQUELETTE
À ALBERT MÉRAT
ART POÉTIQUE
LE PITRE
ALLÉGORIE
L’AUBERGE
CIRCONSPECTION
VERS POUR ÊTRE CALOMNIÉ
LUXURES
VENDANGES
IMAGES D’UN SOU
Jadis et naguère
LES UNS ET LES AUTRES
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
Scène IV
SCÈNE V
SCÈNE VI
SCÈNE VII
SCÈNE VIII
SCÈNE IX
Scène X
Vers jeunes
LE SOLDAT LABOUREUR
LES LOUPS
LA PUCELLE
L’ANGELUS DU MATIN
LA SOUPE DU SOIR
LES VAINCUS
Jadis et Naguère
NAGUÈRE
CRIMEN AMORIS
LA GRÂCE
L’IMPÉNITENCE FINALE
DON JUAN PIPÉ
AMOUREUSE DU DIABLE
En route, mauvaise troupe !
Partez, mes enfants perdus !
Ces loisirs vous étaient dus :
La Chimère tend sa croupe.
Partez, grimpés sur son dos,
Comme essaime un vol de rêves
D'un malade dans les brèves
Fleurs vagues de ses rideaux.
Ma main tiède qui s'agite
Faible encore, mais enfin
Sans fièvre, et qui ne palpite
Plus que d'un effort divin,
Ma main vous bénit, petites
Mouches de mes soleils noirs
Et de mes nuits blanches. Vites
Partez, petits désespoirs,
Petits espoirs, douleurs, joies,
Que dès hier renia
Mon coeur quêtant d'autres proies.
Allez, aegri somnia.
Chose italienne où Shakspeare a passé
Mais que Ronsard fit superbement française,
Fine basilique au large diocèse,
Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé,
Elle, ta marraine, et Lui qui t’a pensé,
Dogme entier toujours debout sous l’exégèse
Même edmondschéresque ou francisquesarceyse,
Sonnet, force acquise et trésor amassé,
Ceux-là sont très bons et toujours vénérables,
Ayant procuré leur luxe aux misérables
Et l’or fou qui sied aux pauvres glorieux,
Aux poètes fiers comme les gueux d’Espagne,
Aux vierges qu’exalte un rythme exact, aux yeux
Épris d’ordre, aux coeurs qu’un voeu chaste accompagne.
Ce n'est plus le rêveur lunaire du vieil air
Qui riait aux aïeux dans les dessus de porte ;
Sa gaîté, comme sa chandelle, hélas ! est morte,
Et son spectre aujourd'hui nous hante, mince et clair.
Et voici que parmi l'effroi d'un long éclair
Sa pâle blouse a l'air, au vent froid qui l'emporte,
D'un linceul, et sa bouche est béante, de sorte
Qu'il semble hurler sous les morsures du ver.
Avec le bruit d'un vol d'oiseaux de nuit qui passe,
Ses manches blanches font vaguement par l'espace
Des signes fous auxquels personne ne répond.
Ses yeux sont deux grands trous où rampe du phosphore
Et la farine rend plus effroyable encore
Sa face exsangue au nez pointu de moribond.
À Germain Nouveau.
Dans une rue, au coeur d'une ville de rêve,
Ce sera comme quand on a déjà vécu :
Un instant à la fois très vague et très aigu...
Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !
Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !
Ce sera comme quand on ignore des causes :
Un lent réveil après bien des métempsycoses :
Les choses seront plus les mêmes qu'autrefois
Dans cette rue, au coeur de la ville magique
Où des orgues moudront des gigues dans les soirs,
Où les cafés auront des chats sur les dressoirs,
Et que traverseront des bandes de musique.
Ce sera si fatal qu'on en croira mourir :
Des larmes ruisselant douces le long des joues,
Des rires sanglotés dans le fracas des roues,
Des invocations à la mort de venir,
Des mots anciens comme un bouquet de fleurs fanées !
Les bruits aigres des bals publics arriveront,
Et des veuves avec du cuivre après leur front,
Paysannes, fendront la foule des traînées
Qui flânent là, causant avec d'affreux moutards
Et des vieux sans sourcils que la dartre enfarine,
Cependant qu'à deux pas, dans des senteurs d'urine,
Quelque fête publique enverra des pétards.
Ce sera comme quand on rêve et qu'on s'éveille !
Et que l'on se rendort et que l'on rêve encor
De la même féerie et du même décor,
L'été, dans l'herbe, au bruit moiré d'un vol d'abeille.
À grands plis sombres une ample tapisserie
De haute lice, avec emphase descendrait
Le long des quatre murs immenses d'un retrait
Mystérieux où l'ombre au luxe se marie.
Les meubles vieux, d'étoffe éclatante flétrie,
Le lit entr'aperçu vague comme un regret,
Tout aurait l'attitude et l'âge du secret,
Et l'esprit se perdrait en quelque allégorie.
Ni livres, ni tableaux, ni fleurs, ni clavecins ;
Seule, à travers les fonds obscurs, sur des coussins,
Une apparition bleue et blanche de femme
Tristement sourirait – inquiétant témoin –
Au lent écho d'un chant lointain d'épithalame,
Dans une obsession de musc et de benjoin.
Je suis né romantique et j'eusse été fatal
En un frac très étroit aux boutons de métal
Avec ma barbe en pointe et mes cheveux en brosse.
Hablant español, très loyal et très féroce,
L'oeil idoine à l'oeillade et chargé de défis.
Beautés mises à mal et bourgeois déconfits
Eussent bondé ma vie et soûlé mon coeur d'homme
Pâle et jaune, d'ailleurs, et taciturne comme
Un infant scrofuleux dans un Escurial...
Et puis j'eusse été si féroce et si loyal !
Ami, le temps n’est plus des guitares, des plumes,
Des créanciers, des duels hilares à propos
De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux
Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.
Voici venir, ami très tendre qui t’allumes
Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,
Horatio, terreur et gloire des tripots,
Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,
Voici venir parmi les brumes d’Elseneur
Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,
Qu’Ophélia, l’enfant aimable qui s’étonne.
C’est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main
Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne,
Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !
Ah ! vraiment c’est triste, ah ! vraiment ça finit trop mal,
Il n’est pas permis d’être à ce point infortuné.
Ah ! vraiment c’est trop la mort du naïf animal
Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.
Londres fume et crie. Ô quelle ville de la Bible !
Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.
Et les maisons dans leur ratatinement terrible
Epouvantent comme un sénat de petites vieilles.
Tout l’affreux passé saute, piaule, miaule et glapit
Dans le brouillard rose et jaune et sale des Sohos
Avec des indeeds et des all rights et des haôs.
Non vraiment c’est trop un martyre sans espérance,
Non vraiment cela finit trop mal, vraiment c’est triste
Ô le feu du ciel sur cette ville de la Bible !
Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
Place ! très grave, très discret et très hautain,
Voici venir le maître à tous, le clown agile.
Plus souple qu’Arlequin et plus brave qu’Achille,
C’est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
Ses yeux ne vivent pas dans son masque d’argile.
Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l’arc paradoxal des jambes.
Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid,
La canaille puante et sainte des Iambes,
Acclame l’histrion sinistre qui la hait.
Des yeux tout autour de la tête
Ainsi qu’il est dit dans Murger.
Point très bonne. Un esprit d’enfer
Avec des rires d’alouette.
Sculpteur, musicien, poète
Sont ses hôtes. Dieux, quel hiver
Nous passâmes ! Ce fut amer
Et doux. Un sabbat ! Une fête !
Ses cheveux, noir tas sauvage où
Scintille un barbare bijou,
La font reine et la font fantoche.
Ayant vu cet ange pervers,
« Oùsqu’est mon sonnet ? » dit Arvers,
Et Chilpéric dit : « Sapristoche ! »
Deux reîtres saouls, courant les champs, virent parmi
La fange d’un fossé profond, une carcasse
Humaine dont la faim torve d’un loup fugace
Venait de disloquer l’ossature à demi.
La tête, intacte, avait ce rictus ennemi
Qui nous attriste, nous énerve et nous agace.
Or, peu mystiques, nos capitaines Fracasse
Songèrent (John Falstaff lui-même en eût frémi)
Qu’ils avaient bu, que tout vin bu filtre et s’égoutte,
Et qu’en outre ce mort avec son chef béant
Ne serait pas fâché de boire aussi, sans doute.
Mais comme il ne faut pas insulter au Néant,
Le squelette s’étant dressé sur son séant
Fit signe qu’ils pouvaient continuer leur route.
Et nous voilà très doux à la bêtise humaine,
Lui pardonnant vraiment et même un peu touchés
De sa candeur extrême et des torts très légers,
Dans le fond, qu’elle assume et du train qu’elle mène.
Pauvres gens que les gens ! Mourir pour Célimène,
Épouser Angélique ou venir de nuit chez
Agnès et la briser, et tous les sots péchés,
Tel est l’Amour encor plus faible que la Haine !
L’Ambition, l’Orgueil, des tours dont vous tombez,
Le Vin, qui vous imbibe et vous tord imbibés,
L’Argent, le Jeu, le Crime, un tas de pauvres crimes !
C’est pourquoi mon très cher Mérat, Mérat et moi,
Nous étant dépouillés de tout banal émoi,
Vivons dans un dandysme épris des seules Rimes !
À Charles Morice.
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l’Indécis au Précis se joint.
C’est des beaux yeux derrière des voiles,
